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dimanche 28 avril 2019

J'ai vu mourir la Belgique - Jacques Hislaire

(A ne pas confondre avec Bernard Yslaire, Hilaire, etc... son compatriote auteur de BD)

Encore une trouvaille un peu au hasard, donc le sujet m'a amusée: J'ai vu mourir la Belgique sous-titré " lettres à la manière de la marquise de Sévigné"



Jacques Hislaire, auteur de théâtre imagine une uchronie surprenante et plutôt réjouissante, et plutôt réju.Madame de Sévigné est contemporaine, française, mais vit en Belgique: mariée en 1944 au militaire Belge Henri de Sévigné, elle retrace, avec son ton narquois, 50 ans ou presque d'histoire politique de la Belgique, de 1944 ( la libération et son mariage) à 1990 ( chute du bloc Est et réunification des deux Allemagnes), dans lequel elle se plaint auprès de son cousin et par la suite auprès de sa fille de voir son pays d'adoption se déliter au fil de politiques hasardeuses, qui voient les mêmes ministres affublés d'une numérotation se succéder sans fin.

Imaginez une marquise de Sévigné qui a quitté Paris pour (Knokke-)le-Zoute et chronique successivement la libération du pays, l'accession au trône du roi Baudouin, l'indépendance du Congo ( ex Belge), l'affaire des Fourons ( petite ville du Limbourg, auparavant rattachée à Liège, devenue Flamande par fantaisie administrative en 1963 et contre l'avis de la population), les francophones expulsé de l'université de Louvain par les flamands en 1968,la création des communes à facilités, la mort de Jacques Brel, les 150 ans du pays.. qui sont fêtés sur fond de morcellement contemporains en régions, communautés, etc.. pour finir par la disparition des frontières de ce qui s'appelait encore la CEE en 1990 .. l'Europe unie dirigée depuis un pays incapable de se réconcilier avec lui même.

avec des petites références toujours sympa: Madame de Sévigné aime toujours autant le théâtre et va assister aux spectacles de Maurice Béjart au théâtre de la Monnaie. elle aime aussi la bande dessinée et offre des tomes de Tintin à sa famille ( avec une nette préférence de sa part pour le professeur Tournesol.Cependant en 1960, elle estime qu'"Objectif Lune" est fondamentalement irréaliste car il y a fort  pareier que la conquête de la lune reste à tout jamais une chimère.. ahem.... 1969). Elle a aussi beaucoup aimé la première représentation de Hair ( oui oui, la joyeuse comédie musicale hippie qui chante les joies de la fumette et dela sexualité de groupe), vu à Londres dans les années 60

On y trouve bien sur les hommes politiques Les rois Leopold III et Baudouin, les ministres et autres pions politiques, Simenon, Brel, Magritte et folon qui y sont mentionnés, Béjart ( elle recommande d'ailleurs à Françoise qui habite très logiquement Grignan, d'aller voir le Sacre du Printemps au festival d'Avignon, même si ça n'est plus la même chose depuis la mort de Gérard Philipe, ce genre de mention fait évidemment mes délices !)
Pour les français comme moi: Béjart, le marseillais, à habité Bruxelles, rue de la fourche, une maison qui est maintenant un conservatoire de danse. Je l'ai découvert au fil de mes errances en ville. Il y est aussi question d'Eddy Merckx et des Diables rouges... entre diverses narration de banquets ( menus à l'appui) du plus pur style Grand Siècle. Un pastische littéraire donc tout à fait réussi, ce qui m'a bien faite sourire.. et informée au passage! Ce décalage entre l'écriture raffinée , bardée d'imparfaits du subjonctifs, et des mentions comme Eddie Merckx, Jean-claude Drouot dans Thierry la Fronde ( car oui, c'est un acteur belge qui boutait les angloys hors de France) ou Hair est très drôle.

Car le mieux, c'est que j'y ai retrouvé quelques points évoqués dans le cadre de mes études,lors du cours de droit Belge, matière qui n'entre absolument pas dans ma tête, mais qui, là,avec la béquille de ce récit me parle.
D'autres références plus obscures ( les Fourons par exemple), m'ont obligée à des recherches, ce qui n'est pas un mal. Et c'est plus sympa qu'un aride cours de droit qui me fait dire chaque semaine " quelle usine à gaz!" ( de fait, plus instruction civique que vrai droit, mais déjà que je trouvais ce genre de matière compliquée en France, l'organisation en communautés linguistiques du pays est loin de simplifier les choses. La France est aussi une usine à gaz, mais pas la même, et des notions de parlement ou Sénat ne recouvrent pas exactement les mêmes réalités, ce qui rend la chose encore plus difficile pour moi, qui vient de mon pays monolingue)


mercredi 24 avril 2019

Diotime et les lions ; Le temps du rêve - Henri Bauchau

Cette fois c'est un nom que j'avais déjà entre vu, mais sans en savoir plus, je ne savais même pas qu'il était belge. Donc.. découvrons!

Toujours avec mon critère de livres courts, pour pouvoir les lire dans les transports en allant à la fac.
Mais là, Diotime était vraiment très court, donc j'ajoute un second titre du même auteur.



Commençons par Diotime, il s'agit d'un court roman.. ou d'une longue nouvelle qui se passe dans l'antiquité. Diotime, comme on peut le supposer à son nom,  est grecque. Une Grecque antique, qui avec sa famille du côté turc, voire perse de la Grèce. et ce sont ses années de jeunesse qu'on va suivre depuis sa petite enfance jusqu'à l'âge de se marier soit.. 14 ans.
Oui, c'est l'antiquité, je rappelle. Ce qui fait passer un peu mieux la pilule c'est qu'elle est motivée pour ça, c'est que c'est elle qui tanne ses parents pour leur imposer le futur mari qu'elle a choisi.

Car Diotime est une forte tête, élevée presque plus par son grand-père Cambyse, chef de clan redoutable mais qu'elle ne craint pas, que par ses parents qui ont bien du mal avec cette fille si peu féminine: loin de l'idéal de la parfaite femme au foyer grecque, Diotime descend d'une tribu de " fils des lions", qui révèrent les dieux lions, lors de chasses rituelles annuelles et de cérémonies quasiment chamaniques.
Diotime, eu égard à son statut social et à sa compétence de chasseresse est d'ailleurs la seule femme conviée aux rites, et son caractère bien trempé impressionne beaucoup les hommes, qui semblent apprécier cette graine de femme à poigne.
Et pour faire ses preuves dans le clan de Diotime, et donc prétendre à la fille du chef, il faut chasser les lions, ce qui pose un problème à l'heureux élu, un homme raffiné et délicat, navigateur venu de la "vraie" Grèce, qui va donc devoir se livrer à un rite qu'il considère comme barbare, dans le cadre d'un culte dont il se fiche comme d'une guigne, mais pas le choix, s'il veut obtenir l'aval de la famille de Diotime, il va devoir tuer un lion.

Tout va a peu près bien dans cette histoire.. jusqu'au moment ou Diotime et son fiancé rencontrent.. un vieux sage hindou à dos de mule qui est venu par là via la route de la soie et va les initier à la pensée orientale. Là, ça part vraiment en vrille. Et le récit perd franchement en intérêt à ce moment là, j'ai pu finir juste parce que le livre était très court, mais ce personnage qui fait irruption comme un cheveu sur la soupe m'a cassé tout intérêt, je dois dire. Dommage.

Et comme le livre était ultra court, j'ajoute un autre, tout aussi court mais très différent.



Bienvenue dans la campagne belge des années 20, le narrateur (l'auteur?, les deux semblent vraiment se confondre cette fois), prénommé Billy, va nous raconter ses premiers émois sentimentaux: en plein été, lui , ses frères et soeurs, cousins et cousines- de bonne famille! - sont invités à aller jouer avec les enfants d'une autre famille, tout aussi distinguée.
Il fait connaissance ce jour là d'Inngué, blondinette en robe bleue âgée de 8 ans, le courant passe très bien entre eux, ils n'espèrent rien tant que se revoir quelques jours après, mais un risque d'épidémie fait tomber les projets à l'eau. Il ne reverra plus Inngué que brièvement à la sortie de la messe.. et ne se reverront finalement plus du tout après les vacances. Billy va donc la revoir le plus possible en rêve.
Malgré tout, il n'a jamais oublié cette petite fille espiègle...dont on sait dès l'avant propos qu'elle est morte dans un accident à peine devenue adulte.

Un des premiers textes publié sous pseudonyme de Bauchau alors âgé de 20 ans et publié en 1936. Et préfacé pour une réédition en 2011 par l'auteur âgé de 98 ans, qui revient sur l'évolution de son écriture au fil du temps, et surtout sur la disparition non seulement d'Inngué, mais aussi avec elle, d'une époque, d'un temps qui ne peut plus alors être qu'un rêve, encore plus que dans les années 30. Cette préface, au passage me fait un plaisir immense, la clarté d'expression de ce très vieux monsieur fait plaisir et donne envie de devenir nonagénaire. Nostalgique, évidemment,d'une époque irrémédiablement révolu, mais sans pathos, sans regrets (Bauchau est mort en 2012 à quelques mois de son 100° anniversaire)

Donc oui des deux, sans être un coup de coeur absolu, j'ai largement préféré le récit autobiographique ( à rapprocher des souvenirs d'enfance de Tranströmer dont j'ai parlé cet hiver, tiens). Je lirai donc à l'occasion d'autres textes de l'auteur pour lui donner une chance de me convaincre, ce que je fais en général quand j'ai du mal à me faire une opinion sur 2 titres seuls.

parce que ça me fait plaisir: Henri à 84 ans. La classe et le sourire.
Je n'ai jamais connu mes grands-pères mais c'est exactement comme ça que j'imagine au moins l'un des deux.

24 avril, c'est le jour d'Henri

samedi 20 avril 2019

Sur la pointe des mots - Marie France Versailles


Et contrairement à ce que son nom laisse à penser, Marie France est belge..



Encore un petit livre choisi cette fois pour son titre et son sujet qui me tentaient bien ( une dame des Ardennes belges qui approche de l'âge pudiquement appelé 3° commence à réfléchir sur ce que c'est que vieillir, et se choisit une aïeule littéraire en la personne de Dhuoda, duchesse d'Uzès dans le Languedoc autrice du haut-moyen âge d'un seul livre: un manuel de conseils à son fils)

Mais entre nous je m'attendais à un roman, c'est plus une déambulation entre deux époques, un " à la manière de, assorti d'une conversation à plus de mille ans de distance, avec Dhuoda, que Marie France imagine dans son quotidien.
Sauf qu'elle y insère des pensées, des maximes, des passages de poèmes en prose et qu'au final le tout manque peu trop de liant pour moi.

Alors que dans les premières pages, je me suis dit " ouah, j'aime bien l'écriture, ça va me plaire", au fil des pages , j'ai commencé à trouver que le livre tournait un peu en rond autour de la maternité, de la famille, sujets qui ne me passionnent vraiment pas. Alors que la quatrième de couverture semblait plus accentuer la quête de cette écrivaine assez méconnue  du haut moyen-âge, sur la littérature écrite pas les femmes, le décalage temporel et géographique entre les Ardennes et Uzès, et si le sujet y est présent, il n'y est qu'en pointillé.

Tout ça m'a laissé le loisir de me dire que l'écriture travaillée l'était.. trop, et au final devenait un procédé qui tournait un peu à vide, et manquait de spontanéité.. alors que le récit se veut sur le mode de la confidence.
C'est surtout la profusion de phrases non verbales qui me pose un problème: quelques-unes ça va, ça donne un ton original, mais trop au fil des pages, ça lasse vite. Vraiment très vite.

Donc paradoxalement, le joli style qui m'a plu dans les premières pages est devenu la limite qui fait que je n'ai pas vraiment accroché sur la longueur. Ce n'est pas vraiment une déception, mais plutôt un de ces livres qui ne me laisseront pas un souvenir très marquant et dont je sais si dans quelques mois je reviens en arrière dans mon blog, que je me dirais " moui.. en fait je ne me souviens pas vraiment l'avoir lu, heureusement que mon billet est là pour en témoigner"
Ce qui, on va être honnête, constitue la majorité des lectures, alors que les tops et les flops sont plutôt rares.




mardi 16 avril 2019

Tragédies impériales - Juliette Benzoni

Après une première séance de rattrapage l'été dernier concernant Françoise Sagan, voilà une autre autrice ( yep, l'Académie m'autorise maintenant à utiliser le mot, trop gentils :D) que je ne connaissais que ce nom. Mais elle a croisé ma route au détour d'une boîte à livres, donc entre deux lectures belges, voilà un titre qui aurait bien trouvé sa place dans le challenge royal, d'il y a quelques années.

Il y a plusieurs éditions, c'est de celle là que je parle: alerte 4° de couverture sous acides!

Tragédies impériales est une série de nouvelles/récits/chroniques. Le mot est dur à choisir, mais je vais opter pour "nouvelles",car l'autrice  fait de fréquentes incursions dans la tête de untel et untel avec des " pensa-t-il" ou " se dit-elle". Ce que personne ne peut vérifier, bien évidemment. Qui peut dire ce que Napoléon où Elisabeth d'Autriche avaient en tête tel jour à telle heure.
donc uen série de nouvelles qui mettent en scène des personnages historiques, au moment où leur vie a basculé. Ils étaient riches, ils étaient célèbres.. et ça s'est mal fini. C'est le dénominateu commun de ces histoires.
Après une courte histoire autour de Napoléon, et ses dernières heures à Malmaison avant l'exilà l'ïle d'Elbe, la majeure partie des autres concernent L'autrice et sa famille régnantes.

Celles autour d'Elisabeth pastichent assez savoureusement les titres de films qui lui étaient consacrés ( Sissi et le shah de Perse, Sissi et le domino jaune, Sissi et Katharina...),mais évoquent heureusement des épisodes plus anecdotiques, donc moins célèbres. Mention spéciale au Shah persan, en visite protocolaire en Autriche et qui commet bourde sur bourde étant très très loin de connaître les subtilités de l'étiquette viennoise. Cequi amuse évidemment beaucoup Elisabeth, allergique au protocole guindé.

Les suivantes mettent en scène les relations de la famille royale de Belgique et ses alliances avec l'Autriche, d'abord Charlotte, fille du roi de Belgique, mariée à Maximilien, frère de l'empereur d'Autriche, et éphémères souverains du Mexique.des gens ni meilleurs ni plus mauvais que d'autres, mais qui ont été mis là un peu par hasard .. sans avoir été prévenus qu'ils débarquaient en pleine guerre civile.
J'avais oublié Maximilien ( dont pourtant on parle beaucoup dans Zorro.... oui j'assume mes références), et je ne connaissais pas sa femme.
De même la suite nous parle de Stéphanie et sa soeur Louise, mariées également à des autrichiens. Stéphanie est la malchanceuse qui a épousé Rodolphe, le fils de Sissi, suicidé à Mayerling. J'avais vu il y a très très très longtemps le film avec Omar Sharif, qui est à peu près la seule raison pour laquelle je connais cette histoire, mais de mémoire Rodolphe y était un pauvre type marié de force, alors qu'il en préférait une autre, archétype du héros romantique, en oubliant son penchant pour les fêtes alcoolisées et la course aux jupons etc... et sa femme était à peine évoquée si elle l'était.
Le parti pris est de raconter l'histoire du point de vue de Stéphanie, qui se rend compte un peu trop tard qu'elle a épousé un noceur, instable qui se fiche d'elle.

Allons-y pour la minute belge:

Voilà Stéphanie, en l'honneur de qui a été nommé de la Place Stéphanie, donc.. avec son impérial époux Rodolphe, fêtard patenté.
Et sa tante Charlotte avec son tout aussi impérial et tout aussi autrichien grand-duc.

Ahem, ces deux bonshommes sont décris comme des beautés, je n'en dirais pas autant. Et puis, franchement, c'est mieux d'être roturière, qu'est-ce qu'ils ont tous l'air de s'emmerder à cent sous de l'heure.

Et par conséquent, je sais maintenant, qui sont Charlotte, Louise et Stéphanie, qui jusque là n'étaient pour moi que des stations de bus, une avenue et une place, où je passe en métro. Donc de ce point de vue là, le livre a comblé un manque d'informations que je n'avais pas encore eu le temps de chercher et arrive même à faire un lien avec le mois belge.
Suivent deux nouvelles allemandes, sur le règne du Kaiser Guillaume I°, avant son accession au trône et à sa mort ( à plus de 90 ans, on ne sait pas ce qui s'est passé entre les deux) et le règne éphémère du progressiste et pacifique Frédéric III,  que je ne connaissais pas plus que de nom, mais qui m'intéresse bien.

Et la dernière histoire, hyper connue... est en fait celle pour laquelle j'ai pris le livre.Voilà ce que dit la 4° de couverture:
" L'asassinat du Tsar Nicolas II et de son épouse Victoria d'Angleterre par les rouges..."

Hèèèèèè? de quoi?pardon?
Depuis quand Nicolas, mort en 1917 était marié avec Victoria morte en 1901?. Parce que oui, Alexandra sa femme était une descendante de la "grand-mère de l'Europe", mais ce n'était pas Victoria elle même.
Evidemment, j'ai voulu savoir si c'était une énorme bourde de l'autrice, un parti pris uchronique ( ça aurait pu: imaginons un univers parallèle où il se serait marié avec la reine d'Angleterre, appelons-la Victoria II, et réécrivons l'histoire en partant de ce point).
au final non, l'histoire est bien celle qu'on connait, narrée presque sèchement , à croire que ces novelles là, comme la première servent juste à compléter un livre qui aurait été trop court avec seuls les nombreux squelettes dans les nombreux placards autrichiens.
Il s'agit au final d'une énorme boulette, de la personne qui a rédigé la 4° de couverture, probablement au bord de la piscine, une piña colada à la main, avec la musique à fond, sans avoir lu le livre et en se fiant juste à ses vagues souvenirs.
Rien de nouveau donc, et la fin du régime Romanov est presque bâclée, tant elle est racontée à la va vite.
Après, bon, ce n'est pas un livre majeur de l'écrivaine, qui a plusieurs séries à son actif, probablement plus intéressantes. Mais c'est plutôt bien écrit, ça se laisse lire dans son ensemble, donner le rôle central à des personnages moins connus ( Comme Charlotte, Stéphanie, Fredéric III ou le farfelu Jean-Salvator, cousin demi-italien de Rodolphe)
Mais disons, c'est exactement de la littérature à lire dans le bus.Pas une découverte majeure, mais plutôt récréative.
Je tenterais peut-être quelque chose de plus construit de la part de Juju, si l'occasion se présente.

lundi 15 avril 2019

Contes pour petites filles criminelles - Nadine Monfils

Les choix au hasard dans les rayons de la médiathèque peut être une bonne surprise, ou pas.

Et cette fois c'est une mauvais pioche, faite juste sur cet intrigant titre que je trouvais prometteur. Un recueil de nouvelles, des histoires de criminelles en culottes courtes.



Sauf que ce que je ne pouvais pas prévoir c'est que beaucoup, beaucoup de ces nouvelles, bien qu'irréalistes ( imaginez 3 petites filles en train de faire griller à la broche un cadavre dans une cour d'immeuble pour le manger, manier haches et scies avec leurs petits bras grêles..). après tout l'ogre est une figure obligée du conte, l'irréalisme en est aussi une caractéristique... la violence, surtout irréaliste ok, le cannibalisme, ok aussi. Mais donc beaucoup de ces nouvelles sont surtout érotiques.
Le problème est que ces gamines sont perverses, très perverses: du genre, ça se tripote pour exciter les adultes. Je ne suis pas prude, Sade je veux bien, mais pas en taille 12 ans, siouplait.

Et là, désolée, mais tout ce qui fait référence à la pédophilie, ça m'écoeure profondément, et je ne suis pas l'autrice sur ce terrain.

Le but du jeu des contes ce n'est pas d'expliciter ce qui est codé.. et décodable par les adultes. Honnêtement, je ne voyais pas étant jeune les sous entendus de la belle au bois dormant, surtout dans sa version soft. Faire des réécritures de contes c'est bien, mais appuyer lourdement sur ce qui était suggéré pour le jeter à la face du lecteur... ça va, merci.

Donc si j'ai plutôt apprécié les nouvelles moins cochonnes ( la page blanche, sexy, mais c'est une femme d'âge mûr.. la petite fille n'y est qu'allégorique; les larmes noires, où une gamine mal aimée par ses parents qui lui préfèrent ouvertement sa soeur, va faire mourir celle-ci de peur; la boîte à violon, où la gamine dérangée fait de drôles de cadeaux à son grand frère; La voleuse de rêve, gamine qui enlève les enfants pour s'en faire des poupées vivantes dont elle se débarrasse dès qu'ils deviennent trop bruyants; Lolita plexiglas, qui est une femme adulte vengeresse mais encore gamine dans sa tête...), ça n'a pas été un plaisir de lecture intense, mais ça passe.
Les autres, toutes les autres, c'est juste non. J'ai vraiment l'impression que c'est "faire trash juste pour faire trash", avec des scènes érotiques ou des mineures se tapent des adultes.

Je ne suis arrivée au bout du recueil que parce qu'il est court (141 p imprimées en gros!)
Mais franchement ça ne me donne pas vraiment envie d'aller voir les autres titres de cette autrice que je ne connaissais pas du tout, et pourtant il y en a une pleine étagère.
Et surtout pas envie de lire " contes pour petites filles perverses", parce vu que les criminelles sont déjà bien de sacrées cochonnes, qu'est-ce que ça doit être?

Donc, ben... ratage!
le 15, c'est rendez-vous "mauvais genre", polar, SF etc.. Bon je pense que ces petites filles perverses et cannibales peuvent faire l'affaire.

mercredi 10 avril 2019

Les cités Obscures t5: Brüsel - Schuiten & Peters

Voilà une série que je n'avais pas encore eu l'occasion de commencer.
Et Brüsel était un choix parfait pour ce mois belge.

Dans un monde parallèle, à la géographie curieuse, mais tout à fait reconnaissable, Schuiten et Peters imaginent des villes miroir de celles du monde réel. Toute ressemblance avec une célèbre capitale n'est absolument pas fortuite!



Dans Brüsel, une ville un peu poussiéreuse, mais en pleine mutation, aux mains d'un entrepreneur mégalomane qui veut raser les "vieilleries", pour laisser place à un gigantesque complexe futuriste.
le fleuriste Constant Abeels, amateur de sciences et de progrès, va se retrouver bien malgré lui aux prises avec la lourdeur administrative et l'incurie des pouvoirs publics, plus occupés à se congratuler et à détourner des fonds qu'à s'intéresser au réel bien-être des citoyens.

Sa rencontre avec Tina, fonctionnaire " sans-culotte" (réellement, c'est une adepte du naturisme, et de manière imagée, c'est aussi une rebelle), qui semble avoir une passion pour le sabotage, et une étonnante capacité à retrouver malgré tout du travail, va tout changer.
Non que Constant ait une âme de résistant, il se laisse plutôt porter par les événements, mais ceux-ci vont lui démontrer que si la ville avait réellement besoin d'une modernisation ( les hôpitaux y sont encore dignes du moyen-âge, 3 malades par lit, non séparés pour éviter les contagions), vouloir la propulser de force et trop vite dans la modernité n'est pas une solution non plus.

En tout cas, j'ai bien aimé le soin apporté à ces architectures futuristes, la référence réjouissante au Médecin malgré lui, la présence de Joseph Poelaert parmi les malades, l'ambiance steampunk avant même que le concept n'existe, le parallèle entre le début : la boutique de Constant, dans un immeuble proche de la décrépitude, où il "monte" des plantes en plastique, pâles ersatz d'une nature qu'il estime imparfaite, au son de "la mer" de Charles Trenet, et la fin, en pleine mer, suite à l'inondation de la ville sur un radeau de fortune.
Constant est d'ailleurs malade, d'une probable allergie à cette ville confinée, humide et sale.. qui disparait soudainement dès qu'il reprend contact avec le plein air.
Il y a de l'eau partout d'ailleurs:celle qui est coupée et justifie les démarches de constants face à l'administration,  la pluie ou la neige qui tombent sans cesse, celle de la Senne.. malsaine, l'inondation causée par une rupture de digues, la mer...

Le tout avec une petite dose de Kafka ( Constant n'est pas loin du Joseph K, très paumé, du Procès), donc oui, j'ai  aimé cette BD dont la ville est le personnage principal - à se demander si l'inondation n'est pas sa manière de se révolter contre le traitement qu'on lui fait subir.

Et j'en profite pour ajouter, puisque je suis à Bruxelles, le magnifique " tramapatte", décoré pour les besoin d'une manifestation par les frères Schuiten ( François, le dessinateur de villes imaginaires, et Luc, l'architecte) que je vois parfois passer sur certaines lignes.Une oeuvre d'art mobile qui transforme le tram en chenille géante aux pattes mécaniques..



lundi 8 avril 2019

ça déménage - collectif

Hooo un recueil de nouvelles,donc une oeuvre collective, donc presque anonyme...Voilà qui validera mon " X" comme anonyme du défi ABC belge.

En fait il s'agit de l'édition 2010 du concours de nouvelles  Wallonie- Bruxelles, dont j'avais déjà chroniqué deux éditions : la thématique Crescendo ( 2011-2012),  Entre chien et loup (2012-2013) Bruxelles-midi ( 2012-2013 aussi mais hors concours) si je ne me suis pas trompée dans les dates.

Apparemment la thématique de 2019 sera "la serrure", mais donc, j'ai quelques éditions de retard.

Et en 2010, c'était " ça déménage", toujours  10 nouvelles, 1 grand prix, "mentions", et 6 nouvelles " distinguées"

Grand prix: Happy Inside ( Hélène Schneider- Depouhon)
Madeleine, 42 ans, SDF... Elle fait partie des quelques heureux élus qui ont gagné le droit de passer une semaine au chaud, dans le magasin Ikea, à dormir dans les lits de démonstrations.. suivis comme leur ombre par des photographes qui vont leur tirer le portrait pour les besoins de la prochaine campagne publicitaire.
J'ai bien aimé cette relecture de la petite fille aux allumettes. La nuit, elle dort chez Ikea, le jour elle essaye de vendre les crayons qu'elle y récupère aux terrasses des cafés, pour pouvoir elle aussi s'en payer un.
Mais aussi, en quelques pages une intéressante réflexion sur la misère: pour les SDF, quelques nuits au chaud. Pour le photographe qui gagnera le concours, 10 000€ de prix.. pour le grand magasin,une campagne mémorable, sans avoir a payer les modèles des photos, autrement qu'en cafés et croissants...

Primées: La place d'Octavie  (François Salmon)
La brève rencontre d'Octavie, la tapineuse, expropriée de SA rue par des travaux, qui attend dans l'ombre sa future proie. Ce n'est pas tant leur rencontre qui importe, mais la manière goguenarde dont elle est racontée. Par un narrateur qui adore sortir de son cadre et commenter son travail de narrateur, voire d'auteur. Marrant.

L'abécédaire ( Bernard Delhausse)
Curieuse histoire, mignonne et drôle que celle de "Evgueni" et" Tatiana". Ils ne sont pas slaves du tout, ils sont mariés depuis des années, ils se sont rencontrés en manif en mai 68, et se nomment tout bêtement Eugène et Anne (mais Anne que Eugène fait trop, disons trop.. terroir, ça ne la fait pas rêver,d'où ces identités exotiques fantasmées) ils se sont créé un petit rituel curieux pour pimenter leur vie de couple: des séances de kamasutra lettres par lettre, avec des positions aux noms joyeusement foutraques: "la guirlande lumineuse", "la gondole dalmate à marée haute", "le grain de sel", "le guidon sans les mains", "la gare de triage", car c'est le jour du G, ce qui veut dire un décorum à base de grelots guatémaltèques, de galets et de parfum de giroflier et de gentiane...
Car Anne pense à tout dans les moindres détails.. un peu trop d'ailleurs pour Eugène qui trouve que ce rituel millimétré manque de spontanéité, et il aimerais bien bousculer un peu cet alphabet coquin.. trop sage.

La nonchalante (Anne-Sophie Vanderbeck)
Catastrophe pour l'héroïne de cette nouvelle et son fils adolescent. Il faut déménager, ce n'est pas un choix, c'est une obligation, car leur maison est sur le point de s'écrouler. Or sa maison, c'est son antre, son refuge son îlot... et voilà que la casanière narratrice doit trouver autre chose.
Ce sera une vieille péniche nommée " la nonchalante", ce qui va comme un gant à notre héroïne qui se laisse porter par les événements. Et pourtant ce changement involontaire pourrait bien être le début d'un renouveau pour quelqu'un qui commençait à s'enraciner dans ses habitudes.

Distinguées:
Décloisonnée ( Aliénor Debrocq)
Dans un service financier quelconque, une employée subit les tracas du quotidien en open space. elle s'isole de plus en plus, semble paranoïaque, imaginant que ses pauses repas en solo dans sa voiture, loin du bruit et des néons en font une sociale et le centre des quolibets de ses collègues.
A moins qu'elle n'ait réellement quelque chose de plus grave sur la conscience...

Lola et Lady Hillingdon emménagent ( Sarah Brahy)
Lola vient de déménager.. alors qu'elle navigue encore à vue entre les cartons, elle doit se rendre à un autre déménagement.. Son grand-père quitte la maison de retraite en grande pompe pour une nouvelle destination... définitive. Enfin, c'est à peu près avec ce genre de désinvolture que la chose est racontée, mais on le sait, il vous passe mille chose incongrues en tête lors d'un enterrement, fut-ce celui d'un proche.et il se passe souvent un moment gênant qui peut dégénérer en fou-rire.
Mais ce n'est pas pour autant que l'on est insensible...

Léa ( Gisèle Eyckmans)
Mamie Léa déménage complètement. C'est ce que pense l'infirmière qui l'entend rire seule dans sa chambre à la maison de retraite. Si elle savait. Car pendant que les autres pensionnaires regardent Derrick, Léa  vient de se payer du bon temps en se souvenant d'un ancien amant.
Héhé, une mamie qi n'a pas abandonné les pensées érotiques, et continue à penser que son corps lui appartient, et que peu importe son âge, elle a bien le droit d'en disposer comme elle veut, ça fait plaisir!

L'autoroute ( Laurence Soetens)
Encore une fois le déménagement est à prendre au sens imagé: Le petit Martin, orphelin de père vit avec sa mère dans un monde disons.. bizarre. Même carrément malsain : il promène son chien Splatch, un cadavre trouvé au bord de l'autoroute qu'il a naturalisé lui-même, lors de leur promenade dominicale, pour aller faire un pique-nique sur la tombe du père, mort écrasé des années avant par un camion. La mère lui a forgé une image de héros résistant, agriculteur dépressif qui se serait suicidé pour éviter l'expropriation par une grande société... ce qu'il n'a jamais été.
Mouais, bon, critique des médias, qui font un spectacle de la détresse, mais ça ne sauve pas un récit sans grand intérêt pour moi.

Confusion ( Thomas Périlleux et Catherine Barreau)
Quelqu'un au téléphone se plaint auprès d'un ami d'avoir été plaqué. On se rend vite compte que l'homme éduqué à la dure dans une famille grandement dysfonctionnelle, se sent victime du manque de respect de la personne qui vient de le quitter. Sa femme? Sa petite amie?... Non. Mais au final, peu importe, car il n'a lui-même aucun respect pour la personne qu'il n'appelle pas autrement que " ça".
Moui, bon là aussi, pas celle que j'ai préféré, à part insister sur le fait que les gens injustes ont d'abord aussi été victimes d'injustice et que la folie cache bien son jeu... passons.

Au bon repos ( Tanja Spöri): Bacchanale à la maison de retraite! Madame de Thuin, richissime pensionnaire grâce à qui les lieux sont agréables ( elle a donné l'argent pour que les mauvaises chaises soient remplacée par des fauteuils et que la décoration soit un peu plus classe entre autres), Madame de Thuin, fête ses 85 ans et a décidé d'organiser avec ses amis octogénaires une fête mémorable.  Exit les cocktails sans alcool proposés par la maison, grâce à des bouteilles de champagnes entrées en douce, les retraités vont se prouver qu'ils peuvent encore faire la fête. Lorsqu'à 19 h00 on vient leur intimer l'ordre d'aller se coucher "pour être en forme le lendemain", la réponse de la mamie de choc est " demain, on ne veut pas être en forme, demain on veut avoir la tête dans le cul!".
Et puisqu'on les empêche de continuer leur fiesta ici, ils font aller la terminer, ailleurs, précisément,  au bar du club de sport d'en face. Il faut être membre? Qu'à celà ne tienne! Madame de Thuin offre la carte de membre à ses 12 compagnonnes et un compagnon, et vont aller mettre le souk au bar et à la piscine du club, tous nichons fripés à l'air sous le regard stupéfait des employés qui voient arriver cette horde de bois-sans-soif chenus. Et, après tout, YOLO, et ils prévoient déjà de faire pire l'année suivante.
Je me dis que c'est dans cette maison de retraite qu'aurait du aller Mamie Léa de la  nouvelle du même titre!


La nouvelle est apparemment un support qui inspire plus les femmes, 8 sur dix textes primés ( dont un avec il est vrai un co-auteur) mais là on est à du 80% d'autrices

Et comme d'habitude, c'est sympa de voir comment un thème imposé peut inspirer des textes très variés, selon qu'on le considère au propre ou au figuré... Bon,  une fois de plus, ce ne sont pas forcément les nouvelles préférées du jury qui me plaisent le plus ( Octavie est plutôt sympa dans sa narration, mais pas forcément la plus marquante). Mais ce déménagement est un bon cru, hormis l'Autoroute et Confusion qui ne m'ont pas vraiment plu, j'ai globalement plutôt apprécié ou même bien aimé les autres. Je garde un souvenir plus mitigé de Crescendo et Bruxelles-Midi, ou de mémoire, il y a avait plus de textes qui m'avaient laissée perplexe ou froide.
Mais j'aime bien ces lectures un peu à part, ces auteurs amateurs que je ne retrouve pas beaucoup ailleurs sur le net littéraire.

8/4: recueil de nouvelles


dimanche 7 avril 2019

L'oiseau des morts - André-Marcel Adamek

Et c'est parti pour le challenge ABC spécial Belgique,j'ai donc tout simplement commencé à piocher un ouvrage au hasard sur les rayons de la bibliothèque.
Avec 2 critères: Un auteur que je ne connais pas, ou alors seulement de nom, et on va éviter les Nothomb, Simenon et autres trop connus.
Et des livres de préférence de petite épaisseur, pour cause d'emploi du temps très compliqué. Donc quelque chose que je puisse lire en un ou deux allez-retours de tram jusqu'à l'université, ça sera bien!



Celui là rassemblait les deux critères, un coup d'oeil sur la 4°de couverture, et un argument qui m'a tentée: le personnage central est un oiseau.
Et même, ce qui est encore plus original, l'oiseau est le narrateur à la 1°personne. Qui nous raconte ses "mémoires" ou plutôt ses impressions, son quotidien d'oiseau.
Rétrospectivement, depuis sa sortir " fracassante" de l'oeuf, sa découverte du vol,de la vie en colonie, de la chasse, ses brèves rencontres avec les humains,jusqu'au jour où il est capturé par l'un d'eux, militaire boiteux qui va l'apprivoiser, avant de le revendre à un oiseleur, pour être acquis par Barbelune l'herboriste.
Lequel , au long de longues années de patience, arrive à inculquer au volatile non un langage, mais une compréhension du langage humain. et pour cause, c'est une corvidé, une corneille, plus exactement, espèce connue pour son intelligence,son adaptabilité, sa sociabilité...
Et, malheureusement,associé dans les préjugés tenaces, à la mort, au malheur,au mauvais présage..
Et il s'avère que cette histoire qui semble à première vue intemporelle, impossible de déterminer en premier lieu où et quand elle se passe ( Il y a des fusils, mais aucune mention de modernité autre, les victimes d'un massacre sont enterrées sur place, des armées s'affrontent sur le terrain.. j'étais partie sur une idée du genre XIX° ou XVIII° siècle à la campagne.. mais non, on finit par apprendre grâce à un détail très caractéristique que nous sommes en fait à la fin du moyen-âge, début de la Renaissance au grand maximum)
Et donc la corneille qui n'a pas encore la notion du langage et de l'onomastique mais philosophe déjà, entre les périodes où son estomac ne crie pas famine,se fait le témoins du monde des humains, de leur guerre insensée, mais aussi de l'amitié inédite qui peut se nouer entre un oiseau et son "maître"..

Donc une fois accepté ce parti près d'un oiseau qui raconte sa vie avec une... "plume" très raffinée, c'est une très jolie découverte, originale.Servie par une écriture très travaillée et poétique splendide.
avec une petite dose de mystère et de magie bien agréable ( on est en pleine période où les gens vont voir l'herboriste à reculons, le payent en produit de la ferme, mais où tout le monde s'en méfie le considérant comme un sorcier).

Si je devais le situer dans une catégorie, je le classerais dans les contes, ou dans les fables,on est vraiment sur ce terrain là, quotidien,avec une dose de merveilleux, mais aussi un certain humour ( l'oiseau rate son premier vol, moins par manque d'habitude que, parce que , seul survivant du nid, il est gavé par ses parents, et en surpoids, vole comme une pierre)

Un auteur donc que je vais garder en mémoire car non seulement son style narratif et son parti pris original d'un héros non-humain me plaisent beaucoup, mais la postface très complète qui met ce court roman en parallèle avec d'autres de l'auteur, montrant une remarquable homogénéité d'inspiration et de thèmes me donne envie d'en savoir plus.

pas de jour prévu pour cet auteur, donc puisque j'ai aimé, tiens, je lui offre un billet pour mon annversaire


mercredi 3 avril 2019

Les études et la France, tout un roman.


Des nouvelles de mes études!

Je suis en train de me battre avec l'administration française, car j'aurais volontiers continué et fini le bachelier ( la licence pour nous les franchouillards) en Belgique, mais ça n'est objectivement pas possible: les cours pour mes choix d'options ne sont pas disponibles en soirs pour me libérer du temps et travailler en journée, et je ne peux pas vivre encore 2 ans minimum sur mes économies, ça ne serait pas possible. Ce qui veut dire: retour en France, reprise du travail - en temps partiel ou en CDDs- pour refaire un peu de sous, et études par correspondance en parallèle. Sur le papier, tout est simple.

Mais c'est la galère pour savoir comment s'y prendre.

J'ai un âge disons certain, qui fait que j'ai connu un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Ce temps où tout était relativement simple. Où tout se faisait à la main pour les demandeurs comme moi, et où des gens payés dans les bureaux se chargeaient du volet administratif.
Maintenant non, c'est au demander de faire ce job de collecte d'infos et d'encodage. Comme ça, hop, ni vu ni connu, on supprime des postes dans les administrations ( pareil aux impôts, la télédéclaration " pour rendre service aux administrés" est surtout un moyen de ne pas remplacer les départs en retraite)

Et donc, les renseignements...

Ceux que j'avais eu jusqu'à il y a quelques jours, c'est qu'en tant que salariée qui veut suivre une licence par correspondance ( parce que ho vingt dieux, un salarié travaille, et ne peux donc pas suivre des cours sur place, puisqu'il est occupé à faire marcher le pays,  donc, s'il veut contineur à se former comme on l'y pousse, vouloir se former à distance reste légitime!) j'aurais du dépendre de la formation continue, et donc m'inscrire à part sans subir parcours sup ( que j'appelle à part moi " parcours-du-combattu" ou  "parcours 'eud 'mon cul!").

Hahaha, non.

Pour dépendre de la formation continue, il faut être salarié(e), certes, mais AUSSI que la formation soit payée par l'employeur ou le pôle emploi.

Mon employeur, la mairie, dispose d'une "confortable" enveloppe de 200€ par an et par employé pour les formations, sachant que les sous vont par ordre aux formations santé-sécurité, puis aux formations obligatoires ( genre prise de poste)  puis à celles " conseillées" pour le travail ( j'en ai eu une en informatique pour mon changement de service), puis à celles dispensées par le CNFPT...
Et après s'il reste des sous, ils servent pour les 2 ( pas une de plus) demandes de VAE acceptées chaque année.
Et si c'est vraiment la baraka, après on peut éventuellement déposer un dossier pour de formations autres,sous réserves qu'elles soient acceptées.

Evidemment, ces démarches là, au niveau des langues, je les avais faites pour profiter de mes 20h00 de Congé formation quand j'étais au musée, on m'avait dit que ça n'était pas prioritaire. Donc, laissez béton, gardez vos 200€, je vais me débrouiller toute seule.

Sauf que si je me débrouille seule, je suis salariée en autofinancement, et je dépend de... Parcours monQ.

Double peine: non seulement je n'ai plus d'entrée d'argent parce que les études actuelles me bloquent pour trouver un travail, mais je suis obligée de subir la maison des fous et le formulaire A38 PARCE QUE je finance moi-même. et que je ne coûte donc pas un peso à l'administration.
Je ne vais même pas me fatiguer à chercher la logique de ce principe.


Oui mais quand on a quitté le parcours universitaire français il y a plus de 20 ans, les anciennes notes ne sont pas disponibles au format numérique, il va donc falloir que je scanne tout et que j'encode TOUT (genre vraiment TOUT depuis le brevet), c'est à dire mes notes, mais aussi apparemment que je me débrouille pour trouver les moyennes de la classe et les notes les plus hautes et les plus basses. J'ai passé mon brevet en 1992 et mon bac en 1995, comment voulez vous que je trouve ça?
Je ne peux même pas demander à mon ancien collège, il a été détruit il y a plusieurs années. Aller au rectorat?
"Bonjour, je viens vous voir parce que j'ai passé mon brevet il y a 27 ans, mon bac il y a 24 ans, j'ai bien mes notes, mais je ne connais pas les moyennes de la classe de Mme D, ma  prof de Maths au collège XYZ de 1988 à 1992.  Et depuis le temps elle doit être à la retraite, enfin, si elle est toujours vivante".
Je force le trait, mais .. pas tant que ça en fait.

moui, c'est à peu près ça!
A côté , j'ai un deug d'allemand, commencé mais non terminé parce que l'administration a jugé bon de le supprimer entre la deuxième année et ma réinscription - j'ai foiré la 2°année car j'avais été malade et  loupé pas  mal de cours. Je vous jure que c'est vrai, on a oublié de me prévenir de ce fait (parce que j'étais la dernière de la liste et que mon nom était sur une autre page, je n'invente pas, c'est stupide mais c'est réel)

D'où réorientation: un deug de lettres, une licence de lettres, une maîtrise de lettres modernes option FLE..donc bon, on va dire carrément mieux que n'importe quel niveau collège ou lycée.

Et aussi maintenant, en traduction allemand - russe des résultats plus qu'encourageants en allemand et en russe.

Le truc marrant, c'est que l'inscription parcours sup, c'était entre mi-janvier et mi-mars, mais le temps que j'obtienne les renseignements qui me disent que oui, j'y étais condamnée, la date était dépassée.
Impossible pour moi, de toute façon de faire les encodages d'ici, même dans les temps, parce qu'évidemment je ne suis pas venue avec mes vieux dossiers scolaires. Avec un peu de chance, ils existent encore chez ma mère - il est où ce putain d'INE? - dans une boîte à archives.

Et j'ai dû la mettre à contribution pour obtenir les renseignements en question, parce que figurez-vous, je ne peux pas téléphoner d'ici à la seule et unique fac de France qui propose le russe par correspondance. Car on m'a volé mon téléphone.

Donc "maman, STP, voilà le problème,est-ce que tu peux appeler le service Etudes Slaves de la fac de Toulouse pour moi et leur expliquer la situation?". Heureusement, je la mets au courant de tout, elle savait déjà exactement le problème.

Pour m'inscrire an licence par correspondance, il me faut m'inscrire en licence normale, comme si j'allais suivre les cours (en juin/juillet), oui mais pour ça il fallait m'inscrire sur parcours sup entre janvier et mars.

Il en ressort que donc, oui, je suis obligée d'en passer par parcours sup-ercherie et sa collection de voeux quand une seule université le propose, mais que OUF! il y a une seconde session d'inscriptions en ligne à partir du 26 juin. Sauf qu'elles finissent quand les inscriptions en fac?

vu par Soulcié

Ca  me laisse le temps de scanner l'intégralité de mon dossier scolaire pendant les 2 prochaines semaines de vacances chez ma mère - super vacances! -,passer mes partiels en mai et juin.
Torpiller l'université de Bruxelles dès que j'aurais mes notes pour en avoir une copie papier car..
Avec un peu de chance, les notes obtenues en allemand, russe ( linguistique peut-être?) seraient valides pour la France.
Et me permettraient de passer directement en 2 année pour ces matières là, avec juste des matières résiduelles à rajouter qui n'étaient pas au programme de la traduction ( histoire, linguistique et littérature russes)

Enfin, dans la mesure ou j'aurais les résultats de l'année à temps, pour l'instant je n'ai que des notes, ben partielles, c'est bien pour ça que ça s'appelle des partiels. C'est pas gagné!

Donc je vais continuer bûcher à fond ces matières au cas où un miracle administratif se produirait.
Et essayer de m'inscrire sur le site dès que j'aurais les documents, puis m'inscrire à la fac, puis demander une demande de transfert de mes notes, puis une inscription au service à distance...

Je me demande si je ne devrais pas me mettre à la magie noire, et sacrifier un bouc à la pleine lune, histoire de mettre toutes les chances de mon côté. Recourir à Satan me parait une solution plus rationnelle que l'éducation nationale...

C'est tellement plus clair avec une infograp... euh, en fait; non, ils ont voulu faire joli, mais..

C'est quoi ce bordel, des voeux et des sous-voeux?
Comment je vais trouver 20 putains de sous-voeux quand UNE fac dans le pays , une SEULE, propose ce que je demande. En plus tu dois les re-confirmer..  comme tous ces logiciels qui demandent, quand tu veux les fermer " êtes-vous sûr de vouloir quitter? Vraiment? Non, mais vraiment, vraiment?"
Autant me dire " êtes vous sûre de vouloir vraiment faire du russe, et par correspondance ? non parce qu'on a des places en CAP couture en présentiel, vous êtes sûre que vous ne voulez pas essayer?"
Ahem: donc en fait fallait comprendre toute seule que je dépendais de ça, quand ça n'est dit nulle part et que "phase complémentaire" signifie " deuxième session d'inscriptions pour ceux qui ont raté le coche".J'ai 42 ans dans quelques jours. Je bosse en administration. Et je ne pige rien.
Imaginez maintenant que vous êtes en terminale, avec zéro expérience du labyrinthe administratif, et un bac sur le feu...
JOIE!

Je n'ai pas fini de m'arracher le peu de cheveux qu'il me reste.

Pour m'inscrire en tant que Française, adulte, en Belgique il m'a fallu: envoyer une copie de mon diplôme de bac et 200€ pour le faire attester comme équivalent bac belge, m'inscrire à la fac par internet ( long et relou, mais faisable), et payer les droits d'inscriptions.
En 1995, j'étais allée avec mes résultats de bac dans la fac de ma ville retirer un dossier, le remplir,  ajouter ma photo,  filer la copie de mon diplôme et des notes, payer les droits d'inscription et c'était TOUT!

C'est moi ou la simplification a tout compliqué?

Tout ça pour quoi au fait?

Pas par passion pour la fac, mais, pour avoir un diplôme en russe:
avec ce sésame, je pourrai intégrer une formation par correspondance (basée en Belgique, mais en pratique la seule dans le monde francophone) de traduction littéraire. Compatible avec un emploi.

Et au final, après ce tortueux détour, p't'être qu'à 50 ans, je serais enfin traductrice littéraire pour la fin de ma carrière pro - autant dire encore bien 25 ans, que je n'ai pas du tout envie de passer à tamponner des dossiers de demandes de  passeports et cartes d'identités à la mairie d'Avignon, ou a distribuer des sacs de recyclage.


Bien sûr, si l'administration reste aussi bouchée qu'un canon de 36, j'ai encore des plans C, D E, et pour pas mal d'autres lettres de l'alphabet.
Mais c'est usant de toujours devoir prévoir des solutions de secours, j'ai l'impression ne n'avoir fait que ça depuis ma naissance.

lundi 1 avril 2019

Jour du poisson!

Et ouverture du mois belge, exactement sur cette thématique.

Donc même si je qui ai déjà consacré un sujet, je ne résiste pas à ressortir  l'ami Ensor.

Car il faisait de l'art, Ensor.
Le jeu de mot n'est pas de moi, mais de lui...

Squelettes se disputant un hareng saur - James Ensor.
Je ne suis pas très fan des harengs saurs je dois dire, et plus généralement de tout ce qui est fumé ou trop salé.
Malheureusement , en PACA, on ne trouve les harengs quasiment QUE saurés, sous vide.
et c'est donc en venant passer un an ici que j'ai découvert la merveille des merveilles: les harengs marinés au vinaigre, avec des oignons. Et jusqu'en pots d'un kilo ( mon réfrigérateur est trop petit, je suis obligée de me contenter des ports plus petits, mais j'en ai toujours un ouvert au frais)

D'apèrs Perceval, le graal est un bocal à anchois. Non, pour moi, le graal est un pot de 1 kilo de harengs au vinaigre
Mieux que les gaufres, le chocolat,les speculoos, le sirop de Liège à l'abricot, les cuberdons ( non, bon, peut-être pas mieux que les cuberdons j'avoue)

Je surkiffe la salade de pommes de terre vapeur - harengs au vinaigre - cornichons polonais - aneth.
Même en hiver, alors en été, je sens que je vais en manger 3 fois par semaine!
(allez, compromis: salade patates et harengs au repas, gaufre au sirop de Liège en dessert, café et cuberdons pour conclure!)

Paradoxalement, c'est donc encore un point de divergence entre la France est la Belgique, pourtant séparées d'une toute petite frontière virtuelle. Mes camarades de fac qui n'ont parfois pas encore eu l'occasion de traverser la frontière et connaissent ça depuis leur enfance n'imaginaient même pas que ça n'existe pas chez moi. Peut-être dans le Nord de la France, j'avoue que je ne sais pas, mais chez moi, je n'en ai jamais vu.

En tout cas, il est grand temps de faire un trafic de harengs marinés à grande échelle. Je vais être en manque en rentrant en France. Un deal de harengs en pot de 1 kilo.

Et sur cette constatation d'une faille poissonneuse dans l'espace Schengen, je vous souhaite  un bon mois belge!
jour du poisson!