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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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mercredi 25 septembre 2013

Oscar wilde et le meurtre aux chandelles - Gyles Brandeth

Oui, je sais, ce billet était prévu pour le 19 septembre, mais tel le lapin blanc " en retard, en retard, je suis en retard" (journées du patrimoine, départ en vacances qui s'annonce..). La LC " British mysteries" du mois nous emmène donc à Londres, en 1889. Rien que de très banal à première vue. Ce qui l'est moins, c'est que le héros du roman, comme le titre nous le laisse deviner, n'est autre qu'Oscar Wilde, le grand écrivain irlandais, himself.
j'ai beaucoup de mal avec la couverture multicolore, tout le monde m'a demandé si c'était de la chick-litt et personne ne m'a cru quand j'ai répondu " nonon, roman policier"
Oscar Wilde donc, qui, outre ses activités littéraires donne de temps en temps des cours à des élèves d'origine modeste mais prometteurs. Et justement, dès les premières pages, il tombe par hasard sur l'un de ses élèves, Billy Wood., mort dans une pièce entièrement vide, égorgé , dans une mise en scène qui évoque un crime rituel. Or lorsque Oscar (qui, bien que choqué, ne résiste pas à  une certaine tendance à remettre au lendemain, il faut bien le dire) se décide à aller signaler le meurtre à la police, le cadavre a déjà disparu, la scène de crime à été récurée de fond en comble. Pas de cadavre, pas de crime, et donc, pas d'enquête. Oscar décide donc de mener sa petite enquête, entrainant dans son sillage deux amis écrivains, Robert Sherard et un certain humm Arthur Conan Doyle, sur la mort du pauvre Billy, tandis que les autorités continuent à tergiverser.

Comment dire.. D'une part, on est dans un grand détective 10/18, donc comme souvent, ce n'est pas spécialement l'enquête qui compte vraiment, mais plutôt l'ambiance. et pour l'ambiance, là on est servis: de clubs huppés en soirées mondaines, de scotland yard aux réunion d'esthètes plus ou moins décadents ( enfin, décadents par rapport aux moeurs "officielles" de l'époque), c'est une visite plutôt sympathique du Londres de la fin du XIX° siècle. Plutôt sympathique, mais pas inoubliable.

En fait il y a 2 choses qui me gênent un peu: D'abord, quand on a Oscar Wilde comme héros, il faut bien s'attendre à ce qu'il prenne toute la place. Et pour le coup, Oscar est partout, tout le temps, et malheureusement, les autres personnages peinent un peu à exister. Du coup, je n'ai pas franchement pris les autres en affection, même pas Robert, le narrateur et meilleur ami de Wilde, un peu trop figé dans son rôle de Don Juan pour qu'on s'intéresse vraiment à lui.

Ensuite deuxième problème à mon sens: l'auteur connait bien ce dont il parle. Même un peu trop en fait, du coup il en fait des tonnes: références par ci, références par là, citations de Wilde, de Wordsworth, de Doyle, des scandales de l'époque, de Jack l'éventreur, de Marie Aguetant, de Ellen Terry etc.. du coup, il lâche l'affaire pour se concentrer sur ses références, et arrivée à la moitié, je le dis clairement, je me fichais totalement de savoir qui avait assassiné Billy. Mais alors vraiment totalement. Ce qui est un paradoxe pour un roman policier. Et j'avais déjà cerné les coupables dès le moment où le cadavre fait sa réapparition, ou en tout cas, dans ma tête j'avais inversé les rôles du meurtrier et de l'embaumeur.

Du coup, quand je vois qu'il y a des suites, policières aussi, je ne suis pas vraiment tentée. Car faire d'un personnage réel et bien connu un héros de roman policier, c'est un parti pris assez curieux, et j'en vois déjà pas mal les limites en un seul livre. C'est agréable à lire, mais assez artificiel par moments, j'ai l'impression en fait que toute l'histoire été fabriquée dans le seul but de caser les aphorismes du grand écrivain.
Donc .. pas vraiment convaincue, pour moi c'est un exercice de style, brillant, certes, mais un exercice de style.
Instructif malgré tout: j'ignorais que Doyle et Wilde se connaissaient et s'estimaient, et je ne connaissais vaguement Sherard que comme biographe de Wilde, sans avoir jamais rien lu de lui .. je vois qu'il a également écrit des romans et de la poésie.

enquête n°5: résolue!
Donc voilà, j'ai appris des choses, j'ai bien aimé.. mais pas au point de lire la suite en fait.
Auteur anglais, encore une fois

mercredi 11 septembre 2013

Victor Sackville t1& 2 - F. Rivière, F Carin et G. Borile

En fait, ce que j'ai adoré faire à Bruxelles, c'est la longue balade des façades BD (et je n'en ai vu qu'une partie, celles du centre, ce qui faisait déjà plus de 8 kilomètres, la prochaine fois, je loue un vélo!)

Et, parmi les bandes dessinées mises à l'honneur, il y avait celle là., dans les tons de rouge et brun avec une ambiance très 1900, que j'ai trouvée particulièrement sympa. Le côté " brigades du Tigre" , je pense.


J'avais déjà vu le tire quelque part sans trop savoir de quoi il s'agissait, et puis,sur mon parcours, j'ai trouvé les 2 premiers tomes dans une librairie BD d'occasion (que dis-je une librairie? une caverne d'Ali-Baba, oui...), donc ni une ni deux, je découvre.
Tome 1

Bon, on va dire que ça n'est pas la BD du siècle, mais l'idée est plutôt sympa et ambitieuse. Je passe sur le graphisme un peu raide et les très nombreuses bulles à lire, c'était presque toujours le cas dans les BDs des années 80, personnellement ça ne me gêne pas plus que ça, j'ai commencé à lire des bds à cette époque, j'ai l'habitude. Cei dit, justement en ayant l'habitude, je ne jugerai pas le graphisme d'une série sur les 2 premiers tomes, il suffirait d'en piocher un au hasard parmi les plus récents pour que ça diffère du tout au tout ( je vois qu'il y a 24 tomes, que la série est toujours en cours, le 24° est sorti l'an dernier).
Tome 2

Par contre le scénario est ambitieux, un peu trop en fait:

1917, en Flandres, un agent secret anglais est assassiné. A son compatriote et collègue Victor Sackville incombe donc la double tâche de trouver le responsable et de terminer la mission de son prédécesseur.
Il s'agit d'entrer en possession du code d'un message secret envoyé par les allemands au Mexique.L'enjeu est énorme: on est en pleine première guerre mondiale, et les allemands espèrent convaincre le gouvernement mexicain de déclarer la guerre aux USA, afin de les occuper ailleurs, pour qu'ils ne prennent pas part aux combats en Europe. Victor doit alors entrer en contact avec Diane Corman, agent de sa majesté sous la couverture de journaliste, en poste à Bruxelles, qui est en mesure de récupérer le code auprès de l'ingénieur qui vient de le décrypter: chausses-trappes, agents doubles et trognes patibulaires au menu, leur aventure belge dans le premier tome les conduit jusqu'au Mexique dans la seconde partie de cette histoire en 2 volumes.

Et j'ai envie de dire, avec tout ce qui s'y passe, 2 volumes c'est trop peu. L'argument est dense, il y a une foule de personnages secondaires qui apparaissent et disparaissent aussi vite, le scénariste semble avoir voulu caser un maximum de choses en un minimum de pages, du coup il y a énormément d'ellipses et la fluidité de lecture s'en ressent ( j'ai du revenir plusieurs fois en arrière parce que je pensais avoir laissé échapper un détail.. qui en fait n'était pas mentionné avant, comme la déchirure sur le vêtement qui permet d'identifier l'assassin du premier agent. Sauf que ça n'avait PAS été mentionné, c'est un peu dommage dans une histoire policière de ne pas donner aux lecteurs les indices nécessaires, du coup, on reste extérieur à l'enquête et...enfin, moi ça me pose un vrai problème)
Et avec toutes ces ellipses, évidemment, apparaissent des trous scénaristiques qui me gênent: un personnage est en danger, un autre vient à sa rescousse, le méchant prend une flèche dans le dos.. QUE-OI? Mais sur la case précédent, le type qui courrait aider son pote n'avait PAS d'arc ni de flèches, il a trouvé ça où?
Ce genre de choses, qui est un détail, mais c'est tout le temps.
Autre exemple un personnage a été assommé et en reprennant ses esprits, il explique quelque chose comme " je sais qui c'est j'ai reconnu son rire que j'ai déjà entendu il y a longtemps en Europe"
Et? Et bien c'est tout. Une ligne pour nous en dire un peu plus n'aurait pas été de trop. La tel quel, c'est de l'indice qui ne sert à rien!
Oui j'ai l'air d'être négative, mais encore une fois, un scénario trop alambiqué, avec trop de personnages sur seulement 2 tomes, on sent que les auteurs ont voulu en faire trop. ce qui est frustrant, mais moins que s'ils avaient étiré en longueur une pauvre ligne de scénario. Après, ce sont juste les 2 premiers tomes, et je le maintiens, je ne juge pas la qualité d'une série sur les premiers tomes.

Voilà: de bonnes intentions mais peut mieux faire
BD "british mysteries", les auteurs sont Français et Belges, mais le héros est anglais et espion de George V
Enquête n°4: résolue!

encore une lecture belge!

vendredi 6 septembre 2013

La deux fois morte - Jules Lermina

Et encore un ebook gratuit, décidément, c'est bien pratique ces petites choses sur la tablette pour supporter les transports en commun.
Comme je ne trouve pas de couverture sympa, un fantôme de Victoria Frances qui semble surpris de s'effacer.. vous verrez pourquoi ce choix

Et donc, choisie  au hasard, une nouvelle fantastique de Jules Lermina, auteur un peu oublié de la fin du XIX° siècle. Et c'est une bonne pioche, que je conseille vraiment: rapide à lire et d'un cynisme assez réjouissant.
Déjà le narrateur y raconte l'histoire d'un couple d'amis, le névrosé Paul.. et euh.. Virginie, oui, appelons-là Virginie, ça n'a pas d'importance, dans le fond (oui oui, il le dit à peu près comme ça, et la vacherie vis à vis de Bernardin de Saint Pierre me fait beaucoup rire). De toute façons, le titre ne laisse aucun doute sur sa durée de vie au sein de l'histoire.
 Pour la lire, c'est ici: la deux fois morte

C'est donc l'histoire de Paul, un jeune homme nanti d'une mémoire prodigieuse qui lui permet de se souvenir de quoique ce soit dans les moindres détails (ce qui vu de l'extérieur ressemble à un cauchemar, puisqu'il peut chaque jour, revoir intégralement dans sa tête la journée de la veille...ce qui fait qu'il ne vit jamais pleinement, mais ça ne semble pas le déranger plus que ça..) Or un jour Paul reçoit la visite inopinée de Virginie, la gamine de la maison voisine, sur laquelle il semble exercer une fascination absolue. Et ça dure pendant des années, jusqu'au mariage. quelques années plus tard, le narrateur qui s'était absenté revient prendre des nouvelles: Paul semblait d'après ses lettres avoir sombré dans une sorte de mysticisme inquiétant et s'être isolé totalement à la mort de sa maladive femme ( qui dès sa première apparition était déjà condamnée: maladive, et décrite comme une fée, un être d'un autre monde, bref, déjà presque un fantôme qui s'oubliait totalement dans son admiration envers son fiancé). Donc virginie est morte et le narrateur estime qu'il est de son devoir d'ami d'aller remonter le moral à Paul. problème: Paul semble aller à merveille, et nie complètement la mort de sa femme, ou plutôt, ça n'a pas d'importance. Insensibilité ou folie?
en fait la raison est simple; Virginie n'est pas morte, car elle vit encore dans le cerveau, passablement dérangé il est vrai de Paul, qui peut la ressusciter à loisir, ce dont il fera la démonstration au narrateur, arrivant à se dédoubler pour la faire apparaître tel un ectoplasme ( mais l'auteur prend un malin plaisir à laisser planer un gros doute sur son histoire de fantôme, car l'apparition du "fantôme" nécessite beaucoup d'auto-suggestion et surtout une grande quantité de vapeurs d'éther)..La situation est malsaine, et le narrateur va déployer des trésors d'ingéniosités pour "tuer" cet encombrant souvenir qui épuise son énergie ( d'où le titre).

Une nouvelle très drôle, qui joue avec les codes du fantastique ( paysages décrits comme vivants, références à la maison Usher, apparition mystérieuse, climat d'angoisse).. pour mieux les tourner en dérision. Savoureusement cynique. Et au final, on peut le voir de plusieurs manières, car ce qu'il sous-entend est plus malsain que toute histoire de fantôme: Paul est un type qui exerce involontairement une emprise totale sur sa femme, au point qu'elle finit par se nier elle -même, un personnage le dit: c'est comme si elle s'était totalement annihilée pour se fondre en lui, comme si elle s'effaçait comme les photographies restées au soleil...et qui finalement semble plus heureux depuis sa mort, puisqu'il peut la recréer à sa guise, en toute liberté, telle qu'il veut qu'elle soit, puisqu'elle est devenue réellement sa chose, sa création . Cynisme, je vous dis! Ecriture agréable, une bonne découverte, que j'irais volontiers renouveller avec d'autres écrits du même auteur ( apparemment il a écrit une suite à Monte-Cristo, et "mystères de New-York" en suite aux Mystères de Paris d'eugène Sue,  j'avoue que ça me tente beaucoup moins par contre, mais d'autres nouvelles, pourquoi pas, en tout cas il a des titres bien cocasses, genre: " trottinette, roman d'amour")
11/24
une nouvelle de 1895

lundi 2 septembre 2013

engrenages; la vie d'un idiot - R. Akutagawa

Deux nouvelles posthumes de Ryûnosuke Akutagawa, auteur que j'avais découvert et beaucoup aimé avec Rashômon.

Dans "engrenages", on suit  l'anti héros en perdition, harcelé par des migraines qui lui font voir des hallucinations d'engrenages,poursuivi pas la peur de devenir fou, et qui ne peu s'empêcher de voir des présages dans ce que n'importe qui en bonne santé nerveuse considèrerait comme coïncidences ou ne remarquerait simplement pas. La couleur jaune, un chien qui aboie 4 fois ( au Japon, 4 se dit shi.. homophone du mot mort, et le 4 est donc considéré comme un présage funeste), un manteau de pluie associé à l'idée d'un fantôme, et surement beaucoup d'autres que j'ai laissé échapper par manque de connaissances..

"La vie d'un idiot" reprend la même idée, mais dans une forme différente: une nouvelles morcelé en de nombreux chapitres parfois très courts, où, cette fois, le narrateur fait le bilan de sa vie peu satisfaisante.. Les deux sont intéressantes, mais la première est peut être plus "littéraire", avec un fil directeur plus net. En tout cas elle m'a un peu plus parlé que La vie d'un idiot, qui fait plus "témoignage clinique"

C'est dramatique, car on sent bien que l'auteur est vraiment au bout du rouleau. Car oui, pour le coup, l'auteur et le narrateur sont difficilement dissociables. Mais en même temps, passionnant, car pour le coup, la névrose est particulièrement bien rendue. L'auteur est "le fils d'une folle", étiquette qu'il se donne à lui même et qui lui pourrit littéralement la vie, persuadé qu'il est condamné à suivre le même chemin. C'est d'autant plus triste de constater à chaque page qu'on a affaire à quelqu'un d'une culture immense, tant asiatique qu'européenne ( il cite Mérimée, Baudelaire,Anatole France, Gogol..) Du coup, je crois que c'est exactement l'auteur que je conseillerais à qui veut attaquer la littérature japonaise, parce qu'il reste accessible au novice dans ses références, à mi chemin entre l'Europe et l'Asie ( n'oublions pas qu'on est à l'ère Meiji, l'ouverture du pays vers les autres pays est toute récente, la névrose d'Akutagawa doit être intéressante à mettre en parallèle avec la mutation de son époque)

10/24
chez folio!

Entre chien et loup - collectif

Dans la série Belgique, voilà un recueil de nouvelles que j'ai trouvé un peu par hasard ( et donc, comme j'ai eu peu de temps en rentrant, mon mois Belge devient un mois et demi? un bimestre? belge, tant que je n'ai pas rédigé les billets en attente en fait)

Et donc, voilà pour l'occasion 10 nouvelles belges, parues tout récemment chez Onlit edition, disponible par exemple ici, dans une multitude de formats mais toujours gratuitement
10 nouvelles, 10 auteurs primés ou distingués au concours de nouvelles de la fédération de Wallonie- Bruxelles 2012/2013. Avec pour seul critère que ce soit des auteurs wallons ou résidant en Wallonie, et qu'il n'aient pas jusqu'alors étés publiés à compte d'auteurs. Le thème imposé était " entre chien et loup", aux auteurs d'en faire ce qu'ils veulent.. Avec à la clef des prix pour les trois premières et la possibilité d'être publiées

- Petits services rue Dussaussois ( Véronique Deprêtre) . L nouvelle qui a gagné le grand prix de la fédération et le prix Onlit. Un homme de 55 ans un peu limité fantasme sur une femme de son quartier ou plutôt sur " son cul". Et c'est au final la nouvelle que j'ai le moins aimée. Parce que je n'ai pas trop accroché au style très oral d'une part.. et que je ne vois pas vraiment le lien avec le thème, à part que la conclusion se passe le soir? enfin, clairement pas ma préférée.

- La Barrière ( Françoise Duesberg) nouvelle primée et mention RTBF: un normand répond un jour par hasard à une petite annonce matrimoniale lancée par une belge.. mais manque de courage et s'enfuit lorsqu'il a enfin l'occasion de la rencontrer réellement. Ca pourrait se limiter à ça, sauf que la réalité est plus tordue comme on le découvre dans le "droit de réponse" surporenantde la dame :). Une nouvelle sympathique sur les barrières mentales qu'on se met soit même ( mais là aussi, le rapport avec "chien et loup" me parait tiré par les cheveux.. La frontièreentre le jour et la nuit vue de manière plus "mentale"?

- Josika Utca ( Stephane Fontaine) nouvelle primée: Budapest, seconde guerre mondiale. Un militaire SS peu taillé pour l'armée recueille par hasard un chiot mal en point et cherche à le faire soigner. La survie de l'animal devient soudain la seule chose importante à ses yeux et fait éclater ses au grand jour des doutes qui le tenaillent. J'ai énormément aimé cette nouvelle, qui arrive à condenser beaucoup de choses avec une tension efficace en peu de pages

- Alice dans la pénombre d'une lampe d'Opaline (Pierre Pirotton) nouvelle primée: Un personnage de vieille dame un peu cliché dans un décor cliché, un soir d'automne. Et si la vieille dame décidait de changer le cours de l'histoire  que le narrateur veut lui faire jouer? Original et surprenant.

-lumière d'automne ( Laurène Cheilan) nouvelle distinguée: Quelque part au Japon. Au soir de sa vie, un moine errant se remémore son passé et tente de faire la paix avec lui. Un sujet qui me parle, forcément.

- Sur le fil (Csilla Deak ) nouvelle distinguée: La soirée qui fait tout basculer dans la vie d'un jeune musicien hongrois venu étudier le jazz en Belgique. un peu dans la même veine que la précédente, j'ai beaucoup apprécié cette histoire

- Incertitude (Sylvie Fabien) nouvelle distinguée: un psychiatre fantasme sur une de ses patientes qu'il idéalise. Moui.. là encore, pas très convaincue, même si l'action se passe le soir et donc n'est pas hors sujet, je n'ai pas accroché spécialement

- Des loups puis des chiens (Sébastien Févry)  nouvelle distinguée et publiée dans la revue Indication. Cette fois, les loups sont d'anciens bandits vieillissants, devenus des "chiens" en rentrant dans le rang, qui vont rendre un dernier hommage à la mémoire de leur ancien "chef de meute". J'ai apprécié cette nouvelle pour son côté allégorique, c'est étrange, parce que c'est vraiment la seule du recueil qui ne prenne pas l'expression au sens " entre la nuit et le jour", mais vraiment dans un sens différent des autres. Je m'attendais plus à ce genre de traitement , mais non.

- Aujourd'hui c'est mon anniversaire (Catherine Meeus) nouvelle distinguée et publiée dans la revue Marginale. Du matin à la tombée de la nuit, la journée déprimante d'une dame qui fête son anniversaire, entre un mari qui l'a complètement oublié et des enfants qui s'en fichent totalement. Drôle, enlevé et un poil cynique.

- Un héros très discret (Gozdecan Ulusçu) nouvelle distinguée. L'errance d'un drogué en quête d'une dose.. mais un concours de circonstances va radicalement changer sa vie. L'autre nouvelle qui traite l'idée des loups de manière plus allégorique.

Au final, la plupart des nouvelles brodent autour du sujet " un personnage à un tournant de sa vie, va-t-il saisir l'occasion de faire changer les choses", ce qui en soit est une sujet qui me plaît assez. il n'y a pas de nouvelle que j'ai détesté, certaines qui ont su me plaire, une bonne découverte donc. Et ça tombe bien, car j'ai un autre recueil du même éditeur, " Bruxelles midi", je n'attendrais probablement pas très longtemps avant de l'ajouter aussi à mon challenge nouvelles.
9/24
Nouvelles wallones

Pyramides - Terry Pratchett

Et hop, un petit détour sur le Disque Monde, ça ne se refuse pas!

Et cette fois, nous allons suivre les aventures de Teppicymon XXVII pharaon du Royaume de Jôlhimome ( en VO, Djelibeybi, je crois que je préfère ça, ça sonne moins " scie des années 60" et un peu plus bonbon), royaume perdu dans un coin du disque monde, 150 kilomètres de longs sur 3 de large, un fleuve qui contient plus de crocodiles que d'eau, de bonnes terres arables inutilisables, car la population locale a une nette propension à couvrir justement les meilleures terres de Pyramides, car les rois décédés méritent ce qu'il y a de mieux n'est-ce pas.
Pendant ce temps, le sympathique Teppic, rejeton royal du pharaon sus-cité, envoyé par sa famille étudier le noble art de l'assassinat auprès de la guilde des assassin d'Ankh-Morpork ( si, si, le déplacement furtif, la maîtrise des poisons et l'escalade urbaine sont des compétences plus qu'utiles pour l'exercice du pouvoir)
Problème n°1: Teppic est d'un naturel pacifiste, n'a aucun goût pour l'assassinat et réussit son diplôme par un incroyable concours de circonstance, presque en essayant de le rater.
Problème n°2: Pile le même jour, loin de là, Teppicymon XXVII casse sa pipe. Ni une ni deux, voilà Teppic obligé de repartir pour un pays dont il a quasiment tout oublié, qui n'est plus chez lui, pour devenir le Pharaon Teppicymon XXVIII sous la houlette du grand prêtre Dios, tellement vieux que personne ne sait plus au juste depuis quand il a pris ses fonctions, bien décidé à manipuler Teppicymon junior comme il a manipulé son père et son grand -père aupravant.
Et Teppic donc, de redécouvrir les charmantes traditions de son pays natal qu'il avait préféré oublier: se faire tanner à longueur de temps par des gens qui veulent vous faire épouser votre tante, à défaut de soeur ou de cousine, voir ses décrets systématiquement travestis par les grands prêtres, supporter la présence de servantes en pagnes qui pèlent des raisins en chantant faux, faire construire une pyramide géante à feu son père..
Tiens Teppicymon XXVII, au fait qu'en pense-t-il? Et bien il ne veut pas en entendre parler.. Mais allez faire connaître vos choix funéraires lorsque vous n'êtes plus qu'un fantôme.
et puis une pyramide énorme, n'est-ce pas un peu dangereux.. après tout les pyramides ne sont-elle pas des sortes de catalyseurs de temps ( on apprend que le temps s'écoule à l'extérieur , mais pas à l'intérieur, permettant aux pauvres  momies qui y sont enfermées de se barber sérieusement pendant des millénaires à contempler le couvercle de leurs sarcophages.. tous les jours..toutes les nuits.. pendant des millénaires.. Et ça, feu Teppycimon n'en veut pas!) Alors lorsque la nouvelle énorme gigantesque pyramide qui lui est destinée se met à distordre l'espace temps -un peu comme une sorte de trou noir - le pays entier sombre dans une pagaille colossale.

Oui, car c'est du Pratchett, hein, Pyramide est un one-shot dans la Série Disque monde, mais c'est du Pratchett. On y trouve en vrac Sale-Bête le chameau,  le meilleur mathématicien du monde, qui n'a pas son pareil pour calculer tous les paramètres afin d'ajuster le coup de pied le plus efficace avec le moins de déperdition d'énergie; une ancêtre qui a subitement décidé des siècles plus tôt de changer de sexe par décret pour devenir roi, plutôt que reine ( ce qui fait que toutes ses descendantes depuis lors sont également considérée comme hommes, et que la tante de Teppic est aussi à la fois son oncle, son frère, sa soeur et son cousin), une servante grande gueule, une armée ennemie dont la marotte est de construire des chevaux de bois pour se cacher dedans, un architecte devenu tout plat suite à une décharge d'énergie et contraint de marcher en crabe, des momies ressuscitées bien décidées à en découdre avec ceux qui leur avaient promis un autre monde que personne n'a jamais trouvé, une statue de Bitos le dieu à tête de vautour des invités surprises ( ce détail me plaît énormément) dont personne ne veut... et bien plus encore

Comment dire, c'est savoureux, une fois de plus. Comme souvent avec Pratchett il faut un peu s'accrocher au début ( l'action alterne entre le passé de Teppic et son passage de diplôme avant de reprendre une narration plus linéaire.. enfin, un peu plus linéaire), laisser la rationalité au placard et se laisser mener par cette histoire complètement délirante qui tord joyeusement le cou à l'Egypte antique et sa foule de dieux, à la guerre de Troie, à la pharaon(ne) Hatshepsout, aux philosophes grecs - qui payent des gens pour les écouter débattre au cours de repas pantagruéliques dont les résultats sont à peu près équivalent à ceux d'un sommet du G20. Et bien sûr une mini apparition de LA MORT sans qui un Pratchett ne serait pas un Pratchett.

Ajouter une légende
 Donc un très bon tome, que j'ai beaucoup apprécié, la seule chose frustrante étant qu'il s'agit d'un one -shot.. et que selon toute vraisemblance on ne reverra pas ailleurs Teppic, la râleuse Ptorothée, les chameaux mathématiciens..
Pratchett.. évidemment
Parce que le héros devient pharaon, quand même!
quelques jours de retard sur la LC fantasy, mais pas grave
parce que les dieux à tête d'ibis, de vautour, de crocodile.. ça me rappelle un truc , mais quoi? :D
auteur anglais, une fois de plus
version parodique