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dimanche 17 mars 2024

Polychromie musicale (12) - Nat King Cole

Ca commence à faire beaucoup de sujets musicaux, mais je vais quand même continuer à les lister!

17 mars, un autre anniversaire que je ne voulais pas louper, dans la continuation du mois dernier, c'est celui de Nathaniel "King" Cole, célèbre chanteur de jazz et de swing, mort bien trop jeune (à 45 ans, à une époque où on ne savait pas vraiment que cigarette, santé et chant ne font pas bon ménage). Dont je viens d'apprendre que le surnom de King vient du trio qu'il a fondé le "King Cole Trio ", nommé d'après une comptine.

the King Cole Trio,


Et quand je dis célèbre, c'est un euphémisme... on estime qu'il a vendu 50 millions de disques en 30 ans de carrière. Replacé dans le contexte des années 1940 à 1960, c'est un succès colossal, au point d'avoir une émission télévisé musicale à son nom, le Nat King Cole Show.
"On November 5, 1956, The Nat 'King' Cole Show debuted on NBC. The variety program was one of the first hosted by an African American."

Le programme n'a duré qu'un peu plus d'un an faut de sponsors, mais c'est quand même important de le signaler.

Et ce n'est pourtant pas en tant que chanteur qu'il a débuté mais en tant que pianiste, doté d'une réelle formation musicale comprenant autant Bach et Rachmaninoff que du jazz et du gospel.
Et apparemment il est aussi un des premiers à avoir enregistré des disques de jazz entièrement en espagnol qui ont fait un carton en Amérique latine autant qu'en Amérique du Nord, et des albums entiers de chants de Noël (misère, il a poussé une porte où beaucoup d'autres se sont depuis engouffrés!)
Il est également apparu dans des séries et films, soit en tant que figurant avec son trio, soit parce qu'il fallait un pianiste, des musiciens ou un chanteur dans telle ou telle scène, mais oui, c'est pas peu de dire qu'il était une vraie de vraie vedette. Et quelle voix, à la fois charmeuse et enjouée, drôle et sympathique! Le genre de voix qui vous remettent de bonne humeur en quelques instants en cas de coup de blues. Apparemment, il n'était pas trop sur qu'elle ait de l'intérêt la première fois où on lui a demandé de chanter, mais en fin de compte, sa qualité vocale a même fait oublier ses compétences de pianiste.

Et, évidemment qui dit être noir en Amérique dans les années 50 et avoir un succès populaire, dit aussi jalousies, campagne de dénigrement et même en 1956 une tentative d'enlèvement au motif qu'il a... posé en photo avec des admirateurs blancs et pire encore, des admiratrices blanches ( parce que oui, les femmes étaient des petites choses à protéger malgré elles d'actes aussi scandaleux que, au pif, d'aller à un concert et prendre une photo souvenir avec la vedette?). Qu'est-ce que cette attaque a entraîné? Le musicien qui jusqu'alors ne s'était pas engagé, ni exprimé ouvertement sur la ségrégation, qui n'avait jamais cherché l'affrontement s'est demandé pourquoi il avait été victime de cette agression absolument gratuite, a compris que même la neutralité politique ne mettait pas à l'abri du racisme, et est devenu militant. D'autant que la presse noire lui a reproché ce manque d'engagement et ses concerts pour le public blanc (puisque le public ne pouvait alors pas être mélangé), au point qu'un journal a imprimé qu"écouter ses disques, c'est soutenir ses idées traitres et sa manière de penser étroite", ouaip, carrément. Ces critiques hallucinantes sont citées ici.

Il parait que la musique adoucit les moeurs mais visiblement en 1956, même la musique était un champ de bataille où tout le monde était à couteaux tirés. C'est absurde. Dites, les gens, regardez les touches du piano, elles ne sont pas séparées les blanches d'un côté et les noires de l'autre, hein... on a besoin de toutes pour faire quelque chose d'intéressant, ce n'est pas un piano apartheid. Bande de... non je ne vais pas écrire de gros mot, mais je le pense très fort, libre à vous de choisir celui que vous préférez dans ce cas.

D'ailleurs je trouve assez intéressant de voir les pochettes de disques d'époque: même là, les personnages représentés sont peu mélangés et... on représente des blancs dansant, s'amusant ensemble ou s'embrassant et dans ce cas là, le plus souvent, l'artiste n'y figure pas. Ou alors à part, surtout pas au milieu des autres, même si c'est simplement un dessin de gens qui se promènent dans un parc, mais là, évolution! Il y a déjà timidement, des personnages blancs et noirs sur une même pochette. Incroyable!
Mais oui, curieusement sur beaucoup, l'artiste y est invisible, au profit de personnages quelconques. Ce n'est pas rare, dans les disques de mes parents, il y en a des paquets comme ça, mais c'est un concept qui m'a toujours paru étrange, remplacer l'auteur/ interprète, etc.. par un pinpin assis près d'une platine vinyle. C'est tellement anodin, anonyme et peu vendeur, on voit que la pochette n'était pas encore vraiment perçue comme support créatif qui doit attirer l'oeil pour donner envie d'écouter le disque.

Sur les autres, il est toujours représenté seul, ou en compagnie d'autres minorités, mais, et c'est à noter, dans des situations " de classe supérieure", dans un salon cossu avec des clubs de golf, d'une élégance impeccable assis à une table, en voyage avec des valises (la pochette " A mis amigos" me fait marrer, on dirait une publicité vintage pour une marque de valises ou une agence de voyages), en touriste sur un marché probablement bolivien. La seule pochette où il est représenté sur le même plan avec un blanc est un disque en duo avec George Shearing, pianiste anglais que je ne connais que de nom (mais qui aurait été de toute façon bien incapable de faire de la discrimination sur les apparences puisqu'il était aveugle de naissance).
Mais oui, il y a une évolution dans les années 50, le jazz, du moins un certain jazz, est devenu une musique " classe" (tant qu'on ne mélange pas les torchons et les serviettes, les musiciens qui rentrent par l'arrière-cour et le public, qui passe par la grande porte, on l'a vu avec Billie Holiday), ce n'est déjà plus seulement la musique de clubs louches, fréquenté par les mafieux, et joué par des gens musiciens le soir - ouvriers le jour. Ou plus probablement, c'est ce genre de jazz dansant, avec musique et voix suaves, qui a pu arriver jusque dans les grandes salles. Clairement pas celui aux paroles revendicatives ou racontant les difficiles conditions de vie des classes populaires.

Je me suis trouvé à écouter une série d'enregistrements chronologiques, l'éditeur ayant eu la bonne idée de les éditer par périodes, de 1936 à 1950, 14 CD, Mais voilà déjà de quoi écouter le premier, de 1936 à 1940  puis
1940 - 1941
1941-1943
1943 - 1944
1944- 1945
1945

1946
1946- 1947

1947 (partie 1)
1947 (partie 2)
1947 ( partie 3)
1947-1949
1949
1949-1950

Je vais fouiller ce site et pas qu'un peu, il y a du très bon :D

Et la proximité des dates aidant, entre le 14 et le 17 mars, j'étais un peu dépitée de voir que Radio France avait programmé il y a quelques années un concert entier de  Nat King Cole et l'orchestre de Quincy Jones, et que malheureusement il est maintenant inaccessible!
Mais quelques titres sont trouvables sur Youtube et donc cadeau, dans la droite ligne du précédent sujet.

The continental - Nat King Cole & the Quincy Jones Band , Paris 1960 ( audio seulement, mais il y a un photo où on le voit signer des autographes à des fans blancs et je me demande si c'est celle qui lui a causé beaucoup de problèmes)

et Blues in the Night, issu du même concert, où on entend Nat présenter son titre en français, et ça fait plaisir.

Et Route 66

Faut que je cherche si ce concert entier est trouvable quelque part.

Ha et je ne résiste pas, même si c'est super connu, à vous ajouter le duo impossible entre Natalie Cole, la fille de Nat, et son père.
Impossible car, il est mort en 1965 alors qu'elle avait 15 ans. Devenue adulte et elle aussi chanteuse professionnelle, elle a rendu un hommage absolument adorable à son père en chantant "avec lui" un duo virtuel, sur un de ses plus grands succès, qui est aussi devenu un de ses titres les plus marquants, à elle aussi. Situation étrange où le père et la fille chantent en duo... et ont à peu près le même âge, si elle n'est pas de fait, plus âgée que lui. La musique peut même rassembler des gens au delà du temps, et c'est magnifique.

Inoubliable, c'est le mot:



vendredi 15 mars 2024

Billie (Documentaire 2019)


Je continue très logiquement après le podcast sur Angela Davis par un documentaire sur Billie Holiday, chanteuse de jazz ultra célèbre des années 1930 qui fut aussi en son temps une militante des droits civiques. Et dont je constate que nous partageons la même date d'anniversaire , le 7 avril  soit dit en passant.
All of me, Summertime ( dans sa version la plus connue) et surtout la première interprète de Strange fruits, c'est elle.


Mais ce film n'est pas qu'un documentaire sur la carrière et la vie tragique de Billie Holiday, chanteuse talentueuse, mais hélas, femme à la vie personnelle extrêmement difficile qui s'est finie tragiquement à 44 ans, suite aux excès de drogues, d'alcool, aux mauvais traitements d'un son mari escroc qui l'a ruinée... Mais aussi sur la vie, l'enquête et la mort suspecte de Linda Kuehl, journaliste qui avait décidé dans les années 1960/70 de rédiger la première biographie de Billie, restée non publiée.
En effet, Linda est trouvée morte, supposément suicidée, ce à quoi sa famille n'accorde aucun crédit, avant d'avoir pu publier son livre. Ses années d'enquêtes et d'interviews l'ont amenée à entrer en contact avec des musiciens, collègues de Billie, à nouer une relation amicale ou sentimentale avec Count Basie alors sexagénaire, mais aussi à apprendre des informations dangereuses au sujet de gens peut recommandables, trempant dans le trafic de drogue, l'escroquerie, en lien avec la pègre. Que quelqu'un ait pensé qu'elle détenait des informations à son sujet, il était facile de la pousser par la fenêtre et de faire croire à un suicide.
Le film entier est construit autour de ce double portrait: la chanteuse des années 30 à la vie mouvementée entrainant involontairement, et bien après sa mort, la journaliste des années 1970 sur une pente dangereuse.
Constitué de photos, des bouts d'interviews audios menées par Linda (et absolument précieuses puisqu'elle a pu interroger un bon paquet des grands noms du jazz encore vivants à cette époque: Count Basie, Lester Young; Billy Eckstine), il reconstitue aussi la réalité de la vie des orchestres de jazz de l'époque, qui se déplaçaient en bus. Et des situations ubuesques causées par la ségrégation.

Lorsque Billie se déplaçait avec un orchestre noir, tout le monde était logé à la même enseigne et devait aller dormir dans un hôtel "pour noirs", mais lorsqu'elle tourne avec l'orchestre d'Artie Shaw, où elle est la seule noire... elle doit rester à dormir dans le bus quand tous les autres peuvent se loger à l'hôtel.
Un témoin de l'époque explique que le paradoxe était que la foule qui venait l'écouter pouvait passer par la grande porte... tandis que la chanteuse vedette devait passer par la porte de la cuisine pour rejoindre la salle, puisque le hall était interdit aux noirs. Les orchestres et les spectateurs étaient souvent plus ouverts d'esprit que les lieux organisant les concerts. Enfin, pour les spectateurs, il est quand même mentionné que lorsqu'elle chantait Strange fruit, chanson profondément réaliste et désespérante sur les lynchages, certains blancs quittaient la salle clamant "on est venus pour s'amuser, et ça, ce n'est pas une chanson drôle". Oui braves gens, ce que vous ressentez s'appelle de la mauvaise conscience.
J'ai beaucoup aimé l'anecdote du concert qui finit en bagarre généralisée, parce que quelqu'un s'est aventuré à manquer de respect à Billie lors d'un concert, et que l'orchestre prend le partie de sa chanteuse, Artie Shaw finissant par assommer un spectateur à coup de clarinette, et pour en arriver à cette extrémité, il faut vraiment ne pas avoir d'autre solution (aoutch, je souffre pour la clarinette, c'est fragile, le clétage d'un instrument à vent, ça peut se tordre sur une tête trop dure... mais non sans avoir fait du dégât quand même, c'est de l'ébène bien dense et du métal bien lourd)

Ce sont aussi les petites remarques " en passant" qui sont intéressantes. Faites rétrospectivement par certaines des vedettes de la grande époque, qui balancent sur les dessous des enregistrements, où les interprètes avaient peu de marge de manoeuvre: faits par des producteurs bancs, avec l'appui de critiques blancs qui donc décidaient de ce qui était bien ou pas, sans que les principaux intéressés aient leur mot à dire. L'un deux fait remarquer avec pas mal d'amertume que dans les années 30, ceux qui avaient été surnommés rois du jazz ou de la clarinette, c'étaient Benny Goodman ou Artie Shaw, donc les jazzmen blanc; que lorsque Tom Jones dans les années 1970 citait des artistes noirs comme influence, c'est bien de Tom Jones que la presse allait parler, sans que ses inspirateurs ne soient vraiment mis en avant, ou ne touchent un sou sur les reprises. Il n'a évidemment rien personnellement contre Goodman, Shaw ou Jones, mais contre la mainmise de certains sur la production musicale et ce depuis toujours, qui dicte les carrières et les insuccès des uns et des autres.


L'enregistrement en question date du début des années 1970, donc avant l'émergence de producteurs et managers influents tels Quincy Jones... qui a entraîné une autre mainmise, hein. L'ami Quincy ayant eu lui aussi une nette tendance à faire la pluie et le beau temps pour placer ses protégés devant tout le monde, mais bon.. on dira que c'est de bonne guerre. Et je l'avais dit l'an dernier il a fallu attendre le milieu des années 80 pour que ça évolue au niveau de la diffusion et que MTV présente 2 artistes noirs au milieu de tous les autres. 2, pas plus ( qu'à l'époque en Europe on percevait d'ailleurs comme " vedettes américaines ", sans se prendre la tête sur leur apparence). Avant que l'un des deux ne mette un fameux coup de pied dans la fourmilière dans les années 90 et ne change le rapport de force entre musiciens et maisons de disques, mais ça devient une autre histoire. Mais oui, le chemin a été putain de long, passez moi l'expression.

Donc ce n'est pas un documentaire  qui enjolive les choses et voir la chanteuse lors de ses dernières prestations, malade et usée par l'alcool et la came fait vraiment peine à voir.
Mais c'est un film que je conseille très largement et c'est ici que ça se trouve



jeudi 14 mars 2024

Polychromie Musicale (11) - Quincy Jones

Comme quoi ce challenge afro-américain me pousse à découvrir des choses et à élargir mes horizons, je n'aurais peut être pas pensé à écouter tout un podcast sur Quincy Jones sans ça. Disons que ce n'est pas forcément le premier nom qui me serait venu en tête, au moment de chercher quelque chose à écouter.
Aujourd'hui c'est son anniversaire et on va donc parler de cet incontournable de la musique des... peut-être pas 100 dernières années, mais presque puisque bon pied, bon oeil, il fête aujourd'hui ses 91 ans. Joyeux anniversaire Mister Q!

En fait, je ne dirais pas que je ne le connaissais pas, lui et son influence colossale sur la pop des années 1980 et suivantes, mais c'est surtout qu'à part une poignée de titres (les collaborations avec Frank Sinatra, Soul Bossa Nova, et les musiques de films évidemment!) c'est principalement en tant que producteur, découvreur de talents et chef d'orchestre que je le connaissais.

Pour ça, je n'avais pas tort, voilà le chef en pleine action!

Et donc j'avoue avoir découvert que sa spécialité était la trompette ( pour une obscure raison, je le pensais saxophoniste en fait). Apparemment, je ne suis pas la seule à le méconnaître, si j'en crois cet article ( "ce nom ne vous dit rien?", heu si, quand même!)

Et donc je me suis écouté tout ce podcast retraçant sa carrière, 20 épisodes de 11 à 18 minutes, c'est plutôt facile à caser.
Ici pas de longues explications, juste quelques jalons, abondamment illustrés musicalement, que ce soit de ses oeuvres ou des celles des gens avec qui il a collaboré.
Et quand un de tes meilleurs potes n'est autre que le grand Ray " The Genius", on peut dire que dès l'adolescence il s'est entouré des meilleurs ( les deux se sont rencontrés par hasard Quincy avait 14 ans et Ray 16 ans, donc oui, ça a été une amitié profonde et durable.. Ray a composé un morceau intitulé My buddy ( I love you Quincy), Quincy a composé un morceau intitulé The Ray)

Mais il n'a pas collaboré qu'avec Ray Charles, il a également travaillé avec Lionel Hampton, Count Basie, Duke Ellington , s'est fait piquer des ronds par Charlie Parker ( hé oui, il s'est fait rouler!)...
C'est d'ailleurs Ellington qui l'a poussé à composer des pièces plus ambitieuses pour orchestres symphoniques, et à construire des ponts entre les différents styles. Il ne se l'est pas fait dire deux fois, puisqu'il a vite intégré, au gré de ses rencontres, des influences caribéennes et latines au jazz, a composé des musiques de films, produits des artistes pop ou hip hop, sans pour autant renier ses origines be-bop et jazz.

D'ailleurs, dans la liste des morceaux proposés dans ce podcast, outre ceux de Quincy, je ne résiste pas à partager l'extraordinaire "Battle Royale" de Count Basie et Duke Ellington. Après le Prince du funk, après les Kings du blues et en attendant d'ici très peu un autre King (plus jazz cette fois) je continue à faire la tournée des têtes couronnées ( avec le grand duc et monsieur le comte, donc). En plus dans la distribution de ce titre , il y a un saxophoniste nommé Marshal Royal, c'est parfait
Ho que ça fait du bien aux oreilles ce genre de choses!

Mais aussi Dizzy Gillespie, Dinah Washington.. et de manière plus étonnante, Nadia Boulanger et Michel Legrand

On y apprend des trucs assez inattendus je dois reconnaître, par exemple que Dinah Washington était une excellente cuisinière dont la spécialité était les tripes.. et aussi qu'elle avait tendance à se marier et divorcer très rapidement. Ou que Ray Charles était capable de bricoler et réparer un poste de radio aussi bien que s'il avait vu. Que Charlie Parker n'était pas le type le plus honnête du monde lorsqu'il s'agissait de se procurer un joint.

Donc peu d'explications mais de la musique, de la musique et encore de la musique, c'est tout ce que je demande! Et je ne résiste pas à joindre "my buddy", en l'honneur de cette fabuleuse amitié. Ray Charles en 2001 devant Quincy profondément touché de cet hommage par son pote Ray ( et on voit brièvement George " deubeuliou" Bush dans les spectateurs, qui a l'air de s'ennuyer comme un rat mort, autant attendre d'un bulot qu'il comprenne quelque chose à l'amitié)


Et allez, profitons des oeuvres de Quincy compositeur, je ne peux pas éviter sa très festive Soul Bossa Nova ( 1962), son plus gros succès avec ses trombones " éléphantesques" ( et oui, avoir joué ce morceau en orchestre d'amateurs est un bon souvenir, je m'éclate avec ce genre de titres même si je ne joue pas de flûte ou de trombone)

Kingfish ( Lionel Hampton), ici avec une pochette signée du regretté Cabu


Grasshopper (la sauterelle, non pas à cause de l'insecte, mais d'un cocktail de ce nom, qu'il aimait bien). ambiance Big Band en 1955. C'est probablement de morceaux comme ça que je tenais l'idée erronée qu'il était saxophoniste
The pawnbroker (1963), musique de films où se sent l'influence des cours de Nadia Boulanger, la parenté avec Michel Legrand ( aussi ancien élève de N; Boulanger).. et une ambiance qui m'évoque carrément la musique du début du XX° siècles, j'y trouve des échos autant de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov, de L'oiseau de feu de Stravinsky, que du prélude à l'après-midi d'un Faune de Debussy, ce qui n'est pas rien pour une musique de film et témoigne de sa maîtrise de l'orchestration classique. Il fait en fait partie du petit cercle de gens qui savaient prendre des influences partout pour peu qu'elles leur paraissent intéressantes à exploiter, et les adapter à leur style pour en faire leur propre pâte sonore. Ce qui le place, j'ose le dire, dans le même cercle que Leonard Bernstein* qui bien que musicien et compositeur classique a intégré le jazz et les musiques latines à ses compositions. Une vraie réussite.
(* j'ai écrit ça avant d'entendre le 19 épisode du podcast, où truc marrant, on apprend que Leonard Bernstein lui a envoyé une coupure de journal anglais chroniquant  "Quincy Jones est le Leonard Bernstein de la musique noire" annoté " Cher Q., j'aimerais bien être le le Quincy Jones de la musique blanche, signé Leonard". Si Leo lui-même le dit, c'est que mon point de vue était pertinent)

Il a aussi en commun avec d'autres grands compositeurs de musiques de film ( John Williams, Lalo Schifrin, Ennio Morricone, Nino Rota, Danny Elfman, Philip Glass, Joe Hisaishi..) le fait que la musique est essentielle au film dont elle soutient l'action ( le film serait moins réussi sans elle), mais aussi la conscience qu'elle doit pouvoir être écoutée et appréciée même par les gens qui n'ont pas vu le film, sous forme de suite orchestrale.

In the Heat of the Night ( 1967).. je disais que la musique doit pouvoir être appréciée indépendamment du film.. ça peut être aussi sous forme de chanson de Ray Charles, hooo que ça fait du bien aux oreilles! En même temps quand ton meilleur pote est l'un des meilleurs chanteurs et pianistes de l'époque, autant collaborer.

Ironside (1971): Le gars est capable de faire ça pour un simple générique de série TV ( l'homme de fer), c'est dire s'il a pris le travail au sérieux, hooo cette ligne de basse et ce solo de saxo, un bonheur! Je ne me souviens plus vraiment du détail de la série - si ce n'est dans ma mémoire que ça avait été diffusé dans les années 80, que ma tante, grande fan de série policières, n'en ratait pas un épisode, et rétrospectivement, je pense que c'est une des premières séries dont le personnage principal était handicapé.


Summer in the City ( 1973). J'ai du mal à le situer... cool jazz peut être? La partie d'orgue hammond me paraît avoir pas mal inspiré Riders on the Storm des Doors. C'est une reprise d'un titre de 1966, mais réarrangé à la sauce Quicy

Et à l'écoute de tout ça je me rends compte qu'imperceptiblement, il a fait partie de ma culture musicale, sans que je sache forcément que c'était lui qui était aux manettes que ce soit pour ses arrangements, son travail avec Frank Sinatra ( Fly me to the moon était le plus marquant, mais pas le seul), ses musiques de films, de séries (Je palais de l'Homme de fer dans les années 80, et dans les années 90, j'étais au collège lors de la diffusion du Prince de Bel Air) et évidemment, c'est lui qui a propulsé Michael Jackson sur le devant de la scène en solo et le succès d'Off the Wall doit autant à l'interprète qu'à son compositeur. Je surkiffe Don't stop till you get enough, forcément, une section cuivres pareille, c'est jouissif! Et donc Michael Jackson ET Will Smith n'auraient pas eu la carrière qu'on sait sans lui... (du moins la carrière d'acteur pour le second, qui serait peut-être resté cantonné à la scène rap)
Donc oui, il faisait partie de ma culture musicale, plus que je ne le pensais en fait. Et c'est donc un nouveau nom sur ma liste d'écoutes systématiques.

Et voilà de quoi commencer, une émission spéciale de RTL dédiée à ses musiques de films.
Et deux fois 2h00 sur France musique, consacrées à sa carrière de musicien et  producteur (partie 1) et à ses musiques de films ( partie 2)
Et je dois avouer que je ne serais pas contre une programmation de ses titres à jouer en orchestre, il faudra le suggérer au chef d'orchestre...
En dehors du mois officiel, mais il y a des anniversaires et des dates à ne pas rater en mars et Avril