La bonne nouvelle, c'est que cet essai est moins fouillis que le précédent, sur les mythes Chinois, bien que les sources soient beaucoup plus nombreuses et variées. Hart sait simplement mieux organiser son plan.
On a donc une première partie sur les mythes cosmiques, à travers quatre exemples:
- la théogonie d'Héliopolis: génération spontanée du dieu Atoum qui sort de l'océan Nou, symbolisant l'état de Non existence.. curieusement ça m'évoque pas mal la théorie du Big bang en fait. Atoum (le solei, autres noms: Ra, Khépri, etc...) crée ensuite, toujours plus ou moins spontanément le dieu de l'air Shou, et la déesse de l'humidité Tefnout, qui vont à eux deux créer Geb, la terre et Nout le ciel, d'où seront issus les principaux dieux Egyptiens, Osiris (l'autre monde) Isis ( le trône d'Egypte) Seth ( le chaos), Nephtys (equivalent négatif d'Isis), puis Horus, dont le pharaon est l'incarnation terrestre. Dans la seconde partie, Hart revient sur tout ça, dans une partie sur les mythes de royauté, qui permet donc de légitimer les unions consanguines dans la haute société ( puisque les dieux le font), et la souverainté du Pharaon, qui descend donc de Ra via Horus.
- la théogonie de Memphis: à Memphis, le dieu principal est Ptah, créateur par la pensée, artisan suprême, quand Atoum est un créateur très prosaïque (dans la version la plus " soft" il était dit qu'il avait éternué Shou et craché Tefnout).
-la troisième légende de créatio , celle d' Hermopolis, est basée autour de 8 dieux, 4 principes masculins représentés par des crapauds ( on retrouve Nou, les eaux originelles), et leurs équivalents féminins, 4 déesses serpents. Les 8 dieux sont pour les habitants d'Hermopolis ceux qui ont créé entre autres Atoum. Manière de donner à leur version la primauté sur celle d'Héliopolis. Parmi les 8, c'est Amon (l'énergie primitive) qui va peu à peu prendre le pas sur les autres, devenant la divinité créatrice des 7 autres.
-4° exemple, la théogonie thébaine. Amon y est aussi le dieu créateur cosmique, mais contrairement aux autres systèmes, seule la théogonie thébaine - et sa variante d'Esna - propose un créateur humain: Khnoum, le dieu potier à tête de bélier qui fabrique les humains ( à rapprocher de la femme Gua, qui a la même fonction dans les mythes chinois).
Pour plus de clarté, un site pas mal fichu, avec des illustrations en prime :Mythologica Egypte, mythes de la création
Ensuite, plus connus, vient le mythe de la royauté, qui légitime le pharaon, comme incarnation d'Horus le dieu faucon, fils d'Osiris, dieu des morts. Toute la partie autour de la mort et du démembrement d'Osiris conditionne d'ailleurs les rites mortuaires d'ancienne Egypte. Cette légende est assez drôle, Seth et Horus passent leur temps à se jouer de mauvais tours, à s'attaquer en justice... Où on découvre que dans le fond aucun dieu n'est vraiment entièrement bon, même Hathor ( déesse vache de la joie) qui peut devenir Sekhmet ( déesse lionne du carnage).
Le chapitre suivant , sur le voyage du soleil, est l'aspect essentiel des mythes égyptiens, là aussi lié aux rites funéraires. Plusieurs versions en existent, peinte dans les tombeaux: la nuit, le dieu soleil Ré traverse le monde des morts, qui dépend donc du dieu Osiris, suivant 12 étapes sur sa barque ( 12 heures, selon le livre de l'amdouat, 12 grottes selon le livre des grottes, 12 portes selon le livre des portes), et doit combattre divers ennemis afin de renaître au matin. Et tel le dieu soleil, le personnage enterré sera donc équipé de provisions, barques funéraires, amulettes, et toutes sortes de matériaux pour lui permettre de voyager dans les meilleures conditions vers une possible renaissance.
Un autre chapitre très intéressant suit, qui nous montre comment des personnages historiques dont l'existence est attestée, ont été divinisés. Tel Imhotep (architecte du roi Djoser, vers -2600), qui d'artisan modèle est passé à artisan cosmique un millénaire plus tard ( donc vers - 1600, ces dates me donnent réellement le tournis!Juste le fait de se dire "mille ans plus tard", c'est encore 3 millénaires et demie avant nous.) fils de Ptah, dieu de la médecine, encore vénéré en Egypte à l'époque de Jules César tel un dieu guérisseur. Ou encore le commandant Djehouty (chef militaire de Thoutmosis III, vers -1450, devenu une sorte de héros légendaire), ou le pharaon Ramses II et son épouse hittite (vers -1250) parés du statut d'interlocuteurs directs des dieux.
Enfin, le dernier chapitre est un pur bonheur: car on délaisse un peu la mythologie proprement dite, pour aborder les contes, non plus d'un point de vue religieux, mais d'un point de vue récréatif, via 3 histoires: celle de Djadah em ankh, grand prètre du roi Snefour, à qui le conteur attribue un pouvoir de commander à l'eau, Djedi, le centenaire contemporain de Khéops, qui connait le secret de rendre la vie à un animal mort et coupé en morceaux ( dommage, les papyrus ne donnent pas les formules magiques pour dominer l'eau ou resssuciter les morts), l'Ile magique ( une histoire de marin échoué sur une île ou règne un reptile bienfaisant. Un peu dans l'ambiance de Simbad le Marin, ou de l'Odyssée - malheurs en moins). La dernière légende, "les métamorphoses de Bata", fait à nouveau intervenir les dieux, mais d'une manière qu'on retrouve dans d'autres légendes indo européennes (un peu de mythe de Pandore par ci, un peu de mabinogion par là, une pensée de mythes nordiques.. preuve probablement que tous ces thèmes font partie intégrante d'un ensemble mythique datant d'avant la séparation des cultures indo-européennes et chamito-sémitique)
bref: à lire, à lire à lire!!
2/10 |
joli tour d'horizon visiblement ^^ pour les contes, il y a des recueils sympa. Hum... par exemple les contes philosophiques et autres enseignements sont regroupés dans... zut ma mémoire me fait défaut... "-_- avec les sagesses de Ptahotep et... arf.Bon je crois que c'est de pascal Vernus "les sagesses de l'égypte pharaonique". Après y'a d'autres recueils plus axés sur les contes, faut chercher.
RépondreSupprimermerci du renseignement, je vais le mettre en PAL.. et là, j'ai encore les mythes incas sous le coude, je ne m'en lasse pas!
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