Après avoir longuement fouillé le rayonnage N de la médiathèque, j'ai fini par me décider pour Gérard de Nerval, un des auteurs que mes professeurs avaient soigneusement évités tout au long de mon parcours scolaire et universitaire..
Et après lecture des quatre textes du recueil, je ne m'étonne plus du tout de cet évitement, tant les textes sont difficiles à classifier et à expliquer. Le même évitement d'ailleurs que pour l'ensemble des symbolistes et des surréalistes. Dès que l'analyse ne crève pas les yeux, la faculté préfère contourner...
Le recueil contenait donc quatre textes, qui se répondent deux par deux. La courte nouvelle Pandora fait pendant à Aurélia ( ou plutôt, semble un prototype d'Aurélia), et Les nuits d'Octobre explore le même chemin que Promenades et souvenirs.
Mais grosso modo, des thèmes communs ressurgissent régulièrement: la réalité et le rêve, le pouvoir de l'imagination ( jusqu'au délire mystique dans Aurélia), l'inattendu au détour d'une promenade.
Aurélia est peut être à mon sens le moins abordable, tant l'imagination part vraiment dans tous les sens. Du personnage titre on ne saura rien ou presque, Aurélia n'apparaît jamais autrement qu'au travers des visions et hallucinations du narrateur ( qui l'assimile le plus souvent à une sorte de déesse mère primitive, évanescente, impalpable, aux formes toujours changeantes). La description des délires vaut le détour, et ne saurait être résumée, tant la névrose est donnée à être vue de l'intérieur. Cependant à la lecture de ce qui est le dernier texte, inachevé de Nerval, j'ai beaucoup repensé au roman " A rebours" de J-K Huysmans. En ce sens qu'on se trouve dans une impasse au final.
Au sujet du roman de Huysmans, Barbey d'Aurevilly avait dit qu'après un tel livre, il ne restait plus à l'auteur qu' "à choisir entre la bouche d'un pistolet et le pied d'une croix"... Pour échapper à la névrose, Huysmans a choisi la croix.. Nerval a choisi une corde.
Au sujet du roman de Huysmans, Barbey d'Aurevilly avait dit qu'après un tel livre, il ne restait plus à l'auteur qu' "à choisir entre la bouche d'un pistolet et le pied d'une croix"... Pour échapper à la névrose, Huysmans a choisi la croix.. Nerval a choisi une corde.
Pandora est déjà plus facile à cerner, le sujet est assez simple ( le narrateur se désole d'être le jouet d'une femme riche et capricieuse à qui il n'arrive pas à résister, la source de tous les maux, d'où le titre). L'histoire se passe a Vienne et rappelle de manière sympathique l'ambiance du fantastique allemand, des contes d'Hoffman ou de Peter Schlemihl ( A von Chamisso).
Ambiance qui se retrouve dans les nuits d'Octobre, tentative de récit réaliste d'une promenade noctambule dans et autour de Paris, avec description de la "faune" des tavernes et des milieux interlopes. Peut être le récit que j'ai préféré, car le foisonnement des détails de la vie quotidienne témoigne d'une époque pas si lointaine mais qui nous est maintenant tellement étrangère ( telle la nécessité d'avoir un passeport en bonne et due forme pour quitter son département, et dont le défaut peut vous conduire à passer la nuit sous les verrous). Et bien sur la tentative de réalisme est vite dépassée, car bien évidemment le narrateur attache toute son attention au pittoresque et à l'insolite.
Et les mêmes thèmes de pittoresque insolite se retrouve dans Promenades et souvenirs, où une simple promenade à la campagne, au pays natal, fait ressurgir une foule de souvenirs plus ou moins insolites eux aussi. Un peu comme un tableau de Seurat ou de Renoir ou jaillirait soudain un faune ou une nymphe.
Et au final, bien qu'un peu difficile à suivre et décousue par endroit ( mais c'est bien le propre du rêve ou de la vision), c'est une lecture qui m'a beaucoup plus. Avec un gros faible pour les Nuits d'Octobre.
Il faut dire que, surtout, c'est particulièrement bien écrit, parfois proche du poème en prose. Les textes sont d'une grande richesse visuelle ( et ce n'est pas pour rien que j'ai parlé de tableaux un peu plus haut), car tout y est très visuel. Tel passage évoquera Seurat, mais tel autre rappellera Gustave Moreau, et ainsi de suite.
Une lecture assez exigeante donc, qui évoque énormément de références picturales, mais convoque aussi beaucoup de références à la mythologie grecque, à la littérature orientale ou allemande...
Il faut dire que, surtout, c'est particulièrement bien écrit, parfois proche du poème en prose. Les textes sont d'une grande richesse visuelle ( et ce n'est pas pour rien que j'ai parlé de tableaux un peu plus haut), car tout y est très visuel. Tel passage évoquera Seurat, mais tel autre rappellera Gustave Moreau, et ainsi de suite.
Une lecture assez exigeante donc, qui évoque énormément de références picturales, mais convoque aussi beaucoup de références à la mythologie grecque, à la littérature orientale ou allemande...
une lecture du Challenge ABC
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