Et il est temps de faire mon petit bilan personnel comme chaque année.
Autant dire que niveau challenges, ça a été un peu marée basse:à part le mois anglais, Halloween et le tout récent challenge russe qui commence bien, j'ai été aux abonnés absents cette année.
Et pour cause.
En fait, à mi-mars, j'ai changé de travail.
Ca faisait 7 ans et un peu plus que je m'enlisais dans un job de gardienne de musée, qui aurait pu être très sympa si la politique avait été de mettre à profit les compétences de chacun et de valoriser les employés, mais force est de constater que la situation s'était dégradée d'année en année au point de devenir intenable et de menacer ma santé à la fois physique et mentale.
J'avais plein d'idées, plein de projets, mais plus aucune énergie pour les mener à bien. J'ai donc fini par faire valoir mes soucis de santé ( je suis très allergique à pas mal de choses, et travailler dans un endroit froid, humide, jamais aéré et donc rempli de moisissures me conduisait à devoir prendre des antihistaminiques 6 mois sur 12 et de la cortisone très régulièrement, avec tous les problèmes d'effets secondaires qui vont avec) pour demander une mutation dans un autre service, qui est loin de me convenir: administration... encore un truc éloigné de tout ce que j'aime et j'ai l'impression de bosser dans un bouquin de Kafka, tant je suis amenée à faire des trucs certes variés, mais souvent assez stupides et qui ne servent pas à grand chose au final.
Mais avec, pour la première fois en 20 ans de vie professionnelle, une chef sympa qui a bien compris que je n'allais pas rester là toute ma vie et m'a poussée à bouger. Dans la mesure où elle part à la retraite dans quelques mois, et me valide toutes mes demandes avant, c'est l'occasion d'en profiter.
Chose que je n'aurais pas pu faire dans mon précédent poste où j'étais à deux doigts de la dépression nerveuse par manque de stimulation et santé en berne.
Bon, depuis, je suis passée du
Bore out au"
brown out". Je persiste à penser que "syndrôme de Kafka"ou "syndrôme de Godot" serait mieux.
Ou même "syndrôme des beaux jours": je me sens tout à fait comme la femme qui s'enlise et essaye de résister dans " oh les beaux jours".
Donc j'ai décidé que merde! J'ai 40 ans, il est plus que temps que j'envoie bouler tout ce qui me vide mentalement et me rend malade physiquement.
Et j'ai donc remis ma demande de mise en disponibilité pour convenance personnelle, d'abord pour un an, histoire de garder un pied dans la porte de la fonction publique, juste en cas cas d'une tuile majeure.
Chose qui a d'ailleurs été rendue possible par un événement survenu fin mars: la vente d'une maison dont j'ai co-hérité. Je l'avoue, sans cette aubaine, et même si la somme a été partagée en deux, j'aurais eu beaucoup plus de mal à me retourner, mais pour une fois que la chance tourne dans le bon sens, ça serait criminel de ne pas en profiter.
J'ai donc une somme, pas trop petite, mais pas trop énorme non plus, pour me donner le temps de voir venir. Et de me lancer enfin dans la reprise d'études dont j'ai déjà parlé ici plusieurs fois.
Pendant des années, j'ai travaillé, dans des emplois à peu près nuls, mais qui me payaient les cours de musique. Depuis 3 ans, ça s'était inversé, et je n'étais plus que " la fille qui a la musique comme loisir" quand le travail, vide et sans intérêt, était mon seul horizon.
A partir de juillet ( et même avant, vu le nombre de jours de congés que j'ai à solder, et pour tout dire, c'est déjà amorcé et j'ai même repris la gym d'entretien, tranquillou chez moi, depuis début décembre ) je me recentre donc sur mes priorités, celles qui n'auraient jamais du être reléguées en second plan si la chance ne s'était pas obstinée à regarder ailleurs pendant.. hé bien, depuis ma naissance en fait.
Elles sont au nombre de 3: La musique. Les langues étrangères. Les voyages. Tout autre choix professionnel à long terme serait une nouvelle impasse que je refuse absolument.
En revanche, même s'il ne s'agit que de bosser chez un disquaire, je m'estimerais contente. Ou dans une agence de voyage. Ou donner des cours de français à distance, ou de soutien ( oui, je ne sors pas ça de mon chapeau, j'ai une maîtrise FLE, donc je suis formée à donner des cours de français aux adultes étrangers.. je n'ai jamais eu l'occasion d'y donner suite et j'ai beaucoup oublié, mais techniquement, avec un peu de boulot pour me remettre à niveau, rien n'est impossible. C'est juste qu'à force d'avoir le nez dans le guidon et d'avoir accepté n'importe quel boulot pour payer mon loyer, je n'ai jamais pu valoriser mon diplôme).
Donc voilà, musique, langues et voyages, à moi de trouver un moyen de combiner les trois au mieux, mais déjà je me donne un an sous forme de reprise d'études en histoire de l'art et archéologie, option musicologie, pour dégrossir tout ça. Et faire, au moins pendant ce temps là, quelque chose qui me plaît. Juste pour ne pas traîner jusque sur mon lit de mort la frustration de ne pas l'avoir fait d'abord parce que j'ai accumulé une série invraisemblable de tuiles de 18 à 30 ans* ensuite parce que je n'aurais pas eu le courage de saisir une occasion quand je l'aurais eue.
Le plus drôle dans tout ça , c'est que vu de l'extérieur, les gens qui me connaissent peu me prennent souvent pour quelqu'un d'assez tiède, d'indifférente, de peu décisive, ou en tout cas, qui se laisse porter par les événements sans essayer franchement d'aller à l'encontre de ce qui lui arrive. C'est parfois vrai, parce que je préfère éviter la bagarre ( ou de perdre du temps et de l'énergie vainement lorsque les choses et les gens n'en valent pas la peine ou sont vraiment impossibles à contrer), mais lorsque quelque chose me tient à coeur, je deviens aussi têtue qu'une mule rouge.
Donc voilà, 2017 a amorcé le changement, d'abord pour une ambiance plus saine, avec une entrée d'argent attendue depuis des mois et sans laquelle j'aurais probablement du végéter encore longtemps. 2018 va poursuivre sur cette lancée.
Donc je vous souhaite aussi à tous d'avoir plein de projets, l'énergie pour leur donner forme, et le petit coup de pouce de la chance pour pouvoir le faire.
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challenge hiver russe oblige... |
* on va penser que j'exagère mais voilà ce qui s'est passé: j'ai toujours su que ce qui me plaisait c'était l'histoire, l'archéologie, les langues et la musique.
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Ma vie quotidienne, allégorie si je devais me faire un blason, je crois que je choisirais des tuiles et des pépins. Et me ferais appeler la comtesse Pépin de la Tuile |
Tuile n°1: Je voulais faire un bac D à l'origine pour m'orienter vers la géologie et la paléontologie-> le système français a changé, exit le bac D remplacé par le S où je n'aurais jamais réussi, étant une bille en maths, donc avec coeff.9 c'était mort.
Tuile n°2: Bon je vais m'orienter vers l'histoire, il va falloir bûcher en histoire. En terminale je suis tombée sur un prof totalement démissionnaire qui a manqué les 2/3del'année et n'a pas rattrapé ses cours, j'ai eu 6/20 au bac.La conseillère d'orientation m'a donc poussée à m'inscrire en fac dans la matière où j'aurais eu la meilleure note, en argumentant que je n'allais pas m'inscrire dans une matière où je n'avais pas eu la moyenne. Je ne savais pas que je pouvais quand même le faire et j'ai obtempéré: choix par défaut numéro 1.
Tuile n°3: l'allemand ça me plaît, je me dirige tranquillement vers la traduction, pourquoi pas? J'ai de gros problèmes de santé en 2°année de DEUG, je rate mon année, pas grave je repiquerai avant de partir ailleurs car m'a fac n'a pas la licence.
Tuile n°4: Réinscription pour la 2°année, après un été à faire des petits boulots: j'arrive au bureau des inscriptions en septembre pour apprendre que le DEUG d'allemand a été supprimé, il fallait que je m'inscrive en juin dans une autre fac.. mais ha, c'est ballot, on a prévenu tout le monde sauf vous. Evidemment pour la plus proche, hors dates d'inscriptions, et comme vous n'avez pas validé la 2° année,il aurait fallu passer un test d'entrée la semaine dernière.
Bon ben voilà la liste des sections où il reste de la place. Vous avez eu de bonnes notes en français, les lettre modernes, c'est bien ça ne ferme à rien.
hop, second choix par défaut.
Tuile n°5: En effet , les lettres modernes, ça ne ferme pas de portes, mais si on ne veut pas devenir prof, ça n'en ouvre pas non plus.. donc ben, je fais traîner mes années de fac en cherchant de petits boulots jusqu'à avoir l'âge de toucher le RMI, puisqu'on ne trouve rien dans ma région et que je n'ai pas les moyens d'aller chercher ailleurs, jusqu'à finir par décrocher un CDI par moi-même, sans l'aide de l'ANPE puis du Pôle emploi. Dans ma région pourtant touristique, les "métiers porteurs" - donc avec aide financière pour la reconversion - étaient maçon, boucher, chauffeur poids lourds, et coiffeuse. Rien autour du tourisme. Si encore ils m'avaient proposé couvreuse, j'aurais pu ironiser que j'étais devenue au fil une véritable experte en tuiles, je n'ai même pas eu ce plaisir.
Vous me croyez si je vous dis que j'ai pensé à me pendre ou à me jeter au fleuve plusieurs fois?
Seule la pratique de la musique m'a permis d'éviter d'en arriver à la vraie de vraie dépression nerveuse. Ce qui explique pourquoi je veux tout, absolument tout tenter dans ce domaine là.
Rassurez-vous, ce qui ne tue pas rend plus fort, et j'ai aussi développé au fil des revers un sens de l'humour noir et de l'auto-dérision tellement blindé qu'il pourrait résister à un obus de mortier.
Mortier.. tuiles..p'tain, j'aurais du être maçonne en fait, Popol emploi avait raison.