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mercredi 12 octobre 2022

Billy Brouillard T1: le don de trouble-vue - Guillaume Bianco

 Et bien voilà une BD ( album? concept?) qui est resté longtemps sur mon étagère, je l'avais oublié. alors qu'étrangement, je me souviens précisément qui, quand et comment on me l'avait offert.
Il était donc plus que temps de le lire.


Billy, un gamin de 7/8 ans dont le loisir principal est " embêter sa petit soeur", possède le don de trouble-vue. comprendre: il a la vue basse et sans ses lunettes ne voit rien clairement. Mais pour lui, ce n'est pas un souci, cette compétence lui permet de voir ce que les "grands " ne voient pas: la haie mal taillée devient un monstre dentu, des branches et un ballon ressemblent fort à un squelette, les flaques abritent la "princesse des flaques" avec sa robe en peau de parapluie.
Bref, Billy a  de l'imagination a revendre, et n'a peur de rien. La mort de son chat Tarzan, qu'il trouve raide au fond du jardin, va cependant le conduire à se poser des questions existentielles: qu'est-ce que c'est exactement, la mort? est-ce que c'est définitif? Est-ce qu'on peut la contrer? Est-ce que si on attrape à temps le fantôme de quelqu'un qui meurt, on peut le remettre dans son corps?  Billy écrit même une lettre au père Noël ( dont on dit qu'il a plus de 500 ans et ne vieillit pas) pour lui demander comme cadeau la révélation du secret de la mort, en promettant bien sûr de ne le révéler à personne.
Son plan est donc, ni plus ni moins, de récupérer son chat: via le père Noël, certes mais aussi en essayant de le contacter avec une planche ouija, en faisant intervenir une voisine fantôme...

"Si la disparition des autres t'effraye, Billy, c'est parce qu'elle te rapproche, chaque jour, un petit peu plus de la tienne"

C'est très exactement cette phrase ( on croirait entendre le tic-tac de l'Horloge de Baudelaire), qui résume le thème de ce patchwork

j'aime bien les petits détails qui entourent les numéros de pages, différents à chaque section

J'ai bien aimé ce principe qui mêle vignettes de BD, fausses pages de journaux, passages rimés, images à la fois étrangement glauques ( le chat  mort, puis mangé aux asticots, puis squelette..) et poétiques.
Et oui, la poésie et la mort, dans ce qu'elle a de plus prosaïque, ne sont pas incompatibles, ce n'est pas l'ami Charles qui dira le contraire avec sa charogne. Mais bon, a éviter peut être pour des enfants trop jeunes. On est quand même plus dans une inspiration Baudelaire/ Poe que dans la BD gentille. Presque du collage surréaliste par moments. On y trouve aussi une mise en image d'un texte de Maupassant à la gloire de la nuit.
Petit détail sympa: passé la page 12, toutes les pages portent le numéro 13.

Evidemmment, l'ensemble rappelle aussi beaucoup le petit enfant huître de Burton, en ce qu'il mélange dessins et vers (et vers aussi!), avec l'histoire macabre de Mary-Emily, la petite fille aux couteaux, la couturière énuclée par ses propres ciseaux ou de la petite vampire qui ne voulait pas de mal aux gens ( et finit par se mordre soi-même)

En tout cas ce n'est clairement pas une BD qui plaira à tous, elle peut mettre mal à l'aise en mélangeant monde enfantin, fantastique macabre et réalité crue de la mort ( peut-être parce que la tendance actuelle est de montrer des morts violentes par pleines bassines en films, de morts hors du commun, mais de gommer de l'environnement quotidien la mort "normale", celle qui nous attend tous, justement parce qu'elle nous attend tous, et que ça met mal à l'aise?)

Mais oui, évidemment, j'ai bien aimé  :)
Car Billy détonne dans la BD européenne, souvent très frileuse lorsqu'il s'agit de parler de mort, hormis dans les publications " de niche", et surtout lorsque le personnage principal est un enfant. La mort ici n'est pas un phénomène collatéral, dans une histoire policière ou fantstique, mais vraiment le centre des interrogations philosophiques de Billy, et font intervenir tous les grands classiques de la trouille enfantine: monstres, peur du noir, fantômes, croquemitaines...
Je crois que la seule BD que j'avais vue, parlant aussi ouvertement de mort, c'était Monsieur-Mardi-Gras-Descendres, mais d'une part le personnage était adulte (et squelette lui même) comme le lectorat visé a priori, et d'autre part, l'action se passe non dans le monde des vivants mais montre l'organisation bureaucratique du monde des morts. Donc tout se passe "après".

Je vois qu'il y a d'autres tomes, donc à l'occasion, j'essayeraid e voir si la bibliothèque les a ( enfin, je dis ça à chaque fois, mais j'ai déjà une pile à lire digne de la tour de Pise, qui n'avance pas)


3 commentaires:

  1. Je partage. Merci. Bonne soirée :-)

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  2. Ohhh oui cela semble un chouette concept...et une belle histoire....

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  3. Je l'ai dans ma Pile A Lire ! J'ai hâte de m'y plonger. :)

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