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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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samedi 29 décembre 2018

Les souvenirs m'observent - Tomas Tranströmer

Direction la suède aujourd'hui, sujet commun du jour.
Et donc dans ma quête de livres courts à lire entre deux tranches de révisions , debout dans le bus, j'ai trouvé ce petit livre d'un auteur que je ne connaissais que de nom..

Allez, c'est parti!
Donc Tomas Tranströmer était ( car il est mort en 2015) un poète suédois prix Nobel de Littérature en 2011.. et pourtant quasiment inconnu ici. Je crois bien d'ailleurs que c'est à l'occasion de ce prix que j'ai entendu son nom pour la première fois, et .. une des seules fois en fait.
Quelque part, je comprends mieux, car la poésie, je l'ai dit, n'est pas la matière qui passe le mieux à la traduction. Alors que d'un point de vue linguistique, c'est pour moi ce qui rend le mieux une langue,  puisque la rythmique en est à la base, mais sans être perturbée par un accompagnement musical comme pour une chanson.

Gläntan,  je n'ai aucune idée de ce que signifie le titre, ni de ce que raconte le texte, mais j'aime bien, en plus je trouve que l'auteur avait une voix agréable, donc, ça me plaît.


Mais, donc, je n'ai pas vraiment d'idée sur ce que peut être cette poésie, et, le hasard à fait que ce titre là n'est justement pas un recueil poétique ( même si quelques textes de jeunesse y sont intégré en postface) mais un récit des souvenirs scolaires principalement, du jeune Tomas, à une époque où les pays du nord ne se distinguaient pas des autres éducativement. Comprendre que les élèves y étaient menés à la dure, houspillés, voire fessés ou giflés devant toute la classe par des professeurs qui pensaient qu'être colériques était signe d'autorité.

En quelques courts chapitres émaillés de photos, Tomas de 3 à 17, nous raconte  sa découverte du système scolaire, dans la Suède des années, 40, sa conscience précoce de l'engagement politique ( dans un pays ou une bonne partie de la population restait passive face à l'Allemagne nazie, voire la soutenait ouvertement, le jeune Tomas , marqué par sa différence de fils de divorcés élevé par sa mère, étant d'un caractère plutôt insoumis, et penchant naturellement pour la rébellion, fut elle passive)
Mais aussi, au travers des anecdotes qu'il raconte, sa passion pour l'entomologie qui entraîne une clique d'autres gamins à la chasse aux papillons, son goût précoce pour les musées et la collection, sa "différence", qui fait que considéré "sans père", il subit la méfiance des autres enfants, le conduit à avoir des relations amicales avec des gens plus âgés que lui, c'est une évocation de la vie en suède dans les années 40, rapide et agréable à lire.

Pas forcément la meilleure manière d'aborder la matière littéraire d'un écrivain, encore, que, mais, oui, à l'occasion, j'essayerai de creuser un peu, vu que ma connaissance de la littérature suédoise se limite plutôt à une poignée de romans policiers.



mercredi 5 décembre 2018

un gros bobard et autres racontars - Jorn Riel

Bon je ne serai pas très efficace sur ce mois nordique, mais je m'y attendais.
Tellement que cette année, je ne participe pas au défi " cold winter" ( qui, il faut bien le dire, en faisant la part belle aux histoires de Noël et autres romances hivernales ne me convient pas vraiment non plus, donc sans regret)

Cependant, pour décembre nordique j'ai toujours un petit tome de Riel sous la main pour l'occasion.

youpi, après celui là, il m'en reste encore 4 à lire dans la série


On continue donc dans l'ordre, après le voyage à Nanga,  c'est autour d'un gros bobard.
Et franchement quand on connait la propension des chasseurs du Nord-Est du Groenland à imaginer des histoires toutes plus loufoques les unes que les autres, on se demande bien ce qu'ils peuvent eux considérer comme un GROS bobard.

et on retrouve donc William le Noir, Valfred, Anton Bjorken, Museau, Lasselille, et tous les autres, Le Capitaine Olsen et son rafiot de ravitaillement, les chiens, les ours...
aux prises cette fois avec un "gigolo", un homme à femmes venu spécialement s'engager comme chasseur dans l'arctique, parce qu'on lui a dit qu'il y a des tas de femmes pas farouches au Groenland, et qu'il compte bien draguouiller toutes les groenlandaises disponibles. Pas de chance pour lui, il a juste oublié un détail, les villes où on peut espérer trouver des filles, sont sur la côte ouest du Groenland.. lui arrive sur la côte est, là où il n'y a pas grand chose à part des boeufs musqués et d'autres bonshommes, mais qui, eux, sont aguerris, ne craignent pas la solitude et s'organisent une ou deux fois pas an au dégel une virée au seul bordel à 500 kilomètres à la ronde ( qu'il faut plusieurs jours de canot ou de traineau pour rejoindre). Pas de bol.

On y trouve aussi Anton, l'écrivain en herbe qui a réussi à se faire publier chez lui au Danemark. Ses copains le voient déjà en "premier prix Nobel de littérature du Groenland", lui a une trouille maladive de retrouver la civilisation, de passer pour un gros péquenaud en raquettes et d'être la risée de tous et pire.. de toutes.
Tandis que Le capitaine Olsen lui, tombe amoureux de sa passagère, une riche et noble dame pour laquelle il va même jusqu'à châtier son langage ( imaginez le capitaine Haddock poli et sobre.. ben voilà)

Valfred est qui toujours aussi amorphe, mais nous saurons enfin pourquoi: c'est la faute à Arthur, son alter égo, en os et en .. os. En effet, Valfred a un jour rêvé que son squelette, surnommé Arthur, lassé de son inertie, décidait de prendre son indépendance.Lui donnant une excuse commode pour en foutre le moins possible.
Bjorken quand à lui, toujours aussi roublard, imagine une combine énorme pour dépouiller le "club des joyeux montagnards Danois" venu faire de l'alpinisme dans le coin, de leur réserve d'alcool, combine qui fera intervenir une bande d'ours américains voleurs et alcooliques.
On découvre aussi les effets secondaires involontaire d'un traitement antiparasitaire, qui dégénère en bagarre digne du village d'Astérix lorsqu'on parle de poisson pas frais, ou comment on fête Noël à la mode groenlandaise ( merci de mettre des tenues de fête, disons, portez un pantalon propre et un anorak blanc de soirée)

Et comme toujours c'est savoureux. Le genre de livre que je ne lis pas en public car régulièrement je m'esclaffe. Et d'autant plus approprié cette fois que je l'avais emmené pour lire en voyage.. au Groenland ( en août dernier).
Donc je ne résiste pas à illustrer par quelques photos de mon cru, même s'il s'agit cette fois de la côte ouest (celle où il y a les villes ET les filles)

presque minuit au dessus du cercle polaire!

glacier d'Ilulissat
des bourguignons ( ne me demandez pas pourquoi les petits morceaux de glace flottante s'appellent comme ça)
Détroit du Prince Christian
Si vous avez l'occasion d'aller visiter les lieux, je vous le conseille chaudement  enfin, froidement), c'est plus que magnifique!

Mais, ho, et puis zut, je vais carrément faire un sujet photo sur mes vacances ;)


samedi 1 décembre 2018

Un hiver en Russie - un an plus tard

souvenez- vous, l'année dernière, j'avais trouvé un peu par hasard le défi" un hiver en Russie", du 1 décembre 2017 au 1° mars  2018.


Et j'avais dit à l'époque que je m'étais remise au Russe, un peu en dilettante, quelques mois plus tôt ( depuis septembre 2017 en fait, tranquillement, et sérieusement, quasi tous les jours depuis janvier). Force est de constater qu' un an après..

Non seulement j'ai continué et me suis accrochée, mais j'ai trouvé pleiiiiin de sources intéressantes, j'ai rejoint le challenge "Marathon des langues"pour lequel j'ai même créé un autre blog... et suis complètement retombée dans la marmite de la langue en fait.

J'ai fini par investir un peu de sous dans une formation en ligne, ici.

C'est cher, je ne vous le cache, pas, c'est un budget mais, prendre des cours particuliers ça revient aussi vite assez cher, et là, il y a l'avantage de pouvoir travailler seul de chez soi, à la manière d'un labo de langue ( mais en profitant d'une offre promotionnelle, j'ai pu accéder à l'intégralité de la formation pour quasiment moitié prix) et comme j'étais fausse débutante, j'ai pu demander à ce qu'on me débloque par avance l'ensemble de la formation pour pouvoir au moins réviser l'ensemble des cas en été, avant les vacances et le départ en Belgique.

Entre ça, qui m'a finalement été bien utile pour comprendre enfin l'usage des cas et les subtilités d'emploi des aspects verbaux ( ma némésis au lycée).

Ca plus quelques autres ressources, en particulier la méthode de Michel Thomas, 100% audio  et surtout surtout écouter des heures et des heures durant  en particulier des enregistrements poétiques et des chansons en VO ça a été plus que bénéfique.
J'insiste sur ces deux types de support en particulier, car ils font appel à la rythmique et aux sons de la langue, ce que ne fait pas une lecture autre ou une liste d'expressions de type conversation. Je ne dis pas de zapper ces dernières, loin de là, mais qu'ajouter la poésie et la musique a été crucial pour moi, parce que ça forme beaucoup l'oreille, grâce aux rimes et assonances.

Ca marchera probablement moins bien pour les gens qui ont une mémoire visuelle, et ils sont plus nombreux apparemment que ceux comme moi, qui ont une mémoire très très auditive.

clavier "cyrillisé", pour pouvoir écrire en bilingue sans problèmes

Et le bilan dans tout ça?
Cet été j'ai eu l'occasion lors d'un voyage de rencontrer plusieurs ukrainiens - parfaitement russophones, j'ai appris que les deux langues sont enseignées là bas dès la primaire et de toute façon, sont aussi proches entre elles que le français et disons l'italien ou l'espagnol, avec quelques petites variantes au niveau de l'alphabet - il y a eu une réforme orthographique en Russie lors de la Révolution, qui n'a pas touché l'ukrainien dont l'alphabet a gardé des lettres disparues en russe moderne - mais rien de bien sorcier, et, hormis dans les régions agricoles, ou isolées les gens sont parfaitement bilingues en général. Je mets à part ceux qui connaissent et comprennent les deux langues mais refusent pour des raisons politiques ou idéologiques de parler l'une des deux. En tout cas, moi française, si je demande à quelqu'un en Ukraine "parlez vous russe ou anglais?", j'ai toutes les chances qu'on me réponde gentiment. Et dans l'une ou l'autre de ces deux langues

( Dans le même genre, il y a des années, je sortais avec un belge francophone qui parlait très mal flamand. Lorsque nous sommes tombés en panne sur l'autoroute en zone flamande, il m'a demandé de parler, moi, à la borne de secours, en disant " excusez-moi, je suis française, je suis en panne, est-ce que vous parlez français?", car, d'expérience en tant que wallon, on avait déjà refusé de lui parler français. Alors que moi, j'avais une "excuse valable" en tant qu'étrangère, pour ne pas parler flamand)

J'ai donc pu discuter avec eux en russe, quasiment à vitesse normale, en cherchant mes mots certes, mais on m'a très bien comprise et j'ai même eu droit à " mais vous êtes française? vous avez un petit accent, mais je n'aurais jamais réussi à savoir lequel, en tout cas je n'aurais pas dit française, vous n'avez pas l'accent habituel des français qui parlent russe".
Dit à peu comme ça par 3 personnes différentes. Dont un hyperpolyglotte parlant 11 langues et qui donc savait ce qu'il racontait.

Я рада. Я очень рада!

Une rencontre extraordinaire qui m'a poussée à revoir mes choix professionnels et d'orientation, et au final, j'ai fait passer les langues et la traduction en prioritaire, contrairement à mes projets initiaux.Je n'ai pas laissé en plan la musique et j'ai rejoint l'orchestre de la fac, mais après réflexion, j'ai estimé qu'un an en langue et traduction sur un CV serait plus profitable que de l'histoire de la musique. Après je fera mon bilan en fonction des résultats scolaires et de mes finances, car la formation fait 3 ans, et ce serait un crève-coeur de faire une seconde année,tout en sachant que je ne pourrais pas aller au bout de la 3°. Donc il y a des plans B.
Notamment une licence de russe par correspondance via la fac de Lille, ce qui me permettrait de rentrer en France, partager à nouveau un appart' avec ma mère temporairement, et reprendre un job à mi temps ( ou à temps partiel mais en CDD) pour me ménager le temps d'étudier, tout en renflouant les caisses. Après un an à Bruxelles, je pense qu'il doit y avoir des équivalences me permettant de passer directement en seconde année. Je verrai ça avec Lille une fois que la première session de partiels sera passée.

J'aime beaucoup mon expérience belge pour le moment, mais il faut reconnaître que c'est un très gros budget qui est mobilisé, et je ne veux pas non plus vider toute mon épargne, et ne pas cotiser du tout pour ma retraite pendant 3 longues années.

Donc voilà, je suis ravie, puisqu'en moins d'un an j'ai rempli mon objectif: retrouver et si possible dépasser mes capacités de niveau lycée. Et elles le sont, puisqu'à la sortie du lycée, j'aurais été bien incapable de discuter au débotté en russe,  avec l'enseignement des langues que nous avons en France, il faut bien dire, assez nul car très axé sur l'écrit.. et peu sur l'oral.
Or une langue ça se parle avant de s'écrire! A la décharge des profs, difficile de faire quelque chose avec 3 pauvres heures par semaines, coincées entre l'histoire, la géo, le français, les 5 ou 6  heures de philo par semaine, alors qu'à mon avis, les langues vivantes seraient bien plus utiles...en tout cas que de la philo à haute dose qui n'était au final absolument pas "appendre à penser par soi-même", mais du bachotage de notions.

Mais voilà, je suis retombée amoureuse de la langue, de la culture, de la poésie d'Essenine...
Même que le fait d'avoir sympathisé avec des ukrainiens me donne aussi envie de savoir ce qui se passe culturellement dans ce pays là, moins connu que son grand voisin et qui pourtant est historiquement la "vraie" Russie ( hé oui la capitale historique de la Rus' médiévale, c'est Kiev, ce n'est pas Moscou)

Enfin, voilà, c'est reparti et bien reparti pour moi :)

Allez,je reprends ma liste et complète avec les sujets de cette année:

Films:
Animation:
- Snegourotchka ( 1952)
- les 12 mois (1956)
- la reine des neiges ( 1957) animation. Oui la vraie histoire, sans chanson agaçante!
- Cinéma d'animation russe


Lectures

nouvelles, romans
- Histoires de cimetières - Boris Akounine
- l'éternel mari - Fiodor Dostoïevski
- Le manteau et le nez - N. Gogol
- Le démon- Mikhaïl Lermontov ( et adaptation musicale par Anton Rubinstein)
- La dame de pique et autres nouvelles - A. Pouchkine 
- La dame au petit chien; récit d'un inconnu - Anton Tchékhov
- Fantômes - Ivan Tourgueniev
- Terribles tsarines - Henri Troyat
- Nous autres - Evgueni Zamiatin (SF, le prototype du meilleur des mondes et de 1984)



poésie
L'homme noir -  Serguei Essenine


Contes et légendes

- la montagne de gemmes ( série d'animation sur les contes de Russie et des ex républiques soviétiques)
- Snegourotchka
- les 2 Ivan: Ivan Tsarevitch et Ivan Dourak
-Yarilo, dieu slave du printemps et de la végétation

Cuisine

- Recette des blini
- champignons marinés
- Gribnaïa ikra ( pâté de champignons)


Musique

- Pierre et le loup - Serguei Prokofiev
- In memoriam Dmitri Khvorostovski
- Rateaux à la russe  ( 2 extraits d'Opéras de Tchaikovski)

Web
- quelques chaines youtube russophiles et russophones


Souvenirs de cours de Russe

1- Serguei Essenin
2- l'effet Kulechov

Divers

La Russie à Nice
Forum de l'enfance " Etot mir nash" Avignon 29mai 2010
Marathon des langues


et qui dit hiver, dit Ded Moroz et Snegourotchka, les deux personnages incontournables de la saison.
Les enfants attendent la visite de Ded Moroz pour les cadeaux, je suppose que les messieurs adultes préfèreraient celle de la jolie Snegourouchtka ;)
Ceci dit peut être que Grand-Père Gel était aussi un beau gars dans sa jeunesse, telle petite-fille, tel grand-père?

dimanche 11 novembre 2018

Pushing daisies (série TV 2007)


31 octobre,  pas d'accès internet mais 2 disques durs avec de quoi faire. Ce serait pas le moment idéal pour piocher dedans ?

Et donc, après un risotto à la courge, et munie de chocolat à la mandarine Napoléon (par ce que l'emballage est orange) et de lait d'amande au curcuma ( je voulais goûter ça depuis longtemps et c'est joliment orange aussi), que regarder ?
Ce n'est pas le genre de menu qui peut accompagner quelque chose de vraiment horrible, mais c'est l'occasion où jamais de me plonger dans une série macabre et humoristique que je n'avais jamais vue en entier.
C'est parti pour une petite douceur, volontairement kitsch et qui n'a malheureusement pas eu le succès escompté malgré ou à cause de son originalité.
Comme je sais que Pedro , notre sorcier du challenge halloween adore, dédicace à toi, mon p'tit lapin, c'est donc une soirée «  Pushing Daisies » que je me suis faite. Et qui s'est prolongée sur plusieurs autres soirs, quand quand on est commence avec les tartes de Ned le pâtissier, on devient vite accro!



Pour ceux qui ne connaissent pas et il doit y en avoir beaucoup, c'est une série macabre...très drôle. Pleine de bon sentiments mais de manière tellement outrée que ça en devient souvent tordant aussi. Et incroyablement chou, avec un côté cartoonesque qui contrebalance la noirceur du propos.
Mais il fallait avoir l'oeil pour la repérer lors de sa première diffusion parce qu'elle n'a eu qu'une saison et demi, victime de la grève des scénaristes américains d'il y a quelques années, elle n'a jamais repris et c'est bien dommage ( pourtant il y avait des arguments, produite par Barry Sonnefeld, réalisée par Bryan Fuller à qui on doit aussi le tordant et décalé Dead Like Me, qu'il fut que je revoie aussi..).
Mais lorsque le travail a repris, la priorité n'a pas vraiment été de donner une fin digne de ce nom à une série qui n'avait eu qu'un succès d'estime.

Et pourtant il y avait quelque chose d'assez proche de certains films de Tim Burton là dedans, l'humour noir et cynique dans un décor pimpant aux couleurs saturées qui rappelle un peu la banlieue colorées d'Edward aux Mains d'Argent.
Ned, le héros n'a pas l'aspect monstrueux d'Edward, mais pourrait être rapproché de Victor dans les noces funèbres, ou du gamin dans Frankenweenie..
Et je prend cet exemple à dessein, puisqu'à peine a-t-on fait connaissance de Ned, qui court avec son chien sur fond de colline pleines de fleur du plus bel effet « papier peint windows colline verdoyante » que le chien.. est écrasé par une voiture. C'est aussi le moment où Ned découvre son super pouvoir : ramener les morts à la vie, en les touchant. Ce qui bien sûr est un secret assez lourd à porter.
Surtout lorsque Ned tue par inadvertance le père de Charlotte « Chuck » sa petite voisine, pour qui il en pinçait fortement.
Car son don a deux caractéristiques : S'il ressuscite quelqu'un, ça n'est que pour une minute, sans que ça ne porte à conséquence. Passé ce délai, le destin se déroule et quelqu'un doit mourir, généralement, la personne qui est la plus proche.
Et lorsque Ned ressuscite sa mère qui vient de s'écrouler, alors qu'il ne connaissait pas encore cette limite, passée la minute fatale, c'est donc le voisin qui s'écroule mort.
L'autre clause de son don, qu'il découvre le même jour, c'est qu'il ne peut en aucun cas toucher ou être touché par quelqu'un qu'il a ramené chez les vivants, la personne mourrait alors pour de bon cette fois.
Et l'enterrement de leurs parents respectifs sera la dernière fois que Ned et Charlotte se verront de leur vivant.

Car bien des années après, le don de Ned qui entre-temps est devenu pâtissier, et n'avait a priori plus rien à voir avec le monde des morts est découvert par un détective un peu louche et très vénal et les deux vont s'associer: ressusciter une victime de crime est le meilleur moyen de connaître l'assassin, et peut s'avérer lucratif quand il y a une jolie récompense à la clef.
C'est le moment que choisit Charlotte pour réapparaître, très…morte: elle a été assassinée, et les retrouvailles s'annoncent compliquées. Car comment dire à la fille qui vous plaît que :
-elle est morte,
-mais elle vient de ressusciter ,
-elle n'a qu'une minute pour vous dire qui est son meurtrier et…
-au fait quand j'avais 10 ans j'ai tué ton père sans le vouloir et je m'en veux beaucoup, je tenais à m’excuser.

Evidemment Ned n'arrive pas à se résoudre à la toucher de nouveau, dans la minute impartie, Charlotte vivra donc (contrairement au malhonnête entrepreneur des pompes funèbres qui venait de lui voler ses bijoux), sera mise au fait du pouvoir de Ned, mais … va avoir sa croix à porter aussi.

Et donc comment vivre avec le gars qui vous plaît... sans pouvoir l'embrasser ni le toucher ? Ni même le frôler par inadvertance.
Et d'épisode en épisode ces deux là vont trouver les solutions les plus absurdes pour arriver à se prouver leur affection : s'embrasser à travers des sacs mortuaires, du film plastique, danser en tenue d'apiculteurs...

Plus que les enquêtes policières souvent saugrenues, tout l'intérêt de la série réside dans ce parti pris de chasteté forcée (et comment la contourner) et dans la galerie de personnages secondaires savoureux: les tantes de Charlotte, un duo de sociopathes accros au fromage, anciennes gloires de la natation synchronisée, dont l'une est devenue borgne suite à un accident de litière pour chat.
Olive, l'employée nunuche du magasin de Ned (une boutique de tartes nommée «the Pie Hole») dont il faut bien le dire, Olive serait la tarte ultime. Olive est raide dingue de son patron qui, à cause de sa particularité qu'Olive ignore évidemment, s'abstenait depuis de années de toute relation personnelle avec des gens au cas où.. au cas où se serait produit ce qui justement vient de se passer avec Charlotte. Et même le chien, que Ned caresse avec une main télescopique pour ne pas le tuer.

Olive.. décidément, je kiffe Olive! Qui évolue de nunuche blonde aux rêves irréalistes à nunuche blonde un peu psychopathe, mais tellement drôle. Ce qui lui vaut le surnom de "moustique lunatique".

Ou les dialogues complètement barrés (imaginez échanger ça avec votre petit(e) ami(e) intouchable, à propos de la situation en question)
- C'est assez étrange...
- Ca n'a rien d'étrange, c'est insolite. Peut-être original d'une certaine façon, comme une cuillère à entremets.
- Il me vient tellement de questions que mon esprit vagabonde...
- Tu dois le nourrir de lait chaud et d'un sandwich à la dinde et le laisser reposer en t'assoupissant au soleil.

Décidément, j'aime beaucoup les phrases absurdes de Ned... Et je dois dire que l'acteur, Lee Pace (alias le roi Thranduil dans le Hobbit :D) qui tient le rôle a vraiment la tête qui convient, du type banal, mais doté d'un sourire désarmant d’innocence, auquel on pardonnerait tout, et surtout les choses les plus absurdes.

 On tient l'homme idéal: il est sympa, il sait cuisiner, il est nul pour tout ce qui est trucs sociaux, ne comprend pas grand chose aux sous-entendus et aux implicites... et c'est probablement le personnage le plus chou toutes séries confondues.
 Au rencart le preux héros de contes classique, cette série l'a bien compris: un pâtissier en tablier armé d'une tarte aux 4 fruits rouges emballera les nanas (dans du film plastique) mieux qu'un chevalier en armure.

Ou des situations du genre:
«les tantes de Chuck l'avaient élevée dans la croyance que ce gros appareil blanc dans la cuisine avait une fonction plutôt limitée, et aux yeux de Chuck un réfrigérateur n'avait jamais rien été d'autre qu'une boîte à fromage jusqu'à l'âge de 17 ans »

Je dois dire que si on regarde ce qu'il y a dans le mien, c'est à peu près ça... non, je plaisante, quand même il y a aussi des yaourts dedans. 

Chuck a aussi une passion pour les langues étrangères depuis le jour où elle a trouvé un carton rempli de cours de langues sur cassettes – qui semblent curieusement composés de phrases autour du fromage – et un magnétophone.
 
Accro au fromage passionnée par les langues et avec une vie sentimentale compliquée...Purée, mais je suis Chuck en fait... Pour la taille par contre, je ne suis pas loin de celle d'Olive.


Ou le détective privé qui a un loisir très.. inhabituel.

Ou des parodies très bien placée de films célèbres ( haha, les références savoureuses à Vendredi 13, Sleepy Hollow, les Oiseaux de maître Hitch, Candyman, The Wicker Man, Sueurs froides ) et je pense que les deux tantes anciennes artistes sont peut être une lointaine référence à «qu'est-il arrivé à Baby Jane»

la référence.. trop dur, là,je ne vois pas :D

Sans compter la voix off sarcastique qui commente l'action et présente chaque nouveau personnage en détaillant son âge à la minute près. Tout ça a un côté conte des plus plaisants.

Ajoutons à ça des effets spéciaux volontairement bricolos et irréalistes, des marionnettes du Jim Henson's Creature shop, l'irruption de détails incongrus ( dans cet univers macabre pourtant pop et coloré, on danse sur le toit au milieu des ruches au son d'un phonographe et les magasins ont des noms stupides au graphisme rétro), une musique qui pastiche pas mal Danny Elfman..
Tout ça donne une série qui effectivement est trop atypique pour plaire à vraiment beaucoup de monde, ou arrivée trop tôt, mais bourrée de bonne humeur et de fraîcheur, presque hippie en fait.


Avec pourtant au-delà de la mort pas mal de thèmes sombres :
L’abandon ( Ned a été « oublié » par son père dans une pension lorsque sa mère est morte),
les secrets et mensonges ( tout le monde en a : Charlotte qui doit se cacher pour qu’on ne découvre pas qu’elle est toujours en vie, parce que ses tantes le supporteraient mal et auraient surtout tôt fait de la ramener au bercail, Olive qui cache –très mal - une affection à sens unique pour Ned, Tante Lily qui en cache pas mal et de bien lourds aussi),
L’immaturité affective : Ned qui a passé une bonne partie de sa vie seul est désemparé lorsque Charlotte décide d’utiliser sa deuxième chance pour faire ce qu’elle n’a pas pu faire de son précédent vivant : habiter seule (l’appartement d’en face !), travailler, fut-ce pour les besoins d’une enquête ( et passer son premier entretien d’embauche avec un CV pipeauté à 29 ans), profiter de sa fausse mort pour se libérer de ses tantes aimantes mais qu’elle a passé sa jeunesse à materner à cause de leurs névroses, passant à côté de sa propre vie. Olive ne supporte pas qu’on lui dise non et a bien du mal à passer à autre chose quand elle voit que le gars qui lui plaît n'est pas intéressé par elle. Lily préfère mentir à sa soeur depuis des années et se réfugier dans l’alcool plutôt que d’être honnête une bonne fois pour toute, soi disant pour épargner sa sœur, mais surtout pour s’éviter une cuisante fâcherie à vie.

Plus paradoxalement, alors qu’on parle de héros qui ne peuvent pas se toucher, les sous-entendus érotiques sont nombreux… mais souvent subtils. Eros et Thanathos, le duo gagnant. La cuisine comme métaphore, à défaut de pouvoir pétrir  des miches, le (tout à fait charmant, il faut le reconnaître) pâtissier manipule la pâte. Quand il ne se retrouve pas en caleçon sur le toit, face à une Charlotte en guêpière de satin – situation qu’elle justifie en «  mais il faut bien, que je me déshabille, je vais enfiler ma tenue d’apicultrice.. » ( oui, bien sûr, il n’y a pas d’autre solution que d’arborer ses plus jolis frous frous face à son petit copain qui ne peut pas la toucher :D) des phrases comme «  vous savez, je trouve que les créatures les plus fascinantes ont un derrière poilu » ( il s’agit, évidemment, d’abeilles..), une bonne sœur égrillarde qui a «  des cloches à astiquer »

oui il y a une raison logique (même si complètement farfelue) de se retrouver en sous-vêtements au milieu de ruches en osier

Un délice. A vous donner envie de vous gaver de tartes!

Et une suite un jour ? En tout cas, il en était question en 2017. Je peux vous dire que ça serait une des raisons qui pourrait me pousser à m’abonner à Netflix.
http://www.premiere.fr/Series/Un-revival-de-Pushing-Daisies-Bryan-Fuller-est-pour

en tout cas, je voudrais vraiment une vraie fin, au lieu de ce dernier épisode à la va comme je te pousse qui donne vraiment l'impression que quelqu'un est venu leur dire à10minutes de la fin, " bon les gars, c'est pas toit mais vous êtes déprogrammés, y'aura pas d'épisode suivant, débrouillez vous pour conclure": il est ou papa zombie? Que vont décider Tante Viviane et Lily? et cette foutue manie de se dire " merde, on arrive à la fin, personne n'est en couple, vite, on ressort un personnage ultra secondaire qui n'avait aucune raison de revenir et on le colle dans les pattes d'Olive, parce que sinon, elle va rester toute seule puisque le pâtissier préfère roucouler avec Chuck à distance.

Restons dans l'image culinaire, ce dernier épisode avait tout du joli soufflé sorti trop vite du four qui s'écroule en quelques instants parce qu'on a voulu accélérer la cuisson. Du décor raté qui ruine le joli gâteau.
voilà c'est un peu ça, la conclusion gâche un peu le tout, mais l'intention y est alors on apprécie l'effort et on déguste avec indulgence

jeudi 1 novembre 2018

Challenge ABC " spécial Belgique"

Voilà une idée qui m'est venue hier en parcourant les rayons de la médiathèque, où les ouvrages  belges sont clairement identifiés par un petit drapeau. Et, en constatant, qu'il y a des auteurs pour presque toutes les lettres de l'alphabet...

puisque je squatte un an ici, c'est totalement de mise!
et si je me faisais un petit ABC spécial Belgique?

Pas sur une année, évidemment, avec mon planning de ministre, mais.. sans limite de temps.
Autant profiter d'avoir pour l'instant accès à des auteurs peu connus que je ne retrouverai pas à Avignon.
Et j'ai peu de matériel belge - hors BD-  dans ma pile à lire, qui d'ailleurs est restée en France.
Et ça me fera donc quelques lectures d'avance pour le mois d'avril.
Et puisqu'il n'y a pas de limite de temps pour moi, hop, autant lancer les festivités dès maintenant...

Donc je prépare le terrain, et je remplirai mes cases au fur et à mesure. En prenant soin de piocher totalement au hasard, au feeling, au titre.. et si possible des auteurs dont je ne sais rien, vais pas aller piocher Amélie Nothomb alors qu'il y a Paul Nothomb en rayon,ou E.E Schmitt alors qu'il y a d'autres auteurs possible moins connus en S.
LE seul dont je sois sure c'est qu'il y aura Bruges la Morte, que je ne trouvais pas à Avignon, et que j'ai bien envie de lire.
L'auteur auteur dont je sois sûre, sans avoir décidé quel titre, c'est François Weyergans, parce que mi bruxellois, mi avignonnais, il s'impose carrément.

Donc évidemment je prévois des difficultés, mais que je trouverais moyen de contourner ( Hislaire me parait tout désigné pour le Y, même si je ne trouve pas de titre sous son pseudo Yslaire,par exemple. Je n'ai pas vu de X, donc comme la précédente fois, je chercherai un ouvrage anonyme.. des pistes comme ça)

A: Adamek André-Marcel - l'oiseau des morts
B: Bauchau Henry -"Temps du rêve" et "Diotime et les lions"
C: Claise Michel - Faux et usage de faux
D:
E
F
G
H Jacques Hislaire - J'ai vu mourir la Belgique
I
J
K
L
M: Monfils Nadine - Contes pour petites filles criminelles
N
O
P
Q
R G.Rodenbach - Bruges la morte
S
T
U
V Marie-France Versailles - Sur la pointe des mots
W F.Weyergans - à définir
X X comme Anonyme. Collectif - Ca déménage!
Y
Z

mercredi 31 octobre 2018

Histoires de Cimetières - Boris Akounine

Hooo la jolie découverte, faite totalement par hasard en hantant les rayons de ma nouvelle bibliothèque!

Akounine faisait partie des auteurs " à découvrir", pour ses romans policiers, mais ce sera au final par un recueil de nouvelles que je fais connaissance avec lui ( cochant au passage un nouvel auteur de LA liste).



Et il s'avère que le monsieur partage avec mes camarades du challenge Halloween et mo-m^me, un certain goût pour la promenade taphophile. C'est ce qu'il met en avant ici, en collaboration avec "Grigori Tchkhartichvili" ( un nom plus simple à écrire en cyrillique!). Mais qui est Grigori T?

Lui-même! Boris Akounine étant son nom de romancier, il a donc coécrit cet ouvrage .. avec lui-même, se partageant équitablement le travail.
A Grigori, le collecteur d'informations, la tâche de présenter les cimetières avec quelques photos, la manière dont il les as découverts, ce qu'on peut y trouver, bref la partie " tourisme", à Boris, le romancier, celle d'écrire suite à chaque visite une nouvelle mettant en scène un ou des pensionnaires du lieu.

C'est peu dire que j'adore ce principe de dédoublement qui en dit pas mal sur la personnalité farfelue du gars ( mais doit aussi être pour lui une manière de se distancier de son alias littéraire)
Et donc Boris-Grigori nous emmène visiter le cimetière Donskoï à Moscou, Highgate à Londres le père Lachaise, le cimetière étranger de Yokohama, le cimetière Green-wood de New-York et celui du mont des Oliviers de Jérusalem. Chacun étant lié à un aspect de la mort: la mort soudaine, la mortsans effroi, la mort optimiste...

A Moscou, il s'intéresse de près à la tombe devenue illisible de Daria Nikolaïvna Saltykova ( à ne pas confondre avec sa quasi homonyme Daria Petrovna Saltykova, cette fois, l'emploi du patronyme est très justifié, Daria Petrovna n'ayant pas commis de crimes )  dite "Saltytchikha" ( avec le suffixe péjoratif " tchikha", qui fait de suite comprendre que c'est une femme, et surtout quelqu'un d'infréquentable, détestable et détesté.
Noble et surtout riche, elle a existé, est s'est tristement illustrée à l'époque de Catherine II en faisant arbitrairement exécuter une bonne centaine de paysans, et surtout de paysannes qui avaient le tort d'être plus jolies que Daria .Et même si à l'époque, le servage n'était pas aboli, et tuer un paysan était simplement passible d'une amende, l'ampleur des exactions de Daria lui a valu un procès retentissant, la déchéance de ses titres de noblesse, et la prison à vie, où elle mourir après 33 ans de réclusion. Catherine ne rigolait pas, mais bon en même temps, la prison à vie n'est pas une punition démesurée pour plus de 130 crimes, et Daria  a eu la " chance" si on peut dire d'échapper à la peine de mort qui avait été abolie quelques années avant que ses crimes ne soient révélés.

Daria va être l'involontaire anti-héroïne fantomatique de la nouvelle dédiée au cimetière Donskoï:
Années 2000, Nikolaï Tchoukhtchev est policier et étudiant à l'académie judiciaire pour devenir gradé. Pas par ambition sociale d'un poste à prestige mais parce qu'il lui donne accès à des lieux sécurisés et des documents confidentiels, afin de satisfaire sa vraie passion: Nikolaï est chercheur de trésors. Donc lorsqu'il voit par hasard , des ouvriers sur un chantier en train de creuser un trou, au pied d'une église, il repère vite ce qui semble être une vieille porte ensevelie. Ni une ni deux, il revient nuitamment explorer le souterrain, car qui dit porte cachée, dit mystère et peut-être trésor.
Il n'y trouve qu'une pièce où avaient lieu des exécutions par la tchéka, historiquement intéressant, mais sans objet pour un chercheur de trésors.Nikolaï a un tic, lorsqu'il réfléchit, il se passe le doigt sur les dents, et ce tic est justement un geste magique qui permet d'invoquer le fantôme de Daria Nikolaïevna. Passée la première surprise et la première frousse, de voir une vieille dame devant lui au fond d'un souterrain muré, Nikolaï mène son enquête avec les élément qu'il a pu apprendre: le fantôme l'a confondu avec son quasi homonyme Nikolaï Tioutchev, son ancien amant , qui l'a trahie. Et surtout, les minutes du procès révèlent que Daria n'a jamais avoué où elle avait caché ses richesses, qui dorment donc quelque part à Moscou depuis deux siècles.
Nikolaï décide donc d'endosser le rôle de son illustre prédécesseur,  de "se" faire pardonner la trahison et de pousser Daria à lui dire où est le magot.
Tiens ça me rappelle quelque chose...la nouvelle la plus célèbre de Pouchkine, où un militaire essaye de soutirer aux fantôme d'une vieille comtesse des informations pouvant faire sa richesse ;)

A Londres, après avoir pointé l'ironie du fait que les visiteurs payent l'entrée du cimetière de Highgate pour voir en particulier la tombe de Karl Marx, pourfendeur illustre du capitalisme, et évoqué la rousse Elizabeth Siddal, que son mari Dante Rossetti, peintre et apprenti poète avait fait enterrer avec un recueil de poèmes inédits à sa mémoire, avant de se raviser et de faire exhumer Elizabeth pour récupérer et faire publier l'ouvrage, c'est bien entendu  l'histoire du vampire de Highgate qui retient l'attention de l'auteur à double casquette.
Je ne vous dirais pas qui est le vampire surnommé " le maure", mais en tout cas, il sélectionne ses victimes sur des critères intellectuels: morte quelqu'un de mal sélectionné et c'est le risque de se retrouver contaminé par ses idées.

3° étape, le père Lachaise. Je ne vous présenterai  pas le cimetière qu'on connaît bien en France, passons donc à l'histoire qui lui est adjointe: Pavel " Pacha" est un intellectuel moscovite, féru de littérature. Mais comme ça ne payait pas bien, voire pas du tout,il a décidé d'utiliser ses connaissances en histoire littéraire et son goût pour les archives de manière plus lucrative: le pillage de tombes de gens célèbres, lorsqu'il découvre que telle ou telle célébrité a été enterrée avec un trésor, un  bijou ou que ce soit qui puisse être revendu comme relique à des fans.
Jamais des choses de notoriété trop publique, plutôt du genre confidentielles, que personne ne connaît et dont il sera difficile de trouver un témoignage écrit après le passage de Pacha . Et avec son complice "La Taupe"ancien fossoyeur, le business roule bien, Pacha déniche les informations, a Taupe s'occupe de la logistique, et le client repart avec sa commande.
Or cette fois,c'est un très gros coup qu'il veulent monter, dérobant une bague précieuse à l'une des célébrités du père Lachaise.
Mais voler un bijou à un mort n'est pas une très bonne idée, le cadavre ne pourra pas protester, mais le fantôme peut vouloir récupérer son talisman...Et la chute de cette histoire est particulièrement cruelle ET savoureuse.

Plus exotique, la 4° visite est celle du cimetière pour étrangers de Yokohama. Cimetière curieux qui a pour particularité d'être la dernière demeure d'étrangers qui sont morts par accident au Japon.Par accident, ou,au début du XX° siècle, par meurtre.simplement parce que les gaikukojin ( étrangers) étaient mal vus par les nationalistes japonais.
Et c'est pour moi l'occasion de faire connaissance avec Eraste Petrovitch Fandorine, personnage récurrent d'Akounine, que je découvre pour la première fois, mais dont je vais suivre sérieusement les enquêtes.Et donc l'action se passe àYokohama, à la fin du XIX° siècle, ou au début du XX°, et Le diplomate Fandorine, en mission au Japon, assiste aux funérailles dun de ses compatriotes naturalisé japonais qui avait décidé de devenir moine bouddhiste.
Histoire de rajouter des bizarreries, celui qui se faisait appeler Meitan est mort dans des circonstances étranges, qui semblent impliquer un yôkai " shigumo", capable de prendre une forme humaine et une autre d'araignée pour vous sucer le sang.
C'est en tout cas ce que prétend l'effrayante Emi Terada qui vit au temple.
Effrayante car sa tête et son corps ne vont pas ensemble. Sa tête est celle d'une femme adulte, sa taille celle d'une petite fille de 4 ans. Un nanisme qu'elle met  sur le compte d'une attaque de Shigumo quand elle était enfant et qui a stoppé sa croissance.
Mais Fandorine est un émule d'Hercule Poirot, et bien peu enclins à croire aux fantômes, pour lui,un coupable bien vivant est à l'oeuvre , utilisant le folklore pour brouiller les pistes, et il se fait fort de le retrouver.

5° visite, le cimetière de Green wodd, à New York, qui bien que contemporain et encore utilisé, compte quelques carrés anciens, et était au XIX° siècle un lieu de promenade et de pique-nique.
Et outre des industriels aux noms mondialement connu ( Colgate est le nom de quelqu'un avant d'être une marque), il y a quelques histoires cocasses à raconter à son sujet, et, en particulier, s'y trouve la tombe de la femme fatale la plus célèbre de son époque, Lola Montes, pas du tout espagnole,mais née Eliza Gilbert quelque part en Irlande.

C'est Lola-Eliza qui sera l'élément fantastique de cette nouvelle: un riche avocat d'origine russe, qui a tout prévu dans sa vie, planifié dans les moindres détails, décide qu'il est temps de son vivant, d 'acquérir une concession à Greenwood, histoire de planifier aussi son éternité ( l'homme le plus ennuyeux du monde de mon humble point de vue). Et tout se passe effectivement selon ses plans, jusqu'au moment où un grain de sable va tout faire dérailler: alors qu'il vient choisir sa concession au cimetière, il rencontre une élégante dame, en visite sur les tombes. Et elle semble avoir beaucoup de monde à voir à Greenwood, tous morts dans ces circonstances violentes.
Car évidemment, c'est ELLE, et personne d'autre. Mais ça, l'ennuyeux Micha ne s'en rend pas compte. ELLE a pris l'apparence de la tapageuse séductrice du XIX°siècle, mais Micha ne sait pas non plus qui est cette dame qui passe son temps au cimetière. Lorsqu'elle lui propose , en échange d'un service rendu, de lui faire une prédiction,il ne voit qu'une voyante, peut être un peu dérangée. Mais dans une vie aussi réglée,un peu de mystère ne fait pas de mal...croit-il.

Etdernière visite, le cimetière du Mont des Oliviers, le plus ancien, le plus historique, mais  pas le plus passionnant, avec son allure de salle d'attente du jugement dernier ( c'est comme ça qu' Akounine le voit). Un endroit où reposent des gens persuadés d'être aux premières place pour cet événement, une morttranquille, paisible et sans peur.
C'est donc l'idée qui sera développée dans la dernière nouvelle, bien titrée "Happy end". Lorsque l'humanité aura résolu les problèmes de la mort soudaine par maladie, accident etc..; de la vieillesse, grâce au transhumanisme, la mort et sa date ne sera alors plus qu'une question de choix personnel. C'est l'idée qui s'impose au "Très Vieil Ecrivain", pour qui, après plus de 130 ans de vie, donc une bonne centaine avec sa femme, l'existence se déroule longuement, morne, ennuyeuse. Il a déjà tout fait, tout vu, les événements n'en sont plus car tout lui est déjà arrivé plus de 10fois, et son existence semble vouée à se prolonger encore, sans que rien ne l'amuse, ni ne l'étonne plus...il est donc temps de penser à la terminer tranquillement.

Ho que j'ai adoré ce recueil, joliment orné de gravures " à l'ancienne", mais parfaitement adaptées à chaque nouvelle, ouvre d'une dame nommée Tatiana Nikitina.
Très jolie découverte, je regrette juste qu'elle soit si courte ( pourtant plus de 230 pages),  mais c'est une superbe mise en bouche pour découvrir l'auteur, je n'en ai pas fini avec lui, j'aime beaucoup son sens de l'humour absurde.
Je conseille donc haut et fort!