Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

Qui passe par ici?

Flag Counter

mardi 29 novembre 2011

Lune de miel en enfer - Fredric Brown



Houlà, j'ai comme qui dirait pas mal de retard avec mes avis de lecture, entre le mois d'absence, une situation personnelle pas évidente et de la paperasse en pagaille...
Donc, avec un poil de retard sur le planning halloween ( mais on est encore en novembre et je décide donc unilatéralement avec moi-même que les lectures estampillées halloween comptent encore, tant que je n'ai pas fini de rédiger, voilà!)
Et c'est le mot " enfer" qui sera le mot diabolique de cette lecture SF. Car Fredric Brown est, avec Bradbury, un de mes auteurs favoris dans ce domaine. Avec une nette tendance aux histoires à la chute imprévisible, bien que logique, et surtout, souvent très drôle. Ce qui n'exclue pas des thèmes sérieux, attention!
Donc, Lune de miel en enfer dans l'édition denoël regroupe une vingtaine de nouvelles, parfois très courtes certaines font une seule page), qui abordent des thèmes assez classiques de la SF, mais souvent avec un traitement assez goguenard qui en fait l'originalité, et une chute cynique qui (me) fait plaisir. Ainsi, les rencontres du troisième type: comme par hasard, l'extraterrestre venu envahir la terre, avec ses intentions plus que mauvaises en guise de présentations, tombe-t-il sur un spécimen d'humain particulièrement débile/ ivrogne voire un singe, de quoi il va extrapoler que l'intégralité des terriens est incapable, faible et inutilisable même comme esclave... dans un autre recueil, l'humanité était sauvée par un âne, bien plus intelligent que son propriétaire...
Ainsi donc

- Les voyages dans le temps: se passent mal, forcément. Parce qu'on aura oublié un détail, une impossibilité de base, ou que quelqu'un va vouloir vérifier si le paradoxe du grand père est exact. ( l'expérience; La première machine à temps; galerie des glaces)

- Les extraterrestres: toujours mal intentionnés on l'a dit. Mais ce que j'aime chez Brown, c'est pour une fois, enfin, ce ne sont pas des êtres vaguement humanoïdes, avec plus ou moins de bras ou d'yeux, mais de vraies formes de vies non identifiées totalement bizarres: dans un homme de qualité, ce sont par exemple des créatures vermiformes de 5 m de longs enroulées sur elles même, de couleur bleu clair, sans avant ni arrière ni dessous ni dessus, et qui se déplacent en lévitant... Dans Arène, c'est une sphère rouge munie de tentacules bifides et griffus. L'altérité absolue dans tout ce qu'elle peut avoir d'inquiétant de repoussant, ou de comique selon l'effet. L'envahisseur invisible ou protéiforme d' une souris ou de et les dieux rirent étant dans le fond bien plus efficace à mon sens qu'un petit homme vert ( ou gris ) classique.

- la guerre imminente: un des thèmes qui revient le plus souvent, même indirectement. La plupart des textes ont été écrits juste après la seconde guerre mondiale, ou en plein pendant la guerre froide, et l'angoisse de la guerre ressurgit presque partout. Car les extraterrestres ne sont rien en comparaison du tort que peuvent se faire les nations entre elles. Là dessus, la position de Brown est très claire: anti-militariste pur et dur. tendance humoristique ( Lune de miel en enfer voit une coopération forcée entre la Russie soviétique et les USA pour endiguer une chute démographique aussi étrange qu'inquiétante, via le mariage d'un astronaute et d'une cosmonaute - car il faut que les choses soient claire pour que la morale puritaine l'accepte - chargés d'aller, comment dire, copuler sur la lune, afin de vérifier si la baisse de la natalité qui affecte la terre affecte aussi son satellite. Dingue, non?). Un mot de la direction est assez drôle aussi, et brosse un portrait particulièrement caustique des autorités américaines ( qui me fait un peu penser à Dr Folamour, pour les débats totalement ubuesques entre militaires qui veulent raser les soviétiques, diplomates qui veulent éviter les conflits, etc..). L'Arme quand à elle prend un, parti philosophique: un savant vient d'inventer l'arme totale, et ne sait finalement pas à qui la vendre. Une bonne âme se charge d'offrir à son fils, malade mental, un pistolet chargé, afin que le savant, qui manque se prendre une balle comprenne que " seul un fou peut donner un pistolet chargé à un idiot". Je crois que cette phrase résume à peu près l'estime dans laquelle Brown tient les politiciens autant que les inventeurs de bombinettes.

D'autres nouvelles, plus légères, mettent en scène des vampires malchanceux et affamés(du sang! avec un clin d'oeil sympa comme tout à demain les chiens), un homme-cerf (il ne faut pas pousser grand-mère, une nouvelle assez mal ficelée en français, car basée sur des jeux de mots intraduisibles, aussi Denoël insère à sa suite le texte original enfin que le lecteur comprenne la difficulté d'adaptation de ce genre d'écriture, bien plus drôle encore en VO, merci à eux donc), du Vaudou, un diable qui s'ennuie en enfer ( Millenium), un élève nul en géométrie qui veut invoquer des démons pour réussir son devoir de maths ( cela va de soi).. bref, un peu partout de la trouvaille décalée qui fait passer un bon moment entre les nouvelles plus sérieuses.
La Sf c'est d'enfer (oui j'ai honte!)
et aussi

5/5 mission officiellement accomplie!


lundi 14 novembre 2011

Le chien des Baskerville - Arthur Conan Doyle

1 sur..?
Allez, il est grand temps d'entamer un nouveau défi...
Et de découvrir les aventures de ce cher Sherlock ( essayez donc de dire ça plusieurs fois très vite), autrement qu'à travers la petite lucarne.


Et quel meilleur choix pour commencer que de lire peut être le roman le plus connu? Je me rappelle avoir vu il y a trèèèès longtemps la version de Terence Fisher, avec Christopher lee dans le rôle de Sir Henry. Première surprise , et de taille si j'ose dire: le sir Henry du roman est sportif, petit râblé...bref l'inverse de Christopher Lee ( que j'aime beaucoup, hein.. mais je trouve ce décalage assez drôle en fait). 
Par contre, haaa, c'est ballot, mais comme je suis par ailleurs une adepte de la série TV, impossible d'imaginer Holmes autrement qu'avec la tête de Jeremy Brett tant il colle parfaitement à la description du héros.

Et donc, même en connaissant plus ou moins le sujet via le film, j'ai beaucoup apprécié ma lecture. L'intrigue est classique mais bien menée, avec coups de théâtre, suspects qui ont tous quelque chose à se rapprocher, ambiance brumeuse sur une lande déserte, un soupçon de fantastique etc... bref tout ce que j'aime dans le polar british en général, qui fait la part à l'enquête et à la déduction - et non au sensationnel plein d'hémoglobine et vide de réflexion.
Autre surprise: c'est le Docteur Watson qui a la part belle, et non Holmes, personnage finalement assez drôle dans son genre, avec son orgueil démesuré parfois mis à mal. J'ai beaucoup aimé la remarque qui vexe le brillant détective: il n'est que le 2° cerveau d'Europe en matière de criminologie, le premier étant Bertillon , l'inventeur du "bertillonnage" système de fichage anthropométrique des criminels et fondateur de la police Scientifique. Je trouve ce clin d'oeil de Doyle à son inspirateur fort sympathique.

Et pour finir, c'est toujours un plaisir de se plonger dans un livre de l'ancienne collection 1000 soleils de Gallimard, merci la médiathèque. J'ai déjà eu l'occasion de dire et , tout le bien que je pense de cette jolie collection des années 70, dont le papier est toujours d'aussi bonne qualité et presque pas jauni, quelque 40 ans après.

Et en plus un petit bonus pour le petit Bac..
Animal (2) - le chien
 

samedi 12 novembre 2011

La fille du capitaine - A. Pouchkine

Le grand retour du défi Russie: la dame de pique m'avait fait découvrir et apprécier le style de Pouchkine, je continue donc avec un de ses rares romans en prose, la fille du Capitaine.

La fille du Capitaine nous narre donc les aventures de Piotr Andreievitch Griniov. Enfant turbulent puis adolescent un rien flemmard, promis par ses parents à une carrière militaire avant même sa naissance, il part donc pour l'armée, accompagné de son fidèle serviteur Savelitch. Mais au lieu d'aller se la couler douce à Petersbourg comme il le croyait, le voila qui échoue au fin fond de la campagne profonde, près d'Orenbourg, dans un fort isolé peuplé d'une poignée de militaires éclopés et de recrues cosaques.

On y croisera donc des personnages hauts en couleur: le capitaine Ivan Kouzmitch, plutôt débonnaire et sa femme Vassilissa Yegorovna, vieille dame dynamique qui se révèle être le vrai chef du camp; l'ambitieux militaire Chvabrine; et la fille du capitaine, Macha, qui donne son titre au roman. Et bien sûr, Macha va vite devenir l'enjeu d'une rivalité entre Griniov et Chvabrine, ce qui es assez drôle, eu égard à son insignifiante. Car Macha est une fille au physique d'une grande banalité ( pour une fois, ça repose! tout ce qu'on saura d'elle c'est quelle a des cheveux blonds et un visage rond.. et pas un mot de plus!) et au caractère effacé, timide douce, peureuse - elle sursaute au moindre coup de feu, ce qui est assez cocasse dans la mesure ou elle a passé toute sa vie en garnison. Bref, la fille que personne n'aurait regardée si elle n'avait pas été la seule de la région en âge d'être courtisée.

Sur cette trame assez banale, mais plutôt drôle, tant Pouchkine a du talent pour pointer l'absurdité quotidienne ( le fort est en ruine, avec un seul canon rouillé pour le défendre, ce qui n'empêche pas le capitaine de plastronner comme s'il dirigeait l'armée toute entière), se greffe assez vite le vrai sujet de l'histoire: l'insurrection, tout à fait authentique, menée entre 1773 et 1775 par le chef cosaque Pougatchev, qui prend d'assaut le fort.
Car oui, l'histoire d'amour entre les deux tourtereaux sans grande personnalité sert juste d'alibi pour parler de Pougatchev, personnage charismatique, mystérieux, cruel, mais qui n'oublie jamais un bienfait, et prend Piotr en affection. Et on se doute qu'être dans les bonnes grâces d'un hors-la-loi peut vous sauver la vie, mais aussi vous causer de sérieux problèmes avec la hiérarchie.

Et c'est là que ça devient très intéressant, car Pouchkine présente Pougatchev sous un jour plutôt sympathique. Dans les premiers jets, d'ailleurs, le héros aurait du être Chvabrine, le militaire rebelle qui rejoint la troupe de cosaques révoltés - inspiré d'un dénommé Chvanvitch, personnage réel cité au procès de Pougatchev. Pouchkine, pour son roman, mais aussi pour son essai sur Pougatchev, a fait un énorme travail de recherche, très impressionnant, fouillant les archives judiciaires, interrogeant les survivants ( il écrit son roman une cinquantaine d'années après les faits).. bref un travail documentaire colossal.. et risqué. Car présenter sous un jour favorable un réprouvé qui fomentait un coup d'état contre Catherine II, ou faire d'un traitre son héros ne serait pas vraiment passé à la censure, surtout venant de quelqu'un qui avait été exilé 10 ans plus tôt pour agitation politique et écrits séditieux.
D'où ce camouflage derrière une histoire d'amour sans grand intérêt. Le dernier chapitre à ce sujet est d'un je-m'en-foutisme total.. à 10 pages de la fin, Pougatchev est hors-jeu, le héros croupit en prison et risque la peine capitale pour désertion et complicité, Macha pleurniche à la campagne, la situation est inextricable.. mais Pouchkine s'en moque. Il nous règle ça en trois coups de cuillère à pot, mais alors d'une manière tellement énorme que ça en est franchement comique. Du coup, moi, j'ai trouvé cette fin très drôle, tellement je sens que l'auteur n'est pas dupe du total manque d'intérêt de sa conclusion.

En tout cas, ça m'a donné envie d'en savoir plus, non seulement sur la période traitée, j'avais vaguement entendu parler de Pougatchev sans savoir exactement ce qu'il avait fait, mais surtout, surtout sur Pouchkine, qui outre son travail littéraire, me parait être un personnage très intéressant - en tout cas sa recherche de documentation dans le but de rester le plus réaliste possible force le respect.
Car sans Pougatchev, pas de roman!
on l'a déjà dit, mort particulière: tué lors d'un duel