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samedi 30 décembre 2017

Loki - Georges Dumézil

Lorsqu'on a étudié la linguistique, on ne peut pas être passé à côté de Dumézil, un des grands noms de ce domaine avec Benveniste. Et j'ai eu l'occasion de les croiser à de nombreuses reprises à cette occasion, mais je ne m'étais pas encore penchée sur l'autre grand domaine de prédilection de G. Dumézil, à savoir la mythologie comparée.



C'est donc chose faite  avec cet essai sur Loki, ce personnage si important et complexe de la mythologie scandinave.
Replaçons dans le contexte. Le livre date de 1948, et même si elle paraît évidente maintenant, une approche comparative large était à l'époque quelque chose de totalement inédit dans ce domaine.

Pour traiter d'un thème ou d'un personnage précis, dans un cadre donné, on se contentait de former un corpus de ses occurrences dans le cadre en question et de voir ce qu'on pouvait en tirer.
D'autres chercheurs en folklore, en littérature, en mythologie s'étaient déjà intéressés aux légendes scandinaves avant Dumézil, mais en vase clos, en restant dans le monde scandinave et germanique et en s'en tenant aux textes écrits. D'où il ressortait que le dieu Loki n'apparait en fait pas très souvent hormis dans les textes de l'auteur Islandais Snorri Sturluson aux XII°- XIII° siècles.
Donc jusqu'à cette époque, c'est une chose entendue pour la plupart des intellectuels: Loki est soit une invention pure de Snorri Sturluson, soit un personnage ultra secondaire à fonction comique présent dans des textes antérieurs, que Snorri, en tant que clerc influencé donc par le christianisme, a détourné de son rôle de bouffon pour en faire un personnage central du mythe de fin du monde scandinave. En considérant que ce rôle sérieux est en décalage, et même en contradiction avec son statut de bouffon.

George Dumézil va donc s'atteler ici à prouver exactement le contraire:

1- Loki n'est pas une invention sortie de l'imagination de Snorri
2- Son rôle grandiose dans la mort du dieu de la lumière Baldr et la punition qui s'ensuit entraînant le Ragnarök n'est pas une contamination d'un personnage humoristique par une tradition chrétienne postérieure qui cherche à imposer un équivalent diabolique, mais bien une constituante fondamentale du personnage, antérieure au christianisme.

image ultra populaire dans les pays nordiques, reprise maintes fois: la condamnation de Loki pour le meurtre de Baldr est d'être attaché à un rocher jusqu'à la fin des temps, avec un serpent qui lui crache du venin à la figure. Bon au moins, sa femme est là pour atténuer les choses en récupérant la majeure partie du venin, c'est moins vicieux que d'être attaché à un rocher jusqu'à la fin des temps avec un aigle qui vous bouffe le foie, et sans l'aide de personne. Mais le parallèle entre Loki et Prométhée est évident. Les détails changent, mais l'archétype est très ressemblant, même si Prométhée n'est pas engagé dans un processus de vengeance destructrice. Mais Dumézil est malin et va aller chercher des ressemblances encore plus lointaines géographiquement que dans la mythologie grecque.

Et la grande idée de Dumézil est de transposer son expérience de chercheur en linguistique (il pouvait lire une trentaine de langues vivantes ou disparues*, donc il avait quand même une assez bonne notion de l'étymologie et de la parenté entre les langues) à d'autres faits culturels comme les traditions, la littérature, le folklore, les légendes..


Car s'il y a une parenté entre les langues provenant d'une même langue-mère, la même chose doit pouvoir se retrouver dans d'autres productions humaines.
Son corpus n'est donc pas limité à la production écrite, mais intègre également des choses moins matérielles, trop "folkloriques" justement pour les auteurs précédents: dictons, proverbes, surnoms de phénomènes météorologiques.. afin de prouver que non, le nom de Loki ( ou Loptr par moments) n'est pas limité à Snorri mais trouve d'autres occurrences dans les traditions populaires qui ont perduré jusqu'au XX° siècle)
Ce qui seul, ne prouve rien, les proverbes pourraient avoir été influencés par les écrits de Snorri puis popularisés

Il lui faut donc trouver dans d'autres traditions, et si possibles très éloignées géographiquement, un équivalent du personnage.
C'est Syrdon, personnage de bouffon, non issu d'une mythologie, mais d'un corpus d'épopées et de légendes héroïques sur les Nartes ( humains un peu surhumains, certes, mais pas divins) qu'il dresse de légendes ossètes.

Les ossètes sont un peuple descendant des scythes, qui vivent dans une région du Caucase, à peu près entre la Turquie, le Turkménistan et la Géorgie actuels. Région montagneuse, sans accès maritime. Donc un endroit suffisamment éloigné de la Scandinavie et difficile d'accès pour rendre impossible ou tout au moins, très improbable, l'emprunt direct d'une culture une autre, éloignées de plusieurs milliers de kilomètres.
Sachant qu'un mode de vie proche (ici, en plein air, avec une importante vie sociale sur la place publique)  pourrait induire des ressemblances dans les traditions, mais pas aussi complète que le montre le corpus qu'à nouveau, Dumézil collecte et explique.

Et en effet, les ressemblances "psychologiques" entre Syrdon le héros (ou l'anti héros) à la fois auxiliaire et antagoniste des autres héros, bouffon parfois ridicule, doté de la capacité de se métamorphoser notamment en femme et en vielle femme, ainsi qu'en objet et Loki sont très marquées, trop pour être le produit d'une évolution parallèle de thèmes communs. Y compris lorsque Syrdon, par jalousie et volonté de nuire, cause la mort "par conseil" et dans des circonstances très similaires- et non par action personnelle du héros sympathique et aimé de tous, Soslan. Personnage dont le nom fait référence à la chaleur, au mois de juillet, et dont la tombe, c'est précisé, comporte 3 ouvertures, une au levant, une au couchant et une au zénith. On aurait voulu consciemment indiquer la nature solaire de Soslan qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Mais ces ressemblances étaient passées inaperçues, justement à cause de la distance entre les deux sociétés et au fait que peu de gens étant capables, il faut le dire, de lire à la fois l'ancien norrois, le russe- langue dans laquelle ont été compilées les légendes caucasiennes-, le turc, l'arménien etc..
D'autre part comme il s'agit de légendes héroïques et non de mythes divins, les chercheurs précédents qui se sont focalisés sur la thématique "fin du monde" sont passés à côté. Les récits évoquent bien la fin du peuple narte,mais sans grand bouleversement cosmogonique, puisqu'on parle de dieu et non de héros.

Donc troisième nécessité: montrer que les héros des légendes nartes sont en fait des transpositions de dieux plus anciens, qui ont perdu leur statut divin, et là, ce sont les mythologies indo-iraniennes qu'il va fouiller (donc des choses attestées très anciennement, bien avant l'an zéro, où on peut exclure totalement une contamination chrétienne postérieures. Pour les hymnes védiques on est à peu près vers - 1500)
Et il trouve la parenté. Entre les archétypes de dieux hindous transposés sous une forme héroïque dans la mahabarata, où Duryodhana cause des méfaits de manière singulière qui ont des points communs avec les mauvaises actions de Loki (et là on est approximativement en - 400)
Il n'y a plus qu'à relier tous ces récits éparpillés entre l'Inde, l'Iran, Le Caucase, la Scandinavie pour arriver à une conclusion, qui ne fait toujours pas l'unanimité, mais est suffisamment construite pour mériter qu'on si penche: si des récits aussi éloignés géographiquement présentent des ressemblances aussi fortes et dans des sociétés aussi différentes que L'Iran de - 1000 et l'Islande de 1200 , il y a peu de chances pour qu'elles ne soient que le fruit du hasard, mais au contraire des traces d'un mythe commun beaucoup plus ancien, pré-indo-européen.

Ce qui règle donc la problématique double de l'invention de Loki par Snorri et de la contamination par le "diable" chrétien, puisque les mêmes constantes se retrouve déjà avant même l'invention du christianisme.

Loki version comics.. donc du coup, je ne peux pas valider cette vision  " casque à cornes diaboliques" qui sera malheureusement celle que la plupart des gens auront en tête oit par le biais du comics, soit par le biais de son adaptation en film.



Fun fact: je n'ai jamais vu Thor, le film. Mais a priori, j'ai comme l'impression que le " gentil " héros s'est pris une douche froide niveau popularité par rapport au personnage supposé être l'antagoniste et le sale type de l'histoire, s j'en juge au nombre de mèmes internet.
Faut dire que pour un scénariste, ce personnage là, c'est de l'or en barre
et des cornes 24 carats aussi. Je.. pffffff  cham-cham-cham-chamois d'or!!!! non sérieusement, j'aime bien cet acteur, et je compatis, ceci dit, j'ai presque envie de voir le film rien que pour savoir ce qu'il aura fait d'un rôle pareil. A mon avis quelque chose de bien barré.
une autre vision contemporaine, tirée d'un dessin animé japonais que je n'ai pas vu non plus. Apparemment, un truc particulièrement WTF qui mélange mythologies de plusieurs pays et ... comédie de lycée.En tout cas , a priori, il me plaît bien ce ptit rouquin à l'air facétieux, au moins ça a l'air raccord avec le concept de dieu du feu et de sale morveux.
J'ai vraiment trouvé ce livre passionnant, parfois assez difficile à lire ( oui je n'ai pas les compétences de linguiste de G Dumézil, donc les notes de fin en latin ou en danois dans le texte, euh...), j'ai un peu nagé avec les noms des héros nartes, je ne connais absolument rien à la culture ossète et avant de le lire, j'aurais au grand maximum été capable de placer l'Ossétie sur une carte.. quelque part part vers la Russie et la Géorgie . Le coin est toujours une pierre d'achoppement entre plusieurs pays, donc on entend parfois parler de l'Ossétie du nord et du sud, avec une carte si on regarde parfois Arte.

Mais je trouve le sujet non seulement fascinant, mais la rigueur scientifique employée très intéressante. Elle a fait date.
Et prend tout son sens, car depuis quelques années on commence à appliquer les techniques scientifiques de classement en "arbre phylogénétique" ( arbre généalogique des espèces vivantes permettant de trouver leur parenté) aux langues et aux faits culturels
En tout dernier lieu, une étude appliqué les méthodes de la génétique à l'origine des contes de fée.
Ce n'est jamais que la méthode Dumézil, avec beaucoup plus de moyen et la possibilité d'accéder à beaucoup plus de corpus.

Du coup, je me prends à me demander si on ne pourrait pas remonter encore plus loin dans cette étude qui s'arrête à l'origine indo-européenne du mythe. Dumézil a fait un travail énorme pour un seul homme, mais justement limité par les connaissances parcellaires de son époque, l'accès limité à certains textes, et le fait qu'il soit seul avec ses seules ( colossales il est vrai) compétences.
Si on comparait avec des textes amérindiens, et qu'on trouvait des parallèles suffisamment forts, on remonterait à une tradition datant d'avant la traversée du détroit de Béring par les lointains ancêtres des américains.
Mieux, si on trouvait une parenté suffisamment avec des mythes africains, c'est avant la sortie d'Afrique des humains qu'il faudrait en situer l'origine. Et c'est en dizaines, en centaines de milliers d'années qu'il faudrait penser. C'est vertigineux. Et j'adorerais savoir ça. Archéologie + étymologie + linguistique +littérature, autant dire tout ce que j'aime!

En tout cas, je conseille chaudement la lecture de ce livre. Je vais aussi me pencher sur les autres écrits de l'auteur, il fait parfois de l'autoréférence à ses ouvrages précédents, sur les sociétés anciennes, ça m'a l'air passionnant aussi.



* Entre autre il a appris l'Oubykh, une langue qu'il a sauvé de la disparition en compagnie de Tevfik Esenç ( dernier locuteur vivant à l'époque, mort depuis lors) et George Charachidzé . Et l'oubykh est donc aujourd'hui une langue morte mais dont il reste un dictionnaire. Et c'est probablement une des langues les plus difficiles au monde - les langues africaines à clics semblent une partie de plaisir à côté de la prononciation de l'oubykh. Plus de 70 consonnes et une poignée de voyelles. Une vidéo pour vous donner une idée.

Et pour conclure, après ce sujet très dense, encore une autre vision récente du personnage.
Là voilà, on le(?) tient!!

Je ne suis pas très branchée cosplay, mais là,c'est ultra cool et en plus en référence au personnage mythologique qu'à ses avatars comics, filmesques ou animés.
 La photo vient du site de ce jeune homme russe qui met en avant via photos et dessus, pas mal de personnages mythologiques et/ ou fantastiques. En tout cas bien vu. La caractéristique essentielle du personnage étant son identité très variable et c'est bien comme ça qu'on l'aime, notre dieu des facéties ( du coup je me suis demandé si le modèle était un homme, une femme ou se présentait " sans étiquette", c'est donc officiellement un homme, dessinateur et amateur de cosplay, qui pose pour pas mal de photos à thème androgyne.

MAJ: triste nouvelle, je viens d'aller voir le site de l'artiste et cosplayeur, et.. rien depuis l'an dernier. En allant sur sa page d'art de VK ( équivalent russe de Facebook), j'ai découvert qu'il est malheureusement mort en juillet 2019, à 24 ans, sans que la cause en soit précisée. Mais il s'agit apparemment d'un décès inattendu. En tout cas, ça m'attriste de savoir que quelqu'un est mort si jeune. Donc j'ai trouvé son nom, il n'est que justice que je le mentionne: il s'appelait Iaroslav Inouchine, et avait beaucoup de talent.
     

lundi 25 décembre 2017

New Victoria - Lia Habel

A l'origine, ce devait être une lecture Halloween ( il y est question de zombies), mais.. je n'ai pas eu la possibilité de le finir à temps.
Mais comme il combine attaque de zombies et fête de NoËl, cool, je peux le caser pour le challenge hiver.

couv' très sympa!

Donc, un livre dont je ne savais pas grand chose, hormis qu'il relève du courant steampunk, mais j'ai trouvé la couverture sympa, et à 99 centimes en opé Bragelonne, comme souvent, si c'est une déception, ce n'est pas trop grave.

Et on va dire que pour mon premier roman steampunk, oui ça va. Pas une excellente lecture, mais hormis les 60 premières pages qui plantent le décor et sont un peu longues,  j'ai lu le reste sans déplaisir. Grace à une multiplicité de points de vue assez sympa ( et très cinématographique, chaque chapitre est un récit à la première personne du point de vu de l'un des personages), à une héroïne qui ne s'en laisse pas conter sous ses airs de bibelot décoratif, et àune bonne dose d'humour volontiers absurde.

Après un prologue, qui présente un jeune homme nommé Bram, en très fâcheuse posture ( coincé dans une mine, avec des monstres à ses trousses, son copain vient d'être attaqué et mangé, et lui même voit arriver sa dernière heure à très grande vitesse),mais on ne saura pas ce qui arrive à Bram, s'il va s'en sortir et comment. Le chapitre 2saute directement 2 ans plus tard et s'attache à Nora Dearly, 17 ans, jeune femme orpheline de la bonne société néo Victorienne.

Ce dont il s'agit nous sera expliqué rapidement de manière assez fûtée, via un devoir d'histoire qu'elles est en train de rédiger: dans un futur assez lointain, suite à une guerre apocalyptique, les survivants ont crée une sorte de nouvel état combinant la modernité ( enfin celle de 2010: tablettes, téléphones portables, internet, hologrammes, électricité..) et le mode de vie du XIX°siècle victorien, vu comme un idéal de politesse, d'élégance et de raffinement.
Pas que dans ses bons côté hélas, puisque le monde néo-victorien en a également retenu une hiérarchie sociale très marquée basée sur l'argent, et une misogynie d'état: les femmes, enfin, les riches doivent donc être jolies, et passives, jusqu'à ce qu'un homme riche les épouse.

Très peu pour Nora, qui rentre chez elle, enfin, chez sa tante pour les vacances de Noël. Elle sait déjà ce qui va se passer: comme ses parents sont morts et que sa fêtarde de tante a dépensé tout l'héritage, Tatie va l'emmener visiter toutes les riches familles disposant d'une rejeton mâle à marier en espérant la caser le plus vite possible à un rupin.
Or son truc à Nora, c'est tout ce qui est mal vu pour une femme de la haute bourgeoise: avoir une meilleure amie fille de boulanger, faire du tir au pistolet, se passionner pour les documentaires sur la guerre, et la civilisation "punk" ( la faction opposée au monde néo victorien, la limite entre les deux est à peu près située au niveau de la Colombie. Avec un passage entier en Bolivie dans le décor minéral du Salar d'Uyuni. Et je note que l'action se passe donc dans ce coin là, les personnages ont des noms hispaniques, sont décris comme métis, Pamela, la meilleure copine de Nora, est moitié indienne.. cool! ça j'apprécie. On est pas dans un monde nord-américain wasp)

C'est à ce moment là que Nora est.. enlevée par une équipe de gens très bizarres, qui semblent liés à feu son père. Et elle va vite découvrir des choses inattendues.
Son père n'est pas mort. Enfin, pas tout à fait. Mais un peu quand même. Médecin , il travaillait sur le virus " Lazare", qui zombifie les gens, certains reviennent à la vie normalement, d'autres un peu bargeots. Et certains complètement tarés cannibales.
Le virus a été caché ( évidemment), et Nora a la chance d'être  naturellement immunisée ( qui ne l'avait pas vu venir, qui?)

Au milieu de tout ça, il y a Bram (le revoilà): il est sympathique, il est poli, il traite Nora non comme une potiche mais comme un être humain, d'égal à égal. L'homme idéal donc... à deux détails près: il est punk.
Et il est très mort lui aussi, suite à sa mésaventure au fond du puits de mine.

Yep, Roméo et Juliette, sauce Zombie.
Elle a ce détail qui la rend irrésistible: une circulation sanguine.
Il a ce détail qui le rend irrésistible: il n'a pas de pulsion cannibale.

Et autour de ces deux là gravitent une bande de bras cassés ( et rafistolés de bric et de broc) joyeusement bordéliques et colorés: Chas ( Chasteté. Même morte, elle n'assume pas du tout son nom et on la comprend) zombinette fêtarde et grande gueule qui se frite souvent avec son petit ami Tom, Renfield le bricoleur, Coalhouse qui se balade avec son oeil dans sa poche pour ne pas le perdre car il ne tient plus en place, le professeur Samedi et sa tête détachable - pour éviter de mordre son assistante vivante dans un excès d'enthousiasme..
Des zombies bien inoffensifs, tout dévoués à procurer le maximum de bien être à leur otage-hôte-nouvelle amie humaine, quitte à lui organiser une messe et une fête de Noël pour qu'elle se sente chez elle, car tous ont une énorme dette envers le père Dearly, médecin qui a trouvé le moyen de stabiliser leur état et d'éviter la décomposition, tout en leur évitant des fringales de sang frais.

Je ne rentrerai pas dans les détails des raisons de l'enlèvement de Nora ( il y a évidement un traitre dans l'histoire) pour souligner que autant Nora que sa copine Pamela sont de sacrée nénettes, dotées de caractères de cochon et prêtes à se bouger dans une société qui essaye de les mettre sous cloche, et d'autre part, c'est souvent drôle et n'importe quoi assumé.

Une lecture qui à défaut d'être inoubliable ( il y a quand même quelques trous d'air dans le scénario), et malgré un côté romance " tout les oppose mais..." un peu relou, compense par une bonne dose d'humour absurde. D'ailleurs le titre original est un jeu de mot difficile à traduire " Dearly, departed" qui n'y est plus dans le titre français assez bateau.

Et j'aime bien le sous texte anti-raciste plutôt bien vu: touche pas à mon pote mort, les zombies sont des humains comme les autres, tous ne sont pas affamés de chair fraîche, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.

Il y a un tome 2 mais je ne sais pas encore si je le lirai un jour. En tout cas je n'ai pas la pulsion de me jeter sur la suite comme.. euh.. non laissez tomber.

Cold winter challenge donc, mais je ne sais pas comment le classer:
Flocons magiques? Ce n'est pas du fantastique mais de la SF.
Magie de noël? La fête de Noël y est représentée, mais ce n'est pas l'essentiel de la trame.
Hors catégorie?

mardi 19 décembre 2017

quelques chaînes youtube russophiles et ou russophones

Dans ma recherche de sources sur la culture et la langue russes, je suis tombée sur quelques petites chaînes que j'avais envie de faire découvrir:



Attention, je parle de vraies chaînes avec un contenu, pas une compilation de vidéos moisies avec des gens ivres dans des situation ridicules.

Général


Macha et les enfants de l'est: Macha est jeune, Macha est Russe, comme on s'en doute, mais vit en France depuis quelques années. Elle a cependant gardé de son origine un petit accent tout mignon.
Elle nous fait découvrir sur un mode potache ( après tout elle devait avoir quoi... 18 ans quand elle a commencé sa chaîne?) les différences entre sa culture de naissance et sa culture d'adoption: l'école en Russie, les clichés sur les Russes, les comédies soviétiques, les contes , les mythes, la fête du nouvel an.. et surtout sa passion dévorante pour les pelmeni ( et je peux comprendre, c'est trop bon les pelmeni!)
La chaîne n'est pas mise à jour très souvent, je suppose que Macha est maintenant étudiante avec beaucoup de choses à faire, mais j'aime bien, et c'est un plaisir de mettre en avant UNE jeune vidéaste.





La Russe de PACA: Cette fois, c'est la chaîne de Mila, je ne la connais pas, même si nous sommes dans la même région ( elle est sur la côte d'Azur, pas du coté de chez moi, où la diaspora russe est assez petite et où quand on connait quelqu'un, qui vous présente quelqu'un, on finit par vite avoir rencontré tout le monde ): recettes de cuisine ( y compris les fameux pelmeni!), sujets sur la vie quotidienne en Russie et langue russe

Evidemment, j'ai sélectionné comme exemple le cours de gros mots, on ne se refait pas :D


Et la recette des fameux pelmeni..



Langue


Le russe facile avec Diana:une chaine que je connais peu mais Diana ( yep , une autre femme, ça fait plaisir) donne quelques infos sur sa langue et sa culture: les mots les plus employés, les cas en russe, les gestes culturels ( yep, je sais dire " allons boire un coup"  sans un mot maintenant :)







Le Russe avec une Russe: Maria, professeur de russe, propose aussi quelques cours en ligne.





Apprendre le Russe: Cette fois, c'est un français nommé Adrien qui s'y colle ( évitant au passage de transformer mon sujet en militantisme girl power)





De mon côté je me concentre sur la méthode audio "Michel Thomas",très intéressante, mais disponible uniquement via l'anglais. Ca n'est pas très dur, mais il faut au moins avoir des bases en anglais pour arriver à jongler entre les 3 langues , incluant donc ici le français. ceci dit, c'est aussi un excellent exercice pour améliorer AUSSI, en même temps sa compréhension orale de l'anglais.

Cette méthode que j'ai décidé de tester un peu par hasard (a un moment, j'avoue, où je l'avais trouvée un peu en tombée du camion sur le net en mp3..disons qu'il me fallait tester quand même avant d'investir dans une méthode assez chère, qui aurait pu ne pas me convenir), me plait énormément pour raviver des souvenirs un peu rouillés.

D'autres langues ( anglais, allemand, italien, portugais, chinois, que sais-je encore) sont, elles, disponibles via le français. Mais ce n'est pas encore le cas du russe. j'y penserai en tout cas avant les prochains voyages.


et encore une autre chaîne que je n'ai pas eu le temps de fouiller mais qui m'intéresse bien:

Russie.fr, apprendre le russe et plus



Et si avec tout ça je n'arrive pas à progresser, c'est à désespérer!
Et il ne me restera plus qu'à bouder dans mon coin...

vous ne le saviez pas, mais peu importe la couleur, je kiffe les renards.. vivants, hein!
Et les ours aussi.


dimanche 17 décembre 2017

Le Démon - Mikhaïl Lermontov et adaptation d'A. Rubinstein

Suite logique au précédent article, j'avais vaguement évoqué Le Démon, opéra de Rubinstein que je ne connaissais que très partiellement ( quelques airs et vaguement la trame).

Attention, ça va être un très long article, parce que j'ai du en passer par un long détour pour arriver à la version opéra.

Donc mes connaissances en russe sont trop lointaines et basiques pour me colleter à la poésie classique en VO. Il me faut donc trouver une traduction du texte en français.

C'est ici qu'on peut la trouver et ho! joie!  Le texte original est un long poème rimé ( si vous avez le courage ou de trèèèès bonnes bases en russe), je vois que les rimes sont assez libres, parfois croisées, parfois plates... mais la traduction française évite l'écueil de reconstituer des rimes françaises, tirées par les cheveux, en tordant le texte en tous sens.

Première constatation à la lecture: ça me rappelle quand même beaucoup " Eloa ou la soeur des anges" long poème d'Alfred de Vigny, quasiment contemporain du texte de Lermontov.

Eloa :1823
Le démon: commencé en 1838 fini en 1842




Damned! ( c'est le cas de le dire!), pour pouvoir parler de l'opéra, il faut que je parle du texte d'origine, mais pour pouvoir en parler, il faut que je fasse une  re-lecture de Vigny, pour trouver les points de rapport et de comparaison.

Nous voilà donc avec deux auteurs quasiment contemporains, dans deux pays différents ,tous deux plus ou moins dans le même registre romantique fantastique, qui mettent en scène une histoire d'anges déchus amoureux, en célébrant au passage les beautés de la nature.

Eloa:brièvement, Eloa est une ange ( oui unE: Vigny règle vite la question du sexe des anges, en expliquant que les anges ont un genre et même ont des relations sentimentales entre eux).
Eloa est crée à partir d'une larme de jésus, comme ange de la compassion et de la consolation. Sitôt instruite de l'histoire de Lucifer, elle décide de faire une affaire personnelle de le ramener dans le droit chemin, et aux cieux par la même occasion. Sympathy for the devil!

Et part donc à sa recherche, le trouve.. et se fait manipuler en beauté par le diable, tour à tour sincère dans son dépit d'avoir perdu sa place, et roublard qui finit par malgré tout entraîner sa sauveteuse dans son royaume, avec les autres anges déchus.

Le texte de Vigny: un poil longuet quand même, avec toute une partie sur l'origine d'Eloa qui aurait gagné à être un rien plus court.
Et surtout ces alexandrins en rimes plates, bien soporifiques...oui j'ai du mal avec ce rythme ronronnant.

Mais j'ai apprécié l'idée que ça soit une femme qui parte à l'aventure de son propre chef, suivant son idée fixe quitte à se planter en beauté: c'est une ange, pure, chaste, innocente etc.. et de ce fait, elle n'a pas inventé l'eau chaude et est plus imprudente que courageuse.
Mais bon la fin est plaisante puisque... pas de rédemption pour l'un et chute pour l'autre, pas de happy end qui aurait tout gâché.

Je me rends soudain compte que parler de Vigny en des termes aussi familiers m'aurait valu en fac un beau 1/20 pour l'encre et le papier...


A noter que l'ange déchu y est clairement  identifié: D'abord en tant que Lucifer ( avec explication de texte sur le nom) et ensuite comme Satan.


Le Démon: Lermontov ne s'embarrasse pas d'explications, et, directement, place son démon anonyme planant au dessus des montagnes de Georgie, insensible à la majesté du paysage, faisant le mal...par ce que c'est sa fonction, ce qui l'ennuie hautement (ce détail était aussi chez Vigny, il fait le mal sans en tirer un quelconque amusement, on se lasse vite de piéger les humains)
Le démon n'est pas foncièrement mauvais, il est surtout pris au piège de la situation.
Voilà qui est intéressant...

Le démon n'est pas nommé, cette fois, mais enfin, il est déchu, c'était autrefois un ange lumineux, le plus important, qui a perdu sa couronne.. il se présente comme représentant la science, la connaissance, et se voulant au final plutôt du côté des humains dont il cherche au final à atténuer les souffrances après les avoir provoquées pendant des siècles. Bon, ça fait quand même beaucoup d'indices.

Il se désintéresse de tout jusqu'à ce qu'il aperçoive Tamara, jolie brune géorgienne d'une noble famille, qui va se marier prochainement. Elle a d'ailleurs des doutes à ce sujet, prise au piège elle aussi de sa situation de fille obéissante qui doit renoncer à sa liberté et épouser celui qui lui a été destiné, sans qu'elle ait vraiment son mot à dire. Elle s'y résout sans trop de mauvaise humeur, après tout, le fiancé est jeune homme de bonne famille, pas un vieillard, c'est plus qu'elle ne pouvait espérer.

Par malchance ( ou intervention démoniaque? ça n'est pas aussi clair vraiment mentionné dans la traduction et je ne sais pas ce que dit exactement le texte original), le promis est attaqué sur la route par une horde tatare et meurt avant d'arriver au mariage, laissant Tamara désemparée par la nouvelle... jusqu'à ce que le démon, touché par la situation de cette femme, lui parle en rêve et lui adresse des paroles consolatrices nuit après nuit. Et en tombe amoureux.

Voilà qui est intéressant ( bis)

Tamara troublée par ces rêves récurrents ( qu'on devine aisément, sinon érotiques, du moins sensuels, articulés autour de l'apparition d'un beau brun inconnu d'elle) se retire au couvent pour essayer de fuir son obsession.. en vain, puisqu'elle redoute autant qu'elle espère l'arrivée de ce mystérieux visiteur de rêve(s).

Effectivement,il finit par venir, sans lui cacher sa nature, et lui promettre qu'il renonce au mal pour elle, en qui il voit enfin un possible salut.
Tout serait bien qui finirait bien... enfin, si l'on peut dire, par la damnation volontaire de Tamara qui après quelques réticences ( qu'on peut résumer en "pourquoi moi? Il y a des femmes plein le monde et je n'ai rien de spécial" car elle n'est pas aussi naïve qu' Eloa..., à quoi le démon donne une réponse désarmante de sincérité, quelque chose comme " tu me plait, ça ne s'explique pas, tu mérites une autre vie que les murs d'un couvent, je peux te l'offrir,avec la connaissance et l'immortalité aussi en prime si tu acceptes ma compagnie") n'est pas insensible aux charmes et aux promesses d'un type à l'air si sincère, fut-il une créature surnaturelle.

Enfin, tout irait bien, si elle n'était pas sous la surveillance d'un ange gardien.
Tamara meurt empoisonnée ( rouler des patins à un démon a cet effet là.. et lui même ne semblait pas être vraiment conscient de ce fait jusqu' alors), mais gloria alléluia, son âme est sauvée de la damnation par l'ange ... absolument dénué de toute compassion ( lui aussi ne fait que ce qu'il doit faire, se fiche royalement de Tamara, dont il dit même avec un certain culot qu'elle était attendue depuis longtemps au paradis, destinée à mourir jeune après avoir souffert, bonjour le cynisme!)

Eros vs Tanathos, la lutte de la morale et du désir, la victoire de l'esprit sur la matière...On y est en plein.

La morale chrétienne est sauve, mais... par le texte, par les descriptions, on sent quand même que Lermontov a une plus grande sympathie (whooohooo) pour son démon presque plus positif au final que l'ange. Il ne s'y serait pas mieux pris pour se faire l'avocat du diable... un diable étrangement touchant, plus victime que criminel, et pour qui on a volontiers de l'indulgence.

Et pourtant l'écriture n'a pas été sans difficultés, le texte a été remanié un grand nombre de fois ( pour faire coller la fin à là morale religieuse de l'époque:pas de salvation = pas de publication. On peut supposer que ça n'est pas vraiment la vision que voulait l'auteur, qui est mort avant d'avoir mis un point final et publié son texte, qu'il remaniait sans cesse sans arriver réellement à concilier ses idées et les nécessités éditoriales. au final ce sera quand même un de ses plus célèbres et appréciés)

Autant dire que pour moi, entre les deux, Lermontov l'emporte haut la main: Tamara est plus intéressante qu'Eloa, le démon plus sympathique (please to meet you.. I hope you guess my name houhou) et son texte assume une sensualité troublante que celui, plus éthéré, de Vigny, n'a pas vraiment.

Je ne peux pas m'empêcher de penser au génie du mal de la Cathédrale de Liège.

je ne me lasse pas de cette statue et de sa petite histoire. En forme d'erreur de calcul géante.
Oui, dans le but de faire comprendre aux ouailles que le mal, c'est pas bien, ils se sont retrouvés avec une statue d'un homme 3/4 nu, impeccablement bien roulé, dans une position lascive .
A quel moment ont-il compris que ça n'allait pas être très dissuasif pour les "innocentes" fidèles et qui n'ont pas franchement dû écouter très attentivement les sermons depuis lors?

Donc voilà le Démon de Lermontov est à peu près dans la droite ligne de ce genre de représentation autant dire que j'attends beaucoup de l'adaptation.

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Bon maintenant que le décor est planté, changeons le disque, et passons des Stones à Anton Rubinstein.

Le Démon est une oeuvre très célèbre en Russie, mais presque inconnue en Europe de l'Ouest, car presque jamais programmée ( ne rêvons pas c'est déjà un mini-miracle lorsqu'on nous propose La Dame de Pique ou Eugène Oneguine, en tout cas hors des capitales)

Le voilà donc en entier et en version 2015, accrochez vous, il y en a pour 2 heures et demie..( avec un petite interview des chanteurs, metteur en scène et chef d'orchestre au milieu...mais rien n'est traduit, désolée! Donc voilà un petit résumé tableau par tableau pour suivre l'action.)

Déjà, j'aime beaucoup le prologue d'un point de vue sonore: plein de sons graves qui évoquent la chute de l'ange déchu avec un bruit de tempête sur son passage, et choeurs surpuissants d'esprits malfaisants.

Mais comme on peut difficilement faire un opéra de 2 heures avec seulement 2 ou 3 personnages et des choeurs,il y a quelques différences assez cruciales, qui modifient beaucoup la perception générale de l'histoire:

 - Le prologue présente une sorte de dispute entre l'ange (une femme à la voix trèèèès grave. Jolie trouvaille ambiguë!) et le démon qui refuse de rentrer dans le rang. Et cette apparition de l'ange dès le début donne l'impression que Tamara est simplement un trophée que chacun d'eux va s'efforcer de remporter avant l'autre... là encore la lecture est modifiée, rendant Tamara moins intéressante, plus passive, plus victime des circonstances Dommage.

  - Tamara et le démon se rencontrent dès le début, puisqu'il vient la draguer ouvertement alors qu'elle va puiser de l'eau à la rivière.Je ne sais pas si elle le voit, mais en tout cas elle l'entend quand même s'adresser à elle une première fois à cette occasion.

 - L'implication du démon dans la mort du fiancé est beaucoup plus claire que ne semblait le dire le texte à la base, en tout cas dans la traduction française.
Et marquée dans la musique par un beau leitmotiv de cordes inquiétant.

Dommage, donc, le livret prend des libertés qui précisent trop de choses, là où le côté brumeux du texte d'origine était au final plus efficace pour brouiller les pistes entre le bien et le mal.
Là, le démon reste quand même assez ouvertement malfaisant et manipulateur. C'est moins original que le matériau de départ ( je rappelle que le texte date du milieu du XIX°siècle, où c'était novateur et limite impie de présenter un démon sympa.. Lermontov l'a fait, mais je suppose qu'il a du falloir édulcorer l'histoire d'un point de vue religieux pour le passage sur scène... c'est un certain Pavel Viskovatov qui s'en est chargé).

Par contre, auditivement, donc, j'aime beaucoup, même les airs de ténor, même les airs de soprano, c'est dire si c'est rare.
Et, outre le baryton-basse en rôle principal, il y a DEUX contralto (l'ange et la dame de compagnie de Tamara) et DEUX vraies basses (le père de Tamara et le serviteur) et ça c'est une énorme point positif, et de très beaux motifs au violoncelle, au cas où ma passion immodérée pour les voix et sons graves ne serait pas encore assez claire pour tout le monde! Du bonheur dans mes oreilles!

Je n'ai pas choisi cette version à la mise en espace - plus que mise en scène- étrange qui ne me convainc pas tout à fait simplement parce que je parlais du regretté Dmitri Khvorostovki il y a peu, même si c'est un plaisir de constater sur la longueur qu'outre sa voix vraiment riche et profonde ( et ce, même s'il était déjà gravement malade ce qui force le respect), il a avait aussi une présence impressionnante sur scène: son démon est à la fois inquiétant et fascinant, même si très classique par rapport au modèle littéraire.
Mais là on en revient au problème précédent, on peut mettre n'importe qui dans la distribution, si ça pêche un peu du côté du livret, ça pêchera toujours quoi qu'on y fasse.

Il arrive quand même à garder son charisme, c'est une prouesse, malgré une perruque qui continue à me poser un problème: Le démon est censé être BRUN! C'est écrit noir sur blanc par Lermontov lui-même, à plusieurs reprises, c'est presque même la seule chose sûre et certaine en ce qui concerne son apparence: il est séduisant - ce qui est suffisamment vague pour être laissé à l'imagination de chacun, ET brun, et ça c'est quand même précis! ( bon, je devine qu'ils ont quand même voulu garder bien visible la caractéristique principale immédiatement visible de la vedette: ses cheveux blancs comme neige depuis des années)
Et bizarrement l'ange porte la même moumoute, en noir. Bon on va dire que c'est pour le côté graphique, tout est en noir et blanc, on inverse les couleurs entre le bien et le mal et hop, le tour est joué... Pas très convainquant mais je suppose que c'est l'idée.

Mais surtout, j'ai choisi cette version, malgré mes réserves sur la représentation, parce que c'est une des seules disponibles en ligne et en intégralité. Des extraits oui ,on en trouve avec d'autres interprètes pour comparer,des morceaux isolés, ou des enregistrements audio... mais en intégralité et sur scène, il n'y en a a priori qu'une autre, chantée par des lettons, donc, puisque j'ai le choix, je garde le chant en russe par une majorité de natifs.
Et ça m'a aussi permis de découvrir, comme quoi tout arrive, un jeune ténor avec une voix assez puissante, et fort agréable ( qui interprète ici le rôle du fiancé de Tamara), Igor Morozow (étonnamment, un homonyme d'un autre ténor né en 1948),et Asmik Grigorian ( Tamara), soprano lithuanienne tout à fait écoutable que je ne connaissais pas non plus. Des voix à suivre...

J'ai donc beaucoup aimé le texte de Lermontov, beaucoup apprécié la musique de Rubinstein, même si, au final, je trouve le livret un peu bateau, et la mise en scène que j'ai trouvée un peu trop étriquée (disons que le concert était donné dans une salle de concert, pas dans une immense théâtre, chanteurs et musiciens doivent se partager un minuscule espace...Après un autre truc qui me gêne dans les productions récentes c'est la manie de faire chanter les gens parfois dans des positions passablement ridicules: à plat dos, assise par terre les genoux croisés sous la poitrine... c'est un peu n'importe quoi au niveau respiratoire, et c'est un coup à rater une note, ce qui ne se produit heureusement pas ici... mais pourquoi pas en faisant l'arbre droit contre un mur pendant qu'on y est, hein...)

Et pour conclure, je me devais de souligner ça, en 2011, je faisais le challenge "nécrophile"  alias " j'aime les auteurs morts".
L'ami Mikhaïl aurait pu entrer dans 2 catégories ( mort avant 35 ans et mort dans des circonstances particulières: tué à 26 ans en Duel. Comme Pouchkine (37 ans, et duel aussi...)
Conclusion: ne pas laisser un écrivain russe approcher de quoi que ce soit qui puisse servir d'arme...

samedi 9 décembre 2017

Hommage à Dmitri Khvorostovski

Et je commence cet hiver en Russie de manière peu agréable...en tout cas un peu triste.

Il n'aura échappé à personne ces jours-ci qu'un chanteur célèbre sous nos latitudes est mort.
Et comme je n'en peux plus d'en entendre parler dans tous les médias, j'évite les infos et traîne beaucoup sur le net.

Ce qui m'a permis de voir qu'un autre chanteur que j'appréciais cette fois beaucoup, est également mort il y a un peu plus de 2 semaines.

Vous n'avez probablement jamais entendu parler de lui si vous n'êtes pas un peu
- intéressé par la culture russe et/ ou
- intéressé par la musique classique et/ ou
- totalement adepte des voix graves ( j'avais fait un sujet là dessus où j'avais déjà un peu parlé de ce monsieur)

Dmitri Khvorostovski - je vous pardonne de ne pas savoir prononcer son nom, j'ai aussi beaucoup de mal à le dire -  était pourtant une très grande vedette dans son pays, et qui s'était plus ou moins spécialisé dans l'opéra et les mélodies russes, sans pourtant s'y limiter.

Et possédait une très belle voix de baryton dramatique en plus d'une allure très reconnaissable ( carrure impressionnante et cheveux entièrement blancs avant 30 ans)
Il avait arrêté de tourner depuis 2 ans étant atteint d'un cancer, et je n'ai donc jamais eu l'occasion de l'entendre sur scène, chose que je regrette énormément.

Et comme il n'y a pas meilleure façon de rendre un hommage à un chanteur que de l'écouter, place à la musique...

Tchaïkovsky : romances



Moussorgsky: chants et danses de la mort


Rubinstein extrait du Démon (visible en entier sur youtube.; mais aheum, la mise en scène.. pourquoi les coussins? Pourquoi cette perruque? Pourquoi un démon avec une croix autour du cou ? (oui je suppose que c'était quelque chose qui lui tenait à coeur, et que ça ne se voyait pas depuis la salle de théâtre, mais à la captation ça fait quand même bizarre!)


Je vous épargnerai le duo de variété assez banal qu'il a fait pour un gala avec Lara Fabian, parce que ... hé bien, c'est toujours pareil lorsqu'un chanteur lyrique chante de la variété avec un micro mais en mettant une sourdine pour ne pas couvrir l'autre duettiste et que les voix ne vont pas très bien ensemble: ça met vaguement mal à l'aise.
Donc on va en rester à un duo classique
Tchaïkovsky: Eugène Oneguin ( avec Renée Fleming)


Un autre répertoire? Ok, en italien cette fois, avec la prestation qui a lancé sa carrière internationale sur un air de Don Carlos ( et il commençait déjà à grisonner à 27ans)

Et puis bon. Je ne peux pas passer à côté de la musique traditionnelle russe . Otchi tchiornie!



Avec en prime un salut qui nous permet de voir enfin le monsieur sourire... parce qu'en musique classique, la concentration est capitale... et parfois ça se voit
(enfin, je sais que lorsque moi je joue, on me reproche quasiment de faire la gueule en montant sur scène et entre les morceaux, et de ne me dérider qu'à la fin. Les amis je vous confirme donc que non, nous ne passons pas un mauvais moment et nous ne sommes pas contents que ça se finisse, c'est une question de rester concentrés, de rester " dedans" et plus encore lorsqu'il y a une composante jeu d'acteur. On échappe au moins à ça avec un instrument. Après il y des cas particuliers de gens qui arrivent à être concentrés sans que ça se voit, ça n'est pas le mien, et j'envie énormément ça! Lui, là par exemple)

Enfin en tout cas, je voulais vous faire partager cette belle voix peu connue du grand public occidental, que je ne pourrais jamais aller écouter en direct à mon grand regret.

Promis les prochains sujets seront moins déprimants. Enfin, j'espère...

mardi 5 décembre 2017

Un hiver en Russie

Et puis parce que décidément j'ai plein d'idées et que peut être le fait de m'inscrire à plusieurs challenges me poussera à me bouger un peu les fesses..
Mais comment ne pas rejoindre un défi " hiver en Russie" ( ça complète une fois de plus les autres sujets, et il dure jusqu'au 1°mars)

Pour mémoire " une année en Russie " faisait en son temps partie des premiers challenges littéraires auxquels j'ai pris part, et j'ai trouvé bien dommage qu'il ne soit pas reconduit..

Bon cette fois, c'est un faux challenge, sans pression, sans paliers à atteindre juste pour le plaisir de parler de Russie, sur tous les sujets possibles et imaginables.

Je rejoins donc aussi cette communauté ( sur un blog qu'en plus je ne connaissais même pas.. j'ai juste cherché sur le net!) qui n'a pas peur de hiver russe!




Et donc tiens pourquoi ne pas commencer par un ptit récapitulatif des anciens billets Russes, histoire de se remémorer ce que j'ai déjà chroniqué?

Pour ceux qui ne savent pas, j'avais d'ailleurs pris des cours de Russe au lycée, un choix un peu par défaut, pour m'assurer d'aller au lycée que je voulais, mais je ne regrette pas.. enfin, si, je regrette de ne pas avoir pu continuer par la suite car il n'y avait pas d'option russe dans ma fac, j'ai pris quelques temps des cours particuliers, mais mon budget s'étant ensuite beaucoup réduit, j'ai du sacrifier pas mal de choses..

J'ai un peu repris d'ailleurs cet automne via une méthode audio, pas mal du tout, j'ai ralenti depuis le retour de vacances faute de temps, mais je compte bien m'accrocher quand même.

Film:
- la reine des neiges ( 1957) animation. Oui la vraie histoire, sans chanson agaçante!
- Cinéma d'animation russe


Lectures

- l'éternel mari - Fiodor Dostoïevski
- La dame de pique et autres nouvelles - A. Pouchkine 
- La dame au petit chien; récit d'un inconnu - Anton Tchékhov
- Terribles tsarines - Henri Troyat- Nous autres - Evgueni Zamiatin (SF, le prototype du meilleur des mondes et de 1984)

Contes et légendes

- SnegourotchkaCuisine

- Recette des blini
- champignons marinés
- Gribnaïa ikra ( pâté de champignons)


Musique

- Pierre et le loup - Serguei Prokofiev

Souvenirs de cours de Russe

1- Serguei Essenin
2- l'effet KulechovDivers

La Russie à Nice
Forum de l'enfance " Etot mir nash" Avignon 29mai 2010 ( désolée pour les vignettes minuscules,mais on peut les agrandir en cliquant dessus.dire qu'à l'époque j'étais contente de mon appareil, j'en vois maintenant clairement les défauts!)
Je serais curieuse d'entendre à nouveau le gamin de 17 ans qui doit donc en avoir maintenant 24.. mais je ne trouve que des vidéos d'il y a 7 ou 8 ans en ligne. dommage j'aurais bien voulu savir comment il a évolué musicalement