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lundi 14 novembre 2022

Piter FM ( film 2006)

Allez, après Halloween, on quitte doucement l'ambiance macabre pour un peu de comédie, ça fait toujours du bien. Je n'ai pas choisi le 14 novembre pour rien: Il y a un an jour pour jour, et après des mois d'incertitudes je posais enfin mes valises à Saint Pétersbourg... sans savoir que mon expérience allait tourner court dès fin février.😭

Je continue avec les films russes, cette fois une comédie contemporaine, pas inoubliable mais plutôt sympathique dans le genre tranche de vie. Le film est à petit budget et ça se voit, mais les acteurs s'amusent bien. Je vois qu'il a eu le prix du premier meilleur film au festival de Honfleur, donc il a été distribué en France, mais...je n'en avais jamais entendu parler.
Je l'ai vu coupé en morceaux, sur une plateforme très sympa , permettant de voir des films étrangers ( et en particulier de pays slaves) en VO et en étudiant le vocabulaire, mais la traduction et les fiches mémo qu'on peut se faire proposent par défaut une traduction en anglais, qu'on ne peut pas enlever.
Donc à part de se faire ses propres fiches sur anki ( ou en format paspier pour les adeptes du système " fiches et boîte à chaussures") la traduction de chaque réplique n'est qu'en anglais.
Ici: Piter FM


On ne cherche en rien à être original, les héros ont les prénoms tout à fait génériques de Macha et Maksim, mais ho, joie, ce n'est pas une histoire d'amour entre les deux ( on peut supposer que ça évolue comme ça après le générique de fin, ou de manière totalement différente, mais à chacun son opinion). L'important c'est de montrer le quotidien et les relations entre les gens dans uen rgande ville, en l'occurence Saint Pétersbourg. Et j'ai été ravie de voir sur l'écran, après mon retour, des endroits que j'ai visité. C'est tout à fait autre chose que de voir le film avant d'y aller.

A ma gauche, Macha, trentenaire farfelue qui travaille comme annonceuse sur Piter FM " Radio Piter", petit surnom familier de la ville de Saint Pétersbourg., une grande station de radio . Son travail consiste principalement à annoncer les prévisions météos, les conditions de circulation, présenter les nouveautés musicales et les sponsors, et annoncer les messages personnels et les disques à la demande. Bref rien de bien passionnant... une speakerine.
Macha est en stress ce matin là, elle doit aller avec Kostia, son fiancé, aller acheter sa future robe de mariée, réserver une voiture, etc..Macha et Kostia se marient bientôt, ce qui la met sous pression. A l'approche de ce grand changement, elle se demande si elle fait le bon choix. Elle et Kostia se connaissent depuis la primaire, sortent ensemble depuis des années et, leur relation est déjà enlisée dans le train train, usée.. le résultat de l'habitude. Elle le sait au fond d'elle et n'ose pas se l'avouer ni l'avouer à Kostia: elle l'aime comme un copain d'enfance, mais s'ennuie à mourir avec lui. Ou plutôt ce qu'il est devenu, un homme d'affaires obsédé par le temps, l'argent, la respectabilité, rugeux avec les gens pour montrer son importance... ne lui convient plus du tout. Or, rompre ou simplement mettre les choses à plat lui ferait de la peine et elle préfère lui mentir et se mentir pour "le ménager".
On sait tous très bien que se marier ou simplement continuer à sortir avec quelqu'un par défaut parce qu'on le connaît et qu'on ne veut pas le froisser, c'est une très mauvais idée - qui se soldera d'ailleurs par un divorce ou une séparation très rapide.
Macha est pétulante et originale, Kostia est routinier et soucieux des apparences, ils ne sont simplement plus fait l'un pour l'autre.

A ma droite Maksim: il est architecte, et vient de gagner un concours dont le prix était un emploi en Allemagne. Il a quelques jours pour faire ses valises et partir rejoindre son nouveau travail. Mais un départ aussi soudain demande beaucoup de démarches administratives qui l'ennuient et lui font reconsiderer la chose: veut-il vraiment quitter sa vie et ses amis? Il n'a objectivement aucune raison de rester: le travail s'annonce passionnant et lucratif, c'est l'occasion d'une expérience à l'étranger, et sa copine l'a plaqué peu de temps avant. Mais on ne quitte pas facilement Saint Pétersbourg.

Ces deux là ne vont PAS se rencontrer, en tout cas, pas physiquement, bien qu'ils en cessent de se croiser: Le matin même, sur le chemin du travail, Macha a perdu son téléphone portable, puis une fois au travail, elle a dédié un disque à la demande "à Maksim, l'architecte chanceux qui vient de trouver un travail en Allemagne, de la part de ses amis". Maksim écoute souvent l'emission matinale et entend l'annonce, mais il ne sait pas que le téléphone qu'il a ramassé le matin même sur le trottoir, perdu quelques secondes plus tôt par quelqu'un est celui de la dame de la radio qui vient précisément de lui dédier une chanson. Lorsqu'elle appelle son propre numéro pour savoir où est son téléphone et fixer un rends-vous pour le récupérer, il ne reconnait pas la voix de la radio. Et puis "Macha" ... il y en a des centaines à saint Pétersbourg. Pendant 3 jours, ils vont se fixer des rendez-vous qui tombent à l'eau, à cause du travail de Macha, d'un imprévu administratif de Maksim qui traîne en longueur, d'un pv...
Mais les discussions se prolongent, et il est parfois plus simple de raconter sa vie et ses problèmes à un inconnu. L'un comme l'autre se rendent compte au fil de ces parenthèses téléphoniques, que leurs vies ont pris un sens qui leur déplaît, et finissent pas se soutenir l'un et l'autre pour prendre leurs responsabilités et faire ce qui comptent vraiment pour eux.
Macha comprend que sa relation ne mène à rien et qu'elle doit rompre. Maskim comprend au contraire que sa vie actuelle lui plaît et qu'il ne veut pas en changer. Ils ont trouvé un interlocuteur leur permettant de faire le point, puisqu'ils n'arrivent pas à s'exprimer avec leurs proches.

Et au delà de ces deux là, en toile de fond, la ville est un personnage à part entière.
C'est une histoire d'amour oui... mais dédiée surtout à Saint Pétersbourg, chose que je comprends tout à fait.
Le jour même où j'y ai mis les pieds, j'ai voulu y rester. J'ai ressenti cet étrange phénomène de me dire " je suis rentrée chez moi". J'y avais passé 3  jours en 2016, et j'avais eu la sensation d'y avoir laissé un bout de moi, de ma conscience . Et là, je venais de le retrouver.
Le destin en a décidé autrement, et je peux vous dire que je n'ai qu'une idée en tête: y retourner et y rester vraiment. Le morceau de conscience qui y est resté cette fois est encore plus grand.

Donc un petit film très sympa, dont le vrai sujet est " reprendre sa vie en main", assez fûté pour ne pas conclure en casant obligatoirement ses héros - ce qui se passe après le film est laissé au choix de chaque spectateur - et qui m'a faite sourire parce que " haaaa mais je connais cet endroit, hooo mais j'y suis allée!".
C'est une comédie Russe, donc un style beaucoup basé sur ce concept d'un personnage en crise qui doit se remettre à flot. Ce n'est pas de la grosse rigolade, plutôt de la comédie qui fait sourire, en montrant par exemple à quel point les problèmes viennent d'une administration qui freine des 4 fers ( les français comprendront tout de suite " le laisser-passer A 38"), la "propiska" est un sujet inépuisable de malentendus et de contournements plus où moins légaux: il s'agit d'une inscription obligatoire sur son lieu de logement, héritée de siècles de nécessités d'indiquer sans cesse où on réside. Impossible d'emménager ou de quitter un apparement sans faire des démarches d'incriptions ou de désinscriptions. Et dans les grandes villes, à cause de la demande plus haute que l'offre, il faut souvent ruser. J'y reviendrai prochainement en parlant d'un film des années 20 qui avait déjà un quiproquo à ce sujet.

un film avec un split screen (ça reste encore la manière la plus simple de montrer deux personnes au téléphone ou ce que chacun fait de son coté en attendant l'autre... au mauvais endroit)


vendredi 11 novembre 2022

A l'ouest, rien de nouveau - Erich-Maria Remarque

Voilà un titre qui a attendu très longtemps, et pourtant il me tentait beaucoup. En fait, je l'avais en réserve depuis 2018, pour la thématique Grande Guerre, mais la reprise d'études très intense a repoussé la lecture.

Et puis voilà, en cette période macabre, pourquoi ne pas conclure le mois halloween avec une horreur, une vraie de vraie horreur, à côté de laquelle n'importe quel roman d'épouvante ferait pâle figure?
Une horreur encore plus glaçante car elle est réaliste et... terriblement d'actualité sur le front est ( au moment où j'écris, je me fais un sang d'encre pour mes amis russes qui sont mobilisables).
La guerre a changé de forme, on n'en est plus aux tranchées, mais le principe est le même: n'importe qui risque d'y être envoyé, même les réformés, même les inaptes, même les objecteurs de conscience, du moment que ça fait de la quantité sur le front, peu importe s'ils ne sont que de la chair à canon.

le livre a été un succès, réédité maintes fois avec différentes couvertures, voici celle que j'ai.
Une version assez ancienne, dénichée en boîte à livres.

Entre nous c'est un livre où il vaut mieux ne pas s'attacher aux personnages, dans la mesure où ils peuvent d'une page à l'autre passer de vie à trépas.

On y suit le narrateur, Paul, et ses camarades de classe. Ils ont 19 ans, devaient finir le lycée, et continuer leurs études ou travailler, et ont été poussés par leur professeur principal, nommé Kantorek, par la société, par leurs familles même à s'engager " volontairement" pour aller sur le front. On est entre 1914 et 1918. En Allemagne. on leur a parlé d'héroïsme, de défense de la patrie ... rappelons que tout ce bordel européen est venu de l'assassinat par un terroriste serbe, d'un lointain parent du kaiser autrichien.. Qu'avaient à voir l'Allemagne ou la France dans l'histoire? Simplement des traités d'alliance avec les pays qui les premiers ont décidé de se mettre sur la tronche. Les allemands du livre, comme els français de.. par exemple dorgelès, sont allés se faire trouer la peau, parce qu'un serbe qu'ils ne connaissaient pas a trucidé un autrichien qu'ils ne connaissaient pas... et c'est exactement l'absurdité de la situation qui va être mise en avant. ceux qui parlent le plus fort d'héroïsme sont précisément, ceux qui restent dans les bureaux , au lieu d'aller risquer leurs vies dans un pays étranger ( l'action se passe sur els tranchés, du côté du nord Pas-de-Calais)

Et dès le premier chapitre, le ton est donné, c'est jour de fête pour la compagnie où ils se trouvent. Les rations de nourriture et de tabac sont doublées. Pas pour que les soldats soient en forme, mais parce que la veille, la moitié de la compagnie a été tuée dans un bombardement, et personne n'a prévenu le cuisinier. Ils sont donc au front depuis suffisamment de temps pour ne plus s'attrister d'un événement pareil, mais simplement profiter de l'aubaine, touts en se disant qu'ils ont eu beaucoup de chance de ne pas faire partie de la mauvaise moitié.
Dans ce monde, il n'y a plus d'intimité, ou si peu et Paul ne nous cache pas que le soldats, constamment menacés, accordent une valeur inimaginable à des choses simples: admirer les coqueliquots ou faire une partie de cartes assis entre copains sur des toilettes portatives dans un coin de campagne ( la chose étant au final aussi normale que manger ou boire en public) plutôt qu'à 20 dans les latrines communes.

Est-ce à dire que l'empathie ou la compassion ont totalement disparu... pas vraiment, mais le dénuement est tel que lorsqu'un camarade est amputé et risque de mourir, on s'inquiète autant de lui que de sa bonne paire de chaussures: s'il meurt, elles vont être volées par les infirmiers; et s'il survit, il n'en aura plus besoin , c'est dommage de les laisser se perdre, alors qu'un autre pourrait les utiliser. Mais on soudoie quand même les infirmiers avec des cigarettes, pour qu'ils lui fassent une piqûre de morphine, ultra rationnée. La compassion est disons, limitée par la conscience qu'on ne sera peut-être soi-même plus là le lendemain, et l'instinct de survie passe devant le reste. A plusieurs reprises, la masse des soldats anonymes, dans leur tranchée est mise en parallèle avec celle des rats qui y pullulent et leur volent le peu de nourriture qu'ils ont. Les humains sont, par la volonté d'autres humains, devenus des rats, uniquement occupés  à tenter de manger et de dormir. Par fois, ils se remémorent leurs cours au lycée, la géographie, les mayths, l'histoires.. pour faire le constat que tout celà, la culture générale, ne sert plus à rien quand est ici.

Les pensées de Paul, qui se souvient de Kantorek, des pensées à la fois parfaitement rationnelles et terriblement amères, se soldent toujours par un constat d'échec: peut-on lui en vouloir personnellement? Il y a des milliers de Kantorek dans le pays, qui poussent les autres à aller se battre, mais ne s'engagent pas, eux. Le premier bombaredement a été pour eux la désillusion et le constat amer que Paul Valeruy avait défini " la guerre c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas , au profit de gens qui se connaissent mais ne se massecrent pas". Les professeurs, les bourgeois, le politiciens ont perdu toute crédibilité du jour au lendemain.

« Ils auraient dû être pour nos dix-huit ans des médiateurs et des guides nous conduisant à la maturité, nous ouvrant le monde du travail, du devoir, de la culture et du progrès – préparant l'avenir. Parfois, nous nous moquions d'eux et nous leur jouions de petites niches, mais au fond nous avions foi en eux. La notion d'une autorité, dont ils étaient les représentants, comportait à nos yeux, une perspicacité plus grande et un savoir plus humain. Or, le premier mort que nous vîmes anéantit cette croyance. Nous dûmes reconnaître que notre âge était plus honnête que le leur. Ils ne l'emportaient sur nous que par la phrase et l'habileté. Le premier bombardement nous montra notre erreur et fit écrouler la conception des choses qu'ils nous avaient inculquée. » chapitre 1.

Par la suite Paul continue à ne rien nous cacher: Le vol de poules et d'oies pour se nourrir, la chasse aux poux, le fait de devoir écrire aux parents d'un camarade d'enfance que celui-ci ne reviendra pas, l'impossibilité d'être en phase avec la société civile lorsqu'il part en permission (seule sa mère comprend ce qu'il ressent); le harcèlement exercé par les petits chefs; l'espoir d'être blessé perçu comme une chance de retour à la vie normale; la diffiulté à rester sain d'esprit dans ces circonstances.
Et parfois l'espoir de s'en sortir, oui.. mais pour faire quoi? Les plus âgés avaient un métier ( facteur, agriculteur, instituteur.. ) et pourront peut-être le reprendre s'ils s'en sortent vivant et pas trop amochés. Mais les autres, ceux qui sont passés directement de la salle de classe à l'armée, sans avoir eu le temps de réfléchir à un avenir professionnel, ou de découvrir ce qui leur plaît ou pas. Que faire, quand la seule chose qu'on a pappris dernièrement, c'est défiler et manier des armes, en mettant le cerveau au placard, à part peut-être une carrière dans l'armée pour devenir ensuite gendarmes? L'avenir, s'il existe, est bouché.

La version que j'ai lue ( et écoutée, en ce moment, je suis trop claquée pour simplement lire, ça me prend des plombes, donc j'ai fait comme les enfants, j'ai trouvé une version livre-audio, et j'ai suivi avec mon texte à la main, car il s'agit de la même traduction à peine modernisée par endroits) est vraiment pas mal. Je n'ai pas comparé le texte original avec la traduction, mais et c'est intéressant, on la croirait réellement sortie de chroniques françaises de la même époque. La traduction utilise exactement le vocabulaire d'argot des poilus. Au point que par moment je me suis demandée si les gens qui n'ont pas la moindre notion de ce vocabulaire ne vont pas nager entre le "marmitage" ou le " canon à rata".

Mais je trouve que cest très pertinent, et ici, la lecture en VF ne pose pas du tout de problème, d'un point de vue philosophique: Le même texte pourrait avoir été écrit de "notre" côté des tranchées. L'expérience côté allemand est similaire. Remarque a utilisé ses souvenirs de soldat pour écrire son roman, qui plonge réellement le lecteur dans le quotidien de soldats de la Première Guerre mondiale.
Les engagés " volontaires" n'étaient pas plus volontaires, que ce soit du côté triple entente ou triple alliance. La plupart étaient très mal informés des tenants et aboutissants de la guerre, et surtout de ce qui les attendait sur le front. La nationalité n'a pas d'importance, seule compte l'universalité de leur expérience et de leur ressenti. La majeure partie des personnages, hormis le narrateur et ses quelques proches, sont anonymes, désigné simplement par un surnom ou une caractéristique: la tomate (pour le cantinier rougeaud), le blondin ( pour une nouvelle recrue qui passe vite de vie à trépas)...

Et c'est terrible. il est imposible de lire ce roman sans être effaré par l'horreur, d'autant plus frappante que le narrateur, pour se protéger psychologiquement - une décompensation brutale est toujours possible - la décrit cliniquement, factuellement, voire ironise parfois à son sujet. Véritablement, je crois que j'ai rarement lu un roman aussi terrifiant ( et pourtant parfois étrangement poétique). 

Mais c'est là que je suis ravie d'être aphantasique et de n'avoir absolument aucune imagination visuelle.
Donc pour compenser, le" triptyque de la guerre" d'Otto Dix.


Un tableau très intéressant qui reprend la construction des triptyques religieux: le matin ( à gauche) les soldats partent au front, au milieu (jour) la bataille, à droite (soir) les survivants et les secours tentent de sauver les blessés qui peuvent encore l'être. En dessous, en lieu et place de gisants, sous une toile, ceux qui n'ont pas survécu.
Utiliser le format d'un tableau religieux pour un sujet pareil est tout sauf anodin, puisque ça revient à assimiler les soldats anonymes à des martyrs, et les infirmiers à des saints ( Dix a d'ailleurs peint son autoportrait en secouriste).  La crucifixion habituelle est remplacée par un squelette piteux qui désigne d'une phalange le champ de bataille.
Je ne sais aps de quel peintre ancien dix s'est réellement inspiré, mais pour moi, je le rapprocherait de deux tableaux de Mathia Grünewald: le retable d'Issenheim ( côté face pour la construction et le Jesus cadavérique) et pour les couleurs et le pandemonium, la visite de Saint antoine et sa Tentation ( côté pile du même retable)
Ha, ben tiens, il n'y a pas que moi qui ai vu un parallèle!

Succès éditorial, mais qui a valu a son auteur la fuite à l'étranger, et au livre, férocement pacifiste, d'être parmis les autodafé nazi (ce qui est presque un gage de qualité, ironiquement). Je vois qu'il a été critiqué par un certain Jean Norton Cru pour son outrance sanguignolante, son invraisemblance digne d'un non combattant... euh. donc retournez voir le tableau de Dix. L'objectif est moins de faire "réaliste" qu'allégorique, le roman est un pamphlet contre la guerre, dans toute son absurdité, dont les personnages se raccrochent au peu d'humanité qui leur reste en essayant de ne pas la perdre. Pour certains ce sera tenir compagnie jusqu'à la fin a un camarade agonisant, ou se serrer les coudes avec quelqu'un d'inconnu, mais qui compte soudain plus qu'un frère.
Pour l'agriculteur, ce sera qu'on abatte les cheveux blessés qu'il ne peut plus supporter d'entendre hennir de douleur.
Donc oui, l'auteur exagère sûrement, mais probablement comme quelqu'un de traumatisé dont les souvenirs empirent au fil des ans. Mais il faut croire qu'à son époque Norton Cru n'a pas trop prêté attention aux gueules cassées.

Une lecture qui compte donc pour le tour du monde ( Allemagne), la thématique germanique de mon mois Halloween, les classiques...
Ce mois ci c'est "classique d'un genre bien défini", donc pour moi " classique de guerre", ce qui est en plus une rareté pour moi, je m'aventure rarement dans ce genre de littérature. Et j'ai beaucoup aimé, puisqu'il s'agit d'un livre pacifiste. Je pense qu'on peut difficilement le liure et en sortir (ou rester) militariste. Tout comme on ne peut pas visiter le musée d'Hiroshima et en sortir militariste. Mais ne nous leurrons pas, les militaristes, pour éviter les dissonnances cognitives et de devoir changer d'avis, ne liront pas, et ne visiteront pas.

Et je vois qu'un film allemand ( enfin! les précédentes adaptations étaient américaines) est sorti ces jours ci. si j'ai l'occasion d'aller le voir en VOST, bien évidemment, pourquoi pas.
parce que brrr quand même, il n'y a pas de fantastique, mais c'est bien macabre.
et puis on retse dans mon fil directeur de ce mois-ci, germanique

classique de genre: classique de guerre, pour moi

11° livre et 9° pays: l'Allemagne ( VF)



ABC: lettre E pour Eric(h) ( variable selon les éditions)

mercredi 2 novembre 2022

Día de los muertos à Marseille

 L'an dernier en novembre, et donc... trop tard pour le précédent mois halloween, alors que j'étais enfin sur le départ, que je suis allée chercher mon visa tant attendu pour la Russie, puisque je devais apsser la journée à Marseille, j'ai profité de l'occasion pour aller au Musée de la vieille Charité. je n'y avais plus muis les pieds depuis des lustres, et j'ai eu la bonne surprise de voir qu'une nouvelle salle avait ouvert il y a quelques années.
Elle contient des décorations et costumes mexicains pour le Día de los muertos en particulier, réunis par un collectionneur, qui a donné toute la collection à sa mort.

Et il n'y a pas que des Catrinas, loin de là: des diables, des monstres, beaucoup de masques de jaguar en référance aux mythes bien antérieurs à la christianisation ( mais comme souvent, les dieux païens sont devenus des démons pour les chrétiens), et bien sûr, des squelettes!

Le lieu, bien sympa!

Je ne sais plus son nom, mais il est vraiment cool!




explications sur les masques et les différentes fêtes, pas seulement début novembre!

J'aime beaucoup cet orchestre de squelettes :D

Il est trop drôle celui-ci!

quelques infos générales sur la fête des morts ( que j'ai franchement envie de voir un jour)
envie de réviser l'espoagnol? Une vidéo en VO ( mais avec sous titres en espagnol si nécessaire), pour avoir un aperçu de la fête à Michoacán

Et de la musique pour être dans l'ambiance...

Argentine et Mexique.. double dose d'Amérique Latine aujourd'hui!




Cruel thing tome 2 - Lean Martinez & Luciano Vecchio

 Je viens de voir que j'avais chroniqué le tome 1 il y a 5 ans, et que je n'avais pas encore lu la suite..
Et pour cause, l'édition française de ce roman graphique argentin ayant été un échec, il n'y a jamaçis eu de traduction des 2 autres tomes.
J'avais pu à l'époque me procurer un lot, 1° tomes en français et secon en espagnol? mais il me fallait d'abord me rafraîchir un peu la mémoire sur l'espagnol pour pouvoir le lire.




D'autant qu'on a là une histoire fantastique très mystérieuse et assez compliquer à suivre. j'avais déjà dit à l'époque que le point fort était le graphisme, exclusiment noir/ blanc/ rouge.. le tome deux garde ce code graphique.

Mais le scénario du tome 1 était ( et je viens de le relire) très brumeux et centré autour de la quête d'un personnage qui en sait pas exactement ce qu'il est: démon, incube, vampire, tout ça à la fois?
Deux autres personnages aperçus brievement dans le tome 1 vont revenir dans ce tome 2, et l'un est même au centre de l'historie bien plus que Cruel Thing lui-même.
Dans le tome 1, il entrait brievement en contac avec une femme incarcérée dans un asile. Dans une des séquences suivantes, la femme, libre, le voyait sortir d'une orgie, où il avait massacré un politicien véreux et ses sbires.
Ce qu'on comprend dans le tome 2, ces que la temporatilté de ces séquences est inversée.
Et bien souvent c'est ce qui se passe: on remonte dans le temps.
Le tome 2 souvre donc avec la femme, qui est une sorte d'enquêtrice / agent secret, à  Rome: elle se nomme Angela della Fiamma et doit rechercher le meurtrier d'un chef de secte, trouyév mort son corps est intact extérieurement mais semble avoir intégralement brûlé de l'intérieur. Angela découvre que le meurte est fort similaire à 6 autres ayant eu lieu à divers endroits du globe mais toujours à 2h00 du matin, et toujours sur des politiciens corrompus ou des leaders religieux douteux. Tous les cadavres portant une marque cabalistique au front.
Angela, mentalement fragile a eu le malheur de s'en ouvrir à David, son petit ami, qui la croyant totalement cinglée l'a alors faite interner. Depuis lors, elle lui en veut, et ça se comprend.
Or, entretemps, David qui semble possédé par une force surnaturelle, a trouvé le moyen de contacter une entité meurtrière", donc en l'occurence, notre ami Cruel, pour lui faire éliminer Angela " à la demande des dragons".

Dans le tome 1, apparaissait aussi brièvement un colosse, qui se définissait alors comme un dragon.
Et de fait, les meurtres sont le fait d'un groupe de 7 personnages: Eau, feu, Air, Terre, Lumière et Ombre, au service d'un futur leader destiné à remplacer tous les leader humains corrompus. Un huitième, nommé " création-destruction"
Ce sont donc des dragons, qui en tant que créatures fantastiques,, ne peuvent agir directement dans le monde humain, il leur faut un réceptacle humain, qui n'a pas toujours conscience de sa situation, et les problèmes peuvent se produire lorsque le réceptacle humain se révolte contre cette possession. C'est le cas d'Angela, possédée par Feu. Et c'est bien elle qui a tué la victime sur laquelle elle mème l'enquête.

Or pour une raison encore non expliqué, Cruel Thing est une des rares créatures, peut être par ses liens avec la "mère ombre" est une des rares créatures dont les dragons se méfient.
anegla et Cruel, tous deux manipulés, semblent vouloir faire front ensemble malgré leur oppostions fondamentale: un démon qui a besoin de tuer des humains pour absorber leur énergie vitale et ainsi pouvoir maintenir sa forme dans le monde physique, et une humaine possédée par un dragon .
Il y a donc 2 intrigues en une, d'une part Angela, au centre du tome, qui cherche à comprendre ce qui lui arrive et comment s'en sortir. Et d'autre Cruel, confronté à la nécessité de trouver un moyen plus simple de se doter d'un corps un minimum durable, sans être contraint à chercher une nouvelle victime tous les jours ( et spoiler: emprunter le corps d'un mort, même fraîchement décédé, n'est pas une solution " durable" 😅)

Et donc voilà, dommage que la série n'ai pas marché, l'hermétisme du tome un ayant empêché d'arriver à quelque chose de plus facile à suivre - même si quand même encore très particulier dans la construction narrative. Et l'arrivée d'autres types de créatures fantastiques aurait pu relancer l'intérêt du public. Mais dans un monde où les choses doivent marcher absolument dès le jour 1, où les coûts de traduction/ édition/ mise en rayon doivent tout de suite être amorttis, .. beaucoup d'oeuvres n'ont pas leur chance. alors que là, le parti pris narratif autant que visuel est très particulier et aurait demandé un peu plus de temps pour trouver son public.

Lirais-je un jour le tome 3? Rien n'est moins sûr, à part de l'acheter directement à tarif normal en pays hispanophone, parce que d'une part, la série a plus de 10 ans et doit être épuisé, d'autre part le commander à l'étranger...à presque 300 euros, ce n'est claiement pas une dépense que je ferais juste pour en savoir la fin 😑

Même le jeu de tarot proposé par le dessinateur est épuisé, en voici quelques images

Nouveau pays ET nouvelle langue
10° livre, 8° pays: l'Argentine ( je n'ai pas compté mes lectures françaises)
Bonus: lu en VO, j'ai donc le russe et l'espagnol




mardi 1 novembre 2022

Les chroniques de Viy 3 (Film 2019)

 Et voilà, suite et fin de cette surprenante trilogie et..
Ouiiiii je ne l'avais carrément pas vu venir, l'identité du nazgûl coupable. A voir toujours sur le même site, pour un tarif assez modeste ( 3 ou 4 euros seulon que vous voulez une version HD ou SD. Mais je ne l'avais aps dit, pour els allergiques au sous-titrage, les trois existent doublés en français)

Cette fois le sous-titre est "une terrible vengeance" est c'est aussi le titre d'une des nouvelels des Veillées du hameau que je n'ai pas encore eu l'occasion de lire. Mais partez du principe que presque toutes les nouvelles parlent de sorcellerie.


Ah oui, et pour prouver mes précédents dires, cette fois, même l'affiche me fait un clin d'oeil Sauron, côté rouge, perché sur la flèche de l'amirauté. Je ne l'avais pas dit mais Viy est un démon particulier, il a des paupières très lourdes, atteignant le sol et qu'il ne peut pas soulever seul. Mais quiconque les soulève et regarde dans ses yeux est bien mal barré. Donc l'oeil est bien un motif 100% lié au contexte de la nouvelle, même s'il appelle une référence au Seigneur des anneaux... qui a été écrit bien plus tard. Ce n'est pas simplement une référence  gratuite au film de Jackson non plus. Mais dans ce cas là, puisque le contexte s'y prête, autant ne pas s'en priver.


Donc nous avions laissé il y a 2 jours le malchanceux Niko, dans les choux après une éprouvante séance d'exorcisme du Viy, le démon. Bon là, le scénario est évident: le héros ne peut pas être mort, tout le monde dans la salle sait qu'il a un glorieux avenir d'écrivain  qui l'attend, donc relax, il va s'en sortir.

Qu'est ce qu'il se passse quand on est épileptique et qu'on fait un exorcisme? On tombe dans les pommes.
Et quand on est malchaceux? Ben, les gens vous croient mort.
Et très malchanceux? Ben, non seulement ils vous croient mort et organisent vos funérailles avant de vérifier que vous l'êtes vraiment.
Et quand on est le roi des poissards? On se réveille mort dans son cercueil, avec des visions cauchemardesques, on arrive à sortir de sa tombe en mode zombie, tout le monde est content.Vous, certes, mais surtout les autorités de pouvoir vous coffrer car, si vous n'êtes pas le criminel puisque les crimes ont commencé avant votre arrivée,  vous êtes au minimum son complice et donc... la justice n'attend que de vous juger et vous pendre.

Ca ne peut pas être pire non? Ben.. si, parce que quand une population superstieuse a vu un gars supposé mort sortir de sa tombe, elle en déduit, non pas qu'il a eu la chance de ne pas être enterré vivant suite à erreur médicale et aussi la chance d'avoir un cercueil fragile en bois de récupération, mais que c'est un sorcier, et qu'il faut donc le brûler sur le champ.
Et si la crémation est impossible pour cause d'orage instantané (et providentiel, provoqué par une gentille sorcière mais chut parce que les autres lui feraient aussi la peau) la population, qui devrait se dire que " c'est ptêtre bien un signe divin, on s'apprêtait à brûler un innocent, qu'est-ce qu'on est bêtes!" en conclut que " le barbecue est remis, on n'a qu'à le pendre, ça fera l'affaire". Comment Nikolaï-la- scoumoune va-t- il se sortir de ce mauvais pas? D'autant que pendant cee temps, le ou les assassins courent encore.

Alors oui, ne cherchez pas une vraie biographie de l'écrivain là-dedans, hein... par contre cette dernière partie est très divertissante.

Et c'est avec plaisir que j'ai découvert que le vrai criminel n'est aucun des deux personnages que je soupçonnais. Par contre, tous deux étaient louches hein, on est d'accord. Cette identité est révélée par un flashback d'un événement qui s'est produit auparavant, 163 ans plus tôt pendant la guerre entre les cosaques et les polonais. Ce qui permet d'intégrer de manière plutôt sympa la trame ( remaniée) de Taras Boulba.
Ici, pas de fils indignes, mais deux soeurs bagarreuses, parties venger leur cosaque de père qui a été tué par un sorcier polonais nommmé ... Casimir 😂😂😂 (non mais ça ne fait rire que les français. Mais peut importe si Casimir est un sorcier et un fort bel homme, avec un bagout à vous entortiller les nanas en deux phrases, je ne peux absolument pas prendre ce prénom au sérieux).
Les deux frangines ont obtenu d'une vieille qui vit dans la forêt (je parie qu'elle s'appelle Yaga) un collier permettant de sceller les pouvoirs de n'importe quel sorcier ou sorcière, mais ce genre d'artefact est dangereux à utiliser si c'est pour de mauvaises raisons, une vengeance personnelle par exemple. Et évidemment les choses vont mal tourner et Cahahahahaha... simir arrive, avant d'être occis, à lancer une malédiction qui a donc des répercussions plus d'un siècle et demi après.
Ce qui explique aussi pourquoi dans le premier film, Nikolaï avait des visions de cosaques à cheval dans la plaine, et pourquoi les meurtres vont toujours par 13 (avec une 13° victime toujours très particulière), les jours des anciennes fêtes liées aux divinités traditionnelles et ce avec une périodicité de 30 ans. Il y avait une logique à ce qui ne paraissait pas spécialement en avoir, mais il fallit attendre le 3° film pour le savoir.

Ceci dit, je veux ce collier magique anti sorciers, il est splendide et irait parfaitemetn dans ma collection d'objets en forme de serpents.

Bon pour conclure, sans trop en dévoler, Nikolaï va rentrer vivant  à Saint Petersbourg, en ayant enfin appris ce qui s'est passé au moment de sa naissance et pourquoi il a ces dons paranormaux. Vivant et en un seul morceau, bien que j'aie perdu le compte du nombre de fois où il a failli être trucidé... et fait une petite dépression lorsqu'il comprend qu'il a failli calancher plusieurs fois parce que tout le monde l'a manipulé comme un échantillon de démonstration pour parvenir à ses fins sans prendre en compte une seule seconde les conséquences de ses actes. Ca se comprend.

Ceci dit, ces (més)aventures font une matière parfaite pour un auteur en manque d'inspiration, pas vrai?
Et la toute fin m'a beaucoup , mais alors beaucoup fait rire, en ce qu'elle fait intervenir Alexandre Pouchkine et Mikhaïl Lermontov en mode " ligue des gentlemen extraordinaires" (je rappelle que pour les russes, ces deux là et Gogol sont les 3 plus  importants auteurs, les trois cadors de la littérature nationale. Avec allez, Tolstoï, pour avoir les 4 fantastiques. Les russes se demandent souvent, et j'ai encore eu cette question il y a moins d'une semaine, pourquoi Dostoïevski est si apprécié à l'étranger, alors que ce n'est pas un siiiiii bon écrivain, pour eux)

Et vous savez quoi ? Ces quelques secondes totalement n'imp'  m'ont vraiment fait rêver d'une version slave de la ligue des Gentlemen extraordinaires. Alors oui, je pense que pour apprécier cette trilogie, il ne faut pas chercher le réalisme biographique, mais vraiment le prendre avec le même degré de sérieux que le comics d'Alan Moore, et juste savourer les références littéraires. Et comme ça, on passe plutôt un bon moment.

Et puis je suis toute contente que Oleg Menshikov, qui n'était pas dans le second film, revienne. J'ai toujours trouvé cet acteur très bon dans les rôles de type absolument roublard, trop sympathique pour être vraiment recommendable, encore plus menaçant quand il sourit que quand il tire la tronche. Il cite Hamlet à un moment mais pour le coup moi aussi. Quand cet acteur est dans un film, c'est bien souvent un personnage auquel " je me fierais autant qu'aux crochets d'une vipère". Non qu'il n'ait fait que ça, mais il a un talent spécial pour ce genre de rôles.

Et là, coup de vieux en découvrant que l'acteur avait 58 ans dans le film!
58 berges! La vache. Ceci dit, ça va, malgré quelques rides, mère nature a été plutôt sympa avec lui.
Si vous avez déjà l'impression de l'avoir vu quelque part c'est normal, il était dans deux films qui ont eu un beau succès en Europe: Soleil Trompeur et Le Barbier de Sibérie. Y'a presque 30 ans de ça.

Enfin voilà, une chouette découverte qui change un peu de ce que j'ai l'habitude de regarder en cette saison. Et qui m'a bien occupée en ce Week-End halloweenesque.
J'ai vu qu'un film soviétique existe aussi, adaptant pour sa part la nouvelle " Viy" directement, donc je le regarderai aussi probablement à un moment ou un autre.

Et vous n'avez pas fini d'avoir des sujets sur Gogol, parce que j'ai un bon paquet de titres à lire encore et je ne parle même pas des Âmes Mortes que je devrais lire aussi à un moment pour compléter ma culture dans le cadre de mes études.
Mon RAT de la semaine est devenu un marathon ciné en fait :D