Et voila, une lecture à double triple usage: on continue le challenge ABC, et on inaugure le challenge " année en Russie", avec la lecture de deux nouvelles de Tchekhov: La dame au Petit chien, et le Récit d'un inconnu. Et aussi rétroactivement, le Challenge "2€" , rien que ça!
Arrivée devant le rayonnage de la médiathèque, j'ai donc opté pour celui là, pour deux raisons: d'abord, je me rappelais vaguement avoir vu une adaptation théâtrale de la Dame au Petit chien il y a une bonne quinzaine d'années, sans en avoir d'autre souvenir que " ça se passe au bord de la mer" (alors que j'ai encore un souvenir assez net des "méfaits du tabac" du même Tchekhov, la même année, par la même troupe). et secundo, car je n'ai absolument jamais entendu parler du "récit d'un inconnu", bonne occasion pour le découvrir.
La dame au petit chien:
et premier avis négatif!
Je comprends maintenant pour quelle raison ce texte ne m'avait laissé aucun souvenir notable. Ce n'est pas qu'il soit inintéressant en soi, mais comme il s'agit du récit par le menu d'un coup de foudre et d'une amourette de vacances qui prend des proportions inattendues pour les protagonistes, de fait, il est totalement inintéressant pour moi qui suis définitivement rétive aux histoires d'amour. Dans la pratique, je me demande même comment la troupe avait pu en tirer une pièce d'une heure, tant il ne se passe rien, ou presque. Les jérémiades d'Anna sur sa pureté perdue lorsqu'elle cocufie son mari font vaguement sourire par leur ridicule un peu grandiloquent, mais sans plus. Je pense que ce décalage entre la banalité de la situation, et le personnage qui en fait trop est voulu par l'auteur, mais voila...plat. Banal. Ennui. et du coup , je me sens vaguement idiote, car ce texte qui est l'un des plus connus de l'auteur me laisse froide. Un peu comme si j'étais passée totalement à côté de quelque chose.
Le récit d'un inconnu:
ah! voila! nous y sommes! La nouvelle est déjà beaucoup plus longue que la première, ce qui donne le temps au récit de promener un peu les personnages entre La Russie et la France. Il se passe déjà un peu plus de choses, et donc forcément, c'est un peu plus prenant.
Plus que l'inconnu du titre , qui narre et décrit ce qu'il voit, ce sont les rapport entre les différents personnages qui sont au centre de l'action. Le bourgeois vaguement cynique et ambitieux, ses amis petits bourgeois du même acabit avec lesquels il jouent aux cartes, l'horripilante Zinaïda qui s'installe sans crier gare chez son amant et perturbe la vie de toute la maisonnée, la servante malhonnête.. tout cela est décrit avec un sens de l'humour noir et du cynisme assez grinçant. En théorie, Zinaïda devrait être le personnage touchant de l'histoire, avec ses rêves sentimentaux alimentés par les lectures de Tourgueniev.. dont elle est elle même l'incarnation jusqu'au bout du cliché, grandes scènes et litres de larmes versés à la moindre occasion. En la ridiculisant à longueur de pages, ainsi que l"inconnu du titre", qui se rêve en sauveur et n'arrive pas à grand chose,c'est dans le fond directement à la littérature romantique russe que Tchekhov tord le cou. Et vu sous cet angle là, c'est plutôt réjouissant. Le héros de noble extraction, la bourgeoise qui se rêvait grande dame vont devoir laisser la place aux petits bourgeois ( eux aussi vaguement ridicule, il n'y a pas de raison qu'une seule catégorie sociale soit épargnée).
Qui à leur tour laisseront place à une autre catégorie sociale, mais c'est une autre Histoire.
Au final, je ne retiendrai que Le récit d'un inconnu, pour son cynisme, son côté un peu visionnaire qui augure la future lutte des classes, et il faut aussi le dire, le talent descriptif de l'auteur qui ne ressortait pas dans la Dame au petit chien
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