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mardi 30 juin 2015

Harry Potter et l'ordre du Phénix - JK Rowling


Dernier billet pour le mois anglais et également par la même occasion lecture thématique de juin pour le challenge geek, je continue donc par ordre de tomes la découvrir la série. Donc ce que je vais dire reprend des éléments des tomes précédents, si vous n'avez encore rien lu, je vois renvoie  aux autres chroniques
Tome 1
Tome 2
Tome 3
Tome 4

vraiment pas fan de cette couverture, j'avais lu les autres dans la précédente édition. Là, folio a du trouver classe de mettre le nom du héros en argenté.. qui part très vite au frottement. Après quelques jours dans mon sac, il n'y a plus que "HA..Y P..ER" très incomplet. Dans peu de temps le livre s'intitulera simplement "... et l'ordre du phénix"

Il y a un a à peu près, j'avais laissé Harry en piteux état, après ce qui lui était arrivé à la fin du tome 4: un tournoi des trois sorciers désastreux qui s'était achevé en rencontre directe avec Volde.. aheum, Celui-dont-il-ne-faut-pas-dire-le-nom , qui avait une nouvelle fois tenté - et échoué- de lui faire la peau. Mais avait réussi cependant à tuer un autre élève de Poudlard , sous les yeux de Harry ( oui , le fait d'avoir assisté à une mort en direct a une importance particulière
Mais pourquoi Voldem.. aheum, Celui-dont-il-ne-faut-pas-dire-le-nom lui en veut il autant personnellement ce qui va être enfin expliqué à la fin de ce très gros cinquième tome.

On retrouve donc un Harry, comme toujours en vacances chez sa famille de blaireaux ( là aussi, on saura enfin pourquoi, même si c'est un peu tiré par les cheveux, il doit absolument y retourner chaque année, au lieu d'être confié en pension pour l'été chez d'autres sorciers par exemple). Suite à ce 4° tome donc Harry a les nerfs en pelote, et est constamment au bord de l'explosion: non seulement sa famille lui prend la tête, mais ses amis ne lui ont donné aucune nouvelle de tout l'été. et pour ajouter au stress, le voilà attaqué en pleine ville en compagnie de son cousin par des détraqueurs. Pas d'autre choix que de se défendre avec un sort, ce qui est interdit en présence de moldus. L'été se finit donc pour lui par un procès, avec la menace d'être renvoyé de Poudlard et interdit à vie de pratiquer la magie. La preuve étant faite qu'il s'agissait de légitime défense, il s'en sort sans problèmes, mais est dans le collimateur du ministre de la magie qui soupçonne un arrangement entre Harry et Dumbledore pour le destituer. concrètement, le ministre de la magie est du genre " tout va bien, le retour de Voldemort n'est qu'une baliverne montée par Dumbledore avec l'aide d'un gamin dérangé pour essayer de prendre le pouvoir".. Il a donc tout intérêt à discréditer à la fois Harry, Dumbledore et l'académie de Poudlard aux yeux du monde sorcier.

Et fait donc nommer une "taupe" du ministère professeur au lycée. Une femme charmante, sympathique et.. non je plaisante: une harpie qui ferait passer le professeur Rogue pour quelqu'un d'aimable et avenant.
il a quand même fallu que j'aille voir.. jouée par Imelda Staunton dans le film, elle n'a pas le côté crapaud décrit dans le livre, mais le décor... c'est vraiment ça, c'est horrible, j'en ai des sueurs froides!

Dolores Ombrage, c'est même pas le personnage qu'on adore détester, c'est le personnage qu'on déteste tout court: une mémère vêtue de rose, avec noeuds dans les cheveux, voix de petite fille et collection d'assiettes peintes à décor de chats. autant dire une torture pour les yeux.
Et une torture tout court, car son grand plaisir dans la vie est d'infliger des punitions qui sont réellement des tortures, physique et mentales.
Dolores, qui porte bien son nom, est insupportable, raciste - elle déteste d'emblée Hagrid parce qu'il est géant, et Firenze parce que c'est un centaure (sisi, ne contestez pas, symboliquement c'est du racisme)- procédurière et surtout ambitieuse, et de motions en règlements se fait nommer grande inquisitrice (ho que ça lui va bien) et directrice de Poudlard grâce au ministère.
hahaha, oui.. vraiment. Au moins Voldemort est un monstre qui n'essaye pas de cacher ses pulsions sadiques sous l'apparence de Mrs Doubtfire. Je pense qu' Imelda Staunton a du s'amuser énormément avec ce personnage, et l'es affrontements avec Maggie Smith doivent être savoureux!

Parallèlement on fait aussi connaissance de la famille de Sirius, particulièrement gratinée aussi dans le genre racistes et tortionnaires. Une bonne famille de sang-pur ( j'ai envie d'écrire "de bons aryens".. sisi, je suis sure qu'il y a là une référence à l'entre-deux guerres et à la montée des nationalismes.. une bonne petite famille de collabos qui a décidé de rayer de l'arbre généalogique celui qui fait figure de résistant)

Et malgré tous ces thèmes, malgré les explications que l'on a enfin, malgré beaucoup de bons passages, malgré une plus grande présence de personnages que j'apprécie beaucoup ( Sirius, Rogue et Neville, sur lequel on apprend enfin des choses et qui évolue bien dans ce tome), j'ai moins aimé que le précédent.

A cause de Harry. Oui, j'ai trouvé que son évolution dans ce tome se faisait dans une direction désagréable d'ado tête-à-claques. Certes, il est stressé, mal vu, victime d'injustices à tous les niveaux. Mais il est surtout horriblement doué pour se mettre dans des situations délicates et même douloureuses qu'il aurait facilement pu éviter en étant moins obtus et parano. enfin, parano seulement avec ses amis, parce que bizarrement, avec ses ennemis, il tombe systématiquement dans tous les panneaux qu'on lui tend, fait toujours le pire choix possible.. et s'étonne se prendre des retours de manivelle. D'accord, Dumbeldore a sa part de responsabilité là dedans, mais ça n'empêche que Harry réagit assez souvent comme un crétin fini qui se laisse avoir à la provocation. et finit par se mettre en danger. Et mettre tout le monde en danger. Et causer la mort.. de quelqu'un avec ses conneries.

J'espère qu'il va se ressaisir dans le tome suivant parce que j'ai quand même eu à plusieurs reprises envie de le baffer (même si j'ai apprécié la cruelle ironie du final: il a toujours eu en sa possession le moyen de vérifier si ce qu'il a vu en rêve était vrai, qui lui aurait évité la catastrophe, .. et ne s'en est jamais servi. CRETIN!)




samedi 27 juin 2015

Musique anglaise de la renaissance (2)

et voilà la 2° partie, Cette fois, on y est en, pleine Renaissance.
Le noms les plus importants sont ceux de  Thomas Tallis (1505-1585), William Byrd (1540 - 1623)John Dowland (1563-1626) et John Bull (1563-1628).
On quitte la musique religieuse pour aller vers des compositions de cour, de la musique " récréative", des danses,  avec des textes chantés en anglais et non plus seulement en latin. Et parfois même l'emploi de l'anglais pour des chants sacrés.
Pour mémoire on est à l'époque des Tudors, à peu près entre les règles de Henry VIII et Elisabeth I et de Jacques Stuart pour le plus récent.

Thomas Tallis
If ye love me: assez proche de ce qu'on a pu entendre dans le premier sujet un siècle plus tôt, mais c'est justement un exemple de texte sacré chanté en langue courante ( choeur à capella, 4 voix)
hear the voice and prayer

 William Byrd
The Battell: une bataille extraite de "my ladye Nevells booke". Les batailles sont un type de musique de cours reprenant des thèmes, rythmes et instruments inspirés venus de la musique militaire, avec parfois des textes exaltants les vertus guerrières. Tombées un peu en désuétudes après le XVII° ssiècle, on en trouve aussi des exemples en France avec Jannequin (version pour ensemble de cuivres)

pavane et gaillardes ( musiques de danse au clavecin)

John Dowland
Flow my tears ( soprano et théorbe). Un texte complètement profane cette fois
Flow, my tears, fall from your springs!
Exiled for ever, let me mourn;
Where night's black bird her sad infamy sings,
There let me live forlorn.
Down vain lights, shine you no more!
No nights are dark enough for those
That in despair their lost fortunes deplore.
Light doth but shame disclose.
Never may my woes be relieved,
Since pity is fled;
And tears and sighs and groans my weary days
Of all joys have deprived.
From the highest spire of contentment
My fortune is thrown;
And fear and grief and pain for my deserts
Are my hopes, since hope is gone.
Hark! you shadows that in darkness dwell,
Learn to contemn light
Happy, happy they that in hell
Feel not the world's despite.

Can she excuse my wrongs ( clavecin, luth, flute et voix)
paroles ici

John Bull s'est illustré plutôt dans la musique instrumentale pour claviers.
Fantaisie pour clavier ( clavecin ici je pense ou virginal, je ne suis pas spécialiste en claviers et j'ai du mal à les différencier au son.)
pavane et gaillarde fantastiques
Pour la petite précision, pavane et gaillarde sont deux danses qui se suivent toujours dans cet ordre au XVI° siècle la pavane, sorte de promenade lente à deux temps ( d'où l'expression se pavaner) et la gaillarde rapide à trois temps.

Mes goûts personnels me portent plutôt vers les compositions profanes de Byrd et Dowland.

Et pour terminer, une petite surprise, deux compositions  pour flûtes par quelqu'un  qui est plus connu pour autre chose que pour ses dons de composition.. et pourtant oui, le roi Henry VIII au delà de ses fonctions officielles composait régulièrement danses et chants.




vendredi 26 juin 2015

William Hurlstone, compositeur anglais méconnu

Je délaisse un peu la musique de la Renaissance pour faire un grand bond en avant jusqu'au début du XX° siècle pour dire quelques mots de William Yeates Hurlstone (1876- 1906)

Vous n'en avez jamais entendu parler, et c'est tout à fait normal, je ne connaissais pas non plus son nom et sa musique jusqu'à cette année.
Il s'agit d'un contemporain de sir Elgar qui a surtout écrit pour instruments à vents, en particulier en formations de chambre. Il faut dire que ce pauvre Mr Hurlstone n'a pas eu vraiment eu le temps de faire vraiment parler de lui, puisqu'il est mort à 30 ans d'une crise d'asthme ( et en tant qu'intrumentiste à vent sujette aux bronchites asthmatiformes, ça ne peut que m'interpeler particulièrement), à l'orée d'une carrière qui s'annonçait prometteuse.

Et c'est en particulier sa sonate en Fa majeur pour basson que je vais en partie jouer ( les 2 premiers mouvement seulement, dû au planning de passage très restreint au conservatoire)  demain pour mon examen de musique de chambre.

Il est même difficile de trouver en ligne des interprétations professionnelles de ses compositions, les seuls fichiers que je trouve sont des enregistrements d'élèves de conservatoires de niveaux variés lors de concerts ou d'examen, avec une prise de son..amateur elle aussi.
Celle-ci est intéressante ( bien que personnellement, avec la pianiste qui m'accompagne demain, je joue la première partie et la reprise du thème du premier mouvement un peu moins vite, et le second mouvement un tout petit peu plus rapidement que les deux dames de l'enregistrement. Là, leur II° mouvement me parait lent, mais lent!)

Mais il a également composé "4 pièces caractéristiques pour clarinette et piano"

ou ce trio pour piano, basson et clarinette (mouvement 1 ici)

ou ces 5 miniatures pour piano, qui ont un côté " accompagnement de film muet" pas désagréable du tout.

Je ne peux malheureusement pas proposer plus d'extraits, comme je le disais, non seulement du fait de sa mort précoce, mais certaines oeuvres ne sont pas disponibles en ligne ( j'aurais bien aimé entendre Magic Mirror suite, sur le sujet de Blanche-Neige, mais impossible de le trouver pour la lier ici)


dimanche 21 juin 2015

une sélection d'airs de basses (et barytons) pour la fête de la musique

Je parlais l'autre jour du regretté sir Christopher Lee, dont j'aimais beaucoup la voix. Car oui, j'ai un énorme faible pour les voix graves, qu'elles soient masculines ou féminines ( et pas de chance, je suis soprano, pour les graves, c'est loin d'être gagné).

petite énigme: qui est ce monsieur? ( oui, il fut une époque, et même bien moins lointaine que celle où a été prise cette photo, où tabac et chant n'étaient pas considérés comme incompatibles, ça parait impossible , et c'est pour ça que j'ai choisi cette image)
Alors  j'ai eu envie pour cette fête de la musique de mettre à l'honneur les basses (et barytons, car par moment la distinction est difficile pour un chanteur à l'aise dans les aigus ET les graves, selon le pays d'origine des compositeurs ou leur époque aussi, le concept de "grave" peut être très variable).
Des voix qui sont rarement mises en avant, en tout cas en musique classique, car les rôles principaux, surtout dans l'opéra italien sont dévolus en général aux ténors, les barytons et les basses interprétant les parents, les représentants de l'autorité,les pourris de service, les prêtres.. et les diables. Un même personnage pouvant évidemment être un représentant de l'autorité véreux et légèrement ou complètement diabolique.

C'est parti pour des oeuvres et des interprètes que j'aime tout particulièrement.

Un  esprit:
Purcell - King Artthur - air du génie du froid
par Petteri Salomaa
Ce morceau a été transcrit pour voix aigues, mais la version originale est bel est bien écrite pour voix de baryton-basse. Même si les chromatismes montent assez haut dans les aigus. Et pourtant c'est la version pour contre ténor que l'on entend en général. De mon point de vue, ça ne cadre pas vraiment avec le style du morceau (mais rien que si vous voulez pleurer des larmes de sang et souhaiter être sourds, il suffit de savoir que ce magnifique air a été massacré par Arielle Dombasle.)

et une version concertante humoritisque et gélée par Christopher Purves

Un prêtre:
Mozart - La flûte enchantée- air de Sarastro "in diesen Heil'gen Hallen".
par Kurt Moll
Des diables:
Offenbach -Les contes d'Hoffman Acte IV - Air de Dapertutto (il y a plusieurs personnages diabolique dans cette oeuvre, c'est Dapertutto qui a l'air le plus connu)
par José Van Dam

Pour comparaison, le même air par Samuel Ramey, vraie basse

Meyerbeer -Robert le diable - Acte III - Air de Bertram ( un démon qui invoque ici les spectres de nonnes damnées)
A nouveau Samuel Ramey, il y a beaucoup moins d'enregistrements de basses que de ténors, on retrouve souvent un peu les mêmes.

Gounod- Faust Acte II - air de Méphisto
encore José van Dam, l'air est très connu, il y a nombre d'enregistrements, mais pour celui-ci, je préfère une version chantée par un francophone
Et puisqu'on y est , restons avec José Van Dam
Un chevalier:
Ravel - chanson romanesque de Don quichotte à Dulcinée

Un philosophe ( fauché)
Puccini - La bohème - air de Colline
par James Morris

Un aigrefin:
Donizetti - L'elixir D'amour - air de dulcamara
par Erwin Schrott


Peut-on parler de basses sans parler de la Russie? non!
Après tout une des premières basses a avoir marqué les mémoires est Fiodor Chaliapine au début du XX° siècle. D'ailleurs, si vous n'aviez pas trouvé l'inconnu du début, c'est Feodor Chaliapine, jeune
Car quand on penseà Chaliapine, c'est plutôt comme ça qu'on le voit avec costume, fausse barbe, maquillage de théâtre.. ben oui, c'est bien le même
Un tsar:
Moussorgsky -  Boris Godounov - Mort de Boris
Et un des rares opéras à ma connaissance où le rôle principal est tenu par une voix de basse

Un général
PI Tchaïkovsky -Eugène Oneguine acte III - air de Gremine
Par Mikhail Petrenko

Anonyme - Les bateliers de la volga
par Boris Christoff



Un peu à part, je suis quand même obligée d'intégrer ce passage que j'adore, même s'il est à la base écrit pour baryton et chanté par un baryton ( disons que ce qui est considéré comme une voix grave en Italie n'a rien à voir avec une voix grave en Europe du nord)

Un professeur:
Rossini - Le barbier de Séville - Don Basilio, air de la calomnie
Par Ruggero Raimondi (que je ne pouvais pas du tout passer sous silence, j'aime beaucoup sa voix qui convient particulièrement bien aux airs légers de Rossini et Mozart)
Ça va, vous commencez à faire la différence entre baryton et basse?
Encore un exemple: à nouveau la calomnie et à nouveau Samuel Ramey ( ça va finir par se voir que je l'apprécie particulièrement, je crois..)
En l'occurence, le morceau peut être joué et chanté en deux tons différents selon ce que préfère le chanteur: Ici Raimondi le chante en Ré, et Ramey en Do ( donc un ton plus bas)

J'ai volontairement occulté les oeuvres chorales ou sacrées où les différences de registres sont souvent moins marquées, les chanteurs restent plus dans un registre "confortable" sans aller chercher leurs notes vraiment graves ou vraiment aigues. Pareil pour les Lieder et airs ( sauf celui de Ravel, réellement écrit dans cette tessiture) qui peuvent facilement être transcrites quelques tons plus hauts ou plus bas pour être chantés par n'importe quel chanteur/teuse.

jeudi 18 juin 2015

Le champ du potier - Ellis Peters

18 juin... C'est le rendez-vous " écrivaine du 20° siècle" . et ce n'est pas les possibilités qui manquent, ne serait-ce qu'avec le roman policier anglais. Agatha Christie ayant eu droit à la journée "roman policier", c'est donc l'occasion de parler à nouveau d'Ellis Peters, que je trouve aussi moyen de caser chaque année pour le mois anglais.

Retour donc au XII° siècle, à la frontière entre Angleterre et Pays de Galles, à l'abbaye de Shrewsbury. En 1143 pour être précis. La guerre civile entre l'impératrice Mathilde et le roi Etienne est dans une phase d'accalmie, les menaces extérieures se font moins sentir. C'est dans ce contexte de calme relatif que l'abbye de Shrewsbury procède à un échange de champs avec une autre abbaye voisine, chacune possédant auparavant un champ.. plus proche de l'autre abbaye. Shrewsbury devient donc légalement propriétaire du " champ du potier", l'ancien locataire, Ruald le potier , ayant laissé tomber son métier sa maison et sa femme quelques années plus tôt pour se faire moine. La femme, Generys, était une jolie brune galloise qui a disparu à son tour du jour au lendemain, la ville entière en ayant conclu que, puisqu'elle n'avait plus personne sur qui compter,  et ne parlait pas bien anglais, qu'elle avait sans aucun doute quitté la région pour repartir dans son pays.
Or le premier labourage du champ  réserve une surprise: un squelette, entier, et une masse de cheveux bruns.
Evidemment la première idée de tout le monde est que le squelette est bien la femme de Ruald et que sa soudaine conversion est liée à ce meurtre.. sauf qu'un témoin providentiel dit avoir entendu parler de Generys après la conversion de Ruald, dans une autre ville et pouvoir le prouver grâce à un bijou qu'elle aurait vendu pour financer son voyage. Et qu'une autre brune foraine semble avoir disparu aussi au même moment.
Un squelette anonyme, deux brunes perdues dans la nature, et un moine suspecté de meurtre, voilà ce qui attend Frère Cadfael et le Sheriff dans cette histoire.

J'aime beaucoup cette série policière en général, mais je dois dire que ce tome est un peu en dessous des autres, probablement du fait que le cadre historique étant un peu plus tranquille, il joue cette fois un rôle négligeable, voire pas de rôle du tout. L'histoire pourrait bien se passer quasiment n'importe où et n'importe quand sans qu'il faille y changer grand chose, à part la mention du châtelain local mort en croisade. On se concentre sur l'enquête policière, et celle-ci est assez plan-plan et tourne autour de l'identification du squelette. D'autant qu'ayant vu l'adaptation, assez fidèle cette fois du fait du peu d'action historique à mettre en scène, je me souvenais parfaitement de qui avait fait le coup, qui est la victime, quand, comment et pourquoi.
C'est aussi un des derniers dans la liste des tomes parus (17° sur 20 tomes en tout) et l'inspiration de l'auteur semble un peu fléchir. J'ai lu aussi il y a longtemps "l'été des Danois", le 18,° et il m'a laissé la même impression. A quelqu'un qui ne connait pas la série et voudrait la tente, je conseillerai quand même d'essayer plutôt les premiers tomes de la série pour se faire une idée.

lundi 15 juin 2015

Le tour d'écrou - Henry James

Aujourd'hui, le rendez-vous littéraire c'est " auteur anglais d'origine étrangère". Henry James est le plus britannique des auteurs américains, et opté pour la nationalité anglaise moins d'un an avant sa mort ( en 1916). D'autant plus que le sujet du tour d'écrou est anglais de la première à la dernière ligne, donc, ça rentre parfaitement dans le cadre du sujet imposé.

Et je n'avais pas encore eu l'occasion de découvrir l'auteur pourtant célèbre ( même si j'ai vu il y a des années une adaptation filmée de son Portrait de femme qui ne m'a pas vraiment laissé de souvenir impérissable).
Et comme son texte le plus connu est disponible en édition numérique libre de droits, j'ai sauté sur l'occasion.
illustré d'un tableau de John Sargent, qui aurait bien trouvé sa place dans le livre sur le Noir. Il faut que je fasse des recherches sur ce peintre..
.. qui est aussi l'auteur de ce portrait d'Henry James

Le tour d'écrou est un texte de la fin de sa carrière, daté de 1898. Je savais qu'il s'agissait d'une histoire de fantômes et de sales gosses.. mais je ne m'attendais pas à ça. J'ai été surprise, étonnée, dans le meilleur sens possible et j'ai bien aimé cette longue nouvelle aux multiples niveaux de lecture.

L'histoire de base est simple: la narratrice, institutrice dont on ne saura jamais le nom a été embauchée à Londres par un homme riche, qui lui fait forte impression et pour qui elle en pince un peu au premier coup d'oeil, pour donner des cours à son neveux et sa nièce, orphelins. Leur précédente institutrice est morte subitement, il a besoin d'une remplaçante qui accepte la condition suivante: tout régler elle-même, et ne jamais, jamais chercher à prendre contact avec lui, quoi qu'il se passe.
Condition étrange, mais que la femme accepte, en y voyant l'occasion d'impressionner son patron par son efficacité, sans penser bien sûr que son mérite ne sera jamais reconnu par quelqu'un qui ne veut pas en entendre parler. Oui elle est naïve à ce point! (Et assez orgueilleuse aussi, elle fanfaronne et s'autocongratule beaucoup, mais la narration est assez subtile pour faire ressortir le ridicule de cette autosatisfaction).
Arrivé au lieu où elle doit enseigner, elle déchante vite: le manoir est vieux, terne, habité d'une poignée de domestiques. seule consolation, ses élève, la petite Flora 8 ans, rejointe par son frère Miles 10 ans, sont adorables. Mignons, polis, travailleurs.. des élèves parfaits. Trop parfaits. Aussi lorsque Miles est renvoyé de son collège, l'institutrice ne prend même pas la peine d'éclaircir la raison de ce renvoi, par peur d'apprendre quelque chose qui ternirait l'image de petit ange du garçon. Mauvais choix, ce n'est pas en laissant traîner les choses qu'elles s'arrangent.
D'autant que des choses suspectes se passent: elle commence à voir des fantômes qu'elle décrit à la cuisinière. Ce sont l'ancienne institutrice et un ancien domestiques morts l'année d' avant, des gens très peu recommandables. qui reviennent forcément faire du mal aux enfants. L'institutrice s'attribue donc la mission de régler le problème, sans avertir l'oncle. Mais les gamins, que voient-ils? et sont ils vraiment si parfaits que ça?
Ca c'est le premier niveau. Des enfants innocents dont l'apparente sagesse commence à se fracturer, un manoir un peu sordide, des revenants.. assez classique en somme, sauf dans la manière d'instaurer un doute sur les enfants eux-mêmes et la prétendue innocence de l'enfance. Ca, je ne sais pas si ça avait été fait avant.

Et maintenant , comme je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre sans expliquer pourquoi et que je ne peux pas expliquer pourquoi sans risquer de faire du spoil pour ceux qui ne m'ont pas lu, c'est le moment de ressortir ma pancarte:


Deuxième niveau de lecture: il n'y a pas de fantômes. Ils peuvent fort bien être un effet d'auto suggestion de l'institutrice dont les descriptions assez vagues (un homme impressionnant aux cheveux roux, une femme brune inquiétante) correspondent à peu près aux deux domestiques décédés qui étaient de mauvaise réputation. Mais comme elle est la seule à les voir, rien n'est sûr.  Elle se convainc que les enfants les voient aussi.. du fait même qu'ils ne disent jamais rien ne parlent pas des disparus, et ne donnent aucun signe de les voir. Déduction éminemment boiteuse. Mais pour elle,  c'est parce qu'ils sont trop délicats, et s'ils ne veulent rien dire eux mêmes, c'est parce qu'ils la ménagent. Il ne faut donc pas les interroger car ils ne diraient rien par respect pour elle/leur rang...Ses arguments prennent l'eau de toutes parts et ne tiennent pas la route. Solution 2: cette femme perd la boussole, ce que les enfants exploitent en jouant sur leur image de chérubins irréprochables. Elle est folle, et les enfants sont des monstres!

Troisième hypothèse: il y a des fantômes .. ou pas, mais ça n'a pas d'importance, le coeur du sujet n'est pas là. Il est dans le récit que fait la cuisinière des relations de Miles avec Peter le domestique à la réputation douteuse. Il est clairement question de leurs relations inappropriées, de leur familiarité honteuse pour la réputation de la maison ( entre un domestique et un noble) que tout le monde le savait mais que personne n'a rien dit pour protéger l'honneur de la famille.
Oui.Ca n'est jamais dit clairement, mais pour moi c'est transparent, le sujet sordide caché derrière l'histoire de fantôme, n'es pas du à leur statut mais à la nature de leurs relations. Et pour une fois, je ne pense pas surinterpréter.
Si Miles a été "tripoté" par un adulte, ses bizarreries s'expliquent d'autant mieux, ainsi que les paroles ambigues de la cuisinière. D'ailleurs l'institutrice même n'est pas claire : les enfants ne sont vus que par son témoignage. Flora est sans cesse présentée comme un bébé:  elle a un petit lit blanc mignon dans la chambre de la femme, ses jeux sont plus ceux  d'un enfant de 3 ou 4 ans, elle était trop jeune pour se souvenir de son institutrice disparue quelques mois auparavant.. etc.. on en vient à oublier son âge réel. Tandis que Miles est toujours présenté comme mature, adulte pour son âge, mignon mais avec des réflexions d'homme, charmeur... On en vient aussi à oublier qu'il n'a que 10 ans et non un ado. Et la femme est souvent à deux doigts de la déclaration d'amour à son élève qu'elle câline abondamment même lorsqu'elle devrait le réprimander. Pour finir par se débarrasser complètement de Flora qu'elle envoie à la ville avec la cuisinière et ne rester qu'avec SON Miles, son petit chéri, etc..

Alors?peut être un peu des trois, l'auteur est assez malin pour ne jamais prendre parti et laisser libre court au lecteur pour se faire une idée.

C'est passionnant. Tant de possibilité d'interprétation pour un texte assez, court, j'aime beaucoup. Je penche bien sûr pour les explications les plus psychiatriques. C'est glauque, c'est noir, c'est sordide, le non-dit est beaucoup plus terrifiant que ce qui est dit. La monstruosité n'est pas dans le fantastique loin de là.
Le seul reproche que je ferai, c'est que l'héroïne est d'une naïveté absolue, souvent à claquer ( mais je pense que c'est voulu par l'auteur et que ça participe beaucoup de l'impression de dérangement mental qu'il insinue à son sujet) et que le premier chapitre ne sert pas à grand chose ( une réunion de convives où un dénommé Douglas qui ne revient jamais se propose de raconter cette histoire.. Ca aurait eu une raison d'être s'il y avait eu une conclusion reprenant le premier chapitre, les auditeurs donnant leur avis, etc.... là pour le coup, l'introduction du récit n'est pas du niveau du reste, et donc par contrecoup l'impression qu'il manque une conclusion)

jeudi 11 juin 2015

British Crush au cinéma

Quelle bonne idée, pour le mois anglais. Plusieurs participants on proposé leur Top d'acteurs et actrices anglais, et franchement, le plus dur va être de choisir!

Le coup de coeur de jeunesse
Donc Gary Old man..
 Gary Oldman. Comme beaucoup je l'ai découvert grâce à Dracula de FF Coppola, dans le double rôle  de Dracula vieux et jeune. J'ai découvert beaucoup plus tard sa filmographie antérieure (Sid & Nancy, Rosencrantz et Guildenstern sont morts..). Un acteur que j'ai un peu perdu de vue depuis plusieurs années, je croyais même qu'il était définitivement passé du côté de la réalisation ( alors que pas du tout) et du doublage.
Je suis aussi obligée de mentionner sa courte mais drôlissime apparition dans un épisode de Friends où il expliquait qu'un bon acteur doit postillonner, ce qui se termine en concours de postillons avec Joey.
Par contre et c'est totalement vrai, je ne savais pas jusqu'à cet instant qu'il a joué dans l'adaptation de Harry Potter, vu que je n'ai vu que le  premier film il y a très longtemps et que son personnage n'apparait que dans le tome 3.  Après recherche, je dois dire que ce n'est pas du tout comme ça que je voyais Sirius, souvent décrit comme un vagabond, là il fait un peu trop en forme, mais.. pas grave, je ne vais pas me plaindre de voir un de mes personnages favoris de la série joué par un acteur que j'apprécie beaucoup!
et Gary Young man..
(et non je n'ai même pas honte de ce jeu de mot navrant, sifflez, j'm'en fiche!)

Le coup de coeur " actrice"

avec David Tennant en prime
Je dirais bien " Maggie Smith", mais là c'est tellement évident que je vais choisir Olivia Colman, découverte dans Broadchurch et que j'ai trouvée géniale dans son rôle de policière prise au coeur de l'enquête qu'elle mène ( et je pourrais aussi en profiter pour dire tout le bien que j'ai pensé des 2 saisons de la série, mais ça sera pour une autre fois)

Le coup de coeur "plus de 40 ans"
En fait, la majorité des gens que j'apprécie sont aujourd'hui largement à l'âge de la retraite. Donc là, j'ai un trio à proposer:

+ de 80 ans: Michael Caine. Parce que son duo avec Laurence Olivier dans Le Limier est un grand moment de cinéma. Je n'ai pas vu la version récente avec Jude Law et ..Michael Caine une fois de plus. Je vous conseille aussi "L'homme qui voulut être roi" de John Huston où il partage l'affiche avec Sean Connery ( que je ne peux pas intégrer à ce top en tant qu'écossais, bouhouhou!)

 + de 60 ans: Alan Rickman.  Lui et Maggie Smith étant la raison pour laquelle j'ai regardé le premeir Harry Potter. Faudra que je regarde la suite un jour.
Mais Surtout, surtout pour " Truly Madly deeply", un film qui parle de deuil , sans broyer du noir, où il était juste excellent en fantôme violoncelliste.

+ de 40 ans: David Tennant. Pour Broadchurch mais aussi pour le doublage d'un Charles Darwin amoureux transi de la reine Victoria dans " the Pirates , Band of misfits".Et, non, je n'ai pas encore eu le temps de m'atteler à regarder DR Who.

 coup de coeur " acteur plus jeune"
euh.. p'têtre bien Dan Stevens, ouf, ça va il est trentenaire, mais quand même plus jeune que moi, donc ça compte.J'ai bien apprécié le sympathique cousin Matthew de  Downton Abbey,  et j'espère revoir le blondinet dans d'autres rôles . Il me semble promis à une belle carrière s'il fait les bons choix.

Coup de coeur pour quelqu'un qui n'est pas censé être beau.
Là,c'est très subjectif, je ne sais même pas qui est censé être beau et qui ne l'est pas. Donc non, du coup, je n'ai pas d'idée. Mais dans la mesure où j'ai sélectionné mes favoris-rites dans les autres catégories sur des critères autres que leur apparence, je m'accorde de laisser celle ci en blanc.

Coup de coeur pour quelqu'un de drôle.
Non pas un mais.. 6! Les 6 qui m'ont amenée à découvrir l'humour absurde à l'anglaise, via Continentales, une émission TV de FR3 ( à l'époque!) présentée, ho, tiens, par le tout aussi British Alex Taylor, et qui diffusait en été nombre de feuilletons anglophones en VOST. Je dois beaucoup à cette émission pour ce qui est d'avoir après l'anglais "intuitivement" ( pour la petite histoire, j'ai commencé l'anglais après 23 ans, après la fac, quand j'étais au chômage, et lorsque j'ai passé le test de niveau en disant que je n'en avait jamais fait, la responsable du centre n'a pas voulu me croire, donc merci Continentales, merci Alex Taylor, merci la VOST..). Et donc j'y ai vu  de mémoire The black Adder, One foot in the Grave (drôlissime), chapeau melon et bottes de cuir, Falty Towers.. et bien sur Le Flying Circus!
En particulier Eric Idle pour ses chansons complètement loufoques qui me font toujours pleurer de rire. Et puis un rigolo qui est en plus musicien , compositeur et chanteur, je ne peux qu'avoir une sympathie instinctive pour lui.
Juste pour le plaisir, une chansonnette qui nous apprend plein de synonymes, pas forcément évidents à recaser en société :)

Et aussi, parce que le monsieur a doublé Rincevent dans le jeu vidéo discworld et interprété la chanson de fin, je l'avais déjà citée dans l'article consacré au jeu, mais je ne résiste pas à la remettre:

Quand j'ai commencé cet article hier, j'avais également prévu quelques catégories personnelles:

- quelqu'un dont le cinéma n'est pas l'activité principale, mais qui m'a marquée:
Marianne Faithful dans Irina Palm. Impossible de prendre le tennis elbow au sérieux après l'avoir vu!

- quelqu'un qui est mort mais que je ne me lasse pas de revoir.

en Lady suffragette dans Noblesse Oblige
Alec Guiness. Peut-être mon favori, toutes catégories confondues, il pouvait TOUT jouer. comédie ( j'ai parlé l'an dernier de ses 8 rôles dans le très drôle Noblesse oblige, mais il y a encore l'homme au complet blanc, tueurs de dame..), film de guerre ( le Pont de la rivière Kwai), Drame ( Fagin dans L'Oliver Twist de David Lena) Aventures, SF ( les gens de ma générations le connaissent surtout comme Obiwan Kenobi, mais c'est vraiment trop réducteur pour un talent pareil)

- Une voix.

Alors là, l'actualité m'a prise de court, et je ne pensais pas transformer ce top en  hommage, mais j'avais déjà prévu de citer Christopher Lee en dernier lieu, histoire d'avoir Dracula en début de liste et encore Dracula en conclusion. Mais voilà, Il est mort dimanche dernier, l'information n'a été connue qu'aujourd'hui, et ça m'attriste beaucoup. J'aimais énormément sa voix, si grave et reconnaissable.
Donc hommage sonore : the Raven - Edgar Poe

et , ce que je ne savais pas, en plus de ses talents d'acteur et de lecteur, il chantait aussi, et même bien!

et dans des genres assez variés, classique, rock, chanson de noel... en anglais, en allemand , en français, en russe... et avec un ambitus assez surprenant pour un chanteur non professionnel
de cette série d'extraits je suis déjà fan de sa version de Mackie Messer (beaucoup moins de Toréador en métal , quand même!)



mercredi 10 juin 2015

Le père porcher - Terry Pratchett

Et voici le jour venu de rendre un hommage collectif à l'auteur du disque-Monde, disparu en mars dernier et dont la fantaisie nous manque déjà .. J'avais commencé la lecture du Père Porcher cet hiver, j'ai du l'interrompre pour cause d'examen professionnel, je ne l'ai pas repris de suite.. et j'ai décidé de conserver ma chronique pour le mois anglais.
Couverture de la première édition pocket qui reprend celle de l'édition anglaise

Le père Porcher, 20 tome des Annales du Disque-Monde, est celui qui dans le cycle de la Mort suit Accros du roc (vous pouvez donc logiquement en déduire que ma prochaine lecture discale sera Procrastination, ou un hors-série.. avant d'attaquer le cycle du guet ou des sorcières on verra en temps utile)
Petit rappel: dans Le faucheur, on voyait arriver les contrôleurs de la réalité, personnages gris, ternes, sans visages, sans individualité qui envoyaient la Mort à la retraite estimant qu'il s'individualisait trop et devait donc passer le flambeau.

couverture de la réédition , par Marc Simonetti. Et je dois dire que je suis de plus en plus fan de son travail et que je préfère ces nouvelles couverture aux originales, en fait...
Cette fois, ces fonctionnaires ont décidé de passer à la vitesse supérieure et d'éliminer l'imaginaire, rien que ça. Et pour commencer cette gigantesque entreprise, leur solution est simple: recruter un tueur à gages auprès de la guilde des assassins d'Ankh-Morpork et le charger d'éliminer le père Porcher, symbole de la croyance et de l'imaginaire.
Mais oui, vous savez? le Père Porcher! Ce personnage qui symbolise l'hiver. Qui distribue des cadeaux tous les ans lors du solstice. Qui conduit un traineau volant tiré par des cochons géants...
Comment tuer une idée, une légende, un allégorie? Peu importe le chef de la guilde voit l'occasion rêvée de se débarrasser de son meilleur élément, Monsieur Leureduthé, un esprit " brillant, comme un miroir qui a reçu un choc..[..] complètement fêlé quoi". Leureduthé ( ça se prononce le Redouté, ce qui fait plus sérieux pour un assassin quand même..) est efficace, mais surtout complètement fou et très dangereux, il n'hésite pas à supprimer des innocents qui ont eu la malchance de croiser sa route, ce qui est contraire au règlement de la très distinguée Guilde des assassins. En envoyant cet encombrant électron libre il y a moyen, s'il réussit, de se faire un gros paquet d'argent, et s'il échoue,  de se passer définitivement des services de Leureduthé.

Le solution qu'il va retenir est simple, bien qu'elle manque de violence - mais on trouvera quand même le moyen de massacrer un peu au passage: pour se débarrasser d'une idée, il faut que les gens cessent d'y croire. Si plus personne ne croit au Père Porcher, il n'y a plus de père Porcher.
Sauf que la place laissée libre ne tarde pas à être remplie par un nouveau père Porcher par intérim: la Mort lui même qui veut voir quel effet ça fait d'être aimé par les gens une fois de temps en temps, entraînant dans son sillage son majordome Albert ( qui se voir contraint d'endosser le rôle de lutin.. probablement le lutin le plus grincheux de l'univers) et Suzanne. On l'avait quittée étudiante, elle a pris du galon et est maintenant, dans sa quête de normalité, devenue préceptrice pour enfants de famille riche. Une préceptrice imbattable quand il s'agit de faire une prise de karaté aux monstres du placard et d'assommer les croquemitaines à coup de tisonnier.

Or on sait que dès que, par le principe des vases communicants, dès que quelque chose disparait du disque monde, la magie a autant horreur du vide que la nature, et quelque chose d'autre doit prendre sa place.
La réserve de croyance ainsi libérée entraîne des apparitions.. étranges. En particulier à l'université de l'invisible, les mages étant de vrais aimants à bizarreries. Il suffit a présent qu'ils émettent une hypothèse farfelue pour qu'elle se réalise, pour peu qu'elle soit "logique" . aussi lorsque quelqu'un fait la remarque qu'il n'est pas logique qu'il y ait une dieu du vin, mais pas de dieu des gueules de bois.... gling! Il apparait Bilieux, le dieu des gueules de bois (non pardon, l"oh bon dieu!" des gueules de bois). Les mages se retrouvent ainsi à baby sitter un dieu rond comme une barrique, un gnome des verrues, un monstre mangeur de chaussettes, une fée de la bonne humeur en pleine dépression nerveuse et autres joyeusetés..
(Pour les disparitions de chaussettes, j'ai beau chercher, je suis d'accord avec les mages, je ne vois que ça: un monstre planqué dans la buanderie qui se nourrit de chaussettes, seulement une seule sur deux évidemment..)

Encore un tome très complexe qui fourmille d'événements, ça part dans tous les sens, et comme ça au détour d'une ligne, on se retrouve soudain avec une remarque d'une profondeur philosophique étonnante. A se demander si tout cet univers joyeusement bordélique n'est pas là juste pour mettre en relief cette phrase en particulier. on ne comprend pas tout de suite où l'auteur veut en venir, c'est seulement lorsque tout s'explicite qu'on se dit que c'est génial ( ici, un trafic de dents avec la fée des dents, l'équivalent  anglais de la petite souris). Je pense même que , en sachant de quoi il retrouve j'apprécierai encore plus les subtilités lors d'une prochaine relecture.
Et au fait, je pense qu'avec Leureduthé, on tient là le personnage le plus nocif, le plus méchant, le plus dangereux du disque monde. En tout cas, c'est bien le plus négatif que j'ai croisé dans les tomes que j'ai lus jusqu'à présent.

Et pour finir trois dessins hommages qui me plaisient beaucoup:
par Paul Kidby, son illustrateur habituel
par Boulet
par Alector Fencer, une allemande dont je découvre par la même occasion le travail, et .. woaw!!
D'autres fanarts à voir ici
Et encore merci à Sir Terry pour son monde délirant et son humour souvent noir comme je l'aime, que j'ai découverts il y a seulement quelques années, mais qui m'ont fait passer d'excellents moments et vont encore m'en faire passer plein à l'avenir.

vendredi 5 juin 2015

Musique anglaise de la Renaissance (1)

Cette année, j'ai envie de parler un peu de musique baroque classique.. mais autant commencer encore plus tôt avec deux compositeurs très anciens.

Après, d'autres pourraient entre dans ce cadre, mais sont plus difficiles à classer, ceux de la période charnière entre la musique renaissance et baroque, vu qu'il n'y a pas de date définie pour déterminer quand commence la moyen âge et où il finit, quand commence la Renaissance et où elle finit, etc...
Donc pour la "vraie Renaissance" ( époque Henry VII et Elizabeth I° à peu près), je ferai un sujet séparé.

Fin moyen-âge début Renaissance, il y en a deux importants: Leonel Power ( vers 1370/ 5 juin 1445.. donc il y a pile 570 ans, d'où ce mini hommage) et John Dunstable (vers 1390/1453). Dans les deux cas, difficile d'être précis sur leur origine ou leur vie, comme souvent pour les musiciens et compositeurs de l'époque, ils ont eu une formation religieuse et ont composé de la musique sacrée en latin, . Ca "sonne " très Renaissance en tout cas, on n'aime ou pas, c'est un peu du tout ou rien. Personnellement, j'aime beaucoup ces harmonies que l'on n'a plus l'habitude d'entendre après des siècles de restriction au choix majeur ou mineur (non promis je ne vous fais pas un cours magistral sur le passage de l'ars antiqua à l'ars nova)

Leonel Power: Gloria

Anima mea liquefacta est ( quel titre! ) instrumental

John Dunstable ( parfois orthographié Dunstaple)
Gloria ( Canon)
Quam pulchra est
O rosa Bella ( voix et instruments)
Ce dernier morceau est sujet à caution, et est parfois attribué à John Bedyngham. Ce qui est fort plausible, il ne s'agit pas d'une composition religieuse. Le morceau en lui même a l'air un peu plus récent, et justement une génération sépare les deux compositeurs.

Pour le plaisir , une autre version. Je n'ai pas le détail de l'instrumentation de la version ci dessus, mais je suis presque sure qu'il s'agit de sacqueboutes, instruments à vents ancêtres du trombone. dans cette deuxième version, l'instrumentation comporte une flute à bec d'un format que l'on a plus l'habitude de voir

Pour vous donner un ordre d'idée, c'est le genre de musique que pouvaient entendre Henry V, Henry VI et leur contemporains.

jeudi 4 juin 2015

Les pendules - Agatha Christie

Pas de mois anglais sans un livre d'Agatha Christie, c'est aussi traditionnel que le five o' clock tea et les scones.

Et dans la grosse pile de titres encore non lus qui restent sur mon étagère, j'ai pioché celui-là. En fait, je savais que j'en avais vu une adaptation TV, mais sans me souvenir s'il s'agissait de la série Poirot ou Miss Marple. en cours de lecture ça m'est revenu: Hercule Poirot, mais avec une différence de taille entre le roman et l'adaptation.

L'intrigue est assez courte: Sheila Webb, une dactylo travaillant dans une agence est demandée pour un travail de secrétariat chez Miss Pebmarsh, vieille dame aveugle. Lorsque Sheila arrive à l'heure dite chez la vieille dame, pas de Mrs Pebmarsh,. Mais en revanche, un cadavre encore chaud traîne sur le tapis. La fille qui ne sait pas trop comment réagir, sort en hurlant et bouscule Colin Lamb, un espion qui enquêtait justement dans ce quartier résidentiel et qui va s'intéresser à ce cadavre anonyme, peut-être lié à son affaire., ou peut-être pas. Mais l'enquête officielle piétine et Lamb va prendre conseil après d'Hercule Poirot pour bénéficier de ses lumières. Pendant ce temps là, Sheila est parmi les premiers suspects et une autre secrétaire de la même société est tuée: est-ce que c'est l'entreprise elle même qui est visée et non les victimes personnellement?

Le roman mélange en fait une trame de roman d'espionnage et une autre de roman policier. Je ne suis pas fan du tout de romans d'espionnage. Le côté roman policier ne m'a pas convaincue non plus. Et là on trouve la grosse différence avec l'adaptation: l'enquête n'est pas mené par Hecule Poirot, qui n'apparaît qu'épisodiquement, mais par colin Lamb et l'inspecteur Hardcastle, deux personnages.. sans grand charisme. Je comprends pourquoi l'adaptation prenait la liberté de laisser Hercule Poirot enquêter directement.
Là , non. En fait c'est presque une parodie: l'enquête très compliquée qui cache une solution simple, dissimulée au milieu d'une histoire d'espionnage, une histoire de famille ( Sheila est élevée par sa tante, ses parents sont supposés morts depuis longtemps, mais est-ce vrai?), de faux-témoignages, un zeste d'histoire d'amour pour saupoudre le tout... Tout ce que peut potentiellement contenir un roman policier y est, en 188 p. Et c'est un peu trop à mon goût, j'ai eu du mal à me passionner pour cette histoire où tout le monde semble être lié à tout le monde " comme par hasard". Trop de hasard tue le hasard. Donc non l'intrigue en elle-même n'est pas inoubliable ( et j'écris ceci presque un mois après l'avoir lu, et j'ai déjà des trous de mémoire).

Par contre il y a une chose que j'ai vraiment aimé: Hercule Poirot enquête de son bureau, sans vraiment sortir de chez lui, chose qu'on attendrait plutôt de Miss Marple. Et l'enquête ne l'intéresse pas franchement, il passe plutôt son temps libre à .. lire des romans policiers pour en décortiquer l'intrigue et dit notamment beaucoup de bien d'Arthur Conan Doyle et du mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux ( en démontant les argument de la presse qui trouve ce roman trop tiré par les cheveux, et que lui trouve très bien mené). Ce clin d'oeil d'Agatha Christie à ses prédécesseurs est savoureux. Tout ça n'empêche pas un Hercule qui s'est tourné les pouces - ou a tourné des pages et des pages - pendant la majeure partie du livre  d'arriver, d'expliciter le le mystère.. et d'en récolter les lauriers! Vu qu'il date de 1963, je ne serai pas surprise qu'il y ait là un peu d'auto-parodie de la part de l'auteur, peut-être elle même un peu lassée d'un personnage qu'elle fait intervenir depuis 1920 et qui est réduit ici à un gimmick de prestidigitatrice .

PAs déplaisant à lire, il est court, il se lit facilement, mais il ne laisse pas un grand souvenir non plus. Ma précédente lecture , à l'hôtel Bertram, ne m'avait pas enthousiasmée. Je dirais que Ce pendules sont un cran au dessus, mais pas du niveau des romans des années 20 à 40.

C'est sur qu'ayant découvert l'auteur avec Dix Petits Nègres, le Meurtre de Roger Ackroyd, Mort sur le Nil et le Crime de l'Orient-Express, j'ai des attentes exigeantes. Pour l'instant, ces 4 là sont mon quarté gagnant.