Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

Qui passe par ici?

Flag Counter

mardi 25 février 2014

Voyager aux confins du système solaire (3) - Missions vénusiennes

Parce que j'en avais brièvement parlé dans le sujet du mois dernier sur les Missions Pioneer, la destination de ce mois de février, sera la soeur jumelle de la Terre, alias Vénus. Ce surnom de soeur jumelle lui sied d'ailleurs bien peu, depuis que justement, on a pu en savoir plus à son sujet: un endroit absolument charmant où il fait plus chaud encore que sur Mercure, si j'en crois le CNES ( 460°C à la surface de Vénus, contre 430°C "seulement" sur Mercure en plein soleil, ceci, du à un effet de serre colossal causé par l'atmosphère très dense de Vénus)
Donc, un endroit ou personne de sensé ne voudrait aller. Mais pour le savoir, il a justement fallu aller y jeter un coup d'oeil, car vu de notre bon vieux plancher des vaches, l'atmosphère constamment nuageuse de la planète est impénétrable aux téléscopes.
Venus en vraies couleurs par Mariner 10

Je ne reparlerais pas des deux pioneers de 1978, puisque je les ai déjà évoqués, mais plutôt des deux principaux programmes qui s'y sont consacrés: Le programme Mariner côté USA et le programme Venera côté URSS. Puisque la planète Vénus a fait l'objet de la rivalité entre les deux nations au moins autant que la lune. En tout cas, il s'agit de la première planète vers laquelle des sondes ont été envoyées, avant même de penser à visiter Mars.

Petit rappel: Dans les années 50, l'URSS frappe fort: premier objet mis sur orbite (spoutnik 1) et premier être vivant envoyé dans l'espace ( Laïka) en 1957, premier survol de la Lune par Luna (1959) et surtout évidemment, Youri Gagarine, premier cosmonaute de l'histoire en 1961.avant la première femme, Valentina Terechkova en 1963.
La réponse des USA ne s'est pas faite attendre: le programme Apollo d'un côté avec le résultat qu'on connaît: un petit drapeau US sur la Lune et un pas de géant pour l'humanité, mais aussi via le programme Mariner en direction des planètes rocheuses Vénus en premier lieu, Mars et Mercure par la suite.
Si la bataille pour la Lune est bien restée en mémoire, celle pour Vénus est moins connue du grand public, moins impressionnante bien sur, puisqu'il s'agit d'envoyer des sondes. Face à quoi l'URSS avait déjà, tout prêt, le programme Venera.

Tout au long des années 60, dans un camp comme dans l'autre, les différentes tentatives se sont soldées par des échecs, soit au lancement, soit à l'atterrissage. Mais le match de ping-pong qui s'est joué entre les deux pays a quelque chose d'amusant. Les dates sont celles de lancements, et non celles des survols.
Venera 1.. ce design fait rétrospectivement vraiment robot de film SF des années 50/60

- Venera 1: léger avantage de l'URSS en février 1961, la sonde a survolé Vénus à 100 000 kms, mais sans toutefois pouvoir transmettre de données.

plusieurs Mariners
-Mariner 1 et 2: Mariner 1 lancé en Juillet 1962 n'a pas pu sortir de l'orbite terrestre. Mariner 2, un mois plus tard, a quand a lui pu survoler Vénus, recueillir et communiquer quelques données permettant d'en savoir un peu plus: l'absence de champ magnétique de la planète, le fait que l'atmosphère soit dense et couverte de nuages.. mais rien encore sur son apparence au sol.
Venera 2 ( 1965) a survolé la planète mais n'a pas pu renvoyer de données


- Venera 3 (nov. 1965) a pu entrer dans l'atmosphère de la planète sans renvoyer de données, mais Venera 4 ( 12 juin 1965) a quand a elle pu collecter des information avant de s'écraser au sol: mesures sur la densité, la composition et la pression atmosphérique
- Mariner 5 (14 juin 1967) - le 3 et le 4 concernaient Mars: survol de Vénus, amélioration de la mesure de l'Unité Astronomique, calcul de l'aplatissement de la planète et étude de l'atmosphère qui corroborait les données de Venera 4 sur la densité et la composition de l'atmosphère. Mais pas de chance pour Mariner 5, Venera 4 lancée 2 jours plus tôt l'avait alors battu sur le fil en atteignant Venus.. un jour plus tôt.
mariner 5

Puis, arrivent les années 70: le programme Mariner se réoriente vers Mars et Mercure, laissant au final le champ libre aux missions Venera
- Venera 7 (aout 1970): la première sonde a survivre à son "avénussage", pendant 35 minutes, et première sonde tout court à  toucher le sol d'une autre planète sans dommage
Venera 7

- Mariner10 (nov. 1973) parti pour explorer Mercure a cependant pris quelques photographies en survolant venus

- Venera 9 (juin 1975), a quand a elle réussi a renvoyer des images en noir et blanc de la surface.
sol vénusien par Venera 9, à comparer ci-dessous avec l'image de Venera 14

- Pioneer Venus 1 et 2 (alias Pioneer 12 et 13 - mai et août 1978), on en avait déjà parlé ici, dotés de nombreux appareils d'analyse, en particulier d'un radar à qui on doit une cartographie de la planète. L'un des modules de Pioneer Venus 1 a réussi a "survivre" un peu plus d'une heure sur Vénus, une première pour les sondes américaines, mais là encore pas de chances car :
- Venera 11 et 12 (septembre 1978) ont fait plus fort, juste une quinzaine de jours plus tard. En particulier Venera 11, qui embarquait des caméras couleur et a fonctionné pendant 95 minutes. Sans pouvoir toutefois renvoyer d'images
Venera11

Années 80: retournement de situation: la Nasa semble avoir laissé tomber complètement Vénus.
L'URSS a continué pendant quelques années le programme jusqu'en 1983: Venera 13 et 14 en 1981 ont ainsi pu transmettre les première photos en couleurs de la Surface, et Venera 15 et 16 en 1983 ont établi des cartes radars.. et depuis plus rien ou presque.
panorama par Venera 13


image du sol vénusien au pied de Venera 14



et en couleurs ( Venera 14)
Hormis la sonde Magellan en 1989, qui a du se contenter d'un seul radar ( Un projet plus ambitieux nommé VOIR était dans les cartons, mais a été annulé suite à une réduction budgétaire imposée à la NASA par R. Reagan), lequel a quand même permis d'obtenir une cartographie précise de la surface de la planète de découvrir des traces de volcanisme récent ( quand même dans les 600 millions d'années) et résiduel.

Magellan
une mosaïque d'images radar par Magellan, montrant enfin la planète "pelée "de ses nuages
Je me demande si c'est par suite de ces différents revers face à l'URSS qui ont poussé les hercheurs américains à s'intéresser à autre chose, ou simplement parce qu'une fois constaté que Vénus est réellement invivable, et donc sans réel intérêt, puisqu'on ne pourra jamais y envoyer une mission habitée comme sur la Lune ou peut-être un jours Mars?
Et que du coup, dépenser de l'argent pour une cause "perdue", pour une planète pleine de volcans et à l'atmosphère bourrée de gaz carbonique,d'acides sulfurique et chlorhydrique, et qui tourne sur elle-même si lentement qu'une année vénusienne dure un peu moins de deux jours vénusiens...
Sans compter la fin de la guerre froide, qui a aussi fini par avoir raison des missions russes.

Toujours est-il qu'il a fallu attendre 2005 et la sonde européenne Vénus Express ( une variation de Mars express) pour voir à nouveau une mission spatiale s'y intéresser, avec cette fois l'objectif d'étudier non seulement la composition de l'atmosphère mais aussi sa circulation,l'influence du vent solaire sur la planète, et d'élucider les différences dans l'évolution de Venus et de la terre ( s'il y a un jour eu de l'eau sur Vénus, est-ce que l'atmosphère a été un jour moins dense, est-ce que la Terre risque un jour de suivre le même chemin.? car paradoxalement, étudier Vénus - ou Mars d'ailleurs peut par ricochet permettre d'en savoir plus sur l'évolution de la Terre).
cartographie par Venus express


En tout cas la mission Vénus express qui devait cesser au bout de 500 jours terrestres est toujours en cours, la sonde se révèle extrêmement solide, en particulier face au vent solaire, au vu des résultats,la mission a été reconduite jusqu'en décembre prochain.
Mais la Russie semble n'avoir pas tout a fait enterré ( envénussé?) les mission Venera et il est question d'un projet "Venera D" - une sonde prévue pour durer 30 jours à la surface de Venus - devrait être lancé courant 2016
Sans compter l'arrivée d'autres pays dans ce domaine, ainsi la tentative de l'agence spatiale japonaise, qui a lancé la sonde Akatsuki en 2010, dans le but d'étudier le volcanisme et la circulation atmosphérique de la planète, mais elle a échoué a se mettre en orbite autour d'elle, et une seconde tentative devrait avoir lieu fin 2015.

La course à Vénus est donc bien relancée, et j'ai envie de dire tant mieux, car je l'avoue avant de rédiger cet article et de rechercher sources, images et renseignements,  et hormis la guéguerre USA/URSS, je n'en savais que peu à son sujet, une planète qui ne m'a jamais semblé follement intéressante, mais les derniers projets et ceux encore en cours m'ont l'air vraiment passionnants.

pour en savoir plus sur les mission Venera: Russia's unmanned mission to Venus
Pour les données collectées par Magellan : magellan images
les dernières nouvelles de Venus Express: Venus express activities
et ses images ( j'aime bien l'idée d'étudier non seuement Venus, mais aussi la Terre, telle qu'elle apparait de loin)
Des photos des différentes sondes,  compris celles dont je n'ai pas parlé (et les raisons de leurs pannes).; je leur ai piqué quelques images, merci à eux: ac-nancy élèves, le dossier date de 2004 et s'arrête donc logiquement à Magellan
Venus était l'étape 2 de mon petit tour d'horizon des missions spatiales

Voyager, c'est fait, Pioneer, c'est fait, la conquête de Vénus, c'est fait.. Pour le mois de mars, je vous laisse deviner où je vous emmènerai... quel suspense insoutenable, insn't?


samedi 22 février 2014

La guerre du feu - JH Rosny aîné

Un livre que j'avais pu trouver au format numérique l'an dernier lors de l'opération ebooks à 99cts de Bragelonne.
J'avais vu le film et aimé le film de JJ Annaud, j'ai donc voulu tenter le livre.
visuel totalement à côté de la plaque: s'il y a bien UNE chose qui n'est pas mentionnée ce sont les hommes des cavernes: toutes les tribus rencontrées vivent en plein air. Désolée Bragelonne!

Bon, soyons clair: hormis le fait que les deux se passent à la préhistoire et racontent la quête du feu perdu, par trois individus envoyés à sa recherche par le chef de la tribu, ça n'a RIEN à voir! ( mais tellement rien à voir que je n'ai même pas eu la bobine de Ron Pelman en tête pendant toute ma lecture, c'est dire)

Lors d'un affrontement avec un clan ennemi, la  tribu des Oulhamrs vient de vivre son pire malheur: son feu s'est éteint. En effet, s'ils connaissent et savent entretenir le feu, ils ne connaissent pas la manière de le créer. Le chef Faouhm envoie donc deux équipes de trois guerriers dan deux direction différentes pour essayer de s'en procuer un nouveau, quitte à le voler à une autre tribu. D'un côté la grande brute Aghoo et ses deux frères, de l'autre Naoh, Nam et Gaw. Avec à la clef, sa nièce Gammla  comme récompense à qui ramènera le feu.
On va donc suivre les péripéties de Naoh , Nam et Gaw dans leur quête: le trio contre un ours des cavernes, puis contre un lion et une tigresse, contre d'autres tribus, manger de l'aurochs et des antilopes, vont apprivoiser des mammouths..
QUOI????
Bon, c'est idiot je sais, le livre a été écrit en 1911, on n'était pas encore vraiment au point sur la zoologie.. Mais, alors que depuis le début, Rosny aîné nous parle de la savane, je commence vraiment à me demander
- à quelle époque ça se passe? non parce que c'est vaste la préhistoire..
- mais où est-ce que ça se passe? La savane et la faune décrite à longueur de page évoquent plutôt l'Afrique, mais les tigres c'est plutôt l'Asie. Et après, donc il y a des mammouths.. là c'est le grand nord..

Alors oui, je sais, je sais, plus de 100 ans, bénéfice du doute, tout ça, mais je peux vous assurer que ça m'a sérieusement perturbé ma lecture..
Et pourquoi? Parce que les événements sont d'importance mineure dans cette histoire, composée presque exclusivement de longues descriptions et d'énumérations de variétés d'oiseaux, d'animaux,  d'arbres.. hyper modernes. Et oui, quand il parle des tigres qu'ils décrit en long et en large, ce sont des tigres modernes, pas des tigres à dents de sabres. Alors qu'à côté de ça, outre les mammouths, il essaye de créer un décor préhistorique avec la mention des megaceros, des  élaphes.. mais mélangés à des canards communs et autres carpes, ou que sais-je. a m'a donné l'effet bizarre que les personnages se déplaçaient dans une sorte de zoo qui mélangerait tous les lieux et toutes les époques. Oui, je sais " mais non, faut le lire comme une allégorie". Certes.. mais Naoh qui focalise sérieusement de manière extrêmement monogame sur la nièce du chef, ben .. non, ça ne passe juste pas.
Un livre donc, dont les intentions étaient les meilleures du monde, mais qui a sérieusement vieilli dans son fond et aussi hélas dans sa forme.
Parce que outre que le grand nombre de descriptions sont souvent répétitives et gratuites, sans lien véritable avec l'intrigue, elles sont surtout d'un lyrisme .. qui dessert son sujet: le but était de faire ressentir le désarroi d'une tribu qui gèle et se nourrit de racines et de viande crues depuis qu'elle n'a plus le feu.
 Sauf que tout est dit de manière teeeeellement grandiloquente, en insistant sur la beauté de la nature, que j'ai du mal à y croire. Je vois mal des guerriers apprécier la beauté d'un soleil couchant alors qu'il cherchent leur pitance, ou un cours d'eau, ou doivent lutter contre des carnivores qui en feraient bien leur déjeuner. Avec en sus, une scène de torture sur une tigresse, qu'Annaud a eu la bonne idée de ne pas mettre dans son film, parce que même dans les années 80, l'acharnement sur un animal juste pour se prouver sa force, ça aurait fait désordre ( en plus d'être totalement pas crédible, pour la même raison: un carnivore mis hors d'état de nuire, c'est suffisant, je vois mal des gens chargés d'une mission de la plus haute importance et en danger de mort s'amuser à perdre du temps à le harceler)
Et j'ai trouvé le coup de théâtre final aussi très prévisible, donc, bon, sans être une méga déception, c'est quand même une déception, car j'ai trouvé l'intrigue au final mince et prévisible, et l'écriture peu adaptée à son sujet pourtant prometteur. J'en resterai au film.

Mais je donnerai une autre chance à l'auteur, j'ai vu qu'il avait aussi fait dans la science fiction, à l'occasion, j'essayerai pour voir si ça me convainc plus.
Auteur Bruxellois

X-Day - Setona Mizushiro

Et le manga du samedi de février est un shôjo. Et un shôjo lycéen en plus.
Oui, mais attention pas n'importe lequel, on n'est pas ici dans le gentil-mignon-rose-cucul-la praline, puisqu'il va être question de souffrance psychologique chez des lycéens.. et un prof.

La première que l'on rencontre est Rika, élève de terminale, ancienne championne de saut en hauteur de son lycée, qu'une blessure à la jambe a  éloignée de la compétition pour quelques temps. Seulement voilà, si la blessure physique est guérie, le mental ne suit pas: elle n'arrive pas à se décider à reprendre, elle hésite elle cherche des faux-fuyants en prétendant se consacrer au bac, pour ne pas affronter sa peur. Aller au lycée chaque jour est devenu une véritable angoisse, car tout lui pèse, et surtout la sollicitude des camarades et de la prof de sport qui tentent de la convaincre de reprendre. D'autant que son petit ami vient de la quitter pour une autre athlète. Alors elle fait comme si. Comme si tout allait bien, comme si la rupture ne l'avait pas affectée, comme si elle était au régime pour expliquer son manque d'appétit .. et pour éviter de voir du monde, elle prend ses repas en salle informatique. Un jour, par curiosité, elle va aller voir le chat de l'intranet du lycée. Sous le pseudonyme de 11, elle lance la vague idée " le lycée m'ennuie, j'aimerais qu'il n'existe pas". Et certains vont prendre au sérieux cette idée, et la mettre en forme sur un chat personnel: puisque tous ont des problèmes liés au lycée, la solution est simple: le faire sauter, purement et simplement

Il y a "polaris", Nanaka au lycée, une fille très discrète, timide, qui ne se sent pas elle-même en uniforme, et change véritablement du tout au tout lorsqu'elle s'habille en Lolita gothique. Toujours sous pression, elle cache un véritable mal-être que la moindre petite contrariété peut pousser à des réactions violentes ou autodestructrices. D'autant que, même si ça n'est pas clairement dit, il semble que son caractère effacé au lycée fasse d'elle la "poire" idéale des corvées dont les autres veulent se débarrasser.

Il y a "Jangalian", M. Takano, le professeur de sciences naturelles, ce qui étonne les autres au premier abord. Mais lui aussi va au lycée à reculons: d'un caractère plutôt introverti, il n'aime que ce qui est "mignon", chose mal vue chez un homme au Japon, et cache donc le plus possible cette part de sa personnalité. Et ce d'autant qu'une de ses collègues le harcèle sexuellement- ou, en tout cas, il le ressent comme ça. Mais, comme Polaris, avec qui il s'entend au final très bien, c'est un personnage instable, pas taillé pour la lutte, et à qui le moindre événement quotidien peut faire péter un câble.

Et enfin, "Kin-san",  Kumihiko, dont tout le monde se demande ce qu'il fait là: élève de première gentil, serviable, populaire, qui a de nombreux amis et de bons résultats scolaires. Alors pourquoi vouloir rejoindre ce projet explosif? En fait, il est le seul de la bande qui ait un réel problème, sérieux, et pas seulement dû à des nerfs fragiles ou a une perception des événements quotidiens trop exagérée. Un problème qui a priori n'a rien à voir avec le lycée ( enfant battu par une mère instable mentalement) mais voilà, il veut se rendre "utile à quelqu'un" - même si l'auteur sous entend qu'il trouve là un exutoire aux coups qu'il se refuse à rendre.
Mon préféré de la bande des quatre, car justement, le seul qui vit réellement une situation tragique, et n'en fait pas - pas assez- une montagne. Lui et Rika sont plus crédibles car justement, moins outrés, moins excessif que les deux autres. On sent qu'ils peuvent faire face, ce qui risque d'être beaucoup plus compliqué pour la Lolita et le prof hypersensible. Et pourtant, pour avoir vécu successivement le harcèlement moral au collège et au travail, les situations de Polaris et Jangalian me "parlent" plus.
les couvertures de la première édition. Les 2 tomes ont depuis été réédites en un seul, c'est dommage,  car on perd la continuité entre les deux couvertures qui forment une seule image - voir en dessous

Et donc voilà, 2 tomes seulement, où on assiste d'abord à la rencontre des différents personnages, et à la mise en place de leur projet dans le tome un. Vont-ils passer à l'action par la suite?

En fait, rien n'est moins sûr, car finalement, ces 4 laissés-pour-compte, qui souffrent de ne pouvoir être eux-mêmes au quotidien, peuvent se laisser aller entre eux à la tristesse, à dire leurs angoisses, à la crise de nerfs, ou simplement, compter les uns sur les autres. Ce qui fait le lien entre eux, c'est justement le fait d'avoir un projet dingue ( ils n'ont même pas conscience qu'en fait, ça s'appelle purement et simplement un attentat) et de trouver à chaque fois des raisons de le repousser. Car de complices, ils deviennent amis, ce qui leur manquait le plus à tous.

Donc un thème loin, très loin des amourettes habituelles, avec des sujets pas faciles, et en filigrane une critique de la société japonaise dans son ensemble, de la recherche de performance qui écrase les individus et leur sensibilité, de la nécessité de ne pas faire de vagues, même dans des cas graves, du harcèlement organisé ( l'ijime n'est pas implicitement cité, mais il plane dans le cas de Polaris). Le lycée est un microcosme carcéral -  l'éditeur français fait référence dans la post-face à l'étude de Michel Onfray sur le décor carcéral des institutions d'enseignement-  qui représente la société dans son ensemble. Les graphismes sont assez spéciaux, pas super mignons, mais c'est une caractéristique de cette mangaka très originale, donc on aime ou pas, mais elle a un style immédiatement reconnaissable, de série en série (à l'occasion il faudra que je parle de "l'infirmerie après les cours" de la même dessinatrice/ scénariste)

Le tome 2 est complété par "le dernier diner", un histoire de science-fiction par très réussie  et un peu trop  christique à mon goût: dans un monde ou n'existe plus ni pluie, ni soleil naturels, mais où l'on est habillé comme le petit Lord Fauntleroy, le bétail a été remplacé par des hybrides humains-bovins. Les vaches ont maintenant l'allure d'humains de très grande taille, doté d'oreilles de vaches. Et qui sont élevés pour leur viande. Un jeune humain va créer des liens d'amitié avec un veau, et refuser de le manger. Mouais, amitié sacrifice , tout ça, d'accord, mais le parti-pris de départ est quand même tiré par les cheveux: si on élève le bétail pour sa viande, en tout cas par ici, et si on le mange - enfin, à part les végétaliens - c'est bien PARCE QUE les bovins ne ressemblent pas à des humains. Donc des bovins humanoides, qui font preuve de jugement, de sensibilité, qui peuvent parler et essayer de fuir leur destin.. et tout ça sans que PERSONNE ne remette en cause cet état de fait, ben non, ça n'est pas convaincant. En fait, l'idée un peu boiteuse de départ aurait mérité paradoxalement d'être un peu plus développée ( un seul chapitre!) pour gagner en crédibilité. Là tel quel, on se demande où l'auteur veut en venir: allégorie sur l'esclavage? dénonciation de la consommation de viande? référence un peu relou a Jésus? ( car quand les japonais tentent d'exploiter les légendes - hé oui, je dis légendes! - chrétiennes, et c'est assez souvent, ça devient vite un gros bazar.
Donc, une courte histoire qui servait à faire le nombre de pages requises pour l'édition, mais tout à fait dispensable.

En tout cas hormis cet ajout peu convaincant, un manga que je recommande chaudement pour son sujet, sa dénonciation subtile de la pression sociale et ses personnages en marge qui tentent de s'en sortir.
Ca n'est pas un manga triste, mais il y est quand même question, même si les mots ne sont pas dits, de dépression nerveuse ( Rika), de pression sociale ( Polaris), de harcèlement au travail ( Jangalian), et d'enfants battus ( Kin-san). Sans compter leur projet d'attentat, et une petite référence à un problème de société japonais, juste incidemment mentionné, l'" enjo kôsai": les lycéennes qui "louent leur services" comme escort girls à des hommes plus âgés, en échange d'argent ou de cadeaux. Pas forcément toujours sans aller jusqu'à la prostitution d'ailleurs. donc oui, je crois que je tiens ma première (re) lecture à sujets " difficiles"



Après le seinen de janvier, un shôjo assez peu classique pour février. Je réfléchis pour mars: probablement de la SF

idée n° 10: une/des main(s): la main de Polaris, bien en vue sur le tome 1

mercredi 19 février 2014

musée Ghibli de Mitaka, quartier Nakano et horloge Miyazaki

Aujourd'hui, c'est "visite geek" pour le challenge du même nom ( bon en l'occurrence, plutôt otaku que geek), mais comme j'avais promis d'en parler aussi pour le défi Miyazaki.

Le Musée Ghibli est en fait plutôt qu'un musée une vitrine des productions Ghibli, qui présente l'univers de Miyazaki et ses collègues, une reconstitution de son bureau de travail, une diffusion de courts métrages réservés à ce lieu, un toit orné du robot du château dans le ciel, un totoro dans le guichet d'entrée..
Pour s'y rendre le plus classique est de partir de la gare de Shinjuku (attention, c'est une gare de trains régionaux et de métros, mais immense. En 2007, elle recevait plus de 3,5 MILLIONS de passagers par JOUR, il est facile de s'y perdre et d'arriver en retard pour sa correspondance.. Selon l'endroit où on loge, il est beaucoup plus simple de partir de la gare de Yoyogi, beaucoup moins grande. En tout cas, comme il y a fort à parier que , de toute façons, vous deviez d'abord prendre la Yamanote, la ligne circulaire qui dessert les principaux lieux de Tôkyô, Yoyogi et Shinjuku sont deux arrêts qui se suivent sur cette dernière ligne, l'option Yoyogi me semble plus supportable, j'ai horreur des gares immenses bourrées de monde)
Ici un plan des transports de Tôkyô
Une fois trouvé le train,il suffit donc de descendre à la gare de Mitaka, et de suivre les panneaux ornés d'un totoro, tel que celui qui ouvre ce sujet..
ou suivre Mei ;)


après je dois avouer que c'est un peu une déception, car d'une part, il est interdit de prendre des photos à l'intérieur, d'autre part, quand j'y suis allée en 2007, tout était en japonais, pas une traduction en anglais. Mais renseignement pris, ça n'a pas trop changé, malgré le ombre croissant de touristes non-japonais qui y vont.

Et puis, à l'intérieur, il y a un chatbus.. réservé aux enfants, impossible pour les grands enfants comme nous d'y aller, rhaaaa!
De mémoire je dirais que c'est assez sympa, on avait eu un mini bout de pellicule offert avec le billet d'entrée. Donc, à voir une fois, mais peut être pas deux, car ça reste assez frustrant au niveau explications.
Il y a une boutique minuscule, mais bourrée à ras-bord de goodies. Mais là aussi, pour qui veut retourner à la boutique, il faudrait re-payer l'entrée car elle est à l'intérieur du musée.
Pas trop grave cependant, on trouve assez facilement des goodies ailleurs ( Kiddyland sur Omotesando à Tokyo, boutique Ghibli dans le quartier Kyomizu à Kyoto,on en a même vu une à Shikoku..). Ceci dit, ça reste une excursion agréable, le musée est situé à côté d'un parc agréable, dans un quartier résidentiel, sans gratte-ciels, ça fait une coupure sympa après plusieurs jours en centre de Tokyo.
Comme j'y étais allée un jour de pluie, voilà la version " soleil", trouvé sur le site lejapon.fr
Et aussi, je n'avais pas eu de souci pour les billets, car mon agence de voyage m'avait réservé le billet avant de partir depuis la France. Il faut préciser que le musée est accessible seulement sur réservation, soit depuis le Japon (moins cher) soit depuis l'étranger. Voilà toutes les modalités: comment acheter les billets pour le musée ghibli.
Et ici, une "visite virtuelle" du musée, pour voir quelques images de l'intérieur. Les billets sont datés, et donc valable pour un seul jour. A mon avis, une visite à 10h00 ou midi est une bonne idée, pour pouvoir consacrer son après-midi à autre chose.

Ce qu'on avait fait à l'époque, c'était d'aller au musée le matin ( 15 minutes de train depuis la gare de Shinjuku par la ligne chûo) et de s'arrêter  au quartier Nakano, qui se trouve sur la même ligne en rentrant vers Shinjuku, pour manger et faire du shopping.

Car il y a là un grand quartier nommé Nakano broadway, où on trouve des livres d'occasion, des goodies de mangas et dessins animés, des jeux, des maquettes...
Pour ce genre de souvenirs, c'est clairement l'endroit que je préfère. Il y a peut être plus de choix à Akihabara pour tout ce qui est jeux videos et goodies de ce genre, mais je préfère Nakano, moins étendu, mais avec plus de variétés de babioles, et moins densément peuplé ( enfin, tout est relatif, on est au Japon!)
Les photos, par contre, datent de mon deuxième voyage, en 2012, je n'en avais pas prises lors du premier voyage.
on y trouve aussi des bds franco belges!

une petite collection de figurines de divers dessins animés. Je vendrais ma famille pour la figurine Albator ( et la femme pirate qu'on ne voit pas sur la photo)
C'est un bon plan pour ramener des porte-clefs et autres, j'ai même trouvé au fond du premier étage un magasin (nommé robot robot) qui proposait exclusivement des goodies "chibi" ou SD, un peu comme sur ma photo ci dessus.
,
oui.. de nuit, hélas je n'ai pas pu y aller avant

Et dernier lieu : l'horloge Miyazaki. Quartier Shiodome, un quartier du sud deTokyo, pas très intéressant en soi ( quartier d'affaires) Mais le building de la télévision " nippon television network" est décoré d'une horloge géante imaginée par Hayao Miyazaki, donc.

Une énorme horloge steampunk qui s'anime pendant 3 minutes tous les jours à 10h00, 12h00, 15h00, 18h00 et 20h00. Ou plus exactement, qui s'anime 3 minutes avant ces heures là, je me suis faite avoir, j'ai du y retourner le lendemain! Ce n'est pas trop difficile à trouver, sauf que je suis arrivée par Shimbashi, une gare un peu plus éloignée, et le temps que j'arrive la première fois, c''était trop tard. Donc il vaut mieux préférer la gare Shiodome (Ligne violette E " oedo" sur ce plan-ci, accessible aussi par Higashi Nakano, pas loin de Nakano, ou depuis Yoyogi en correspondance)* ou arriver bien en avance. Je suppose que les jours fériés ou de repos, il doit y avoir pas mal de monde qui s'agglutine devant, donc en semaine aussi, c'est peut-être une meilleure idée

Donc je ne vous propose pas mes photos de nuit, avec mon appareil qui n'est pas très bon en faible luminosité, mais on peut en voir de bonnes ici
et aussi, quelqu'un a filmé en intégralité cette très sympathique animation, visible ici

Ca par contre c'est quelque chose que je retournerais volontiers voir, de jour ou de nuit, car il faut vraiment avoir les yeux partout en même temps.

 * Dans les choses "qui ne font pas plaisir", autant le dire de suite, tout est loin de tout à Tokyo, tant la ville est immense, et les transports sont cher, il vaut mieux prévoir un bon budget transports

vendredi 14 février 2014

du cirque...et des mirages

Et oui, car le cirque valentinesque est à nouveau en ville mes amis...approchez, approchez, venez voir notre beau miroir aux alouettes..

J'aurais pu me contenter de remonter le billet anti-saint-valentin de l'an dernier, mais aujourd'hui je vais laisser la parole à un grand philosophe, dont je partage clairement la doctrine
Voilà, merci Sheldon!Non, parce que les années passent et mon avis ne change pas:
Célibataire ou pas, mon avis a toujours été: "fête sans intérêt, j ne m'appelle pas Valentin(e) et d'abord je me fous qu'on me rappelle que Valentin était un martyr chrétien, je ne suis pas chrétienne".

Voilà, sinon, l'an dernier j'avais proposé " die die my darling" de Metallica comme ambiance sonore, cette fois, je trouve que l'occasion est magnifique pour vous parler un peu du Cirque des mirages, un duo de chanson française expressionniste que j'ai découvert justement une année passée dans la playlist anti saint-valentin de Clair Obscur, si je me souviens bien. en tout cas, pendant le festival 2009, toute une emission leur avait été consacrée, j'ai totalement accroché à cette ambiance un peu Brecht (tendance opéra de 4sous) un peu Baudelaire, un peu Poe...  Des références au cinéma de l'époque, au fantastique, au cabaret, aux phénomènes de foires avec des titres tels que " le terrible enfant à la gueule de chien", "l'ombre", le "ticket", "l'apothicaire"...

Et je ne résiste pas à vous offrir "une jambe", comme cadeau . Estomacs sensibles, je vous conseille quand même d'aller chercher une bassine avant de l'écouter :D

et en vidéo, car tout celà est très théâtral, très pantomime, et c'est encore mieux de voir Parker le pianiste, le grand Yanowski et leurs dégaines qui semble sortir du Cabinet du Docteur Caligari
A voir ici: l'enfant à gueule de chien, l'ombre et la jambe
le fonctionnaire, très Nikolai Gogol
Ou sur leur site: Cirque des mirages

Voilà, vous êtes armés pour affronter une journée à subir des coeurs et des angelots.
Bon ok, selon le degré de sentimentalité de votre moitié

ça risque de jeter un froid si vous chantonnez " comme je n'avais pas de fleurs, j'tai apporté une jambe, j'lai découpée à la scie toute la nuit dans ma chambre"..

dimanche 2 février 2014

Les Rois des sables - GRR Martin

Avant de m'attaquer aux trouzmille volumes du trône de Fer, j'ai eu envie de m'échauffer un peu, et de découvrir l'auteur tranquillement, via ce recueil de nouvelles. Des nouvelles de SF. Plutôt axées Space Opera et Planet opera d'ailleurs.
C'est parti.

- Par la croix et le dragon: L'humanité a conquis une bonne part de la galaxie. Et malheureusement, ne perdant pas ses vieilles habitudes médiévales, l'église catholique s'est octroyé une planète entière la "nouvelle Rome", d'où partent des missions pour évangéliser les nouvelles planètes au fil de leur découverte. Et imposer la " vraie" religion. Une "vraie" religion, qui comme de tout temps, voit des hérésies partout. Et pourchasser l'hérésie c'est justement le travail du père Damien Var Heris, inquisiteur mandaté par l'archevêque de Vess - une créature grisâtre venue du système Ka-thun, dôtée de quatre mains palmées et passant son temps à barboter des une piscine d'eau saumâtre. Et justement, le voilà envoyé sur la planête Arion, à 3 semaines de vaisseau spatial de la nouvelle Rome, où un illuminé prêche à qui veut l'entendre l'évangile "la croix et le dragon" de Saint .. Judas. Réhabiliter judas, quel scandale! Sauf qu'à force de voyager et de voir de tout, la foi de Damien commence à vaciller, il se demande si les autres points de vue ne sont pas tout aussi valables, si la vraie hérésie n'est pas d'introniser à de hauts postes religieux des extra-terrestres pour qui les humains sont finalement des sous-fifres.. Une attaque en règle de l'orthodoxie religieuse assez savoureuse, via les "menteurs", faux ordre religieux cynique, mais vrais manipulateurs qui poussent l'ironie à se revendiquer en tant que tels.Pas 100% réussie, mais de bonnes idées.

-Aprevères: sur une planète non nommée, où l'hiver dure plusieurs années - et l'été aussi- la jeune Shawn Carin, qui avait fugué avec son amant, tente de rejoindre son clan à la mort de celui-ci. L'équipé est dangereuse, à cause du froid, mais aussi des vampires qui errent ça et là. Elle se perd et est recueillie par "Morgane la magique", qui à force de belles paroles l'embobine et lui promet monts et merveilles et voyages dans l'espace. Mais est-ce vrai, ou la magicienne lui a-t-elle joué un tour. Et si oui, dans quel but?
Une variation, pas franchement passionnante, sur le mythe de la fée Morgane. Cette nouvelle ne m'a pas plus emballée que ça. Difficile de savoir vraiment où il veut en venir.

- Dans la maison du ver:  nous sommes sur une Terre dévastée -probablement une Terre du futur, vu qu'il y a des humains, je penche pour ça - faiblement éclairée d'un soleil moribond et charbonneux. Où plutôt "sous" une terre, car les humains qui l'habitent, les "yaga-la-hai", les enfants du ver, dans leur langue, vivent dans des souterrains, mangeant insectes, champignon et occasionnellement viande de groun, la seule autre espèce vertébrée souterraine.
La société est divisés en caste noble "les enfants du ver" et en caste pauvre " les changeurs de torches". Une fois de temps en temps, les enfants du ver remontent vers la surface pour assister à une Masquarade, sorte de fête religieuse décadente pour contempler le soleil déclinant et célébrer leur chef, le Verhomme, chef temporel autant que religieux qui attend son "union avec le dieu Ver blanc" et d'année en  année se transforme en .. ver ( c'est à dire que le concept de cette religion hyper débile est de mutiler son chef pour le faire ressembler à un ver, en lui coupant peu à peu touts ce qui ne sert pas: jambes, bras.. Au début de l'histoire, le Verhomme attend avec impatience sa prochaine opération, où on va enfin lui retirer la dernière partie qui, il faut le dire ne lui sert pas à grand chose - enfin ça n'est pas dit clairement, mais je l'ai compris comme ça - : sa tête). C'est lors de cette fête que va commencer pour le jeune Annelyn, dandy écervelé, va connaître la pire semaine de sa vie, mais qui va radicalement changer son point de vue sur tout. Parti se venger de l'affront que lui a publiquement lancé le "viandard", le meilleur chasseur de grouns, il va s'égarer dans les souterrains les plus profonds, et découvrir réellement la vie souterraine, les grouns et la faune monstrueuse des sous sols, qu'il n'aurait jamais imaginé.
Course poursuite pour la survie en sous-sol, c'est efficace , rythmé et cauchemardesque. La nouvelle est longue, et l'auteur prend le temps d'installer un climat étrange et nauséeux, de faire prendre en pitié Annelyn, après l'avoir dépeint comme un petit con, il faut dire ce qui est. C'est bourré de chausses-trappes, c'est méchant, c'est cynique, comme j'aime.

- Vifs-Amis: on revient au Space opera, avec cette nouvelle. Les humains on conquis tout le système solaire, et y ont découvert d'étranges espèces non organiques qui voyagent librement dans l'espace: les cligneux, qui voyagent à la vitesse de la lumière, et leurs prédateurs, les sombres, qui vont encore plus vite. S'ils pouvaient s'approprier les facultés de ces créatures, ça serait un avantage incroyable pour les voyages spatiaux.et justement on a découvert la méthode: capturer un sombre et le faire fusionner avec un humain soigneusement sélectionné ( 80% de risques d'échec quand même) Si ça marche, la fusion donne un vif- ami, créature éthéré d'apparence humaine dotée de la vitesse des sombres, qui devient un messager de choix. Melissa a accepté le défi et réussi, son petit ami a pris peur et refusé. D'année en années, il la voit changer, perdre goût pour les activités humaines, et devenir au sens propre " extra-terrestre".

- La cité de pierre: Le monde étape, ou Gris-repos. C'est comme ça qu'on appelle la petite planète perdue au milieu de rien gérée par les Dan'lai , les hommes renards, tatillons et procéduriers, où un équipage humain a échoué, et vit dans des baraquements de fortune en attendant l'hypothétique laisser-passer lui permettant de repartir à l'aventure. Mais l'administration Dan'lai a des aires de Kafka et rien ne se passe pour Holt, l'un des terriens, qui vivote en cambriolant des tanières d'extraterrestres. Jusqu'au jour où il décide d'explorer "la cité de pierre", énorme vestige d'une civilisation disparue, qui à défaut de lui apporter une solution à son problème de papiers, peut lui procurer une cachette utile, alors qu'il vient de pêter un cable et de tuer un fonctionnaire renard...

- la dame des étoiles: C'est le surnom que Hal le poilu, maquereau sur le "caillou" donne à Janey, la femme qu'il vient de sauver des griffes des sbires du Marquis. il faut dire que le "caillou" est une planète peuplée de dealers, maquereaux, veneurs à la sauvette où toutes les épaves vivantes du monde connu viennent chercher de quoi boire de quoi fumer, et où les riches viennent s'encanailler. Janey , agressée, dépouillée au même titre que son compagnon d'infortune, une créature aux allures de lutin que Hal renomme "le môme d'or" pour le business se retrouve devant un mur. Impossible de repartir, sa seule solution pour survivre est d'accepter de tapiner pour Hal. C'est à travers ses yeux qu'on découvre le monde interlope du caillou, les vendeurs de rêve, les bandits qui font la loi comme le Marquis et son second le "chat boiteux", homme chat et résultat raté d'une expérience de fusion. En fait, cette nouvelle est un étrange mélange entre film noir des années 40, la pègre et son argot, les fleurs de pavé, etc.. et parodie de conte de fée ( le marquis et le chat boiteux, ça ne vous dit rien?)

- Les rois des sables: Simon Kress est un connard. Si si, je vous le dit, un type à pognon, une ordure , vraie de vraie, qui utilise son argent à acheter des animaux exotiques les plus bizarres et féroces possibles, venues de tous les systèmes planétaires connu, et dont il se fout éperdument du moment que ça épate ses amis aussi décadents que lui. Et justement, il vient d'installer chez lui un terrarium contenant des "rois des sables", bestioles à l'apparence d'insectes qui construisent de châteaux, se font la guerre par factions - en fonction de la couleur de leur carapace. Et divinisent réellement celui qui leur donne à manger, en sculptant des portraits à son effigie. Leur taille est fonction de l'espace qu'ils ont, plus le terrarium est grand, plus il grandissent ( là, si vous êtes comme mois, vous sentez venir le truc et vous jubilez déjà).Car on l'a dit Simon est un connard, qui prend toutes ses décisions importantes après avoir bu deux ou trois bouteilles d'alcool fort. Et bien qu'il ait été averti de ne pas jouer avec les rois, il décide d'accélérer leur goût de la guerre en les affamant. Aussi, les rois répliquent en faisant de lui des portraits à l'air de plus en plus cruel. Simon qui n'a plus toute sa tête, blesse l'une des colonies pour montrer qu'il est LE dieu. A ce moment, suite à une de ses plaisanteries cruelles, son ex petite amie arrive et détruit le terrarium, avant d'être tuée par Simon. Et là, ça devient réjouissant: car après son attaque, les bestioles le haissent. Des bestioles qu'il a affamées. Des bestioles qui peuvent grandir une fois libérées. Des bestioles qui sont maintenant en liberté dans sa propriété. Avec un cadavre tout prêt à manger. Et plus les rois grandissent, plus ils développent d'aptitudes psychiques, par exemple insinuer leur sensation de faim chez Simon, une faim qui ne sera calmée qu'en leur donnant une grande quantité de nourriture. Or Simon n'a rien sous la main, mais il a plein d'amis. Vous voyez ce que je veux dire?
Là aussi, j'ai adoré ce jeu de massacre jubilatoire, mené avec un humour noir absolument réjouissant. Parce qu'honnêtement, l'auteur adore créer des personnages détestables pour mieux les maltraiter pour mon plus grand plaisir. Alors oui, c'est grand-guignolesque, c'est parfois kitsch, mais ça marche souvent.

Après, les nouvelles sont toutes des années 70, et ont une remarquable homogénéité de thèmes: les souterrains qu'on explore, les constructions mystérieuses, les manipulations génétiques et les mutations, les fêtes décadentes, les religions stupides et délirantes, la monstruosité cachée sous des airs avenants...
Même si seule "la dame des étoiles" fait directement référence à un conte, les autres n'en sont pas loin dans leur construction et même si à la base le space-opéra n'est pas trop mon rayon en littérature (je trouve que ça passe mieux en film ou BD), l'auteur a un talent de conteur à suivre. En tout cas, dans le genre concis qu'est la nouvelle, je trouve qu'il s'en sort honorablement, et je continuerai ma découverte dans le futur. A part Aprevères qui ne m'a pas convaincue, les autres ont souvent un petit quelque chose qui les rend intéressantes, même si certaines ne sont pas entièrement réussies ( plus par "trop" que par "pas assez" en fait, donc peut être que le long format lui réussira plus au final).

parce que mine de rien les 4 nouvelles en gras parlent directement d'exploration de l'univers, aboutie ou échouée, pour le but de voyager ou d'autres moins louables. Les autres se passent sur des planètes non-identifiables.
1° lecture!
catégorie roi de pique: les rois du titre sont des animaux des sables.

samedi 1 février 2014

Ulysse 31 ( série animée)


Hé oui, comment passer à côté d'une des séries intergalactiques culte de mon enfance, à l'occasion de la semaine " voyage dans l'espace". Avec Albator 78 et 84 ( oui vous y aurez droit aussi à un moment ou un autre. Et Goldorak. et Captaine Flam même si je m'en souviens moins - à part le générique qui s'est gravé dans ma tête alors que j'avais 3 ans, un truc de malade!.
Punaise j'ai l'impression d'avoir passé mon enfance devant la TV, et à regarder que de la SF! ( et mon dessin animé n°1 pourtant n'est pas de la Sf, puisqu'il s'agit des cités d'Or)

Donc pour l'occasion, je ressort Ulysse, qui attendait patiemment que je le regarde ( et comme à l'époque, j'avais raté le premier épisode, je n'ai jamais su pourquoi l'équipage dormait en lévitation et pourquoi il y avait des extraterrestres bleus dans ce vaisseau spatial. Et maintenant, je sais!!!)

Petit aparté, en fait: c'est une vidéo du Joueur du grenier, qui m'a donné envie de revoir cette série. Il expliquait, entre autres, qu'on parle tout le temps des sujets trop superficiels des dessins animés, et rappelle que dans les années  80, c'était plutôt l'inverse.

Car oui, une adaptation Sf de l'Odyssée d'Homère, on ne peut pas franchement parler de sujet standard ou tout-venant. Fallait y penser!

Après j'avais de vagues souvenirs, et en fouillant le net, je vois que j'ai vu la première diffusion en 81/82.. ok, petit calcul sur mes 10 doigts... nom de Zeus! en fait j'avais 4/5 ans, je comprends mieux pourquoi j'avais oublié pas mal de détail. Et oui, je réponds d'avance à vos questions: non seulement mes parents me laissaient regarder ce genre de dessins animés, mais ma mère adorait ça, et  c'est toujours le cas! oké, j'ai donc des excuses pour avoir partiellement oublié des trucs.
L'Odysseus , le vaisseau spatial le plus stylé de l'histoire de l'animation..

Et du coup, c'était très sympa à revoir, parce qu'il y a une foule de détails que je n'avais pas compris ou remarqués à l'époque ( hé ho, j'avais 5 ans, j'ai des excuses!): la base de Troie en forme de casque d'hoplite, dont le chef se nomme Priam. Je me souvenais du vaisseau spatial en forme d'oeil - rapport à l'oeil du cyclope- mais j'ai découvert en cherchant, que c'était aussi, une référence au logo de FR3 à l'époque, car il s'agissait d'une coproduction franco-japonaise ( ça aussi, ça me passait totalement au dessus, l'origine de ce que je regardais) commandée par FR3.

...et bien sur, je n'avais jamais fait le rapprochement
 Les autres vaisseaux spatiaux en forme de trident, les noms complètement grecs de l'équipage ( genre Nestor, Euriclée, et cie!). Par contre j'ai maintenant du mal à réprimer un sourire à cause de la dégaine d'Ulysse, qui ressemble complètement à Barry Gibb. Et puisqu'il s'agit d'une histoire de survie dans l'espace... ( désolée, mais depuis que j'ai fait le rapport dans ma tête, impossible de ne plus le voir. Tiens, c'est fichu pour vous aussi maintenant, oups! mais n'allez pas en faire une tragédie - re oups ! :D )


aheum, revenons à nos moutons - ceux sous lesquels on se planque pour échapper au cyclope: 31° siècle. Ulysse, navigateur spatial stationné sur la base de Troie ( qu'on m'explique depuis quand il est pote avec les troiens lui..., enfin!) s'apprête  repartir sur Terre avec son fils Télémaque ( mais qu'est-ce qu'il fiche là, lui aussi..). Car s'il reste absent trop longtemps, on va le croire mort et casser les pieds à Pénélope pour qu'elle se choisissent un nouveau mari .. oui.. c'est vachement antique le 31° siècle je trouve!

Alors qu'ils passent à proximité d'une planète non répertoriée, Télémaque est enlevé dans un champ de force qui réussit à passer les protections du vaisseau, et emmené sur une planète dirigée par une sorte de secte: les adorateurs du Cyclope. Tous sont aveugles et ne peuvent voir que via un cristal alimenté en énergie par le cyclope, un générateur qui peut aussi agir comme arme défensive, et qui leur a été confié par Poséidon. Oui, LE Poséidon!

Pourquoi enlever comme ça des voyageurs spatiaux? réponse: pour servir de source d'énergie au cyclope, qui carbure au combustible.. vivant. Ok, vous vous souvenez de ce qu'on disait sur les sujets  trop superficiels, là, c'est juste l'épisode 1, et il est déjà question de sacrifices humains. Et alienesques.
Dans tes dents, James Cameron!

Télémaque découvre d'autres prisonniers, Thémis et Noumaios, deux extraterrestres bleus aux yeux jaunes ( le premier qui dit "avatar" se voit offrir un allez simple pour les limbes) dotés de pouvoirs télépathiques, ce qui leur permet  d'appeler Ulysse à la rescousse. Mais l'entreprise de sauvetage se solde par la destruction du cyclope, ce qui met en rage Poséidon, et sa famille de dieux. Lesquels ont une idée géniale: endormir tout le monde à bord du vaisseau, les mettre en lévitation léthargique dans une salle, effacer les données relatives à la terre et les laisser dériver dans l'Olympe ( sorte d'univers parallèle) et   débrouillez vous pour trouver la sortie...


le truc qui m'avait le plus marquée: l'équipage en lévitation
Seuls sont épargnés par la léthargie Ulysse, parti réparer une avarie dans un coin protégé du vaisseau, Télémaque et Thémis, qui étaient inconscients depuis leur sauvetage, et Nono, parce que c'est un robot.
et allez, hop, les amis, c'est parti, vous avez 25 épisodes pour trouver une solution pour réveiller l'équipage, et retrouver le chemin dans un univers parallèle où chaque planète recèle un danger potentiellement mortel. car les dieux sont de gros psychopathes monomaniaques qui s'éclatent à faire souffrir les mortels.

D'ailleurs au passage, il me semblait me souvenir que c'était Nono le robot le boulet de la troupe, ou tout au moins qu'il ne servait pas à grand-chose, et bien non, pas toujours! L'autre élément relou de l'histoire, c'est plutôt Thémis qui veut tellement tout faire pour réanimer son frère sans réfléchir au comment du pourquoi, qu'elle met tout le monde en danger une fois sur deux, y compris son frère , d'ailleurs. Mais Télémaque et Ulysse lui-même ont aussi droit régulièrement à leur "instant boulet". Oui, donc,le seul qui ne soit pas trop boulet, c'est quand même Noumaios.. vu qu'il dort à peu près tout le temps. Mais bon , je galèje, limite je préfère des héros qui se plantent. Et là, c'est souvent de la gaffe XXL ( du genre " oups, j'ai buté la créature qui détenait la

pas un passage essentiel, mais profitons que Noumaios soit momentanément réveillé pour faire une photo de groupe
Sinon qu'ajouter encore sur cette série:
-que'Ulysse est doublé par Claude Giraud, acteur que j'apprécie énormément et  qui jouait Lord Mortimer dans La première - la seule! - version des Rois Maudits,  le cousin Philippe dans Angélique Marquise des anges, le capitaine dans un roi sans divertissement,  ou encore, plus célèbre,  Slimane dans Rabbi Jacob - oui, hein.. une carrière très très variée! Et ça m'éclate d'imaginer Slimane ou Lord Mortimer s'exclamer " par la grande galaxie!" 3 fois par épisode.

- Et Jean Topart qui double Zeus ( lui on l'a entendu dans à peu près tous les dessins animés de l'époque (la voix-off du narrateur des cités d'Or, de Rémi sans famille, etc..)
- Et cerise sur le gâteau,Shingo Araki à la direction de l'animation...

- Et dernier point, mais essentiel pour moi,  cette série a une bande son absolument énorme, genre le thème de la malédiction des dieux qui sonne assez progressif (et ceux qui me lisent régulièrement savent que j'adore ce qui ressemble de près ou de loin à du prog'!)

et d'ailleurs, je ne suis pas la seule à le penser, puisque un projet déjà bien avancé se propose de réorchestrer la musique, et les démos sont ici: Parallax

En tout cas moi j'aime beaucoup cette idée et le résultat..

Donc au final, pourquoi cette série est bien, malgré ses 30 ans d'âge et une animation un peu vieillie,  mais qui était quand même le haut du panier à l'époque, malgré une structure d'épisode plutôt récurrente ( en gros, à chaque épisode, l'un des personnages va faire une gaffe ou tomber dans un piège qu'on voir venir de loin, et les autres vont devoir le sauver), et malgré les passages " gné???" propres à chaque série de SF de l'époque ( genre on se bat dans un vaisseau spatial, sous une coupole ouverte donnant directement sur l'espace  parce qu'on est des héros et que l'aspiration par le vide, ranafout, c'est le vide qui a peur de nous!), alors oui, pourquoi?

-parce que le sujet est ambitieux.

-parce que les références mythologiques foisonnent: le cyclope certes, Circé,  les lestrygons, les sirènes,  Eole.. tirés de l'Odyssée ou autres d'ailleurs, on va aussi croiser Sisyphe par exemple. Et le sphinx.Ou  Ariane (un peu garçon manqué) , Thésée et le Minotaure

- du coup avec un sujet pareil et des références pareilles, je trouve même que les passages humoristiques sont en trop, ce dessin animé aurait gagné a éviter d'alléger son atmosphère bizarre. Mais à l'époque on pensait dessin animé = pour les enfants, donc, il faut la mascotte marrante. C'est un point de détail, mais bon, avec le recul, aller jusqu'au bout de cette ambiance angoissante aurait été une sacrée idée.

- donc oui, l'ambiance angoissante: les héros sont malmenés, rétrécis, agrandis, vieillis à vue d'oeil, plongés dans le coma, transformés en boule de flipper... sur une musique parfois presque expérimentale. Avec ce motif constant de l'oeil qui semble surveiller partout.. Mon côté sadique applaudit.

- un doublage soigné - pour l'époque.

- des inventions visuelles frappantes: l'olympe et son fouillis de colonnes multidimensionnelles, le palais du sphinx clairement inspiré d'Escher, le monde mécanique d'Eole, Charybde et Scylla rattachées par un anneau de Möbius, des décors rappelant les "prisons " de Piranese et surtout, les vaisseaux spatiaux aux designs  les plus originaux de l'histoire de la SF

les tridents de Poséidon.. classe!
Donc j'espère surtout que les ravaleurs de façade à la truelle numérique vont foutre la paix à cette série, et qu'on évitera la version 3D en image de synthèse que je trouve terriblement froide et lisse et pas adaptée (oui, je ne digère toujours pas la bande annonce d'Albator).. ou alors oui, mais façon Cobra version 2009, qui est proche de l'original graphiquement, avec juste une animation améliorée.
semaine du voyage dans l'espace
 un peu capillotracté je sais. Mais j'ai d'autant moins de complexes à en parler que Parthenia a dit sur Babelio à quel point ce DA est culte pour elle.