Couverture de la première édition pocket qui reprend celle de l'édition anglaise |
Le père Porcher, 20 tome des Annales du Disque-Monde, est celui qui dans le cycle de la Mort suit Accros du roc (vous pouvez donc logiquement en déduire que ma prochaine lecture discale sera Procrastination, ou un hors-série.. avant d'attaquer le cycle du guet ou des sorcières on verra en temps utile)
Petit rappel: dans Le faucheur, on voyait arriver les contrôleurs de la réalité, personnages gris, ternes, sans visages, sans individualité qui envoyaient la Mort à la retraite estimant qu'il s'individualisait trop et devait donc passer le flambeau.
couverture de la réédition , par Marc Simonetti. Et je dois dire que je suis de plus en plus fan de son travail et que je préfère ces nouvelles couverture aux originales, en fait... |
Mais oui, vous savez? le Père Porcher! Ce personnage qui symbolise l'hiver. Qui distribue des cadeaux tous les ans lors du solstice. Qui conduit un traineau volant tiré par des cochons géants...
Comment tuer une idée, une légende, un allégorie? Peu importe le chef de la guilde voit l'occasion rêvée de se débarrasser de son meilleur élément, Monsieur Leureduthé, un esprit " brillant, comme un miroir qui a reçu un choc..[..] complètement fêlé quoi". Leureduthé ( ça se prononce le Redouté, ce qui fait plus sérieux pour un assassin quand même..) est efficace, mais surtout complètement fou et très dangereux, il n'hésite pas à supprimer des innocents qui ont eu la malchance de croiser sa route, ce qui est contraire au règlement de la très distinguée Guilde des assassins. En envoyant cet encombrant électron libre il y a moyen, s'il réussit, de se faire un gros paquet d'argent, et s'il échoue, de se passer définitivement des services de Leureduthé.
Le solution qu'il va retenir est simple, bien qu'elle manque de violence - mais on trouvera quand même le moyen de massacrer un peu au passage: pour se débarrasser d'une idée, il faut que les gens cessent d'y croire. Si plus personne ne croit au Père Porcher, il n'y a plus de père Porcher.
Sauf que la place laissée libre ne tarde pas à être remplie par un nouveau père Porcher par intérim: la Mort lui même qui veut voir quel effet ça fait d'être aimé par les gens une fois de temps en temps, entraînant dans son sillage son majordome Albert ( qui se voir contraint d'endosser le rôle de lutin.. probablement le lutin le plus grincheux de l'univers) et Suzanne. On l'avait quittée étudiante, elle a pris du galon et est maintenant, dans sa quête de normalité, devenue préceptrice pour enfants de famille riche. Une préceptrice imbattable quand il s'agit de faire une prise de karaté aux monstres du placard et d'assommer les croquemitaines à coup de tisonnier.
Or on sait que dès que, par le principe des vases communicants, dès que quelque chose disparait du disque monde, la magie a autant horreur du vide que la nature, et quelque chose d'autre doit prendre sa place.
La réserve de croyance ainsi libérée entraîne des apparitions.. étranges. En particulier à l'université de l'invisible, les mages étant de vrais aimants à bizarreries. Il suffit a présent qu'ils émettent une hypothèse farfelue pour qu'elle se réalise, pour peu qu'elle soit "logique" . aussi lorsque quelqu'un fait la remarque qu'il n'est pas logique qu'il y ait une dieu du vin, mais pas de dieu des gueules de bois.... gling! Il apparait Bilieux, le dieu des gueules de bois (non pardon, l"oh bon dieu!" des gueules de bois). Les mages se retrouvent ainsi à baby sitter un dieu rond comme une barrique, un gnome des verrues, un monstre mangeur de chaussettes, une fée de la bonne humeur en pleine dépression nerveuse et autres joyeusetés..
(Pour les disparitions de chaussettes, j'ai beau chercher, je suis d'accord avec les mages, je ne vois que ça: un monstre planqué dans la buanderie qui se nourrit de chaussettes, seulement une seule sur deux évidemment..)
Encore un tome très complexe qui fourmille d'événements, ça part dans tous les sens, et comme ça au détour d'une ligne, on se retrouve soudain avec une remarque d'une profondeur philosophique étonnante. A se demander si tout cet univers joyeusement bordélique n'est pas là juste pour mettre en relief cette phrase en particulier. on ne comprend pas tout de suite où l'auteur veut en venir, c'est seulement lorsque tout s'explicite qu'on se dit que c'est génial ( ici, un trafic de dents avec la fée des dents, l'équivalent anglais de la petite souris). Je pense même que , en sachant de quoi il retrouve j'apprécierai encore plus les subtilités lors d'une prochaine relecture.
Et au fait, je pense qu'avec Leureduthé, on tient là le personnage le plus nocif, le plus méchant, le plus dangereux du disque monde. En tout cas, c'est bien le plus négatif que j'ai croisé dans les tomes que j'ai lus jusqu'à présent.
Et pour finir trois dessins hommages qui me plaisient beaucoup:
par Paul Kidby, son illustrateur habituel |
par Boulet |
par Alector Fencer, une allemande dont je découvre par la même occasion le travail, et .. woaw!! |
Et encore merci à Sir Terry pour son monde délirant et son humour souvent noir comme je l'aime, que j'ai découverts il y a seulement quelques années, mais qui m'ont fait passer d'excellents moments et vont encore m'en faire passer plein à l'avenir.
Mon préféré, très clairement ! Probablement parce que j'ai découvert Pratchett avec le film "le père porcher".
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