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Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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mercredi 29 avril 2015

La nuit de Walpurgis : let's rock!

Octobre est encore loin, et les sorciers et sorcières du challenge Halloween ont l'âme en peine.
C'est pourquoi nous avons décidé d'un commun accord de faire une petite série de billets spéciaux "nuit de Walpurgis", qui va se transformer , je le vois dans ma boule de cristal, en semaine de la sorcellerie.
Et je commence par une petite sélection musicale rock et pop, des chansons qui nous parlent de sorciers, de sorcières, de sabbat et de vaudou. Histoire de constater au passage que les années 70 et plus particulièrement 1970 ont été riches en rythmes envoutants et percussions démoniaques! Car il nous faut  une bande son infernale pour notre bal des sorciers!

- The Witch - The Rattles ( 1970): un bon riff de guitare, des ricanements sinistres.. oui, ça fait du bien aux oreilles! La sorcière qui fait peur

- The Witch - The Cult ( 1993): même titre mais cette fois on est du côté de la sorcière succube venue séduire les pauvres mortels.

- Black magic Woman - Santana ( 1970) : ambiance jazzy- caraïbes pour sorcière vaudou, ça fait toujours plaisir
- Wicked old witch - John Fogerty ( 2004): une évocation blues-rock de la vieille sorcière des marais, celle qui vous transforme en crapaud..

 - Wicked witch - Demons and wizards ( 2005): décidément dans les années 2000, les sorcières sont mauvaises.

- witch hunt - Rush ( 1981):


Tant de sorcières.. et si peu de sorciers? que nenni, j'ai aussi quelques potions musicales pour ces messieurs
- the wizard - Black Sabbath ( 1970): une histoire de sorcier par le sabbat noir, je ne pouvais aps l'éviter :) et des paroles à double sens, ce sorcier là répand la joie.. peut-être sous forme pas très légale .

- the wizard - Uriah Heep ( 1972): celui -ci est plus positif, mais vu qu'on est chez les hippies, je pense que malgré tout les champignons colorés ne sont pas loin!


- Voodoo child - Jimi Hendrix ( 1968): incontournable

- Walpurgis night - Stormwitch ( 1984)

- Season of the witch - Donovan ( 1966)


vendredi 24 avril 2015

Le crabe aux pinces d'or - Hergé

24 avril, c'est le jour dédié à la BD belge. Et il se trouve qu'il me restait un album d'Hergé non encore lu sur mon étagère, j'ai donc décidé de le garder spécialement pour l'occasion. comme je l'avais déjà fait d'ailleurs, il y a un an à quelques jours près, avec le Sceptre D'Ottokar

Tome que j'avais également pris un peu au hasard dans une brocante. et il se trouve que les deux se suivent, justement, en ordre de parution ( le sceptre, 8°tome,  en 1939, le crabe, 9° tome en 1941)
Et mon ressenti est un peu le même: au risque de me faire incendier, je trouve que la BD a mal vieilli. après il faudrait que j'en lise d'autres de la même époque, Spirou ou les premiers Blake et Mortimer, je pense que j'aurais encore le même point de vue, pas spécifique à Hergé.
D'une part il se passe plein de choses dans cette histoire de trafic de drogue sur laquelle tintin enquête un peu par hasard : une boite de conserve vide trouvée par Milou qui se trouve être liée à une affaire sur laquelle enquêtent les Dupont-d, qui conduit à un bateau dont les cales sont remplies de boites de conserves de crabes... dont une bonne partie contient en fait de l'opium, trafiqué par le lieutenant du navire, dans le dos du capitaine, pochetron notoire qui ne voit rien de ce qui se passe à bord.
Car oui, c'est dans ce tome qu'on rencontre le Capitaine Haddock, qui bien que devenu aussi populaire, sinon plus que le personnage titre, est tout sauf digne d'éloges: alcoolique, pleurnichard, bagarreur et assez trouillard. Du coup, j'ai préféré ce tome là au précédent, puisqu'il y a une second rôle haut en couleur.
Mais d'autre part, le rythme est lent, la faute à un découpage pas encore tout à fait au point ( 15 cases pour nous montrer que Milou fouille les poubelles et se coince le museau dans une boite vite, je persiste à penser que c'est un poil trop, pour moi qui ait été élevée à la BD années 70, qui avait dépassé ce problème là pour aller vers plus de concision narrative), et par moment à l'inverse, la narration lance des pistes qui sont oubliées ( le type chinois, ou japonais, on ne sais pas trop qui est enlevé au début, .. et ne réapparaitra qu'à la dernière page. Ben, voilà un personnage qui ne sert au final pas à grand chose). A côté de ça Hergé nous fait d'immense cases très réussies et dynamique: l'attaque en piqué d'un hydravion sur un canot de sauvetage, résumée en une seule grande case, avec une vague qui rappelle un peu Hokusai est très réussie.. pas besoin d'en faire 10 pour suggérer le mouvement. Là oui, j'aime bien ces grandes cases, il y en a quelques unes, Tintin et le capitaine perdus dans le désert, une porte mauresque à contre jour avec des passants dans la rue en second plan, une rue peuplée: dès qu'il ajoute un décor et des personnages secondaires, au lieu de centrer une mini vignette centrée sur une seule action sans arrière plan, Hergé fait des choses très intéressantes avec un effet de profondeur.

L'autre point qui a terriblement vieilli, et ne passe plus , mais alors plus du tout, c'est le côté vraiment caricatural des bédoins qui parlent " p'tit neg' ( du genre: "moi, y'en a mis la boîte dans le placard...").
Oui, je sais, BD d'une autre époque, d'avant la décolonisation, mais  bon, je ne peux pas en 2015 en faire abstraction: ça me pose un vrai problème.
Après on voit aussi que les temps ont changé sur les références à l'alcool, quelle BD jeunesse présenterait maintenant des personnages ronds comme des billes, y compris le chien? ( d'ailleurs Milou me pose toujours un  problème: d'un côté, il se comporte en chien, accro aux os, qui fouille les poubelles, de l'autre.. il parle. Dans un cadre qui se veut plus où moins réaliste, c'est quand même bizarre!)

Donc bon, oui, je reconnais une importance à la série dans l'histoire de la BD,  mais personnellement j'ai toujours du mal à accrocher. Il faudra quand même que je tente un tome plus tardif pour voir comment la série a évolué d'un point de vue narratif notamment,  et si le dessinateur s'oriente vers plus de décor, de cadrage..
idée 53: un chien

dimanche 19 avril 2015

James Ensor par Emile Verhaeren

Dans le cadre du mois belge je pensais depuis quelques temps à faire un sujet sur James Ensor, un peintre  de la fin du XIX° siècle assez peu connu en France, mais dont j'aime bien l'univers macabre et humoristique, les toiles émaillées de détails incongrus ( le peintre n'hésite pas à se représenter coiffé d'un chapeau à fleurs un peu ridicule, ou en squelette) et de coups de couteaux envers la bourgeoisie de son époque.
Ensor au chapeau fleuri - 1883

Or en cherchant des sources sur la toile, voilà que je tombe sur un e-book libre de droit, sur un peintre que j'apprécie et par un auteur que je comptais justement découvrir.
C'est ici, lecture en ligne, ou téléchargeable en différents formats, ce qui est une bonne chose car je suis à peu près sure que cet ouvrage est introuvable de nos jours ou à un prix effroyable. Sylvain, je pense que ça peut t'intéresser.

Verhaeren nous parle donc de son compatriote et ami, l'ostendais James Ensor, qui comme son nom l'indique est d'ascendance anglaise. En fait, dans une première partie, c'est un portrait d'Ostende à la fin du XIX° siècle qu'il nous dresse, ville maritime cosmopolite où l'on croise beaucoup d'étrangers et notamment d'anglais en villégiature, venus prendre les bains ou qui s'y sont établis depuis plus où moins longtemps.

Les bains à Ostende - 1891
J'ai déjà lu des biographies de peintres, mais là, on a affaire avant tout à un vrai auteur, qui plus est poète de la veine symboliste, donc au delà de la biographie, c'est bien, très bien écrit et agréable à lire:

"La foule et ses remous passe donc à toute heure du jour devant les fenêtres du peintre: foule élégante ou hautaine, foule grotesque ou brutale, cortèges de la mi-carême, processions de la fête-Dieu, fanfares retentissantes des villages, sociétés chorales des villes voisines, cris, tumultes, vacarmes.

Et ces flux et ces reflux de gestes et de pas aboutissent tous là-bas, à cette féerie de verre et d'émail qu'est le Kursaal d'Ostende.

Avec ses dômes et ses pignons et ses rosaces et ses lanternes, avec ses ors élancés et ses bronzes trapus, avec ses festons de gaz et ses couronnes de feux, il apparaît, toutes portes et fenêtres ouvertes, comme un tabernacle de plaisirs éclatants et sonores. Un orchestre savant y fait naître, chaque jour, des floraisons de musique; des voix illustres s'y font entendre—orateurs ou conférenciers—et des virtuoses dont le nom émeut les mille échos y jettent vers l'applaudissement en tonnerre des foules, les phrases les plus belles des maîtres célèbres. Toutes les langues s'y parlent. Joueurs, financiers, gens de course, gens de bourse, princes et princesses, dames du monde et courtisanes, tout s'y coudoie ou s'y toise; s'y méprise ou s'y confond.
Le soir, quand les verrières du monument flamboient face à face avec la nuit et l'océan, on peut croire que le bal y tournoie en un décor d'incendie. Du fond de la mer s'aperçoivent les hautes coupoles illuminées et le phare dont la lueur troue les lieues et les lieues semble ne lancer si loin son cri de lumière que pour héler vers la joie le cœur battant de ceux qui traversent l'espace.
Ainsi pendant l'été tout entier Ostende s'affirme la plus belle peut-être de ces capitales momentanées du vice qui se pare et du luxe qui s'ennuie. Et ce n'est pas en vain que chaque année James Ensor dont l'art se plaît à moraliser cyniquement, assiste à cette ruée vers le plaisir et vers la ripaille, vers la chair et vers l'or."

Une qualité d'écriture qui manque souvent aux biographies qui se contentent d'aligner des faits et font que ce genre m'ennuie en général à mourir.




Verhaeren évoque aussi l'atelier du peintre encombré d'objets hétéroclites, situé au dessus du magasin familial de babioles et chinoiseries, qui influencent aussi sa peinture..
Squelette regardant des chinoiseries - 1885

Il y a aussi le carnaval, les fêtes et leurs débordements que le peintre se plait à évoquer, de manière cynique et angoissante.
La mort et les masques - 1897


Ensor a traduit cette liesse en des œuvres quasi sinistres et qui étonnent et qui font peur. Le pittoresque de l'accoutrement, l'usure de la défroque, la drôlerie muette de masque, l'ennui qui semble suinter des murs tout se ligue pour provoquer une impression sombre avec des éléments soi-disant gais.

 Ensor est le premier de tous nos peintres qui fit de la peinture vraiment claire. Il substitua l'étude de la forme épandue de la lumière à celle de la forme emprisonnée des objets. Cette dernière est violentée par lui, hardiment. Tout est sacrifié au ton solaire, surtout le dessin photographique et banal. A ceux qui, devant ses œuvres, vaticinent: «ce n'est pas dessiné», Ensor peut répondre: «c'est mieux que ça».

La mangeuse d'huîtres - 1882
 C'est dans le Salon bourgeois (1881) autant que dans Musique russe (1880) et plus tard dans la Mangeuse d'huîtres (1882), qu'on peut constater combien l'art de James Ensor tient compte du rôle, dans un tableau, des ombres et des reflets. «La lumière mange les objets» dit-il. Et en effet rien ne déforme le contour et la ligne comme une brusque clarté frappant les surfaces. Dès que vous prétendez rendre ce que l'œil voit et non pas seulement ce que le raisonnement prouve, un meuble (table, piano, armoire, chaise) apparaît en perpétuelle déformation. Que la lumière s'accentue ou s'affaiblisse, qu'elle change ou se déplace, aussitôt la réalité visuelle se modifie, alors que la réalité palpable demeure.

Et Verhaeren d'évoquer le rejet dont ce tableau a été l'objet à son époque, déjà incompréhensible pour lui. J'avoue que j'ai du mal à comprendre également, d'autant qu'il ne rapporte pas vraiment les critiques qui lui ont été faites exactement. c'est un peu là le problème de ce texte: écrit du vivant du peintre, il n'englobe donc pas l'intégralité de sa carrière, y compris la période ou Ensor s'est retiré de la vie publique et a cessé son activité,  et sacrifie assez régulièrement la précision à la subjectivité.
Pour en savoir plus sur le peintre lui même et ses oeuvres, mieux vaut se pencher sur une biographie plus exhaustive et contemporaine.. qui du coup n'aura pas la même qualité d'écriture, mais sera plus précise. En revanche, c'est un témoignage très intéressant d'un auteur belge, sur la vie et l'activité artistique en Belgique au début du XX° siècle


l'entrée du christ à Bruxelles - 1888

Enfin voici une toile, toute en tons purs cette fois et toute en violence, où la réalité se mêle à la fantaisie, où les deux routes suivies par l'artiste se rejoignent. La page est intitulée Le Christ faisant son entrée à Bruxelles. Elle ne fut jamais exposée. La date?—1888. C'était le temps où les néo-impressionnistes ameutaient les ateliers parisiens. Georges Seurat avec sa théorie de la décomposition lumineuse ou de la division du ton apportait vraiment dans l'art de son temps un procédé inédit. On l'invitait aux XX. Ses toiles y faisaient scandale. L'évolution lente de l'impressionnisme semblait comme suspendue au profit d'une révolution soudaine. De nombreuses conversions esthétiques eurent lieu. Ce fut une sorte de cataclysme magnifique.

Verhaeren met cependant régulièrement en avant la qualité essentielle de la peinture d'Ensor, avant même son goût de l'incongru et de l'humour noir: son talent de coloriste
Portrait d'Emile Verhaeren - 1890
Oui, un auteur qui écrit sur un peintre qui l'a pris pour modèle. Je sais, j'ai aussi envie de dire "copinage!!". Ceci dit je trouve aussi que ce tableau a un travail intéressant au niveau de l'emploi de la couleur, donc.. je n'accuserai pas Emile de manier la brosse à reluire!

Puis vient le rejet de la bonne société: Ensor est définitivement trop bizarre, trop anarchiste.
Réaction immédiate:  Le peintre est mal vu, discrédité, et devient de plus en plus cynique dans ses oeuvres, amorce un tournant très noir sous  ses couleurs pimpantes, croque les bourgeois sous forme de squelettes , de monstres dignes des fantasmagories de Jerôme Bosch. La dispute des squelettes, c'est en fait l'art d'Ensor que les critiques tirent à hue et à dia, chacun voulant sa part.
Squelettes se disputant un hareng-saur - 1891
Et continue dans la satire sociale déjà évoquée dans l'entrée du christ à Bruxelles
squelettes se disputant un pendu - 1891
les musiciens terribles - 1891

Les mauvais médecins - 1895
squelette peintre - 1896
Néanmoins le texte de Verhaeren a aussi l'intérêt de mettre en avant les dessins, gravures et eaux- fortes du peintre, oeuvres moins connues que sa peinture, et d'être illustré de reproductions - en noir et blanc évidemment, puisqu'il a été publié en 1908.
Il serait donc dommage de se contenter de cette seule évocation partielle qui finit abruptement sur la reconnaissance du peintre, et passe sous silence le reste de sa vie: Ensor est mort en 1949, après avoir abandonné complètement la peinture au début du XX° siècle, lorsqu'il est entré en grâce dans la bonne société qu'il a pourtant ridiculisée en long et en large.. sacré personnage!

A lire aussi: un article publié à l'occasion d'une rétrospective sur Ensor au musée d'Orsay, il y a quelques années

vendredi 10 avril 2015

Love in vain - JM Dupont

L'an dernier, j'avais eu l'occasion de participer à un tirage au sort  " la BD fait son festival sur PriceMinister", et j'avais pu chroniquer Les racontars arctiques en BD. Et rebelote cette année, c'est " Love In Vain" que j'ai reçu, une évocation en noir et blanc de la vie chaotique de Robert Johnson.

Robert Johnson, je résume pour les gens qui ne connaissent pas trop le blues, c'est un peu l'archétype du bluesman qui attire la mouise: Enfance misérable dans une plantation, une mère abandonnée avec ses enfants par son premier mari qui tente de joindre les deux bouts avec le père de Robert.. qui la quitte à son tour, le travail aux champs de coton pour un salaire de misère, un mariage qui se solde par un veuvage à 19 ans, et la tentative d'oublier tout ça en se réfugiant dans l'alcool.

L'alcool et la musique. Car Robert a une énergie vitale et une ténacité hors du commun, qui lui permettent de rebondir même après avoir essuyé des critiques négatives par le grand bluesman de l'époque, Son House.Non seulement il continue la musique qui lui permet de gagner quelques sous vites dépensés avec des filles ou en bouteilles, mais il se fixe l'objectif de devenir meilleur que les autres.

Un personnage donc pas très fréquentable, orgueilleux, provocateur, menteur qui entretien une fausse parenté avec Lonnie Johnson ( un presque homonyme assez célèbre à l'époque) et qui apprécie de se faire entretenir par les femmes, mais au vu de son passé, on pourrait difficilement le blâmer, lui.. et les autres musiciens évoqués dans cet ouvrage: Charley Patton, Peetie Wheatstraw, Memphis slim, Howlin' wolf, Elmore James.. qui tous ont puisé dans leur vécu pour alimenter leur répertoire.. sans même se rendre compte qu'ils apportaient individuellement une contribution à une oeuvre commune: la musique noire américaine, ici évoquée dans ses prolongements jusqu'à Clapton et aux Stones qui ont abondamment mis en avant cet héritage musical

Le tout étant, cerise sur la gâteau, narré par un personnage.. avec qui Robert Johnson comme plusieurs autres prétendaient avoir passé un contrat, un soir, près d'un carrefour.. Vous le connaissez, je suis sûre que vous devinez son nom, il est ici depuis très longtemps et a damné beaucoup de gens...
Robert Johnson, mort à 27 ans dans des circonstances mystérieuses, ici, on retient la théorie de l'empoisonnement ou de la maladie, est d'ailleurs involontairement à l'origine du " club des 27" , théorie un peu fumeuse qui veut que les gens talentueux meurent à 27 ans, parce que c'est ce qui est arrivé à une poigne d'entre eux ( Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrisson.. oui on aurait aussi pu l'appeler le club des J, donc)

Avant, d'avoir ce blog, il faut savoir que j'ai chroniqué plusieurs disques et livres sur un site d'amateurs de blues aujourd'hui disparu, j'ai donc choisi cette BD non pas tellement pour son sujet, puisque je connais assez bien les enregistrements de l'authentique robert Johnson et les grandes ligne de sa vie, mais pour l'ensemble: un beau livre relié, papier bien épais de qualité et un graphisme assez spécial, à la Robert Crumb, où Gilbert Shelton. Du coup, à la lecture, j'ai eu l'impression que  Love in Vain est presque autant un hommage à la BD underground américaine dans sa forme qu' une évocation d'un lieu et d'une époque ( les états du sud dans les années 30) et d'un personnage réel, un des plus célèbres, parmi toute une foule d'autres musiciens, connus ou anonymes.

Si je parle de Crumb d'ailleurs, c'est que celui-ci est l'auteur d'un " héros du blues, du Jazz et de la country" et un grand amateur de musiques afro- américaine.
Version Robert Crumb

Love in vain n'est pas très novateur en soi, au niveau narration, je veux dire, mais le livre est soigné, le graphisme adapté à son sulfureux personnage qui chante l'alcool, la drogue et les filles.
Une image que je trouve particulièrement réussie pour évoquer la détresse des laissés-pour-compte de l'amérique profonde , et des hoboes de la grande depression

A lire donc, qu'on soit amateur de blues, de BD underground, d'humour noir ( l'accident de Peetie wheatstraw ne manque pas d'ironie!), ou simple curieux.
En écoutant bien sur le standard ultime de Robert Johnson, "sweet home chicago", il n'y a pas de concert de chicaco Blues digne de ce nom qui ne termine par une reprise de ce standard, c'est presque aussi inévitable que le Beau Danube Bleu  un  1° janvier à Vienne.
A noter que le livre contient aussi un song book reprenant les textes les plus incontournables de Johnson et les traduisant.

jeudi 9 avril 2015

Tom Lehrer

Figurez vous qu'en cherchant pour les besoins d'un forum une chanson des Monty Pythons, pas plus tard que mardi, je viens de découvrir un chanteur que je ne connaissais pas. Et que ce monsieur est né le 9 avril 1928, donc on peut dire que j'ai mis le temps à découvrir. Donc après Jacques Brel hier, je suis obligée de constater qu'il n'y a que des gens biens nés début avril et ça n'a aucun rapport avec le fait que je sois , moi, née le 7, pas du tout :D

Tom Lehrer est un chanteur-compositeur-pianiste-humoriste- mathématicien américain. Qui a du beaucoup influencer des gens comme Weird Al Yankovic par exemple. Tiens je disais ça d'après mon ressenti, mais en voilà confirmation (ho je vois qu'il cite aussi Stan Freberg que je ne connais pas comme source d'inspiration.. et que Stan Freberg vient de mourir il y a deux jours.. ) Mais Tom Lehrer est lui, toujours bien vivant, bon anniversaire à lui!!


Le tango du masochisme. un tango au piano qui me rappelle un peu les chansons humoristiques de Noel Coward. Ou qui n'aurait pas dénoté dans un film des Marx Brothers.

I got it from Agnes: De bons copains partagent toujours tout, on ne saura jamais ce qu'il a reçu d'Agnès, qui l'a elle même eu de Jim qui l'a eu de.. oui oui, c'est le but à chacun de faire travailler son cerveau (tordu) pour se faire une opinion. Chacun est responsable de ses propres idées louches hein!



La semaine nationale de la fraternité: un texte très très ironique sur le racisme...

Mais il a aussi une chanson, comment dire, engagée, sur un sujet qui aurait pu faire les délices des Monty Pythons, je vois tout a fait Eric Idle chanter un truc pareil!
Poisoning pigeons in the park: Rien ne vaut un dimanche de printemps quand on va, en amoureux avec ma chérie, dans le parc, pour empoisonner les pigeons

Pollution: Si vous venez en Amérique, tout se passera bien tant que vous ne buvez pas d'eau, et ne respirez pas d'air :D

Mais il n'y a pas que les grandes causes animalières ou environnementales dans son répertoire, voilà un petit sketch (illustré, ouf!!) qui tourne en dérision les nouvelles mathématiques ( oui, j'ai connu, sur la fin, les ensembles, tout ça..) tellement simples que seul un enfant peut y arriver .. allez hop, on recommence la soustraction en base 8 cette fois!


Et la chanson des éléments, qui va plaire à mes amis du challenge geek :)

mercredi 8 avril 2015

petit hommage à un grand belge

né un 8 avril, hé oui. Un chanteur-auteur-compositeur-acteur bien connu, je ne ferai à personne l'injure de préciser de qui il s'agit.

ben oui, c'est lui...
 Par contre vu l'abondante discographie du monsieur, j'ai eu beaucoup de mal à sélectionner mes titres favoris. Donc je fais un petit top 5, mais qui pourrait aussi bien varier en fonction de l'humeur du moment.

- Ces gens là: non seulement le texte est acide envers les hypocrites de tout poil, mais c'est aussi une leçon d'interprétation magistrale qui tient à la fois du théâtre et du mime autant que de la chanson ( Remarque qui vaut aussi pour tout ce qui va suivre)


- Bruxelles: Mois Belge oblige, je ne pouvais pas ne pas la mettre. Mais j'aime bien cette ambiance musicale pastichant les accompagnements de films muets et de musiques militaires, qui évoque  l'ambiance des rues de Bruxelles avant la première guerre mondiale

- Vesoul: une chanson accompagnée à l'accordéon qui dit " j'ai horreur de tous les flons-flons de la valse musette et de l'accordéon", il fallait le faire. Dédiée à tous les indécis et les casse-bonbons de la terre!

- Les bourgeois: ça doit être la première que j'ai connue, de mémoire. Et plus le temps passe , plus je connais des gens à qui elle irait comme un gant. Décidément, j'aime la lucidité féroce de ses textes.
- le plat pays: peut être ma favorite. Pourtant il ne vend pas du rêve avec le brouillard et le ciel bas, mais jamais je n'ai entendu quelqu'un faire une aussi belle déclaration d'amour à son pays sans verser dans le patriotisme. Superbe.


jeudi 2 avril 2015

Claude Gueux - Victor Hugo

Un ouvrage que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire, mais j'en ai vu plusieurs adaptation: en court métrage à la TV il y a quelques mois, et tout récemment au théâtre.
Il faut dire qu'en général, je n'ai pas beaucoup d'affinités avec Victor Hugo: j'ai du m'enfourner dans le crâne ses loooongs poèmes quand j'étais à la primaire et les analyser au collège. Ces alexandrins parfaits, aux hémistiches bien réguliers, aux rimes plates ( et rarement le terme de rime plate ne m'aura paru plus adapté au propre comme au figuré) ou au mieux enchâssées, aux thèmes qui ne m'intéressent pas ( et avoir du me taper un commentaire de texte au lycée sur Booz endormi et ses 22 strophes n'aide pas).

SAUF, 2 poèmes: les djinns pour sa forme graphique qui préfigure un peu les calligrammes, et demain dès l'aube, où il laisse enfin tomber la mythologie et l'ancien testament pour un sujet simple qui le concerne, sans artifices.. et donc je me sens plus convaincue aussi.

Pour les romans, c'est à peu près pareil, j'ai souvenir d'un ennui profond à la lecture de Notre Dame de Paris et ses descriptions en long et en large de Paris depuis les tours de Notre Dame.. Au Moyen-âge, à la Renaissance, puis au XIX° siècle, tiens ce bâtiment la a été détruit par machin, en telle année, et avant il y avait ça... et pour des phrases aussi lourdes que que "L'un de ces deux squelettes, qui était celui d'une femme, avait encore quelques lambeaux de robe d'une étoffe qui avait été blanche, et on voyait autour de son cou un collier de grains d'adrézarach avec un petit sachet de soie, orné de verroterie verte, qui était ouvert et vide."
Dis-moi Vic', tu étais payé à la page, ou au mot non?

Par contre j'ai toujours préféré ses textes politiques, que je trouve beaucoup , beaucoup plus intéressants et percutants. Et lors qu'il s'attaque aux problèmes sociaux, là, oui, j'adhère. Enfin, pas à 100%, mais c'est déjà plus mon truc.

Claude Gueux, je ne l'avais jamais lu, mais de mémoire j'en avais vu une adaptation en téléfilm il y a quelques années, qui mettait surtout en avant l'engrenage dans lequel Claude l'ouvrier se retrouve pris, devenu voleur par nécessité pour ne pas mourir de faim et condamné à 5 ans de prison pour ça, et le cheminement qui l'amenait à commettre eu meurtre. Donc une version qui mettait surtout en avant la disproportion de la punition face au crime ( vol pour se nourrir), le harcèlement moral dont il est victime et l'idée centrale était donc l'idée que le crime résulte avant tout de la misère.
Or j'ai de bons copains qui font du théâtre et l'ont mis en scène en prenant une orientation tout autre.
Donc après avoir vu leur version, je me suis procuré une édition e-book gratuite, la nouvelle fait 38 pages.

C'est donc parti pour la nouvelle:
Claude Gueux, un ouvrier pauvre mais sensé est contraint par la misère de voler pour nourrir sa famille. Le résultat sera 3 jours de nourriture pour la famille et 5 ans de prison pour Claude, qui se retrouve interné dans une prison atelier où il travaille en plus de purger sa peine. Comme Claude est un ouvrier travailleur et efficace, il gagne vite l'estime de ses codétenus sur qui il prend un ascendant que lui envie le directeur de la prison, un type mesquin, un fonctionnaire borné et étriqué, qui malgré sa position sociale, n'a jamais pu se faire obéir. Le directeur déteste donc Claude qui a une influence que lui n'a pas, et se met à faire du harcèlement moral sur lui, jour après jour, mois après mois, et le sépare d'Albin, un autre détenu, le seul ami que Claude n'ai jamais eu. Ni les supplications, ni les prières, ni rien ne peuvent infléchir le fonctionnaire jaloux, qui continue à narguer les prisonniers, la seule solution que Claude voit pour arrêter cette torture mentale est aussi simple que très bête: assassiner le directeur. Sous les yeux de nombreux témoins, ce qui évidemment équivaut à se condamner à mort, et la conclusion donnée par Victor Hugo est à la fois une charge contre la justice aveugle qui au XIX° siècle ne connait pas l'idée de circonstances atténuantes ni de légitime défense, contre la peine de mort et le bagne, et contre les mesurettes prises par les divers gouvernements qui préfèrent punir plutôt que guérir. L'enchaînement de circonstances qui conduit un ouvrier honnête au vol, à la prison et pour finir au crime est cause de la misère , certes mais aussi du manque d'éducation. Et pas seulement de la population en général, la bêtise crasse des édiles ignares en prend pour son grade.

Il me semble bien que la version TV évacuait presque totalement cette idée de lutter cotre la misère par l'éducation.
L'affiche de 2014, mais le spectacle a été repris la semaine dernière, en tout cas, voilà l'intention de la compagnie. et leur page facebook

Celle mise en scène par la compagnie de la Mouvance se concentre davantage sur cette idée de donner à la population ouvrier des clefs pour s'en sortir via l'éducation... Ce qui est tout à fait dit dans la nouvelle, une manière de lutter contre le plafond de verre en quelque sorte, un concept qui s'il n'avait pas encore ce nom, existait déjà, la ségrégation sociale: tu es né pauvre, reste-le.
Par contre, là où la nouvelle se contente de narrer l'histoire de façon objective, la solution retenue au théâtre est de donner la parole directement à claude, et de transformer le discours final d'Hugo en plaidoirie de l'avocat de Claude. Solution simple, mais efficace pour une mise en scène à un seul acteur.

L'autre bonne idée est d'évacuer ce qui m'a quand même gênée aux entournures dans la nouvelle: un angélisme un peu datées, une présentation de Claude un peu trop christique ( le passage où il partage ses maigres affaires entre ses camarades avant d'assassiner le directeur est une transposition de la cène qui crève  les yeux tellement elle est peu subtile, avec une jeune ouvrier qui se met à pleurer façon saint Jean l'évangéliste), et la conclusion qui se focalise sur une seule éducation: religieuse. C'est écrit noir sur blanc: le livre à lire c'est la bible, et les ouvriers miséreux ne sombreront pas dans le crime si ont remet aux centres de leurs préoccupations le paradis et l'espoir d'une vie future meilleure.
QUOI?

Oui, je pourrais critiquer cette vision simpliste en long et en large, je vais me borner à souligner que la nouvelle date de 1834, et que l'histoire s'est chargée de prouver en 1834 à Lyon, en 1848 et en 1871 à Paris, pour les dates les plus connues, que lorsque le peuple en a vraiment marre de la misère, ce n'est pas en lui parlant de religion et de bible qu'on arrive à le calmer. Du coup, si le texte est toujours percutant et a gardé son caractère novateur au niveau de l'idée, c'est, au vu de ce qui a suivi, la solution prônée par Hugo qui semble une emplâtre sur une jambe de bois, et une demie-mesure pas plus efficace que celles prises entre les élus que critique Hugo.

Un jour il faudra que je lise les Misérables, mais la longueur m'a toujours un peu dissuadée. Mais au moins pour voir comment l'auteur a remanié ses propositions un poil naïves à l'aune de l'actualité de son époque.
En tout cas la solution: remettre la bible et le paradis au centre des préoccupations des ouvriers n'est plus possible pour une adaptation TV ou théâtre au XXI° siècle, donc c'est une bonne chose que les deux versions aient mis en avant les autres problématiques soulevées par le texte (les passages contre la peine de mort auraient pu être dits textuellement au XX° siècle, puisque le dernier condamné à été décapité en 1977, et la peine de mort abolie en France en 1981 seulement)

Mais malgré tout, j'apprécie beaucoup, beaucoup plus la plume de l'auteur quand il décide d'être sarcastique, contre les fonctionnaires, contre les idiots, contre les édiles qui regardent le peuple de haut. On n'est pas encore dans l'engagement d'un Jules Vallès, mais les choses s'amorcent.