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jeudi 31 décembre 2020

Conte de fée ou histoire d'horreur (3) - les adaptations

Etape 3: allons au théâtre ( ça n'est toujours pas possible dans notre " fabuleux" pays)

Et parlons de Tchaïkovski. Un compositeur avec qui j'ai une relation, disons...aléatoire.
J'ai beaucoup ses symphonies.J'aime beaucoup ses adaptations en opéra de Eugène Oneguine et la Dame de Pique. Ou l'ouverture 1812, avec "le canon" comme instrument de musique - oui, c'est en référence à la campagne de Russie de Napoléon.

Piotr jeune. Ce n'était pas vraiment le type jovial à la base, mais j'ai cherché pour trouver une image, où il ne fiche pas trop les jetons.


Je compatis avec sa situation personnelle ( pas évidente au XXI° siècle, encore moins au XIX°, et encore problématique en Russie actuellement) qui l'a conduit au bord du suicide. Et qui n'est peut-être pas étrangère aux curieux accents angoissants qu'il peut glisser au sein d'une musique plutôt joyeuse. Y'a de la déprime dans l'air.

Mais j'ai souvent plus de mal avec ses musiques de ballet, que je trouve d'une part un peu moins inspirées (même si c'est le haut de gamme de la musique de ballet, hein...on affaire a un vrai compositeur et particulièrement doué dans l'harmonie), d'autre part, même sans avoir vu le spectacle, je connais déjà les morceaux, multidiffusés, toujours les mêmes, alors que ce ne sont pas forcément ce qui m'inspire le plus (la valse des fleurs, la danse de la fée des dragées, par la faute de Fantasia). Je pense que c'est surtout ça le problème: le ressassement des mêmes extraits, surtout quand on ne trouvent pas qu'ils soient les meilleurs (c'est pareil avec "la danse des petits cygnes", hein...)

Passons au spécatcle proprement dit: jusqu'à il y a peu, je ne connaissais que deux versions: la chorégraphie super classique d'Ivanov (collaborateur de Petitpa, donc l'influence se sent, et Petitpa, désolée, mais ça n'est pas mon truc) et celle bizarrement tordue de Noureev, qui était peut être un excellent danseur, mais un chorégraphe disons... contestable. Et, à dire vrai, je ne savais pas qu'un spectacle qui porte le même titre pouvait avoir autant de variantes.

Particularité: la musique ne change pas mais chaque théâtre a sa version, avec sa chorégraphie et qui peuvent varier grandement, c'est presque la loterie. Le spectacle sur scène à Paris, à New York, à Londres, à Saint Petersbourg ou à Moscou et encore ailleurs ne sera pas le même.

Allons y pour une comparaison de trois versions que je vais diviser en " bleu, blanc, rouge" (en rapport avec la couleur de la tenue du personnage central)

Bleu:
Donc, il y a quelques jours, j'ai pu voir l'oeuvre entière dans la version du Théâtre Marinsky. Chorégraphie de Vassili Vainonen. Allons y pour les plus:
décors magnifiques et costumes très sympa, j'ai bien aimé toute la première partie, qui se passe dans le monde "réel",  la suite m'a parue un peu longue en fait. Certains tableaux sont un peu longs, et , pas de chance, c'est justement en seconde partie qu'arrive le soliste dans le rôle principal.  Mais en en discutant avec  des gens qui s'y connaissent mieux que moi, ils ont eu aussi cette impression "un peu long", surtout les passages avec le corps de ballet (les flocons, les fleurs...). Mieux que ce que je pensais, mais il manquait quelque chose pour m'accrocher vraiment.
Je ne sais pas pourquoi, sans mettre en doute le talent du soliste, il m'a paru un peu... terne. Pas seulement sa tenue bleu ciel, surtout en matière d'interprétation, de jeu d'acteur. Désolée monsieur. La aussi, c'est une question de captation, peut être qu'avec quelqu'un d'autre dans le rôle titre j'aurais un peu plus accroché.

ICI, le spectacle en entier

Blanc: (enfin, beige, mais je voulais faire la blague). Opéra de Paris. Déjà il semble que le décor soit inexistant, au moins sur cette partie. En fait, d'aussi loin que je me souvienne, c'est cette version dont on m'a fait voir des extraits à l'école primaire et qui a fixé mon idée " la danse classique, c'est sportif, mais vaguement ennuyeux, pas mon truc" . Mais maintenant je comprends mieux pourquoi.
La chorégraphie de Rudolph Noureev ne me parle pas, mais alors pas du tout. Vraiment trop " cirque" pour moi.
Allons -y pour le déboulonnage de mythe ( oui blabla, je sais, je critique, c'est une honte, on touche pas à Noureev.. ok, son fantôme viendra me hanter pour ça... Je lui dirai "bonne année" en tatar et on s'arrangera)

Le gars a accumulé dans sa chorégraphie tous les trucs les plus compliqués à faire, hé bien... apparemment, juste pour le plaisir de faire compliqué, au détriment de l'esthétique ET de la narration. Il y a des moments où on jurerait que la pauvre danseuse est ivre tant ses mouvements de jambes sont laids - et ce n'est pas sa faute, c'est la chorégraphie qui est comme ça. Moi qui ai pratiqué la danse moderne étant plus jeune, ma mère qui a pratiqué la danse classique sommes tombées d'accord, il y a quelque chose qui coince.
Donc je lui laissse la parole: Pour elle, les deux qui sont supposés danser en duo semblent en fait s'affronter. Au point qu'elle s'est demandé si les deux interprêtes se détestaient en réalité ( chose peu invisageable: le chorégraphe est sur scène, il a donc choisi personnellement qui participerait avec lui) Et ça manque de liant entre les passages. Je ne peux pas la contredire. Ils sont supposés raconter une histoire, et je ne vois pas l'histoire.


aux alentours de 2'30: Que c'est bizarre! Pour rappel, elle est supposée être humaine, c'est lui qui est en bois normalement. Donc que le danseur soit tout raide se justifierait, mais là, juste, non. Et toute la fin confirme cette impression.

Alors je ne dis pas qu'ils sont mauvais, au contraire, mais... c'est surtout de la prouesse technique, au lieu d'être au service du scénario.

En résumé: ça me fait plutôt penser à un numéro de cirque (voir conclusion à 5'30). Et à 5'00: je ne sais pas comment s'appelle la figure, mais j'ai envie d'appeler ça " le battage d'oeufs en neige". Le plus drôle c'est que le chorégaphe a lui-même l'air de galérer par moments sur sa propre chorégraphie.
Et tout les passages solo me font beaucoup rire, ce qui n'est certainement pas le but (à cause de la série de ciseaux, qui m'évoque vraiment une compétition de gymnastique, où le but est de montrer qu'on sait faire des trucs compliqués mieux que tout le monde. Et la fille qui secoue ses jambes comme si elle avait un chewing-gum collé aux pieds.. j'en viens à me demander si ce n'était pas une parodie en fait, je n'ai pas trouvé d'information à ce sujet. Ca rendrait les choses bien plus intéressantes)

Je vois qu'il y a dans les discussions pas mal de gens qui sont aussi circonspects que moi, d'autres qui font de longs pavés pour expliquer tout en détail. Certes, aller au théâtre ne doit pas se faire en laissant le cerveau à la maison, mais il s'agit d'un spectacle de danse, sans texte! S'il faut en amont savoir trouzmille choses sur les opinions politiques du chorégraphe et son attitude vis à vis de son pays pour comprendre qu'il glisse des allusions ironiques à ceci ou celà dans la tenue de la danseuse, ou une interprétation psychanalytique codée du personnage en référence à ... nooon, c'est un spectacle au théâtre, sans paroles, pas une analyse sociopolitique, pitié. 99% des spectateurs vont dire "pourquoi le héros saute soudain comme un cabri, pourquoi la danseuse semble égoutter ses pieds?"
Donc, version opéra de Paris, je passe mon tour.


aparté musical, puisque j'ai un timing précis pour en parler: à 3'20, j'aime beaucoup ce passage musical qui illustre ce que je disais sur les accords angoissants qui arrivent d'on ne sait où.
Tout est calme, tout est aérien, les arpèges de harpe, les arpèges aux cordes, c'est lyrique, il y a une splendide broderie de clarinette basse, dont j'aime le timbre profond presque autant que celui du basson. Une petite brise légère de clarinettes, donc qui est presque immédiatement suivie d'une grosse bourrasque de cuivres en descente chromatique jusqu'au plus pas de leurs possibilités. CE passage de quelques secondes, je l'adore, et je le considère parmi les plus belles réussites de l'auteur. Et quand j'entends quelque chose comme ça je me dis " wow, mais qu'est-ce qu'il a voulu nous dire, ce n'est pas un hasard, c'est une scène de triomphe, les héros sont acclamés par la Fée qui règne sur le pays imaginaire sur pour leur victoire sur le roi des souris, et soudain, sans prévenir, le tonnerre". Voir là le paragraphe " style musical"

 
Je ne suis pas musicologue diplômée mais j'y entends une sorte d'avertissement: le triomphe n'a qu'un temps, il ne faut pas se réjouir trop vite, les problèmes vont vite réapparaitre. Elle est dans un monde de rêve, idéal, mais... la réalité frappe à la porte et plus dure sera la désillusion.
Ou plus prosaïquement: l'idéal n'existe pas, la gloire est une illusion , le réveil est proche et tout va disparaître: fée, magie, gentil héros qui redeviendra simple pantin.
Tchaïkovski a dû se baser sur la version du texte de Dumas, mais préférait celle d'Hoffmann, et je me demande si ce n'est pas justement une référence sonore à ce qui attend l'héroïne: le retour à la réalité, la destruction des illusions, la moquerie de sa famille - qui piétine carrément sa sensibilité et son imagination - au point de lui faire souhaiter échapper à ce quotidien étriqué et sans espoir et retourner dans le monde des rêves. Ou à Piotr lui même, enfant imaginatif dans une famille de militaires et juristes, surnommé quand il était  petit " garçon de verre" à cause sa tendance hypersensible. En tout cas, je suis sûre que ces quelques mesures ne sont pas là que pour " faire un contraste", mais qu'il y a un message. Mais, cette descente chromatique, quelle merveille! :)

Par contre peu importe qui danse, comment quel orchestre joue, le célesta ( fin de l'extrait) est une torture pour mes oreilles, je ne supporte pas les sons aigus,donc celesta, piccolo,glassharmonika, tout ça,c'est pas pour moi.J'entends un concert de sonnettes de porte, et ce n'est pas unie image,c'est vraiment comme ça qu'est fait un célesta. 
En alignant autant de sonnettes qu'il y a de touches sur un piano...
Instrument de l'enfer!

Rouge: On part à Moscou, au Bolchoï theâtre.
Chrorégraphie de Grigorovitch. Il est très peu connu en France, où c'est Noureev qui reste la référence.

Et pourtant là oui enfin, je tiens quelque chose: scène de sorcellerie ouiiiii! Drosselmeier inquiétant à souhait ouiiiiii!Des rats partout, ouiiiiii
Mais surtout, enfin, pas une démonstration d'acrobatie avec des mouvements mécaniques et où le danseur sert à quelque chose... pas uniquement à faire joli dans un coin en attendant que la fille ait terminé son solo ou à la tenir pour qu'elle ne tombe pas.
Je ne voudrais pas avoir l'air d'abuser, mais c'est en fait le reproche que je pourrais faire en général à la danse classique:dans beaucoup de cas, les hommes sont sous employés, souvent en tant que faire valoir de la danseuse.
Vous pouvez me rappeler le titre du spectacle et qui est supposé être le personnage central? Ca ne s'appelle pas "Le Noël de Maria - ou Clara" ( son nom varie selon les productions)

Or évidemment, on ne se refait pas, si talentueuse soit la dame, je n'ai pas un intérêt fabuleux à regarder des femmes en jupette...non mais c'est pareil pour le patinage ou la gymnastique, je préfèrerai toujours admirer un monsieur. Et j'ai l'homme de la situation!

Je vous avais donc promis un charmant, enchanteur, envoûtant... monsieur, le voilà ( bon, c'est subjectif, et vous avez le droit de rester de marbre, ou de bois, ce sera plus adapté)
Mais de mon point de vue, c'est un vrai tour de magie. En effet, il a réussi là où tout le monde a échoué: m'intéresser à une discipline pour laquelle je n'avais pas d'affinités à la base.

Oui, vous avez deviné, après plusieurs mois à vous casser les noisettes avec cet artiste, il était impensable que je ne le mettre pas à l'honneur le 31 décembre, qui plus est le jour de son anniversaire. Il a donc fêté quasiment tous ses anniversaires sur scène dans ce spectacle, pendant toute sa carrière: revoilà donc le grand Kolia, qui donc a su changer ma vision sur son art.

La danseuse, alors débutante est très bien, et, petit détail qui a son importance: ils sont professeur et élève, d'où cette précision sur une chorégraphie qu'ils travaillent ensemble à longueur de temps, et cette joie visible des deux, qui n'ont clairement pas des sourires de théâtre.
Un professeur qui amène son élève au plus haut niveau, et une élève qui fait ses débuts en duo avec son prof. Je trouve ça tout à fait génial, malgré les petites hésitations de la débutante...On dirait presque un père et sa fille, c'est trop chou (c'était l'anecdote "conte de noël")

La seule chose que je peux reprocher à cette production c'est la perruque pailletée, mais bon, c'est l'incontournable de la version " rouge" celle du théâtre Bolchoï

Ceci dit il y a là un truc intéressant:  donner à l'interprête un côté visiblement artificiel, et rappeler que, si c'est un humain qui tient le rôle, le personnage ne l'est pas vraiment. et qu'il lui faut donc paraitre non humain. MAIS pas robotique non plus.
Si j'ai bien compris ce que j'ai lu par ailleurs, le chorégraphe lui-même insiste pour que ses interprètes dans le rôle principal aient les mouvements les plus fluides, les plus "idéaux" possibles afin de les rendre plus étranges, et faire ressortir le côté "vision imaginaire". Donc l'approche inverse de se dire " un jouet en bois doit être raide comme un pantin". La "vallée de l'étrange".

Donc il y a possibilité de regarder la version entière, ce que je n'ai pas encore fait, parce que pas tout à la fois.
Mais à priori, entre ces 3 là, et d'un point de vue chorégraphique, en comparant sur mêmes les passages: pas de deux, solos et duo final, c'est l'équipe rouge qui gagne.
Pour ce qui est du décor, j'aime bien la version Bolchoï, plus moderne, et la version Marinski. Celle de Paris n'a pas de décor, c'est vite vu.

Mais par souci d'exhaustivité, et pour ceux qui voudront comparer, d'autres versions:
Opéra National d'Ukraine, visible en ligne à partir du 26 décembre 2020 et pendant 3 mois.
English National Ballet, une version raccourcie (1h00 au lieu d'1h30), visible jusqu'au 24 janvier prochain en ligne, ça peut être pas mal pour les jeunes qui n'ont pas encore la patience de tenir un spectacle entier.

Donc nous sommes le 31, j'en resterai là, sans aborder les adaptations en film, série, animation...sinon j'y passerai la semaine.
Et je vous souhaite donc à tous une excellente fin d'année!

Conte de fée ou histoire d'horreur (2) - les textes

Et hop, deuxième partie, après avoir décidé de me pencher sur le côté flippant du mignon conte de Noël que toutes les compagnies de danse dignes de ce nom mettent en scène pour les fêtes de fin d'année, il faut donc examiner les sources.
C'est à dire les deux versions du texte.

Au commencement, il y a E.T.A Hoffman, auteur de nouvelles hétéroclites mais souvent avec un sens de l'humour assez caustique et des sujets pleinement fantastiques: l'homme au sable est finalement un prototype de SF, avec un naïf qui tombe amoureux d'une femme automate, autant dire, un robot avant l'invention du mot. Aventures de la nuit de la saint Sylvestre est une diablerie, qui fait référence au fait de vendre quelque chose au malin , son âme, son ombre ou son reflet. Le violon de Crémone fait intervenir un fantôme. Du très bon, du très allemand finalement...
oui, il est un peu inquiétant, Ernst Theodor August

Ensuite il y a Alexandre Dumas père. Oui notre Alex national, des Trois Mousquetaires.. qui ne dédaignait pas à l'occasion écrire des histoires fantastiques ( la femme au collier de velours, les milles et un fantômes)
Dumas qui donc emprunte la trame de l'histoire à Hoffman, alors peu connu en France, bien qu'il ait été traduit. C'est cette seconde version qui a été mise en musique par Tchaïkovski et de ce fait mondialement popularisée.
MAIS problème; Tchaïkovski aimait bien le conte de Hoffman, et pas vraiment la version plus gentille de Dumas.
Pas le choix, c'est une oeuvre de commande, Piotr, tu fais ce qu'on te dit et tu nous mets en musique la version qui finit bien. Est-ce pour cette raison, et pour rappeler le texte d'origine qu'il a quand même glissé dans sa musique des accords assez menaçants par moments?

Mais donc voilà les textes.
Il y a plein de versions, mais je trouve ce visuel assez réussi et inquiétant.
Sachant que celle que j'ai lu est une vieille traduction libre de droits, pas toujours très claire.
Les éditions récentes doivent avoir une meilleure traduction , je pense.


ETA Hoffmann:
J'ai tenté de le lire en allemand, mais je ne l'aurais pas fini à temps: il y a beaucoup de vocabulaire militaire, car  le gamin de la famille joue à organiser des batailles avec ses petits soldats, et même en français, j'ai eu pas mal de difficultés, n'étant pas au fait de ce vocabulaire. Donc maintenant que je connais l'histoire par la traduction, je pourrais peu à peu, page à page, la tenter en VO, en prenant des notes.

Titre complet de la nouvelle: Nußknacker und Mausekönig soit textuellement Casse-noisette et roi des souris.
Car oui le roi des souris est un personnage important, et par qui les problèmes arrivent.

Putôt que du fantastique, on est bien dans le domaine du conte: il arrive des choses extrêmement bizarres dans cette histoire et tout le monde semble trouver ça parfaitement normal (par exemple un gosse qui casse des noix avec ses dents, et tout le monde trouve ça marrant, serviable, un chantier pas possible dans un salon, mais c'est juste parce qu'il doit y avoir une souris dans les murs etc..)

Dans la famille d'un digne médecin allemand, chaque année pour noël, les deux enfants les plus jeunes sont priés de rester tranquilles dans une salle pendant qu'on prépare le sapin de Noël dans une autre pièce. Fritz et Marie en sont réduits à imaginer les cadeaux qu'ils vont avoir, en écoutant les bruits des préparatifs. Pas de père Noël, on est en Allemagne, c'est le Christkind , même s'ils savent que ce sont leurs parents et leur parrain qui leur offrent les cadeaux.
Et premier détail curieux, on apprend que le parrain, Herr Drosselmeier, horloger amateur de génie, leur offre chaque année de splendides inventions, qu'ils ne peuvent pas vraiment garder, les cadeaux leur sont vite retirés avant d'être abimés, et mis en vitrine. Dons, peu importe la beauté des création du génial Drosselmeier, mieux valent les cadeaux moins beaux mais que l'on peut garder.

Et donc les gamins découvrent ce soir là leurs cadeaux -  en grande quantité, robes et poupées pour Marie et sa grand soeur, soleils et chevaux de bois pour Fritz- on est clairement dans un milieu très aisé, la nourriture abonde, ils n'ont pas le moindre souci ( au poit que, ETA Hoffmann étant sarcastique, je me demande s'il n'y a pas déjà un côté moqueur dans la description de cette surabondance de jouets , qui vont finir rapidement dans une armoire vitrée.. vu la suite de l'histoire, je pense que oui, il y a quelque chose, sur le thème de l'apparence brillante, trompeuse, factice). Et bien sûr le clou de la soirée est la démonstration d'automates, de la nouvelle création de Drosselmeier, dont les enfants se lassent vite: les automates, c'est bien, mais ils ne savent rien faire que ce pour lesquels ils sont réglés, c'est vite ennuyeux. Mais parmi les jouets, celui qui attire l'oeil de Marie est un Casse-Noix en bois, en forme de petit soldat, très moche, avec une tête énorme et de grandes dents. Mais qu'elle prend instantanément en sympathie, car elle le trouve drôle malgré son côté ridicule. Lorsque Fritz, qui manipule tout comme une brute, casse le jouet, Marie s'insurge, et elle va s'en occuper.. comme d'un humain malade. Au point que plus le temps passe, plus elle voit son jouet vivant: il sourit quand elle lui parle, prend un air renfrogné à la mention de l'horloger. Dès la nuit suivante, Marie voit les souris envahir le salon, à l'attaque de l'armoire aux jouets. Marie voit alors son Casse-noisette, bien qu'amoché, prendre la tête de l'armée de petit soldats et mettre en déroute les souris. Dans la cohue, la vitre de l'armoire est brisée, Marie se blesse et se coupe et doit rester au lit.
Donc bien sûr tout le monde se moque de cette petite fille trop imaginative, bien sûr la seule à avoir vu ce qui a causé la pagaille dans le salon. Cependant personne n'empêche le parrain d'encourager ces affabulations avec des histoires à dormir debout. Ayant réparé le casse-Noisette, mais omis de lui rendre son sabre décoratif, le voilà qui raconte à Marie que ce petit bonhomme moche et ridicule est en fait un malheureux garçon de sa famille, victime d'une malédiction.
Historie dans l'histoire: Dans un pays lointain, à une époque inconnue, vivaient un roi gourmand, sa femme cuisinière et leur fille. La reine nourrissait dans sa cuisine "Dame Mauserink", une "reine souris", qui a un jour abusé en dévorant tout le dîner du roi: Les souris chassées, la reine souris résolut de se venger, en jetant un sort de laideur à la fille du roi. On découvre que le moyen de lever le sort est de lui faire manger une noix spéciale réputée incassable, que seul un jeune garçon répondant à des critères particuliers pourra casser. Il s'agit d'un neveu de Drosselmeier (ou en tout cas son avatar de contes), dont la curieuse compétence est de casser des noix avec les dents. Mais il doit faire ça dans des circonstances particulières en fermant les yeux. A la clef, bien sûr, la main de la princesse moche et le titre de roi. Sauf que, évidemment, catastrophe, en procédant au cassage de la noix , il piétine la reine des souris, ouvre les yeux.. et récupère la malédiction de mocheté. Et haine farouche du nouveau roi des rats, dôté de 7 têtes, et fils de feue la reine qui vient de finir en crèpe sous les pieds du maladroit, changé en pantin. Réaction immédiate de la princesse, : je suis redevenue belle, il est moche, tant pis pour lui, donc rien à faire, je ne vais pas me marier avec une mocheté pareille!
Et blablabla, c'est pourquoi ton jouet est si moche. Marie en est donc sûre, le jouet est un être humain ensorcelé!

Mais ce n'est pas tout, le roi des souris a la rancune tenace, et nuit après nuit, vient faire du chantage à Marie " donne moi ceci à manger sinon, je détruits tout, y compris ton précieux jouet qui ne peut plus se défendre". Se rendant compte qu'elle va perdre toutes ses sucreries, tous ses livres, se vêtements, et peut être finir elle même mangée par les souris, elle tente le tout pour le tout donnant une arme de fortune au Casse Noisette, qui vainc enfin le roi des souris. Et lui offre en guise de remerciement, une visite de son royaume. Puisqu'il est légitimement le roi.
Le paradis pour une petite fille: rivères de limonade, de miel, palais de biscuits, villes entières de bonbons ( on se croirait chez dame Tartine). L'horreur pour moi qui pense à Hansel et Gretel. Si c'est trop beau, c'est un piège.

Sauf que rentré chez elle, elle entreprend de raconter son aventure au royaume des sucreries, à quel poit ctétait beauc, etc... et se fait jeter par les parents qui n'en peuvent plus de cette mythomanie, même le parrain qui l'a pourtant clairement alimentée se moque d'elle. Au point qu'elle sombre dans la mélancolie, et fini par prononcer tout haut le souhait que son jouet soit réellement un être vivant, qu'elle n'aurait jamais agit se manière si peu loyale evers quelqu'un qui aurait été défiguré par sa faute.
Conclusion? Hé oui, c'est un conte et c'était évidemment le mot clef piur rendre forme humaine au jouet. Le lendemain, Drosselmeier arrive avec un de ses neveux, arrivé justement chez lui la veille, vêtu en tout point comme l'enfant du conte, avant sa malédiction, et qui casse des noix avec ses dents, chose que tout le monde semble trouver normal. Un gamin adorable et pas du tout difforme.

Spoiler, vous connaissez la technique:
A peine seul avec Marie, le gamin lui explique qui "oui, c'est moi, ton jouet, tu as cru en moi, tu ne t'es pas moquée de ma laideur, tu m'a aidé, je te demande en mariage. Et on apprend alors qu'à la fin de l'année suivante, la petite Marie ( 8 ans!) se Marie avec lui (qui doit avoir à peu près le même âge) et part pour toujours.

Je trouve cette fin hyper glauque. En fait je me demande ce qu'on doit y comprendre: Marie est ensorcelée à son tour et emmenée dans un endroit maudit - car le parrain est un personnage très inquiétant et un peu sorcier - ou bien de manière plus réaliste mais pas moins sinistre: elle est pour toujours enfermée dans son monde imaginaire, entournée d'une famille qui croit que punir et se moquer peut guérir la mythomanie, et au final, il faut comprendre qu'elle est emmenée à l'asile. Ou qu'elle déprime et se laisse mourir, passant réellement dans l'autre monde, puisque le monde réel ne veut pas d'elle. De mon point de vue, je comprends la solution numéro deux: elle devient folle et est emmenée là où on met les malades mentaux.

En tout cas, il y a là quelque chose d'intéressant, on sait que les contes n'ont pas qu'une lecture possible, Hoffmann est quelqu'un doté de bien trop d'humour noir pour se contenter d'une féérie sucrée. Il mentionne d'ailleurs régulièrement le côté effrayant de Drosselmeier, ou le fait que sitôt dans le royaume de conte de fée, le Casse Noisette prend un air sarcastique et se moque de Marie, ce qu'elle n'avait pas vu venir. Donc, moins " gentil héros" d'un seul coup. 

En tout cas, cette histoire a des développements intéressants qui ont évidemment été évacués de la mise en scène au théâtre. Non seulement le jouet garde son aspect grotesque jusqu'à la toute fin, mais la
cruauté, surtôt mentale, est partout: on offre aux enfants des jouets qu'on leur reprend illico. On leur raconte des histoires farfelues, et on se moque d'eux s'ils y croient. Le roi des souris fait du chantage. Partout il y a ce genre de petits détails bizarres et menaçants, même dans le monde de rêve, où il est question d'un cbonhomme jouet décapité.
Il y a aussi une chose extrêmement intéressante dans ce passage: la foule des jouets semble vouloir procéder à une sorte de lynchage gratuit, mais se calme lorsqu'on prononce devant eux le mot " horloger". Pour eux un personnage mythique, leur père à tous, leur créateur invisible dont lévocation les calme pour un temps. Je ne sais pas quel était le point de vue de Hoffmann sur la religion, mais, il semble nous dire qu'il s'agit d'une mascarade. Camme je pense, cette critique implicite de la surabondance, qui au final, noie la qualité sous la quantité, la vérité sous le décor.

Je parlais plus haut des apparences: les enfants se lassent vite de ce qui brille mais n'a pas de vie propre, Marie voit par contre des objets inanimés prendre vie. Elle délaisse des jouets plus jolis, plus prestigieux pour celui dont elle aperçu la nature profonde, et donc va spontanément au delà des appenrence, au contraire de la princesse de l'histoire pour qui seule compte l'apparence.

Et encore une autre piste, plus évidente: le pouvoir de l'imagination, et de la lecture aussi. Drosselmeier réalise en automates les choses que son imagination invente, Marie voit exactement le monde qu'elle a envie de voir, les récits incroyables sont partout...l'imagination va peut être jusqu'à son exagération, la mythomanie.

Donc au final, ça ne métonne pas du tout que cette courte histoire très bizarre ait eu autant de succès, elle regorge d'interprétations possibles

Alexandre Dumas: La trame générale est à peu près la même, sauf qu'au lieu de commencer directement par l'histoire, Dumas nous fait un prologue, expliquant pourquoi il s'est retrouvé, lui auteur à succès, à devoir raconter une histoire à une groupe d'enfants turbulents et pourquoi il l'a empruntée à un autre auteur, alors inconnu. Ca ne parait pas grand chose, mais ça donne un cadre " réaliste " à la chose et du coup, ça limite la portée horrifique.
(détail culturel intéressant: il explique aux enfants ce qu'est un arbre de Noël, tradition allemande que personne au milieu du XIX° siècle ne pratiquait en France, les enfants ne connaissent pas. C'est intéressant à cette époque de préciser que deux pays voisins ont des traditions différentes, et ni l'une ni l'autre n'est meilleure)
Mais, alors qu'il était en plein récit de ce qui se passe un 24 décembre à Nuremberg, le lecteur revient dans le "monde" où Alexandre Dumas raconte ce qu'est un arbre de Noël. Les choses étranges se passent dans le récit allemand, pas dans le cadre tout à fait sécurisé d'un goûter d'enfants en régon Parisienne. Ceux qui connaissent la définition du fantastique par Todorov voient ce que ces allez- et- retour peuvent poser comme problème.
Et ça ne s'arrête pas là, Dumas est en générl bon en narration, avec un humour et des adresses au lecteur qui font comprendre que tut ce ci n'est que du roman, mais ce qui passe bien pour un roman, passe beaucoup moins bien pour un conte. Il explicite TROP de manière cartésienne, ce qui se passe dans l'histoire de Pirlipat et la noix de Krakatuk, alors que le conte et la magie ne doivent justement pas être expliqués. Il délaye en rajoutant des références et de l'intertextualité ( références historiques à Cléopâtre, à César, à la légende de Laridon,à Shakespeare,  petites vacheries à l'égard de l'Académie Française). Je me dis que s'il a réellement raconté tout ça à une vingtaine d'enfants de 10 ans, ils se seront vite endormis, tant ce sont des références au monde adulte du XIX° siècle. De même la bataille des poupées contre le roi des souris, décrite par un français du XIX° sicèle prend un côté politique qu'elle n'a pas à l'origine. L'armée de jouets est rebaptisée une garde populaire et il est bien question de renverser le roi. Et donc il en fait une allégorie de la Révolution Française.
C'est un peu le problème: là ou Hoffmann se contente de raonter un conte , sans adresse au lecteur où à un auditoire, sans excpliciter, de manière donc très allemande, Dumas raconte " à la française" en rajoutant des références qui n'apportent rien, si ce n'est de montrer que nous somme un peuple cultivé qui maîtrise ces références.  Le conte prend un côté trop savant.
Et est expurgé de ses notes bizarres et un peu cruelles.
La fin est plus positive, la famille se mque un peu de Marie, mais moins méchamment, lors de la visite du pays magique, le casse-noisette n'a pas comme chez Hoffmann quelques sautes d'humeurs ou un sourire sarcastique, ou des paroles moqueuses...par contre il a un prénom: Nathaniel. C'est quand même un peu moins impersonnel que " le casse-noisette".
Spoiler : Oui, il y a bien le gentil garçon redevenu humain grâce au souhait de démiurge de Marie, qui arrive,  demande la gamine en mariage, mais de manière très officielle à ses parents, et donc oui, elle va devenir reine du pays des poupées, mais elle ne disparaît pas comme ça un jour presque sans prévenir.

Mais oui, même si Dumas reprend par endroit des phrases entières de Hoffmann, comme s'il s'agissait d'une traduction, sa manie de tout expliciter, de s'adresser à l'auditoire ou au lecteur avec force clins d'oeil casse le principe du conte, qui devient " un peu trop gentil et pas assez menaçant". Autant c'est un auteur ( ou collectif d'auteur, on en a déjà parlé) que j'apprécie pour les romans fleuves, ou un peu d'humour et de cassage du 4° mur ne pose pas de problème, autant pour un conte, c'est exactement ce qu'il vaut mieux éviter. Le conte aime les brumes allemandes et le flou, beaucoup moins les explications quasiment techniques. On perd en cruauté, en humour noir et en mélancolie.
effectivement, je pense que c'est intéressant: chaque récit est bien dans l'air du temps de son pays. Romantisme allemand pas toujours bien compréhensible, vs salon littéraire en miniature du XIX° siècle français, brillant, mais un peu vain.
Sur ce point là, je penche plus pour l'approche germanique.

3 étape: les adaptations sur scène.

Alors, les différences scénaristiques majeures, je la mentionne déjà, pour ensuite ne parler que mise en scène et musique, mais voilà:
- il y a a deux parties: toute l'histoire à Noël, jusqu'à la victoire sur le roi des souris, puis toute l'aventure au pays magique, avec félicitations officielles de la reine pour Marie (le casse-noisette n'est pas le roi du pays imaginaire, mais une sorte de chevalier ensorcelé)
- Il reprend forme humaine dès la victoire sur le roi des souris - une seule bataille au lieu de deux - et est donc redevenu humain lors de leur visite du pays magique. Dans les contes, il reste sous forme pantin, et ne reprendra sa forme humaine que bien plus tard. Ha oui, il est supposé avoir peut être entre 10 et 15 ans chez Hoffmann, c'est un gamin. Et 18 ou 19 ans chez Dumas. Marie en a 7 ou 8.
On est d'accord que le rôle étant tenu par des adultes, ça brouille et permet des sous entendus nettement plus " adultes".  Ceci dit, on aurait pu garder l'option " pantin" qui dans la première partie est joué non par un danseur, mais par une danseuse déguisée en pantin.
- la fin: On prend tout à fait le partie de " tout n'était qu'un rêve", Marie se réveille, constate que son jouet est toujours là sous forme de pantin de bois, le remercie. Si réeelement il y avait ensorcellement, l'esprit du chevalier est reparti dans le monde imaginaire et y reste. Marie semble heureuse de son joli rêve et FIN! oui, c'est une conclusion très abrupte qui arrive comme un cheveu sur la soupe!

Donc, après la version allemande et la version française, allons écouter ce que Piotr a à nous en dire!

Je zappe volontairement les adaptations en films animation, etc.. il y en a trop, du très sérieux au parodique ( bien que je sois assez tentée par la version de la série  TV " Contes de Grimm", allemande elle aussi, et qui souvent garde la cruauté inhérente aux contes. Et donc apparemment ils font de temps en temps des incursions chez d'autres auteurs). PAr contre n'insistez pas je ne chroniquerais pas Barbie Casse-noisettes, sauf un 1° avril éventuellement !

Bilan 2020 - je vous présente Nicolas

Alors que juste avant, je disais que je ne cherchais pas à me caser, je vais quand même vous parler d'un monsieur. C'est le moment des aveux: Il y a un monsieur dans ma vie. Il a toujours été là. Ce n'est pas un ami, pas un petit ami, pas un membre de ma famille. Il est né exactement le même jour que moi, mais attendait son heure pour se faire connaître. Ce monsieur n'est autre que ... moi.

Alors non, avant tout: je ne vais pas changer de sexe. Je n'en ai pas l'envie, encore moins l'intention. Ma non-binarité n'est pas une nouveauté en soi, même si je ne la revendique pas, n'utilise pas de pronoms "neutres" pour parler de moi. Je n'ai pas besoin de ça. Je n'ai même pas spécialement envie de me clamer non-binaire. Mais, même pour proclamer qu'ils ne se reconnaissent pas sous une étiquette, certains se collent une nouvelle étiquette. Soit. Si ça vous aide à comprendre disons que je suis non binaire.

Je vous explique: je suis un garçon manqué, comme on dit. J'ai plutôt tendance à dire "une fille réussie", mais la société m'étiquette autrement. Ok ok ,je suis donc un peu un garçon, merci de valider si ouvertement ce fait, vous me facilitez les choses en essayant de me critiquer. C'est jouissif.

D'ailleurs, ne vous y trompez pas, les nanas les plus cools sont celles qui assument leur côté masculin!
Il faudra un jour que je chronique ce manga que j'adore, et Oscar est facilement mon personnage féminin favori, tous mangas confondus.

Mais il manquait quelque chose. Un prénom. Seuls peuvent exister et être reconnus les choses et les gens qui sont nommés.

Après être restée anonyme pendant les 3 jours limites, parce que mes parents n'arrivaient pas à se décider, ils m'ont collé, non pas un, mais 3 prénoms... et pas un qui ait une forme masculine acceptable. Ou, simplement, possible.
Mon premier prénom est Lydia. J'ai détesté ce prénom depuis toujours, j'arrive un peu à le tolérer maintenant. J'ai toujours des envies de meurtre quand on me dit " c'est joli" parce qu'il m'en a fait baver pendant ma scolarité. Mais j'ai aussi des envies de meurtre quand on l'écorche, allez comprendre.
Lydio existe en Italie, mais est inenvisageable en France. Pas la peine de vous faire un dessin.

Les autres sont aussi complètement féminins. Comme si, inconsciemment, on avait voulu totalement empêcher la moindre nuance masculine dès la naissance. Nier la possibilité même du masculin chez moi. Pas de chance, mon caractère est, du point de vue de la société, masculin.
Bien que du mien, j'aie simplement des qualités et des défauts humains, qui sont donc non genrés. Mais bon, faisons semblant de croire que les traits de caractère soient genrés.
Mais je suis tout à fait persuadée qu'en chaque femme sommeille un homme. Et inversement. Ce qui s'avère vrai hormonalement parlant d'ailleurs. Tout est une question de dosage.

J'ai toujours reconnu et accepté ma part masculine. Ce qui ne m'empêche pas d'être une femme, et sans le moindre doute, hétérosexuelle, je n'ai jamais eu une seconde d'hésitation à ce sujet (voilà pourquoi "non-binaire" ne me convient pas non plus, et pourquoi je m'accommode tout à fait des pronoms habituels, je suis simplement un humain en fait)
Très logiquement, je ne suis pas du tout quelqu'un qui va faire pression sur les hommes pour qu'ils se conforment à ce que la société veut qu'ils soient. Si c'est ce qu'ils veulent aussi, tant mieux pour eux. Si c'est une souffrance pour eux, il y a moyen de contourner et, là, les choses vont devenir plus intéressantes pour tout le monde, plus nuancées.

aparté: La vie n'est pas facile pour les femmes, c'est un fait, et c'est dramatique dans beaucoup de pays où le fait d'être une femme est déjà une menace pour sa propre vie.
Mais par certains côtés, j'ai aussi la sensation que, sur certains aspects, elle est plus compliquée pour les hommes que pour les femmes. Tout ce qui touche au monde intérieur et à la sensibilité. Nous avons au minimum le droit à nos affects, même si on se moque un peu de nous, il sera admis qu'une femme se mette en colère, pleure, hurle, soit enthousiaste, bref réagisse de manière spontanée.
La société attend des hommes d'être impassibles. Non seulement, on leur demande d'avoir l'air impassibles, mais aussi de le devenir, et de piétiner eux-mêmes tout ce qui touche à leur propre sensibilité, la nier, en les forçant à ne jamais se montrer sous leur vrai jour, et à entrer en compétition permanente. Mettez-vous vous-mêmes en prison et jetez la clef. C'est une violence incroyable.
Or, nier la sensiblilité, c'est nier l'art, c'est nier la vie. 
Et je ne pense pas que les sociétés profondément inégalitaires qui reprochent aux femmes leur existence soient vraiment plus tolérantes avec l'affect des hommes. Bref.

Donc, oui, voilà, j'ai attribué un prénom au garçon que je suis intérieurement. Je n'avais juste pas eu le déclic de nommer cette part pourtant si importante de moi jusqu'à présent..
Après tout, pourquoi pas? Dans beaucoup de civilisations, l'identité de quelqu'un est variable en fonction de l'âge, le nom peut se modifier, être complété suivant les événements de la vie de l'individu, certains changent même de nom après leur mort. C'est loin de la conception européenne où le nom est si définitif qu'en changer est un parcours du combattant nécessitant une solide raison (ou un bête mariage pour une femme)
Donc avoir un prénom officiel pour l'administration, plus 2 inutiles qui me cassent les pieds quand je dois remplir un papier administratif, et un choisi, juste pour moi, n'est pas si absurde. Il m'est plus légitime, en tout cas, que ces deux prénoms surnuméraires qui me font l'effet d'avoir 6 doigts à chaque main.

Seule ma mère le savait jusqu'à présent, elle a trouvé l'idée inattendue, mais au final logique . J'ai donc choisi, sans concertation avec elle, un nom qui lui plaisait et à moi aussi. Et qui aurait probablement été le mien si j'étais née garçon. Et qui est aussi grec que l'est mon nom féminin.
Donc son avis a été " c'est un bon choix". Validation de l'évidence.

Il est donc temps de me présenter, avec mon nom secret (ça fait un peu sorcellerie, pour qui connaît Les contes de Terremer, mais bon)

Enchantée, je me nomme Nicolas.

Et je ME nomme, ici, n'est pas qu'une formule. Nikolaos, " victoire du peuple", c'est pas peu classe, hein?! ( que ceux qui viennent de rajouter "et Pimprenelle" aillent de ce pas au coin, tout de suite!)

Le prénom était enfoui quelque part dans ma tête depuis longtemps, il fallait juste que ça arrive à ma conscience. Et depuis un an, les récurrences autour de ce prénom, que ce soit dans sa version française ou slave, ou germanique ( Klaus, Nicklaus, on en reparle de la muse des contes d'Hoffmann qui se travestit en homme nommé Nicklaus?) étaient vraiment très nombreuses.
J'aurais voulu qu'on m'attribue un prénom unisexe, Camille, Claude ou Dominique. Et pourtant, non, ce n'était pas ce qui convenait à mon "jumeau invisible" qui a donc décidé de lui-même d'attirer l'attention de la Lydia que je suis sur SON nom. 43 ans, le flemmard, il a pris son temps!
Et ma mère m'en a reparlé quelques temps après en disant " oui, ça aurait probablement été ton nom si tu étéais née garçon", elle est même presque déçue que sa propre part masculine ne lui ai jamais donné d'indice, et donc de ne pas savoir. Mais il n'est jamais trop tard, et j'ai l'impression que l'idée fait son chemin dans sa tête, je ne serais pas étonnée si un jour elle me dit l'avoir trouvé.

Il était normal que ma part masculine ait un nom pour être pleinement reconnue.
Et même, je le pense sincèrement, c'était essentiel, afin que je puisse accepter pleinement ma part féminine, elle aussi (et peut être mieux supporter mon prénom officiel, bien trop fifille à mon goût) Je vous laisse le temps d'analyser cette phrase qui a l'air totalement absurde, mais tombe sous le sens pour moi.

Et quel meilleur exemple que celui qui m'a fait conscientiser ça? Au point que mon modèle de sensualité et de grâce (supposément qualités féminines, bien que je ne sois pas d'accord avec ça) est un homme, sur le genre biologique duquel il ne peut y avoir le moindre doute. Fatalement, j'en reviens au Nikolaï précédemment mentionné, à plusieurs reprises: ce n'est pas à cause de lui et de mon admiration envers son travail, même si sa manière de mélanger les codes masculins et féminins m'a beaucoup parlé, et en a fait un coup de foudre artistique. C'est, parmi d'autres, un catalyseur qui a fait surgir une évidence.

Une évidence du style "si j'étais née garçon, c'est ce genre d'homme que je voudrais être. Ce monsieur EST la manière dont je me vois, si j'avais été un homme. " Ce n'est pas seulement quelqu'un que je trouve talentueux ou charmant, ou ce que vous voudrez, même si c'est aussi le cas, c'est au-delà de ça: plus j'en apprend sur lui, plus j'ai l'impression bizarre que c'est mon alter ego. En plus grand et mieux roulé :D.
Je vous assure que ce qu'il dit de lui-même est parfois presque effrayant, tant j'ai l'impression que ça sort de ma bouche. En particulier une interview où on lui demandait ce qu'il ferait s'il était une femme pour une journée. Avec un goût prononcé et réjouissant pour le sarcasme, d'ailleurs: à questions absurdes, réponses absurdes, mais il semble quand même considérer l'idée de pouvoir expérimenter théoriquement le monde d'un autre point de vue comme tentante, et ça fait bien 30 ans que je le dis " j'aimerais pouvoir changer de sexe pour une courte durée, je voudrais savoir si ma vie serait plus facile.  comme le monde me verrai et si ça changerait quelque chose à mon point de vue. Mais récupérer mon corps d'origine, quand même". Et lire ce genre de choses de la part d'un homme, qui se fout de ce que pensera le monde, ça fait tellement plaisir.

Rassurez-vous j'ai aussi un modèle féminin: 
une dame nommée David (enfin de nom de famille, mais quand même, un bon nom de garçon manqué-fille réussie)

Et depuis ce jour en septembre dernier, où j'ai décidé de ME nommer une bonne fois pour toutes, je pète la forme. Comme si j'avais enfin fait quelque chose qui avait attendu depuis trop longtemps. J'ai une motivation à soulever des montagnes et le monsieur en moi va m'y aider. Puisqu'il est pleinement  reconnu. Je suis Lydia, mais je suis aussi un peu Nicolas. Il me suffira donc selon les circonstances, et la nécessité de faire un peu plus appel à tel ou tel aspect de ma personnalité.

C'est un peu cliché, mais... comme si j'avais trouvé le dernier écrou manquant pour monter le meuble en kit. Ce n'est pas du dédoublement de personnalité, plutôt l'inverse: j'ai fixé ensemble les deux parties de ma personnalité. Je suis moi, pleinement moi. Avec une identité plus riche qu'avant. Tant pis si ça me classe dans les gens bizarres, j'ai l'habitude.

Mais ce n'est probablement pas un hasard si j'ai choisi de pratiquer cette année non pas un mais deux sports, dont l'un, la musculation, est perçu généralement comme masculin et l'autre, la danse comme féminin. Sauf que dans ma conception, il n'y a pas de frontière et mes "deux moi" sont contents.
Faire de la danse ne me catalogue pas obligatoirement comme fille. Faire de la musculation ne me catalogue pas obligatoirement comme gars. Je vous rappelle la profession du Nikolaï qui m'a fait conscientiser tout ça?
En tout cas, si maintenant quelqu'un s'aventure à me dire " t'es aussi gracieuse qu'un homme en tutu", je le remercierai pour ce magnifique compliment. Vu que je n'aurais pas du tout la même image en tête qu'eux.

Et contre toute attente, j'ai la sensation que le côté audacieux et "fonce-dans-le-tas" sont plutôt le fait ma part féminine: je suis turbulente, mon garçon intérieur est plus calme, plus introspectif, plus raisonnable, c'est plutôt lui qui me freine un peu. L'un n'efface pas l'autre, les deux se ressemblent beaucoup, diffèrent un peu et se complètent. Lydia se fout totalement de plaire ou de déplaire, son versant masculin est un peu plus charmeur :D

Et je ne compte plus brider cette part de moi. Tant pis pour les gens qui me trouveront " trop masculine", s'ils ne sont pas à l'aise avec ça, c'est leur souci, pas le mien. Le rejet en dit plus long sur ceux qui rejettent que sur ceux qui sont rejetés. Ceux qui rejettent sont souvent ceux qui ne s'acceptent pas et se sentent menacés quand les choses ne sont pas bleues ou roses. C'est probablement eux qui ont l'identité la plus fragile, si un souffle qui passe suffit à la menacer. Je pense à ces gros bourrins de "masculinistes" qui se sentent opprimés dès qu'une femme donne son opinion sur autre chose que la couleur du rideau de douche.
J'ai toujours préféré le violet... et ce n'est même pas une allégorie, le violet est réellement ma couleur favorite. Exactement comme le vert, parce qu'elles sont " entre deux". L'entre-deux est bien plus passionnant et enrichissant que la monochromie.

Heuuu...En cherchant une illustration sonore pour ce sujet, je viens de me dire que "3° sexe" d'Indochine conviendrait bien. Ok, coïncidence n° trouzmille.  Vous vous souvenez du prénom du chanteur? Oui. J'avais totalement oublié ce détail, et je ne savais pas du tout qu'il était d'origine slave, je le pensais grec (et c'est de ce genre de récurrences que je parlais tout au début).
Non, mais c'est bon, ça va, j'ai compris, on va se calmer avec les signes du destin.

Edit: Non, mais ... non!
J'ai préparé ce sujet début novembre, et voilà ce qui s'est passé le jour même où je l'ai rédigé:  Je viens de sortir pour profiter de mon heure de promenade autorisée, et j'ai donc décidé d'explorer mon nouveau quartier que je ne connais pas encore. J'ai pris, à pied, l'avenue parallèle à ma rue, où je ne passe pas habituellement. Elle est bordée de petites ruelles, dont la plupart n'ont pas de nom, ou alors très banalement " impasse des saules", "impasse des pétunias", " rue des lavandes" etc...
Et alors que je n'avais pas spécialement de raison d'en regarder les noms, placés très haut, et que je venais juste de m'arrêter devant l'une de ces petites rues, allez savoir pourquoi j'ai levé le nez. La plaque est placée très haut, il faut vraiment lever la tête pour la voir. J'ai éclaté de rire dans mon masque.
Pas de nom, juste le prénom, ce n'est ni Fouquet, ni Poussin, ni Mignard, ni Copernic, ni Saboly non, juste un Nicolas inconnu, à quelques rues de chez moi.
Mon Nicolas intérieur n'est pas une impasse, c'est un boulevard qu'il mériterait!

Ce n'est pas fini, je continue ma promenade: je passe devant un portail, je vois une dame qui s'avère être une ancienne camarade de classe, en train de discuter avec des gens sur le pas de son portail. Jusqu'à présent, je n'avais vu que sa plaque pro, j'ai donc confirmation que c'est bien elle, il faudra que j'aille me faire reconnaitre. Et en passant, je l'entend dire au gamin en face d'elle" ho ben, Julien, tu as grandi, la dernière fois que je t'ai vu, tu étais plus petit que Nicolas".
Ce n'est pas fini. Ce soir, une de mes copines de voyage, dont je ne savais même pas qu'elle a un fils, le remercie publiquement sur un réseau social, pour un cadeau. Oui, oui. Encore un. Je crois qu'il va falloir que je lui explique. Marie-Hélène, ben voilà, tu comprends maintenant pourquoi j'ai tilté sur le nom de ton fils.

Je poste ce sujet le 31 décembre. Ce n'est pas innocent.
C'est une fin, c'est un commencement. C'est un entre-deux.

ET par le plus incroyable des hasards, au point que les mystiques y verront probablement un ixième signe, c'est la date anniversaire de mon " catalyseur", qui est né un 31 décembre.
Vrai de vrai, c'était trop beau pour passer à côté, le clin d'oeil s'imposait. Mon fil rouge de l'année aura été un fil conducteur.  Manière de dire " Merci Kolia, malgré toute mon admiration et mon respect, je me permets de te tutoyer, comme un copain, un frère: tu ne me connais pas, mais en partie grâce à toi, je suis un peu plus moi!"
C днём рождения.

Donc je lance une amarre:
Ami lecteur, qui passe par ici, totalement par hasard. Tu t'appelles Nicolas, Nicholas, Klaus, Nikolaos, Nikolaï ou même Niccolò?
Tu as des récurrences bizarres dans ta vie autour du prénom Lydia?
Tu as l'impression que toi aussi, tu as une Lydia qui sommeille en toi?
Ou tu me trouves tellement étrange que tu souhaites me faire part de ta désapprobation?
Laisse moi un commentaire, on a des choses à discuter! 😁

mercredi 30 décembre 2020

Bilan 2020 - général

 J'en avais déjà fait un à la fin de l'été suite au confinement, mais voilà comme 2020 a quand même été très spéciale...

Donc contrairement à beaucoup de gens, je n'ai pas honte de le dire:  2020 a été une année excellente pour moi. Tant pis si ça fait rager les gens qui ne l'ont pas appréciée. Je ne vais pas faire semblant et dire "quelle année de merde!" puisque ce n'est pas le cas. En plus, Donald Trump a été viré, si ce n'est pas une bonne nouvelle mondiale, ça?!

Etudes:

Je suis introvertie, et pour moi le confinement a été ultra bénéfique. J'ai pu bien réviser et avoir des résultats que je n'aurais même pas pu espérer en présentiel. L'organisation à distance est parfaite pour moi et passer mes examens de juin à distance a été la meilleure chose possible.
Mieux, avec le nouveau confinement à la rentrée, tous les cours ont été organisés en sessions de visio-conférence. Même en tant qu'étudiante à distance, j'ai donc pu commencer l'année en suivant à peu près le rythme et le programme des autres - difficile, l'an dernier de savoir où ils en étaient, j'avais bien avancé et préparé 2 examens.. qui ont été neutralisés en juin. Là, la session de janvier s'annonce aussi en ligne, et ça m'arrange à tous les points de vue..

Je l'avais déjà dit, j'ai pu avancer sur des projets personnels. J'ai pu faire un stage de langues à distance qui a été très bien pour ne pas perdre mon niveau pendant l'été. J'ai pu tester de nouvelles approches pour mon apprentissage des langues. J'ai pu passer mon diplôme de russe B1 à distance avec l'université de Saint-Petersbourg, et sans le covid, il n'y aurait pas eu de sessions à distance, j'aurais du aller le passer à Paris, avec les frais que ça suppose de train,de logement sur deux jours, etc...
Et oui je suis toute fière de mon diplôme de l'université de Saint Petersbourg, ça fait classe sur le CV en plus d'être une preuve de ma compétence.

Traductions Limoges:

Le gros projet de cette rentrée devait être la traduction de textes de chansons, pour un concert organisé lors du festival de cinéma russe de Limoges. Je l'ai fait.. même si le concert et le festival,qui devaient avoir lieu en novembre ont été annulés, comme tout le reste.C'était quand même une première expérience intéressante, si le festival avait été organisé normalement, mes traductions auraient été officiellement utilisées.

Travail: 

J'espérais au printemps puis à la rentrée trouver un job, ça n'a pas été possible. Je vais donc essayer de négocier, dès que ce sera envisageable, ma réintégration dans un service plus intéressant, et si possible à temps partiel pour arriver à concilier emploi et études sans trop piller mes économies.

Vie sociale:

J'ai fait connaissance de gens très intéressants en ligne ou en réel: à Ufa, à Naberjenié Tchelni, à Paris... et à Avignon aussi.

Sports et loisirs:

Je me suis mise depuis février à la musculation, en salle, avec donc 2 interruptions - mars/ avril et depuis octobre. Mais ça me plaît bien, je compense le fait de ne pas pouvoir aller en salle en faisant du sport chez moi, mon nouveau chez moi ayant des escaliers, c'est plus facile de les monter 20 ou 30 fois que de monter 500 fois sur une chaise! Je reste active à la maison et.. ça commence à se voir.Pas sur la balance qui a décidé de ne plus bouger que vers le haut, mais sur la musculature. Et je sais que si je prends du poids, ben.. c'est que je prends des muscles plutôt que du gras, donc, ça n'est pas trop grave.  Quand on passe de juste 30 minutes de marche par jour à 7 ou 8 heures de sport varié par semaine,forcément, on s'alourdit:en muscle.

Mais il n'y a pas que la musculation.

Je me suis découvert un intérêt inattendu pour un art qui ne m'avait jamais branchée auparavant. Et je n'en remercierai jamais assez le grand Niko (après vous avoir bassinés avec lui 😂). Il va revenir d'ailleurs dans la seconde partie. Parce que ce monsieur a été le déclencheur d'une réaction en chaîne à la conséquence inattendue, ou plutôt, un des éléments déclencheurs. Je l'avais dit, ce grand bonhomme est un magicien qui a réussi là où tout le monde avait échoué.

Comme quoi parfois quelqu'un qu'on ne connait pas, qu'on a à peu près 0,000001 chance de rencontrer un jour (sans même parler de lui adresser la parole puis qu'il s'agit ici d'une vedette de catégorie mondiale) peut avoir une influence positive en vous faisant voir les choses d'un jour nouveau.
Et c'est toujours bon de revoir ses opinions. Et d'apprendre de nouvelles choses.

Ce qui fait que pendant l'été, j'ai remarqué que dans la rue à côté de chez moi, il y avait une école de danse. Qui proposait des cours pour adultes débutants ou non débutants. J'ai été tentée de reprendre la danse moderne, j'ai fait les cours d'essai des deux niveaux, j'ai tenté aussi par curiosité le cours d'essai débutant de danse classique.

Et au final... j'ai opté pour ce dernier, ce qui m'a surprise moi même. Je n'ai pas pu me situer en danse moderne: le cours débutant était trop simple, le cours moyen trop costaud pour une reprise. De plus, il y a un groupe déjà constitué de gens qui se connaissent et j'ai senti qu'il serait plus difficile de m'y intégrer.

Le cours classique est plus détendu, les participantes ont commencé deux semaines avant moi, ont un bon état d'esprit, l'ambiance est bonne et.. c'était un défi plus conséquent de commencer à zéro quelque chose de nouveau que de recommencer quelque chose de connu. En m'accrochant, j'aurais pu suivre le cours moyen de danse moderne, et je l'aurais probablement fait si j'avais eu les moyens financiers de payer les deux. Ce n'est pas le cas pour le moment. Et bon, là encore, il a fallu que je trouve le subterfuge pour m'entrainer chez moi pendant le confinement. Ce qui m'a laissé le temps d'apprendre au moins les noms des pas et mouvements de base. J'en connaissais certains employés aussi en danse moderne, mais certains m'étaient inconnus. On a compensé ça avec des cours de barre au sol 2 fois par semaine en visioconférence et punaise, c'est efficace. 5 Sessions et ma souplesse, pourtant déjà assez étonnante pour quelqu'un de mon âge et de mon format, s'était déjà améliorée grandement.

J'ai aussi commencé à jouer du piano, même si faute de temps, je n'ai pas été super assidue cet été. Ceci dit ça progresse pas mal et je suis assez contente de moi sur ce coup là. Ca m'aide bien à me concentrer quand j'en joue par exemple en fin de matinée avant l'après-midi de cours, ou après la série de cours pour me changer les idées. Ca et des heures de chant chez moi , assez aléatoires il est vrai, avant d'espérer reprendre réellement.

Basson.
C'est le point négatif: si je n'ai pas d'orchestre où jouer, je n'arrive pas à m'y mettre. Jouer seule du basson n'est pas le plus génial ( voilà pourquoi j'ai décidé de mettre à contribution mon clavier, qui me servait juste de guide-chant). Là aussi il a été impossible de m'y remettre vraiment à l'automne, et pour cause: va jouer d'un instrument à vent avec un masque.
Donc en 2021, faut vraiment que je me motive pour recommencer, fut-ce les bases. Ce n'est jamais un luxe de les revoir. a défaut de pouvoir peut-être rejoindre à nouveau un orchestre, ce que j'espère faire dès que possible.

Vie personnelle:
J'ai aussi envoyé aux pertes et profits le monsieur qui me plaisait. Je ne cherchais pas absolument à me caser, plutôt l'inverse, il était arrivé par hasard dans ma vie et avait su attirer mon intérêt.

Mais il a été mal influencé par quelqu'un, et le confinement a été désastreux pour lui. Non seulement il a pris plus de 10 kilos en moins de 10 mois, mais il est devenu vide et ennuyeux. Et ça, c'est la pire chose. Sa conversation me charmait, il n'en a plus, pas la peine que je lui accorde encore le moindre intérêt.

Donc sans regret. Il aurait pris du poids naturellement un peu à cause de la quarantaine, ça n'aurait pas été bien grave...mais il s'est carrément laissé aller à la glandouille, prenant une allure de pacha. Donc, pas de regret, même s'il s'était passé quelque chose entre nous, tôt ou tard son indolence aurait quand-même pris le dessus et je l'aurais secoué avant de le planter là. Pas besoin d'un mollasson qui n'a plus de rien d'intéressant à dire ni n'a plus de loisirs.

Je ne cherche toujours pas l'amour, surtout en ayant une vie bien remplie par ailleurs. Je ne m'opposerais pas à un sympathique monsieur, intéressant et qui me plaît, s'il croise, mais je n'ai aucune intention de faire des efforts pour le chercher :D Ce sont les qualités personnelles qui priment, pour moi, et je n'ai pas du tout envie de "me caser" juste pour faire comme tout le monde, et par pression sociale. Ce n'est pas un objectif en soi, juste quelque chose qui peut arriver.. ou ne jamais arriver. Ca ne sera pas une catastrophe ou un drame.
Au moins, l'heureux élu aurait la certitude d'avoir vraiment été choisi, et de ne pas être juste un bibelot décoratif, ou pour cocher une case " en couple" dans les sondages.

Et vous allez comprendre dans la seconde partie mon point de vue sur les relations humaines. RDV demain ici même, pour les aveux.

lundi 28 décembre 2020

Contes de fées ou histoires d'horreur?

Cette idée un peu loufoque m'est venue en fin de printemps, suite à une discussion avec Kiona sur Facebook, à propos de cet article:

La véritable histoire du petit chaperon rouge, allusions sexuelles et cannibalisme.

Donc nous avons fait des remarques sur le fait que ce qui est allusion dans l'un est très clair dans l'autre:

Dans le petit Poucet, il est quand même question de manger le petit Poucet et ses frères, et.. ce sont les filles de l'ogre qui finissent mangées par leur père. Un petit côté "Saturne dévorant ses enfants".

mignonne petite histoire à raconter avant d'envoyer les enfants se coucher. 

Je crois que ce conte est,pour moi, facilement dans le top 3 des plus gores qui soient.

Top 2: La belle au bois dormant? L'histoire d'une narcoleptique réveillée par un type qui faisait de l'Urbex? Petit bisou  pour la réveiller?
Hahaha, vous n'y êtes pas. Le roi du coin se tape la belle pendant qu'elle dormait.. parce que visiblement le consentement, il se le taillait en pointe, lui faisant au passage une paire de jumeaux à l'insu de son plein gré
Disney arrête son histoire de manière calculée avant le moment où la femme légitime du roi tente de faire manger à la belle ses propres enfants en sauce aurore.
Victime d'agression sexuelle, maîtresse forcée et cannibalisme. Et c'est la sorcière la méchante de l'histoire?
Alerte prédateur sexuel.

Et le summum du sordide pour moi...c'est Peau d'âne .Même à 4 ans je le trouvais super malsain. Le roi veut quand même se taper sa propre fille. Donc même si on n'y mange personne, là pour le coup, ce n'est même pas une allusion. C'est clairement dit.
En général je ne suis pas du tout pour le principe de la fille qui attend qu'un homme vienne lui sauver la mise-en-plis, mais là, faut reconnaître que toute ide extérieure pour échapper à son horrible père est bienvenue.
Je vous avoue n'avoir jamais regardé l'adaptation en film. Parce que rien que le sujet me donne vraiment la nausée. L'abus sur mineur et l'inceste d'est au dessus de mes forces.

Accessit pour le conte de la fille sans mains: Pas d'inceste, pas de cannibalisme, juste un père qui vend sa fille au diable contre pas mal d'argent. La fille veut s'enfuir, mais le père choisit.. de lui couper les deux mains.après tout, il a vendu sa fille, peu importe dans quel état.
Sympa, le côté esclavage et punition. Et on s'étonne que les gamins soient violents?

Entre Perrault et les frères Grimm, on reste dans le bien sordide!

Et en y réfléchissant, même des choses réputées "mignonnes" peuvent avoir un côté flippant.

En tout cas il y a une histoire que je trouve à première vue bizarre, à la seconde, très bizarre. Assez flippante en tout cas. alors que tout le monde y voit l'enchantement, la magie de Noël, etc...
Et qui a un potentiel de film d'horreur assez colossal, au point une j'ai vraiment envie d'en voir une adaptation en film de trouille.
En plus ça me permet de faire la synthèse entre mon pays, et les deux cultures que j'étudie.

Je vais donc invoquer ici le diable

- un auteur allemand à l'imagination fantastique volontiers inquiétante.
- un auteur français de romans de baston, mais qui ne dédaigne pas les histoires de fantômes à l'occasion.
- un compositeur russe pas très bien dans ses pompes et capable de faire de la musique qui a l'air guillerette, mais truffée d'accords angoissants.
- le solstice d'hiver, enfin, Yule...
- des poupées (ce qui est le flip ultime pour moi)
- une souris (c'est moins glauque que les poupées) et des petits rats
- un gentil héros, trop parfait pour être honnête.
- une petite fille, victime sacrificielle idéale.
- un vieux bizarre qui sait faire de la sorc.. heu de la magie.
- des fées et des sucreries ( et on sait depuis Hansel et Gretel que les sucreries sont un piège: the cake is a lie)
- des dizaines de sonnettes de portes (en tout cas à mon oreille, un concert de sonnettes)
- un monsieur charmant, enfin, envoûtant, ou ensorcelant, enfin, n'importe quel adjectif, mais dans ce champ lexical là.


On prend le tout, on met dans une boîte on secoue bien et...


Il en sort:
- lecture une: l'histoire d'un cadeau quand même bien moisi, puisque la gamine de 7 ans se voit offrir un ustensile de cuisine. Allez, tu as l'âge de raison, file à la cuisine!
- lecture deux: l'histoire d'un auteur qui avait du abuser du schnapps pour imaginer le combat d'un ustensile de cuisine et de souris, sur fond de malédictions
-lecture de fond:  l'histoire d'une petite fille, à qui un vieux monsieur bizarre offre un jouet magique - ou maudit - qui va l'emmener dans un monde peuplé de jouets. Là, deux options, soit vous avez la version Disney française: elle se réveille, et tout va bien, soit vous avez la version allemande: elle se se réveille, est persuadée d'être réellement allée dans un royaume magique, sa famille ne la croit pas, se moque d'elle, elle tombe dans la dépression...jusqu'à disparaître totalement.

Certains y voient une histoire d'amour? Ou de passage à l'âge adulte tout au moins.. Déjà, pitié, la gamine à 8 ans, foutez-lui la paix, elle a bien le temps d'envisager une magnifique carrière de femme au foyer et à la cuisine- vu l'époque où ça se passe, c'est hélas un peu son seul horizon.Tu m'étonnes qu'elle veuille rester dans le monde des rêves ( autant dire l'autre monde). Femme au foyer chez toi ou reine d'un monde imaginaire?

Mais en plus...voilà ce que ça devient dans ma tête...

Oui je retravaille l'histoire avec une mauvaise fois évidente, de manière à faire ressortir l'horreur sous-jacente, sous les dorures et la mignonitude.

Vous l'avez? Cette histoire a été adaptée au moins un millier de fois. Même avec Barbie.. (là, qu'est-ce que je disais sur les poupées. Elle n'a d'ailleurs jamais si bien porté son titre que dans cette situation*)

Purée je savais qu'il était louche ce personnage, qui semble tout près de dire " je vais manger ton âme avec des fèves au lard..et au fait joyeux Noël"

Voui, Casse-Noisette, peu importe comment je tourne la chose, pour moi, c'est une histoire flippante. Et plus encore après lecture de Hoffmann.

Mais comme il y a donc trouzmille versions, je vais faire des sujets à part car j'ai envie de comparer les versions de E.T.A Hoffman et d'Alexandre Dumas (qui a servi de base à la plupart des adaptations), et de parler de la mise en musique par Tchaïkovski.
Et là problème: non seulement, des spectacles, il y en a X versions chorégraphiées par Y chorégraphes et mises en scène par Z théâtres. La plus connue est celle de Marius Petipa (dont l'aptonyme magnifique me fait beaucoup rire) et Ivanov, qui est à peu près une des raisons pour lesquelles j'ai vraiment du mal avec la danse classique: les pointes, les tutus, le rose pâle, et la naïveté qui passe vraiment mal l'épreuve du temps. Ce qui est dommage parce qu'il y a des années de travail colossal derrière, que les tutus, les dentelles et les diadèmes en brillants, et il faut bien le dire, les tableaux interminables m'empêchent d'apprécier à leur juste valeur. Mais bon, heureusement, depuis il y en a d'autres qui ont dépoussiéré la chose.

Et je vais donc avoir besoin de l'aide, entre autres, de qui-vous-savez ( non, pas celui qui n'a pas de nez), bien sûr le seul interprète au monde qui puisse me faire regarder un spectacle de danse classique sans zapper, et même avec un certain plaisir... car oui pour avoir réussi ce prodige, ce gars-là est un peu magicien. Même avec un costume flashy et une moumoute pailletée, j'arrive à faire abstraction, c'est dire le niveau de talent qu'il faut déployer pour ça. Et donc charge à lui de faire passer la gamine dans l'autre monde, ou du moins dans un autre monde, du moins pour la version scénique.

Mais voilà, ça c'était les faits. Maintenant il va falloir interroger les suspects.

*enfin non, pour moi le titre "Casse-noisette" sera lié à vie avec Patrick Fiori, un chanteur un peu oublié qui a échoué à l'Eurovision il y a pas mal d'années... Mais fut un temps, il était partout. Parce que le théâtre de ma ville avait une année affiché les spectacles à venir au conservatoire, côte à côte:  "Patrick Fiori - Casse-Noisette". Dans un lieu où les gens apprenaient la musique classique, le rapprochement a fait beaucoup beaucoup rire.

dimanche 29 novembre 2020

Bardcore!

Wowow, j'ai très envie de partager ma découverte de cette fin d'année, qui va probablement m'accompagner pendant tout le mois de décembre: le "bardcore"

Mais quoi qu'est-ce?

Jeu de mot sur  hardcore et barde , jusque là, rien de bien compliqué.
Il s'agit donc de reprendre des tubes contemporains, en général rock ou metal, et de les remanier à la sauce.. médiévale. Voire antique.

Et donc on trouve des pépites comme cette version latine de " smells like teen spirit" ( salue, salue, salue...)


The house of rising sun en vieux françois, qui se passe donc à Orleans vers 1200

Ou le summum de l'épique: Immigrant song en vieux norrois


Peut-on trouver encore mieux? oui, sans paroles, mais sur instruments anciens!
Ceux et celles qui me connaissent savent que j'ai un faible très fort pour les bruns à cheveux longs et yeux sombres. Ceux qui ne le savaient pas l'apprennent.
Et donc forcément, si en plus le brun en question joue de plusieurs instruments rares et reprend Ozzy Osbourne, Iron Maiden ou System of a down dans un style médiéval, c'est un coup de coeur immédiat pour moi ( et musicalement, ça l'aurait été même si le musicien était un petit blondinet)

Crazy train au luth(et en tenue Renaissance)

Fear of the dark fonctionne incroyablement bien à la harpe et à la flûte car la mélodie en est très travaillée à la base  (ça c'est pour mon pote Sylvain qui joue de la flûte et de la harpe, mais pas en même temps)

J'aime beaucoup Aerials avec ses sonorités caucasiennes ( System of a down est un groupe américain dont les membres sont tous d'origine arménienne et ça s'entend dans leurs compositions) et là encore, c'est une bonne pioche

Le barde Frédéric Vif-Argent et ses compères viennent animer le banquet de la reine, dixit le premier commentaire. J'adore!

Voilà en tout cas une manière de finir originalement cette année.. originale.

samedi 24 octobre 2020

Encyclopédie des revenants et des non-morts, fantômes, vampires et zombies - Vanessa Callico, Lionel Behra, Senyphine

Après le petit extrait visuel d'hier, voilà l'album d'où provient l'illustration des willis.


Hooo le joli album, acheté il ya quelques années en souscription, je n'ai pas pu résister à cette beauté et à ses magnifiques ilustrations. Et en bonus, j'ai eu la dédicace de la dessinatrice et 6 cartes postales ( au lieu de trois, car une de celle que j'avais choisies etait en rupture ) et deux fonds d'ecran. Donc déjà le coeur geant de ce sujet, ce sera pour Senyphine. J'aime beaucoup mais alors beaucoup la momie et la sorcière vaudou bien que ce ne soient pas mes couleurs favorites à la base, et Hone-Onna.


Pour la petite histoire, la semaine de mon arrivée en Belgique, pour un an, et la veille de la rentrée,il y avait la fête de la BD, dans le parc du Palais Royal. J'y suis allée et et eu la surprise de voir un Stand du Héron d'Argent, tant cette petite maison d'édition est peu connue. J'ai donc pu discuter avec Vanessa Callico qui était là, lui expliquer que j'avais participé à la souscription et que j'avais doncnchez moi en France l'exemplaire dédicacé par sa collègue dessinatrice.. et de fil en aiguille nous avons parlé de musique, elle m'a donc conseillé la symphonie des Songes, édité au meme endroit. Entièrement basé sur la musique, autant dire que je l'acheterai des que possible, et fourni avec un CD pour faire connaître les morceaux dont il est question. Et voyant que l'un des morceaux choisi est interprété par Samuel Ramey, je n'ai pu m'empêcher de dire à quel point j'adorais la voix de ce chanteur. C'est elle qui a insisté pour que ce soit cette version qui soit utilisée car elle est fan au point que son mari en a marre d'entendre chanter Samuel Ramey.

Ca fait tellement plaisir de se trouver un point commun avec quelqu'un, et sur un sujet que j'ai difficilement la possibilité d'évoquer avec les gens que je connais.

Et  c'est parti pour plusieurs thèmes, chacun avec sa petite explication, suivi d'une page individuelle, avec une petite citation, quelques informations et une illustration. Et on va voyager dans le monde entier!

Au programme:

- Revenants et apparitions ( spiritisme, poltergeist, dames blanches, willis - voilà, vous savez d'où vient l'illustration des danseuses fantomatiques quand j'ai évoqué Giselle - la mort, le chamanisme, les feux follets, les banshee, les moins connues krasue d'Asie ou lavandières de nuit celtes, etc..)

- les lieux hantés ( tourde Londres , forêt d' Aokigahara, chambre de Lincoln, ile de Poveglia...)

Le bateau fantôme, que je ne pouvais pas éviter vu que c'est l'un des sujets proposés au vote thématique cette année.

- les vampires et créatures assoiffées de sang (Strigoï et Moroï - des vampires roumains roux , essayez de le dire vite - le baykok amérindien, le chat vampire de Nabeshima et la Hone-Onna, ou plus inhabituels arbres vampires, tous asiatiques, cihuateteos aztèques, stryges greco - romaines, fruits et légumes vampires du kosovo 🤔😂...pishtaco péruvien qui se nourrit de graisse , là, il y a un marché à faire avec lui!)

- Zombies et morts vivants (Draugr d'Islande, jiangshi chinois, vaudou, goules, tokoloshe du Zilbabwe, momie...)

J'ai sélectionné quelques doubles pages, pour avoir des photos qui rendent bien , mais toutes ne sont pas aussi impressionnantes.

J'ai aussi beaucoup apprécié de voir des monstres du monde entier ( Australie, Thaïlande, Kosovo, Zimbabwe, Pérou...) et pas seulement Européens ou Japonais. Évidemment il en manque plein ( pas de yeti, de jackalope, de chupacabras, de diablesse guyanaise, ou de tarasque, de graoully, de drac, de bête  de Gevaudan, car oui nous avons aussi nos monstres en France...) donc un tome deux serait vraiment bienvenu 😉

vendredi 23 octobre 2020

Littérature, spectacles, fantastique :Giselle - T.Gautier et A. Adam

Danse, concert, son et lumière, opéra.. et on revient à la danse.
C'est vendredi, c'est le jour de la sortie virtuelle au spectacle.

Mais qui voilà? c'est Théophile " Théo-la-déprime" qui revient.

Pas comme écrivain, cette fois, et je n'ai pas de formule très galante du type "encore emperlée des pleurs d'argent de l'arrosoir" à vous fournir.
Cette fois, il s'est simplement chargé de la trame narrative de cette histoire de revenants sans paroles.

Un écrivain dont on ne lira pas une ligne pour une oeuvre qui n'a pas de texte? Et oui... 

Et en plus il a largement puisé dans la littérature allemande ( Heinrich Heine en l'occurrence)

« Dans une partie de l'Autriche, il y a une légende qui offre certaines similitudes avec les antérieures, bien que celle-ci soit d'une origine slave. C'est la légende de la danseuse nocturne, connue dans les pays slaves sous le nom de "willi". Les willis sont des fiancées qui sont mortes avant le jour des noces, pauvres jeunes filles qui ne peuvent pas rester tranquilles dans la tombe. Dans leurs cœurs éteints, dans leurs pieds morts reste encore cet amour de la danse qu'elles n’ont pu satisfaire pendant leur vie ; à minuit, elles se lèvent, se rassemblent en troupes sur la grande route, et, malheur au jeune homme qui les rencontre ! Il faut qu'il danse avec elles ; elles l'enlacent avec un désir effréné, et il danse avec elles jusqu'à ce qu'il tombe mort. Parées de leurs habits de noces, des couronnes de fleurs sur la tête, des anneaux étincelants à leur doigts, les willis dansent au clair de lune comme les elfes. Leur figure, quoique d'un blanc de neige, est belle de jeunesse ; elles rient avec une joie si effroyable, elles vous appellent avec tant de séduction, leur air a de si doucettes promesses ! Ces bacchantes mortes sont irrésistibles. »

— Heinrich Heine, De l'Allemagne

 

 

 

Toute ressemblance est absolument volontaire, c'est la même légende qui a inspiré les Noces Funèbres.
allez cette fois, le coeur géant d'Halloween, c'est pour la très vivante et très morte Emily.

Merci Wikipédia. Donc c'est en se basant sur ces quelques lignes de Heine que Gautier et Henri de Saint Georges vont imaginer une histoire qui va avoir beaucoup, mais alors beaucoup de succès et reste encore très souvent représentée actuellement.

Petit détail marrant, la page Wikipédia de Théophile Gautier nous indique qu'il a été souvent mis en musique par des compositeurs célèbres: Fauré, Ravel, Massenet, Bizet, oui d'accord.. Duparc et d'Indy...ils sont quand même autrement plus oubliés que Adam, pourtant classé parmi les " un peu oubliés"

Oublié? Non seulement Giselle est resté dans les mémoires, mais, sans le savoir forcément, vous entendez Adolphe Adam aussi TOUS les ans à la même époque, car il est l'auteur d'un incontournable chant de Noël. Au cas où vous vous demandiez pourquoi celui-là était musicalement plus abouti que la moyenne des chants de noël, c'est bien parce qu'il a été écrit par un compositeur aguerri pour un orchestre au complet. Et d'expérience, je trouve que c'est un compositeur très agréable à jouer.

Mais nous n'en sommes pas encore à Noël. D'abord, les fantômes!

Et en plus je peux faire un lien avec le sujet sur Hoffmann. Déjà l'inspiration allemande. Et vous vous souvenez d'Antonia, la femme au coeur fragile qui aime chanter, au risque de mourir prématurément si elle chante trop? ( pssst, dans la réalité,je n'ai jamais entendu parler d'une telle maladie, hein.. à part une rupture d'anévrisme qui pourrait arriver même en dormant)

Giselle la paysanne a le même problème: elle aime danser, mais ne semble pas en très bonne santé. De plus, il y a la légende locale des willis, femmes mortes d'avoir trop dansé, qui terrifie sa mère, laquelle lui déconseille donc la danse. Mais Giselle n'en a cure et, bien qu'elle craigne la légende et les mauvais présages, ne manque pas une occasion d'aller danser avec Loys, son si sympathique, si souriant, si adorable, si distingué, si gentil, si...(insérer qualité au choix) petit ami.
Si menteur aussi.
Déjà, il ment sur son prénom, il se nomme Albrecht

Que se passerait-il si Loys/Albrecht venait à lui briser le coeur?

Gagné, c'est exactement ce qui se passe. De manière littérale.

Le garde chasse, qui en pince pour elle, révèle devant tout le monde qu'Albrecht n'est pas un paysan, mais un duc, qui ne tiendra jamais ses belles promesses puisqu'il doit sous peu épouser une noble femme. Giselle, en apprenant ça, devient zinzin ( un passage obligatoire de toute oeuvre dramatique du XIX° siècle où la maladie mentale arrivait soudain, durait quelque minutes, signalé le par le fait de..se détacher les cheveux. Oui, c'est une convention théâtre: personnage décoiffé = personnage fou. Avant d'entraîner un trépas rapide. C'est là qu'il faut accepter une grosse petite suspension temporaire d'incrédulité°. Donc Giselle meurt d'une crise cardiaque sous le nez de tout le village. Fin de l'acte I, où les deux hommes se sentent quand même UN PEU coupables .Encore heureux: un menteur, et un qui manque du tact le plus élémentaire, bravo les gars, vous venez de faire mourir une cardiaque! Oui, s'en vouloir, c'est le minimum. Par contre commencer à se battre parce que " c'est pas moi c'est lui".. Vous vous valez, au niveau muflerie.

Mais on est en Allemagne, pays de légendes et de fantastique. Giselle devient un spectre vengeur, une willi, mi fantôme, mi vampire, bien décidée à se venger du traître qui à causé sa mort. La spécialité des willis, femmes mortes avant leur mariage ou par la faute de la trahison d'un homme, est d'attirer tout représentant du sexe masculin qui a été infidèle, parjure, menteur ou grossier envers les femmes (autant dire, tout homme, à un moment de sa vie, donc) et de lui faire payer pour tous les autres en absorbant son énergie vitale: comprendre, le forcer à danser jusqu'à épuisement.

Promis, vous saurez très prochainement d'où vient cette illustration représentant les danseuses fantômes en pleine vengeance.


Et les willis ont une reine, qui, voyant les deux responsables de la mort de Giselle, venus fleurir sa tombe, les condamne à danser dans le cimetière jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les enfoi... heu, les hommes vont-ils réussir à rester en vie jusqu'au matin, à l'heure où les spectres des femmes trahies retournent dans leur tombe? Suspense. Il en existe plusieurs versions, donc ça dépend un peu de celle que vous verrez ( il y a même une adaptation sud africaine, où les esprits vengeurs sont autant des hommes que des femmes trahis, leur chef est un sorcier... et je vous avoue que j'ai terriblement envie de voir cette relecture!).

Donc oui, pour le coup, c'est beaucoup moins mignon que le fantôme du parfum de la rose, j'avais commencé gentiment, mais là, je sors de ma manche les atouts" trahison, vengeance, cimetière". Fallait au moins ça pour que j'arrive à me motiver à regarder, pour la première fois et en entier, un spectacle de danse classique. Ce qui fut fait, par petit bouts. Et même en double,si,si.

Il fallait donc au moins l'histoire de fantôme ET...Si vous avez suivi les précédents sujets, vous avez deviné. Yep, mon fournisseur officiel d'informations dans ce domaine, en même temps que mon coup de coeur absolu sur scène. 
Ce n'est pas faute d'avoir essayé, je vous jure, j'ai tenté de voir la version avec Rudolf Noureev, pourtant la star ultime de la danse au moins du point de vue de la France, où il jouit encore d'une popularité immense même des années après sa mort. J'en ai essayé d'autres encore mais... j'y peux rien, je suis tombée d'entrée sur l'excellence théâtrale. Difficile de revenir en arrière après ça, tous les autres paraissent platounets.

Mais qui voilà (bis)? C'est Nikolaï alias "le grand brun" qui revient avec ses jambes immenses, sa précision d'horloge suisse et sa souplesse hors du commun.

Pas dans une version, non, dans deux. Très différentes. Même trame générale, même action, même musique, mais la mise en scène diffère énormément, les costumes aussi.
La première date de 1998, la qualité d'image n'est pas terrible, mais le spectacle est en entier et bien cadré. Ce qui saute aux yeux c'est qu'il y a beaucoup de scènes et danses de groupes.



La seconde date de 2008, donc tout pile, 10 ans plus tard, la qualité visuelle est meilleure. Même interprète principal, mais j'ai préféré la danseuse qui tient le rôle titre ici. Par contre cette version a été filmée par quelqu'un de la famille ou des amis du gars qui joue le garde chasse et on arrive à cette absurdité: lors de la scène cruciale, la mort de l'héroïne principale, la personne filme tout... ce qui se passe sur le côté. Et on rate le noeud de l'intrigue. Bravo!
Mais la grosse différence, c'est que la plupart des scènes de groupe sont remplacées par des duos. Un peu comme si, dans une pièce de théâtre, il y avait deux textes alternatifs très différents, et qu'on change des dialogues entiers en fonction du nombre d'acteurs disponibles ( Ce qui n'est pas le cas,on parle du Bolchoï teatr, il y a beaucoup de monde qui y travaille, c'est donc bien un choix de mise en scène voulu)


Je pourrais bien vous lier une vidéo où l'ami Nikolaï lui-même compare deux versions différentes mais... c'est en russe. Fort instructif, mais je ne pense pas que les visiteurs de mon blog apprennent le russe (et si c'est le cas bravo, et merci, je me sens moins seule! Allez donc écouter ses mini-conférences de présentation, ça dure 10/12 minutes et c'est une mine d'or sur les arts de la scène et en vocabulaire spécialisé)

Outre les mises en scènes différentes, il y a au moins deux possibilités d'interprétation: Albrecht est-il un enfoiré de première qui s'amuse à promettre monts et merveilles à une femme naïve pour passer le temps en espérant une petite aventure pré-matrimoniale, c'est une paysanne, ça ne porte pas à conséquence? Ou est-il un pauvre type, pas volontairement mauvais, mais coincé dans une situation qu'il n'a pas choisie, subissant les conventions sociales d'un mariage arrangé par sa famille, et qui essaye de vivre un peu pour lui-même sans avoir bien conscience des conséquences qu'entraîne son désir de liberté?
Le garde chasse est-il motivé uniquement par des intentions altruistes afin d'éviter une déconvenue à Giselle, ou par des motifs beaucoup moins nobles du genre " éliminer un rival tout en passant pour un homme intègre, et consoler la fille de très près" .Giselle est-elle vraiment naïve ou essaye-t-elle aussi de se bercer d'illusions en faisant taire ses soupçons jusqu'à ce que la situation soit révélée devant tout le monde (ce "paysan" est quand même bien éduqué, et bien raffiné par rapport aux autres, impossible de ne pas le voir). Le "devant tout le monde" est peut-être crucial ici, puisqu'elle perd la face en public, pas sûre que la même chose à 3 personnages aurait eu le même résultat. Une bonne crise de nerfs ou une colère monumentale. Ou un fataliste "dans le fond, je m'en doutais". En tout cas, il semble que le fantôme de Giselle ait son point de vue sur la question et en veuille plus au garde-chasse pour l'humiliation publique qu'il lui a fait subir, qu'à Albrecht pour ses mensonges.

Les deux sont possibles et vont orienter l'interprétation, selon le résultat qu'on souhaite. Evidemment d'un point de vue narratif, les secondes solutions sont beaucoup plus riches et intéressantes y compris pour les interprètes, vu qu'il faut faire ressortir le côté innocent du malhonnête désigné, le côté malhonnête du chic type, et le côté moins naïf de la naïve fille. A vous de voir si vous préférez une lecture très droite ou plus tortueuse.

Voilà pour le spectacle. C'est maintenant l'heure de la suite du feuilleton" les tuiles de Nikolaï", je vous l'ai dit, je n'arrive même pas à savoir si c'est un poissard d'anthologie ou le type le plus chanceux du monde. Episode 2.

Donc qu'est-ce qui peut être pire que de gros ennuis juridiques avec un employeur et d'être faussement accusé d'une tentative de meurtre?
Avoir failli mourir, avoir failli être amputé d'une jambe, et s'en être sorti vivant ET entier par un hasard monumental. De quoi mettre les nerfs de n'importe qui à rude épreuve.

En 2004, lors d'une tournée en France, le danseur qui a alors une trentaine d'années (donc un âge qui peut vite devenir un handicap dans une profession où d'autres plus jeunes arrivent et attendent de pied ferme la retraite des aînés...) est victime d'un accident lors d'une répétition: rupture des ligaments d'un genou. Aïe. Déjà en soi, c'est la vraie grosse tuile bien douloureuse. Sauf que... opérations, re-opérations, infection nosocomiale et début de gangrène.
Et maintenant, imaginez-vous dans cette situation, avec un métier, qui est aussi une passion, et qui impose de pouvoir se mouvoir sur deux jambes en bon état. Et que les médecins vous disent, " va falloir songer à vous couper la jambe si on veut vous sauver" Une partie de moi arrive à imaginer l'horreur de la situation, une autre se dit que le choc psychologique a du être bien pire que tout ce que je peux imaginer. Pauvre homme.

Il pris sa décision, probablement insensée pour la plupart des gens, mais que je comprends, et qui demande du courage car il faut envisager sereinement une issue fatale: laisser faire la nature, en comptant sur la chance, la médecine et une forme physique exceptionnelle.

ET...
décidément, l'étoile a une bonne étoile (et, merci les sources en VO c'est aussi à peu près le sens de son nom de famille en géorgien, "première étoile". En plus d'être un nom au sens super classe, ça paraît trop beau pour être vrai, mais pourtant, si. Et je ne vois pas comment on pourrait avoir un aptonyme plus adapté, c'est le destin!). 

Il s'en est sorti. On lui a dit "vous aurez de la chance si vous arrivez un jour à remarcher normalement sans canne, faites une croix sur votre carrière". On parie?
Deux ans de rééducation et d'entraînement pour revenir au plus haut niveau - sans même avoir la certitude d'y parvenir - et il l'a fait. En utilisant sa convalescence pour parfaire son français et passer des diplômes.

J'ai d'ailleurs trouvé son blog personnel où un article explique son ressenti. Il y raconte qu'en fin de compte, cette expérience dramatique a eu des conséquences positives, sur sa manière de voir la vie, sur son rapport à sa propre santé, aux gens en général et en particulier à ceux qui lui font des compliments ( lui qui n'aimait pas ça avant, s'est rendu compte que " les compliments sincères sont plus que de simples mots"), ou sur la chance en général, qui est surtout une question de point de vue et de savoir tirer parti des situations même défavorables. 

Mais rassurez-vous, l'histoire n'est pas terminée... Nikolaï a 46 ans, est en pleine forme, avec ses deux jambes. Il ne danse plus professionnellement, mais est directeur d'une des plus importantes académies de danse de Russie, et forme d'autres gens à être aussi bons que lui. Toujours grand, mais moins brun. Il a pris de l'âge, des cheveux gris, quelques pattes d'oie, mais a toujours une énergie communicative et un sourire magnifique, en plus d'une culture phénoménale. Que lui souhaiter de mieux qu'une longue vie en pleine santé et sans autres tuiles?

A la question " quelle vedette voudriez-vous rencontrer?", ma réponse est toute trouvée.
La première fois que j'ai vu ce monsieur dans un extrait de spectacle, je me suis dit "wow, charmant et talentueux, mais il y a autre chose, ce n'est pas n'importe qui"... et en effet, "pas n'importe qui" c'est un doux euphémisme, j'étais loin du compte. Je respecte immensément les gens qui ont une telle force de caractère, une telle détermination et une personnalité aussi haute en couleurs. Le coup de foudre artistique du début se justifie totalement. Je pense que vous comprenez mieux maintenant pourquoi je vous bassine avec cet interprète en particulier. Son atypicité saute aux yeux en quelques secondes. Et "atypique" est un énorme compliment pour moi.