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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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vendredi 24 novembre 2023

Plumes ( film 2021)

 Hop, on continue le cinéma du vendredi soir , en piochant dans le catalogue du cinéma indépendant, parce que honnêtement, déjà, trouver des films égyptiens, ce n'est pas évident dans l'absolu.

L'affiche est plutôt joyeuse, mais je le dis d'emblée c'est très mais alors très trompeur.
Sauf sur " déroutant et sidérant"

Il était présenté comme film fantastique et comédie, et ce n'est pas vraiment, voire pas du tout le cas.
u contraire, ça commence dans une ambiance très mais alors très réaliste, autour d'une famille pauvre, le père, la mère et leur 3 enfants qui vivent dans un deux pièces miteux, dans un quartier défavorisé d'une ville non identifiée d'Egypte. Et ça commence par un suicide dans une cour d'usine. Hein, un film prétendument comique?!
Sans explication, donc la vie de la famille. Famille très traditionnelle, le père ne s'adresse à sa femme que pour lui donner l'argent pour les courses du jour, lui donner les consignes sur ce qu'il veut qu'elle fasse à manger ou les tâches de la journée. Il communique étonnamment plus avec ses enfants, probablement parce que ce sont des garçons, hein...
Arrive l'anniversaire d'un des fils, qui fête ses 4 ans, et les parents ont mis le paquet: tout l'immeuble est invité et on a même fait venir un magicien pour animer l'anniversaire. Le genre qui transforme une canne en bouquet, un mouchoir en papier en long ruban... un prestidigitateur donc.

Qui va réussir son tour suivant au delà des espérances, puisqu'il transforme, sans même savoir comment, le revêche père de famille en poulet. Et impossible de lui rendre forme humaine. Ni le magicien (qui quitte vite les lieux en douce, après avoir été traité de possédé, d'escroc, de sorcier...), ni le désenvoûtement par des marabouts douteux qui vivent dans les bidonvilles.
Il faut se rendre à l'évidence, non seulement le mari sous sa forme de volaille ne peut même plus faire la seule chose qu'il devait faire, à savoir travailler et gagner quelques sous, mais il a laissé s'accumuler les dettes en dépensant le maigre pécule en babioles ridicules.
Et maintenant il ne fait plus rien, à part coûter de l'argent en nourriture, en frais vétérinaire et fienter partout. Les maigres économies fondent vite. La dame soumise va devoir se prendre en main, chercher du travail, payer les arriérés de loyer et rembourser l'argent emprunté par-ci par là. Et qui peut bien donner un travail à une femme silencieuse, effacée et qui n' a pas d'expérience? L'usine où travaillait son mari ne recrute pas du femme, elle réussit à se faire engager comme servante chez une femme riche mais se fait licencier pour avoir volé des morceaux de viande destinés au rebuts.. La seule solution serait que l'aîné de ses fils, celui qui vient de fêter ses 4 ans, reprenne l'emploi de son père, mais pour ça il faut prouver qu'il a disparu ou est dans l'incapacité de travailler. Mais que faire, présenter un poulet à la police en disant " voilà, c'est mon mari, il a été transformé en poulet par un magicien"? Ce n'est pas franchement envisageable non plus.

Alors évidemment ici le fantastique n'est que l'excuse pour parler de l'Egypte défavorisée ( et clairement à ce niveau, il ne vend pas du rêve, défavorisée est un euphémisme, c'est le tiers-monde dans cette cité et même dans cette ville) et de la condition féminine: exclure socialement la moitié de la population pour la cantonner aux tâches domestiques est un très mauvais calcul, car personne ne peut plus vivre avec un seul salaire. Mais la condition de l'anonyme héroïne  n'est même pas la pire, même si elle est à deux doigts de la misère, et qu'elle ne peut plus payer le loyer de son taudis, elle a quand même un toit, et on la voit traverser au fil du film divers lieux : bidonvilles où survivent les migrants venus probablement du Soudan, ou villa avec piscine d'une femme aisée, mais tout y est dans un état de délabrement rare, et j'ai rarement vu un film avec autant de plans montrant des gens en train de compter de l'argent. Je pense comprendre où le réalisateur veut en venir... vu que la corruption est pointée à tous les niveaux.

Par contre je me demande pourquoi ce film est classé comme comédie, car il est tout sauf une comédie. Un drame sur la misère, une fable allégorique, oui.. mais pas franchement une comédie (le film s'ouvre d'emblée sur un suicide par immolation, sans explication, dont on se doute que l'explication viendra plus tard et que tout le film est un flashback qui va expliquer cette scène... sauf que même pas vraiment, au spectateur d'en décider). Sinon à ce tarif, il faudrait aussi prétendre que l'Assommoir est un livre humoristique.

Ceci dit, si je l'avais initialement prévu dans ma liste de films fantastiques d'octobre, je l'en ai retiré parce que le côté fantastique n'est que le début du sujet, et que c'est bien le côté misère et avenir sans espoir qui est au coeur du sujet. J'ai envie de penser que la femme qui essaye comme elle le peut de s'en sortir est, pour le réalisateur, une allégorie de l'Egypte tout entière, exploitée par un fonctionnariat corrompu, plus que la narration d'une histoire personnelle, mais franchement fait s'accrocher, c'est tout sauf un film facile. Je ne dirais pas que je n'ai pas aimé, mais... je regrette qu'il ait été présenté comme une comédie fantastique, car il n'est ni l'un ni l'autre. J'aurais été probablement moins interloquée en sachant le vrai sujet.

mardi 21 novembre 2023

De la musique pour toute l'année: Novembre

 Non, cette fois, je ne vais pas vous faire une sélection de plusieurs titres des Guns, mais tiens, je vous donne le choix entre la version album ( acoustique, SVP!) et la version concert.

Version concert, pour le solo de piano  jazzy inattendu d'Axl ( même si je serre les dents en le voyant tenir son petit doigt replié comme ça! J'en ai mal pour lui). En tout cas je me souviens de ma surprise le jour où j'ai vu cet extrait, je le connaissais chanteur et (une peu) guitariste, je ne m'attendais pas à le voir au piano.


Version acoustique ( que je préfère à celle qu'on connaît depuis 1991, pourtant déjà excellente)


Et tiens, une petite réflexion musicologique sur " Pourquoi November Rain est un tube", qui permet de décortiquer un peu la chanson sur le plan guitaristique. Ceci dit, je ne peut que vous conseiller la chapine de Florent Garcia, si vous vous intéressez à la guitare d'une manière générale.


vendredi 17 novembre 2023

Fées, ogres et lutins, contes merveilleux t2 - collectif

 Hop, une petite lecture de plus avant de s'acheminer vers la fin du mois Halloween ( bon, d 'accord, la fin officielle c'était la semaine dernière, mais pas grave, je prolonge)


Tome 2 alors que je n'ai pas lu le tome 1? Hé oui  je l'ai trouvé en boite à livre.
Bon ce n'est pas non plus une édition très intéressante, car c'est une édition scolaire et plus de la moitié des pages sont des jeux et tests à faire en classe avec un prof ( il n'y a pas les réponses à la fin)

Mais bon l'intérêt c'est que les contes présentés ne sont pas les plus connus.

- Les fées ( Perrault): l'histoire de 2 soeurs, la gentille, qui est évidemment l'esclave de sa mère et la méchante, à qui la mère passe tous ses caprices. Lorsque la gentille va puiser de l'eau à la fontaine, elle est abordée par une vieille dame qui lui demande de l'eau. c'est évidemment une fée qui en remerciement de sa serviabilité lui jette un " gentil sort": chaque fois qu'elle parlera, elle crachera des pierres précieuses. La mère insiste alors auprès de son autre fille, qui, de très mauvais gré, part à la fontaine et est abordée, non par une vieille dame, comme elle s'y attendait, mais par une autre fée, habillée en femme riche. La méchante fille met une très mauvaise volonté à rendre le service demandé, et est maudite: à chaque phrase , elle crachera un crapaud. La mère, voyant la malédiction en rend responsable la première et la chasse. La fille va donc pleurer dans les bois où arrive un roi, subjugué par sa beauté, sa gentillesse, son abnégation (et cette curieuse compétence " il vit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants et la pria de lui dire d'où celà lui venait" .. mouais on te voit venir!) En fait, non c'est clairement dit, il trouve que " un tel don vaut mieux que tout ce qu'on peut donner en mariage à un autre" ( mouais tu serais pas un peu, beaucoup, bien plus intéressé par le sort que par la nana?  Pour moi la suite c'est " ils vécurent heureux et à chaque fois que la trésorerie était à sec, il faisait parler sa femme pour renflouer les caisses"). Je connaissais cette histoire depuis longtemps mais je ne me souvenais plus du titre ou de l'auteur. Par contre, la version que j'ai du lire étant jeune était expurgée du côté avide du roi, parce que , regarder le compte en banque de la dame plus que ses qualités, c'est moyen quand même.

- Dame Trude ( Les frères Grimm) une histoire très courte qui explique que la curiosité est un vilain défaut et qu'il faut toujours se méfier des vieilles dames qui habitent dans la forêt. Une petite fille à qui on a raconté qu'il faut éviter Dame Trude, parce que c'est une sorcière, veut savoir ce qu'il en est vraiment, et y va quand même. Il lui en cuira. Au sens propre. Ha, ben, on est chez les frères Grimm et ils n'y vont pas de main morte ( lol) lorsqu'il s'agit de faire passer leurs personnages de vie à trépas.

Il y a quelques jours je suis tombée sur cette image légendée:
" Quand tu lis un conte de fée, mais que c'est la version allemande"
Ha ben, c'est clairement PAS la version Disney

- Le cercueil de verre ( Frères Grimm), une histoire qui tient à la fois du petit tailleur, de la belle au bois dormant, de Blanche-neige et de pas mal d'autres.
Un tailleur pauvre, mais honnête, se perd dans la forêt, et après quelques mésaventures, voit un curieux spectacle: un cerf et un taureau se battent en duel, le cerf gagne et et éventre le taureau avec ses bois ( Version allemande, on vous dit). le cerf enlève littéralement le tailleur et l'emmène dans une grotte ( et être enlevé par une bête si enragée qu'elle peut tuer un taureau, pas glop!). Grotte enchantée où le tailleur, comme un voit du curieux matériel: fioles remplies de brumes multicolores, pierre mobiles qui jouent le rôle d'ascenseur ( on dirait le premier Prince of Persia!), et deux boîtes en verre: dans l'une une maquette superbement détaillée d'un château, pas un créneau ne manque. Dans l'autre une (jolie, hé ho) femme endormie, qui se réveille à son approche et lui dit d'ouvrir le loquet du cercueil. En sortant elle lui raconte sa mésaventure: C'est une comtesse (Célibataire. Elle s'entendait si bien avec son frère que les deux avaient décidé de rester célibataires et de vivre et régner ensemble. C'est chelou!) qui a été maudite, elle et sa famille, parce qu'elle a refusé les avances d'un sorcier. Le comte a été transformé en cerf, la comtesse plongée dans un coma artificiel "jusqu'à ce que l'élu vienne la réveiller". La miniature en boite c'est tout le château qui a été réduit à petite échelle, les fioles de brume, ce sont les larbins. Le sorcier c'est évidemment le taureau qui a été tué, rompant ainsi le sort qui scellait la caverne.
Et là, oh, my! Incroyable, la nana AGIT: elle explique quoi faire, avec son sauveur, elle trimballe le château miniature dehors, et pouf! il reprend sa taille. Puis elle ouvre les fioles et re-pouf! les brumes redeviennent des gens loufiats (faut pas pousser, ils ne vont pas non plus toucher leur plusieurs années d'arriérés de gages et aller prendre leur indépendance financière). Re-re-Pouf! Le cerf redevient comte.
Et le tailleur? Ben il se marie évidemment avec la comtesse, et va donc régner avec sa femme et son beau frère. Bon, finalement il n'a pas fait grand chose à part s'étonner et ouvrir un loquet, en fait. Mais au moins il n'a pas roulé de palot forcé à la fille, c'est déjà ça.
Mouais, y'a quand même plein de choses qui ne vont pas trop dans cette histoire: le mec ne sert pas à grand chose, donc honnête ou pas, ça ne change rien, ça aurait pu être une voleur que bon.. pareil!
La fille et son frère, mouais.. ça ressemble quand même à une histoire d'inceste qui se finit en ménage à trois.

-L'anneau magique ( conte tunisien) : une variante de l'histoire d'Ali Baba. Un homme pauvre a trois fille et un fils, et alors qu'il n'a plus un sou, il apprend qu'il y a un pays magique où les pierres précieuses poussent sur les arbres. Mais pour y arriver, il faut passer 3 ogres gardiens. Chaque ogre lui propose donc un marché: je te laisse passer si tu me donne une de tes filles en mariage " ha ok, cool, mais seulement après ma mort". Magnifique, il vend donc ses filles contre un laissez-passer. et evidemment, hop, moisson de pierres, retour au bercail, on vit richement un certain temps puis.. il meurt et les ogres viennent chercher les filles.
Seul le fils, Ali, reste , et hérite d'un coq. Il se le fait subtiliser par ruse par un sorcier, le récupère de justesse mais... bon que faire? Autant le faire cuire et le manger. Et à l'intérieur du coq, il y a, ho miracle, un anneau qui fait apparaître un génie: grâce à ça la fortune d'Ali est faite: chameaux, palais, richesse, la fille du sultan en mariage, le truc habituel. Jusqu'au jour ou le sorcier le retrouve et se met en tête de punir le voleur qui lui a volé ce dont il lavait d'abord arnaqué..
Sauf que.. stop stop stop. Vous vous souvenez des 3 filles casées avec les ogres? Ben, apparemment les ogres sont des maris sympas, puisqu'ils viennent avec 3 armées au secours de leur beau-frère. MUSIQUE! Yep, je sais, mais je ne pouvais pas louper ça (je n'ai pas d'images en tête quand je lis quelque chose, par contre, j'ai la bande son qui va bien).

- Outroupistache ( Frères Grimm): Un meunier vantard prétend que sa fille est capable de filer la paille et de la transformer en fil d'or. Le roi du pays, très cupide, est fort intéressé par ce talent, et séquestre donc la fille avec la tâche de filer la paille et de l'avoir transformée en or au matin, sous peine d'avoir la tête coupée ( très cupide et très cruel aussi puisqu'elle n'a rien fait.. c'est son père qui lui a attribué cette fausse compétence). alors qu'elle voit déjà sa dernière heure arrivée, un lutin se présente devant elle et lui propose de faire ce travail en échange d'un cadeau, la fille lui propose donc son collier. Et au matin miracle, le lutin a filé toute la paille en or. Le roi cupide, se dit que bon, une telle aubaine.... ce serait bien qu'elle arrive deux fois, et rebelote: même tâche, avec encore plus de paille, et même menace.  Et même procédé, la fille propose au lutin sa bague en échange.
Mais le roi n'est toujours pas satisfait, et.. re-rebelote: encore plus de paille, mais cette fois, la menace est encore pire, puisque si elle réussi , il épouse la fille ( et vu le roi, épouser un type capable de menacer quelqu'un s'il n'accomplit pas un prodige .. elle risque de ne pas garder sa tête sur son cou bien longtemps). Mais comme elle n'a rien a échanger, cette fois le lutin lui demande: " une fois que tu sera reine, tu paiera ta dette en me donnant ton premier enfant". Promesse pour se donner le temps de trouver une solution. Miracle, mariage, tout ça, et la reine oublie totalement sa promesse. Et se trouve donc contrainte de devoir tenir sa parole. Elle et le lutin vont trouver un terrain d'entente: elle a trois jours pour trouver le nom du lutin, si elle échoue, il emmènera l'enfant. Si elle réussit, elle est libérée de sa dette.
Je suis donc allée chercher le titre, car je connaissais cette histoire sous un autre: le nain Tracassin, et je pense qu'il est plus courant que "Outroupistache", vague déformation du titre allemand " Rumpelstilzschen" ( ça sonne déjà plus germanique, et signifie à peu près " petites échasses grinçantes") et on y retrouve cette idée assez répandue dans le monde que connaître le nom de quelqu'un, c'est avoir du pouvoir sur lui. Et d'ailleurs seul le lutin sera nommé, les autres sont toujours définis par leur métier ou leurs lien de famille: le meunier, le roi, la fille du meunier, le messager...

- Le Manoir de Coatbily ( légende bretonne), met en scène un endroit qui existe réellement, près de quimper. On raconte que le manoir était envahi la nuit par les korrigans, pas dangereux, mais extrêmement énervants, qui rendent chèvre le châtelain et sa famille en faisant du tapage à la manière d'esprits frappeurs. La solution proposée pour se débarrasser des korrigans est la suivante: leur tendre un piège une nuit de grand vent, en faisant en sorte que leur entrée fasse tomber et disperser un sac de son ou de plumes. Les Korrigans sont tenus par leur nature de tout rassembler, et si les plumes s'envolent au vent, il ne pourront pas tout récupérer, et meurtris dans leur orgueil, partiront casser les ripatons à quelqu'un d'autres. Je sais donc pourquoi il n'y a pas de Korrigan à Avignon: le Mistral entte 120 et 160 jours par an ( Le nom Avignon même signifierait " ville du grand vent" ou "seigneur du fleuve"). Un climat à ne pas mettre un Korrigan dehors.

- La Tarasque ( légende provençale), tiens puisqu'on parle d'Avignon, cette histoire se passe à proximité de chez moi, entre Avignon, Arles et le Thor, et principalement Tarascon. Un monstre y sévissait au début du premier siècle, dévorant les troupeaux et causant beaucoup de dégâts. La bête sera finalement capturée par Sainte Marthe, qui passait par là. Et c'est vraiment le cas: expédie avec quelques copines saintes, dont 3 sont prénommées "Marie", sur un radeau, depuis le proche orient, " allez, on est gentils on ne vous massacre pas, on vous envoie sans bouffe sur un radeau en pleine mer, en espérant que vous couliez, bon vent", elles arrivent totalement par hasard près du delta du Rhône, zone absolument repoussante, pleine de marécages et où personne ne viendrait volontairement. C'est l'origine légendaire du nom " Les Saintes-Maries-de-La-Mer", à l'endroit où elles auraient débarqué. En tout cas la légende est bien connue ici, on la raconte dès l'école primaire, fait partie du folklore et des fêtes locales. Elle est si connue que des os fossilisés trouvés dans le sud ont fait nommer leur préhistorique possesseur " Tarascosaure" en 1991. Je me dis que c'est peut-être même l'origine de la légende, popularisée à la Renaissance: si un pinpin de l'époque a trouvé un squelette de dinosaure, il aura alors pensé à la légende du dragon local. Sans savoir que la bestiole en question ne crachait pas de poison, mais devait être très dangereuse malgré ses ridicules petites papattes avant, et sa taille plutôt modeste.
Taille estimée à partir d'un seul fémur, mais qui sait si ce n'est pas un jeune qui aurait pu devenir bien plus gros comme les autres abélisauridés. En tout cas on est loin de la version mythologique: tête de lion, 6 pattes, carapace de tortue

Tiens, il est temps de demander à l'IA de bing de me le générer, histoire de se marrer.
"Un monstre à six pattes, une tête de lion, de grandes dents pointues, une crinière noire et une carapace de tortue . Il a des pointes le long du dos et une longue queue de serpent"
Y'a de l'idée, mais, 6 pattes, et une queue de serpent, pas une queue double avec une tête de serpent au bout!

6 pattes, tu ne sais pas compter jusqu'à 6? Mais j'aime bien sa tête de dragon-lion indonésien, qui est un bonus, puisque je ne lui ai pas dit que le monstre est supposé être la progéniture d'un monstre asiatique

la queue est mieux, mais je n'ai pas mes 6 pattes, tudieux!

- Le briquet ( Andersen): un conte totalement amoral!On peut être le type le plus mahonnête, et cupide, et panier percé, et voyeur,  du monde et devenir roi du Danemark. Je suppose que c'est le sel de l'histoire, et qu'Andersen y a discrètement mis un sens trèèès politique.
Un soldat en manoeuvre rencontre une sorcière sur la route. elle lui indique un arbre magique qui est la porte vers la richesse: sous l'arbre, il y a une grande salle dotée de trois portes, derrière chaque porte il y a un chien qui garde un trésor. Chaque chien a des yeux plus grands que le précédent, et garde un trésor plus important que le précédent. Elle prête donc au soldat un objet magique permettant de neutraliser les chiens, lui dit de prendre du cuivre, de l'argent et de l'or autant qu'il en veut, et pour elle, elle ne veut rien qu'un vieux briquet, qui se trouve là, un souvenir de famille oublié par sa grand mère des années plus tôt. Le gars ne se le fait pas dire deux fois, et remonte avec le pognon et le briquet, mais comme la sorcière ne veut pas lui dire à quoi sert le briquet, il la décapite. Cash!
Le gars, très riche va donc à Copenhague, mener la grande vie, entend parler de la fille du roi, qui est une belle femme, même que "personne ne l'a jamais vue, mais c'est une princesse, donc elle est forcément belle". Le jour où il se rend compte que le briquet permet d'invoquer les chiens et qu'ils peuvent comme un génie du proche orient, il va les utiliser pour aller reluquer la fille pendant son sommeil, l'enlever, se faire choper, échapper à la pendaison en invoquant ses chiens, leur faire attaquer le roi, devenir roi à sa place et épouser la fille, en échange de ... rester vivant.
Bref le conte se finit bien, mais... pas pour les valeurs morales qui sont bafouées du début à la fin, puisqu'on en déduit que " bah, être âpre au gain, tuer une vieille, enlever une fille et prendre le pouvoir par la ruse, c'est pas si grave, si à un moment donné, on a fait acte de générosité en distribuant de l'argent aux pauvres ". Andersen ne m'avait pas habituée à si peu d'honnêteté, elle est où, ta morale chrétienne, Hans-Christian, habituellement tu nous la colle partout?

-L'oiseau Phénix ( Andersen), haaa, on est sauvé, il se rattrape en liant l'histoire du Phénix au paradis, aux anges, à Adam et Eve. De ce fait, le phénix n'est pas pour lui une idole ou une légende païenne, mais quelque chose de tout à fait compatible avec le milieu chrétien. J'attendais qu'il symbolise l'espérance de retrouver un jour le paradis, mais ... non. C'est pour lui la lumière, le souffle lyrique, l'inspiration, qui n'a pas de frontière et son nom (on en revient à connaître le nom comme une formule magique) est Poésie.
J'ai du mal à considérer cette courte histoire comme un conte, plutôt comme une variation sur une légende, et je me demande comment est écrit le texte en danois: poème en prose avec effets littéraires, ou poème rimé, je suis à peu près sûre qu'il y a là des effets littéraires.

Ce qui est dommage dans ces histoires, c'est que dans le fond, le programme du titre soit assez peu suivi: fées: dans la première histoire plus 2 sorcières. Ogres: personnages secondaires de l'Anneau D'or. Lutins: un seul et des korrigans.
Mais le phénix ou la tarasque n'ont rien à faire là, plutôt dans une recueil sur les animaux fabuleux.
Plusieurs contes ont pour point commun, l'appât du gain ou du pouvoir.. mais là encore, plusieurs n'ont pas grand chose à voir.
Les contes de divers pays, pourquoi pas mais là encore, il y en a deux de Grimm et deux d'Andersen, ça aurait été plus intéressant d'en insérer d'autres hors Europe. C'est bien d'avoir choisi des textes assez peu connus, au lieu du Chat Botté, de Hansel et Gretel ou de la Reine des Neiges, et d'avoir chercher des  choses moins courantes.
Mais oui, cette hétérogénéité me gêne, elle fait un peu trop pagaille, et donne l'impression que le tout n'a pas été envisagé avec une vraie idée générale.
Sur les pages " jeux", je les ai plus ou moins passées, l'absence de  réponses fait que le livre est inutilisable par un enfant hors contexte scolaire ( même les parents ne pourraient pas apporter une réponse définitive à certaines questions qui relèvent plus de l'opinion personnelle ( que symbolise ceci ou celà, à quel autre conte cette histoire fait -elle penser.. sachant que la typologie des contes est si vaste que selon la culture personnelle du lecteur, ça peut être tout et n'importe quoi; quelle est la morale de cette histoire? Typiquement, je ne pense pas que ma réponse " l'appât du gain est mauvais, mais on a la droit de décapiter quelqu'un sur un coup de colère, et de pénétrer la nuit par effraction dans la chambre de quelqu'un pour peu qu'on soit riche et puissant" ou " l'appêt du gain et l'emploi de la violence, c'est pas si grave, si tu te maries honnêtement avec la fille à la fin ( sans lui laisser le choix de refuser)" soient validées par l'éducation nationale.
Et là encore, la morale peut être totalement différente selon la culture personnelle du lecteur... N'oublions pas que " les gens moches, vieux ou pas très malins sont forcément mauvais et on a le droit de les harceler, voire de les tuer", c'était acceptable à une certaine époque, mais plus en 2023, heureusement.



vendredi 10 novembre 2023

Labyrinthe ( film 1986)

Bonus!
Histoire de faire le lien entre la période d'Halloween, et décembre, voilà du fantastique qui lorgne sur les contes.
Figurez-vous que je n'avais jamais vu en entier ce film pourtant très connu, je n'en connaissais en fait que les extraits musicaux... J'étais trop jeune à la sortie (9/10 ans) pour aller le voir au cinéma. Pourtant mes parents m'avaient emmenée voir la Dernière licorne et Taram alors que j'étais encore plus jeune. allez, comprendre.

Et je l'ai trouvé assez sympa, pas renversant, mais sympa déjà ne serait-ce que parce que c'est un film de Jim Henson, que j'ai vu à la même période Fraggle Rock, Dark Crystal quelques années plus tard et que donc, je suis totalement en terrain connu.
Ensuite parce que bon, même s'il a des longueurs, et des gags qui manquent un peu de finesse ( le marais qui pue, c'était quand même un peu lourd et redondant au bout d'un moment) il est quand même souvent drôle. Que le courage y est incarné par une fille (toute ressemblance avec Alice au pays des Merveilles et Le magicien d'Oz est absolument, totalement, carrément voulue et revendiquée), alors que franchement c'était pas gagné. Et que les monstres ne sont pas ceux qu'on croit.
Les créatures effrayantes sont bien souvent plus sympathiques que le vrai monstre de l'histoire, le seul qui pourtant a figure humaine, qui terrorise et manipule ses sbires.

KITSCH ( mais c'est ce qui fait l'intérêt)
Ho pinaise, le roi des goblins ressemble à s'y méprendre à un chanteur de glam-rock des années 70/80
Et c'est absolument normal en l'occurrence ;)


Donc de quoi est-il question. Le scénario est simple, c'est finalement celui de presque tous les jeux vidéos: un personnage, pas forcément taillé pour l'aventure, pas forcément sympathique non plus ( Sarah est quand même assez tête en l'air et capricieuse) se met en colère, et déclenche une malédiction, à laquelle il va falloir remédier en partant affronter le boss final dans son château, en recrutant en chemin une équipée de bric et de broc et en évitant les pièges.

Sarah, obligée par son père et sa belle-mère à babysitter son demi frère bien plus jeune qu'elle, se passerait bien de cette corvée (et là, de la part des parents c'est limite de l'inconscience, vu qu'elle n'a aucune envie de le faire, n'aime pas beaucoup son frère, et est quand même parfois pas loin de la malveillance, ou du moins de la négligence envers lui. Mieux aurait valu confier la garde à quelqu'un qui sait s'y prendre et apprécierait de se faire trop sou, mais les parents doivent être des gros rats) Donc, tannée de devoir s'occuper du mioche braillard, elle souhaite en être débarrassée à tout jamais, que les goblins l'emportent dans leur royaume, et qu'il devienne l'un des leurs. Sitôt dit, sitôt fait le gamin est emmené dans le château des goblins, où règne Jareth: taquin, joueur, et aussi pas mal pervers manipulateur. Bien qu'ayant apparence humaine contrairement aux autres goblins ses sujets, il est sadique.
 Sarah commence à regretter. La morale veut faire croire qu'elle a une crise de responsabilité, qu'elle ne le voulait pas vraiment qu'elle a eu des mots exagérés mais aime quand même son frère, tout ça tout ça. Je penche plutôt vers l'envie d'éviter une engueulade carabinée quand ses parents rentreront et constateront qu'elle n'a aucune explication valable concernant la disparition de son frère: " Il a été enlevé par les goblins, il est dans un royaume magique".. ça ne passerait pas vraiment.

Donc Sarah, " héroïque" malgré elle, passe un marché avec le roi des Goblins, qui lui dit qu'elle peut récupérer son frère, si elle parvient à atteindre le château où il est retenu prisonnier, et ce en moins de 13h00. Mais il faut traverser un gigantesque labyrinthe semé d'embûches. Du classique de quête héroïque donc.
Mais ce qui fait la différence, ce sont les petits détails savoureux: le château est copié sur la gravure d'Escher qui décore le mur de la chambre de Sarah. Le roi des goblins ressemble a une figurine qui est sur sa table. Les monstres qu'elle rencontre sont des versions déformées de ses peluches. Alice est un de ses livres de chevets, et là, Jim Henson se fait plaisir à insérer des références visuelles.
La morale est évidente mais pas non plus trop sotte: grandir, c'est affronter ses peurs enfantines...et se rendre compte qu'elle ne sont fondées sur rien (les robots géants sont en fait des armures qui cachent des lutins minuscules et peu dangereux, plus ridicules que vraiment méchants).
Grandir, c'est aussi ce que Sarah ne veut pas, mais qui adviendra malgré tout, qu'elle le veuille ou non. Et c'est apprendre à démêler le vrai du faux, les apparences de la réalité, et ne pas se laisser berner par les manipulateurs et leurs promesses.

Mais ce n'est pas non plus renoncer à toute fantaisie. Avoir un jardin secret fantastique est même nécessaire pour contrer la platitude des responsabilités quotidiennes. Sarah a des prédispositions pour le théâtre, qui est sa passion apparemment, j'aime à penser que dans le futur, elle en fera son métier.

Allez, évidemment l'autre atout du film c'est d'avoir mélangé une fantaisie visuelle digne parfois de Brueghel et Jérôme Bosch, sans compter la référence directe à Escher, avec une ambiance pop/ rock très années 80.
Et d'avoir confié le rôle du roi et la BO à l'un des compositeurs-musiciens-chanteurs les plus barrés de l'époque: David Bowie. Bon, j'avoue la BO n'est pas ce qu'il a fait de mieux dans l'absolu si on prend ses propres compos en référence, ça ne sera jamais du niveau de Space Oddity ou Life on Mars?
Mais dans le cadre d'un film jeunesse des années 80, avoir David Bowie dans le film ET aux manettes de la musique, c'était quand même le haut du panier. Et il semble s'être amusé comme un fou à danser avec des marionnettes.
ahaha... non pardon, David, tout le monde sait que je kiffe ta musique, mais là...
C'est une prouesse de ne pas être 100% ridicule avec cette tenue et cette coupe et tiens... il a un palantir!

Question apparence souvent farfelue, on fait difficilement mieux, et c'est bien une des seules personnes au monde à pouvoir être à la fois drôle et flippant, malgré une coupe mulet hirsute, un maquillage argenté et un pantalon qui...

Euh, oui disons que c'était les années 80, mais rétrospectivement et avec mon regard d'adulte, il y a un détail qui ne passerait plus dans un film destiné au jeune public. Ce futal est quand même hyper moulant, et laisse vraiment peu de place à l'imagination. Ce choix vestimentaire est quand même un brin étrange et perturbant. Pour un de ses concerts, je n'aurais riiiiiiiien trouvé à redire. Pour un film jeunesse, bref...

Ahem, je m'égare, ce qui est normal dans un labyrinthe, parlons plutôt des effets spéciaux. Le film date de 1986, donc, à une époque où presque tout est encore fait à la main, et c'est son charme. Finalement ce qui a le moins bien vieilli, c'est la chouette en image de synthèse pendant le générique. Tout le reste est fait en marionnettes, et je suis une fervente partisane de cette option: faux pour faux, autant que ça se voie et pourtant, les marionnettes ont plus de réalité, plus d'expressivité, plus de chair et dans le fond, plus d'âme que n'importe quelle image de synthèse (Comparez dans Star Wars le maître Yoda en mousse de la première trilogie et celui en images de synthèse des suivantes, ben je suis désolée, je préfère la version marionnette, beaucoup plus " vivante")
Donc pour peu qu'on apprécie le théâtre de marionnettes,  ça tient toujours la route. Et bon Jim Henson à la manipulation et Brian Froud au design, c'est quand même pas rien. Ah, et Terry Jones des Monty Pythons a collaboré aussi. Belle collaboration avec une bonne touche so british.

Allez pour la route, ce qui me fait marrer: finalement, si on y réfléchit, l'irresponsable Sarah n'a même pas eu à se cogner l'ennuyeux baby-sitting, puisque pensant tout le film, c'est le roi des Goblins qui doit surveiller le gamin, l'occuper, le faire sauter sur ses genoux, pensant qu'elle se promène dans un pays de fantaisie et copine avec les monstres ( toute ressemblance avec le magicien d'Oz est aussi très très très très voulue)
C'est lui, le sale type, qui doit être responsable à sa place et tout ça gratuitement. Sans toucher une seule livre, un seul fifrelin de salaire! Mais bon, comme il a l'air de s'ennuyer profondément dans son château à organiser des fêtes décadentes avec des lutins, disons que ça l'a occupé pour quelques heures.

J'hésite à le classer en " film avec une objet magique" ( le labyrinthe lui-même ou le palantir), ou bien " film réhabilité après un échec. Il n'a pas été un franc succès à sa sortie, et a mis quelques années avant de trouver son public, qui l'a même propulsé au range de film culte.
Mmmm j'ai ptêtre une autre idée pour cette catégorie, donc va pour " objet magique"

mercredi 8 novembre 2023

Le livre des êtres imaginaires - J-L. Borgès ( + création de monstres virtuels)

 et le "nouvel auteur " du mois est l'argentin J L Borges, que je n'avais jamais lu.
J'avais ce livre chez moi depuis des années, mais du genre plus de 20 ans, offert par des copines, mais .. sa structure en forme de liste m'avait toujours un peu rebutée. Mais allez, zou. Il est là depuis trop longtemps, j'ai peu de lectures étrangères, peu de lectures tout court cette année, on s'y met.


Et effectivement, c'est une recension de créatures imaginaires littéraires ou mythologiques, qui de l'aveu même de Borgès n'est pas destinée à être lue d'une traite ( donc j'en ai lu quelques pages par jour en fait), sinon gare à l'indigestion.
Son propos avoué est de faire de son livre un " zoo fantastique" classé par ordre alphabétique, du moins en espagnol, chaque récit ressemble à un cartel affiché sur le parc où pourrait résider la créature en question. Depuis l'A bao a Qou du Rajasthan jusqu'aux antilopes Sibérienne à 6 pattes, et au renard chinois.
En voilà la Liste

Et en fait ces derniers jours je me suis un peu amusée avec l'IA de Bing qui essaye de représenter des choses en fonctiond es descriptions qu'on y entre. J'ai d'abord tenté le coup pour me faire un Avatar ( coucou Théophile) pour un forum, qui corresponde à mon pseudo avec quelques informations en plus. et je me suis dit que ça pouvait être marrant de lui faire " matérialiser" certaines des bestioles improbables de ce livre, d'après la description de Borgès.

Allez, on se fait un atelier " création de monstres". Je ne vais pas lui demander de me générer un phénix, un centaure, un minotaure, un kraken, une sirène danoise, une licorne, un sphinx, un dragon...ceux là sont trop connus et déjà représentés par des artistes variés.

J'ai tenté le coup (en simplifiant la description) de l'animal imaginé par Edgar Poe dans les Aventures d'Arthur Gordon Pym.. et l'AI a galéré!
"Un animal de 3 pieds de long sur 6 pouces de haut, avec 4 pattes très courtes, et de longues griffes couleur corail. Il a une longue queue de rat et le poil blanc. Sa tête est celle d'un chat. Il a de longues oreilles tombantes comme celles du chien. Ses dents sont rouge corail"
Force est de constater que bon, beaucoup de consignes ( les dents et les oreilles, les pattes courtes) passent à la trappe, j'ai plutôt des rats blancs avec des pattes de poules.
D'après Poe, il n'a pas l'air effrayant, et tout ce que j'ai eu, ce sont des rats infernaux.
Toi, tu m'as l'air d'avoir déclenché la grande peste noire

Il est fun celui là

Rigolo, mais hors sujet

Il est chou, hors sujet aussi mais chou.

un autre candidat à la peste noire.

et celui de Kafka ( là encore, en résumé)
"un animal avec une queue de renard de plusieurs mètres de long. Il a une petite tête ovale. Il a de grandes dents. Il saute comme un kangourou"
Ils sont trop mignons mes familiers!!!
Renardeau assez classique

Ca ressemble assez à un écureuil ou a un chinchilla

Lui, il me plait avec ses grandes oreilles. Il manque les dents et plusieurs mètres de queue, mais il est sympa.

Et celui là est le seul qui a vraiment une longue queue.

- Le basilic médiéval, il en existe plusieurs sortes selon les époques, mais j'ai bien envie de voir ce que donne celui du moyen âge
"un coq à quatre pattes et aux plumes jaunes.. Il a de grandes ailes épineuses. Il a une queue de serpent terminée par une autre tête de coq. Il a une couronne sur la tête"
Manque 1 patte et les épines aux ailes, et on a dit une couronne, pas un chapeau à grelot de joker de jeu de cartes!


3 pattes, et la queue part de son bréchet, mais là on se rapproche: une couronne et j'aime le motif de têtes de coq sur les ailes. Pas mal du tout!

Il fait plus phénix que basilic, lui, et décidément le nombre de pattes n'est jamais pris en compte.
Mais il serait cool comme blason

le barometz " agneau végétal", est une plante qui mime la forme d'un agneau, ou un hybride plante animal.
"une plante avec 4 ou 5 troncs. Le feuillage a la forme d'un agneau à la laine dorée. Les loups veulent manger la plante. Il en coule une sève rouge"
Alors là, je kiffe les 4 propositions, j'espérais en effet quelque chose de très bizarre avec la description, et je ne suis pas déçue.
Version " cours de science nat", j'adore l'ajout des loups-garous comme figurines et de la lune, va savoir pourquoi

C'est bien d'avoir mis des numéros mais où est la légende?, mais c'est fun

Il manque la forme du mouton, mais j'aime bien le côté enluminure

Trop bien, l'agneau est carrément plus gros que les loups et le côté chou-fleur (au curry) accentue l'idée de végétal

Le catoblépas: "un animal noir, de la taille d'un buffle. Il a un long cou mou et fin . il a une tête de cochon, qui traine par terre. Sa tête est trop lourde pour être verticale. On ne voit pas ses yeux. Il est de couleur noire. sa fourrure est épaisse. Il a des pattes très courtes. "
Aïe, tout est hors sujet, puisqu'il ne garde pas les deux caractéristiques absolues: une tête trop lourde pour son long cou fin, et des yeux invisible ( parce que si ses yeux étaient visibles, il foudroieraient le commun des mortel instantanément, comme la méduse.) Peut mieux faire, j'ai juste des hybrides " cochon vietnamien et buffle", assez mignons il est vrai, mais surtout un peu trop réalistes. ce genre de bestiole pourrait de fait exister dans la vraie réalité réelle
Tellement réaliste qu'on dirait mon animal totem au .. euh...réveil

heu, c'est juste un petit cochon à poils longs ça...

haha, plutôt un " mouchon" qu'un "cochuffle", mais je le veux en peluche!

Le leucrocote
"un animal qui a un corps et une queue de lion. Il a des pattes de cerf. Il a une tête de blaireau. Il a une grande gueule avec une mâchoire de Dunkleosteus*. il sait parler"
Le descriptif dit " un os continu au lieu de dents", dans ma tête ça me rappelle le dunkleosteus, mais visiblement, l'IA ne connait pas du tout cette bestiole réelle mais encore plus cauchemardesque que toute invention littéraire.
On a dit des pattes de cerf, pas des bois. Et une mâchoire de dunkleosteus. Et une tête de blaireau
Monstruosité 8,5/10 ( 0,5 bonus pour la mâchoire " alien") Respect des critères 3/10

On a pas dit " ses potes sont des cerfs". et ça ce n'est pas un leucrocote, c'est plutôt une manticore


Au moins il a la couleur du blaireau, mais pourquoi une queue en bois de cerf.
Par contre pour les pattes, non plus, les cerfs ont des sabots.
C'est un monstre cool, mais qui n'a rien à voir avec les critères.

Allez, alerte mignonitude maximale, pokémon, voilà le chagneau, calinez-le tous!
un autre animal, très gentil, imaginé par Kafka. Il n'a donc pas inventé qu'un hybride humain/ scarabée, mais aussi un hybride agneau/chat. Il ne décrit pas beaucoup son aspect, mais plutôt son caractère qui tient des deux: calme, docile, il se frotte aux jambes...
"Un agneau avec une tête et des griffes de chat"
Bon les pupilles rondes ne sont ni des yeux de mouton ni des yeux de chats, mais on passera sur ce détail

en agrandissant, sisi, il a des griffes.
Points bonus pour la queue de chat laineuse

- Deux bestioles chilienne: Le chonchon " une tête humaine sans corps, avec de grandes oreilles qui lui servent d'ailes pour voler" et l'alicanto: "un oiseau nocturne qui ne sait pas voler. Il court. Ses plumes sont dorées et argentées, il se nourrit d'or et d'argent".
J'aime bien mes zozios.

Le nombre de pattes, c'est toujours le souk!


le merle à 3 pattes, édition noellesque!

La velue de la Ferté-Bernard: " Un animal au corps sphérique et au pelage vert , avec une tête  et une queue de serpent. il a des pattes de tortue. Il a des épines venimeuses sur le corps et crache des flammes"
Force est de constater que le pelage est passé à l'as, il semble plutôt croisé avec un cactus. Tortusse, à l'assaut!
ha, encore un manque de pattes
Sa queue est bizarrement sur le côté de son corps, mais il est marrant.
Le péritios " un animal qui a un corps d'oiseau, une tête et des pattes de cerf. son ombre est celle d'un être humain. Il est dangereux". Bon, là non plus, il n'a pas respecté une des consignes, mais le résultat est assez dingue!
Sérieusement, je voudrais tellement que quelqu'un de doué en sculpture sur bois la fabrique, ce serait un travail de malade! Ami lecteur, si tu as la motivation, fais toi plaisir avec ce design, et surtout signale le moi!


Messieurs dames, on l'a trouvé, ceci est un authentique cerf-volant.

Il y aurait encore bien des bestioles de ce livre à essayer de générer, mais j'ai épuisé mon quota pour la semaine. Ceci dit, je retiens l'idée pour un second billet avec encore quelques créatures virtuelles.

J'en ai zappés quelques unes, bien trop proches de la réalité ( le singe de l'encre m'a surtout donné un petit singe avec une tasse de café, et beaucoup d'autres demandes qui se ressemblaient trop entre elles). Mais on voit que si ça s'améliore, l'AI est encore bien loin de respecter les consignes et d'avoir autant d'imagination que els dessinateurs et peintres.
Si seulement j'avais ce talent, j'aurais tenté de coup de les dessiner moi même, mais je 'nai jamais dépassé le stade du bonhomme-patate ou du sigle des toilettes.

Un pays de plus au compteur: l'Argentine
Une auteur encore inconnue: Borgès
Un classique: 1° édition en espagnol 1957


mardi 7 novembre 2023

Avatar ; Jettatura - Théophile Gautier

 Chose promise, chose due.
Ces deux nouvelles là, plus longues que les précédentes (+  de 200 pages à elles deux), avaient été mises en attente l'an dernier pour ce mois Halloween, c'est chose faite.

Gautier, fidèle à ses goûts personnels et à la mode orientalisante, part tout d'abord en Inde, ou plutôt, fait venir les "mystères de l'Inde" en France.

Fini!

AVATAR:
Le dénommé Octave de Saville est un jeune noble, qui, pour une raison incompréhensible, semble dépérir depuis plusieurs années, alors que sa santé est censée être excellente. En désespoir de cause ses parents convoquent un étrange médecin, Balthazar Cherbonneau, fraîchement revenu d'Inde où il a, dit-on, appris les secrets de la médecine orientale. Octave finit par s'ouvrir à lui: deux ans plus tôt, faisant son tour d'Europe, il a rencontré par hasard à Florence la dénommée Prascovie Labinska, comtesse lithuanienne, évidemment une très jolie femme (et là, on est à donf' dans le cliché descriptif du XIX° siècle, qui vous fait penser que définitivement, les critères de beauté ont bien changé: blonde, aux cheveux frisés, aux yeux verts, et au teint décrit sur maintes lignes comme pur, virginal, transparent, diaphane et autres... bref, digne d'une madone de la Renaissance). Comme de bien entendu, Octave en est tombé raide dingue avant même de lui adresser la parole, l'a courtisée... et s'est pris le vent de sa vie: Prascovie, qui est jolie mais aussi intelligente, a cependant un défaut intolérable pour une héroïne littéraire du XIX° siècle. Qu'elle soit mariée est une chose, mais elle a le mauvais goût d'adorer son mari, Olaf, et de lui être fidèle.
Octave, comme tout bon héros romantique, au lieu de prendre une cuite, et de se remettre de son chagrin d'amour qu'il n'est ni le premier ni le dernier à avoir, se laisse donc mourir à petit feu. Cherbonneau lui propose alors un marché plus que douteux: versé dans la science yogi, il sait détacher les esprits des corps, et peut donc projeter l'esprit d'Octave dans le corps du mari de Prascovie " qui sera bien fine si elle arrive à le détecter". Donc un plan à la Merlin et sa potion de polymorphie, pour abuser la mère du roi Arthur.

Au XIX° siècle, une histoire d'amour.
Au XXI° siècle ça passe moyen, puisqu'on parle quand même d'un gourou, sans le moindre état d'âme, qui manipule un dépressif, et lui propose quelque chose de doublement inacceptable: prendre possession du corps d'un innocent pour, disons le crûment, violer sa femme. Y'a pas d'autre mot, à partir du moment où elle a clairement repoussé les avances d'Octave, utiliser la magie n'excuse rien.

Bon rassurez-vous, c'est un échec, Prascovie se rend compte que quelque chose cloche avec son "mari": il ne la regarde pas comme d'habitude, il a soudainement oublié le polonais, sa langue natale... Et donc elle le snobe et fait la grève du sexe en attendant qu'il redevienne lui-même. Ce qui lui évite de cocufier involontairement Olaf avec l'esprit d'Octave.

Bon je ne vais pas censurer la nouvelle sous prétexte que les choses ont changé, on n'est pas aux USA, mais quand même, j'ai du mal à la considérer comme merveilleuse. Plutôt épouvantable, parce que finalement, on y valorise une chose que je trouve au tréfonds de moi les plus révoltantes: la manipulation et l'abus de faiblesse. Car Octave est aussi une victime, que Cherbonneau amène tout doucement là où lui le veut. C'était pareil dans la Morte Amoureuse, hein, le fait que ce soit une femme qui manipulait alors un homme ne rendait pas la chose plus acceptable. Mais au moins il n'était pas manipulé par une tierce personne à son propre profit.
Car on devine vite que Cherbonneau n'est pas uniquement préoccupé de sortir Octave de sa dépression.  Réfléchissons: un vieux type au corps usé, qui sait comment projeter un esprit dans un autre corps, dépeint comme un esprit de 20 ans dans un corps de septuagénaire, se retrouve face à un dépressif, qui a un esprit de 70 ans dans un corps de 20. Vous voyez venir le truc?
....
......
Exactement.
Spoiler habituel:


Après avoir une première fois échangé les corps et les esprits d'Octave et d'Olaf, causant au pauvre Olaf qui n'était ni averti ni consentant une panique totale de se retrouver dans le corps et la vie de quelqu'un d'autre, pris pour un fou qui a un dédoublement de personnalité, s'être battu en duel avec lui-même, finit par réintégrer son propre corps, l'esprit du dépressif Octave n'est pas très motivé pour revenir sur terre et s'envole par la fenêtre.Cherbonneau, tout décati qu'il est, se retrouve avec un cadavre encore chaud sur les bras, et se dit que bon ça va causer des problèmes avec la police, va falloir expliquer pourquoi un type est mort dans son bureau.. Et donc le plus simple est de rédiger vite fait un testament léguant tout à Octave, avant de transférer son propre esprit dans ce nouveau réceptacle, jeune et vacant. Un vieux médecin qui meurt chez lui d'une crise cardiaque, et un jeune malade revenu à la vie grâce aux bons soins du docteur, juste avant qu'il ne passe l'arme à gauche, qui va à l'enterrement de son sauveur qui vient en plus de lui laisser une fortune, c'est normal!

JETTATURA

On continue dans les destinations " exotiques " qui faisaient fantasmer les lecteurs du XIX° siècle dont la plupart ne s'aventuraient pas plus loin que le chef-lieu de département. Les longs voyage étaient réservés à la "Jet-set" de l'époque, oui même l'Italie ce qui parait dingue quand on peut maintenant y être en quelques heures de train ou d'avion: on part à Naples.
Comme c'est le cas de la riche damoiselle dénommée Alicia Ward qui vient s'y refaire une santé. Depuis quelques temps, elle dépérissait à vue d'oeil en Angleterre, et sur avis médical, vient de passer 6 mois en Italie. Ce qui lui réussit, elle a meilleure mine, a repris du poids...
Et pour l'heure, Alicia reçoit la visite de Paul, son fiancé français qui vient la rejoindre. Et à peine est-il arrivé que les événements étranges se produisent. Pas des catastrophes des trucs un peu ridicules: qu'il regarde les bateaux dans le port, et l'un d'entre eux est retourné par une vague. Qu'il regarde un nuage, et le ciel se couvre et la pluie tombe. Qu'il regarde Alicia assise dans un hamac, et une corde casse, et elle se retrouve les 4 fers en l'air...
Paul a un visage étrange qui met mal à l'aise beaucoup de monde, et les napolitains qui le croisent le considèrent comme portant le mauvais oeil, se bardent de grigris et d'amulettes et l'évitent autant que possible. Pour eux, il est un jettatore, un jeteur de sort, quelqu'un qui vous colle le mauvais oeil.
D'ailleurs les soucis de santé d'Alicia ont commencé précisément au moment où elle a rencontré Paul.
Et lorsque Paul se rend compte que tout le monde l'évite, lui fait les cornes, le traite de jettatore, il passe en revue le nombre assez colossal d'accidents  parfois mortels, qui se sont passés sous ses yeux depuis son enfance, et en vient à s'accuser d'avoir causé la mort ou les blessures de tout ce monde, rien qu'en les regardant. Jusqu'à présent, il avait rationnellement attribué ces accidents à la malchance, un concours de circonstance, mais en y repensait, ils se sont toujours produit alors qu'il regardait quelque chose ou quelqu'un. Serait-il réellement maudit et en train d'involontairement rendre malade sa fiancé à force de la ... regarder?

J'ai bien aimé cette histoire et surtout la manière sarcastique donc il se moque des poncifs littéraires. Alicia a un cou d'une blancheur "à faire passer pour jaune le lait, les plumes de cygnes, l'albâtre, la neige, et tout ce que les poètes utilisent habituellement comme images pour évoquer le blanc"
Oui je vous ai dit que Gautier est un auteur souvent drôle dans sa manière de prendre le lecteur à témoin et de ne pas être dupe. Une telle litanie de comparaisons serait ridicule, SAUF, si on clame précisément que c'est une série de cliché.
Cette histoire finit mal pour tous les protagonistes, mais il y a des passages très drôles, du genre les touristes anglais en goguette qui tombent sur un cadavre à Pompei: leur voyage était plan plan jusqu'à présent, rien de bien passionnant, ils vont enfin avoir une anecdote passionnante à raconter au retour!
Ce balancement perpétuel entre l'ironie et le lyrisme, le romantisme et le sarcasme, l'assimilation et la distance entre le le narrateur et son récit, ses personnages, les clins d'oeil au lecteur, est ce qui fait le sel, pour moi de son écriture.

Allez, deux précisions
Oui il y a beaucoup mais alors beaucoup de descriptions et de comparaisons. On est à une époque ou peu de gens voyageaient ou même quittaient leur ville natale. La presse était peu distribuée, les gens n'avaient pas beaucoup de moyen se se renseigner sur tel ou tel domaine et donc l'auteur devait tout, absolument tout décrire, afin que son lecteur comprenne de quoi il parle.

Il y a beaucoup, mais alors beaucoup (bis) de termes italiens ou anglais empruntés. Pas toujours pour faire couleur locale et créer l'ambiance "italienne" ici. Mais aussi parce que des concepts nouvellement arrivés n'avaient pas encore d'équivalent français. Egalement parce que c'était à la mode, l'anglomanie était en vogue, on ajoutait ici et là un mot d'anglais par... snobisme ( cet anglicisime là existe encore)
Et il y a donc beaucoup d'anglicismes qui sont totalement tombés en désuétude ( Alicia écrit sur du papier "Cream lead". Ca n'existe plus du tout. On dirait " couleur crème", probablement. Pareil quand il utilise " un baby" pour dire simplement: un jeune enfant, quelle que soit sa nationalité d'ailleurs.
Je souligne ça pour tous ceux qui disent que l'introduction d'anglicismes " tue le français" depuis 40 ans. Ben au contraire, prenez un livre du XIX° siècle, il y a beaucoup plus d'anglicismes que dans un livre de littérature contemporaine, parce que beaucoup de concepts ont depuis reçu un autre nom plus français. Donc relax les gars, visiblement Théophile Gautier et ses copains du XIX° siècle n'ont pas " tué " la littérature française, et les anglicismes récents finiront pas être absorbés, déformés ou remplacés par un autre terme.

lundi 6 novembre 2023

Lundi soleil 11 - rouge

Rouge à tous les sens du terme!


On connaît bien les stations de métro de Moscou, réputées pour être un musée à ciel (c)ouvert. Mais celui de Saint Pétersbourg vaut aussi le détour..

Voilà donc le décor de la station Maïakovskaïa, dédiée à l'écrivain soviétique Vladimir Maïakovsky.

Publication le 6 novembre, car c'est la veille du 7 novembre qui correspond à la révolution d'Octobre ( à cause du décalage entre calendrier julien et calendrier grégorien). Ne jamais manquer une occasion de faire un peu d'histoire.

En 2021, cependant, le rouge est moins militant: Course de pères Noël devant l'Ermitage
Et ce bien que l'équivalent slave du père Noël, le Ded Moroz ( grand père gel) soit traditionnellement habillé de bleu et blanc. Parfois surnommé " grand père gel au nez rouge", les enfants pensent que c'est à cause du froid, les adultes ont une théorie autre sur l'origine de cette couleur 🍺🍻🥂🍾🥃


 La vision européenne prend le pas sur les traditions locales et c'est un poil dommage quand même.