Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

Qui passe par ici?

Flag Counter

dimanche 26 juin 2011

Mythes Incas - Gary Urton

Troisième et dernier petit essai de la collection point sagesse, avant la fin du défi Mythes et légendes, sur les mythes incas cette fois.

et qu'y apprend-on? Pas mal de choses sur l'archéologie d'un royaume qui s'est étendu du sud de l'équateur jusqu'au milieu du Chili et une partie de la Bolivie, apparemment très organisé politiquement. Mais au final , très peu sur les mythes en eux mêmes. Contrairement aux mythes chinois, compilés très tôt dans l'histoire ( et trafiqués aussi) ou aux mythes égyptiens très bien documentés, le principal problème ici est le manque de données fiables ou précises.

Pour la raison très simple que le royaume inca n'avait pas de système d'écriture, ou tout au moins pas encore identifié. Tout au plus a-t-on retrouvé des quipus, ensembles de cordelettes nouées indéchiffrables pour les non-initiés, qui servaient surtout à coder des données, qui étaient ensuite retransmises en "lectures publiques" par les experts. De même pas de dates précises ni de certitudes quand au règne de tel ou tel roi, réel ou mythique. Contrairement aux langues mayas ou aztèque par exemple.

Deuxième problème évoqué par l'auteur: le royaume incas s'est structuré en absorbant différents peuples isolées dans les vallées andines, qui avaient chacun leurs traditions, leurs rites, leurs mythes d'origine, etc... destinés à les différentier des ethnies des vallées voisines,qui ont été remaniés lors de la conquête inca, pour justifier la domination en donnant à tous ces peuples épars une unité culturelle, via le mythe de création "officiel", plaçant les incas et leur roi au sommet de la hiérachie. Exit au passage donc, les mythes andins preexistants.

Troisième problème: les seuls écrits qui nous sont parvenus datent de la conquête espagnole, donc soit rédigés par des religieux chrétiens forcément partiaux dès qu'il s'agit de dénoncer les "hérésies" telles que le culte des momies ancestrales ou du dieu du soleil. Soit par des autochtones convertis, désireux de complaire à l'envahisseur - ou de sauver leurs têtes-, qui proposent des version tronquées ou remaniées des mythes afin de les faire ressembler le plus possible aux croyances chrétiennes. Les meilleurs "enquêteurs" ont compilés les récits fait par un certain nombre de lecteurs de quipus pour les recouper, ce qui donne au mieux un corpus assez touffus et peu homogènes de mythes tronqués ( car rien ne peut permettre que les lecteurs de quipus n'ont pas eux aussi, remanié à leur sauces les légendes locales). Des récits de seconde ou de troisième main.

Ainsi le dieu Viracocha, dieu créateur, présenté comme un homme blanc, barbu, vêtu de blanc, assisté de ses deux fils.. impossible de démêler s'il s'agit d'un triade divine ou d'une transposition de la trinité chrétienne.

Et c'est bien dommage, car on devine aux extraits proposés ( toujours avec les pincettes de rigueur), que la mythologie pré-inca d'abord et inca ensuite devait être très variées, vu les caractéristiques géographiques du pays, et originale. On ne saura pas non plus exactement quelle sont les différences fondamentales entre les deux dieux principaux, Viracocha et Pachacamac, ou s'il s'agit simplement de noms locaux d'une même entité. On n'apprendra pas non plus grand chose au sujet des croyances locales, écrasées par celles de l'élite Inca. Tout au plus que le culte des momies et des lieux sacrés ( grottes, montagnes, sources..) a perduré pendant au moins deux siècles après la conquête, au travers de relations de procès en idolâtrie par les missionnaires.

Donc, si l'opuscule est intéressant au niveau historique, il est en revanche frustrant en ce qui concerne les légendes, puisque deux invasions les ont complètement dénaturées ou effacées. Et qu'il est impossible de démêler ce qui est historique ou légendaire ( Viracocha le dieu est-il une version mythifiée du roi Viracocha Inca qui a vécu vers 1430, ou le roi tirait-il son nom d'une divinité préexistante?). L'auteur tente pourtant de dégager les mythes de création ( céleste, humaine), de destructions ( car contrairement à ce que l'on trouve dans d'autres cultures, ici pas de mythe d'une destruction du monde suivie d'une âge d'or, mais d'une série de destruction ou plutôt de révolutions périodiques) ou de légitimation de la royauté ( via les mythes de création). Mais tout celà reste très morcelé, et ce ne sont pas les sources proposées qui vont vraiment faire avancer les choses ( la plupart sont des ouvrages anglophones, une mini bibliographie francophone est proposée en appendice, mais beaucoup d'ouvrages jeunesse là dedans).

Une mythologie condamnée donc, à rester très parcellaire, pour cause de bouleversement politiques successifs. Oui, très frustrant! Mais au moins j'aurais appris des choses sur la société inca, telle qu'elle était lors de la conquête espagnole, c'est déjà ça.

( et maintenant.. une envie: je me reverrais bien LE dessin animé culte de ma pas trop lointaine jeunesse: les cités d'Or, qui avaient un parti pris assez farfelu et SF, mais qu'est-ce que c'était bien!)

dimanche 19 juin 2011

Mythes Egyptiens - Georges Hart

Deuxième ouvrage chez Points cette fois sur les mythes Egyptiens. Un peu moins exotique que la mythologie chinoise, mais quand même très complexes...Car chaque ville un peu importante semble posséder non seulement ses propres dieux, mais encore des mythes totalement différents de ceux du sanctuaire d'à côté.

 La bonne nouvelle, c'est que cet essai est moins fouillis que le précédent, sur les mythes Chinois, bien que les sources soient beaucoup plus nombreuses et variées. Hart sait simplement mieux organiser son plan.

On a donc une première partie sur les mythes cosmiques, à travers quatre exemples:

 - la théogonie d'Héliopolis: génération spontanée du dieu Atoum qui sort de l'océan Nou, symbolisant l'état de Non existence.. curieusement ça m'évoque pas mal la théorie du Big bang en fait. Atoum (le solei, autres noms: Ra, Khépri, etc...) crée ensuite, toujours plus ou moins spontanément le dieu de l'air Shou, et la déesse de l'humidité Tefnout, qui vont à eux deux créer  Geb, la terre et Nout le ciel, d'où seront issus les principaux dieux Egyptiens,  Osiris (l'autre monde) Isis ( le trône d'Egypte) Seth ( le chaos), Nephtys (equivalent négatif d'Isis), puis Horus, dont le pharaon est l'incarnation terrestre. Dans la seconde partie, Hart revient sur tout ça, dans une partie sur les mythes de royauté, qui permet donc de légitimer les unions consanguines dans la haute société ( puisque les dieux le font), et la souverainté du Pharaon, qui descend donc de Ra via Horus.

- la théogonie de Memphis: à Memphis, le dieu principal est Ptah, créateur par la pensée, artisan suprême,  quand Atoum  est un créateur très prosaïque (dans la version la plus " soft" il était dit qu'il avait éternué Shou et craché Tefnout).

-la troisième légende de créatio , celle d' Hermopolis, est basée autour de 8 dieux, 4 principes masculins représentés par des crapauds ( on retrouve Nou, les eaux originelles), et leurs équivalents féminins, 4 déesses serpents. Les 8 dieux sont pour les habitants d'Hermopolis ceux qui ont créé entre autres Atoum. Manière de donner à leur version la primauté sur celle d'Héliopolis. Parmi les 8, c'est Amon (l'énergie primitive) qui va peu à peu prendre le pas sur les autres, devenant la divinité créatrice des 7 autres.

-4° exemple, la  théogonie thébaine. Amon y est aussi le dieu créateur cosmique, mais contrairement aux autres systèmes, seule la théogonie thébaine - et sa variante d'Esna - propose un créateur humain: Khnoum, le dieu potier à tête de bélier qui fabrique les humains ( à rapprocher de la femme Gua, qui a la même fonction dans les mythes chinois).

Pour plus de clarté, un site pas mal fichu, avec des illustrations en prime :Mythologica Egypte, mythes de la création

Ensuite, plus connus, vient le mythe de la royauté, qui légitime le pharaon, comme incarnation d'Horus le dieu faucon, fils d'Osiris, dieu des morts. Toute la partie autour de la mort et du démembrement d'Osiris conditionne d'ailleurs les rites mortuaires d'ancienne Egypte. Cette légende est assez drôle, Seth et Horus passent leur temps à se jouer de mauvais tours, à s'attaquer en justice... Où on découvre que dans le fond aucun dieu n'est vraiment entièrement bon, même Hathor ( déesse vache de la joie) qui peut devenir Sekhmet ( déesse lionne du carnage).

Le chapitre suivant , sur le voyage du soleil, est l'aspect essentiel des mythes égyptiens, là aussi lié aux rites funéraires. Plusieurs versions en existent, peinte dans les tombeaux: la nuit, le dieu soleil Ré traverse le monde des morts, qui dépend donc du dieu Osiris, suivant 12 étapes sur sa barque ( 12 heures, selon le livre de l'amdouat, 12 grottes selon le livre des grottes, 12 portes selon le livre des portes), et doit combattre divers ennemis afin de renaître au matin. Et tel le dieu soleil, le personnage enterré sera donc équipé  de provisions, barques funéraires, amulettes, et toutes sortes de matériaux pour lui permettre de voyager dans les meilleures conditions vers une possible renaissance.

Un autre chapitre très intéressant suit, qui nous montre comment des personnages historiques dont l'existence est attestée, ont été divinisés. Tel Imhotep (architecte du roi Djoser, vers -2600), qui d'artisan modèle est passé à artisan cosmique un millénaire plus tard ( donc vers - 1600, ces dates me donnent réellement le tournis!Juste le fait de se dire "mille ans plus tard", c'est encore 3 millénaires et demie avant nous.) fils de Ptah, dieu de la médecine, encore vénéré en Egypte à l'époque de Jules César tel un dieu guérisseur. Ou encore le commandant Djehouty (chef militaire de Thoutmosis III, vers -1450, devenu une sorte de héros légendaire), ou le pharaon Ramses II et son épouse hittite (vers -1250) parés du statut d'interlocuteurs directs des dieux.

Enfin, le dernier chapitre est un pur bonheur: car on délaisse un peu la mythologie proprement dite, pour aborder les contes, non plus d'un point de vue religieux, mais d'un point de vue récréatif, via 3 histoires: celle de Djadah em ankh, grand prètre du roi Snefour, à qui le conteur attribue un pouvoir de commander à l'eau, Djedi, le centenaire contemporain de Khéops, qui connait le secret de rendre la vie à un animal mort et coupé en morceaux ( dommage, les papyrus ne donnent pas les formules magiques pour dominer l'eau ou resssuciter les morts), l'Ile magique ( une histoire de marin échoué sur une île ou règne un reptile bienfaisant. Un peu dans l'ambiance de Simbad le Marin, ou de l'Odyssée - malheurs en moins). La dernière légende, "les métamorphoses de Bata", fait à nouveau intervenir les dieux, mais d'une manière qu'on retrouve dans d'autres légendes indo européennes (un peu de mythe de Pandore par ci, un peu de mabinogion par là, une pensée de mythes nordiques.. preuve probablement que tous ces thèmes font partie intégrante d'un ensemble mythique datant d'avant la séparation des cultures indo-européennes et chamito-sémitique)

bref: à lire, à lire à lire!!
2/10

jeudi 16 juin 2011

Pandora la première femme - Jean-Pierre Vernant

Deuxième Essai de Vernant, cette fois autour du Mythe de Prométhée et Pandora...

Plus qu'un essai, ce court opuscule est la transcription d'une conférence donnée par Vernant en 2005 à la BNF.
Le mythe en lui même est important, puisqu'il raconte d'une part la séparation des dieux et des hommes après le" coup d'état" de Zeus, avec l'institution des sacrifices rituels, la création de l'agriculture, et d'autre part la séparation des sexes, avec la création des femmes.
Dans un premier temps de l'histoire, les dieux et les humains vivaient un âge d'or sous le règne de Kronos, sans distinction de statut, jusqu'à ce que Zeus prenne le pouvoir et établisse une hiérarchie, et décide de chasser les hommes du royaume des dieux. Il demande à Prométhée de sceller cette division par un partage équitable d'un boeuf sacrificiel, mais Prométhée n'apprécie pas l'injustice et tente de ruser en séparant les os de la viande, et camoufle les os sous de la graisse leur donnant une apparence appétissante, tandis qu'il camoufle la viande dans la panse de la bête, de manière peu ragoutante. Il laisse donc à Zeus le choix de la part qu'il va accorder aux dieux, en espérant compenser l'injustice faite aux hommes. Mauvais choix: Zeus choisit les os camouflés, soit justement la part de l'animal imputrescible et qui contient la moelle, substance vitale en Grèce. Laissant donc aux hommes la nécessité de se nourrir de la part mortelle de l'animal, et donc... entraînant la condition mortelle de l'Homme.
Ce premier sacrifice institue donc le rituel du sacrifice aux Dieux: on dépose sur l'autel les os et la graisse, considérés comme la meilleure part, que l'on fait brûler pour que la fumée nourrisse les dieux, avant de rôtir la viande et de la manger lors du banquet qui suit ( m'est avis que c'est une justification facile pour se garder le rôti et donner les déchets aux dieux :D)

Les hommes se voient donc condamnés à devoir manger pour survivre, et à inventer l'agriculture: en effet Zeus a également décidé que les céréales ( qui du temps de Kronos poussaient sans délai ni aide), devront être cultivées. Mais les aliments ne pourront pas être cuits, car Zeus, décidément très remonté, refuse le feu aux hommes.

La suite est plus connue, Prométhée vole le feu de Zeus pour les hommes afin qu'ils puissent cuire la nourriture et est puni.

Toisième étape de la vengeance de Zeus: créer aux homme un problème éternel, incarnée par Pandora, la première femme, fabriquée à l'image d'une déesse avec le concours d'une partie des divinités Olympiennes, et l'envoyer chez le frère de Prométhée, comme cadeau.
Attention, c'est le moment ou la mysogynie des grecs anciens se révèle dans toute sa splendeur, car Pandora n'est que fausseté dotée d'une "âme de voleur et de menteur" (et pas tellement de cervelle au final) dans une enveloppe flatteuse, mais artificielle.
Si on en croit Vernant, d'ailleurs, elle n'est pas entièrement responsable d'ailleurs, car c'est sur ordre de Zeus, qu'elle emporte la jarre contenant les maux et l'ouvre pour laisser s'échapper les joyeusetés qui sont le lot des humains: maladie, fatigue, vieillesse, etc... Ce qui y reste est abusivement qualifié d'espoir, car la notion grecques est plus vaste: attente de quelque chose d'incertain, donc espoir s'il s'agit d'une bonne chose, mais crainte, s'il s'agit d'une mauvaise chose.

Autant le dire de suite, ce tout petit ouvrage est passionnant. Le mythe, ou plutôt les mythes sont passionnants, et la manière de l'aborder par Vernant est d'une clarté limpide, et pleine d'humour ( franchement qui à part lui pouvait décrire Prométhée, le dieu contestataire et égalitariste comme "le soixante-huitard de l'Olympe"?).

Etonnamment, Zeus, bien que dieu majeur du panthéon grec, y apparait sous un jour très négatif: querelleur, mesquin, roublard, revanchard... tandis que Prométhée, défenseur de l'humanité et victime à son tour, en est le personnage positif. On comprend mieux les qualificatif parfois peu flatteurs que reçoit Zeus dans l'Odyssée, sachant qu'il prend le pouvoir par la force , règne en despote, et donc est à la fois révéré et craint ( ou parce que craint).

Un petit ouvrage que je conseille vivement à ceux qui veulent s'initier à la mythologie grecque sans prise de tête: le mythe est un des plus importants, et on ne s'ennuie pas un instant, avec l'écriture très libre, parfois presque relachée (puisqu'il s'agit à la base d'une communication orale). J'imagine d'ici Vernant en conférence mimant ses dires - il faut que je précise que j'ai eu la chance de suivre les cours d'un de ses élèves, Bernard Mezzadri, le professeur le plus passionnant de toutes mes années de fac, j'imagine assez bien ce que devait donner les cours du maître). Je vois d'ailleurs  que certaines conférences sont disponible en audio, il va falloir que je me procure ça!

4/25

mardi 14 juin 2011

Mythes Chinois - Anne Birrell

Mythologie grecque, c'est fait, mythologie nordique, c'est fait... le défi mythes et légendes finit ce mois ci, et j'ai envie d'aller voir ailleurs, mais vraiment ailleurs, pour le finir en beauté. Et ça tombe bien, Points sagesses édite a édité une petite série d'essais sur les mythes du monde entier.

Nous partons donc en Chine cette fois. Et autant les noms des dieux grecs, romains, egyptiens, ou même nordiques peuvent parler aux européens que nous sommes, autant là, le dépaysement est total. Car à part L'histoire du bouvier et de la tisserande, et celle du roi des singes, ou encore l'histoire des signes du zodiaque chinois mes connaissances dans ce domaine sont très très limitées et c'est donc avec plaisir que j'ai pu me plonger un peu plus dans cette culture.

C'est donc un plaisir que de découvrir une mythologie presque totalement inédite pour moi, et très très différente de tout ce qu'on peut trouver en occident.
Mais  première petite déception: le livre est minuscule: 120 petites pages, on s'attendrait à plus au sujet d'un pays aussi grand, et qui regroupe un grand nombre d'ethnies. L'auteur s'explique ainsi: l'étude de la mythologie chinoise est d'une part très récente, par rapport à celles d'Europe, d'autre part, l'invention précoce de l'écriture fait que lorsque les légendes ont commencées à être compilées, un bon millénaire avant l'an 0, elles avait déjà été plus ou moins codifiées et limitées à un petit nombre. A quoi il faut ajouter une certaine phallocratie des élites de l'époque, qui ont fait disparaître tout élément féminin important, soit en amoindrissant le rôle des déesses, soit... en les transformants en homme.
ainsi, on apprendra que la déesse primordiale nommées " femme Gua", qui est la déesse créatrice de l'humanité, s'est vue dépossédée peut à peu de son importance au profit d'autres dieux.
On y trouvera donc quelques divinités féminines importantes, toujours placées du côté de la création, de la transformation, du sauvetage, et comme ancêtre mythique d'une dynastie. Les dieux masculins sont eux ceux qui amènent le progrès aux hommes sous forme d'outils, de grains, de récolte, d'organisation du pouvoir..

Les mythes de création sont particulièrement originaux ( et rappelle un peu les mythes égyptiens): presque toujours basés dur la mort ou la disparition d'un dieu ou d'un géant ( tel le dieu du chaos, "désordre épais", chose informe sans tête qui meurt lorsqu'un autre dieu lui offre des yeux, des oreilles et une bouche.. puisqu'une fois organisé, le chaos n'existe plus).

autre différence: la création ne provient pas d'une volonté divine, avec destinées et tout ça, pas plus que la destruction (un mythe de destruction proche du Ragnarok: les dieux se battent entre eux, les humains en sont les "victimes collatérales", il n'y a pas vraiment de volonté de punition. Pareil pour les mythes de déluges ou de sécheresse: la déesse du soleil a créé 10 soleils qui doivent se lever à tour de rôle sur une décade.. un jour ils décident de se lever tous ensemble, entrainant la sécheresse sur terre, et il faudra l'intervention du dieu chasseur pour se débarrasser des neufs soleils indisciplinés.. j'adore cette histoire.

Par contre ce qui est dommage, c'est que l'auteur se concentre sur un petit nombre de mythes et de personnages aux noms savoureux ( le dieu " victime prostrée", "le souverain millet", le héros " empreinte de reptile" , fils de "Enorme poisson"...),; mais au lieu d'examiner mythe par mythe, elle évoque différents aspects ( les mythes de création, les mythes fondateurs, les mythes de catastrophes.. etc..), et reprend donc ce qu'elle disait quelques pages plus tôt. ca ne serait pas si ennuyeux si elle ne reracontait pas l'histoire à chaque fois ( l'histoire de la naissance d'empreinte de reptile, au moins 3 fois, l'histoire des 10 soleils, pareil, l'histoire du héros hibiscus, pareil..) les lecteurs ne sont pas des poissons rouges tout de même!

Donc autant c'est intéressant, car c'est une mythologie totalement inconnue sous nos latitudes, autant elle réussit la prouesse de faire confus et fouillis en un nombre minimal de pages. c'est vraiment dommage.
Et une autre chose me pose problème, et je ne pense pas qu'on puisse vraiment dire que c'est un problème de traduction.. Je trouve très maladroit dans un contexte polythéiste, de dire à propos de tel héros " Dieu lui a fait faire ci" ou " Dieu l'a puni". Le vocable de Dieu , avec sa majuscule est quand même d'un emploi très monothéiste. Là je passe mon temps à dire, oui mais lequel? Quand on ne sait pas quel dieu était considéré comme le plus important par les chinois, c'est assez maladroit...
J'ai emprunté deux autres opuscules de la même collection, j'espère qu'ils seront un peu mieux organisés.

mardi 7 juin 2011

La vie est un songe - Pedro Calderòn de la Barca

Tiens un librio à 2 € histoire ne pas oublier ce défi là?

ISBN 2-277-30130-2, pas sure qu'il soit encore édité, une fois de plus il date du bon vieux temps des librios à 10 FF
Depuis le temps que je comptais le lire celui-là. Le titre me plaisait, Calderon est à l'Espagne au moins ce que Shakespeare est à l'Angleterre.
Et première bonne surprise, on est vraiment plus proche de Shaekspeare que du théâtre classique français: pas de règle des trois unités (ici l'action se passe sur 3 jours et plusieurs lieux différents), on passe du grave à l'humoristique presque sans ce rendre compte de rien. Non, vraiment après la structure ultra- rigide du théâtre classique français, ça fait du bien.

En plus le thème est assez métaphysique, ce qui n'est pas pour me déplaire.

l'action, en quelques mots: Basile, Roi de Pologne, s'apprête à renoncer à son trône et va désigner un héritier. Alors que ses deux neveux Astolfe et Estrella, qui plus est destinés à se marier, entrent en compétition pour l'héritage, Basile révèle qu'il a un fils caché, Sigismond, héritier naturel, mais...  Le mais est que Sigismond a été élevé toute sa jeunesse enfermé dans une tour au fin fond de la campagne, sans rien savoir de ses origines, car une prédiction faite à Basile lors de sa naissance promettait ruine et désastre au pays si Sigismond héritait, car le sort l'avait désigné comme devant être un roi cruel et caractériel.
Le plan de Basile est alors le suivant: droguer Sigismond pour le faire sortir nuitamment de sa prison sans qu'il en soit conscient, le réveiller héritier du trône et voir ce qu'il se passer. En se disant que si ça tourne mal et si la prédiction se réalise, il est toujours temps d'user du même stratagème pour lui faire croire qu'il n'a jamais quitté sa prison et a rêvé.
Et évidemment, ce qui devait se passer se passe, Sigismond entre dans une fureur noire lorsqu'il apprend qu'il a été emprisonné toute sa vie pour une simple question d'horoscope néfaste ( en même temps, ça se comprend...) et veut se venger de son royal père. Et donc, retour à la case prison, où il n'arrive pas a déméler le vrai du faux.
Sur cette histoire philosophique, se greffe une deuxième, plus classique, mais assez drôle: celle de Rosaura, qui veut elle aussi se venger: Séduite par Astolfe , qui va maintenant épouser sa royale cousine, elle veut très clairement soit le tuer soit le forcer à l'épouser elle. Et aussi, ayant appris que sa mère avait connu la même mésaventure, trouver son père qu'elle ne connait pas, et venger sa mère.
et c'est là que aïe! le petit tour de passe-passe totalement artificiel du théâtre qui a toujours un peu de mal à passer: la première personne qu'elle croise en arrivant sur une lande perdue est Clotald, son père, qui est également le ministre en charge d'approvisionner la prison de Sigismond, la seule personne avec qui Sigismond aie jamais parlé. Mais comme vient de voir Sigismond et de lui parler, Clotald se retrouve dans une mauvaise situation: légalement, il a ordre de faire exécuter quiconque parle à Sigismond, mais en même temps il a reconnu le bijou qu'elle porte, mais il ne peut pas lui révéler qu'il est son père sinon elle le tue... Il lui propose donc , sans éventer leur lien de famille, de devenir son tuteur en terre de Pologne, afin qu'elle puisse s'expliquer directement avec Astolfe.

Mais q'uon se rassure, ça finira bien pour tout ce beau monde, les liens familiaux seront les plus forts, Basile s'excusera d'avoir mal traité son fils sur des suppositions, le fils se montrera magnanime, etc...

En soit, tout le côté philosophique m'a bien plu, l'allégorie de Sigismon en prison qui ne rien de plus que le personnage de la caverne de Plton, le côté illusoire de toute entreprise humaine, etc...
j'ai un peu moins apprécié l'histoire de vengeance de Rosaura, beaucoup plus classique, mais elle ménage quand même quelques scènes assez comiques, du fait que Rosaura n'est pas du tout une héroïne conventionnelle.. Un peu casse-bonbons entêtée la donzelle, qui n'hésite pas à s'armer jusqu'aux dents et manipuler Sigismond pour qu'il déclare une guerre au roi et à son neveu en leur deux noms.

Par contre une fois de plus chez librio, j'ai l'impression que la traduction laisse un peu à désirer: des personnages qui passent du tutoiement au vouvoiement sans raison apparente, des tournures tellement alambiquées qu'elles semblent avoir été traduites au mot à mot. A vérifier sur scène ou dans une autre traduction.

lundi 6 juin 2011

Chârulatâ - Rabindranath Tagore

Pour mon premier Roman indien, je ne pouvais pas passer à côté de Tagore, j'ai sauté sur l'occasion quand j'ai vu que les Editions Zulma ont enfin édité Chârulatâ que je cherchais depuis longtemps. Car je sais qu'il a donné lieu à un film de Satyajit Ray dans les années 60, qui a eu beaucoup de succès.
Edité chez Zulma, 2009

Le scénario est assez simple, et donne une idée de ce que pouvait être la situation du femme indienne de bonne condition sociale à la fin du XIX° siècle début du XX°
Originellement titré Nastanihr en Bengali " le nid brisé", le roman est paru en 1901, époque où l'Inde était encore colonie britannique... ce qui me parait très important à souligner.
Chârulatâ,dite Charu, pétulante jeune femme mariée très jeune à un homme plus âgé qu'elle qui ne l'a pas vue grandir, s'ennuie. Son mari créateur d'un journal anglophone, ne s'intéresse qu'à sa publication, qu'il co-dirige avec le frère de Charu. Afin qu'elle ne s'ennuie pas, comme il était de coutume dans la bonne société indienne d'alors, il invite son propre cousin Amal, étudiant en littérature, à venir vivre chez eux, en échange de cours de littérature pour Charu, qui adore la lecture. Charu et Amal s'entendent parfaitement, se chamaillent, s'amusent, écrivent...Amal commence à se faire un nom dans la presse locale en tant qu'auteur bengali, et leurs bonnes relations vont aller en se dégradant: Amal veut être lu par le plus grand nombre possible et commence à faire partager ses jeux littéraire à la belle soeur de Charû, que celle-ci déteste. Jusqu'au jour où il commet l'erreur ultime: faire publier un des textes de Charu dans la presse locale sans lui demander son avis: le succès est immédiat, la critique est unanime, Charû est considérée comme le nouvel auteur le plus prometteur loin devant amal.
c'est alors que le mari découvre, que son beau-frère, le propre frère de Charu, vole de l'argent et a ruiné le journal en accumulant les dette. Il chasse donc Beau-frère et belle soeur, sans donner d'explication à Charû, et chacun va s'imaginer de fausses choses, qui vont précipiter le départ d'Amal, laissant Charu plus seule que jamais.

Tout celà est fort intéressant, même si on reste dans un triangle amoureux classique, manque de communication, rancoeurs, etc...
En tout cas c'est comme ça que le roman est présenté un peu partout.

Pourtant une chose me parait intéressante à creuser que je n'ai vue nulle part: un roman publié en 1901, alors que l'Inde est sous le joug de l'Angleterre. Or celui qui échoue totalement, C'est Bhupati, le mari, qui publie un journal anglais, ne jure que par l'anglais, adore l'anglais.. tandis que les succès littéraires sont du côté d'Amal et Charu, qui représentent l'espoir de la littérature bengalie ( c'est dit à peu près comme ça), dans un texte lui-même écrit à la base en bengali. Je sur-interprète peut être, mais en tout cas pour moi, c'est en filigrane une manière d'annoncer que le temps de la suprématie anglaise arrive à son terme, et qu'il est temps pour les indiens de réapprivoiser leur langue. Et là, c'est beaucoup beaucoup plus intéressant pour moi..

A vérifier en lisant d'autres textes du même auteur ...

Catégorie prénom