Houlà, j'ai comme qui dirait pas mal de retard avec mes avis de lecture, entre le mois d'absence, une situation personnelle pas évidente et de la paperasse en pagaille...
Donc, avec un poil de retard sur le planning halloween ( mais on est encore en novembre et je décide donc unilatéralement avec moi-même que les lectures estampillées halloween comptent encore, tant que je n'ai pas fini de rédiger, voilà!)
Et c'est le mot " enfer" qui sera le mot diabolique de cette lecture SF. Car Fredric Brown est, avec Bradbury, un de mes auteurs favoris dans ce domaine. Avec une nette tendance aux histoires à la chute imprévisible, bien que logique, et surtout, souvent très drôle. Ce qui n'exclue pas des thèmes sérieux, attention!
Donc, Lune de miel en enfer dans l'édition denoël regroupe une vingtaine de nouvelles, parfois très courtes certaines font une seule page), qui abordent des thèmes assez classiques de la SF, mais souvent avec un traitement assez goguenard qui en fait l'originalité, et une chute cynique qui (me) fait plaisir. Ainsi, les rencontres du troisième type: comme par hasard, l'extraterrestre venu envahir la terre, avec ses intentions plus que mauvaises en guise de présentations, tombe-t-il sur un spécimen d'humain particulièrement débile/ ivrogne voire un singe, de quoi il va extrapoler que l'intégralité des terriens est incapable, faible et inutilisable même comme esclave... dans un autre recueil, l'humanité était sauvée par un âne, bien plus intelligent que son propriétaire...
Ainsi donc
- Les voyages dans le temps: se passent mal, forcément. Parce qu'on aura oublié un détail, une impossibilité de base, ou que quelqu'un va vouloir vérifier si le paradoxe du grand père est exact. ( l'expérience; La première machine à temps; galerie des glaces)
- Les extraterrestres: toujours mal intentionnés on l'a dit. Mais ce que j'aime chez Brown, c'est pour une fois, enfin, ce ne sont pas des êtres vaguement humanoïdes, avec plus ou moins de bras ou d'yeux, mais de vraies formes de vies non identifiées totalement bizarres: dans un homme de qualité, ce sont par exemple des créatures vermiformes de 5 m de longs enroulées sur elles même, de couleur bleu clair, sans avant ni arrière ni dessous ni dessus, et qui se déplacent en lévitant... Dans Arène, c'est une sphère rouge munie de tentacules bifides et griffus. L'altérité absolue dans tout ce qu'elle peut avoir d'inquiétant de repoussant, ou de comique selon l'effet. L'envahisseur invisible ou protéiforme d' une souris ou de et les dieux rirent étant dans le fond bien plus efficace à mon sens qu'un petit homme vert ( ou gris ) classique.
- la guerre imminente: un des thèmes qui revient le plus souvent, même indirectement. La plupart des textes ont été écrits juste après la seconde guerre mondiale, ou en plein pendant la guerre froide, et l'angoisse de la guerre ressurgit presque partout. Car les extraterrestres ne sont rien en comparaison du tort que peuvent se faire les nations entre elles. Là dessus, la position de Brown est très claire: anti-militariste pur et dur. tendance humoristique ( Lune de miel en enfer voit une coopération forcée entre la Russie soviétique et les USA pour endiguer une chute démographique aussi étrange qu'inquiétante, via le mariage d'un astronaute et d'une cosmonaute - car il faut que les choses soient claire pour que la morale puritaine l'accepte - chargés d'aller, comment dire, copuler sur la lune, afin de vérifier si la baisse de la natalité qui affecte la terre affecte aussi son satellite. Dingue, non?). Un mot de la direction est assez drôle aussi, et brosse un portrait particulièrement caustique des autorités américaines ( qui me fait un peu penser à Dr Folamour, pour les débats totalement ubuesques entre militaires qui veulent raser les soviétiques, diplomates qui veulent éviter les conflits, etc..). L'Arme quand à elle prend un, parti philosophique: un savant vient d'inventer l'arme totale, et ne sait finalement pas à qui la vendre. Une bonne âme se charge d'offrir à son fils, malade mental, un pistolet chargé, afin que le savant, qui manque se prendre une balle comprenne que " seul un fou peut donner un pistolet chargé à un idiot". Je crois que cette phrase résume à peu près l'estime dans laquelle Brown tient les politiciens autant que les inventeurs de bombinettes.
D'autres nouvelles, plus légères, mettent en scène des vampires malchanceux et affamés(du sang! avec un clin d'oeil sympa comme tout à demain les chiens), un homme-cerf (il ne faut pas pousser grand-mère, une nouvelle assez mal ficelée en français, car basée sur des jeux de mots intraduisibles, aussi Denoël insère à sa suite le texte original enfin que le lecteur comprenne la difficulté d'adaptation de ce genre d'écriture, bien plus drôle encore en VO, merci à eux donc), du Vaudou, un diable qui s'ennuie en enfer ( Millenium), un élève nul en géométrie qui veut invoquer des démons pour réussir son devoir de maths ( cela va de soi).. bref, un peu partout de la trouvaille décalée qui fait passer un bon moment entre les nouvelles plus sérieuses.
La Sf c'est d'enfer (oui j'ai honte!) |
et aussi
5/5 mission officiellement accomplie! |
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