Tome que j'avais également pris un peu au hasard dans une brocante. et il se trouve que les deux se suivent, justement, en ordre de parution ( le sceptre, 8°tome, en 1939, le crabe, 9° tome en 1941)
Et mon ressenti est un peu le même: au risque de me faire incendier, je trouve que la BD a mal vieilli. après il faudrait que j'en lise d'autres de la même époque, Spirou ou les premiers Blake et Mortimer, je pense que j'aurais encore le même point de vue, pas spécifique à Hergé.
D'une part il se passe plein de choses dans cette histoire de trafic de drogue sur laquelle tintin enquête un peu par hasard : une boite de conserve vide trouvée par Milou qui se trouve être liée à une affaire sur laquelle enquêtent les Dupont-d, qui conduit à un bateau dont les cales sont remplies de boites de conserves de crabes... dont une bonne partie contient en fait de l'opium, trafiqué par le lieutenant du navire, dans le dos du capitaine, pochetron notoire qui ne voit rien de ce qui se passe à bord.
Car oui, c'est dans ce tome qu'on rencontre le Capitaine Haddock, qui bien que devenu aussi populaire, sinon plus que le personnage titre, est tout sauf digne d'éloges: alcoolique, pleurnichard, bagarreur et assez trouillard. Du coup, j'ai préféré ce tome là au précédent, puisqu'il y a une second rôle haut en couleur.
Mais d'autre part, le rythme est lent, la faute à un découpage pas encore tout à fait au point ( 15 cases pour nous montrer que Milou fouille les poubelles et se coince le museau dans une boite vite, je persiste à penser que c'est un poil trop, pour moi qui ait été élevée à la BD années 70, qui avait dépassé ce problème là pour aller vers plus de concision narrative), et par moment à l'inverse, la narration lance des pistes qui sont oubliées ( le type chinois, ou japonais, on ne sais pas trop qui est enlevé au début, .. et ne réapparaitra qu'à la dernière page. Ben, voilà un personnage qui ne sert au final pas à grand chose). A côté de ça Hergé nous fait d'immense cases très réussies et dynamique: l'attaque en piqué d'un hydravion sur un canot de sauvetage, résumée en une seule grande case, avec une vague qui rappelle un peu Hokusai est très réussie.. pas besoin d'en faire 10 pour suggérer le mouvement. Là oui, j'aime bien ces grandes cases, il y en a quelques unes, Tintin et le capitaine perdus dans le désert, une porte mauresque à contre jour avec des passants dans la rue en second plan, une rue peuplée: dès qu'il ajoute un décor et des personnages secondaires, au lieu de centrer une mini vignette centrée sur une seule action sans arrière plan, Hergé fait des choses très intéressantes avec un effet de profondeur.
L'autre point qui a terriblement vieilli, et ne passe plus , mais alors plus du tout, c'est le côté vraiment caricatural des bédoins qui parlent " p'tit neg' ( du genre: "moi, y'en a mis la boîte dans le placard...").
Oui, je sais, BD d'une autre époque, d'avant la décolonisation, mais bon, je ne peux pas en 2015 en faire abstraction: ça me pose un vrai problème.
Après on voit aussi que les temps ont changé sur les références à l'alcool, quelle BD jeunesse présenterait maintenant des personnages ronds comme des billes, y compris le chien? ( d'ailleurs Milou me pose toujours un problème: d'un côté, il se comporte en chien, accro aux os, qui fouille les poubelles, de l'autre.. il parle. Dans un cadre qui se veut plus où moins réaliste, c'est quand même bizarre!)
Donc bon, oui, je reconnais une importance à la série dans l'histoire de la BD, mais personnellement j'ai toujours du mal à accrocher. Il faudra quand même que je tente un tome plus tardif pour voir comment la série a évolué d'un point de vue narratif notamment, et si le dessinateur s'oriente vers plus de décor, de cadrage..
idée 53: un chien |
Ah oui, c'est typiquement "d'avant la décolonisation", on l'a assez reproché à Hergé...
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