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Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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dimanche 21 février 2010

La Dame au petit chien et le Récit d'un inconnu - Anton Tchékhov

Et voila, une lecture à  double triple usage: on continue le challenge ABC, et on inaugure le challenge " année en Russie", avec la lecture de deux nouvelles de Tchekhov: La dame au Petit chien, et le Récit d'un inconnu. Et aussi rétroactivement, le Challenge "2€" , rien que ça!


dametchekhov
Arrivée devant le rayonnage de la médiathèque, j'ai donc opté pour celui  là, pour deux raisons: d'abord, je me rappelais vaguement avoir vu une adaptation théâtrale de la Dame au Petit chien il y a une bonne quinzaine d'années, sans en avoir d'autre souvenir que " ça se passe au bord de la mer" (alors que j'ai encore un souvenir assez net des "méfaits du tabac" du même Tchekhov, la même année, par la même troupe). et secundo, car je n'ai absolument jamais entendu parler du "récit d'un inconnu", bonne occasion pour le découvrir.
La dame au petit chien:
snoopyzzz
et premier avis négatif!
Je comprends maintenant pour quelle raison ce texte ne m'avait laissé aucun souvenir notable. Ce n'est pas qu'il soit inintéressant en soi, mais comme il s'agit du récit par le menu d'un coup de foudre et d'une amourette de vacances qui prend des proportions inattendues pour les protagonistes, de fait, il est totalement inintéressant pour moi qui suis définitivement rétive aux histoires d'amour. Dans la pratique, je me demande même comment la troupe avait pu en tirer une pièce d'une heure, tant il ne se passe rien, ou presque. Les jérémiades d'Anna sur sa pureté perdue lorsqu'elle cocufie son mari font vaguement sourire par leur ridicule un peu grandiloquent, mais sans plus. Je pense que ce décalage entre la banalité de la situation, et le personnage qui en fait trop est voulu par l'auteur, mais voila...plat. Banal. Ennui. et du coup , je me sens vaguement idiote, car ce texte qui est l'un des plus connus de l'auteur me laisse froide. Un peu comme si j'étais passée totalement à côté de quelque chose.
Le récit d'un inconnu:
joecool
ah! voila! nous y sommes! La nouvelle est déjà beaucoup plus longue que la première, ce qui donne le temps au récit de promener un peu les personnages entre La Russie et la France. Il se passe déjà un peu plus de choses, et donc forcément, c'est un peu plus prenant.
Plus que l'inconnu du titre , qui narre et décrit ce qu'il voit, ce sont les rapport entre les différents personnages qui sont au centre de l'action. Le bourgeois vaguement cynique et ambitieux, ses amis petits bourgeois du même acabit avec lesquels il jouent aux cartes, l'horripilante Zinaïda qui s'installe sans crier gare chez son amant et perturbe la vie de toute la maisonnée, la servante malhonnête.. tout cela est décrit avec un sens de l'humour noir et du cynisme assez grinçant. En théorie, Zinaïda devrait être le personnage touchant de l'histoire, avec ses rêves sentimentaux alimentés par les lectures de Tourgueniev.. dont elle est elle même l'incarnation jusqu'au bout du cliché, grandes scènes et litres de larmes versés à la moindre occasion. En la ridiculisant à longueur de pages, ainsi que l"inconnu du titre", qui se rêve en sauveur et n'arrive pas à grand chose,c'est dans le fond directement à la littérature romantique russe que Tchekhov tord le cou. Et vu sous cet angle là, c'est plutôt réjouissant. Le héros de noble extraction, la bourgeoise qui se rêvait grande dame vont devoir laisser la place aux petits bourgeois ( eux aussi vaguement ridicule, il n'y a pas de raison qu'une seule catégorie sociale soit épargnée).
Qui à leur tour laisseront place à une autre catégorie sociale, mais c'est une autre Histoire.
Au final, je ne retiendrai que Le récit d'un inconnu, pour son cynisme, son côté un peu visionnaire qui augure la future lutte des classes, et il faut aussi le dire, le talent descriptif de l'auteur qui ne ressortait pas dans la Dame au petit chien

vendredi 12 février 2010

Le Banquet & Phèdre - Platon

platonVoila une lecture pour laquelle j'avais un peu d'appréhension, de vieux souvenirs pas forcément très passionnant des cours de philo de terminale, ou il avait fallu se fader La République en entier ( dont je n'ai pratiquement aucun souvenir, sinon un long tunnel d'ennui sur fond de blabla professoral , le second étant d'ailleurs une des principales causes du premier).
Donc, après avoir trouvé d'occasion ce double volume, j'ai décidé de retenter le coup, sans trop savoir à quoi m'attendre... et donc me voici face à deux dialogues ayant pour thème commun l'amour,au sens large, avec pour Phèdre une grosse, une énorme digression qui nous mène d'un discours sur Eros vers une théorie du discours en général, et les ficelles du bon discours face au mauvais discours bancal du sophiste. Pas très enthousiasmant, dit comme ça, n'est- pas?
joecool
Et pourtant, ça m'a plu! Je ne m'y attendais vraiment pas, mais mine de rien, c'est assez drôle, surtout le banquet.
Dans le Banquet donc, on assiste à une réunion de beaux esprits du siècle de Periclès qui décident lors d'un banquet donné pour fêter le prix de tragédie gagné par l'un d'eux, de faire chacun successivement un discours sur le thème de l'amour. Et certains ne sont pas piqués des vers! tel celui de Pausanias, qui justifie l'homosexualité avec une mauvaise foi particulièrement réjouissante, ou celui d'Aristophane ( oui oui, le dramaturge auteur des Grenouilles ou des Guêpes), qui imagine une proto-humanité loufoque, ou chaque être sphérique et pourvu de bras et jambes est divisé en deux par la volonté de Zeus, ce qui explique que depuis lors, chacun recherche sa "moitié". Socrate quand à lui élargit son discours de l'amour des beaux garçons, vers celui de la beauté en général, puis puis vers l'amour des belles idées, pour finir par louer simplement l'amour de la vérité , puisque Socrate exprime tout haut les idées de Platon, pour qui le beau, le bien et le vrai sont tout un.
Tout cela organisé en discours, ce qui fait que la fameuse dialectique chère à Socrate est illustrée plus qu'elle n'est décrite, ce qui évite le côté trop aride d'un texte philosophique. et ce d'autant que le cadre est décrit de telle manière, que d'un point de vue historique, on arrive assez bien à se faire une idée de l'organisation d'un banquet au V° siècle avant JC (libations rituelles et chant de péans compris). C'est donc vivant, et assez drôle de par l'ironie de Platon qui sourd des discours qu'il fait prononcer à ses protagonistes, et ses piques dissimulées à l'encontre des Sophistes.
Phèdre est plus long, l'interaction plus limitée, du fait qu'il n'y a plus ici que 2 personnages, Phèdre et Socrate plus Lysias dont le discours est rapporté. Là aussi, il y a quelques passages assez drôles, lorsque Socrate démonte idée par idée le discours de Lysias, et démontre par là que celui que chacun s'accorde à considérer comme les meilleurs auteur de discours de son temps n'est en fait que piètre écrivaillon sans envergure. cependant, le dialogue est plus dur à suivre, car il dérive encore plus que le premier, puisque du discours sur l'amour de Lysias, on finit par glissement à arriver à une méthode du bon discours basé sur la vérité. ce n'est pas  inintéressant en soi, c'est juste un peu " tiré par les cheveux". Mais la description proposée par Socrate ( et Platon, via son personnage), de l'âme humaine tiraillée entre raison et passion, tel un char attelé de deux chevaux, ne manque pas d'originalité. 
Donc, me voila réconciliée avec Platon, car , même si je n'ai pas adoré ces dialogues à 100%, j'ai quand même trouvé intérêt à leur lecture. Beaucoup plus en tout cas qu'au travers d'un aride cours de philo, chapitre 1, paragraphe A, 1°, Platon, sa vie son oeuvre...

Peut être que je retenterai La République, un jour, pas tout de suite...

une lecture du Challenge ABC et rétrospectivement




dimanche 7 février 2010

Le Roi se meurt - Eugène Ionesco

roi_semeurt
De Ionesco, j'avais déjà eu l'occasion de voir sur scène la Cantatrice chauve et La Leçon, j'avais bien aimé les deux au demeurant, c'est donc tout naturellement que j'ai réintégré Ionesco à ma liste.
Et ho surprise, autant la Leçon et La Cantatrice sont assez difficile d'accès, car très absurde, autant le roi est simple dans sa construction, très abordable, limpide malgré les notation fantastiques ( le roi est âgé de 300 ans). a tel point que je regrette presque de ne pas avoir abordé Ionesco par cette pièce là.
L'argument est simplissime: nous assistons aux dernières heures de la vie d'un roi plutôt  tyrannique, qui en dépit de son âge canonique n'a "jamais eu le temps" de penser sérieusement à sa propre fin. Il passe donc par tout un panel d'émotions: négation, révolte, acceptation.. face au sort qui l'attend. A noter que la durée de la pièce correspond quasi exactement à celle de l'agonie du roi (" tu vas mourir dans une heure et demie, tu vas mourir à la fin du spectacle", lui explique la reine). La mise en abîme est permanente, le pays se délite à mesure que le roi perd ses forces, la population a déserté les lieux, il ne reste plus qu'une poignée de personnages qui endossent tous les rôles ( le médecin-bourreau-astrologue, la femme de chambre-jardinière-cuisinière) et attendent la mort du roi pour que les choses reprennent enfin leur cours normal, perturbé par les volontés royales qui s'opposent à la nature ( "je mourrai quand je le voudrai, je suis le Roi, c'est moi qui décide). Ce que dépeint ouvertement Ionesco, c'est cette tendance apparue au milieu du XX° siècle, effet secondaire malencontreux des progrès médicaux: la société cache la mort, la nie, la considère comme une erreur, une injustice , quelque chose de non naturel, en lui contestant son statut de corollaire de la vie. Le problème de Béranger 1°, c'est le problème de la société qui occulte la mort.
snoopycontent et peut être même happydance
Cette pièce est une grosse claque qui remet les pendules à l'heure, en l'occurrence la dernière, et force le roi et par la même occasion le public à regarder ce qui ne se peut regarder en face, c'est à dire la mort. Quotidienne, banale, naturelle.
Il est bourré à ras-bord de références à la culture orientale (réincarnation), aux traditions roumaines (danses et cérémonies), au théâtre Shakespearien ( Le roi Lear). Autant le texte est simple et même parfois drôle (catégories absurdes et humour noir), autant l'intertextualité et les références sont nombreuses et fouillées. Une pièce faussement simple donc. Quand à la dernière scène, on referme le bouquin en se disant que Ionesco a vraiment écrit quelque chose de très fort sur un sujet pourtant d'une grande banalité.
Il me faut maintenant la voir sur scène pour l'apprécier encore plus pleinement, car le théâtre lu est une autre chose, le voir en est une autre. Je ne suis pas spécialiste en théâtre, mais je me dis que vraiment le rôle du Roi et celui de la reine Marguerite dans une moindre mesure doivent être incroyablement difficiles à jouer. J'essaierai de voir la version qui a été filmée, avec Michel Bouquet dans le rôle principal, je l'imagine très très bien dans ce rôle là, je ne pense pas être déçue.
Un gros gros coup de coeur pour ce texte donc!

Une lecture du Challenge ABC 

mercredi 3 février 2010

Aurélia - Gérard de Nerval

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Après avoir longuement fouillé le rayonnage N de la médiathèque, j'ai fini par me décider pour Gérard de Nerval, un des auteurs que mes professeurs avaient soigneusement évités tout au long de mon parcours scolaire et universitaire..
Et après lecture des quatre textes du recueil, je ne m'étonne plus du tout de cet évitement, tant les textes sont difficiles à classifier et à expliquer. Le même évitement d'ailleurs que pour l'ensemble des symbolistes et des surréalistes. Dès que l'analyse ne crève pas les yeux, la faculté préfère contourner...
Le recueil contenait donc quatre textes, qui se répondent  deux par deux. La courte nouvelle Pandora fait pendant à Aurélia ( ou plutôt, semble un prototype d'Aurélia), et Les nuits d'Octobre explore le même chemin que Promenades et souvenirs.
Mais grosso modo, des thèmes communs ressurgissent régulièrement: la réalité et le rêve, le pouvoir de l'imagination ( jusqu'au délire mystique dans Aurélia), l'inattendu au détour d'une promenade.
Aurélia est peut être à mon sens le moins abordable, tant l'imagination part vraiment dans tous les sens. Du personnage titre on ne saura rien ou presque, Aurélia n'apparaît jamais autrement qu'au travers des visions et hallucinations du narrateur ( qui l'assimile le plus souvent à une sorte de déesse mère primitive, évanescente, impalpable, aux formes toujours changeantes). La description des délires vaut le détour, et ne saurait être résumée, tant la névrose est donnée à être vue de l'intérieur. Cependant à la lecture de ce qui est le dernier texte, inachevé de Nerval, j'ai beaucoup repensé au roman " A rebours" de J-K Huysmans. En ce sens qu'on se trouve dans une impasse au final.
Au sujet du roman de Huysmans, Barbey d'Aurevilly avait dit qu'après un tel livre, il ne restait plus à l'auteur qu' "à choisir entre la bouche d'un pistolet et le pied d'une croix"... Pour échapper à la névrose, Huysmans a choisi la croix.. Nerval a choisi une corde.
Pandora est déjà plus facile à cerner, le sujet est assez simple ( le narrateur se désole d'être le jouet d'une femme riche et capricieuse à qui il n'arrive pas à résister, la source de tous les maux, d'où le titre). L'histoire se passe a Vienne et rappelle de manière sympathique l'ambiance du fantastique allemand, des contes d'Hoffman ou de Peter Schlemihl ( A von Chamisso).
Ambiance qui se retrouve dans les nuits d'Octobre, tentative de récit réaliste d'une promenade noctambule dans et autour de Paris, avec description de la "faune" des tavernes et des milieux interlopes. Peut être le récit que j'ai préféré, car le foisonnement des détails de la vie quotidienne témoigne d'une époque pas si lointaine mais qui nous est maintenant tellement étrangère ( telle la nécessité d'avoir un passeport en bonne et due forme pour quitter son département, et dont le défaut peut vous conduire à passer la nuit sous les verrous). Et bien sur la tentative de réalisme est vite dépassée, car bien évidemment le narrateur attache toute son attention au pittoresque et à l'insolite.
Et les mêmes thèmes de pittoresque insolite se retrouve dans Promenades et souvenirs, où une simple promenade à la campagne, au pays natal, fait ressurgir une foule de souvenirs plus ou moins insolites eux aussi. Un peu comme  un tableau de Seurat ou de Renoir ou jaillirait soudain un faune ou une nymphe.
SnoopyPlainAvatar
Et au final, bien qu'un peu difficile à suivre et décousue par endroit ( mais c'est bien le propre du rêve ou de la vision), c'est une lecture qui m'a beaucoup plus. Avec un gros faible pour les Nuits d'Octobre.
Il faut dire que, surtout, c'est particulièrement bien écrit, parfois proche du poème en prose. Les textes sont d'une grande richesse visuelle ( et ce n'est pas pour rien que j'ai parlé de tableaux un peu plus haut), car tout y est très visuel. Tel passage évoquera Seurat, mais tel autre rappellera Gustave Moreau, et ainsi de suite.
Une lecture assez exigeante donc, qui évoque énormément de références picturales, mais convoque aussi beaucoup de références à la mythologie grecque, à la littérature orientale ou allemande...

une lecture du Challenge ABC