Bon,là, évidemment, qui n'a pas entendu parle de Dostoievski, avec Tolstoi et Pouchkine, c'est probablement le trio d'auteurs qui vient immédiatement en tête pour ce pays, même sans les avoir lus.
je n'ai pas de couverture, donc voilà le jovial Fiodor |
Ah, tiens, je vois que j'avais aussi lu et apprécié l'éternel mari, il y a quelques années.. et je n'en avais plus aucun souvenir non plus, comme quoi, il ne m'a pas déplu sur le moment, mais il a vite été effacé de ma mémoire.
Donc 2 ratages pour un semi ratage.J'ai pu trouver cette nouvelle en PDF, gratuitement, donc autant en profiter pour voir si l'auteur est plus convaincant que sur les longs récits, et approfondir ma culture littéraire russe dans l'optique de l'an prochain.
et donc le coeur faible, ce serait plutôt le cerveau faible, puisque contre toute attente et ce que l'amorce de la nouvelle pouvait laisser prévoir ( 2 pistes différentes, une possible, une bien improbable vu l'époque, mais qui m'aurait fait très plaisir), c'est de folie qu'il va être question.
décidément après les histoires de fous de Tchékhov, je n'en sors pas et je ne fais même pas exprès.
et ce coeur- ou cerveau- défaillant appartient à Vassia, jeune fonctionnaire, copiste de textes de lois, issu d'une condition très modeste, plutôt malchanceux en général, d'un physique quelconque ( on sait qu'il est petit, boiteux et qu'il a les yeux bleus, donc un portrait très sommaire). Vassia partage un appartement avec son collègue de travail et meilleur ami Arkadi. tous les deux sont proches, très très proches ( et c'est là que j'ai brièvement espéré un peu d'audace, même en restant dans la chasteté et les non-dits, mais...non).
et Vassia est soudain dans une situation inattendue: tout se passe bien, et ça lui fait peur, tant il n'en a pas l'habitude.
Non seulement, la fille qu'il courtise depuis des semaines sans grand espoir vient de lui dire oui, mais en plus son chef qui apprécie son travail efficace et très propre lui confie souvent des petits travaux supplémentaires qui lui permettent d'arrondir les fins de mois ( et donc de pouvoir prétendre à la main d'une jeune femme de petite bourgeoisie qui ne roule pas sur l'or vu qu'il aura de quoi assurer leur quotidien), mais en plus lorsqu'il présente Arkadi à Lisa l'heureuse élue, le courant passe bien, ce qui lui permet d'envisager de continuer à cohabiter à 3 ( et là, on se dit qu'on va s'orienter sur une classique histoire de triangle amoureux, ou moins classique de ménage à trois assumé. Encore raté).
Mais le problème c'est que Vassia , qui avait son travail supplémentaire en main depuis 3 semaines, un temps largement suffisant pour en venir à bout, a complètement délaissé tous ses devoirs pour draguer Lisa. Et le voilà au nouvel an, avec 6 cahiers à copier, qu'il vient à peine de commencer pour le surlendemain. Sauf que.. il faut aller voir Lisa pour le nouvel an, il faut faire un détour par la boutique de cadeaux, il faut aller présenter ses voeux au chef..
3 jours pour copier 6 cahiers sans arriver à se concentrer, en s'éparpillant, tout en se mortifiant d'être aussi éparpillé. Vassia va en perdre la tête. Car jamais il ne lui vient à l'esprit d'aller sérieusement demander au chef s'il peut avoir un délai, et lui expliquant la situation, en lui donnant les pages déjà prêtes pour preuve de bonne foi, ou d'inventer une maladie diplomatique pour gagner quelques jours.. non, il préfère se tuer à la tâche et se priver de sommeil par trop de reconnaissance pour ce chef si sympathique.
Vous sentez le problème? C'est ça: non seulement les raisons de la dégringolade de Vassia sont assez ténues, à moins qu'il n'ait déjà été sérieusement dérangé auparavant, ce qui n'est jamais dit ( un peu trop enthousiaste et exalté, oui, mais dingue), et a priori, personne ne devient complètement pin-pon en 3 jours de surmenage. On tombe de fatigue, on se réveille 15 heures plus tard avec la tête dans le pâté sans trop se souvenir de ce qui s'est passé... mais on n'en vient pas à imaginer d'être envoyé au bataillon disciplinaire pour un travail supplémentaire en retard.
Pour ce coup là, je dois dire que la folie n'est pas retranscrite de manière très crédible. Même dans le cas de la salle 6, Tchékhov, qui en tant que médecin savait de quoi il parlait, rend la chose crédible en expliquant en 2 lignes que le malade est progressivement devenu zinzin en développant une névrose sur plusieurs mois.
Et donc impossible de prendre en sympathie ce gugusse parce que tout est trop précipité, Arkadi est un peu plus touchant dans ses efforts pour aider autant que possible son ami ( et paradoxalement, donc, mieux caractérisé que le personnage principal), Lisa, sa mère et son frère sont des figurants.
Par contre on a droit à un vrai pétage de plombs en règle de l'auteur qui lui part en délire absolu sur la description d'un bonnet, comment sont les couleurs, les dentelles, les rubans, et jusqu'à la nationalité de la mercière..
J'ai presque envie de dire.. on s'en tape! Il suffit de dire qu'il choisit avec grand soin le plus beau chapeau qu'il trouve comme cadeau de nouvel an pour Lisa et.. un peu plus loin il remet ça en décrivant le détail des broderies du portefeuille de Lisa.
Je ne sais pas, donne nous des raisons de nous intéresser à tes personnages, Fiodor, le décor n'a pas franchement d'importance pour une nouvelle. Dans un roman de 500 pages pourquoi pas, mais pas dans une nouvelle de moins de 90 pages...
Mais là, il y a clairement un déséquilibre entre ce qui est décrit et son intérêt pour la narrration en fait.
Après, comme toujours, il s'agit d'une vieille traduction comme souvent pour les éditions libres de droit . Une plus récente signée André Marcowicz a été publie en 2000, il faudrait que je compare, juste pour voir si le délire surexcité sur le bonnet est le fait de Dostoievski lui même ou d'un traducteur trop enthousiaste.
Mais a priori, je ne suis pas encore réconciliée avec l'auteur, même si je sais que je ne pourrais pas l'éviter dans les années qui viennent.
D'ailleurs, si j'y pense ou si j'ai l'information, à partir, je vais mentionner de quelle traduction il s'agit, histoire d'en garder une trace, surtout pour mon usage personnel à l'avenir.
traduction de Michel Forstetter - 1947
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