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vendredi 27 juin 2025

Contes anglais ( anthologie)

 Et hop, une lecture rapide et imprévue, puisque j'ai réussi a trouver cette petite anthologie ce matin au travail.



Des contes anglais, pour la plupart collectés au XIX° siècle par Joseph Jacobs. Natif d'Australie, mais venu étudier en Grande-Bretagne où il s'est pris de passion pour les récits folkloriques, il a réalisé à peu près le même travail que les frères Grimm en Allemagne dans son pays d'adoption. Pas surprenant en soi, puisque l'ancienneté des contes fait qu'on retrouve toujours les mêmes schémas, et ce surtout quand on compare des variantes dans une même aire linguistique et culturelle ( ici européenne, les liens peuvent être trouvés via l'antiquité grecque et romaine, et en remontant encore dans le temps, dans toute la zone indo-européenne, sous des formes plus éloignées. Mais là, Angleterre et Allemagne du XIX° siècle, on est pile dans une même tradition germanique, et certains de ces contes sont simplement des variantes anglaises, mais transparentes, de contes germaniques.

Tom Tit Tot est ainsi à peu de chose près la même histoire que Rumpelstiltskin, lutin qui aide une femme condamnée par son mari à sauver sa peau en accomplissant une action surhumaine. Dans la version allemande, le femme doit deviner en 3 essais le nom du lutin, sous peine de le voir partir en emmenant son enfant, si elle ne le trouve pas. Ici, elle a droit a 3 essais par jours , pendant un mois, mais c'est elle qui devra partir avec le lutin si elle échoue.
Dans les deux cas, elle réussit, mais je me demande si c'est quand même une bonne idée de rester avec un mari certes riche, mais qui te menace de mort si tu ne fais pas ce qu'il demande, et surtout si sa demande est extravagante, voire irréalisable exprès POUR te piéger.

Catskin est une sorte de mélange entre Peau d'âne et Cendrillon. Un lord déçu de la naissance de sa file parce qu'il voulait un garçon, la.. punit d'être une femme. Il se débarrasse d'elle en voulant la marier au premier venu, ce qu'elle refuse. Une fée lui vient en aide lui conseillant de demander une robe de fils d'argents, puis de fils d'or, puis de plumes d'oiseaux exotiques en échange de son accord. Mais refusant encore elle devra partir à l'aventure, emportant ses beaux vêtements , et vêtue d'un manteau en peau de chat. Après avoir trouvé un emploi de servante chez le roi voisin, où elle est moquée pour sa dégaine et ses fringues en peaux de chats, arrive le moment " Cendrillon", puisqu' effectivement, elle se présente propre et richement vêtue au bal organisé par le roi. Qui ne la reconnaît pas et va donc organiser d'autres bals pour la retrouver. Evidemment la morale est que... si tu acceptes que ton père te méprise et que tu prends n'importe quel bullshit job sans râler, la chance finira par arriver, et tu deviendras une star? ( oui je reformule, mais c'est à peu près ça que je comprends). Bon j'ai rempli les 2 premières conditions, mais mon destin ne se presse pas à faire de moi un reine riche et célèbre. C'est parce que je n'ai pas de manteau en fourrure de chat, à tous les coups, c'est pour ça.

Guenille est aussi une variante de Cendrillon: une petite fille délaissée, surnommée Guenille (forcément jolie et de bonne famille, quand même, son grand père est le lord de Colchester) qui, parce qu'elle est gentille, reçoit l'aide d'un gardeur d'oie ( pour une fois la fée est un homme) lequel va lui permettre de monter tout en haut de l'échelle sociale en épousant le roi du coin. A sa place j'aurais choisi le fermier-magicien, qu'elle connaissait depuis toujours et avec qui elle avait une relation amicale, plutôt que le mec riche qu'elle ne connait pas. En plus il sait faire de la magie...euh... avec sa flûte, et cette phrase sonne bien plus ambiguë qu'elle ne l'est. En fait il joue du pipeau, et tout devient idyllique. Et cette phrase sonne bien plus politique qu'elle ne l'est, cette fois.

On continue avec une nouvelle fois, un chat, ou plutôt une chatte. Celle d'un orphelin nommé Whittington, parti tenter sa chance à Londres " ville ou les pavés sont d'or" et qui tombe de haut. Les pavés sont des pavés en pierre, banals et boueux. Il trouve une place de marmiton chez une lord, dans une ambiance qui a du inspirer Dickens, vu comment il est martyrisé par la cuisinière et les autres serviteurs. Comme le grenier où il loge est envahi de rats, il adopte une chatte qui s'avère une alliée précieuse par son talent pour la chasse aux rats Lorsque son employeur part en bateau faire du commerce, il emmène entra autre la chatte avec lui, qui fait merveille en débarquant dans un lointain royaume infesté de rats. affaire conclue, les souverains paient une avance considérable pour acheter les futurs chatons de la minette. Au retour, l'employeur, qui lui n'est pas une gros rat, verse la somme à Whittington. Sa fortune étant établie, il peut rêver à un meilleur avenir, et même à devenir lord-maire pour 3 mandants, comme il en a rêvé. Tout ça grâce à un chat.

Jack et le haricot géant, alors là, on a LE best seller des contes anglais ( ou on retrouve quand même une géante cyclope qui semble descendre de Polyphème, ce qui suggère que l'histoire a des racines tr-s ancienne et encore plus profondes que celles du haricot géant): Usurpation d'héritage, quête où il faut subtiliser 3 objets magique a celui qui les a volés pour reprendre ses droits, géants qui sont aussi des ogres, échange d'un objet précieux contre quelque chose qui  a première vue ne vaut rien ais s'avère magique, on a une grande partie des thèmes habituels des contes.

Les trois têtes du puits me rappellent quelque chose, j'ai déjà lu cette histoire textuellement mais je ne sais plus si c'était chez Perrault ou chez Grimm: la rivalité entre la fille d'un premier mariage, forcément jolie mais détestée par sa belle-mère et la fille de celle-ci, forcément moche mais choyée. La première vit comme une miséreuse, mais accepte de partage son pain son fromage et sa bière avec un vieux vagabond ( y'a toujours des vieux dans les histoires, c'est tellement mystérieux! dédicace à Sire Perceval). Bonne action qui sera récompensée. Tandis que lorsque la seconde, habituée à ce que tout lui soit acquis, elle envoie bouler le manant , et c'est la déchéance qui l'attend. La bonté récompensée, un grand classique. La différence est qu'il y a plus d'hommes magiciens dans les contes anglais ici collectés, sur le continent, ce sont plutôt des fées qui aident les héros/ héroïnes.

Kate Noisette
est une autre histoire de demies-soeurs, mais qui s 'entendent bien. Kate n'est pas définie comme jolie (!), alors qu'Anne l'est. La mère de Kate entreprend donc de faire jeter un sort sur la demie-soeur de sa fille qui se retrouve dotée d'une tête de mouton, pour que la différence mette Kate en valeur. Donc Kate et sa soeur moitié brebis partent, en quête d'une remède pour Anne. Quête qui les emmène dans un château dont le propriétaire  est lui aussi victime d'un sort. Mais Kate est maligne ( et intéressée, vu le pognon qu'elle demande) et en cherchant à lever le sort du châtealain, elle trouve ( subtilise) le moyen de lever les deux enchantements. YAY! enfin une histoire de femme qui se distinguent plus par ce qu'elle a dans la tête que par son jolis minois, et qui n'a pas peur de proposer une offre digne du marraine de la mafia, et de voler des objets magiques au fées.
Go Kate, tu es la championne!

Jack et la tabatière en or. Là aussi ça me rappelle vaguement pas mal d'histoires ( mais si on en croit la classification d'Arne Thompson- Popp, les contes tournent vite autour de types bien définis), par contre au niveau de la narration, c'est du freestyle.
Jack qui vit en forêt décide l'aller voir le monde. il est maudit par sa mère ( et ça ne resservira plus jamais, paye ta fausse piste) mais son père lui donne une tabatière qu'il ne devra ouvrir qu'en cas de danger imminent. Ce qui se produit assez vite: il arrive chez un lord qui l'héberge, mais demande en échange des choses absolument grotesques ( un lac à 8h00 du matin pétantes, devant sa porte, avec dessus une armada de navires de guerre tirant une salve dont le dernier boulet casse le pied du lit de sa fille et la réveille). Donc ouverture de la tabatière, aide de lutins, miracle, mariage avec la fille.. Mais cette fois on exige du lui un château monté sur 12 piliers d'or. Re miracle, Jack devient riche, célèbre, etc.. mais oublie sa tabatière, après tout plus besoin il est riche, richement marié, apprécié de tous enfin, croit-il. Or un jour que tout le monde est parti, le valet de chambre trouve la tabatière et demande aux lutins de téléporter le château et tout ce qu'il contient sur un autre continent. Jack se voit accorder un an pour retrouver et ramener le château, sinon couic! Et donc QUETE! Qui va faire intervenir le roi des souris, le roi des grenouilles, le roi des oiseaux ( tous cousins, ... bon ce n'est pas en fait 100% délirant si on remonte suffisamment haut sur le cladogramme d'évolution des vertébrés) pour retrouver le château disparu qui va être re-téléporté en plusieurs étapes. Cette histoire est quand même extrêmement barrée, donc drôle.

Et je note que contrairement aux versions françaises, là, c'est au lecteur de se faire sa conclusion ( et donc ma lecture de Catskin est valide!), il n'y a pas de lourd soulignement que la gloire est vaine et instable, qu'il faut être généreux si on veut grimper l'échelle sociale...et qu'il faut se méfier des cuisinières Catskin comme Whittington étant pris pour cibles par des cuisinières.

Donc petite lecture rapide et bien sympa et .. pas l'ombre d'un sujet LGBT cette fois, les contes sont assez peu ouverts à ces sujets. Les hommes se marient avec des femmes et inversement, les vieux avec des jeunes et... les vieilles (celles qui ont plus de 25 ans donc, date de préemption sociale et matrimoniale des femmes oblige) avec des vieux ou personne, pas de gigolos non mais ho! 
Et si on accepte les mariages entre différentes couches sociales, il faut que ce soit entre gens beaux et riches, ou beaux et détenant un moyen de s'enrichir rapidement. Désolée les moches, vous resterez moches ET pauvres, de toute façon en vertu de la règle grecque antique beau = bon = honnête  et moche = mauvais = malhonnête, vous êtes destinés à être les bad guys/ girls des contes.
De ce point de vue, peu importe où on va sur cette terre les contes sont irrémédiablement sexistes.

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