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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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mercredi 26 mars 2014

Martiens, go home! - Fredric Brown


Et pour commencer les lectures martiennes, voici les martiens, côté pile, dans un récit d'invasion humoristique.

En ce mois de .. mars 1964, Luke Devereaux, auteur de Science fiction en pleine crise de la page blanche, tente de trouver l'inspiration dans une retraite solitaire - et légèrement alcoolisée. Alors qu'il tient le début d'une idée, " et si les martiens...." , on frappe à la porte de son repaire au fin fond du désert. Un martien. Car oui, ça y est les martiens arrivent, et l'humanité s'attendait à une attaque violente, ou une visite pacifique, à des créatures munies d'antennes, de tentacules, ou que sais-je. A n'importe quoi, sauf à ça: les martiens sont REELLEMENT de petits hommes verts de 60 à 90 cms de haut, d'aspect à peu près humanoïde. Ce que personne en revanche n'aurais imaginé (et c'est pire qu'une attaque en règle), c'est que les martiens sont d'abominables emmerdeurs, pas dangereux, mais grossiers, envahissants moqueurs et n'aimant rien tant que venir mettre la zizanie partout où ils passent, ou plutôt , partout où ils couiment ( le couimage étant leur spécialité, une sorte de téléportation, mais en mieux). Avec une prédilection pour apparaître aux endroits les plus inattendus et dans les pires circonstances. Et il n'y en pas pas un, ni même cent ou mille: ils sont un milliard, apparus d'un seul coup sur une terre peuplée de 3 milliards d'humains ( ce qui exclue d'emblée le résultat d'une gueule de bois monstrueuse de Luke), et venus semble-t-il dans le seul et unique but de semer un maximum de pagaille. Et la cerise sur le gâteau: ont peut les voir et les entendre, mais ils sont intangibles, et donc impossible de les flinguer, les brûler, les noyer, les exterminer... L'humanité va passer les pires moments de son histoire, envahie par des martiens pas dangereux en eux-même, mais qui adorent provoquer bagarres, accidents, crise de nerfs, suicides, folie...Et comme ils peuvent voir à travers les murs ou de déplacer à volonté, leur loisir favori est d'espionner les secrets, des petits ( et rapporter aux cocus les infidélités de leur conjoint) aux gros ( et dévoiler aux nations ennemies les plans ultra secrets du bloc d'en face). Le chômage monte en flêche, les martiens aiment aussi mettre le souk dans l'industrie du spectacle, et la paralysie gagne au final les autres corps de métiers, seuls les psychiatres pourraient faire fortune, si les martiens ne les conduisaient pas eux-aussi à la crise de nerfs.

Ce livre date de 1955, et sous des dehors de grosse farce, avec un héros qui a tendance à abuser de la bouteille, et des martiens indiscrets, il est teinté d'humour absurde et volontiers noir, au sujet de l'industrie du spectacle, de la politique, de la guerre ( le sous texte antimilitariste ne saute pas aux yeux, mais il est bien là, moins net que dans "lune de miel en enfer", mais l'idée est la même: devant une menace commune, à quoi bon faire la guerre. Et le titre, mot pour mot traduit de l'original, référence claire à US go Home). Et bien sur les charlatans de tout poil, psychiatres, prédicateurs, fanas de new-age, crédules de tous âges et tous pays en prennent pour leur grade.

Donc pas de la SF pure et dure, mais une farce énorme (et parfois macabre) que j'ai pris plaisir à relire. Après on retrouve sur l'échelle d'un roman, le format favori de Brown qu'est la nouvelle, avec des histoires enchâssées les unes dans les autres, des personnages qu'on va suivre l'espace de quelques lignes jusqu'à une chute burlesque. donc pour ceux qui ne connaissent pas et qui s'attendent à une méga scénario béton ultra complexe, non. Il s'agit plutôt de saynètes mises bout à bout, avec quelques personnages récurrents comme liant, mais qu'est-ce que c'est drôle de voir l'humanité perdre les pédales face à des humanoïdes qui appellent tous les hommes "Toto", toutes les femmes " Chouquette" ( car les noms, ça ne sert à rien!) et répondent systématiquement à toutes les questions " c'est pas tes oignons!"

Et puis il fait ouvertement référence à La guerre des mondes, qui devrait être lu et chroniqué très bientôt!


idée n°1: 1. une chaussure. (j’accepte les bottes et autres chaussures spéciales comme bowling etc).

mardi 25 mars 2014

Voyager aux confins du système solaire (4) - Is there life on Mars?

Ah, je vous avais laissés le mois dernier sur un coup de théâtre, voilà enfin la réponse que vous attendiez tous, tellement évidente que je ne pouvais pas ne pas le faire en Mars, nous explorons Mars.
Attention, après les gros dossiers Pionneer et Vénus, voilà le TRES gros dossier, le plus actuel, en fait, et du coup, un des plus palpitants.

Evidemment, je ne vais pas m'avancer à répondre à la question que je pose en titre, mais je ne pouvais pas ne pas mentionner ce titre que j'aime énormément du plus extra-terrestre des terriens (mm du bonheur dans mes oreilles, mais je m'éloigne du sujet)

Donc, la conquête de Mars, un des fer de lances de la NASA depuis les années 60, j'en avais déjà un peu parlé dans l'article du mois dernier sur Vénus, puisque les deux planètes ont été les cibles principales de s Missions Mariner ( les sondes Mariner 1, 2 5 et 10 concernaient Vénus et Mercure pour Mariner 10, on en reparlera, et toutes les autres étaient dirigées vers Mars, Mariner 11 et 12 qui auraient du observer Jupiter et Saturne ayant été renommés en programme Voyager)
Là aussi, pendant les décennies 60 et 70, un programme russe devait faire concurrence aux Missions Mariner, simplement appelé Marsnik, ou Mars, mais je n'en parlerai que pour dire que la plupart ont été des échecs ou des succès très mitigés ( sondes qui tombent en panne au bout de très peu de temps). Autant l'exploration de Vénus a été une réussite côté URSS et un semi-ratage côté USA, autant pour Mars, c'est l'inverse, ce sont les USA (et l'Europe ces dernières années) qui mènent la danse.

Donc premières réussites: Mariner 4 (1965) - orbiteur
Premières photos ( 22 clichés exactements) pris de la planète Mars, qui paraissent dérisoires au vu des dernières prouesses de Curiosity, mais rapide calculs: elles datent d'il y a presque 50 ans! oui oui! Grâce à lui, on découvre un sol lunaire, une planète à l'atmosphère très réduite,sans champ magnétique suffisant pour protéger la surface du vent solaire. La triste vérité est qu' il n'y a pas de petits martiens verts ou d'autres couleurs! Ni de canaux dignes de Venise.

2 de ces fameuses 22 photos

suivi par Mariner 6 et 7 en juillet et aout 1969 deux orbiteurs qui ont pris de nombreuses photos, des relevés en infra-rouge de températures ,qui ont révélé qu'il fait froid à la surface de Mars, très froid, de l'ordre de - 120° à - 70°C ( dans la Guerre des mondes, l'argument de Wells est que les martiens veulent venir sur Terre pour se rapprocher du soleil, car il fait sur Mars à l'équateur en été aussi froid que le plus froid des hivers terrestres. Wells était donc bien loin de la vérité, puisqu'on est plutôt dans la moyenne des records antarctiques! Tiens, faudra le rappeler à ceux qui sont partants pour y aller, juste comme ça!)
Deux réussites donc, mais totalement éclipsés par un autre événement. Voyons, été, 1969.. un truc comme ça:
Oui oui, ne vous inquiétez pas, je parlerai aussi du programme Apollo. Le 24 juillet, très exactement!
Mariner 9
Mais revenons sur Mars, en 1971, c'est au tour de Mariner 9 (orbiteur) de cartographier la surface de la planète (aux trois quarts), d'affiner les mesures, de découvrir les principales caractérisques géologiques ( Valle Marineris, olympus mons, les traces de volcanisme...) et de photographier aussi Phobos et Deimos, les deux lunes de Mars.
surface de Mars par Mariner 9
En décembre 1971, une première tentative d'atterrissage sur Mars (oui, ça me fait bizarre d'écrire ça) est en prtie réussie par Mars 3, atterrisseur russe qui s'éteint au bout de quelques secondes, puis par mars 5 et 6 en 1973 qui tombent également en panne assez vite.
Il faut attendre 1976 pour voir enfin deux sondes américaines, viking 1 et Viking 2 arriver au sol et y résister assez longtemps pour envoyer une foule de données ( sur la composition de l'atmosphère, du sol, de ses mouvements, etc..race aux laboratoires embarqués) et de photos en couleurs, qui sont restés les informations plus précises jusqu'en 97

ca se passait il y a 37 ans, sur Mars ( viking 1)
glace sur Mars ( Viking 2)
Que cette planète est désertique, mais nom d'un petit bonhomme rouge*, quelle prouesse! Mais ce n'est encore rien, car après 1976 et Viking, plus rien pendant 20 ans.

Et c'est là qu'on arrive aux missions contemporaines, dont on a beaucoup entendu les noms dans les médias:
- Mars global surveyor en 1996 (orbiteur), actif jusqu'en 2006: affinage des mesures magnétiques de la planète, images en 3D des ravins, calculs d'épaisseur de la calotte polaire, découverte de traces d'une acienne activité hydrologique..
- Mars pathfinder ( juillet  1997) et son atterrisseur Sojourner, premier engin mobile a aller arpenter le sol martien -  construite en 3 ansce qui est peu pour un engin technologique de ce type, et, il est important de le noter, une mission réussi pour largement moins cher que le programme Viking: plus de 17000 photos en tout, analyses chimiques du sol, confirmation d'une ancienne présence d'eau ( certaines roches volcaniques telle que l'olivine ne se forment qu'en présence d'eau..)
et qu'est-ce que j'en retiens, moi personnellement?
CA

attendez, voilà le lien pour voir l'image en taille réelle: panorama martien par Sojourner. 
(car oui, plus que les photos les plus récentes, c'est celles de Sojourner qui m'ont marquée: nom d'un petit bonhomme vert*, que cette planète est désertique, mais qu'est-ce qu'elle ressemble à la notre!
la preuve?
Désert du Hoggar, sur Terre
Hormis la couleur rosée du ciel, les rochers plus pointus et le fait que le sol soit encore plus sec que sec qui fait paraitre le Hoggar presque accueillant à côté, on s'y croirait. Voilà, j'ai été frappée par ce mélange entre " ça ressemble énormément à chez nous" et " en fait non, c'est comme en chez nous, mais en plus étrange". Du coup je suis totalement fascinée par ces photos qui me surprennent à chaque fois.

2001: Mars Odyssey ( toute référence à Arthur C Clarke étant complètement voulue!), 2003,Mars express (orbiteur européen), toujours en 2003, les rovers jumeaux Spirit et Opportunity, 2006 Mars Reconnaissance orbiter, 2008 Phoenix,  2012 Curiosity...
Spirit a laissé ses empreintes..

Le logo de Spirit: Marvin.
 Le détail qui m'amuse beaucoup, c'est qu'une bonne partie des cailloux examinés sont nommés.. et nommés d'après des personnages de dessins animés: Yogi l'ours, Barnacle Bill, Gromit.., de BD (Mafalda, Dilbert, Dogbert, Garfield..) de films ( Darth Vader, Jei, trooper..) ou de littérature ( j'avoue que Mr Badger, Mr Mole, Mr Rat, Mr Toad , me font particulièrement plaisir, autant que Zaphod!) Voila, la liste des noms!

Toutes ces missions sont encore en cours au moment où j'écris ( excepté le Rover Spirit avec lequel le contact est perdu depuis 2011), les données arrivent en quantité phénoménales, tellement phénoménales que je ne vais pas tenter de les résumer ici.
curiosity n'était pas encore arrivé sur cette carte..

Des sondes se baladent un peu partout (oui, je sais ça pollue, ça emmène des bactéries.. qui devrait assez rapidement mourir irradiées par le vent solaire!), renvoyant des photos à couper le souffle, les échantillons devaient revenir sur Terre en 2022.. la conquête de Mars n'est pas pour tout de suite, mais en attendant, nom d'un petit bonhomme bleu*, on a une vue magnifique depuis toutes ces fenêtres. Et puis c'est quand même la seule autre planète où crapahutent toujours des robots.. a défaut d'habitants vivants.

Et puisque c'est la mode des "selfies" un peu partout sur le net, je ne résiste pas à vous joindre le selfie ultime, celui qui enterre tous les autres, celui qui a la classe indépassable: Curiosity en vacances sur Mars ( en fait un montage de 55 photos ce qui permet d'éviter le bras robotisé au milieu de l'image!)

En tout cas je souhaite un bon courage aux scientifiques qui vont devoir éplucher ces données ( tiens je me demande s'il n'y a pas un projet de mise en réseau participatif des ordinateurs personnels du public, comme c'était le cas pour Seti@home, je vérifierai)

 prochain rendez vous en avril, je vous emmènerai..mmm, un peu plus loin!
 *si vous êtes attentifs, vous aurez remarqué que ces couleurs ne sont pas du tout choisies au hasard, mais en référence au drapeau martien proposé en référence à la Trilogie de Mars de Kim S. Robinson ;)


lundi 24 mars 2014

semaine "parlons un peu des petits hommes verts"

en janvier, nous sommes allés nous promener dans l'espace. Cette Fois, mois de Mars oblige, la thématique du challenge Geek portera, juste retour des choses, sur ceux qui viennent nous rendre visite..

Les petits hommes verts..

ou d'autres couleurs, d'ailleurs..

qu'il viennent nous rendre une petite visite pour faire du tourisme...




 Ou se perdent en route.

 Ou qu'ils viennent pour goûter aux fameuses nouilles de Germaine, célèbres dans tout l'univers...

Ou encore qu'ils aient leur propre idée sur la cuisine...

 Ceux qui savent pourquoi ils viennent..

ceux qui espèrent repartir et se fondent dans le décor en attendant..
 ou ceux qui auraient du mal à se faire des potes, même en payant la tournée!

Ceux...? ou celles!
 
Celles qui ont un look... improbable

Celles qui ont un petit quelque chose à cacher
Mais aussi les cons-cons



Les amicaux
Ceux avec qui ont peut négocier

Les pas commodes

Les ... aaaaaaaaaaaaaaaaaah!

bref, sympas, bizarres, agressifs,  flippants, visibles ou invisibles
C'est la semaine des extraterrestres!

( billet de présentation réalisé avec la collaboration de Stitch, Kang et Kodos, E.T, le fêlé des pâtes, Alf, "Akh-akh-akh", Actarus, Predator, les sylvidres, Aelita, Diana, Jarjarbinks, Superman, Ford Prefect, Cronélius et Zira, Marvin, The Alien, et le monstre-électrique-dont-je-ne-sais-pas-le-nom de la Planète Interdite)

Aya de Yopougon tomes 1&2 - M. Abouet et C. Oubrerie


Cette BD me tentait depuis un moment, d'autant qu'à l'automne dernier, j'ai eu l'occasion de voir le dessin animé qui en a été adapté ( pas dans les meilleures conditions: sur l'écran au format carte postale d'un avion, car il faisait partie de la liste des films disponibles). Une bonne surprise, mais j'étais frustrée de ne pas avoir les clefs du savoureux français de Côte-d'Ivoire. Et voilà que la BD sort chez Folio en petit format, quelle riche idée!
1978 à Abidjan. On va suivre le quotidien d'une poignée d'habitants du quartier populaire de Yopougon, dit "Yop city". Aya l'héroïne, lycéenne sérieuse et appliquée, espère pouvoir poursuivre des études en médecine, bien que son père lui serine régulièrement que "les études, c'est pour les garçons". Elle préfère donc passer son temps à réviser, plutôt que d'aller faire la fête au maquis ( une sorte de café-restaurant-dancing de plein air) avec ses copines Adjoua et Bintou, deux gazeuses invétérées ( des fêtardes, donc..). Mais Aya ne veut pas finir en "série C" comme les autres filles: coiffure, couture et chasse au mari, très peu pour elle!

Au fil des pages, on fait connaissance du petit monde bigarré d'Aya: son père Ignace, cadre dans la plus grand fabrique de bière de la ville, fier comme un coq de sa position sociale.. mais qui se fait tout petit devant le grand patron monsieur Sissoko.  Monsieur Sissoko, justement, avec sa femme Simone, d'insupportables parvenus qui regardent tout le monde et surtout les habitant de Yopougon de haut, tandis que leur fils Moussa, dragueur très peu convainquant, passe sont temps à aller s'y encanailler. Et il y a aussi Mamadou, le séducteur des maquis, Hervé, le cousin campagnard un peu balourd de Bintou, qui finit quand même par trouver sa vocation grâce aux conseils d'Aya. Félicité, la femme de ménage pas très dégourdiedeEt toute la foule des Tontons et Tanties (surnom de tout adulte, connu ou inconnu) du quartier... Bref, une BD bien sympathique, et très musicale, car on passe son temps à aller se secouer le tassaba (popotin) au son d'Ottawan, de François Lougah.. avant éventuellement de se donner rendez vous à "l'hôtel des mille étoiles".

et comme c'est toujours plus sympa d'avoir l'ambiance sonore, j'ai trouvé la chanson de François Lougah sur laquelle dansent Bintou et Adjoua au début du tome 1
François Lougah - Contraste

et bien plus connue: Ottawan - D.I.S.C.O

Et celle qu'Ignace écoute dans sa voiture (tome 1), j'aime beaucoup!
Daouda- Mon coeur balance


Et pour finir, celle qui résonne à l'élection de Miss Yopougon dans le tome 2 (là je danse sur ma chaise, alors que c'est une chanson qui parle d'exil!)
Maitre Gazonga - Les jaloux saboteurs

Bonne découverte pour moi qui ne connaissais pas du tout la musique francophone africaine...

A noter que le dessin animé finissait de manière ouverte, car il correspond exactement à ces deux tomes, et la BD en compte six. L'édition en format A5 ne porte pas préjudice, car il s'agit d'un graphisme assez épuré, sans décors fourmillants, je vois que le tome 3 est prévu dans ce format pour avril prochain, super!
. Et j'ai particulièrement apprécié les bonus ivoiriens de fins de tomes: le lexique des expressions locales, la recette de la sauce d'arachide ou du poulet kédjénou, la manière de nouer un pagne pour porter un enfant dans son dos ou encore le secret du roulement de tassaba...
sujet ivoirien, scénariste ivoirienne..
la musique n'est pas le sujet de la BD, mais elle est très souvent présente
idée 79: une place.

dimanche 23 mars 2014

Un safari arctique et autres racontars - Jørn Riel


tome 2 des aventures drôlatiques d'Anton, Valfred, Mads Madsen et leurs copains, tous chasseurs perdus sur un coin de banquise au nord-est du Groenland, que j'avais découverts et appréciés l'été dernier. J'ai pu trouver assez vite cette suite, me voilà donc repartie pour les terres boréales
Même principe que pour le tome 1, il n'y a pas vraiment de héros, chaque trappeur connaît son moment de gloire dans une ou l'autre des nouvelles du recueil, enfin, si on peut parler de gloire dans le cas où on se retrouve en caleçon et chaussettes à engueuler un ours blanc qui voit déjà en vous son prochain dîner, et qu'on réussi à sauver sa peau par un incroyable concours de circonstances (la balle perdue), ou qu'on se retrouve à dériver pendant plusieurs jours sur un iceberg, avec pour seule compagnie un type qui passe son temps à dormir, un réchaud, une bouteille de schnaps et de la viande de phoque. (un petit détour).
Mais grosso modo, c'est tout un univers et ses habitants qui se dessine, touche après touche, nouvelle après nouvelle, un univers où le temps est une donnée élastique, où la survie est un enjeu de chaque instant, et où l'amitié seule peut permettre de ne pas sombrer dans la déprime. Ce qui manque arriver à Anton, l'étudiant venu au pôle avec plein d'idées préconçues sur la vie arctique et qui se voyait déjà en héros des glaces, lorsqu'il se frotte à la réalité de la vie quotidienne, un peu plus dure qu'ailleurs, mais tout aussi routinière, surtout lorsque la nuit s'étire sur plusieurs mois (le bruant des neiges).

Malgré tout, je conseillerai aux futurs lecteurs de prendre les tomes dans l'ordre, car ce volume 2 fait référence à des événements narrés dans le premier (un petit détour fait largement référence au dressage d'un lieutenant du tome 1,et  ce qu'il advint d'Emma, est la suite directe de la vierge froide, où on apprend ce qu'est devenue la femme imaginaire que Mads Madsen avait inventé un soir où il était en verve, et dont il avait cédé " les droits d'auteur" à l'un de ses copains, permettant ainsi ça cette idée de poursuivre sa "vie") Car c'est bien de ça qu'il s'agit. Un des personnages dit ici qu'un récit grandit en passant de personne à personne, en vivant sa vie, en se voyant enjolivé de détails. On est dans une culture orale pas si éloignée des légendes ou  des contes. qu'importe si, au lieu de dieux et de héros, on a ici des chasseurs plus ou moins portés sur la bouteilles. D'ailleurs,  les gens qui me connaissent peuvent s'étonner de me voir passionnée par des nouvelles qui parlent de chasse, moi qui déteste ça. C'est assez simple: jamais on ne ressent chez eux d'agressivité gratuite, ils chassent soit parce que c'est leur travail ( on est dans les années 50, et le commerce de la fourrure n'est pas encore mal vu), soit par nécessité, pour se nourrir ou se vétir ( et l'ours tué par accident dans "une balle perdue" est mangé, et sa peau sert à réparer le traîneau qu'il avait endommagé), ce ne sont pas des meurtres gratuits par plaisir de tuer. Cette notion apparaît dans "un safari arctique", via l'autoritaire Lady Herta, vieille dame chasseuse dans l'âme venue sur la banquise uniquement pour le plaisir de tirer sur un boeuf musqué, et qui par son ridicule ( elle vient chasser "à la rustique", mais il y a quand même besoin d'une douzaine de personnes pour porter son équipement qui comprend plusieurs tentes, une baignoire pliante, de la vaisselle en cristal, des boites de conserve exotiques..), fait ressortir le bon sens et la simplicité des autochtones, pas plus natifs qu'elles, mais, cerise sur le gâteau, c'est l'occasion de quelques vannes bien senties sur l'esprit colonial.

Donc, une très bonne lecture qui me convainc de poursuivre l'aventure arctique, quand l'occasion s'en présentera ( en fait très bientôt, car je viens de gagner à un concours le tome 3 d'une adaptation en BD, qui correspond en fait à l'adaptation graphique de 3 nouvelles issue de ce volume)

et allez, une petite citation car, quand même, :"la baie était incroyablement belle. Les restes de glace de l'hiver brillaient à la manière de sculptures blanches, comme jetées par une artiste fou dans l'eau verte et paisible. Les seuls mouvements perceptibles, c'était les ombres des nuages d'été flottant et des petites ondes concentriques provoquées par la glace qui dégoulinait. A l'extrémité nord de la baie s'ouvrait une large vallée entre de sombres parois de montagnes. Le fond de cette vallée était couvert de bruyères en fleurs et scintillait de couleurs bleues et violettes"
Groen- land, terre verte, c'est marqué dans le nom. Nom d'un casque viking, mais si on me donnait l'occasion d'aller passer l'été là haut au frais, j'irais sans faute!

mercredi 12 mars 2014

Le vent se lève ( film d'animation)

Voilà,c'est fait j'ai enfin pu aller voir le dernier Miyazaki (en date, mais aussi, il l'a promis, le dernier, tout court. enfin, il avait déjà dit ça pour Ponyo...)

Alors d'abord, je pousse ma beuglante contre mon cinéma Art et essai local, qui au fil des ans, a présenté tous les films Ghibli en VOST dès leur sortie. Et qui file vraiment un mauvais coton: Non seulement le Vent n'a été programmé qu'un mois après la sortie nationale, et seulement pendant les 15 jours des vacances scolaires. Il fut un temps ou l'annonce " c'est le dernier" leur aurait donné l'idée géniale de faire une rétrospective, mais là non. La personne qui choisit les programmes mise à fond sur le cinéma français " d'auteur" comme on le voit ailleurs ( ce qui fait qu'Adèle et Guillaume sont  à l'affiche depuis des semaines et des semaines) et loupe complètement, pour essayer de drainer peut être un public plus large, mais se coupe totalement de son public habitué, qui s'y rend quasiment uniquement pour les films étrangers en VOST.
Quand à "lettre à Momo", je n'étais même pas allée le voir, vu qu'il n'était disponible qu'en français.

Voilà, ça c'est fait... passons donc au film proprement dit. J'ai bien aimé je dirais, mais ça n'est pas mon préféré. Bon, le sujet est assez technique ( entre deux-guerres, la conception d'avions par un ingénieur, complètement à fond dans ce qu'il fait) ce qui peut rebuter le public qui vient là pour du merveilleux fantastique, Le Vent se lève est plus ancré dans la réalité, avec le tremblement de terre du Kantô, en 1923, le krach boursier de 1929, qui permettent de suivre, un peu, la temporalité. Un peu seulement, car, c''est là le principal problème, la narration est très floue et très éclatée, entrecoupée de séquences oniriques plutôt jolies, mais qui brouillent encore plus l'histoire
Il n'y a que moi qui ai pensé à Harry Potter en le voyant?

Après l'autre souci, c'est que Harry Jirô, le héros est à fond dans son travail. Mais vraiment à fond, ce qui en fait un personnage ni sympathique ni antipathique, mais constamment dans son monde qui ne voit ni n'écoute vraiment personne ( qui oublie constamment que sa soeur l'attend ou qui perd facilement le fil d'une conversation), ce qui n'aide pas non plus la narration.

Après je craignais une histoire d'amour un peu trop présente, on m'a dit "nonon, ça passe bien, en fait, ne ne voit quasiment pas la fille". Et je confirme. En fait, la fiancée, puis la femme du héros, qui est censé être le personnage triste -ou du moins à l'histoire tragique- est un personnage qui aurait gagné à être plus développé. Au départ elle est présentée comme une fille battante, qui veut lutter contre l'adversité que ce soit le tremblent de terre ou sa maladie, mais finalement.. pas grand chose.Jirô ne semble au final pas plus concerné que ça par l'état de santé de Naoko, du coup, le scénario s'en fiche un peu, et le spectateur également. C'est dommage, parce que c'est quand même le second personnage important de l'histoire.

par contre les représentations de mécanique, d'avions, de trains, de bus sont super fignolées, on sent qu'il s'est fait plaisir, ses machines ont un poids, une matière, une densité qui se ressentent bien à l'écran
Et comme toujours, j'ai préféré les personnages secondaires: le chef qui semble pénible au premier abord, mais s'avère un type compatissant, la soeur de Jirô, qui ressemble beaucoup à une version grande de Setsuko la petite fille boudeuse du Tombeau des lucioles. de même j'aurais apprécié d'en savoir plus sur le collègue de travail et copain de Jirô: une piste est lancée, lorsque le chef explique que Jirô ne devrait pas laisser son collègue utiliser ses plans, au risque de s'en faire un rival. Normalement, dans un film, ce genre  d'information sert un peu plus tard de ressort narratif, on s'attend à un développement que ce soit effectivement dans le sens d'une rivalité ou au contraire d'une amitié qui résiste à tout mais.. là aussi, la piste n'est pas exploitée, et c'est dommage. Pareil pour le type bizarre de l'hôtel où le héros prend ses vacances, j'ai presque cru que ça allait partir sur une intrigue d'espionnage, mais... non. Le problème de Jirô est qu'au final,il s'intéresse moins aux gens qui l'entourent qu'à son ami imaginaire, l'ingénieur italien qu'il voit en rêve. Espèce de nerd!

Bon, comme ça j'ai l'air d'être seulement négative, mais non, j'ai bien aimé, simplement ce souci de narration un peu floue, ces personnages secondaires qui aurait gagné à être plus caractérisés pour marquer mieux les esprits, ces pistes qui auraient pu être un peu plus exploitées font qu'à mon sens, c'est un sujet intéressant, mais un film qui restera secondaire dans la filmographie Ghibli.
Et c'est d'autant plus rageant qu'il ne manque pas grand chose pour en faire un bon film..
 Par contre il y a une chose en particulier que j'ai beaucoup aimé: le générique de fin, qui reprend tous les décors vus dans le film, en les vidant de leurs personnages, ce qui met en avant ce que j'adore en général chez Miyazaki: le sens du cadre et du décor, et le tout en 2D classique comme j'aime. Et il y a quelques références intéressantes ( Paul Valéry pour le titre, une mention de "la Montagne magique" de Thomas Mann, particulièrement à propos, puisqu'il y est aussi question d'un ingénieur en vacances à la montagne et du microcosme d'un sanatorium, l'authentique ingénieur italien Caproni et ses avions farfelus..) que j'ai appréciées.
J'aime beaucoup ce genre de plan, avec le personnage à peine visible qui donne un vrai effet de profondeur à l'image
Ou ça aussi, l'effet de flou sur les feuilles au premier plan est splendide


Enfin, à la sortie, il m'a quand même surtout donné envie de revoir Porco Rosso, qui était plus marquant sur une thématique proche.

Sinon, totalement en dehors, je me suis rappelé en voyant ce film que la loi sur le tabac, ben,ça n'est pas au Japon. Tout le monde passe son temps à fumer clope sur clope, ça m'a même étonnée que le gouvernement ne demande pas une censure comme ce fut le cas à un moment pour la pipe de Jacques Tati, effacée des affiches, ou la cigarette transformée en brin d'herbe de Lucky Luke. Pas que ça me dérange spécifiquement, mais juste que certaines scènes où on voit le héros fumer comme un pompier sont loooongues, looongues, sans que ça ne joue un rôle narratif , et auraient gagné à être écourtées, ou plus dynamiques. Voilà c'est ça, le scénario manquait d'ampleur, et m'a donc laissé suffisamment de temps pour me rendre compte de ça!