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jeudi 23 juillet 2020

Die Leiden des jungen Werther / Les souffrances du jeune Werther - Goethe

Un des défis de cet été était de lire quelque chose en allemand. En récupérant mes cartons au garde meuble, j'ai donc retrouvé mes livres en VO, et en déménageant, j'ai aussi trouvé l'édition francophone qui était chez mes parents.

Or j'ai eu envie de tenter une méthode autre pour pratiquer les langues.
Elle était proposée dans une conférence par mon homonyme Lydia Machova qui l'a utilisée pour compléter son apprentissage d'espagnol.
Lire un livre bilingue , tout en écoutant l'enregistrement en livre audio.
Je n'ai pas d'attirance spéciale pour les livres audios en français mais là, l'intérêt est de pouvoir écouter la prononciation tout en lisant. Et donc d'améliorer l'écoute et la sensibilité aux sons de la langue. et in fine sa propre prononciation. Ecouter beaucoup de textes en russe, même sans les avoir sous les yeux a été très efficace de ce point de vue, et , bien qu'ayant un assez bon niveau en allemand, il me reste quelques pierres d'achoppement ( les h aspirés qui n'existent pas en français, les voyelles de différentes longueurs.. qui peuvent vraiment différencier les mots: aus et Haus, ihr et hier, den et denn)

Jusqu'à présent je n'étais pas allée plus loin que de lire des nouvelles avec une édition bilingue.

Donc le choix de Goethe..
- parce que auteur absolument incontournable de la littérature de son pays ET mondiale.
- livre classique, dont j'avais déjà l'édition en vo et une traduction
- qui dit livre classique dit facilité à trouver un enregistrement, et il ne m'a pas fallu plus de 30 secondes pour  le trouver sur youtube.
- la structure en roman épistolaire permet de le découper facilement pour étaler la lecture sur plusieurs jours, d'autant que je l'ai lu 3 fois: Une première fois en écoutant, une seconde en VO, en prononçant à haute voix ce que je lisais et en prenant des notes de vocabulaire à ajouter un jour à une liste, et une troisième en VF pour vérifier le sens . Donc 3 fois plus de temps.



Donc avant ma lecture voilà à eu près ce qui me restait en mémoire.. " l'histoire d'un type aux tendances dépressives qui tombe amoureux d'une femme mariée, et n'arrive pas a dépasser ça." Et bien sûr la fin,attention spoiler, au cas où l'illustration su mon édition française ne serait pas assez explicite, il finit par ce suicider..
J'avais aussi en mémoire deux choses: j'avais bien ri en le lisant ( alors que ce n'est absolument pas le but), d'une part parce que le héros se rend très souvent ridicule avec ses accès maniaco-depressifs et.. l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit de glisser des vannes sur la bureaucratie, la société de son époque, les importuns, les imbéciles... J'ai presque l'impression qu'il a écrit l'histoire d'amour tout autour juste pour donner un cadre à ses portraits de la vie quotidienne en Hesse au XVIII°siècle.

Donc Werther, un jeune bourgeois assez fortuné est parti se mettre au vert après avoir brisé le coeur d'une femme.Il se retrouve dans une petite ville. Il est supposé s'occuper de régler un différent entre sa tante et sa mère pour une question d'héritage, chose qu'il ne fait absolument jamais. Ses seules occupations sont: promener dans la campagne et dessiner les paysans pittoresques qu'il rencontre ( et au XXI° siècle sa gentille condescendance de riche oisif auprès des autochtones qui triment aux champs est assez pénible, mais autres temps autres moeurs). Jusqu'au jour où il rencontre Charlotte "Lotte", esclave serviable fille aînée de famille bourgeoise, dont la vie se passe à s'occuper de ses 8 frères et soeurs. On ne voit jamais son père qui passe son temps à se promener à cheval et la laisse trimer. Quand elle a 5 minutes à elle Charlotte aime bien lire des romans sentimentaux, ou jouer du clavier.
Et surtout Charlotte est très fiancée à Albert, un type qu'elle adore visiblement, est momentanément absent, lui aussi pour une histoire d'héritage et lui manque beaucoup.Werther, qui est au courant de tout ça, avant même de la rencontrer, va malgré tout développer une obsession sentimentale pour Charlotte, se faire des châteaux en Espagne sur la vie avec Charlotte à la campagne.. qui s'écroulent évidemment au retour d'Albert.

Ha, Charlotte, j'avais oublié à quel point ce personnage est ennuyeux. En fait c'est le problème, elle n'est vue qu'à travers des délires obsessionnelles de Werther. On sait qu'elle est jolie et a les yeux noirs, mais tout le reste ne sont que ses délires. Je pense que Goethe en a fait justement un personnage si " parfait" ( aux yeux du héros) que pour faire comprendre à quel point c'est une femme très banale en fait, si on transposait actuellement , une femme au foyer qui lit des romans de gare en attendant le retour de sonpetitami/ mari.
Ce qui me fait dire ça, c'est que peu avant la rencontre de Charlotte, Werther lui même explique avoir discuté avec un paysan, fou amoureux de sa patronne et dit quelque chose comme " son enthousiasme et sa sincérité font plaisir à voir, mais je préfère ne pas rencontrer la dame, et continuer à l'imaginer au travers du portrait qu'il en fait. La réalité serait probablement bien décevante" . Goethe est bien trop malin pour que ce mini épisode qui n'a l'air de rien ne soit pas significatif"
Mais non Charlotte est parée de toutes les qualités, un ange, une merveille, la plus belle femme au monde, la plus gentille, la plus intelligente, la plus dévouée, la plus, la plus...sa présence est baume pour les mourants ( oui oui, qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a pas une subtile ironie)
Ce qui en littérature en fait un non personnage.
Je pense qu'il n'y  pas non plus de hasard dans le fait qu'Albert comme Werther aient la même préoccupation ( recouvrer un héritage) et se répondent en écho: Albert cherche un travail et en trouve, Werther vadrouille et ne fait rien malgré la promesse faite à sa mère de gagner sa vie.

Enfin, ça c'est la première partie,pas forcément la plus passionnante, en tout cas bien trop sentimentale.La seconde est celle dont je me souvenais le plus, à croire que Goethe a décidé d'emballer tout ça sous un dehors de roman sentimental juste pour faire la pilule: il tire a boulets rouges sur la société de ce coin paumé de l'Allemagne de la fin du XVIII° siècle. C'est très drôle et assez jouissif...

Donc notre sombre héros, comprenant qu'il n'a aucune chance avec une femme quasiment mariée, ou qui s'estime déjà comme telle, se décide donc à se mettre en quête d'un travail. Comme un bon bourgeois instruit de l'époque, il n'a pas énormément de choix, et devient secrétaire d'un ambassadeur, puis d'un comte.
L'ambassadeur est un bureaucrate tatillon, du genre à lui faire refaire X fois un dossier parce qu'il y a trop d'adjectifs dans sa prose ( ou quelque chose de ce genre. Bon sang, j'ai eu la même!) , et déteste le comte, homme intelligent et cultivé, et surtout, qui a le pouvoir que n'a pas un bureaucrate. Le comte déteste les gratte-papiers faux-cul. Le comte a Werther en sympathie et ce dernier fait un peu le tampon entre l'administration et la noblesse. Mais il reste juste un bourgeois qui n'a pas sa place dans les cercles nobles, même de province, peu importe que son employeur l'apprécie ou pas personnellement, socialement il reste un serviteur, prié de dégager sitôt qu'arrivent les gens imbus de leurs titres. il y a aussi Fraulein B, une femme qui lui plaît parce qu'elle ressemble à Charlotte, mais nantie d'une vieille tante vaguement titrée qui rend toute relation impossible. Les bourgeois de la ville sont souvent des gens qui- passez l'expression- pètent plus haut que leurs culs.
En tout cas ces portraits au vitriol sont jouissif, et on devine Goethe qui parle par la voix de son personnage. En tout cas, les hypocrites, les mesquins, les jaloux, les arrivistes, les gens qui se la racontent, les bas du front s'en prennent tous pour leur grade et deux siècles et demi après , ça n'a pas vieilli. J'ai lu à voix haute des passages de la VF à ma mère qui y a reconnu des gens, elle aussi. On a toutes les deux bossé dans ce papier de crabes prêts à tout pour passer devant les autres qu'est l'administration, et il y a deux siècles et demi, c'était déjà comme ça.


Donc retour à la case départ pour Werther qui en, en tant que penseur sensible à défaut d'être toujours sensé, et farouchement opposé aux inégalités qu'il ne peut pas combattre à on petit niveau,  retombe dans son travers et revient se faire du mal en tournant autour de Charlotte, mariée entretemps et contente de l'être. Ca finira mal, vu que Goethe distille la fin peu à peu par petites touches dans les pensées noires que Werther écrit à son meilleur ami, ce n'est pas une surprise.

L'influence du livre a été telle à l'époque qu'il y a eu une Werthermania, chez les gens qui se sentaient peu en phase avec leur société: les femmes adoptant la même robe que Charlotte au bal, les hommes s'habillant de la même manière que le héros, et certains, révolté à vide, suivant hélas la même pente fatale que lui ( 12 ans plus tard, ils auraient vu bouger des choses au niveau social, en France et dans le reste de l'Europe). Je suis presque sûre qu'il y a eu une vague de naissances de Charlotte et Albert suite à la parution.  on ne sait pas le prénom du héros, mais en tout cas son nom évoque obligatoirement " Wert", la valeur. Donc plus ou moins " Valeureux" mais une valeur qui ne trouve pas d'emploi réel, ou simplement une place qui lui convienne.

(ceci dit sur un thème voisin, il y a le plus tardif  René de Châteaubriand qui est in-supp-or-table. Tiens faut que je dise à quel point il m'a ennuyée, celui là.au moins Werther a le mérite, dans sa rédaction de passer un message, tellement bien senti qu'il est toujours d'actualité,sur la société et ses travers.)

1777, un des romans les plus importants de la littérature allemande,
je crois qu'on peut parler de classique.
Je vous le recommande, au moins pour la charge sociale, qui permet de tempérer les jérémiades du héros jamais content.
Et mission accomplie:lire un livre en entier et log en allemand. Je suis fière de moi.
Les prochains seront plus courts.
A noter qu'il y a une adaptation en opéra par Jules Massenet, crée en français et.. traduite en allemand ( donc d'après un livre allemand traduit en français, la logique , figure1), qui concentre l'action de 3 ans sur 3saisons,et prend le parti que l'attirance de Werther et Charlotte soit réciproque, amour impossible parce qu'elle est fiancée,  déclaration d'amour, tout ça , tout ça.. Ce qui n'est pas le cas dans le livre d'origine: il sait un minimum se tenir et ne se lance pas dans une déclaration qui pourrait lui valoir une mise à la porte directe et une fin abrupte du roman, elle l'a probablement deviné ou le prend simplement pour un simple ami excentrique comme on en a tous, mais .. Friendzone version XVIII°siècle.

La version livre audio auf deutsch
J'aurais voulu mentionner le traducteur, mais l'edition que j'ai est si ancienne.. qu'elle ne le mentionne même pas ( ça se faisait comme ça auparavant, juste l'auteur, comme sil avait écrit directement en Français). il n'est pas daté, mais d'après ce que je trouve sur le net,l'édition daterait de 1944, donc  probablement un livre ayant appartenu à ma grand-mère maternelle ou à ma grand-tante, il n'y a qu'elles qui lisaient ce genre de choses .
C'est marrant, je n'y avait pas pensé, mais de me dire que l'une d'elles l'a lu auparavant, que j'ai repris le flambeau de la littérature classique, ça me fait plaisir,il y a une sorte de lien psychologique des générations. De se souvenir que des gens que j'ai à peine connus car j'étais jeune à leurs morts respectives, avait tels loisirs, lisaient ceci... ce n'est plus seulement un nom sur une page de généalogie. Le sachant, je garderai le livre au lieu de le mettre dans une boîte à livres, même si la traduction est datée.

La version Massenet est bien plus basique, moins " il s'est monté la tête tout seul", et bien sûr évacue toute la partie intéressante et la charge sociale si importante dans le roman. C'est ballot!
En voilà une version que je n'ai pas écoutée en entier, mais José Carreras est une valeur sûre. Après je ne suis pas fan de Massenet, donc l'écouterais-je un jour en entier, je ne sais pas...


mercredi 8 juillet 2020

La danse de Shiva (mythes et légendes)

Je quitte un instant la Russie pour faire un passage en Inde, qui est le pays mis à l'honneur en juillet par le challenge Contes et légendes.

Or, il s'avère que j'ai décidé depuis avril/mai un peu par hasard, de m'intéresser de plus près à la danse. En tout cas à la danse en général, j'ai pratiqué la danse moderne quand j'étais plus jeune, donc je connais un peu, le classique reste plus abstrait à mes yeux encore, mais je tente le coup à petite dose maintenant que j'ai trouvé une voie d'accès. On y reviendra.

Par contre j'aime beaucoup et depuis longtemps la danse indienne, même si je connais assez peules histoires qu'elle raconte.

Je suis bien fan du danseur et chorégraphe Ragunath Manet, que j'ai eu la possibilité de voir sur scène ici-même à Avignon.
Quand je dis que j'apprécie la danse indienne il faut en fait comprendre que j'apprécie les danses sacrées.  Le côté Bollywood, j'ai beaucoup, beaucoup de mal avec ça.
Et l'année où le même interprète avait présenté un spectacle de danses de cinéma, j'avais beaucoup moins accroché. Le même gars n'a pas du tout la même énergie, le même engagement. Non qu'il ne prenne pas son métier au sérieux, mais c'est probablement au niveau de ses croyances personnelles qu'il y a une différence. Il est infiniment plus intéressant à voir dans les danses sacrées qui sont le coeur de sa pratique.

Et donc Inde + danse = Shiva.
Puisque la danse est l'une des représentations les plus connues du principal dieu indien. Et corollaire: les  chorégraphies tournent donc souvent autour des légendes mettant en scène Shiva.

Shiva étant le dieu créateur et destructeur, il détruit l'ancien monde et crée le nouveau par le biais de sa danse cosmique, liée donc aux concepts des réincarnations et renaissances dans la pensée indienne.
L'essentiel est là, la destruction n'est pas une fin, c'est une fin ET un commencement.


voilà un lien qui explique assez bien les détails  de cette représentation.
Et un autre qui parle du dieu en général, car là n'est pas mon propos.
Et un autre pour présenter les types de danses indiennes.

Celle que je connais, puisque c'est celle que j'ai vue c'est le baratha Natyam qui a la particularité de raconter des histoires de manière très codifiée. Hop, quelques explications sur le baratha Natyam par Ragunath Manet. Et, forcément, c'est pour moi un plaisir de l'entendre parler un français parfait.
Je trouve l'approche indienne très intéressante, de considérer que théâtre, danse et musique sont 3 aspects d'un seul et même art.

Dommage, il n'y a pas de vidéos assez longue le montrant sur scène, ou au moins, une chorégraphie entière. En tout cas pas autour de la danse de Shiva
Voilà un tout petit extrait, en plein air dans la ville de Rishikesh


Donc pour avoir la danse de Shiva en entier, il va falloir se tourner vers une autre vidéo, qui présente la kuchipudi, un autre type de danse. Je suis loin d'en savoir assez pour en dire plus ou de pouvoir différencier l'une de l'autre. Je me bornerai à dire que " j'aime" Voilà la danse en question par Raja et Radha Reddy 

Danse de la destruction de Shiva

Partie 1: Présentation et explications en anglais au sujet la structure d'un temple indien basée sur un mandala, et de la thématique de la danse


Partie 2


Partie 3

Partie 4

Partie 5: explication des postures et codes ( en anglais)

Partie 6

Ca se sent que je suis en manque de théâtres et de spectacles, en ce mois de juillet sans vrai Festival d'Avignon?