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samedi 16 février 2019

Un coeur faible - Fiodor Dostoievski

Mois court, histoires courtes.. et je continue sur ma lancée,  avec donc des textes d'auteurs russes plus ou moins connus.

Bon,là, évidemment, qui n'a pas entendu parle de Dostoievski, avec Tolstoi et Pouchkine, c'est probablement le trio d'auteurs qui vient immédiatement en tête pour ce pays, même sans les avoir lus.

je n'ai pas de couverture, donc voilà le jovial Fiodor

Et je dois le dire de suite, Dostoievski n'est pas l'auteur que je préfère. J'ai lu il y a très longtemps le joueur ( qui ne m'a pas laissé un grand souvenir), l'idiot ( qui ne m'a pas laissé un grand souvenir non plus, et évidemment Crime et Châtiment... qui m'a laissé le souvenir d'un bon livre.. doté d'une conclusion qui était en trop.su cette conclusion trop " rédemptrice", les avis sont partagés, certains estiment qu'elle est nécessaire car elle " éclaire" le livre qui serait trop noir sans celà, d'autres dont je fais partie, qu'elle gâche le propos. Mais il y a longtemps que je n'ai plus peur du noir!

Ah, tiens, je vois que j'avais aussi lu et apprécié l'éternel mari, il y a quelques années.. et je n'en avais plus aucun souvenir non plus, comme quoi, il ne m'a pas déplu sur le moment, mais il a vite été effacé de ma mémoire.

Donc 2 ratages pour un semi ratage.J'ai pu trouver cette nouvelle en PDF, gratuitement, donc autant en profiter pour voir si l'auteur est plus convaincant que sur les longs récits, et approfondir ma culture littéraire russe dans l'optique de l'an prochain.

et donc le coeur faible, ce serait plutôt le cerveau faible, puisque contre toute attente et ce que l'amorce de la nouvelle pouvait laisser prévoir ( 2 pistes différentes, une possible, une bien improbable vu l'époque, mais qui m'aurait fait très plaisir), c'est de folie qu'il va être question.
décidément après les histoires de fous de Tchékhov, je n'en sors pas et je ne fais même pas exprès.

et ce coeur- ou cerveau- défaillant appartient à Vassia, jeune fonctionnaire, copiste de textes de lois, issu d'une condition très modeste, plutôt malchanceux en général, d'un physique quelconque ( on sait qu'il est petit, boiteux et qu'il a les yeux bleus, donc un portrait très sommaire). Vassia partage un appartement avec son collègue de travail et meilleur ami Arkadi. tous les deux sont proches, très très proches ( et c'est là que j'ai brièvement espéré un peu d'audace, même en restant dans la chasteté et les non-dits, mais...non).
et Vassia est soudain dans une situation inattendue: tout se passe bien, et ça lui fait peur, tant il n'en a pas l'habitude.
Non seulement, la fille qu'il courtise depuis des semaines sans grand espoir vient de lui dire oui, mais en plus son chef qui apprécie son travail efficace et très propre lui confie souvent des petits travaux supplémentaires qui lui permettent d'arrondir les fins de mois ( et donc de pouvoir prétendre à la main d'une jeune femme de petite bourgeoisie qui ne roule pas sur l'or vu qu'il aura de quoi assurer leur quotidien), mais en plus lorsqu'il présente Arkadi à Lisa l'heureuse élue, le courant passe bien, ce qui lui permet d'envisager de continuer à cohabiter à 3 ( et là, on se dit qu'on va s'orienter sur une classique histoire de triangle amoureux, ou moins classique de ménage à trois assumé. Encore raté).

Mais le problème c'est que Vassia , qui avait son travail supplémentaire en main depuis 3 semaines, un temps largement suffisant pour en venir à bout, a complètement délaissé tous ses devoirs pour draguer Lisa. Et le voilà au nouvel an, avec 6 cahiers à copier, qu'il vient à peine de commencer pour le surlendemain. Sauf que.. il faut aller voir Lisa pour le nouvel an, il faut faire un détour par la boutique de cadeaux, il faut aller présenter ses voeux au chef..
3 jours pour copier 6 cahiers sans arriver à se concentrer, en s'éparpillant, tout en se mortifiant d'être aussi éparpillé. Vassia va en perdre la tête. Car jamais il ne lui vient à l'esprit d'aller sérieusement demander au chef s'il peut avoir un délai, et lui expliquant la situation, en lui donnant les pages déjà prêtes pour preuve de bonne foi,  ou d'inventer une maladie diplomatique pour gagner quelques jours.. non, il préfère se tuer à la tâche et se priver de sommeil par trop de reconnaissance pour ce chef si sympathique.

Vous sentez le problème? C'est ça: non seulement les raisons de la dégringolade de Vassia sont assez ténues, à moins qu'il n'ait déjà été sérieusement dérangé auparavant, ce qui n'est jamais dit ( un peu trop enthousiaste et exalté, oui, mais dingue), et a priori, personne ne devient complètement pin-pon en 3 jours de surmenage. On tombe de fatigue, on se réveille 15 heures plus tard avec la tête dans le pâté sans trop se souvenir de ce qui s'est passé... mais on n'en vient pas à imaginer d'être envoyé au bataillon disciplinaire pour un travail supplémentaire en retard.
Pour ce coup là, je dois dire que la folie n'est pas retranscrite de manière très crédible. Même dans le cas de la salle 6, Tchékhov, qui en tant que médecin savait de quoi il parlait, rend la chose crédible en expliquant en 2 lignes que le malade est progressivement devenu zinzin en développant une névrose sur plusieurs mois.
Et donc impossible de prendre en sympathie ce gugusse parce que tout est trop précipité, Arkadi est un peu plus touchant dans ses efforts pour aider autant que possible son ami ( et paradoxalement, donc, mieux caractérisé que le personnage principal), Lisa, sa mère et son frère sont des figurants.

Par contre on a droit à un vrai pétage de plombs en règle de l'auteur qui lui part en délire absolu sur la description d'un bonnet, comment sont les couleurs, les dentelles, les rubans, et jusqu'à la nationalité de la mercière..
J'ai presque envie de dire.. on s'en tape! Il suffit de dire qu'il choisit avec grand soin le plus beau chapeau qu'il trouve comme cadeau de nouvel an pour Lisa et..  un peu plus loin il remet ça en décrivant le détail des broderies du portefeuille de Lisa. 
Je ne sais pas, donne nous des raisons de nous intéresser à tes personnages, Fiodor, le décor n'a pas franchement d'importance pour une nouvelle. Dans un roman de 500 pages pourquoi pas, mais pas dans une nouvelle de moins de 90 pages...
Mais là, il y a clairement un déséquilibre entre ce qui est décrit et son intérêt pour la narrration en fait.

Après, comme toujours, il s'agit d'une vieille traduction comme souvent pour les éditions libres de droit . Une plus récente signée André Marcowicz a été publie en 2000, il faudrait que je compare, juste pour voir si le délire surexcité sur le bonnet est le fait de Dostoievski lui même ou d'un traducteur trop enthousiaste.

Mais a priori, je ne suis pas encore réconciliée avec l'auteur, même si je sais que je ne pourrais pas l'éviter dans les années qui viennent.

D'ailleurs, si j'y pense ou si j'ai l'information, à partir, je vais mentionner de quelle traduction il s'agit, histoire d'en garder une trace, surtout pour mon usage personnel à l'avenir.

traduction de Michel Forstetter - 1947
5/4 je passe en catégorie supérieure!


vendredi 15 février 2019

de l'art et du cochon


Cette année, j'ai décidée d'évacuer d'emblée les sucreries dans le concept de cucul-la-praline, pour ne garder que la première partie de l'expression..


croquons ensemble les fruits défendus

Oui.

Et de publier ça le 15 février, logiquement, car c'est la Saint Claude ( que le calendrier facétieux colle pile le lendemain du 14 février. si vous ne comprenez pas la référence, cliquez donc sur le lien. C'est parti pour des cochoncetés.

J'ai donc le plaisir de vous présenter un long poème érotique vintage, publié en France en 1825, véritable péan aux plaisirs du plumard ( érotique certes, mais pas vulgaire), qui invoque la Grèce antique et le culte de Vénus, l'idée de faire des choses dans les montagnes avec les muses d'Appolon, les joies du gamahuchage ( je vous laisse chercher ce que signifie ce mot désuet, la pratique existe évidemment encore, rien de nouveau sous le soleil.. ou plutôt, ici, sous la pleine lune, mais doté un vocable moins ...savoureux ), du tripotage en duo - pour prendre les choses en main, c'est toujours mieux que seul(e), et de savoir varier les plaisirs et les "angles d'approche" .
Que de périphrases je suis obligée de faire pour rester " tout public". Mais c'est drôle aussi de chercher comment dire les choses sans les dire.

L'auteur anonyme insiste toujours sur le fait que les religieux de tout poils et leurs interdits peuvent aller se rhabiller, parce que bon, une partie de jambes en l'air ( et pas seulement pour avoir des enfants, même si ça peut en être une des raisons, ici mollement - si j'ose dire- évoquée presque comme "excuse" dont on sent qu'elle est assez... pipeau) est quand même un plaisir bien humain ( et à portée de toutes les mains, j'ai envie d'ajouter ;)), qu'il serait dommage de se refuser pour des raisons aussi fallacieuses que les préceptes d'une religion rigoriste quand, en substance, les cultes polythéistes l'autorisaient ou même l'encourageaient.
Par contre il est plus étrange de fustiger les athées, quand on sait que "libertin"était à l'origine un équivalent de "libre penseur" et donc par essence, athée ou quasiment. Quelqu'un en tout cas qui se fiche comme d'une guigne des principes religieux, des châtiments célestes, et ne croit en tout cas pas que s'il y a un dieu, il n'aurait rien de mieux à faire que de s'occuper en particulier de se qui se passe dans nos culottes. Et donc par glissement (....de sens, évidemment), on en est arrivé à "quelqu'un qui n'est pas trop regardant sur qui il ou elle met dans son lit.

C'était valable en 1825, ça l'est encore en 2019 quand on voit qu'il y a encore une énorme censure anti-nichons sur les réseaux sociaux, des réactions complètement disproportionnées face à des choix personnels d'adultes consentants par des gens qui veulent imposer LEUR morale. Dire "JE n'ai pas le droit de faire ça parce que MA religion me l'interdit", bon, pourquoi pas, c'est ton problème. Par contre " TU n'as pas le droit de faire ça parque que MA religion l'interdit", là, ce n'est plus recevable.

Par contre, tant qu'à choisir s'il faut vraiment une religion, moi j'ai choisi, hein, si Yarilo , dieu des galipettes dans la nature intercède en ma faveur, j'irais très volontiers sacrifier à son culte dans les meules de foin en compagnie d'un .. certain monsieur. 

Alors oui, désolée, messieurs qui êtes aux hommes, mesdames qui êtes aux dames, adeptes des activités de groupe.. l'auteur se concentre sur les activités à deux  ( et non "par douze") et hétérosexuelles, mais toujours joyeuses et consenties agrémentées de "mignonnes" gravures certes explicites, mais où tout le monde à l'air bien content d'être là ( ce qui fait que l'ensemble n'est pas malsain, ce n'est pas du Sade non plus).
De quoi arriver à la conclusions que nos arrière-arrières-arrières grands-mères et grand-pères étaient de sacrés polissons, et en même temps si on est là pour en sourire,  c'est bien qu'il s'est passé des choses derrière les portes closes et dans les granges.

Donc voilà le lien pour consulter le texte et ses illustrations ( faut zoomer pour lire les quatrains qui leur servent de légende), mais vous êtes quand même prévenus, NSFW, pas pour les enfants, interdit aux moins de 18 ans, blablabla!
Miches rebondies, petits pains tout chauds et saucisses en veux-tu-en-voilà.
Invocation à l'amour, chant philosophique


je n'avais pas encore de logo pour les sujets un peu tendancieux, cette joyeuse saucisse très "en forme" fera l'affaire

jeudi 14 février 2019

amour et pigeons ( film 1985)

Allez, l'an dernier le sujet anti-valentin était " Deux personnages qui se prennent des râteaux en musique", cette année, ce sera toujours un sujet russe, pour cause d'hiver russe et que je fais ce que je veux même que d'abord... mais on va parler de cocufiage. Ouaip.

Donc un film, choisi un peu au hasard, parce que j'avais déjà entendu le titre quelque part et que bon, ma culture ciné russe est pour l'instant assez limitée, surtout pour les films autres que politiques ou adaptations de romans.

Et le titre était suffisamment bizarre pour m'intriguer.
Il s'agit là de vrais pigeons, même si dans l'histoire Nadia va se faire pigeonner au sens français du terme, par son mari.



Vassia, un brave gars un peu candide, la quarantaine bien tassée,  vit dans un village assez isolé à la campagne, avec sa femme Nadia et leur 3 enfants déjà grands Liouda l'aînée, mariée, mais revenue vivre chez ses parents après une dispute avec son mari, Lionka le garçon qui a l'âge de partir à l'armée, et Olga la dernière, très proche de son père.



Et le torchon brûle entre Nadia et Vassia: celui -ci a une passion dévorante pour la colombophilie et dépense souvent l'argent difficilement mis de côté pour les vêtements et produits nécessaires en achetant de nouveaux pensionnaires pour son colombier. Pigeons qu'elle rend la cause de son échec marital ( plutôt que son caractère grognon).
Olga est la seule qui s'y intéresse un peu, aussi, son père lui apprend comment dresser les oiseaux à revenir: seuls les mâles partent dans la nature, mais reviennent toujours retrouver leurs pigeonnes qui restent au colombier.

C'est évidemment une allégorie de ce qui va se passer. Vassia est victime d'un accident de travail et envoyé faire une cure de remise en forme dans un complexe dédié ( probablement au bord de la mer Caspienne ou de la Mer Noire). Le pigeon quitte le nid et madame, et se retouve vite à roucouler avec Raïssa, une autre employée de la même firme. Raïssa est tout ce que Nadia n'est pas: farfelue, élégante ( pour l'URSS des années 80!) et même largement bizarre: dingue des médecines alternatives, et avec une nette tendance à vivre et parler comme un personnage de roman et de cinéma.
Evidemment, Vassia va se laisser éblouir un moment avant de se rendre compte qu'elle est vraiment trop une fille à problème. Oui mais revenir au bercail après avoir largué femme et enfants ne va pas être évident quand la moitié du village pense qu'il vaut mieux faire profil bas et courir vite si on veut éviter les coups. Le rabibochage arrivera évidemment, mais pas sans difficultés.

quand baboushka prend une pelle.. courez-vite!
Ca c'est pour tous mes potes qui idéalisent les femmes russes. Cadeau les gars!

Ce n'est pas le genre de films que je regarde habituellement je dois dire, et le sous-titrage en anglais n'était pas très bon, avec pas mal de coquilles, c'est dommage.
Après l'histoire est cousue de fil blanc, bien sûr que monsieur va rentrer au pigeonnier, sa famille - et ses oiseaux- lui manquent trop, et bien sûr que cette incartade va resserrer les liens entre lui et sa femme.
Mais bon j'ai du mal avec les personnages qui en font systématiquement des caisses ce qui rend bouffon un passage supposé être dramatique et casse les bons gags ( le film est censé être une comédie)
Mais j'aime bien Tante Sania et Oncle Mitia, les deux voisins hauts en couleurs de Vassia. Ils s'adorent autant qu'ils se chamaillent, principalement à cause de la tendance de Mitia à tout dramatiser ou  raconter des bobards pour se faire offrir un verre de tord boyau ( par exemple quand il vient raconter à tout le monde que sa femme est morte la veille, le village est déjà prêt à organiser les obsèques.. jusqu'à l'arrivée de Sania bien vivante.. qui se met à le poursuivre armée d'une pelle.Ben oui le brave vieux a en fait raconté son rêve et "oublié " de dire qu'il s'agissait d'un rêve).

Après il y a UN truc que je trouve sympa: cette histoire d'amour et de cocufiage ne se termine pas forcément bien ( Liouda ne se réconcilie pas avec son mari) mais surtout, on est chez les paysans. Qui ont l'air de paysans. Pas de stars internationales déguisées en agriculteurs. La femme fatale n'est "fatale" que par comparaison avec les rurales, mais tout à fait banale dans son appartement en ville, qui fait la taille de mon studio.  Elle n'a pas un physique extraordinaire. Vassia n'est pas non plus le genre de type qu'on imagine déclencher une passion aveuglante et pourtant... un point pour le réalisme.
Car oui, on peut très bien rencontrer l'homme ou la femme de sa vie (ou d'un moment de sa vie) à la supérette du coin entre deux rayons de petits pois en promo. On peut très bien être raide dingue d'un homme normal, ou d'une femme normale. Et c'est tant mieux pour 99% des habitants de la planète.

Ca arrive largement plus souvent que le coup de foudre entre une nana comme moi et un millionnaire jeune et beau ( dans le cliché hollywoodien qui n'est pas mon genre) qui passerait par hasard dans ma rue et serait ébloui par ma tenue banale et ma coiffure banale de nana banale ( en même temps, s'il passait dans ma rue, ahem... disons qu'entre la boutique de jouets pour adultes et le bar " drapeau arc-en-ciel", ce ne serait probablement pas moi qui l'intéresserait)

Donc voilà,un film où.. tout est normal. L'histoire du démon de midi est classique, mais au moins elle a le mérite de ne pas essayer de faire rêver... ce qui lui donne un côté doux-amer assez mignon par moments. Mais desservi par un surjeu assez pénible ( là on est dans les codes de la tragédie antique où tout le monde en fait des caisses)
Mais je pense que la conclusion de l'histoire reste: contente toi de ce que tu as, essaye de l'améliorer à la limite, mais ne rêve pas à ce que tu ne peux pas atteindre ( ou attends toi à une désillusion)

Déprimant, hein.. allez, bonne saint Baratin!

mercredi 6 février 2019

Les eaux printanières - Ivan Tourgueniev

Et donc, après une première tentative mi figue mi raisin en octobre, je retente le coup avec cet auteur classé 5° sur 112 dans la liste des meilleurs auteurs de ce site ( liste évidemment totalement partiale puisque faite par les créateurs du site).

Hop, c'est parti pour les eaux printanières,avec un peu d'avance sur le printemps, mais ce mois ci, le challenge classique met les ouvrages courts à l'honneur... - de 150 pages, celui-ci en compte 126, donc c'est tout bon!
Et donc, je continue mon hiver russe tranquillement.

Je ne sais pas pourquoi mais je m'attendais en fait à ce que ce soit de la littérature un peu "gentillette", fleur bleue, pour midinettes ( peut être à cause du résumé en 4° de couverture), il n'en est rien, il y a un certain humour assez sarcastique dans cette histoire, et  l'évolution comme la conclusion  sont particulièrement cruelles.
Je ne sais pas si le côté sarcastique était  déjà le cas de l'écriture en VO ou  si c'est un parti pris de la traduction, j'avais déjà dit ça pour " Les fantômes", mais vu que ça se retrouve ici, je penche pour un côté sarcastique d'origine. J'aime ça!


Dmitri Pavlovitch Sanine, un quiquagénaire désabusé ( quasiment un petit vieux, selon les critères de 1870), sans famille et sans vrais amis,  prend soudainement conscience de la tristesse et de la vacuité de son quotidien, et du fait qu'il a raté sa vie. Il retrouve presque par hasard un bijou oublié au fond d'un tiroir qui lui rappelle un amour de jeunesse, et le moment où, justement, les choses ont mal tourné pour lui.

A 20 ans et quelques, naïf, idéaliste, plutôt charmant dans le genre blondinet nordique, alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui après un long voyage, de ceux qui formait la jeunesse des nobles et/ou riches messieurs du XIX°siècles, il a rencontré la brune italienne Gemma en Allemagne.

Gemma est de condition modeste, jolie évidemment, on est dans un roman du XIX° siècle quand même, le mignonnet héros ne va pas s'éprendre d'une mocheté, mais, bonne surprise: dotée d'un caractère bien trempé, et d'un sens de l'humour solide ( Ouf, du coup on évite, l'histoire d'amour avec une potiche dont le côté décoratif est le seul atout, ce genre de chose gave terriblement la femme du XXI° siècle que je suis, quand l'héroïne a autant de personnalité qu'une boîte vide, mais joliment enrubannée)

Mais hélas, elle est fiancée à un homme bien sous tout rapports, plutôt aisé, le gendre idéal...  et aussi terriblement ennuyeux, vaniteux et imbu de sa personne. Gemma a vite fait d'envoyer bouler ce fiancé encombrant, et Dmitri de prendre la place vacante sauf que...
Pour épouser la fille, il faut de l'argent, pour avoir de l'argent, il va devoir vendre la propriété dont il a hérité. La providence - ou plutôt la malchance- lui fait rencontrer Ippolit, un ancien camarade d'école, un type d'une banalité affligeante, mou, qui passe sa vie à manger et dormir, et paradoxalement flanqué d'une femme raffinée, élégante, très riche et douée pour les affaires. Dmitri envisage donc de vendre sa propriété à la richissime Maria Nikolaïevna, mais évidemment, les choses ne se passent pas comme sur des roulettes, et Dmitri, âme pure et innocente, est loin de se douter qu'il est le jouet d'Ippolit et Maria, couple d'apparence si peu assorti, mais parfaitement harmonisé sur le terrain de la manipulation.

J'ai bien aimé les petits traits d'humour: un vieux chanteur italien en retraite qui ressemble trait pour trait à son caniche, la famille d'italiens expatriée en Allemagne, qui sait à peine où se trouve la Russie et pose des questions de touristes naïfs (s'imaginant que le pays n'a pas d'été et est perpétuellement pris dans la glace), un duel un peu ridicule qui parodie ouvertement celui d'Eugène Onéguine, la veuve qui passe son temps à dire " haaa, si feu mon mari était là" et fait des montagnes de tout, absolument tout, le commis de magasin compassé et imbuvable...et bien sûr Dmitri, adorable et naïf jeune premier, mais impulsif capable de coups d'éclats inattendus, tous ces "types" sont plutôt finement croqués.

Mais surtout Ippolit et Maria sont des personnages assez inattendus par rapport au reste. Pervers et cruels sous leur apparence de type mou et de femme d'affaire.
Cette perversion et ce décalage avec le gentil héros est étonnante et rend les choses plus intéressantes que ne laissait paraître le récit de cette histoire d'amour a priori légère et fraîche, mais sans grand enjeu. On ne fait pas un récit marquant avec des gens qui sont heureux et pour qui les choses se passent bien. Et voir soudain le scénario prendre un tour surprenant ( même si je l'ai vu venir, progressivement, sans deviner par contre les motivations de chacun) ça fait très plaisir.
Et la conclusion est quand même assez étonnante, à se demander si le héros retrouve une seconde jeunesse et un peu de ressort, ou s'il fonce droit dans un mur magistral. En tout cas, je trouve intéressant de voir que l'âge du héros au début de l'histoire correspondant assez à celui de l'auteur. Est-ce que c'était pour lui une occasion de se donner une deuxième chance fictive et littéraire suite à une déconvenue personnelle?

Donc voilà enfin un contact assez réussi avec l'auteur. J'ai quelques autres lectures possibles et je continuerai donc après cette jolie surprise.

mois du court!