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mercredi 25 novembre 2015

Les monades urbaines - Robert Silverberg

Hé bien, j'aurais mis du temps à le lire, Silverberg était l'auteur mis en avant en février dernier pour le challenge geek, et qui plus es proposé au groupe par ... moi-même.

Mais j'ai eu du mal à arriver au bout en fait. L'idée de départ était sympa, mais je n'ai pas accroché au traitement, que j'ai trouvé assez répétitif.
le visuel correspond à peu près au contenu, pour une fois ( sauf que les gens sont habillés!)

Au XXIV° siècle, l'humanité a depuis longtemps trouvé une parade à la surpopulation qui menaçait la Terre dès le XX° siècle. Cette parade s'appelle les Monades urbaines: de grands immeubles de 3 kilomètres de haut comptant 1000 étages, groupés par dizaines nommées d'après les villes de "l'ancien monde": Reykjavik Prague, Washington, Colombo, San Francisco.. jusqu'à Louisville au sommet de la monade 116, qui occupe le récit. Les monades étant elles mêmes des éléments d'une constellation , ici " Chippitts", sur les anciens territoires de Chicago et Pittsburgh. Mais l'existence de la constellation Berpar en Europe et Shangkong en Asie laisse supposer que cette organisation est mondiale.

L'humanité est devenue en majorité verticale, libérant ainsi de l'espace pour d'immenses surfaces agricoles, les communes agricoles, gérées par une poignée de paysans considérés comme arriérés par les " urbmonadiaux" qui ne les ont jamais vus.
En effet, on nait, on vit, on meurt dans la monade, sans jamais en sortir: la promiscuité est le lot de tous, d'autant que les urbains, ayant découvert que les surfaces agricoles pourraient nourrir bien plus de monde que 7 milliards d'humains, a érigé en espèce de dogme religieux la procréation à outrance: les monades comptent plus de 800 000 habitants, une famille normale compte facilement 8 ou 10 enfants. Dans cette promiscuité force, l'individu n'a plus droit de cité, l'intimité n'existe pas, on se promène quasiment à poil et on couche les uns avec les autres, dans une liberté sexuelle débridée.
Liberté?
Les femmes n'y sont considérée qu'en fonction de leur beauté plastique, de leur capacités reproductrices ou comme objet de plaisir pour les hommes qui vont, la nuit, toquer aux portes des voisins à la recherche d'un coup vite fait ( je suis désolée, mais il n'y a pas d'autre moyen de le dire, et je suis encore loin du compte). Pour une feme, refuser ses faveurs sexuelles est mal vu, pour un mari, refuser que sa femme se fasse sauter par le voisin est mal vu. Et bien sûr, seuls les hommes vont en "promenade nocturne", les femmes sont passives et doivent attendre leurs visiteurs nocturnes bien sagement.
Et gare à quiconque dévierait de cette "liberté", il ou elle serait considéré comme "anomo", l'anormal, le mouton noir qui met en péril l'harmonie et la stabilité d'un monde qui se clame égalitaire, mais où les femmes sont soumises aux désirs des hommes et où les étages inférieurs sont dévolus aux ouvriers tandis que les étages supérieurs, moins peuplés et éclairés sont réservés aux élites qui les dirigent sans jamais descendre de leur sommet. Dans ce monde où on se marie à 12 ou 13 ans, où on a en moyenne 5 enfants à 22 ans, on devient anomo lorsque les drogues en libre service ne parviennent plus à masquer la vacuité de l'existence,  lorsqu'on commence à réfléchir, à avoir des états d'âmes ( tel Micael qui se pose des questions sur sa soeur, se disant que s'il voulait coucher avec elle, elle serait obligée d'accepter en bonne citoyenne, mais dans le fond, qu'en penserait-elle réellement?), lorsqu'on pense à vouloir sortir, rien qu'un fois pour voir comment c'est dehors, comment est l'air frais, la mer, lorsque la pression sociale et le manque de liberté individuelle vous rend dépressif à 15 ans. La moindre idée de rébellion est automatiquement réprimée à coup de drogues, de "rééducation" ( lavage de cerveau), et si ça ne marche pas, c'est la chute: l'envoi direct au vide ordure, au broyeur- compacteur-incinérateur qui sert à chauffer l'immense batiment.

L'ennui, c'est que ce livre est un ensemble de nouvelles, mettant en scène plus la monade 116 que ses habitants, même si une poignée d'entre eux sont mis en avant. Ce qui fait que sur les 3 ou 4 premières nouvelles, on se demande quand même où l'auteur veut en venir, à sembler développer un personnage pour passer ensuite à un autre.
 Ca semble décousu et répétitif ( toujours les mêmes scènes d'orgies). Dans la première nouvelle, la monade reçoit la visite d'un ponte venu d'une colonie humaine sur je ne sais plus quelle planète ( je l'ai lue en février dernier), qui se trouve déboussolé par ces gens vivant entassés, faisant leurs besoins au vu et au su de toute leur famille, car sur sa colonie, on vit comme les humains du XX° siècle: avec une porte à fermer dans ces cas là. autant dire que j'étais à peu près dans l'état d'esprit du visiteur extra-monadial.

Et c'est d'autant plus bizarre que personne ne semble, je dis bien semble,  trouver ce mode de vie oppressif, tout est pour le mieux de leur point de vue, et pour le lecteur du XX° ou du XXI° siècle, c'est passablement écoeurant. Ce n'est que plus tard et par petites touches que l'auteur laisse entrevoir les failles de ce système: des gens qui pètent les plombs, réellement, à force d'avoir trop d'enfants dans les pattes - et les pires crimes imaginables sont l'avortement ou la contraception- d'autres qui font tout pour cacher leur différence, leurs idées "déviantes"  ( l'historien du XX° siècle, qui cache sa découverte de la jalousie, sentiment qui n'a pas lieu de cité et l'enverrait directement à la chute).

C'est vraiment sur les 2 dernières nouvelles que la mayonnaise à pris pour moi, car elle montre des gens qui sont vraiment à bout de nerfs: Micael, qui plus que tout veut une fois dans sa vie sortir et aller jusqu'à la mer.
Son périple va évidemment s'arrêter à 1 journée de marche de la monade lorsqu'il est arrêté par les agricoles qui le prennent pour un espion. Là il va découvrir une chose inattendue: les agricoles, qui fournissent la nourriture aux monades, vivent horizontalement. Et révèrent le dieu de la stérilité pour lui demander d'avoir le moins d'enfants possibles: car l'expansion verticale ne peut se faire qu'au prix d'une surface agricole gigantesque, qui contraint la poignée de gens vivant encore dehors à adopter l'attitude inverse: un strict contrôle de la densité de population.
Mais son escapade en solitaire fait un bien fou , au moment où le livre devenait étouffant à force de promiscuité. Sur ce coup là, Silverberg a réussi son pari: rendre le livre physiquement étouffant.

Et Siegmund, celui qui réfléchit trop et par trop de sérieux et d'idéalisme compromet aussi la stabilité de la hiérarchie qu'il voulait absolument atteindre et qu'il découvre plus encore corrompue et malsaine que le reste de la monade. Déception qui entraîne une prise de conscience de ce que cette liberté a de carcéral. D'autant plus carcéral qu'elle est consentie et approuvée par la majorité qui croit obéir aux desseins d'un dieu que tout le monde loue à tout bout de phrase, mais dont les statistiques prouvent que moins de 30% des habitants fréquentent un lieu de culte.

Il n'y a pas de "personne âgée" dans cette histoire, hormis la grosse huile au sommet de la hiérarchie qui a 50 ou 60 ans: l'explication est limpide: vieillir, c'est prendre conscience, prendre conscience s'est déprimer , déprimer c'est devenir anomo, devenir anomo, c'est être éliminé du système.

En soit, j'ai trouvé cette histoire encore plus épouvantable que 1984, c'est dire.
Mais voilà, elle pèche par endroits, qui vont qu'elle reste malgré tout en dessous d'autre dystopies que j'ai pu lire. déjà, écrite en 1971, elle caricature le mode de vie hippie " moderne" à son époque.Seulement voilà, en 2015, la liberté sexuelle, les drogues en libre accès, les orges ou fumeries collectives, les tapis à motifs psychédélique, le rock psychédélique.. hé bien ça fait terriblement seventies. L'auteur a caricaturé sa société contemporaine, et malheureusement pour lui, de nos jours, c'est très très daté.
J'en parlais par ailleurs, lorsqu'on décrit quelque chose supposé se passer dans 3 ou 4 siècles, autant mettre le paquet dans l'imagination, avec un peu de chance, ça ne sera pas dépassé dans 20 ans. Manque de pot, Silverberg a été rattrapé, le mouvement hippie est devenu marginal et le puritanisme resurgit à toute force ( bon il faut quand même un juste milieu entre les orgies décadentes et la ceinture de chasteté, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit!)
L'autre problème, c'est la traduction: elle date de 74 ( première édition) et pose aussi un problème, par le choix de vocabulaire assez daté aussi (on va chez le voisin, texto: "pour défoncer sa femme." Je ne sais pas vous, mais j'ai l'impression d'entendre un loubard des années 70 ou 80)

Et le parti pris bizarre d'avoir des personnages qui se vouvoient alors qu'ils vivent entassés et s'envoient en l'air sans aucun état d'âme. Donc un personnage qui dit à la nana qu'il vient voir en pleine nuit " s'il vous plait, laissez moi vous défoncer".. il y a comme un gros problème de niveau de langue. Je suis quasiment sure que le texte original anglais n'emploie pas des " thou" ou des "thyne", mais de simples "you". Ca m'a limite plus dérangée que les scènes de Q au kilomètre.

Donc un livre intéressant, louable dans son intention, mais inégal, parfois ennuyeux, parfois daté, parfois très bien ( les 2 dernières nouvelles). Mais loin d'être un coup de coeur, ses défauts sont à peine compensés par ses qualités et c'est dommage.
Alors que je n'avais pas eu cette impression d'ennui sur Le meilleur des monde pourtant encore plus daté puisqu'encore plus ancien ( haha, les adorateurs de "notre T", la ford modèle T), mais qui a mieux vieilli. En fait peut être que j'en attendais trop en fonction de son sujet, d'ouù la demie déception, il ne me restera pas en mémoire longtemps je le crains. Mais je redonnerai sa chance à l'auteur avec un autre texte, je n'aime pas rester sur un demi échec.
N°128: un immeuble

samedi 21 novembre 2015

Le principe de Peter - L J. Peter et R. Hull

Dans la série " je lis tout ce qui passe à ma portée", voilà un petit livre trouvé par hasard, qui attendait d'être adopté.

Et ça faisait bien longtemps que je n'avais pas autant ri.
Sous titré " Pourquoi tout va toujours mal", cet essai, mi-sociologique mi- grosse blague est évidemment à prendre au second degré. Et pris comme ça c'est extrêmement drôle, et pas dénué de bon sens sous une apparence potache - parce que qui irait lire une thèse sociologique sur l'incompétence hiérarchique sinon?
Mais voilà, plus j'avançais dans ma lecture, plus je me marrait, il y a vraiment des endroit où j'aurais pu citer des noms comme exemple, là où l'auteur invente des noms farfelus pour les employés et les sociétés d'Excelsior city. ( Genre M; Wheeler commis à à bicylcette des messageries  Mercure d'excelsior City)

Il faut dire qu'il excelle, lui, à trouver des appellations farfelues " l'arabesque latérale", "le sommet flottant", la "défoliation hiérachique".. ppur nous expliquer pourquoi, dans toute hiérarchie, qu'elle soit administrative, militaire, juridique.. personne ne sait jamais quoi faire.
La réponse est aussi limpide que surprenante: parce que l'employé compétent va immaquablement être promu au rang supérieur, là où il ne sera plus compétent. Une fois arrivé à ce stade, il ne sera plus promu, puisqu'il ne fait plus rien de bon. Et au fil du temps, chaque poste est rempli par quelqu'un qui n'est pas compétent pour s'en occuper, qui n'ira pas plus haut et bloquera la promotion des plus capables.

On a tous des exemples à citer:
 le mien c'est quand je suis allée à la banque faire une demande de virement international au Japon, en Yen.

La personne qui me reçoit au service responsable des mandats internationaux n'avait aucune idée de comment procéder en dehors d ela zone Euro. Et appelle sa collègue. Qui répond que c'est possible et me donne un formulaire à remplir, sur lequel je dois mettre un numéro IBAN. Pas d'IBAN, pas de mandat. Sauf que l'IBAN, c'est en Zone Euro, pas en dehors  en dehors c'est un numéro BIC. Or le formulaire n'est pas prévu pour ça. Donc " bah, mettez les chiffres du numéro BIC dans les cases IBAN comem vous pouvez".
Quelques jours après, coup de téléphone à la maison pour me dire que ça n'est pas possible de faire un mandat directement en devises étrangères depuis mon antenne locale qu'il faut passer par Marseille, en téléphonant au XX XX XX XX XX. Ok, j'appelle: je tombe sur un type à l'accent caricatural qui me dit d'appeler la boîte vocale. Je lui explique que la boîte vocale ne peut rien pour mon problème qui doit être éclaici par un humain. Le gars me demande de rappller le lendemain à 8h30.
Rappel à 8h30, décrochage à 9h00, car évidemment, personne au standard avant 9h00. J'explique que je suis pressée, que je vais aller travailler que je dois régler ça avant 9h30 dernière limite pour partir travailler, il me bascule sur le standard de Paris.. qui s'avère être celui de Lille: le gars a fait une erreur, la dame de Lille me renvoie sur Paris. Pas le temps de régler ça, je prend le numéro directe, je les rappellerai mardi après midi, jour où je ne travaille pendant les heures ouvrables.
LE mardi: j'appelle la dame me dit " oui, j'ai reçu votre demande, elle est passée d'Avignon à Marseille, qui nous l'a envoyée, on vient de vous la renvoyer, il faut faire la demande en Euros, ça sera la banque réceptrice qui devra faire la conversion".

Au final, comme je travaille pendant les heures de travail, il a fallu que j'appelle ma mère retraitée en vacances dans un autre département pour qu'elle le fasse en mon nom par téléphone, parce que je ne pouvais pas poser un après midi entier pour le faire, entre l'attente que " nous nous efforçons d'écourter", la musiquette (Island on the sun) dont j'ai entendu les premières mesures en boucle pendant une bonne demie heure et qui me donne maintenant des envies de sacrifices humains, les explications épineuses...
Elle m'a dit que j'avais eu raison, il lui a fallu un bon moment pour arriver à démêler ça.

Autre exemple, proche de celui de l'auteur: Quand j'étais à la fac, j'ai créé une association étudiante de A à Z, en 1999 ou 2000, par là. C'était un projet lié à  mon dossier de maîtrise. Une fois fini, j'ai officiellement démissionné de mon mandat de présidente pour laisser d'autres étudiants la reprendre l'année d'après. J'ai signalé à la préfecture le changement, la personne référente de la fac à qui il faudrait s'adresser l'année suivante, j'ai signalé à la mairie que je n'avais plus rien à voir avec l'assos', par écrit avec AR. Et j'ai continué à recevoir du courrier pour l'asso' chez moi pendant plus de 10 ans, en tant que présidente. quand j'ai déménagé, mon père a continué à le recevoir, et m'a sonné les cloches croyant que je n'avais rien fait, et pourtant...Je suis allée voir les étudiants qui l'ont reprise l'année d'après, eux aussi de leur côté avaient fait toutes les démarches pour recevoir le courrier qu'eux n'avaient pas. J'ai eu beau faire des retours de courrier NPAI, la seule chose qui a marché, c'est déclarer la maison inhabitée à la mort de mon père.
Ben oui, aussi, quelle idée d'avoir le même nom de famille!

Je suis donc totalement convaincue qu'il y a du vrai dans la démonstration farfelue de MM Peter et Hull. En avançant dans ma lecture, j'ai même pu citer des noms ( hooo, mais il parle du premier ministre! et là, mais il parle de ma chef, elle a en effet tous les symptômes du dernier poste).
Et dans mon cas? La promotion se faisant exclusivement à l'ancienneté, nous n'avons pas de productivité à remplir. Et zéro perspective d'évolution. Et donc même en étant compétente ( je sais très bien rester des heures, les fesses sur une chaise, à lire), je n'ai aucun espoir en substance de faire un jour autre chose que rester sur cette chaise. Donc pour sortie de la "fichue impasse de Peter", pas d'autre solution que de changer de branche.

Je le savais.. en tout cas le livre à vieilli (  écrit en 1970, donc la description du travail de bureau à grand coup de tableaux muraux et piles de papiers, c'est plus trop ça, pareil pour la domotique comme rêve ultime de la desperate housewife), mais il m'a faite beaucoup rire et va passer dans les mains de mes collègues dans les jours qui viennent, histoire qu'on rigole ensemble, puisqu'eux aussi sont dans la même impasse.

Edit pour Sylvain: la bureaucratie Vogonne


Et aussi parce que , c'était comme ça dans l'antiquité et ça sera toujours comme ça: Le laissez-passer A 38!


Un cadavre de trop - Ellis Peters

Je profite d'avoir un moment de libre en cette fin d'année: pas de challenges en ce moment, liberté absolue, je lis ce que je veux dans l'ordre où je veux... Et comme les journées son longues, tiens pourquoi pas une petite cure de romans policiers. Et pourquoi ne pas finir ce qui est en cours de lecture/en pause depuis des mois...

allez hop, retour en Angleterre médiévale. Un cadavre de trop est le 2 tome tome de la série Cadfael d'Ellis Peters, mais le premier paru dans l'ordre de numérotation de 10/18, allez savoir pourquoi.
C'est celui aussi qui nous raconte la rencontre entre frère Cadfael et son futur meilleur ami, Hugh.

Le premier tome était un peu à part, pensé omme un roman isolé par l'auteur, c'est à partir de maintenant qu'il va y avoir des personnages récurrents. Donc on plante le décor: 1138. c'est le début de la guerre civile (l'anarchie anglaise, qui va durer jusqu'en 1154). Le roi Henri I° est mort 3 ans plus tôt, c'est officiellement sa fille , L'impératrice Mathilde, qui est désignée comme successeur, son frère aîné étant mort des années plus tôt, elle est donc la légitime héritière, la moitié à peu près des vassaux l'ont reconnue comme reine. Mais l'autre moitié n'est pas franchement d'accord avec le fait qu'une femme dirige le pays, et profitant du fait que Mathilde est en France, profite pour désigner roi Etienne, son cousin, entraînant à leur suite un certain nombre de girouettes qui oublient leurs promesse: Etienne est en Angleterre, à la tête d'une armée, l'impératrice est loin, autant retouner sa veste.
Or justement, la petite ville de Shrewsbury, à la frontière du pays de Galles, est tenue par un seigneur partisan de Mathilde: la ville est assiégée par l'armée du roi, le seigneur local en fuite vers la Normandie, c'est une pagaille sans nom. La fille d'un noble local partisan également de Mathilde est portée disparue, probablement en partance elle aussi pour la Normandie, mais d'après la rumeur, elle n'aurait pas encore quitté la contrée. Il faut donc la retrouver et la faire prisonnière pour que son père vienne la chercher et tomber directement dans les filets du roi. C'est Hugh Beringar, son fiancé depuis l'enfance et partisan d'Etienne qui va être chargé de la retrouver. Retrouver une femme en fuite, qui se cache, qu'il n'a pas vue depuis 6 ans, et qui avait 12 ans à l'époque. Pas si facile.

Une fois le château pris, le roi, poussé par ses conseillers car il est plutôt d'une nature calme et passive, fait pendre en mesure de représailles les 94 hommes d'armes qui défendaient le château. Les moines de l'abbaye locale vont s'occuper de rendre les victimes à leur famille ou d'enterrer dignement ceux qui n'avaient pas d'autre tort que de faire partie de la faction opposée. seulement, c'est sans compter avec frère Cadfael, toujours attentif, qui après avoir compté , et recompté, trouve 95 morts. Un de trop, qui n'a pas été pendu, mais étranglé, et déposé nuitamment parmi les victimes politiques pour faire passer un crime civil inaperçu. Le roi n'est pas franchement d'accord avec le fait d'être accusé ou tout au moins complice involontaire d'un meurtre et autorise donc l'enquête pour découvrr qui est le cadavre en trop.

Un bon tome, où apparaissent des personnages qui vont être récurrents. Le roi joue vraiment un rôle cette fois, en tant que personnage, ce n'est pas juste un nom pour situer l'action et l'époque. Le seul problème est qu'une fois découverte l'identité de la victime, et qu'il ne reste plus que quelques suspects possibles, le lecteur qui a déjà lus d'autres tomes découvre rapidement qui est le coupable. Ca ne peut pas être un des personnages qui va revenir par la suite libre, dans les tomes suivants. C'est donc forcément un peu frustrant, et ça me convainc une fois de plus que si j'avais eu la possibilité, j'aurais du lire les tomes dans l'ordre ( bon, encore que, ayant vu l'adaptation en série TV, j'aurais aussi vite deviné)

L'autre petit souci récurrent chez l'auteur, c'est que si elle excelle dans le côté historique, policier, la recherche d'indice.. elle se sent obligée de coller une voire deux histoires d'amour par tome, pas toujours convaincantes. Si ça n'est pas trop abusé pour Hugh et Aline, sa future femme, dans ce tome, l'autre duo est cousu de fil blanc, et se voit venir à des kilomètres. Disons que c'est un paramètre dans lequel elle n'excelle pas, qu'on voit venir avec ses gros sabots et est réglé en 2 phrases et trois coups de cuillère. Donc un léger manque de crédibilité à ce niveau là: oui, des choses du style " holala, mon coeur bat si fort quand je le vois mais qu'est-ce qu'il m'arrive? Franchement je n'en ai aucune idée!" Si le reste était mal ficelé, ça ne ressortirait pas autant, mais comme l'ensemble est bien, ça dénote. J'ai vraiment l'impression que l'auteur a voulu remplir un cahier des charges. Obligatoire: mettre une histoire d'amour parce que sinon les intrigues politiques vont lasser le public. Mais qu'elle s'en fiche un peu alors fait vraiment le minimum syndical de ce côté là. D'ailleurs, c'est surtout au niveau des derniers tomes que ça va se faire le plus sentir, la baisse de forme atteint aussi l'intrigue policière.
C'est un peu dommage parce que le cadre, l'ambiance, l'histoire, les personnages sont biens. D'autant dans ce tome où les factions qui s'opposent jouent vraiment un rôle.

L'Italie en musique ( 2) - spécial Venise

Car je n'avais pas encore eu l'occasion d'en parler avec le challenge  Halloween qui s'est achevé il y a peu, le challenge Italien de Eimelle est prolongé pendant un an sous le nom " Il viaggio", avec une thématique spéciale , mise en avant chaque mois.

Et en Novembre, c'est "Venise".. en littérature, en BD, en Peinture, en cuisine, tout ce que vous voulez..
Et bien sûr , de mon côté, en musique. Parce qu'un de mes compositeurs italiens favoris se trouve être vénitien.
L'un des plus connus. Celui qui est devenu le symbole mondial de la musique baroque italienne, comme Bach l'est pour la musique baroque allemande.

Donc, après avoir parlé de musique médiévale, je fais un bond dans le temps jusqu'au XVII°- XVIII° siècles, on va écouter ( entre autres) un peu de Vivaldi. Je ne vous casserai pas les pieds avec sa biographie, un tour en ligne sera bien suffisant. Ce qui est dommage d'ailleurs quand on regarde également la liste de ses oeuvres, c'est de constater que quasiment le concerto des quatre saisons est connu. Ou plutôt tellement connu qu'il a éclipsé tout le reste.

La notte - concerto N°2 pour flûte en sol majeur ( Sylvain, c'est pour toi ;) )ici par Jean-Pierre Rampal
Les concertos pour basson ( attention, il y en a 7, prévoyez du temps d'écoute) - ça c'est pour moi. Par Sergio Azzolini, une des sommités mondiales du basson.

Mais pour les gens pressés, voilà mon favori, celui en mi mineur ( que je n'ai pas du tout le niveau pour jouer). Petit Détail pour ceux qui ont déjà écouté mes références n basson: celui là sonne tr_s différemment de ce que vous avez pu entendre. C'est normal: Azzolini joue sur un basson baroque, qui sonne légèrement plus grave que le basson actuel

pour comparer, le concerto en Do majeur, sur basson contemporain

Il y a pourtant un autre compositeur vénitien, contemporain de Vivaldi d'ailleurs dont il faut que je dise quelques mots: Tomaso Albinoni. Lui a encore moins de chance:  Son nom est connu et rattaché à un morceau.. qu'il n'a pas composé. L'adagio si célèbre n'est en effet pas de lui, mais de Remo Giazotto, musicologue et compositeur du XX° siècle qui l'a inventé en 1945, pas de toutes pièces, je vous l'accorde, mais en se basant sur une basse chiffrée d'Albinoni et un motif mélodique pioché probablement chez le compositeur allemand Carl Stamitz.

Et pour le vrai Albinoni? voilà un concerto pour hautbois en Ré mineur

et une symphonie en sol majeur.


On est loin de la tonalité dramatique de l'adagio, même sur les passages centraux ou les variations en mineur. Il s'agit de musique de cour, destinée à accompagner les bals des folles soirées de Venise au début du XVIII° siècle. L'adagio est agréable à écouter, je ne dis pas le contraire, mais se trahit par ses grandes envolées lyriques de cordes et ses énormes ralentis qui n'ont rien de baroque. Donc rendons à Tomaso ce qui est à lui.

Et sinon, un petit détour par d'autres compositeurs, qui évoquent Venise sans être même italiens:

Venise la rouge - Gounod ( sur un texte de Musset)

Attention, décadence!
Le morceau évidemment le plus connu dans ce cas là, c'est la barcarolle des contes d'Hoffman, d'Offenbach. Tout l'acte deux se passe d'ailleurs A Venise, certes, mais plus préciément dans un bordel (d'où les statues de femmes nues de cette mise en scène qui n'oublie pas que Venise était aussi la porte de l'orient, d'où les danseuses et costumes exotiques) -ô belle nuit d'amour.. mais tarifée!
D'ailleurs Giulietta , la principale prostituée est hautement corruptible et échange son âme contre un diamant, quelques minutes plus tard.
Comme j'ai trouvé les deux morceaux extraits de la même mise en scène, j'en profite, d'autant que Scintille diamant est probablement mon morceau favori de tout Offenbach. Et je ne pourrais jamais le chanter ailleurs que dans ma salle de bain, n'étant pas une basse :(

a très bientôt pour une prochaine étape du grand voyage!

vendredi 20 novembre 2015

L'art et la manière... de le regarder - Hubert Comte

Un tout petit livre trouvé par hasard dans la salle des employés du musée où je travaille: nous avons une étagère en salle d pause, où chacun laisse à libre disposition revues et livres dont il n'a plus l'utilité, ou qu'il n'a pas aimé, au cas où ils intéresseraient quelqu'un d'autre. Une des rares choses sympa à mon travail. Et ça permet d'occuper un peu les longues journées en cette saison où il n'est pas rare d'avoir seulement 10 visiteurs dans la journée. Tout en améliorant nos connaissances dans notre domaine de travail.
Editions Volets Verts ( ça ne se voit pas bien)

Je n'avais pas entendu parler de cet auteur, qui a écrit plusieurs essais sur l'art, je viens de voir un blog qui lui est dédié avec une bibliographie complète.

Ce petit livre donc est destiné a priori a un public qui ne fréquente pas les musées, par manque de temps, par timidité devant un lieu parfois trop impressionnant qu'il ne sait pas trop par quel bout commencer.
Mais aussi éventuellement aux professeurs ou animateurs désireux d'amener leurs élèves à la découverte des musées. Hubert comte répond donc de manière simple aux questions que l'on peut se poser: comment aborder le musée proprement dit, comment faire aimer l'art, comment l'aborder, et au fait , à quoi sert l'art? quelle est la meilleure distance pour observer un tableau, une statue... quelques conseils simples comme tourner autour d'une statue par exemple s'il y a la possibilité, pour regarder les jeux de lumière à la surface de la matière, où d'amener quelqu'un à l'art parfois par un chemin inattendu il cite l'exemple d'un jeune homme en formation pour devenir poissonnier qui est tombé à sa première visite du Louvre en arrêt devant la nature morte à la raie de Chardin, trouvant de lui -même une porte d'entrée qui l'a peut-être amené un jour à aller vers d'autres natures mortes ou vers les marines...

Il raconte aussi comment lui-même a découvert le monde des musées par hasard: parce qu'une institutrice lui avait raconté de manière passionnante le monde gaulois et romain, il a voulu voir s'il restait des traces de cette époque, et son père l'a amené au musée local voir la section gallo romaine, les monnaies, les sculptures trouvées dans sa région.

Un chose qui m'a interpellée à un moment, parce que ça fait écho à ce que je vis tous les jours: il parle des photographes ( photos sur pellicules encore en 1996 quand le livre a été écrit) qui photographient tout... et ne regardent rien. Avec le numérique et les smartphones, j'en vois tous les jours des comme ça: ils font le tour du musée, photographient tout, parfois sans exception, titres compris.. et se retrouvent après avoir vu 2 salles -la conformation du musée ou je travaille, autour d'un escalier à vis, fait qu'en quittant la salle 11 on doit monter l'escalier pour aller en salle 12, si on continue on a fait un tour complet de l'étage et on se retrouve en salle 8. Nous sommes là pour indiquer aux gens qu'il faut monter à l'étage d'ailleurs. Et tout les jours ils y en a qui reviennent sur leur pas, persuadés de n'avoir pas vu la salle 8, simplement parce qu'ils étaient trop occupés à la photographier sous tous les angles. Ou à la traverser sans vraiment regarder ( les jours de pluie, il y a pas mal de gens qui viennent là juste pour se mettre à l'abri et pouvoir dire ensuite " j'ai fait un musée")

L'autre remarque qui me parle c'est, à propose du visiteur type qui vient ne voir que l'oeuvre principale du musée: " il n'est pas recommandé de se boucher les yeux en traversant les salles avoisinantes du musée, c'est peut-être l'occasion de découvrir une nouvelle passion , qui sait? Un moment, même court face à une autre oeuvre ne peut être que bénéfique [...] de toutes façons, JE CRAINS L'HOMME D'UN SEUL TABLEAU."

deux anecdotes personnelles ici:
La première, c'est une dame qui me demande
 - qu'est-ce qu'il y a au deuxième étage?
- La suite, on reste dans la peinture italienne, mais les décennies suivantes, là vous êtes aux début XV° siècle, à l'étage, c'est premier et deuxièmes quart du XV°
- Mais est-ce qu'il y a des Vierge et l'enfant?
- euh, oui, un jour avec une collègue, nous avons compté tous les tableaux du musée portant ce titre, et vu que c'était le sujet favori du collectionneur, il y en a plus de 70 exposées...
- non parce que moi, je ne veux voir que des Vierge et l'enfant, je les photographie toutes, j'en ai plus de 600 en photo chez moi.

J'ai quand même trouvé que c'était une passion un poil exclusive!

Deuxième anecdote: il y a, là où je travaille" un tableau " attribué à Botticelli", parfois des gens viennent de loin pour le voir, uniquement parce que c'est le seul nom qu'ils connaissent. Certains payent l'entrée uniquement pour celui là. C'est un Botticelli de jeunesse, peut être même fait à plusieurs mains en atelier mais le nom est célèbre, c'est tout ce qu'ils veulent. Sans prendre en compte le fait que Botticelli ne vient pas de nulle part, qu'il a travaillé avec d'autres peintres qui l'ont influencé, c'est sympa aussi de voir ce qui se faisait avant. Mais non!

Un jour un monsieur arrive dès l'ouverture et se campe devant pendant bien 1h45. Pensant qu'il voulait le voir en priorité, ça arrive parfois, je lui propose de repartir au début pour voir le reste de la collection. Le monsieur, fort agressif, se met en colère, et me crie dessus! Ne me laissant pas faire, je lui demande pourquoi il s'énerve comme ça, alors que je fais que mon travail. réponse
- " je suis venu du Canada pour le voir, je l'ai vu il y a 16 ans lors de mon premier voyage, je voulais absolument le revoir, maintenant je m'en vais, où est la sortie?"
- euh, d'accord, donc pour sortir, vous descendez l'escalier, vous traversez la salle16
- Je ne veux pas traverser la salle 16
- Vous allez être obligé, parce que la sortie est au bout de la salle 16
- Vous êtes bouchée? je vous dis que je ne veux pas traverser et voir d'autres tableaux!
- Et moi, je vous dis que vous allez être CONTRAINT de traverser la salle 16 parce que la sortie est AU BOUT et qu'il n'y en a PAS d'AUTRE.
- Et bien je la traverserai COMME CA! ( geste de marcher en baissant la tête et en se bouchant les yeux pour être sur de ne pas voir autre chose)
Je ne sais pas, peut être qu'il imaginait que voir un autre tableau allait le rendre aveugle en lui brûlant la rétine.
Concrètement je n'ai jamais vu de ma vie de gardienne de musée quelqu'un d'aussi borné. Des relous, des bizarres, des ésotéristes illuminés adeptes de la théorie du complot qui analysent chaque tableau à l'aune du Da Vinci Code oui. Des bornés à ce point, non.

Une lecture courte, pas difficile puisqu'elle s'adresse à des amateurs, voire des novices, et que je conseille quand même à tous, parce que c'est toujours utile d'avoir des pistes.
Par exemple " poivrons rouges sur table ronde laquée blanche" de Felix Valotton, je ne connaissais pas ce tableau. Mais outre la précision quasiment photographique dans le rendu de la couleur et de la brillance, auteur attire mon attention sur une chose que je n'aurais pas forcément vue a priori: la date ( 1915.. hé , il y a pile 100 ans!)

La date peut avoir une importance: dans ce qui est a première vue une nature morte, la présence de la couleur rouge violente et du couteau au premier plan tout prêt à découper ces poivrons aussi divers que possible a probablement une connotation politique.
Rien que pour cette information, j'ai trouvé ce petit livre très intéressant.

Sylvain? Je te le prête?
Idée 39: Un musée ( un tableau représentant des visiteurs qui admirent les tableaux d'un musée..)

vendredi 13 novembre 2015

Vendredi 13...

Oui, je sais, Halloween est fini, mais c'est quand même vendredi 13, quoi...

Hilde nous propose un petit livre sur les superstitions.

Du côté de ma mère on a toujours été des gens plutôt rationnels, (enfin, la génération de mes grands parents.. il y a quand même à la maison une photo de pépé habillé en petite fille dans les années 1910, parce qu'on pensais que les démons emportaient les âmes valables: celels des garçons, et qu'habiller un garçon en fille c'était le moyen d'éviter ça)
 Par contre du côté de mon père, c'est une autre histoire. Ma grand-mère paternelle devait les avoir toutes. Et elle n'a jamais été fichue de donner la moindre raison valable à tout ça. Après elle venait d'une famille de forains italiens, ceci explique celà. Mais pour moi aucun chiffre aucun chat n'est plus néfaste qu'un autre. J'ai fini par trouver des explications un peu logiques au fil du temps.

J'ai donc eu droit dès ma plus petite enfance à un florilège de choses que mon côté rationnel n'a jamais pu accepter:

- il ne faut pas ouvrir un parapluie à l'intérieur: jamais compris pourquoi, mais je préfère quand même vérifier les baleines, chez moi avant de sortir que me retrouver trempée devant ma porte à cause d'un parapluie défectueux. Jamais trouvé d'explication à ça.

- il ne faut pas allumer 3 cigarettes avec la même allumette: oui mémé, mais j'ai 8 ans et je ne fume pas. J'ai fini par trouver une explication qui date de la guerre de 14: Dans l'ombre la flamme et l'embout allumé de la cigarette pouvaient révéler à l'ennemi en face votre emplacement. A la première, il vous repère, à la deuxième, il vise, à la troisième, il tire. Aussi simple que ça.
Mais ça n'est plus la guerre les amis.

- il ne faut pas retourner le pain: celle là, même mon père la faisait. Et je me demandais pour qui mémé grattouillait sous le pain avec la pointe du couteau. Et ces deux superstitieux le faisaient " parce que c'est comme ça", sans connaître la raison: évidemment, il leur aurait fallu aller chercher du côté du moyen-âge, quand le boulanger mettait à part à l'envers, le pain destiné au bourreau pour qu'il ne soit pas vendu à un honnête client qui travaille honnêtement - peut importe qui le client en question était un coupe-bourse qui venait honnêtement acheter un pain avec l'argent qu'il venait de dérober par ailleurs. Quand à grattouiller, elle faisait une croix pour " contrer le mauvais oeil" quand le pain s'était retourné. Ca m'éclatait tellement que je le mettais volontairement à l'envers quand on m'envoyais mettre la table, parce qu'il faut savoir à côté de ça que mémé, et mon père aussi, se considéraient comme des gens rationnels

- toucher du bois: ça aussi, ils n'ont jamais été fichus d'expliquer pourquoi ils le faisaient,autrement que " bah, c'est comme ça". Tout en m'éduquant à ne pas me contenter de " c'est comme ça" comme réponse valable. Va y comprendre quelque chose!
la patte de lapin porte chance, enfin, sauf aux lapins...

- jeter du sel sur son épaule: quand on l'a renversé. Ca m'a toujours paru louche, parce qu'à côté, on me forçait à manger parce qu'il ne faut pas gâcher. quelle est donc la logique de gâcher un peu plus de sel en le jetant par terre quand on vient déjà de renverser une demie salière par terre? D'après ce que je vois, c'est en rapport avec l'étymologie du mot salaire ( ce qui n'explique rien: tu as déjà perdu une partie de ton "salaire", n'en jette pas plus au propre comme au figuré)

- le chapeau sur le lit porte malheur. Non seulement, c'est ballot, mais à 8 ans je n'en portais pas, mais en plus là aussi,  personne n'a jamais su expliquer que c'est une histoire liée à la mort, au fait qu'on pose sur le lit le chapeau d'un mort, à ce qu'il parait. C'était peut être vrai quand les chapeaux étaient à la mode.

-il ne faut pas passer sous une échelle: ma mère complétait toujours à sa manière, histoire de démontrer l'absurdité du truc: en tout cas, pas quand il y a quelqu'un qui bricole dessus, c'est un coup à se prendre un pot de peinture ou un marteau sur la tête. C'est le seul cas où c'est logique....

Mais bon, à en croire mémé, TOUT portait malheur. Vivre portait malheur, et j'ai envie de dire que oui, vivre porte malheur puisqu'on finit toujours par en mourir!
Mémé, je me moque, je sais, et si ton fantôme me lit... ben tu me manques! Ah oui et je m'excuse pour les petites plaisanteries avec le pain retourné, je sais j'étais une sale gosse :D

Une liste de superstitions courantes, sans leur explications, dommage, parce que ce qui est intéressant, c'est de trouver les origines, parfois complètement mythiques d'un truc. Et c'est là qu'on se rend compte qu'il est aussi peu probable d'attirer la malchance en étant 13 quelque part qu'en étant 12 ou 14.Et l'habitude,  toute italienne, de jeter des pièces dans la moindre fontaine, voire le moindre trou. Ben c'est la faute aux Romains, qui faisaient des offrandes aux divinités des sources et des puits pour éviter qu'ils ne tarissent.

Il y en a qui m'éclatent:
Le pain:
- En Ecosse, il est interdit de chanter pendant sa cuisson. 
 Mais pourquoi? pourquoi? non d'un petit bonhomme en pain d'épice! si on chante faux,il ne monte pas?
Le sel:
- Pour les Danois, faire tomber du sel provoque la chance.
 Tiens mémé, tu vois, c'était pas la peine de paniquer!
Le verre:
- casser du verre porte chance: preuve que ma mémé se trompait, elle disait que ça portait malheur. Et pour elle le fait de risquer de se couper en le ramassant était une preuve. Oui, mémé, c'était un phénomène.
Avec tous les verres et les assiettes que j'ai cassés depuis ma naissance, je devrais nager dans la chance, parce que j'ai eu une période ou j'étais vraiment maladroite! Ben même pas, preuve que c'est du pipeau.

Juste pour le plaisir, une croyance japonaise que j'ai sue et qu'on m'a expliquée: Il faut cacher ses pouces sur le passage d'un convoi funéraire. Parce que les pouces sont censés représenter les donc, des gens qui s'il sont encore vivants, ont toutes les (mal)chances de mourir avant vous. Et leur "laisser voir" un convoi funéraire c'est attirer la mort sur eux.
Autre chose, il n'y a pas de chambre 4 ( shi) dans la plupart des hôtel ni dans les hôpitaux, parce que shi est homophone du mot " mort". Il n'y a pas non plus de chambre 9 à l'hôpital ( Kû ou kyû) homophone du mot "souffrir".

Et ailleurs?
Des supersistions russes
Des superstitions britanniques
Des superstitions chinoises
Logique absolue! Merci Groucho!

En attendant avec cette manie de croire sans discernement à tout et n'importe quoi, les refuges pour animaux sont encore pleins de chats noirs que personne ne veut adopter " au cas où ils porteraient malheur". Donc si un jour, j'adopte un chat, il sera noir et je le nommerai "Porte-guigne" ou "Satan" ou un truc du style ( Lilith si c'est une femelle). Parce que j'aime emmerder le monde!

oui c'est nase mais ça me fait rire
Et pour conclure en musique ( blues et soul évidemment)



vendredi 6 novembre 2015

Entretiens de Tim Burton avec Mark Salisbury

Voilà un livre qui a attendu , spécialement pour ce mois Halloween - qu'il va donc conclure - merci pour le cadeau , Sylvain!

Il s'agit en fait d'une série d'interview, regroupées en livre et liées entre elles données par Tim Burton, le réalisateur que j'apprécie énormément, au journaliste Mark Salisbury. Il y retrace sa carrière, depuis son enfance à Burbanks, banlieue sans grand intérêt de Californie, jusqu'à Sweeney Todd, dernier film réalisé au moment de la parution du livre ( manquent donc à l'appel les plus récents), en passant par sa formation chez Disney, qui a été à la fois une expérience enrichissante... et une torture mentale. Imaginez Tim Burton dessinant pendant des mois de gentils renards pour Rox et Rouky... vous saisissez l'idée.
Donc un chapitre = un film, par ordre chronologique.
Où j'ai donc pu découvrir que, si j'ai trouvéVincent via le net, je n'avais jamais entendu parler des courts métrages qu'il a fait entre Vincent et Pee Wee Big Adventure.
Dont une version Kung fu d'Hansel et Gretel. Je veux voir, ça , je veux me marrer à plein tubes...

Et de me rendre compte que sur tous les films évoqués, il n'y en a que 2 que je n'ai pas vus: Pee Wee, trop ancien et pas forcément rediffusé, et Big Fish, que je n'ai pas aimé du tout. J'ai mieux compris pourquoi en lisant la genèse de ce film en particulier.
juste pour le plaisir , les petits chiens, récurrents: Zéro
Car ces entretiens sont à la fois un historique - sans date, Tim Burton précise qu'il a une très mauvaise mémoire des dates - des films qu'il a réalisés, mais surtout l'occasion d'avoir un témoignage de première main, puisque du réalisateur lui même, sur ce qu'il voulait faire, sur la genèse parfois difficile de certains films.
Où l'on découvre aussi que ceux qui ont eu le plus de succès, mais ont été le plus descendus par la critique ( Batman et la planète des singes) sont justement ceux qui ont été les plus difficiles à réalisés pour des raisons de contraintes de temps, et de production: grosses productions soumises à l'aval des majors qui veulent avoir un regard sur tout, discutaillent pendant des heures et des jours. et sur lesquels il s'est personnellement le moins amusé.
Les dessous de l'industrie du cinéma sont donc abordés, et ils ne sont pas toujours très jolis. Mais présentés de manière assez irrésistible par quelqu'un qui en fait un portrait mi-amusé, mi-consterné, un réalisateur qui a été formé à l'animation à l'ancienne  et qui navigue dans un milieu auquel il a malgré tout pas mal de difficultés à s'adapter . Et c'est même un miracle qu'il s'y soit fait un nom, un coup de pot du à quelques bonnes rentrées d'argent sur Pee Wee et Batman qui lui a permis de se faire connaître tout en restant " le gars bizarre et imprévisible"

J'ai vraiment beaucoup aimé, si on connaît ses films, ça permet d'en savoir plus sur leur origine, la manière dont ils ont été conçus, la manière de travailler d'un réalisateur aussi particulier.
Ce qu'il en ressort, c'est que contre toute apparence, il a quand même bien la tête sur les épaules, même si elle fourmille d'idées farfelues, et une manière de travailler intéressante et a contrario de la plupart des réalisateurs qui partent du scénario pour aller vers l'impression. Il insiste plusieurs fois sur le fait qu'il préfère partir d'une idée, d'une impression, d'un ressenti pour aller vers le scénario, ce doit être l'émotion recherchée qui prime. Et ça se sent lorsqu'on voit les films. ils ne sont pas jolis juste pour faire joli, mais aussi foutraques soient-ils forment un tout d'une grande cohérence, par les motifs récurrents.. dont l'auteur n'a pas conscience sur le moment. Ce type est à la fois complètement dans son monde et très ouvert.. tout en gardant un regard critique sur l'industrie dont il fait partie, dont il fera partie jusqu'à ce que son nom n'attire plus. Il est lucide à ce sujet et intègre, et cette intégrité se ressent dans ses films. On a quelqu'un qui pour peu qu'on lui laisse les coudées franches ira jusqu'au bout de son idée, tant pis si elle ne marche pas, mais au moins il tente.
Scraps

il parle aussi beaucoup de son amour immodéré pour les personnages bizarres, les monstres, les laissés pour compte, tous ceux qu'on préfère ne pas voir - ça je m'en doutais- et pour l'animation image par image, et la qualité d'épaisseur, de chair, qu'elle donne au film d'animation que l'animation informatique ne permet pas d'atteindre.
C'est tout à fait ce que je voulais dire lorsque j'ai dit que je préfèrerai toujours Star Wars et ses effets spéciaux faits maison à sa préquelle: maître Yoda en marionnette a une présence que maître Yoda en image de synthèse n'aura jamais.
En plus il mentionne brièvement l'animation traditionnelle via "Le géant de fer" que j'ai eu la chance de voir à sa sortie, que presque personne ne connaît, et qui est formidable.

A lire donc, évidemment si on est fan du réalisateur, ou juste fan de cinéma, pour en savoir plus sur la genèse d'un film de l'intérieur et le monde du cinéma hollywoodien en général. Pas toujours aussi vachard qu'on peut l'imaginer d'ailleurs. Il y a aussi de très belles rencontres.

Les préfaces signées par Johnny Depp , son complice sur.. je ne sais plus combien de films, sont, au passage, adorables: qu'une amitié pareille puisse exister et perdurer dans un milieu aussi improbable est extraordinaire. Et là aussi ça se sent: l'acteur n'est jamais aussi bon que lorsqu'il tourne pour son copain Tim.
Sparky

D'autres lectures dans le cadre du mois Halloween:
Hilde  et Myrtille, qui demande de faire notre film favori, je vais donc faire un top 3
- L'étrange noël, parce que c'est celui qui m'a fait entrer dans sa filmographie déjantée. J'ai été stupéfaite de voir enfin un film d'animation américain sortir du cadre habituel des animations américaine. Le fait qu'il ait été produit par Disney ajoute encore une couche de bizarrerie à la chose ( et Burton reconnaît que bien qu'il ait eu des difficultés avec la firme qui l'a formé , il leur est reconnaissant d'avoir misé sur lui pour ce coup là). Et que la musique y a un vrai rôle, et importe énormément, elle n'est pas là juste pour souligner la narration. Et ça n'est pas non plus une simple comédie musicale.
- Edward aux mains d'argent, parce que là on est dans la bizarrerie à l'état pur.
- Sleepy Hollow: pour son côté très britannique dans le fond, très film d'épouvante à l'ancienne.

Et celui que je n'ai pas aimé
- Big Fish: rien à faire, je n'ai pas pu le finir. Je comprends mieux pourquoi: la narration qui fait d'incessants allers- retours entre passé et présent, l'auteur qui y parlait de choses personnelles qui ne pouvaient pas me toucher: il mentionne que les conflits familiaux sont souvent présent dans ses films... c'est vrai, mais en toile de fond, or là, le conflit familial est au centre de l'histoire et .. non, ça ne me parle pas. Donc même si au final il l'a voulu comme un film sur le rapport entre le réel et la réalité, je n'ai pas pu y entrer, et j'ai vu un film sur un père qui passe sa vie à raconter des bobards et son fils très terre à terre. Il n'a pas marché sur moi, tant sur le fond que sur la forme.

pas vu, outre les deux que je citais: Alice ni Big eyes, pour la simple raison qu'ils n'ont pas été diffusés en VO dans chez moi, donc niet, non, je préfère ne pas les voir que les voir en version doublée. Ca a été le cas pour Dark Shadows, vu en voyage dans un avion où c'était le seul choix intéressant.. il faudra que je puisse le voir en vO pour me faire vraiment un avis.

Aparté: il y a 4 jours quand j'ai parlé de Crimson Peak, j'ai essayé d'imaginer ce que le même sujet aurait donné traité par différents réalisateurs, avec lesquels je suis plus en phase, dont Tim Burton. En me disant que oui, mais non, il ne fait pas vraiment dans le film d'horreur, puisque si la mort est omniprésente dans son cinéma, elle n'est pas perçue comme négative ou flippante.  Une variation sur le sujet de Barbe-bleue ne serait peut-être finalement pas son style.
Mais ça c'est parce que j'avais oublié Sweeney Todd à ce moment là. Un duo d'assassins qui transforment des centaines de gens en pâtés, avec de la violence, du sang mais qui ne prend pas le pas sur le reste. Donc oui, Burton aurait pu s'attaquer à cette histoire sans souci.. et le résultat aurait été probablement très différent.
 ( je sais c'est vain de dire ça, les deux ont un style très différents, et le film n'est pas mal tel qu'il est, mais j'aime bien imaginer "ce que ça pourrait donner si...")

Mais voilà, je l'appréciais déjà énormément en tant que réalisateur, c'est très intéressant d'avoir un aperçu du bonhomme lui-même. D'autant que Grâce à toi, Tim, je supporte enfin mon prénom.





jeudi 5 novembre 2015

Les noces funèbres ( film)

En avant goût de la lecture des entretiens de Tim Burton, un billet cinéma.

Parce que j'avais envie de compléter ma lecture par un de ses films forcément. Oui, mais lequel: j'ai revu Sleepy hollow pour un précédent challenge Halloween, l'étrange Noël aussi (et quitte à le revoir encore une fois, autant que ça soit pendant la période creuse de décembre où je n'ai aucun challenge prévu.). Il me restait un coffret DVD encore non touché contenant Charlie et la chocolaterie ( dont j'ai vu un passage l'autre jour à la TV en VF, donc, non, et les noces.
Ha oui, quand même, c'est en ouvrant le DVD que j'ai vu le papier publicitaire annonçant les sorties DVD du premier semestre  2006. Oui, donc, il attendait depuis 9 ans quand même!
par contre le sous -titre anglais intraduisible était très bon " there is a grave misunderstanding" qu'"un malentendu fatal" n'égale pas vraiment

En fait je l'avais vu à sa sortie au ciné, et j'en avais peu de souvenirs, si ce n'est qu'il est assez court ( 1h 15 à peu près) et qu'il était plutôt drôle, plutôt un clin d'oeil à ses oeuvres passées. Je n'ai pas encore lu le passage qui lui est dédié dans les entretiens.

Donc oui, on retrouve le même principe que pour l'étrange Noël, animation, tout ça. "Les noces funèbres" don, traduction parfaite de "Corpse Bride". Et là je me dis qu'on a eu de la chance que le titre français soit adapté et non traduit, les québécois ont eu droit à "la mariée cadavérique", ce qui est bien plus proche, mais sonne quand même moins bien

Dans une ville terne, grise, ou tout se monnaye, Victor Van dort, fils de poissonniers parvenus mais désireux de monter dans l'échelle sociale, va devoir épouser Victoria Everglot, fille de nobles ruinés, que cette mésalliance révulse, mais qui ne peuvent pas refuser un riche prétendant.
Victor et Victoria ne se sont jamais vus, ce sont les deux sacrifiés de ces familles qui ne pensent qu'à l'argent ou la position sociale que ce mariage va leur apporter. Le point de vue des intéressés, les parents des deux côtés s'en fichent.
Mais voilà, Victor et victoria se plaisent finalement plus ou moins en constatant qu'ils sont tous les deux dans une situation non choisie, mais qui pourrait être pire: Victor, maladroit mais sympathique qui a du mal à aligner deux phrases s'exprime par la musique, et Victoria aime la musique mais n'a pas le droit d'en jouer.

Et comme tout doit être parfait, pas question de célébrer le mariage simplement non, il faut une répétition d'abord.. où Victor va paniquer,  commettre maladresse sur maladresse, oublier le texte exact de la demande en mariage  et mettre le feu à la jupe de sa future belle-mère. On a vu mieux comme présage.
alors qu'il se lamente sur son incompétence, il répète donc son texte comme un acteur, jusqu'au moment où il arrive dans un bois. Misère: la demande en mariage cette fois parfaitement articulée a réveillé un cadavre: celui d'Emily, qui d'une main osseuse, l'entraine dans le monde des morts.
Emily est sympathique, drôle, quoiqu'un peu maigrichonne. Autant dire qu'elle n'a que la peau sur les os. Et encore, pas sur tous...

Emily devait se marier des années plus tôt avec un homme qui n'en voulait qu'à son argent, et l'a assassinée sitôt qu'il a eu mis la main sur le magot. Seule une vraie demande en mariage pouvait la libérer de son sort et l'envoyer réellement à sa place dans le monde des morts. Sauf que Victor le vivant se retrouve marié à Emily la morte.. tout en étant fiancé à Victoria restée dans le monde d'en haut. Problème en vue!

Ce moyen métrage n'est pas le plus marquant dans la carrière de Burton, disons qu'il pâtit forcément un peu de la comparaison avec son prédécesseur Jack,  mais j'ai bien apprécié de le revoir. Les clins d'oeil évidents à Mister Jack, l'ambiance musicale festive et colorée du comité d'accueil de l'autre monde - avec un numéro de danse de squelettes en référence à la danse macabre de Disney dont je parlais au début du challenge - bien plus vivante que le monde d'en haut où les fêtes ont des airs d'enterrement. Les "animaux de compagnie d'Emily sont assez drôles": une araignée qui commente l'action et un asticot qui vit dans son oreille, ou s'amuse avec son oeil, sorte de version morbide de Jiminy Cricket...
Les petits hommages discrets aussi de Burton à un de ses animateurs favoris ( le piano est de marque " Harryhausen"), ou les parents de Victoria qui se trompent de prénom et appellent le garçon " Vincent". Ce genre de détails est un bonheur. Il faut dire que Victor pourrait facilement être le grand frère un peu mieux coiffé de Vincent.

Ca et entendre encore une fois LA voix. Celle qui va me manquer le plus. Christopher Lee y double le curé irascible.

Et pour le plaisir, le principal morceau musical du film, chanté par l'inévitable compère Danny Elfman, alias " Bone Jangles"
Die, die, we'll all pass away...
Mais j'avoue que ma séquence favorite est bien évidemment celle ou les fantômes et zombies, bien décidés à aller fêter la noce de manière officielle dans le monde des vivants, viennent mettre un souk pas possible là haut!
En tout cas, dans les Entretiens, Burton dit son goût immodéré pour l'animation image par image, et je suis bien d'accord avec lui, même si ça prend du temps.

Hum, si j'avais pu aller sur Paris début octobre, j'aurais adoré aller à ce concert, parce que oui, définitivement, une des choses qui font que les films de Burton marchent aussi bien avec moi, c'est que la musique y est hyper soignée (j'y reviendrai dans l'article sur le livre).


lundi 2 novembre 2015

Crimson Peak ( film)

Bon, voilà j'en reviens, et comme c'est le jour des défunts, que le réalisateur est mexicain, pourquoi attendre? Billet Spécial " Dia de los muertos"!


Donc l'affiche avait attiré mon attention il y a quelques jours, d'autres personnes l'ont vu en ce mois Halloween, m'ont dit qu'il était assez dans la veine du Labyrinthe de Pan, du même réalisateur et que j'avais bien aimé... Donc go, le ciné le diffuse en VO, et ça me donnera donc enfin l'occasion de voir réellement le dans un rôle principal Machin, alias " l'acteur au nom difficile à retenir dont pas mal de gens semblent être fans".
Je disais  par ailleurs que pour moi, ce sont plutôt les visages que j'ai du mal à retenir, donc plutôt " où est-ce que j'ai déjà vu cette tête". Merci Google, donc, dans un rôle secondaire , dans la plupart des épisodes des "enquêtes de l'inspecteur Wallander", série avec Kenneth Branagh - alias, "le rouquin que j'aime bien mais dont je vais éviter de dire le nom pour ne pas me taper la honte avec mon accent frenchie".

Je ne savais pas de quoi ça parlait, au delà de l'affiche d'esprit gothique. Bon, rien qu'avec l'affiche, vous savez déjà qui est l'innocence même, et qui est la garce.

Je m'étonne toujours de cette tendance récente à mettre le nom de quelqu'un sous la photo d'un autre? Donc ici, le brun s'appelle Jessica, et la blonde Tom. La brune a un nom de femme, mais pas de bol, c'est pas le sien. Si quelqu'un a une explication rationnelle à cette mode?
Donc pour résumer, Edith Cushing, la blondinette, est américaine, de famille riche, et a des ambitions littéraires. Elle veut écrire des histoires de fantômes, son éditeur lui demande des histoires d'amour, ce qui ne la tente pas du tout. quand on lui demande si elle se prend pour Jane Austen, elle répond qu'elle préfèrerait être Mary Shelley - et me donne l'occasion d' enchaîner directement sur mon billet d'hier.
Elle voit aussi les fantômes, et par deux fois le fantôme de feue sa mère est venu lui dire d'éviter un endroit nommé "Crimson Peak" dont elle n'a jamais entendu parler, et qu'elle ne saurait même pas situer sur une carte.
Elle a aussi des idées progressistes et une horreur des snobs, des titres de noblesse et de tout le tintouin que peut faire une femme de sa connaissance qui fanfaronne à propos d'un lord anglais, avec titre, château... qu'elle a ferré si facilement.
Je t'aime déjà, toi!

C'est alors que bien sûr, alors qu'elle tape son manuscrit dans le secrétariat de son entrepreneur de père, elle est abordée par Mr. Sharpe, qui vient essayer de tirer des fonds auprès de Mr. Cushing. Sharpe est sympathique, souriant, l'air un peu perdu, et vante les mérites du manuscrit d'Edith auquel il a peine jeté un oeil.
C'est aussi un beau parleur, et un peu excentrique, juste ce qu'il faut pour embobiner une fille qui a la tête un peu trop dans les nuages. Tant pis pour le fait qu'il soit lord et possède un manoir, la donzelle semble vite oublier ses principes sociaux avec quelques jolies phrases taillées sur mesure.

Ce qui ne plaît guère au paternel qui a fait des recherches sur le monsieur quand même assez louche, et s'empresse de demander entre quatre-z'yeux à cet anglais trop poli pour être honnête de dégager presto ( lui et sa pétasse de frangine également louche, c'est pas dit exactement comme ça, mais c'est l'idée)

Aussi lorsque le père décède dans des circonstances aussi brutales qu'inattendues, Edith va évidemment se précipiter et épouser en justes noces son prétendant, qu'elle suit jusqu'en Angleterre. Puisque papa n'est plus là pour l'empêcher de faire ce qu'elle veut - le fait qu'il ait été violemment assassiné ne semble pas lui paraître très important . Après tout c'est juste son seul parent encore en vie qui vient de mourir, de mort non naturelle, alors hein, pourquoi rester dans son pays à attendre l'enquête policière pour savoir qui a eu l'idée de faire passer son paternel de vie à trépas, pour suivre précisément les gens à qui le paternel en question avait refusé du pognon peu de temps avant sa mort suspecte.

Ah, l'Angleterre, Londres, la classe ultime...
bienvenue dans ma modeste demeure...qui part en loques
Surprise, le manoir en pleine cambrousse est croulant, la toiture laisse entrer les feuilles mortes, la maison est construite sur une carrière d'argile qui teinte tout de rouge sang: l'eau, les murs.. les nombreux fantômes qui traînent par là.
Et puis il y a Lady Lucille, la soeur de Lord Sharpe, tellement polie, tellement bien élevée, mais dont le spectateur voit d'emblée qu'elle déteste cordialement Edith.
Mais que va-t-il se passer?

mais oui,  que pourrait-il bien se passer dans un endroit aussi joli dont le proprio est si.. si... heu.. avenant?
Ah oui, car évidemment, elle n'apprendra que bien tard que la région entière est surnommée " Crimson peak" par les habitants du coin, car l'argile qui remonte du sol colore de rouge la neige fraîche.

En fait, c'est du Guillermo Del Toro, je l'ai dit. Donc une histoire so British, avec lord, lady, manoir, neige, fantômes.. mais traitée de manière très hispanique en fait.

Autant j'aime bien l'ambiance qui se dégage de cette demeure trouée, humide, visqueuse.. autant il y a par moments une surenchère d'effets un peu trop grand-guignol qui désamorcent tout le côté réellement malsain de l'histoire pour une violence un peu caricaturale.
Je l'avais trouvée mieux gérée dans Le Labyrinthe où le monde monstrueux de l'imagination de la gamine était opposé à celui réellement violent de l'Espagne franquiste.
Là... il y a un peu trop d'effets faciles, de jump-scares ( voir mon billet sur Halloween, le dossier du fossoyeur) attendus, de fantômes bien bien moches, et par conséquent... j'ai ricané. Hé oui. Je m'y attendais un peu connaissant le réalisateur. Mais à un moment, l'espèce de fantôme zombie qui rampe dans le couloir ressemble tellement à la marionnette des contes de la Crypte, ou a Eddie, des pochettes d'Iron Maiden que j'étais presque obligée de me marrer. Heureusement, j'étais seule dans la salle, les gens se seraient demandé pourquoi je rigolais au moment flippant.
oui là.. et pourtant il y a un effet visuel intéressant, cadrage, point de fuite, couleurs... qui tombe à plat quand on voit le fantôme de face

Ca et les effets sonores un peu trop appuyés. Une ombre qui passe furtivement au fond d'une pièce c'est inquiétant. Pas besoin d'en faire plus. Si on lui rajoute un gros " fssssssh" façon épée qui sort d'un fourreau, ça casse le côté menaçant.
Voilà pour le négatif: les effets visuels et sonores un peu trop faciles qui pètent vraiment l'ambiance.
Je sais que pour la plupart des spectateurs, horreur = litres de sang, mais moi, ça me fait plus marrer qu'autre chose.
Du coup, je me suis prise à penser ce qu'auraient pu donner la même histoire avec les mêmes acteurs, mais traitée par Burton, Carpenter, Cronenberg... autant de gens qui jouent souvent sur le macabre, mais avec des univers visuels très très différents. Oui, tiens, je serais très curieuse de savoir ce qu'aurait pu en tirer le Cronenberg disons, de l'époque  Faux-semblants. Donc des gens dont je me sens plus proche d'un point de vue personnel dans leur approche du macabre. Ou même Lynch, même s'il ne me convainc pas toujours non plus, Eraserhead reste le summum du bizarre-malsain.
Voilà, ça c'est dit, Del Toro en fait trop à mon goût, et je répète bien à MON goût. Tant mieux si le le film tel qu'il est trouve son public, mais pour le coup je ne le trouve pas... assez sombre.
Je ne sais pas si ce que je raconte a un sens, parce que pour moi saignant ne signifie pas sombre. Et pourtant il y avait de très bonnes pistes, entre un coup de couteau et un coup de hachette. Donc je donne un exemple tout frais dans ma mémoire, d'autant que les deux films ont des points communs: Shining n'était pas saignant , enfin, très peu, et pourtant bien plus sombre dans son exploration quasi clinique de la folie. Dommage parce qu'il y avait vraiment de bonnes choses, que ce soit au niveau visuel et surtout au niveau de l'interprétation très bonne pour les 3 principaux personnages.
En fait toute la partie américaine m'a bien plus plu, dans le rapport trouble que les 3 ont entre eux, les jeux de regards... que la suite, où ces rapports existent encore mais sont un peu en retrait derrière les apparitions fantômatiques.

Pour les bonnes choses, et ça j'en parlais déjà pour Kubrik ou Carpenter, je vais donc me répéter:

Cadrages, profondeur de champ, éclairages, mouvements de caméra... Guillermo del Toro maîtrise très bien tout ça. La montée de la tension avec ce décor qui est lui même un personnage à part entière, quasiment vivant. C'est donc d'autant plus rageant pour moi de voir de très bonnes choses ( je ne sais pas qui sont les chefs op' et les photographes, et cadreurs, mais ils sont bons aussi, n'oublions pas tous ces gens sans qui le réalisateur ne pourrait pas non plus mener son film à bien) tomber parfois à plat. Les jeux de couleurs sont intéressants aussi, je pense qu'il y a quelque chose derrière le fait que certains fantômes apparaissent noirs, d'autres rouges ( là j'ai compris pourquoi) et un seul... blanc ( oui je me doute aussi)
Je me demande s'il n'y a pas un clin d'oeil à Shining, entre ces escaliers et la scène de poursuite dans la neige au milieu des machines. Et le fait que l'héroïne soit littéralement séquestrée au milieu de nulle part avec des visions qu'elle semble seule à avoir.

Et reste donc à aborder les acteurs. Mamma mia, je suis mal barrée, misère la blondinette a un nom encore plus imprononçable. Elle est bien dans son rôle d'oie blanche pas si innocente que ça - bien que, malgré sa culture littéraire, quand on lui dit " il y a un sous-sol.. il ne faut pas y aller".. non apparemment ça ne lui évoque rien. Elle va même piquer une clef pour aller ouvrir la caisse qui s'y trouve. J'ai bien aimé ce clin d'oeil à barbe-bleue qui n'est pas là juste pour faire stylé.
Bon, scénaristiquement, il y a des choses que je voyais venir:
Attention spoiler!
Le thé " amer", la relation glauque entre le frère et la soeur, l'identité du meurtrier du père d'Edith, les femmes épousées pour leur argent et assassinées
fin spoiler!
J'aime beaucoup Lucille, elle est fielleuse et menaçante à souhait sous ses sourires. L'actrice est très bonne aussi. Dans le registre " garce" qui ne se cache même pas. Le genre de personnage que j'aime détester... Remarque de nana: j'adore ses tenues, même si faire la cuisine en robe de velours bleu nuit n'est pas très indiqué! Mais je n'aime pas du tout les vêtements d'Edith, manches ballon et froufrous.
fliiiiiiippante!
Et donc l'acteur principal. Je comprends mieux l'engouement autour de lui. Je le disais, il est excellent. Il a ce talent tout britannique d'être toujours sur le fil, plusieurs fois je me suis demandé si son personnage était un excentrique perdu dans ses projets, un sentimental un peu paumé ou un faux-derche de première catégorie qui embobine l'héroïne pour obtenir un financement de son père.

Non, vraiment il a le talent de dire des phrases absolument ridicules dignes de romans sentimentaux, avec juste l'expression furtive qu'il faut pour que le spectateur comprenne que c'est du gros pipeau, mais sans en faire non plus des caisses.
Faux-jeton en vue, faux-jeton en vue! et elle regarde ailleurs évidemment..
Le coup du cours de valse à l'européenne était tordant: Pour résumer, " quand on sait valser élégamment, on peut danser en tenant une bougie, sans l'éteindre", suivi d'une démonstration à se faire pâmer les donzelles niaises éblouies. Tu crois que je ne les ai pas vus, peut-être, ton sous-entendu grivois, et ton sourire en coin?
Toi, tu vas entrer directement en bonne place dans ma liste " top des acteurs anglais", catégorie révélation de l'année.
Quand un monsieur vous demande de lui tenir la bougie.. euh, mais non voyons y'a PAAAAAS de sous-entendu grivois!
Non vraiment faut que je mémorise son nom et sa tête, il est très bon.
Et d'autant plus que j'ai pu voir le film en VO et allons y pour la remarque de donzelle niaise, faut bien que j'en fasse une aussi: très jolie voix, bien modulée,qu'évidemment, je n'avais pas pu apprécier dans la série en VF.
Avec en prime l'accent britannique que j'aime beaucoup et que je comprends bien sans sous-titres.
Je crois que vous avez compris maintenant depuis un certain temps que je suis sensible aux voix plus qu'à quoi que ce soit d'autre.

Mais bon, il a quand même aussi une tête qui sort un peu de l'ordinaire, je devrais arriver à m'en souvenir, sauf s'il nous fait une carrière à la Gary Oldman. Je l'apprécie, lui aussi, mais il change tellement de tête d'un rôle à l'autre que j'ai toujours du mal à le reconnaître. Et quelque chose me dit que Tom Hiddleston ( ayet, j'ai réussi au moins pour le nom), va suivre un peu le même chemin. En tout cas pour le côté "sourire faussement sympathique au point d'en devenir flippant", c'est déjà fait.

Donc encore un truc qui joue en faveur de Del Toro: choisir pile l'acteur ou l'actrice qui convient. Sergi Lopez aussi était excellent dans le Labyrinthe de Pan. Mais voilà, j'avais trouvé le rapport violence mentale/ hémoglobine mieux géré dans Pan. Film bon.. mais juste un peu en dessous de ma référence pour ce réalisateur.

Le point de vue de Kobaitchi