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samedi 19 mars 2016

Jodorowsky's Dune ( documentaire)

Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises de la chaîne Youtube du Fossoyeurs de films.. ceux qui seront allés l'explorer auront donc appris que François Theurel, alias le Fossoyeur est un grand fan de Dune ( les romans, mais aussi le film de Lynch, qui en dépit de ses défauts est pour lui un souvenir de jeunesse pour lequel il garde une affection particulière.

Je le dis de suite, je n'ai pas vu le film de Lynch ( bien que la chronique du fossoyeur me donne envie d'essayer, tout en sachant à quoi m'attendre), ni même encore lu les romans, pas même le premier ( ce qui est prévu.. un jour, oui...)

Mais avant la version de Lynch, dans les années 70, une première version avait été prévue, et même très avancée. Tout était prêt, un casting de rêve, une bande son de folie, des décors fignolés, un story board prévu à l'image près... sauf que...
j'aime ce vaisseau, bous ne pouvez pas savoir à quel point
Et donc, bien que réalisé en 2013, le film ne sort que ces jours ci, et j'ai pu le voir en avant-première. Grâce à l'ami Fossoyeur, justement, qui est de ma ville

Sauf que le projet d'Alejandro Jodorowsky était grandiose, trop même, et n'a pas trouvé l'écho qu'il aurait du auprès des producteurs, un peu trop frileux. Au début des années 70 personne n'aurait vraiment misé sur un space opera ambitieux, la Sf était vue comme une distraction de seconde zone, le film aurait coûté trop cher, Jodo était trop enthousiaste, et fichait un peu les jetons aux producteurs qui auraient voulu un réalisateur plus " docile" ( comprendre qui accepte des concessions sur les impératifs du marché, et Jodo n'était pas vraiment ce genre de personne). Les effets spéciaux aussi n'étaient pas encore au point.. le seraient-ils même maintenant?

Et donc, le film ne s'est pas fait. Ce documentaire est la narration de ce formidable, non pas échec, mais "non-succès". D'où le sous titre" le plus grand film de science fiction jamais réalisé". Le "jamais" ici prend tout son sens!

Un peu comme Lost in la Mancha racontait les déboires (réels) de l'équipe de Terry Gilliam parti tourner Don quichotte et Espagne et qui est aussi un documentaire sur " une équipe de ciné qui ne peut pas faire son film à cause d'une série d'invraisemblables catastrophes", suivant au jour le jour les mésaventures de l'équipe ( ce qui devait être le making off du film est devenu le film d'un film). C'est très drôle, mais très frustrant aussi.

Un peu, mais pas tout à fait ( je n'ai pas piqué cet argument à la vidéo que vous pourrez-voir en fin de billet, j'ai vraiment aussi pensé à Lost in la Mancha)

Parce que là, c'est la genèse du film qui est racontée, comment le projet est né, comment le réalisateur a véritablement démarché les talents de l'époque ( quitte à les soudoyer de manière assez surprenante:  à coup de bons repas au restaurant pour Orson Welles, les anecdotes sont très drôles aussi), littéralement parcouru des kilomètres pour réunir la meilleure équipe possible, fourni un script ultra détaillé illustré par Moebius ( oui, LE Moebius. Jean Giraud. Le dessinateur de Blueberry, LE Moebius des Maîtres du temps)... pour se voir refuser " c'est bien votre projet est bien, mais..."

Je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer qu'à l'heure actuelle, à l'heure du net.. il n'aurait probablement aucun problème pour le réaliser en crowdfunding. Mais pas en 74.

Et pourtant le film existe: sous forme de ce script devenu introuvable, mais aussi sous forme de Bd, car Jodorowsky a transcendé sa frustration, on l'apprend, en réutilisant une bonne partie de ses idées dans l'Incal et les Méta-barons, ses séries BD les plus connues; sous forme de ce documentaire; et sous les multiples reprises d'idées opérées dans presque toute la science fiction qui a suivi ( Dan O' Bannon et HR Giger qui aurait du bosser sur Dune, sont allés travailler sur l'Alien de Ridley Scott, qui doit donc esthétiquement beaucoup à un film qui n'a jamais pu être tourné. Pareil pour Star Wars...)
Donc, si le film n'a pas pu se faire, sa postérité elle, existe bel et bien. Et c'est une revanche qui fait bien plaisir.
et si ça se trouve, le film aurait peut être été un échec commercial, si le public n'avait pas suivi. Mais.. rêvons un peu.

Jodoroswky à la réalisation
Moebius au script et aux design des personnages

Dan O' Bannon et HR Giger pour les décors
Le baron Harkonnen est tellement égocentrique qu'il devait avoir une forteresse à son effigie, armée..

...et hérissée de pièges (vous saviez que j'adorais l'imaginaire déglingué de Giger aussi?)
Salavador Dali en empereur de la galaxie ( avec une anecdote très drôle sur son cachet mirobolant: il voulait être payé 100 000 dollar de l'heure, l'équipe lui a proposé 100 000 de la minute " utile" prévoyant de le le faire figurer à l'écran qu'une seule et unique minute)
Orson Welles. Je répète ORSON WELLES ( oui, je suis juste un peu fan) en baron Harkonnen, un tyran qui aime bien couper les têtes qui ne lui reviennent pas à la cisaille)

Magma, Pink Floyd, Henri Cow à la musique ( chaque planète devait avoir un thème différent: je me souviens qu'il est évoqué Pink Floyd pour la planète des Atreides et Magma, plus martial pour celle des Harkonnen. Je ne sais pas qui devait se charger du thème d'Arrakis)

Une excellente soirée donc, tant pour le film que je conseille à tout amateur de SF, mais aussi d'aventure  ( car rien que l'histoire du " recrutement" des protagonistes est une aventure épique), d'utant plus qu'elle était suivie d'une interaction avec Brontis Jodorowsky, fils du rélisateur, qui à l'âge de 12 ou 13 ans, devait tenir le rôle principal de Paul Atreides. Et a subi un entraînement quotidien intensif de karaté pour l'occasion. Le monsieur a un humour absurde qui fait plaisir.

Pour profiter de cet entretien, voilà le résumé de la soirée, suivi de quelques unes des questions qui ont été posées...