Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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mercredi 16 mars 2011

Le pavillon de l'aile ouest - Sun Jiayu & Guo guo

Allez, en ces temps de morosité ambiante, on va se faire du bien avec un Manhua, sans prétention, mais sympathique, frais, printanier, joli tout plein...
Ca s'appelle "le Pavillon de l'aile ouest" et c'est édité chez Xiao Pan , spécialiste francophone ( ou seul éditeur?) de BD chinoise.
Donc, "le pavillon de l'aile ouest" est adapté d'une pièce de théâtre classique de Wang Shifu, elle même tirée d'une nouvelle du X° siècle.

l'histoire se passe dans la ville de Pu Zhu, au IX° siècle. Tout ce que la cité compte d'hommes célibataire est en émoi: on annonce l'arrivée imminente de la très convoitée Ye Pianpian, fille de haut fonctionnaire ( et donc excellent parti!), qui a la réputation d'être une très jolie fille, bien que personne ou presque ne l'aie jamais vue. En effet, a cette époque, il était exceptionnel qu'une femme de bonne famille se montre en public, hormis pour les fêtes religieuses. Et donc, tous ces messieurs espèrent faire bonne impression et attirer l'attention de la belle. Tous sauf un. Chen Yuqin, étudiant très prolongé, amateur de grasses matinées et de siestes au soleil, n'est pas plus emballé que ça par la nouvelle: il se méfie des femmes de la haute société après une expérience malheureuse auprès de l'une d'elle qui s'est révélée être acariâtre, capricieuse et dénuée de la moindre compassion.
Et comme vous vous en doutez, c'est exactement celui qui s'en fiche le plus qui va avoir l'occasion de rencontrer la fille, qui s'avère souriante, pétulante, amatrice d'art, cultivée et douée pour la conversation, bref parfaite pour un intellectuel qui s'intéresse autant sinon plus à ce qu'une femme a dans la tête qu'à son joli minois ( enfin, bon, oui, elle est jolie, ça ne gâche rien!).
Mais évidemment la belle est déjà fiancée, comme le veut la coutume, à un homme qu'elle ne connaît pas, notre héros va devoir ruser pour conquérir non la fille - qui vit tellement coupée de toute réalité qu'elle est prête à se laisser séduire par le premier qui sait user de belles paroles - mais sa mère, afin de lui faire rompre les fiançailles avec un homme du reste infréquentable, porté sur les femmes, l'alcool et la drogue.

Dit comme ça, ça n'est pas très original, et en effet, ça ne l'est pas, rappelons quand même que la trame remonte au IX° siècle. Mais par contre la bonne surprise, ça finit BIEN! au vu des résumés qui le présentait comme un Roméo et Juliette à la chinoise, je craignais une énième histoire d'amour malheureux, contrecarrée par X malfaisants, avec force drames, larmes et suicides. Et bien non! Le scénario ne casse pas trois pattes à un canard, il faut dire qu'il a surement été très élagué pour tenir sur un seul volume, surtout sur la fin ( j'avoue que j'espérai un poil plus de rebondissements avec la méchante soeur du fiancé délaissé), on sent qu'il s'adresse à des gens qui connaissent le sujet sur le bout des doigts. Mais du coup le scénario est un peu léger, d'autant qu'il y a pas mal d'illustrations pleine page
Au reste,l'élagage sauvage, c'est aussi ce que je reprochais déjà à "la nuit du fantôme", édité chez le même Xiao Pan, ou pour le coup, l'intrigé était trop complexe et la narration trop dure à suivre. Là on a pas ce problème, c'est quand même du cousu de fil blanc.

et malgré tout j'ai bien aimé: Car, d'abord il faut le dire le dessin est  en général plutôt joli ( sauf, parfois au niveau des yeux des personnages), la colorisation tout en tons de brun, pêche, et vert clair fait très printanière. L'héroïne est mignonne et pas cruche, sa suivante est pétulante et effrontée ( limite je serais à la place du héros, j'aurais choisi la deuxième), et j'aime bien le personnage masculin, plutôt "cool , y'a pas le feu au lac", du genre qui se repose d'avoir passé sa journée à glandouiller en faisant une sieste bien méritée. Héros malgré lui parce qu'il a eu l'idée de s'occuper en relevant un défi qui lui était lancé par un collègue, puis qui sauve l'héroïne et impressionne la mère presque par hasard, parce qu'il passait là au bon moment.

19/30, on s'approche!
Donc oui, rien de bien inoubliable, mais qui a eu le mérite de me faire passer un bon moment de par son côté décontracté, sans drames saignants, et parce que la dessinatrice qui est avant tout illustratrice spécialisée dans les costumes, et dont c'est la première vraie BD s'est vraiment fait plaisir dans son domaine. Et toujours à souligner l'excellente qualité des ouvrages Xiao Pan: beau papier épais, notices explicatives, choix d'illustrations pleines pages pour compléter...

et une première lecture pour le Défi women BD par la même occasion..
edit: et, quelques autres images à la demande générale de Geishanellie, pas de la bd elle même, mais du recueil d'illustrations qui l'accompagne, plus fignolé, forcément.
page de garde
le héros

deux illus que j'aime bien

jeudi 10 mars 2011

Horloge, dieu sinistre...

Trouvé par hasard chez Babelio, une fois de plus le lien de cette animation qui me plaît beaucoup de l'Horloge de Baudelaire. Et ça tombe bien, en plein printemps des poètes!

Un de mes textes favoris de mon poète favori. Charles Baudelaire est mon pote préféré, sans l'ombre d'un doute. Découvert en première; je en remercierai jamais assez mon prof de Français qui me l'ai fait connaître, les Fleur du mal est mon livre de chevet depuis, il va d'ailleurs falloir que j'en rachète un exemplaire, mon édition de mauvaise qualité a mal vieilli, elle a jauni, les pages se décollent, mais que voulez-vous, quand on aime, on aime!

et entre Charles et moi, c'est une grande histoire depuis ce temps là. Depuis que j'ai lu "la chevelure" très exactement, qui est tout à fait LE texte que j'aurais aimé écrire.
et pourtant, c'est maintenant l'horloge qui a ma préférence, pour sa construction complexe, sa rythmique saccadée, son phrasé virtuose qui rend obsolète le bon vieil alexandrin de deux hémistiches égales... bref, un bijou, je vous dit!

et le voila illustré superbement par Julie Potvin, régalez-vous!
perte de temps

mercredi 9 mars 2011

La parfaite lumière - Eiji Yoshikawa

6/6, yatta!
 Et un challenge fini, un! Dernière lecture officielle dans le cadre du Challenge Japon, mais rien ne dit qu'il n'y en ait pas encore une petite en bonus ;)

Et c'est donc La parfaite Lumière, tome II de Musashi, de Eiji Yoshikawa, qui conclut donc ce défi. Pour le sujet sur le Tome I, c'est par là: La pierre et le sabre

La Parfaite Lumière enchaîne donc exactement là où finissait La Pierre et le sabre, à savoir le trio Musashi, Jôtarô son disciple et Ôtsu la femme déterminée en partance pour Edo ( Tokyo), récemment promue nouvelle capitale, où Musashi espère faire carrière. Les trois sont évidemment très vite séparés, et on retrouve la structure du premier volume, à savoir les histoires parallèles des principaux personnages sur une durée de plusieurs années. Musashi va continuer son périple, prendre un nouveau disciple en la personne de Iori, petit paysan orphelin et débrouillard, être tenté par une carrière officielle au service d'un haut fonctionnaire, mais rester finalement rônin, jugeant qu'il ne pourra se perfectionner sur la Voie du sabre qu'en gardant son indépendance.
Ôtsu, d'abord rattrapée par son ancien fiancé, le pitoyable Matahachi, passe pas mal de temps au second plan du récit, pour ne revenir que sur la fin, sans avoir trop souffert car elle a toujours une chance incroyable qui la met régulièrement à l'abri des coups durs, lui laissant donc l'occasion de se lamenter sur son sort ( l'auteur se fait d'ailleurs plaisir en raillant un peu son personnage par la bouche de Jôtarô qui la recherche car il l'aime bien, bien qu'elle soit toujours d'humeur maussade, toujours en train de pleurer ce qui n'en fait pas la compagne de voyage la plus agréable).
Jôtarô, ainsi que Matahachi, après quelques péripéties, tomberont dans les griffes d'un personnage très douteux, qui cache sous des dehors avenants et insoupçonnables, de noirs desseins politiques que je tairai ici, pour ne pas vous gâcher un ressort essentiel de l'histoire.Rassurez vous, ils s'en sortiront grâce à l'intervention providentielle de l'indispensable Takuan, toujours prêt à rendre service - à grands coups de pieds au derche si possible.
Ôsugi, la grand-mère de combat reste égale à elle même durant la majeure partie du roman, il est dommage d'ailleurs qu'elle change in extremis dans un retournement de situation à 100 pages de la fin assez peu convaincant il est vrai, qui la voit devenir inséparable d'Ôtsu, qu'elle vient pourtant de tyranniser pendant près de 1300 pages et 2 gros volumes.
Et bien sûr on retrouve l'éternel rival de Musashi, Sasaki Kojirô , dans le rôle du méchant, rongé d'ambition, dont le but unique est d'affronter Musashi en duel. Et bien que l'auteur fasse tout pour le rendre antipathique au possible, hautain, prétentieux, vantard, etc.. je continue à penser que c'est quand même l'un des personnages les plus intéressants ( car plus ambigu, mon monolithique que le héros, justement). Et comme vous le supposez, cet affrontement tant attendu sera la conclusion du roman, je ne vous ferai pas l'affront de vous donner le résultat, les deux protagonistes ayant existé , il est facile de le savoir en consultant n'importe quelle bonne encyclopédie ;)
D'ailleurs, tiens je viens de voir que Genzô Murakami, un autre écrivain, a écrit un roman consacré à Kôjirô, il serait intéressant de voir quel portrait en est fait, par contre, je ne sais pas du tout s'il en existe une traduction en français ou en anglais( apparemment, une chose que ne mentionne pas du tout Yoshikawa, Kôjirô était malentendant, ce qui peut changer l'éclairage quand à l'attitude hautaine et distante que stigmatise Yoshikawa)

Grosso modo, les points faibles sont un peu les mêmes que sur le premier volume: des coups de théâtre pas toujours convaincant. dans le premier volume, tout le monde se ratait avec une régularité d'horloge suisse. Dans le second volume, surtout vers la fin, comme il faut bien amener le dénouement, tout le monde se retrouve comme par hasard dans la même petite ville, Iori retrouve comme par hasard aussi sa soeur abandonnée à la naissance et qu'il n'a jamais connu, des ennemis de 12 ans se réconcilient, des amis perdus de vue renouent.. vous voyez l'idée. C'est un peu maladroit et pas toujours convaincant.

L'autre difficulté de ce second volume, c'est le cadre historique: là où le premier était encore assez rural, avec juste quelques repères de noms ou de lieux, le deuxième est plus politique, puisqu'il traite en partie de l'ère Tokugawa, de l'installation du nouveau shogun à Edo, il ya des rebondissements politiques, et il n'est pas toujours évident de s'y retrouver, de savoir qui fait partie du clan Tokugawa, qui soutient le clan Toyotomi, qui fait allégeance à qui ou au contraire, qui complote contre les autres et pourquoi. Bon, l'avantage, c'est que le système politique est tellement complexe, à la fois féodal et incroyablement administratif, que maintenant, j'ai très envie d'en savoir plus sur cette période charnière.

En effet, et ça c'est une des forces du roman qui délaisse assez régulièrement le monde des samouraï et des courtisans pour s'intéresser à celui du peuple: paysans, commerçants, citadins... la société est en pleine mutation, le code d'honneur des nobles est en perte de vitesse au profit d'une caste montante, roturière mais souvent plus riche que les seigneurs: les commerçants. L'action se passe entre 1601 et 1614, donc quelques années avant la politique protectionniste de fermeture du pays, et les échanges commerciaux notamment avec les autres pays d'Asie sont florissants.

Je conclurai donc en disant que ce deuxième volume m'a un tout petit peu moins plu que le premier, par manque de connaissance sur la situation du pays, qui gêne un peu la fluidité de la lecture ( "attends voir, c'est qui lui déjà?" d'autant qu'une palanquée de nouveaux personnages viennent rejoindre ceux déjà présents), et à cause des ficelles narratives qui deviennent un peu trop visible sur les derniers chapitres. On est aussi dans quelque chose de plus philosophique, plus spirituel que ne l'était le début de la formation de Musashi, mais ça reste léger, hein, rassurez-vous encore une fois, il y a quand même une bonne grosse baston toues les 25 pages. Sinon, toujours cette ambiance un peu Dumas un peu western, que j'adore. Pour l'instant, les deux volumes de Musashi sont donc ma meilleure découverte de ce challenge... par contre, indispensable de ne pas laisser trop passer de temps entre la lecture des deux volumes, car il faut raccrocher les wagons immédiatement, car on oublie facilement  quelques détails du premier volume si on laisse passer trop de temps. 3 mois, c'était limite! Mais maintenant, en tout cas, j'ai envie d'en savoir plus sur l'ère Edo, le bushido, le zen, les rites shinto, etc...

ho et puis hein, ça serait vraiment dommage de ne pas en profiter : première lecture officielle du challenge histoire par la même occasion!