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lundi 12 décembre 2022

Aélita - Alexeï Nikolaievitch Tolstoï et Aélita film (1924)

 Alors avant toute chose, oui il s'agit bien de Tolstoï mais non, il ne s'agit pas du plus connu. Alexei, est excusez du peu, un parent éloigné de Lev Tolstoï ET d' Ivan Tourgueniev.
Mais malgré cette généalogique prestigieuse  et une bibliographique prolifique dans son,pays il est peu connu internationalement.
Et pourtant, autur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de littérature jeunesse, il y a de quoi faire.
Ses oeuvres les plus connues sont "La petite clef d'or, ou les aventures de Buratino" une réécriture de Pinnocchio adapté à la culture soviétique.

Version soviétique donc de Pinocchio

Ce personnage au nez pointu est d'ailleurs si célèbre qu'il est trouvable dans tous els supermarchés au rayon soda, en tant que logo d'une marque de limonade (que j'ai trouvée assez quelconque, un peu trop caramélisée pour moi)

Et l'autre oeuvre qui a eu son heure de gloire est Aelita, roman de SF du genre qu'on appellerait maintenant space-opera.
Le roman date de 1923 et a été tout de suite adapté sur grand écran.. enfin disont que les deux diffèrent tellement qu'on peut difficilement parler d'adaptation.

A ma droite le roman:
trouvable ici
J'ai choisi une édition et une traduction récentes, il a auparavant été traduit en français sous le titre
" le déclin de Mars"


à Saint Petersbourg, enfin, Petrograd, peu après la révolution d'Octobre, Mstislav Loss, ingénieur vieillissant, veuf, déprimé se lance à corps perdu dans un projet gigantesque: construire une fusée et partir sur mars, dans un voyage qui ressemble fort à un suicide programmé. Il faut dire que depuis quelques temps, la Terre capte des messages codés que personne n'arrive à traduire et qui semblent provenir de Mars. Loss est donc persuadé qu'il y a une vie, et même une vie évoluée qui cherche à communiquer, sur Mars.
Lorsque commence le roman, tout est prêt, il a fait afficher des annonces en ville pour recruter un compagnon de route, car personne n'est assez fou pour le suivre. Le fou providentiel sera Alexeï Goussev, ancien militaire en mal d'aventure qui tourne en rond depuis la fin de la révolution et se voir bien aller visiter une autre planête pour tuer le temps.
Les deux aventuriers partent et arrivent effectivement sur Mars ou vivent des martiens, la plupart au teint blanc-bleu, d'autres oranges, et pas tous amicaux loin de là. Les premières choses qu'ils voient sont des ruines, vestiges d'une ancienne guerre. Le comité d'accueil est... glacial. Loss et Goussev découvrent peu à peu la planète, ses paysages, son mode de vie, grâce à Aélita, fille de " Touscoub l'ingénieur", en quelque sorte le "tsar" de Mars. Aelita est une femme intelligente qui leur enseigne les base de la langue et cette première étape frnachie, leur dévoile des secrets que les ingénieurs préfèreraient laisser cacher: la vie sur Mars et celle sur Terre ont la même origine. L'ancienne civilisation terrestre atlante suite à un cataclysme, a construit des vaisseaux spatiaux et colonisé Mars.
Mais si la technologie martienne est largement plus avancée que la technologie terrienne, politiquement... C'est une société à deux vitesses, où l'élite vit en surface, tandis que les masses laborieuses et exploitées ( roman de 1923, hein!) vivent en sous-sol.
Ce que Loss et Goussev ne savent pas c'est que les tensions sont maximales, que les ouvriers sont sur le point de se révolter et de fait.. les terriens se retrouvent pris en pleine révolution contre le pouvoir de Touscoub.
Ils vont vite devoir repartir sur Terre avec la mission de répandre l'information: la Terre doit absolument éiter de faire les mêmes erreurs que Mars et ( on devine, en appliquant la doctrine socialiste) , les terriens doivent renoncer aux inégalités sociales pour sauver leur société. Celle de Mars est allée trop loin et n'a plus aucun espoir, sa civilisation est bien trop décadente.
Donc tout le roman est un avertissement politique déguisé en SF. Mais franchement bien ficelé, avec des passages très philosophiques sur le travail, la société, l'apparition et la disparition des civilisations. Le ton général est quand même assez triste.
Aelita est un personnage intéressant, une femme hors du lot, dotée de capacités télépathiques et qui  se sens mal intégrée à la société dont elle doit devenir un jour reine. Depuis son enfance elle voit en rêve les terriens et les paysages terrestres, l'arrivée de Loss et Goussev lui confirme qu'elle n'est pas dingue.
mais la révolution met un terme à ses espoirs d'aller sur Terre, suivant Loss pour lequel elle en pince sérieusement.
Donc un roman de SF politique vintage, qui n'a même pas peur d'évoquer des histoires sentimentales entre ressortissants de planètes différentes (dans les années 20 en général, même les relations entre gens de pays voisins ou de couleurs de peau différentes étaient tout sauf courantes). Plutôt audacieux!

A ma gauche ( très à gauche) le film. Qui je pense pour raisons techniques, transforme totalement le sujet.
Loss n'est plus un vieux blasé mais un jeune marié, doté d'une grande imagination, qui veut construire une fusée pour aller sur Mars depuis qu'il a capté un mystérieux message. La fusée n'est donc pas construite, et les séquences matiennens se passent en fait dans la tête du héros qui imagine ce qu'il pourrait bien se passer là haut.
Et si le film se passe sur Terre, il faut bien remplacer par dautre choses et là, c'est un peu la foire à neuneu au niveau du scénarion: mélodrame sentimental car Loss imagine que sa femme le trompe avec un nouveau voisin. Comédie sociale sur la vie quotidienne, la débrouille, les bourgeois nostalgique de l'anvien temps où ils pouvaient exploiter les "basses classes", comédie policière, via un enquêteur un peu nul qui se met en tête de trouver le responsable de vol de denrées destinées aux nécessiteux.
Une pincée de propagande, mais pas trop, ça reste très léger par rapport à d'autres films et à la decennie suivante.

Car étonnamment, on ne le sait pas toujours mais avant les années 30 et la mise en coupe réglée des studios de cinéma et des scénaristes, le cinéma d'URSS était vraiment friand de comédies sociales ( et dans ce genre j'ai bien aimé "la jeune femme au carton à chapeau")
Là je pense (personnellement, hein) que si la SF était déjà connue et appréciée en littérature, c'était quelque chose de tout nouveau pour le cinéma et donc les studios ont remanié pour aller vers ce qu'ils saveiet faire et ce que les spectateurs connaissaient ( le cinéma était un art jeune, de moins de 50 ans, et on découvrait à peine les possibilité du montage, donc.. on se mouille un peu mais pas trop)
Mais visuellement c'est très intéressant: les séquences terrestres sont trsè réalistes, très familières. Mais comme il était difficile de faire quelque chose d'aussi grandiose que ce que Tolstoï décrivait pour Mars, les séquances martiennes mettent le paquet sur le décors et les costumes, les plus futuristes possibles pour marquer l'altérité.
Et donc les passages sur Mars sont très Futuristes ( avec une majuscule cette fois) et tout à fait liés à la peinture et à l'architecture d'avant garde des années 1920. La costumière et le décorateur on fait un travail énorme.
Ce que je sur-kiffe.
Appareil de communication interplanétaire, technologie martienne 1924

Yep, j'adore ces esthétiques anguleuses

Puisqu'onn ne pouvait pas faire une planète Mars grandiose ( et multicolore dans le roman), fallait bien trouver un moyen de montrer que c'était très différents, ils se sont lâchés sur les costumes et le décor. Et donc des chapeaux délirants, du plastique, des angles.


Parce que...

Parce que, ça me rappelle l'expressionisme allemand, que je surkiffe.
Parce que le film fait partie des influences ouvertes de Fritz Lang pour Metropolis qui est clairement l'un de mes films favoris.
Donc oui, le film est moins bien narrativement que le roman ( intéressant  comme " documentaire" sur la vie en URSS en 1924, sur une époque où le cinéma avait encore un peu de liberté, pour des gens comme moi qui étudient le russe et la culture russe), mais oui, son choix esthétique très radical le sauve de l'oubli.
Le scénario a gommé toute la partie philosophie et triste du roman pour la remplacer par une comédie pas toujours convaincante, mais le choix visuel fait pour les passages SF le fait quand même sortir du lot. Sans ça le film serait assez quelconque, une comédie dramatique parmi d'autres.
Tel quel, c'est un OVNI cinématographique, c'est le cas de le dire

Donc j'ai bien aimé les deux, mais pas pour les mêmes raisons. Mais oui, je vous conseille soit de commencer par le film, soit de lire le livre en premier mais en gardant en tête que l'adaptation est tout sauf fidèle.

(et je viens là de vous résumer mon dossier de 4 pages pour une matière" art culture et société de l'URSS à travers le cinéma muet")

Film ( normalement Muet, mais pour la VF, ce sont des acteurs qui lisent les traductions des cartons), donc opui il y a une VF, même si malheureusmeent la qualité d'images est VHS, donc pas génialissime.
qualité visuelle un peu mieux, intertitres en anglais.
meilleure image, mais intertitres en russe.

Yep, une catégorie de plus " un film avec un détective privé" (même si ce n'est pas le personnage principal et qu'il est très gaffeur)

SF de 1923