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jeudi 31 mars 2022

Le désir - Sappho

 Juste avant la fin du mois " féminin",  je viens de retrouver ce tout petit texte sur mes étagères.
Liban-> USA-> Grèce

et le voyage géographique se double d'un voyage dans le temps, puisqu'on part pour la Grèce antique, en - 600 et des poussières.


Ce petit recueil, extraits de poèmes, vers épars, aphorismes, pensées... publié par Arléa en 1996 porte la mention " oeuvres complètes". En effet, oeuvres complètes à cette époque ( et il fait moins de 90 pages). Mais en 2004 et 2014, d'autres papyrus ont été déchiffrés, ajoutant trois  fragments de textes à ce que l'on connait déjà. Peut être d'autres seront-ils trouvés à l'avenir, mais ce sera quand même une infime partie d'un tout qu'on ne peut même pas estimer.
Je suis toujours un peu consternée en pensant à la littérature antique et à la disparition de la bibliothèque d'Alexandrie. Pour quelques oeuvres conservées en tout ou en partie, combien d'autres ont totalement disparu?
Sappho n'y fait pas execption, elle et sa célébrité sont attestées par d'autres auteurs de son époque, ce qui veut dire que sa production littéraire réelle est sans commune mesure avec ce qui a subsisté.

Donc qu'en reste-il, Des phrases ici et là mais qui sont précieuses, pour reconstituer la vie quotidienne à l'antiquité, en particulier sur l'île de Lesbos: les divinités qui y étaient célébrés et les rites qui leurs étaient consacrées ( Sappho s'adresse à Aphrodite, à Héra, aux muses comme à des copines), à la place des femmes dans la vie sociale: elle y évoque ses élèves et d'autres maîtresses d'"écoles" rivales -> les femmes pouvaient avoir un métier, être instruites, instruire d'autres femmes - de la haute société, il s'entend - et avoir une réputation suffisante pour qu'une rivalité existe entre elles. Certains textes évoquent la trahiston d'élèves parties s'instruire chez une rivale. Donc Sappho n'était pas une exception.
On trouve des textes personnels, mais également des oeuvres de commande, pour des banquets de mariage, ou des épitaphes : une femme de talent pouvait à cette époque, écrire et être rémunérée pour ça.
Un fragment " j'ai instruit Héro de Gyaros, la rapide coureuse", nous laisse comprendre que les femmes pouvaient aussi être célèbres pour leurs compétences sportive. D'autres évoquent sans détour des rivalités politiques : si elles ne prenaient pas part directement à la vie politique, elles pouvaient avoir des opinions et les exprimer, au risque comme Sappho, de se retrouver exilées pour avoir ouvertement soutenu le mauvais candidat...

Elle évoque aussi sa vie quotidienne, via sa famille: sa fille Cléis, ou son frère Charaxos, négociant en vin qui s'est ruiné pour une prostituée et est devenu la honte de la famille, victime de quolibets.
car contrairement à ce qu'on pourrait penser le scandale était là, et non dans les vers ouvertement homosexuels dédiés à d'autres femmes , et pas seulement, d'ailleurs, certains évoquent aussi de charmants messieurs, l'autrice semble avoir fait partie des gens qui ont deux fois plus de choix. Mais en tout cas, elle y évoque à la fois des ruptures douloureuses, des trahisons, des chagrins d'amour, mais aussi des joies partagées, et d'autant plus qu'il n'y avait pas à Lesbos, d'après la préface, de jugement négatifs sur l'homosexualité ou la bisexualité, la Grèce antique ne raisonnant pas en termes de "homo ou hétéro", on pouvait donc y fréquenter qui bon vous semblait, l'idée même de "péché" , issue d'une autre culture plus récente, n'existant pas ( même si elle nous dit qu'elle ne pourrait pas sortir avec un homme plus jeune qu'elle " si tu es mon ami, prends une maîtresse plus jeune que moi, car je ne supporterais pas d'être plus vieille que mon amant" ce sont des limites personnelles, et non dictées par une "morale" religieuse)

Et qu'est-ce que ça fait du bien de lire ça! - 600 et quelques, si on en revenait un peu à cette manière de penser, au lieu de juger qui sort avec qui?
et même 2022 en antiques pour le coup!
Je vais essayer de mettre un peu plus en avant la littérature très ancienne cette année



Liban-> USA-> Grèce

mercredi 30 mars 2022

Défenseur de la foi; L'habit de fait pas le moine - Philip Roth

 Et hop deuxième lecture étrangère qui s'est glissée dans mon programme à la faveur d'un passage devant la boîte à livres.
Je connaissais l'auteur de nom seulement, mais voilà l'occasion de le découvrir avec deux nouvelles.
Le voyage continue: Liban-> USA

traduction de l'anglais

deux nouvelles donc qui ont en commun de se passer dans un milieu exclusivement masculin ( un camp militaire en 1945 pour la première et un lycée en 1942 pour la seconde) et de mettre en scène des personnages que leur confession (juifs dans la première) ou leur origine ( italiens) faisaient mal voir dans l'amérique profonde de cette époque.

La première " Défenseur de la foi" met en scène le bras de fer entre un sergent fraîchement nommé dans un camp d'entrainement qui forme les nouvelles recrues à la guerre en mai 1945. Une formation un peu à la va vite de conscrit très peu volontaires. Nathan Marx, sergent, à cause de son nom est immédiatement évalué " juif" par la recrue Sheldon Grossbart, 19 ans et casse-burettes d'anthologie. Emmerdeur patenté. Sheldon est un manipulateur né, qui va harceler Marx au nom de leur judéité commune, utiliser sa foi (laquelle ne lui importe que lorsqu'elle lui permet d'échapper à la corvée de ménage, d'obtenir une permission ou que sais-je..) et ses camarades pour gagner des avantages, mettant Marx en difficulté. Il s'agit d'abord d'obtenir l'autorisation d'échapper au ménage du vendredi parce que c'est l'heure d'aller à la synagogue, il l'obtient. Puis d'obtenir de la nourriture casher prétextant que la nourriture normale le rend malade ( alors qu'il se gave de nourriture normale mais " non c'est mon copain Larry, en fait c'est lui qui est malade, c'est une vrai de vrai pratiquant, moi je fais avec"), et il va exagérer aller de plus en plus loi, jusqu'au jour ou Marx peut enfin se venger, et faire sauter le pistion de Sheldon qui avait réussi à se faire affecter à New-York au lieu d'être envoyé comme tout le monde dans le pacifique. J'ai bien aimé cette histoire, le culot  de Sheldon ( quise fait prendre à son propre jeu) et le sarcasme de l'écriture.

L'habit ne fait pas le moine est moins clair pour moi car il y est fait référence au base ball et à la boxe, deux domaine où je ne connaissais rien.
Donc fin des années 50, le narrateur se souvien de sa première année de lycée, en 1942, et comment il fit connaissance de deux fils d'émigrés italiens, deux élèves à problèmes et " ex-forçats", c'est a dire, sortis de maison de redressement. Alberto Pellaguti est le cliché de la grosse brute pas très maligne, Duke Scarpa, du mafieux gominé et louche. Les deux ont un lourd " casier" scolaire, et sont les premiers à organiser le chahut contre Monsieur Russo, le conseiller d'orientation qui avec ses questionnaires, leur voit un brillant avenir en fac de droit.
Et pourtant, malgré leur profil, le narreteur se rend compte que 15 ans plus tard, il n'a jamais lu la moindre ligne les concernant dans les journaux: s'ils sont devenus gangsters c'est soit sous un autre nom, soit tellement bas dans l'échelle du crime organisé que les journaux ne s'y intéressent pas. Russo par contre, calme, sensible, discret, a été licencié pendant la chasse aux sorcières,  soupçonné d'avoir été marxiste dans les années 30.

Ne connaissant pas l'auteur, je peux difficilement tirer une conclusion sur deux nouvelles. Mais j'ai bien l'impression qu'elles cachent quelque chose de plus que de simples nouvelles, que ce qui est pointé, c'est plutôt la dureté des systèmes militaire et scolaire de l'époque: Sheldon la forte tête est un emmerdeur, mais surtout un type absolument pas fait pour l'armée, le genre à vous faire perdre une guerre tant il est incapable d'autodiscipline: on l'y envoie quand même.
Les deux " mafieux" sont des élèves à problèmes qui se voient assigner un avenir tout tracé par le système de fiches de l'orientation scolaire, sans qu'on s'interroge vraiment sur ce qui pourrait les intéresser. Le prof quand a lui est victime d'un système encore plus violent, le maccarthysme. Je me demande si ce n'est pas là le fond du propos: l'humain face à des systèmes rigides (et cette remarque me fait penser que je dois avoir "le procès" quelque part)

A confirmer donc , si l'auteur me retombe d'aventure sous la main. Pour l'instant il n'est pas dans l'immense pile à lire qui est encore chez moi...

et, ça alors, je vois que le challenge 2€ existe encore, même s'il n'st plus mis à jour depuis 2010


Et comme les deux nouvelles ont été initialement publiées dans un recueil en 1962: hop, classique ( puisque publié avant 1970)


lundi 28 mars 2022

Mon maître, mon amour - Hoda Barakat

Voilà un livre trouvé par hasard en boîte à livres. L'autrice est libanaise, j'ai lu peu de littérature du proche orient, la quatrième de couverture m'a parue prometteuse, là voilà.
https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782330010713-mon-maitre-mon-amour-hoda-barakat/

la couverture était plutôt jolie aussi


Problème: elle est assez éloignée du contenu. J'attendais plus ou moins l'histoire d'une relation homosexuelle dans un pays qui n'est pas connu pour avoir une grande ouvertur dans ce genre de domaine, avec les difficultés que ça peut causer, et finalement, ce sujet qui paraît central est très peu évoqué.


On y suit Wadî " le doux" à différentes périodes de sa vie, ses problèmes relationnels avec son père, avec les élèves de l'école. Wadî est un bon élève, effacé, volontiers tyrannisé par les petits loubards de son quartier, complexé par son physique (petit et rondouillard), et qui pour se faire accepter va peu à peu de couler dans ce moule, quitter le lycée, se rappreocher de la bande de loubards, devenir lui même un loubard, puis les années passant un bandit, qui trempe dans le trafic d'armes et de drogue, tue, sniffe... puis est contraint à l'exil dans les années 80.
Son problème principal est de se vouloir chef de bande, alors que son caractère le porte naturellement à être un suiveur, il a besoin d'un maître, au sens ou un chien fidèle à besoin d'un maître. Lorsqu'il devient chef de bande ( une bande réduite à lui et un de ses anciens camarades de lycée), l'argent facile, les trafics et la drogue ne lui procurent aucune satisfaction. Le dévouement de son " aide" ou de sa femme ne lui approte aucuen satisfaction, il a lui, besoin de se trouver un maître. Ce qu'il fera à Chypre, lors qu'il va se rapprocher de son employeur en exil lui aussi. Wadî s'épanouit dans cette situation ( alors qu'il détestait son propre père pour sa " servilité", car il travaillait comme cuisinier pour des riches qui le traitaient comme un domestique.
Son monde s'écroule le jour où il découvre que son chef, pour lequel il est éperdu d'admiration, a lui -même un chef qui peut le houspiller. Et que ce chef a également un chef auquel il doit rendre des comptes. Son "maître "n'est qu'un des rouages de la société.

Donc autant dire que le texte est assez éloigné de son descriptif, la possible bisexualité de Wadî n'est évoquée de que manière détournée, mais jamais avérée. Et bon, si j'avais su que la vraie thématique allait être le parcours d'un apprenti bandit sans envergure, qui se voudrait chef mafieux, je ne l'aurais pas spécialement lu. Je l'ai terminé parce qu'il était court. Sans vrai déplaisir, mais sans plaisir non plus, je n'en garderai pas un grand souvenir.

Hormis les plats qui sont évoqués et qui ont l'air d'être délicieux: courgettes ablama ( farcies au riz), laban ( yaourt libanais), labneh ( ça je connais le restau libanais de ma ville en a, c'est excellent), aysh al saraya ( ça aussi c'est trop bon), zunud al sett ( les transcriptions peuvent varier)
Je suis aussi allée écouter Adbel Halim, chanteur égyptien des années 50 que les héros écoutent en douce parce que ce n'est pas leur génération ( un de leurs camarades est fan de Metallica)
J'aime bien, le chanteur a une jolie voix et semble bien articuler, ce doit être un bon exemple à écouter pour ceux qui apprennent l'arabe

Donc je retiens plutôt les à-côtés qui font le cadre culturel que le croman lui-même.

Mais donc malheureusement, c'est un échec pour moi, par le trop grand décalage entre le résumé et le contenu réel.
Littérature étrangère: Liban ( traduit de l'arabe )
Mars: mois des femmes ( pourquoi se contenter d'un seul jour!), donc on met une écrivaine étrangère en avant.


dimanche 6 mars 2022

retour forcé

Ce n'est vraiment pas de gaîté de coeur que je l'annonce.
Mais les circonstances étant ce qu'elles sont, et malgré le calme à Saint Petersbourg, j'ai dû rentrer précipitamment, l'université m'ayant rappellée. Je n'ai donc pas eu le choix, contrairement à ce que pense mon assurance qui estime que je suis rentrée de mon propre gré.

Evidemment, le monde en guerre a des problèmes autrement plus graves que moi, mais c'est quand même avec amertume que je vois mes 10 mois d'immersion réduits à 3 mois, d'abord par le covid au début, puis par la situation politique. Et sur ces 3 mois, 1 et demi ont été consacrés à faire la vaccination et obtenir le QR code local...c'est extrêment frustrant.

"paix", 28/02/2022. quelqu'un a accroché des dizaines de ces colombes de papier le long de la cathédrale notre dame de Kazan et des ponts de la perspective Nevksi.

Les circonstances:

Nous sommes dimanche 6, j'ai eu l'information lundi 28 février dans la nuit, me demandant de rentrer immédiatement. Et en 4 jours, j'ai donc dû, moyennant quelques nuits blanches et jours de stress, comparer les prix des compagnies aériennes, trouver une solution pour rentrer, aller acheter une valise, réserver, payer, faire les valises, tout en continuant les cours sur place mardi et mercredi,  faire le test pcr, dire au revoir à tous les amis que je me suis fait sur place, et repartir jeudi 3.

J'ai pu lundi soir heureusement en revoir un, Konstantin, un jeune gars formidable, rencontré fin janvier et avec qui j'échange beaucoup par écrit. Et  qui, malgré ses occupations, apprenant que je devais partir précipitamment, a débloqué une soirée pour me voir, me changer les idées, me dire qu'il avait commandé auprès de sa famille à Tchita ( région du lac Baïkal) un cadeau local pour moi, qu'il était désolé de ne pas pouvoir m'offir puisqu'il ne l'avait pas encore reçu. Il avait travaillé 30 jours sans week end et se réjouissait à l'idée de me proposer de passer la journée ensemble le 8 mars pour mieux faire connaissance, aller voir une expo peut être...Puis a fini par m'offrir un exemplaire de Morphine, un de ses livres préférés. Pour le souvenir et la journée ensemble c'est râpé, mais rien que son intention m'a fait un plaisir immense. Sans le savoir il m'a fait un très joli cadeau, puisque je voulais justement lire ce livre. Et surtout un autre cadeau encore plus important: me remonter le moral quand j'en avais le plus besoin.

Je reviens donc avec en fait, la chose la plus précieuse au monde: l'amitié de quelqu'un qui est bien parti pour devenir un de mes meilleurs copains. Ce jeune homme est une perle. Un peu trop jeune, hélas, pour l'envisager autrement que comme ami car je pourrais être sa mère (et c'est bien la première fois que je regrette mon âge!) mais s'il avait eu 10 ans de plus ou moi 10 ans de moins, j'aurais probablement tenté quelque chose, il est adorable.
Mais il compte dans l'avenir voyager et apprendre le français, il va donc sans dire que je lui ai proposé de prévoir son premier grand voyage en France ( c'était avant que la guerre ne se déclare, actuellement  ce n'est donc pas possible) et, bien sûr, mon aide inconditionnelle le jour où il décidera de passer à l'action et d'apprendre le français, il a d'abord besoin de parfaire son anglais pour ses études en biologie, beaucoup de documents de référence sont en anglais.

Je reviens aussi avec une copine plus agée que moi, Ioulia, à Moscou, prof de russe pour étrangers avec laquelle j'avais fait un stage en ligne à l'été 2020, et qui est une dame formidable. J'ai eu la chance de pouvoir aller la voir juste avant que la situation ne dégénère, je suis revenue de Moscou le mercredi soir, et le jeudi matin la guerre était déclarée.

Il ya a aussi Denis, le premier contact que je me suis fait à Saint Pétersbourg qui m'a aidée plusieurs fois, Elena, Marianna et Rita rencontrées en ligne et avec qui j'ai fait quelques sorties... Manque de chance, je n'ai pas eu la possibilité de les revoir, étant partie trop précipitamment pour qu'il ne puissent se libérer.
Avec d'autres, on a joué de malchance, nous avons échangé par écrit, mais sans trouver une possibilité de se rencontrer...En fait le vrai crève-coeur dans l'histoire a été de devoir leur dire au revoir par SMS ou par téléphone. Si j'avais eu ne serait-ce qu'une semaine de battement, ça aurait été plus simple.

Et maintenant je vois avec tristesse sur les réseaux sociaux une xénophobie anti-russe qui se déclare. elle était déjà latente, mais il y a des messages haineux à l'égard de médias axés sur la culture russe, par des gens qui ne font pas la différence entre la culture et la politique ou entre les populations et leurs dirigeants. Certains se censurent, s'excusent de leur nationalité ou de parler d'un pays maintenant largement et ouvertement décrié.

Mais apprendre le russe ou s'intéresser à a culture du pays ne fait pas de moi une pro-guerre, je ne cautionne pas l'attaque de l'Ukraine, je vois mes amis d'origine ukrainienne très perturbés dans leur vie quotidienne.
Mais je vois aussi les difficultés qui s'annoncent, pour Denis qui vend entre autre des souvenirs et travaille dans une société qui participe tous les ans à foires expositions en France et en Italie, et n'a pas pu travailler normalement depuis 2 ans, son activité étant lié au tourisme. Il espérait grandement le retour des touristes au printemps .
Marianna travaille dans les douanes routières, les transporteurs arrêtent de commercer avec la Russie. Pas de camions = chômage technique.
Dmitri, représentant russo-lithuanien peut encore voyager en Europe avec sa double nationalité, mais voit quand même ses déplacements professionnels très compromis (quand on doit en 3 jours faire l'aller retour Saint Pétersbourg - Italie et qu'il faut en plus passer par l'Estonie par exemple, ça devient très compliqué, et son déplacement de ce début de semaine a été annulé le jour même)
Les profs, le service international de l'université, les employés de la cité U, la femme de ménage.. tous ont des emplois liés à la présence des étudiants étrangers.
Avec le rouble qui s'effrondre, les prix qui montent, le chômage qui s'annonce.. l'avenir s'annonce difficile pour eux tous.

Avant de partir j'ai donné ma vaisselle et des provisions à Konstantin, sachant qu'il est étudiant. Il travaille aussi dans un centre médical et son actitivé n'est pas directement dépendante du tourisme, mais je sais d'expérience que les étudiants ont du mal à joindre les deux bouts, donc s'il peut économiser quelques repas, ça me fait plaisir. Une bouteille presque neuve d'huile d'olive, des boites de conserve, du riz, des pâtes et un pot de confiture entre autres .. et on aurait dit que je lui offrais la lune.
J'ai laissé aussi des choses entamées (sel, poivre, pot de café lyophilisé...) un pot de moutarde, des produits d'entretien, du dentifrice, du shampooing, démélant et autres du même genre à la femme de ménage super sympa, et dont je sais qu'elle n'a pas un salaire mirobolant non plus. J'espère que d'autres étudiants auront fait la même chose.

Le retour concret:
Le retour a été compliqué: non seulement ça m'a coûté plus de 1200 euros pour le transport et les bagages, en dernière minutes, mais il a fallu trouver un parcours. Et jusqu'à la dernière minute, je n'ai pas eu la certitude de pouvoir revenir.
Mon premier avion devait partir de saint Pétersbourg le 3 à 15h, pour l'aéroport Sabiha à Istanbul. Le vol devait durer 4h environ.
L'avion est parti à 18h30 pour "problème administratif" sans que personne ne nous informe plus tôt, a été dérouté par le Kazakhstan et la Géorgie pour revenir vers Istanbul, le vol ayant duré presque 7h. Il est arrivé à l'aéroport New, toujours à Istanbul, mais à 40 kms de Sabiha, où mon second vol devait décoller à 11.
Je me suis donc trouvé totalement perdue à 1h00 du matin, dans un aéroport loin de celui dont je devais partir, en ayant mal dormi les 4 nuits précédentes. J'ai failli y perdre mon bagage à main dans la panique et le manque de sommeil, j'ai tourné pendant 1 heure posant des questions à tout le monde.. qui ne parlait pas anglais , avant d'arriver à le retrouver.
Or le temps de le retrouver et de sortir, les navettes étant rares la nuit, il m'a fallu trouver un taxi et rejoindre l'autre aéroport, encore 1h00 de perdue ( heureusement, le conducteur parlait bien anglais et était très sympa) où j'ai aussi tourné 1h00 pour trouver mon hôtel. Autant dire que la nuit a été très courte, puisqu'il me fallait être d'attaque pour pouvoir prendre le second vol. J'ai pu enregistrer les valises à 8h 15, manger très vite et...faire la queue. Longtemps.
Car les aéroports turcs tournent à plein régime, puisque c'est encore une des rares plaques tournantes du transport entre la Russie, l'Asie et l'Europe.
Le problème est que l'Europe a commencé par les sanctions bancaires et aériennes AVANT de dire aux gens de revenir. Donc de revenir par nos propres moyens, sans pouvoir payer - et pour le coup heureusement que j'ai une carte russe, mes camarades qui se sont contentés de la carte Révolut ont été bien plus gênés que moi, ne pouvant plus rien payer. Et aussi, donc, sans avoir d'avion.

La plupart sont partis en bus à Helsinki pour pouvoir prendre l'avion vers Paris ou Bruxelles  ou leurs villes respectives). Pour moi qui habite le sud de la France, la Turquie était un meilleur choix, puisque j'avais la possibilité d'arriver à Marseille, où on a pu venir me chercher. Arriver à Paris m'aurait contrainte à prendre soit un avion de plus pour Marseille, soit un TGV.

Mais donc je suis arrivée chez ma mère hier après midi, j'ai passé la majeure partie de mon temps depuis mon retour à prévenir tout le monde de mon arrivée ( université, famille, amis ici ou en Russie..) à faire le ménage, pour pouvoir ranger mes affaires.

Le bilan de ces 3 mois

Je suis très déçue évidemment de la manière dont les choses ont tourné.

Mais j'ai de bons souvenirs, voilà en gros ce que j'ai pu faire:
- l'Ermitage 2 fois pour voir la section archéologie et l'exposition temporaire sur Dürer ( magnifique)
- La Kunstkamera, le musée russe section ancienne et section moderne, plus l'exposition temporaire sur le cosmisme.
- Les musées Dostoievski et Akhmatova, avec le cours de littérature. Je suis arrivée trop tard dans la saison pour voir la maison de Pouchkine avec le groupe, et je n'ai pas eu la possibilité d'y aller ensuite.
- Le cimetière Tikhvine et la cathédrale Alexandre Nevski, toute proche.
- 2 opéras au théâtre Mariinski.
- 2 concerts à la philarmonie ( heureusement que je nen avais pas réservé en mars)
- 1 concert à la cathédrale saint Isaac
- 1 ballet au théâtre Mikhaïlovski où j'ai pu voir ma vedette préférée l'inimitable Nikolaï Tsiskaridze, dont je ne pensais pas qu'il se produisait encore sur scène. comme je n'avais pas uen très bonen place, je voulais y retourner le 7 mars car il y était à nouveau. il n'y avait plus de place dans mes prix, entretemps pour cause de covid, les places disponibles ont été réduites à 75%, et les mons chères étaient déjà vendues. Si je n'avais pas pu y aller en février, et j'avais réservé pour le 7 mars et que je ne puisse pas y aller, ratant peut être la seule fois de ma vie où j'aurais pu le voir sur scène, j'en aurais probablement pleuré.
- un concert de rock dans une salle indé
-  Moscou pendant 4 jours où j'ai pu voir une exposition sur l'avant garde en peinture, deux pièces de théâtre, discuter jusqu'à pas d'heure avec Ioulia dans sa cuisine, aller au cimetière Vagankovo pour voir les tombes de Sergei Essenine et Boulat Okoudjava. Je n'ai pas trouvé Vladimir Vissotski , je n'avais pas assez de temps ce jour là, et je n'ai pas pu y retourner. Je n'ai pas pu non plus aller au musée d'histoire ou faire Geocaching autant que je le voulais, ça ne passait pas dans mon planning serrré. Mais J'ai pu faire une bonne promenade littéraire en allant du côté des étangs du Patriarche ( Boulgakov et Krylov)  et sur l'Arbat ( Okoudjava et Viktor Tsoï)
- j'ai pu trouver de quoi apprendre un peu plus le géorgien dans mon temps libre, il y a beaucoup plus de sources en passant par le russe qu'en passant par le français.

Et surtout, je le disais plus haut, je me suis fait des amis et penser à eux , et, espérer les revoir un jour, si possible proche, soit en retournant en Russie, soit parce qu'eux pourront venir me voir ici, rend mon retour un peu moins pénible.

Les deux gros regrets sont de ne pas avoir pu aller voir mon pote d'internet Albert, au Tatarstan: c'était prévu en avril pour fêter mon anniversaire avec lui. Et mon autre copain d'internet Aksel, à Ufa. je comptais y aller en mai, sur son conseil, quand la neige aurait totalement fondu.
Le Baïkal est resté un rêve inaccessible ( pour cause de budget en hiver,  et en été.. ben, il faudrait pouvoir déjà y retourner)
Vyborg est aussi resté à l'état de projet, j'attendais que la glace encore présente ne fonde, c'était bien amorcé et en fait, je prévoyais d'aller y passer la journée aujourd'hui ou demain :/
En théorie, mon visa à entrées multiple est valable jusqu'à fin juin, mais j'ai honnêtement peu d'espoir de pouvoir y retourner avant la date butoir.

Il me reste donc à me remettre de mes émotions, J'ai un week end de 4 jours pour le faire et ce n'est pas de trop; les cours reprennent en ligne mercredi, ce qui est déjà mieux que rien, au moins mon année n'est pas perdue.
Je vais aussi selon mes moyens ( j'ai 1000 euros perdus dans la nature, que j'avais essayé de me virer su mon compte russe avant la fermeture de Swift, ils sont partis de France , mais n'ont pas été crédités là-bas, donc.. un gros trouvé économique aussi!) de rependre les cours de danse, le chant. J'ai mon clavier et mon basson ici qui ne me coûtent rien.

Je n'ai pas pu aller comme je le souhaitais faire de recherches en bibliothèque pour mon mémoire, j'ai quelques documents en PDF que j'ai commencé à trier, mais le temps m'a manqué. Donc là aussi j'ai du pain sur la planche, pour ne pas trop gamberger. il va aussi falloir que je commence la formatiuon en traduction, dès que mon budget me le permettra. 

Heuresement que j'ai toujours de plans B, C, D...

Une photo du coucher de soleil dans le premier avion, toute spécialement prise pour Konstantin ( il aime la couleur orange) et Ioulia (le côté abstrait et les couleurs saturées m'ont fait penser à l'expo sur l'avant garde)
L'idée que je leur ai développée est que même dans les situations compliquées, je m'efforce de voir la beauté lorsqu'elle se présente à mes yeux. Ce ciel était magnifique.

Je n'en ai pas fini malgré tout, je continue les études à distance, tout comme je les avais commencées,  donc l'année d'immersion n'est pas terminée.