Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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jeudi 30 décembre 2010

l'Avenir d'une illusion - Sigmund Freud

Il était temps: le plus ancien livre de ma pile, qui attendait depuis 1995 que je me décide enfin à le lire. Acheté à la demande de la prof de philo, puis finalement elle avait abandonné l'idée de nous faire lire Freud au profit de Platon. et depuis, pas franchement envie, un peu peur aussi de me recolleter avec la philosophie, Freud ça inquiète un peu, est-ce que ça ne va pas être trop ardu, trop théorique, trop tiré par les cheveux?

Et finalement, bonne surprise: le texte, n'est pas trop dur à lire, même s'il se contredit parfois, les courts chapitres permettent de fractionner la lecture avant de saturer trop, la structure en est hyper classique ( faux débat avec un faux opposant, on fait comme ça depuis les grecs, la structure n'est pas du tout aussi abrupte que je le craignais.

Et même, chose à laquelle je ne m'attendait pas du tout, il y a de l'humour! Oui! quelques petites vannes subtiles ici ou là, sur le communisme en plein essor ( le texte date de 1927), , sur l'intolérance, ou un peu d'auto dérision vis à vis de la vaine gloire, ou des remarques antisémites qu'il a appris à encaisser depuis belle lurettes- en gros " sifflez, j'm'en fiche!":
" le seul à qui cette publication puisse nuire c'est moi-même. Je m'apprête à entendre les reproches les plus désagréables, on va m'accuser d'être superficiel, d'avoir l'esprit borné, de manquer d'idéalisme et de la compréhension des intérêts les plus élevés de l'humanité. Mais d'une part, ces représentations ne sont pas nouvelles pour moi; d'autre part quand on s'est placé, dès son jeune âge, au dessus de la désapprobation de ses contemporains, en quoi cette désapprobation peut-elle importer lorsqu'on est devenu un vieillard et qu'on est certain d'être bientôt soustrait aux effets de la faveur ou de la défaveur des hommes? Il en était autrement aux siècles passés: de telles allégations vous assuraient l'écourtement de l'existence et vous fournissaient une occasion toute proche de faire des observations personnelles sur la vie future" (p52, j'adore cette dernière pique!)

Donc, de quoi est- il sujet qui puisse attirer ainsi les foudres du bourgeois bien pensant, De religion. J'avoue que j'avais un peu peur d'y trouver les sempiternelles références aux frustrations sexuelles qu'on ressort systématiquement vis-à-vis de freud, mais non, on passe à côté, il a écrit d'autres choses, ouf!
Donc, la religion. Freud nous explique donc que, du point de vue psychologique d'un thérapeute, rien ne distingue la religion d'une névrose obsessionnelle. Mieux, elle est une névrose obsessionnelle façonnée au fil du temps par des générations d'humains, pour calmer leurs angoisses face à une nature hostile contre laquelle il ne peuvent rien, et dont ils ne peuvent pas accepter les lois, la première étant la mort.
Alors oui, on sait,  on va tous mourir, ça n'est pas nouveau tout ça.; Mais rappellons le contexte: 1927: l'Europe sort d'une guerre, les gens sont encore traumatisés, beaucoup sont encore croyants et pratiquants, à l'époque l'opuscule a du faire l'effet d'une vraie bombe. Maintenant encore, il suffit de voir les intégristes pour se dire que finalement de la pratique religieuse à l'obsession, il n'y a qu'un pas.
Donc le problème pour Freud est que le fait religieux ( animiste, puis monothéiste) est une névrose, mais une névrose commune, intégrée , transmise, à tel point que plus un croyant ne se pose de question sur la symbolique des rites, le pourquoi, le à quoi ça sert, le comment ça se fait.  Et donc une névrose d'autant plus difficile à extirper, surtout à une époque et dans un pays , ou l'enseignement religieux fait partie intégrante de l'enseignement tout court.

Rassurez-vous (ou non) vous ne trouverez pas dans ce court texte de réponse définitive au problème religieux. Mais c'est une bonne surprise, une lecture finalement intéressante qui ne découragera pas le croyant pur et dur de croire, mais rassurera un peu l'athée ou le sceptique qui se sent moins seul à se dire que la religion avec ces " fais-ceci, fais pas ça, "est un peu trop infantilisante à son goût.

mardi 28 décembre 2010

La Farce de maistre Pathelin - anonyme

et pour la lettre X du Challenge ABC, un peu de triche ne fait pas de mal.. X donc comme Anonyme (plusieurs auteurs sont avancés: Guillaume Lorris, Jean de Meung, Pierre Blanchet, Antoine de la Salle, Guillaume Alecis le plus probable). Dans le doute l'auteur restera donc X.
Ce qui permet en plus de faire un coup double avec le challenge médiéval.

Et de triche, il est beaucoup question dans ce qui est peut être le texte le plus connu de la littérature médiévale française.

Après les fabliaux la dernière fois, penchons-nous donc un peu sur la farce, pièce de théâtre jouée sur les marché, foires, parvis de bâtiments officiels, et ancêtre direct du théâtre comique à la Molière. L'intrigue est souvent très simple, triviale voire grivoise, la Farce  était souvent représentée dans le cadre d'une fête religieuse, entre deux mystères ( pièces morales à thème religieux, vies de saints...). Il fallait donc trouver quelque chose pour éviter que le public ne parte avant même la fin du mystère de la vie de Saint-Machin, d'où l'autorisation de de "farcir" la représentation d'une pièce plus légère. l'âge d'or de la farce se situe au XIV° siècle, celle de Pathelin date d'environ 1460 ( texte d' incunable de 1486 pour l'édition Larousse). Un texte tardif, donc, et plus développé que le tout-venant souvent des fabliaux transposés pour la scène.

Le thème du texte peut être résumé facilement: " a Voleur,voleur et demi". Une première partie nous présente l'avocat véreux et néammoins sans le sou Pierre Pathelin, parti au marché gruger un marchand drapier tout aussi peu honnête que lui. Le drapier lui laisse emporter six aunes de tissus - au prix largement gonflé- à crédit, il devra venir à la fin du marché se faire payer et en plus offrir un repas gratuit par son client, qui a déjà bien sûr prévu de  le rouler dans la farine.
Deuxième étape: lorsque le drapier arrive, Pathelin et sa femme lui jouent un comédie à leur façon: Il est malade, fou, délirant depuis des semaines et n'a pas pu aller au marché. Le marchand a du rêver. Lorsqu'il comprend qu'il a été joué, il revient, mais Pathelin contrefait cette fois la possession démoniaque. A quoi le drapier finir par se convaincre que c'est le diable lui même qui lui a volé son drap.

On pourrait s'arrêter là, mais coup de théâtre!  Le drapier vient également d'assigner en justice son berger qui lui vole des moutons, et qu'il a pris sur le fait en train de se faire un festin des bêtes qu'il devait garder. Or, le berger vient prendre justement Pathelin comme avocat. Le berger devra se faire passer pour simple d'esprit, et donc, en fonctiond ela justice médiévale: certes coupable, pris sur le fait, mais irresponsable de ses actes, donc non condamnable
Et lors du procès, le drapier ne sait plus ce qu'il doit faire, mélange le vol de tissus et le vol de moutons, et passe à son tour pour fou, est débouté. Pathelin semble avoir joué le drapier une seconde fois, sauf que le plus malin de tous n'est pas l'avocat, mais le berger, qui trouve en sus un moyen imparable de ne pas payer son avocat.
Donc une intrigue passablement complexe pour l'époque,qui brocarde un peu comme dans les fabliaux les bourgeois mesquins, la justice forcément véreuse, l'avarice..(le nombre de références au monde judiciaire laisse d'ailleurs à penser que l'auteur est probablement un clerc qui brocarde son domaine).

  A lire absolument en vieux français pour profiter de la savoureuse langue de l'époque. Assez dure à suivre, il faut le reconnaître: question de rythmique, tout est écrit en octosyllabes, la grammaire est plus que fluctuante. Certains textes plus anciens m'ont parfois paru moins compliqués, du temps où il y avait encore des cas sujets et cas régimes pour s'y retrouver. Tout ça ayant disparu dans la langue de Pathelin, la langue est déjà très libre, on se dit parfois qu'il était temps que le XVI° siècle approchant vienne standardiser un peu tout ça pour plus de clarté, même si on perd un peu en verve.
Très intéressant aussi dans cette édition les notes et commentaires philologiques qui viennent mettre également un peu plus de clarté dans tout ça ( enfin, moi j'aime l'étymologie donc, ça ne me gêne pas de passer du texte au commentaire). en tout cas,  c'est avec un grand plaisir que j'ai découvert la preuve que la Fontaine est un copieur: les flatteries de Pathelin au marché rappellent déjà beaucoup le Corbeau et le renard, la preuve est faite aux vers 438 à 459, où la fable est citée intégralement.. vers 1460, elle était donc déjà connue du peuple, suffisamment pour qu'on y fasse référence sur les marchés dans une pièce populaire.

Promis, après l'humour populaire sous forme de fabliau et le théâtre comique sous forme de fable, on passera à des choses plus héroïques ou plus historiques.

Haut de Gamme Vol1 - Christian Binet

La mère Noel a été bien sympa cette année, et donc j'ai eu le plaisir de lire

Haut de Gamme, de Christian Binet, qui oui, édite régulièrement d'autres BD en parallèle des inoxydables Bidochons. Ici, c'est le monde de la musique amateur qui en prend pour son grade. Car l'auteur, en plus d'être dessinateur/ scénariste de Bd , est également mélomane, musicien amateur, et sait de quoi il parle.

Ici, il nous narre les mésaventures d'un pianiste professionnel contraint, pour soutenir une carrière qui bat de l'aile, de donner des cours particuliers. Et il faut dire que ses premiers élèves sont du genre spécial: une femme qui ne jure par Chopin ( que déteste justement notre prof), un gamin qui veut jouer de la trompette mais que ses parents veulent contraindre à jouer du piano, la vie du professeur particulier va prendre un tour inattendu. La palme du loufoque revenant  au veuf, qui veut absolument jouer un morceau en Sol Majeur (pour ceux qui connaissaient un peu la musique, il y a des fa# partout). Mais comme Madeleine est morte en écoutant ce morceau, pendant un fa# justement, le voila qui supprime tous les fa# de la partition. Puis les do# car son chien est mort pendant un do#.. puis les La, car son poisson rouge... Un saucissonnage en règle du pauvre Mozart, de quoi donner au malheureux musicien l'envie de tout plaquer pour se reconvertir dans la charcuterie.

Avec quelques discrètes apparitions d'autres musiciens qui ne demandent qu'à devenir récurrents ( une prof de trompette douée en pédagogie, et un clarinettiste obsédé par la vitesse et veut être le premier au bout du morceau...)


Binet garde le principe des gags de quelques pages qui ont fait le succès des Bidochons. C'est un premier volume certes, mais on est déjà en terrain connu, au niveau structure comme au niveau graphique, c'est drôle, parfois absurde, assez cynique.. bref, ça menace de promettre comme disait un copain.

Ha oui, bien sur, ce titre parlera surtout aux musiciens amateurs ou pas, certaines vannes ou références risquent de rester obscures pour les non-initiés. Mais voilà, sur moi, ça marche, et même très bien, il y a du potentiel, je lirais volontiers une suite.

ici, quelques images + une interview de l'auteur pour compléter la lecture,qui annonce déjà au moins un deuxième volume.
14/30

lundi 27 décembre 2010

Le fantôme de Canterville et autres contes - Oscar Wilde

Et voila donc la lettre W de mon challenge ABC, qui aura changé bien des fois. Partie sur l'idée de lire en anglais une pièce de Wilde, il m'a fallu réorienter mon choix faute de temps. Et au moins ce petit recueil cadre aussi avec le challenge 2€, quelle chance.



On y trouve donc 5 nouvelles: Le fantôme de Canterville, le prince Heureux, le Géant Egoiste, l'ami dévoué et Le rossignol et la Rose.

Le fantôme de Canterville, qui est probablement la plus célèbre des cinq est, disons-le de suite, un bijou d'humour absurde. Le fantôme de la vieille propriété de Canterville Chase, qui terrorise lords et duchesses depuis  trois siècles se trouve vendu, en même temps que la propriété, à une famille d'américains bien terre à terre, et qui n'ont aucune intention de se laisser perturber par un fantôme. Toute une première partie est dédiée aux tentatives piteuses du fantôme pour terrifier ses hôtes, à grand coups d'apparitions de tâches de sang indélébile (qui ne tiendra pas longtemps face au Détergent "super nettoy-tout" du fils de la famille) et de grincement sinistres et nocturne de chaînes ( à quoi le père trouve la solution la plus humiliante qui soit pour un digne fantôme: un flacon d'huile pour graisser ces chaînes qui empêchent le monde de dormir).  Les passages ou le fantôme se prépare tel un acteur pour ses meilleurs rôles sont un délice, avec à chaque fois un nom bien théâtral: "Daniel le muet, ou squelette du suicidé", "Martin le maniaque ou le mystère masqué", "Isaac le noir, ou le chasseur des bois de Hogley", "Jonas Sans-Tombe, ou le voleur de cadavres de Chertsey Barn", "le moine vampire, ou le bénédictin exangue".
Et au final, ce sera la fille de la famille, discrète bien élevée, et dans le fond la moins "américaine" de tous, qui trouvera la solution pour sortir le fantôme devenu dépressif de ce mauvais pas, dans une seconde partie plus triste où l'on en vient presque à plaindre le revenant malchanceux.
Le tout émaillé de piques à savoureuses à l'égard des américains, c'est assez jubilatoire.

Le prince Heureux, contrairement à son titre est une histoire particulièrement triste, ou une statue dotée d'une âme et un petit oiseau s'escriment à sauver une ville de la misère, sans que personne ne leur témoigne le moindre intérêt en retour. Une allégorie donc, qui reviendrait à dire que contrairement à ce que l'on pense " un bienfait est toujours perdu". Je l'avais déjà lu dans un recueil en VO, et par contre je n'ai pas tellement accroché à la traduction d'Albert Savine. Idem pour le Géant Egoiste, traduit par la même personne ( qui n'est pas le même traducteur que pour le fantôme). Là encore, le fait de l'avoir déjà lu en VO me gêne un peu, mais de toute façon l'association jeunesse = printemps est un peu facile à mon goût, et la fin tombe dans le réligieux, c'est un peu dommage.

L'ami Dévoué est, comme le prince heureux, une histoire triste: un grand naïf sympathique se fait rouler et exploiter par quelqu'un qui se prétend son ami, et ne se rend compte absolument de rien. Cette histoire d'amitié intéressée est assez ignoble, car, avouons-le, le lecteur lambda reconnaîtra toujours au moins une personne de sa connaissance. en tout cas, ça m'a rappelé pas mal de noms! C'est en tout cas un Wilde Désabusé qui nous parle, lui aussi devait avoir pas mal de gens en tête en écrivant celà, agrémenté de petites vannes contre les critiques et les "conteurs modernes". Plus intéressant donc que le sujet en lui même, c'st tout ce que l'auteur laisse affleurer de son état d'esprit qui m'attire dans ces contes.
Quand au Rossignol et la Rose, on en devine la fin des les premières lignes, peut être le conte le plus cynique et ironique des cinq. Un homme se lamente de n'avoir pas de roses rouges pour offrir à sa belle, qui n'ira danser avec lui que s'il lui en apporte une  - là normalement n'importe quel lecteur sensé se dit que la fille le mène en bateau et trouvera n'importe quel prétexte pour refuser-, mais non l'homme ne voit rien et continue à se lamenter sur son sort pour une fille qu'on devine ingrate. Et l'oiseau qui le prend en pitié ne devine rien non plus...et bien sur l'homme ne fait rien que se lamenter, l'oiseau se démène pour lui fournir une rose rouge.. que la fille refuse: une ingrate, un idiot narcissique et un oiseau naïf, agissant pour un motif ultra-personnel personne n'est épargné cette fois... le parfait négatif du Prince Heureux et de son oiseau, qui oeuvraient pour le bien de tous
.
Je retiens donc Le fantôme pour son humour, le Prince Heureux et le Rossignol ( car ils forment une sorte de dyprique). Les deux autres sont plus anecdotiques, surtout le Géant. Mais c'est toujours un immense plaisir de retrouver l'humour cynique d'Oscar Wilde, qui est quand même l'auteur d'un de mes romans favoris, toutes catégories confondues.

mardi 21 décembre 2010

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

abc2010

Après quelques semaines de ralentissement des défis pour cause de santé pas terrible, c'est reparti avec:


En route pour le Japon du XVII° siècle et la lettre Y du Challenge ABC, voici donc "la Pierre et le sabre" de Yoshikawa Eiji.. un pavé (780 pages et ce n'est que le premier volume d'un dyptique!) qui narre les aventures de Takezô et Matahachi, têtes brûlées et mauvais garçons d'un village de campagne du Kansai ( région d'Ôsaka/ Kyoto) qui rêvent de gloire et de brillante carrière militaire dans un pays encore plus ou moins féodal, mais sur le point d'être unifié par le shogun Tokugawa Ieyasu.

Comme il s'agit d'un roman historique, la plupart des personnages et des rebondissements importants sont véridiques et font partie de l'histoire du Japon. Takezô deviendra sous le nom de Musashi le plus célèbre escrimeur du pays, le parangon du samouraï même. Cette première partie narre ses exploits ( assez souvent contestables d'ailleurs) depuis la bataille de Sekigahara (octobre 1600, qui voit la victoire de Tokugawa Ieyasu et son accession au pouvoir) et l'évolution mentale, morale et technique du sauvageon Takezô et sa transformation en véritable kendoka digne de ce nom.
J'ai lu ici et là beaucoup de commentaires qui comparent le roman à "autant en emporte le vent", allez savoir pourquoi, pour moi, c'est plutôt du côté des "trois mousquetaires" qu'il faut lorgner. Et même, question structure, du côté du western. avec Musashi en bon - mauvais côté compris, Matahachi en truand ( un truand un peu minable qui usurpe l'identité d'un samouraï reconnu pour son propre profit), et Sasaki Kojirô en brute fière aux méthodes coercitives et aux motivations encore floues.
La bonne la très bonne surprise, c'est que le roman mi action/mi philosophique ne traîne pas en longueur, la narration est bien maîtrisée en dépit de coups de théâtre un peu faciles - personnages qui se croisent et se recroisent à 500 m près sans jamais se voir), mais comme l'action est bien menée, ça passe bien. Et cerise sur le gâteau, l'auteur délaisse parfois son personnage central au profit des personnages secondaires souvent plus intéressants. Notamment les femmes. Que se soit Ôtsu, la groupie - désolée il n'y a pas d'autre mot!- de Musashi qui bien qu'elle pleure souvent, sait se montrer une femme de caractère, Akemi la malchanceuse exploitée depuis son enfance par sa maquerelle de mère, Yoshino Dayû la geiko symbole d'éducation et de classe, toutes ont leurs petits moments de gloire avec même quelques notations discrètement féministes qui font plaisir. Et surtout, allez savoir pourquoi, j'adore Ôsugi, la veille dame acariâtre qui a décidé de se venger d'un tort imaginaire que lui aurait causé le héros, et le poursuit avec une opiniâtreté souvent comique, n'hésitant pas, à 60 ans passés à provoquer en duel un escrimeur reconnu.

Matahachi le double "raté" du héros est intéressant aussi, peu de choses séparent les deux amis, si ce n'est d'avoir été bien aiguillé en ce qui concerne Musashi, on a souvent la sensation qu'il s'en est fallu de peu pour que les choses soient totalement différentes. La rencontre avec le moine farfelu Takuan et ses leçons très peu orthodoxes, un peu de chance, un peu plus de discipline aussi.

Et, comme il y a un second volume et que pas mal de choses restent en suspens, je crois que j'ai trouvé ma lettre Y pour l'an prochain, ce sera donc du même auteur "la parfaite lumière", j'ai hâte de savoir  ce que vont devenir les héros en partance pour la nouvelle ville d'Edo (Tôkyô), d'en savoir plus sur le mystérieux et fanfaron Sasaki dont l'affrontement inévitable avec Musahi promet beaucoup, de retrouver Takuan l'imprévisible moine, et surtout la vieille rombière Ôsugi qui m'a bien fait rire à ses dépends. Tant de questions en attente de réponses!

et puis cerise sur le gâteau, comme tout le volume se passe dans le Kansai ou j'ai passé quelques jours, c'est un vrai plaisir de voir à quoi ressemblent les lieux auxquels il est fait référence. Alors pour le plaisir:
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A Nara (Livre II: l'eau) La pagode Kofûkji et le Todaiji (plus grand bâtiment en bois du monde qui contient une statue géante du bouddha)
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A Kyoto le Kyomizudera (livre II, mémé Ôsugi provoque Musashi en duel devant ce temple et les badauds médusés)
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Ginkakuji ( temple d'argent, mentionné plusieurs fois dans le livre IV)
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et Gion, le quartier des plaisirs célèbre pour ses geiko, mentionné aussi plusieurs fois. Pas de chances, je ne suis pas allée jusqu'à Osaka ou Himeji, qui sont aussi évoqués au livre I et II.. Trop bête, va falloir que j'y retourne ;)

mardi 14 décembre 2010

Ca se mange! - biscuits de noel " Engelsaugen"

Noël approche, et pour l'occasion, j'ai envie de vous faire connaître une recette de biscuits de Noël allemands, hyper faciles à faire: les engelsaugen (yeux d'anges)

voila la recette trouvée dans un manuel d'allemand de 4°, mis en ligne par le web pédagogique (merci à eux!), testé et approuvé l'an dernier par moi... voila ce que ça donne (normalement on les façonne plus en forme de boule, je préfère les aplatir un peu pour en faire des petits sablés.. mais du coup la confiture déborde un peu)
Promis ceux de cette année seront plus présentables!


ENGELSAUGEN (les yeux d’ange) (Kontakt 4ème, page 50, nouvelle édition)

Pour la pâte (pour environ 50-60 pièces): - un citron non traité – 300g de farine – 200g de beurre – 100g de sucre roux – une pincée de sel – un œuf – garniture - de la gelée de groseille.
Lavez le citron et pelez la moitié de la peau ; mélangez ce zeste coupé en très petits morceaux avec les autres ingrédients ; laissez reposer au frais environ une heure ; formez ensuite avec la pâte des boules de la grosseur d’une cerise.
Faites préchauffer le four à 175 degrés.
Beurrez une plaque à pâtisserie (ou une feuille de papier cuisson de la taille de la plaque) et posez les boules dessus ; creusez un puits dans chaque boule et mettez-y de la gelée.
Faites cuire les boules dans le four durant 10 minutes, puis laissez refroidir les boules.

Personnellement je mets seulement 150 g de beurre, c'est bien suffisant, et un peu de jus de citron pour corser le gout, et faute d'avoir des citrons frais sous la main, j'ai remplacé le zeste par de l'essence de citron alimentaire. Ca marche aussi, le goût de citron est juste un peu plus affirmé. Et bien sur, le résultat est valable aussi, merveille, avec de la confiture de cerise, ou de framboise.

Je vous invite à aller voir leur page , il y a d'autres recettes à tester. Allez, cette année, j'essaye les étoiles aux noisettes en plus!

lundi 29 novembre 2010

Ca se mange! - Champignons marinés à la Russe


Deuxième recette de zakouski, en prévision des repas de fin d'année, voila donc les champignons marinés à picorer pour changer des cornichons.
Trouvé dans le n°11 de la revue " Cuisines du bout du monde" spécial Russie de décembre 1993 (mais aussi, à peu de différence près, dans "saveurs  de russie et de ses voisins, précédemment cité ici),les deux sont quasiment introuvables maintenant.


  Pour un bocal:
- 1kg de petits champignons de paris
- 40 cl de vinaigre de vin
- 10 cl d'eau
- 6 clous de girofle ou 10 grains de genièvre
- 10 grains de poivre noir
- 2 feuilles de laurier sauce
- 3 morceaux de sucre
- huile

Couper le pied terreux des champignons, et les rincer à l'eau vinaigrée.
Les faire cuire dans une casserole d'eau, 5 minutes à partir de l'ébullition
 puis les égoutter et laisser refroidir.
Préparer la marinade avec l'eau le sucre le vinaigre et les aromates dans une casserole, faire bouillir quelques minutes, et laisser refroidir.
Tasser les champignons dans un bocal, les recouvrir de marinade, et verser un peu d'huile à la surface pour une meilleure conservation.
Attendre une dizaine de jours avant de consommer.

Chez " Saveurs de Russie", la recette est presque la même, on ajoute également 2 gousses d'ail aux aromates déjà mentionnés, la principale différence étant que l'on fait bouillir les champignons directement dans la marinade à feu doux pendant une quinzaine de minutes.

Приятного аппетита!

Et c'est l'occasion de sortir le logo "spécial cuisine"

mercredi 24 novembre 2010

La huitième couleur & le huitième sortilège - Terry Pratchett

Premier sujet pour le défi "fantasy pour les nuls", on commence donc gentiment avec un doublé Pratchett, les deux premiers volumes du Disque Monde qu'on m'avait abondamment vanté. Et pour une première approche fantasy, c'est une réussite. Encore que, commencer par une parodie est peut être risqué, je risque d'avoir du mal à prendre  la fantasy classique au sérieux maintenant. Un peu comme lire Chrétien de Troyes après avoir visionné le Sacré Graal des Monty Python.
 Comparaison qui s'impose, tant l'humour So British de Pratchett est voisin de celui du sextett de Cleese & Co.
J'ai pourtant eu du mal a accrocher au tout début du premier volume, le temps de se mettre en phase avec l'univers de l'auteur. Ou plutôt avec ses références, comme il s'agit d'un détournement d'univers fantasy, et qu'il me manque beaucoup de références dans le domaine, j'ai eu l'impression de laisser échapper un peu du sel de la parodie, il est vrai. Mais en fin de compte, les aventures de Rincevent, le sorcier le plus nul du Disque Monde, flanqué d'un touriste envahissant et d'une naïveté confondante et de son vorace coffre sur pattes ont eu raison de mes réticences. A partir du moment ou Deuxfleurs le touriste commence à vouloir tirer le portrait des barbares, c'était gagné.  Le coffre et la mort sont aussi des personnages à part entière totalement délirants, bref, je n'ai eu qu'une envie, arrivée à la fin: connaître la suite, d'autant que le volume se finit sur un suspense terrible. Et suspense est en l'occurrence le mot qui s'impose, puisqu'on abandonne nos héros en fâcheuse posture, accroché au bord du disque monde, à deux doigts de tomber dans l'espace intersidéral. Et aussi, je dois dire, j'ai beaucoup apprécié d'y trouver un humour plus fin qu'il n'y parait au premier abord, avec force clins d'oeil à notre société terrienne. Comme en SF, d'ailleurs, qui n'est jamais meilleure que lorsqu'elle épingle avec malice les travers de notre ronde planète.

Le deuxième volume reprends très exactement là où le premier s'arrêtait, et, la bonne surprise, les deux forment un diptyque avec une conclusion. Je m'inquiétais un peu en voyant le nombre de volume de la série, de me dire que je m'embarquais pour plus de vingts volumes, mais non. Les problèmes soulevés dans le premier volumes sont résolus, on saura enfin pourquoi Rincevent ne connaît qu'un seul sortilège, et surtout, surtout quel est le sexe de la Tortue qui porte sur son dos le Disque, grave question qui divisait la communauté discale. Ce volume là est encore meilleur que le premier, et ce n'est pas peu dire. Car cette fois, Pratchett  élargit son champ de référence, j'ai vraiment aimé les petites références à Poe ( si si, lisez bien, lorsque la mort apparaît, suite à une invocation, dérangée en pleine soirée, tenant à la main un amuse-gueule, et finit par repartir à sa soirée, en annonçant que l'ambiance va retomber à minuit, car les invités croit qu'il -oui, c'est M. la Mort- porte un déguisement et va ôter son masque... Lisez donc " le masque de la mort rouge", vous comprendrez!.. ou alors son horloge murale, au balancier tranchant comme une lame de rasoir.. oui oui " le puits et le pendule".. ), ou d'imaginer la mort en train de taper le carton avec les cavaliers de l'apocalypse.
Et là question référence, c'est du tir à vue: parodie de film catastrophe, détournement de la religion - avec une charge contre le fanatisme très savoureuse, déboulonnage en règle de l'astrologie... Les signes zodiacaux du disque sont géniaux: le vase de tulipes, la hyène, le kangourou bicéphale, la vache du ciel, les deux cousins obèse.. ha je troquerais volontiers mon banal bélier pour le plaisir d'être née sous le signe du Panais Céleste, de l'orignal volant ou de la corde à noeuds!
et puis surtout, il y a Cohen le barbare.. le plus grand héros de tous les temps.. Vous avez vu Conan le barbare? Bon, imaginez Schwarzy, en maigrichon aux  genoux cagneux, borgne, chauve , édenté, rhumatisant, mais toujours vaillant malgré ses 87 ans, bien qu'il ait un peu de mal a se remettre et doive se faire tartiner de pommade contre les rhumatismes par la jouvencelle qu'il vient de sauver ( enfin, je me demande, vu qu'on nous précise par ailleurs dans le volume 1 qu'une année discale fait 800 jours discaux, ça commence à compter! ou alors 87 demies années discales, ce qui fait quand même une longévité exceptionnelle dans son métier). Un personnage absolument irrésistible.

Bref, un énorme coup de coeur. Et c'est d'autant plus désolant, qu'à peine découvert cet auteur, j'apprenne par ailleurs qu'il est gravement malade - et d'une maladie qui me touche particulièrement en plus - et n'en a plus pour très longtemps à vivre.

Ceci dit, ce sera avec plaisir que j'irais retrouver Rincevent et la Mort dans les prochains volumes qui les concernent ( le 4 ou le 5° je crois?), ceux sur les sorcières me tentent moins pour le moment.

mardi 23 novembre 2010

La maison qui glissait - Jean-Pierre Andrevon

 Dans le cadre de l'opération Masse Critique "littératures de l'imaginaire", j'ai reçu il y a quelques temps La maison qui glissait de Jean Pierre Andrevon. Comme je n'avais encore rien lu de cet auteur bien connu pourtant en SF francophone, et comme il y avait finalement peu de choix en SF dans les livres proposés par Babelio, l'immense majorité étant plutôt axé fantasy, je me suis donc décidée pour celui-ci.


Tout d'abord un grand merci aux éditions du Bélial, j'ai eu la surprise de recevoir avec le livre une petite carte promotionnelle pour un autre titre de l'auteur, ainsi qu'un marque page assorti au livre, portant également la très jolie illustration de couverture de Philippe Gady. Une attention très sympathique de leur part.

Pour ce qui est du contenu, par contre, aïe aïe aïe, je dois d'emblée annoncer que c'est un demi échec.
Déjà présenté comme un roman de SF, je l'ai trouvé plutôt fantastique/ horrifique pour une bonne moitié. Ce n'est pas très grave en soi, mais en tout cas, ce n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais.
Le scénario était tentant: un immeuble tout ce qu'il y a de plus banal dans une banlieue tout ce qu'il y a de plus banale se retrouve isolée un beau matin du reste du monde, coupé de la réalité par un épais rideau de brume menaçant. Et ceux qui s'aventurent dans la brume, humains ou animaux, y disparaissent corps et biens, sans laisser de trace.Avec en plus le plaisir d'avoir droit, avant de s'effacer, à d'abominables hallucinations sorties de leurs pires cauchemars, ou souvenirs. D'autres locataires semblent, eux se volatiliser, sans bruit.
Sur ce début plutôt alléchant, Andrevon nous narre comment les habitants de l'immeuble, dont le nombre diminue inexorablement, vont s'organiser pour survivre au cataclysme. Alors qu'on pense être dans un roman post-apocalyptique dans les 2 longs premiers chapitres - qui occupent à eux seuls une bonne moité des 520 pages du volume quand même - on bifurque à partir du troisième sur une ambiance plutôt "monde parallèle", avec un décor qui change du jour au lendemain: la tour semble piégée sur une terre remontée à l'époque précambrienne, puis à l'ère primaire, les animaux de compagnie deviennent géants et s'en prennent à leur maîtres, les humains se retrouvent aux prises avec une nature plus qu'hostile grouillante de parasites et de bébêtes dégoulinantes qui semblent choisir les manières les plus écoeurantes possibles pour trucider les habitants, projetés sous un ciel curieusement doté d'un énorme soleil rouge, d'une autre petite étoile bleue, et de 3 satellites.
Autant dire que les deux premiers chapitres, qui présentent les habitants, et leurs petits travers traînent beaucoup en longueur, le livre a failli me tomber des mains plusieurs fois, tandis que l'action devient plus intéressante à partir de cette bifurcation du scénario. Mais il faut quand même attendre plus de 250 pages pour ça. Et c'est vraiment dommage.

Pourtant le principe des chapitres de plus en plus courts ne m'a pas déplu.seulement Andrevon s'attarde trop sur des petits détails dans ces deux premiers chapitres et c'est dommage. Ainsi les aventures de l'exaspérante Solange, l'obsédée sexuelle de service, adepte des activités manuelles en solitaire ou en groupe (ciel, il faut vraiment faire de la périphrase tirée par les cheveux pour éviter d'attirer ici tous les pères verts de la toile). activités contées à plusieurs reprises, par le menu, avec moults détails dont on se fiche éperdument - moi en tout cas, ce n'est pas ce que je recherche dans un livre de SF.
Et des personnages quand même assez peu sympathiques ( hormis peut être le gardien de l'immeuble, qu'on croit être un "Dupont-Lajoie" et qui se révèle un peu plus subtil qu'il ne le laissait croire, bien que ses initiatives tournent souvent au désastre. Ainsi que Bonaventure, le postier toujours prêt à rendre service, ou Laurent le vieux voisin). Mais le héros, Pierre manque quand même pas mal de caractère, toujours en retrait, un peu pique assiette, vaguement misanthrope. Bref, un type sans grand intérêt.

C'est d'autant plus regrettable qu'il y a des passages vraiment bien tournés qu'on aimerait voir illustré par Topor par exemple ( le monde minéral du dixième jour pour ne citer que ça).Et la fin, sans être franchement ratée, est quand même un peu facile.

Voila pour le scénario.

Maintenant, les choses qui m'ont vraiment agacées:
-les références à des personnages contemporains: Le fils Sarkozy, Olivier Besancenot, Martine Aubry, Wolinsky, Clive Baker, Yann Barthès. Ca me pose un petit problème, celui de l'avenir du livre. Car nul doute que, si tout ça parle au lecteur contemporain, pas sur que dans dix, vingts, trente ans, ces références là soient encore claires. Ancrer son récit dans la réalité de 2010 est une chose, mais là, c'est quand même un peu trop précis ( par exemple, Dylan que sa coupe de cheveux fait ressembler au fils Sarkozy, là, je doute fort que ça soit compréhensible dans peu de temps). Et sans aller jusque là, pas sûre que les lecteurs francophones, mettons québécois, sachent qui est Yann Barthès.

-les citations de marques: il y en a partout! 36 dans le seul premier chapitre ( oui, ça m'exaspérait tellement que je les ai relevé, et encore sans compter les mentions de modèles de voitures, et les marques qui apparaissent deux fois), 9 différentes entre la page 43 et la page 47. A tel point qu'à chaque fois qu'une nouvelle apparaissait, je soupirait un " non! pas encore!". Bien 70 différentes en tout sur le livre et encore j'en oublie surement. La encore je me fiche éperdument que la cafetière de Pierre soit de marque moulinex, ou qu'il ait un fond de sirop teisseire dans son placard, que la voisine s'habille en vêtements de chez X, se mettre de la crème Y, et du parfum de chez Z. Oui, je sais, les marques, statut social, tout ça. Sauf que l'argument tiendrait s'il s'agissait de démonter que c'est risible dans une ambiance de fin du monde. Sauf que, c'est très mal amené, il y en a beaucoup trop, et quasiment jusqu'à la dernière minute, ou on ne nous épargne même pas la marque des biscuits à la figue et du chocolat blanc. Insupportable, ça donne l'impression sûrement fausse, mais dont je n'ai pas pu me défaire, que l'auteur avait soit fait le pari d'en coller le plus possible, soit décidé de citer des sponsors.

- le défaut chronique de relecture:  des fautes d'orthographe ( " regarde, hurla-t-elle[..] regarde ce que je suis devenu", ".. et surtout une lourde ceinture d'arnachement dotée d'un étui a pistolet", "tous s'abreuvèrent du délicieux nectare"), des fautes de grammaire (" contrairement à Marylin Monroe dont elle avait cru ressembler au temps de sa folle jeunesse"), des personnages qui changent de nom, parfois dans un même paragraphe ( le mari d'Astrid s'appelle Yves, il a disparu... et elle le cherche en appelant " Paul! Paul!" qui est en fait le nom du voisin. Le fils handicapé de gardien s'appelle Sébastien, ce qui n'empêche qu'il devienne Loïc à un moment, avant de reprendre son nom originel. Un petit garçon ,Jonathan, va chercher chez lui le petit Jocelyn, qui prend également à son tour le nom de Jonathan pour un paragraphe. Un autre protagoniste, âgé de 13 ans dans le listing présenté au chapitre 2, se retrouvé âgé de 3 ans et demi au chapitre 4. Des noms changent d'orthographe en cours de route. Je veux bien croire qu'Andrevon ait écrit au fil de la plume, mais normalement une maison d'édition est censée passer ses publications au peigne fin. Hors, là, désolé les éditions du Bélial, mais je dois le dire: le travail de correction n'a visiblement  pas été fait, le livre est truffé d'erreurs et de fautes d'orthographe ce qui fait franchement désordre, surtout pour un ouvrage doté d'une couverture aussi belle et d'un beau papier bien solide. C'est vraiment dommage, car il y avait du potentiel, malgré des passages un peu longs.

samedi 6 novembre 2010

Animal'z - Enki Bilal

Animal'z me pose un problème..On me l'avait offert l'an dernier pour mon anniversaire, je l'avais lu.. mais je n'en avais gardé qu'un très pâle souvenir d'un oeuvre avec de bonnes trouvailles, mais impossible de me souvenir du scénario.

J'ai voulu lui redonner une chance, mais... force est de constater que mon avis est à peu près le même que l'an dernier: Il y est question d'une catastrophe naturelle, assez peu définie le " coup de sang", qui a décimé une partie de la population. il y est question d'un groupe de survivants qui recherchent un des rares lieux encore non touchés par la catastrophe. Il y a des mutants, aux capacités extraordinaires. Il y a un inventeur pratiquant des expériences sur des cobayes humains, créateur de packs permettant aux humains de prendre l'apparence et les qualités d'un animal, en l'occurrence de dauphins ( pourquoi donc avoir mis un félin sur la couverture? aucune idée). Il y a aussi des robots homards ou hippocampes (une des bonnes idées). Il y a des cannibales masqués, retranchés dans un café du bout du monde, un virus mystérieux et de la radioactivité. Il y a aussi deux mystérieux duellistes philosophe, qui parlent par citations de Cioran ou Shakespeare et se déplacent à dos de zèbre... Et tout cela est enchaîné sans grande logique, comme un collage. Comme si Bilal avait voulu mettre tout, tout mais alors tout dans sa BD, sans prendre la peine de vraiment trouver un liant ( ambiance post apo, Western avec les deux duellistes, SF avec histoires de mutants..)


Oui j'ai conscience que depuis que Bilal est à la mode, il est mal vu d'en dire  du mal. Et pourtant, je le dis. Je l'ai découvert il y a des années avec Partie de Chasse et les Phalanges de L'ordre noir, seulement, à l'époque, c'était Christin au scénario. Je reconnais à Enki Bilal un talent énorme pour tout ce qui est graphique ( ici, juste du crayonné sur papier gris, quelques touches de bleuté, de blanc et de rouge, c'est graphiquement magnifique), j'étais d'ailleurs allée voir une expo sur son travail à Liège en .. 2001 si je ne me trompe pas...Mais, il n'est pas scénariste! Autant ça passait encore pas mal pour la foire aux immortels, un peu moins pour les deux volumes suivants de sa trilogie phare, autant là, on a l'impression qu'avec un scénario plus clair, et moins rempli à ras-bord de tout, ça aurrait pu être un très bon album.
Le genre d'image qui me fait regretter amèrement un vrai scénario
Mais non, pas assez de contexte, on aurait bien voulu en savoir plus sur les cannibales, ou les duellistes ( celui là me saoule d'ailleurs énormément à ne parler que par citations), les expériences du professeur.. mais non. Pense-t-il que plus ça reste mystérieux, plus ça sera poétique? Ben non! Pour moi ça reste surtout trop brumeux pour qu'on s'intéresse vraiment aux personnages. Un bel artbook en quelque sorte.

6/3

13/30

mardi 2 novembre 2010

Ca se mange! - Gribnaya Ikra, pâté de champignons

Tiens, voila un bout de temps que je n'ai rien publié pour le challenge Russie, et puisque je commence à chercher quelques recettes de cuisine russes pour un anniversaire à la fin du mois, pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour vous proposer une de mes recettes fétiches, qui disparaît en un temps record à chaque fois que je la propose: le pâté - ou caviar - de champignons. C'est de saison, et ça sera un bon prétexte à une nouvelle catégorie " ça se mange!", avec un Snoopy de circonstance, siouplait!

Recette issue du livre, difficile à se procurer actuellement il semblerait- de Susan Ward: Saveurs de Russie et de ses voisins, édition Könemann, je l'avais trouvé il y a maintenant, houlà... chez Maxilivres.

Gribnaya Ikra - Caviar de champignons

-350 g de champignons variés
-1 oignon moyen
-100g de beurre ( j'en mets moins, avec une bonne poële anti adhésive)
-15 ml de Xerès ( facultatif pour moi, mais bon)
-75g de fromage blanc
-75 g de faisselle
-estragon, marjolaine.. à volonté

- Faire sauter les champignons et l'oignon hachés finement dans du beurre à feu moyen, tout en remuant.Quand ils sont cuits, retirer du feu et ajouter le Xerès
- Laisser refroidir
- Dans une terrine, mélanger les fromages, puis ajouter le hachis de champignons. Bien mélanger jusqu'à ce que la préparation soit homogène ( j'ajoute quand même un peu de sel à ce moment là, la recette ne le mentionne pas, mais..)
- mettre la préparation dans un pot en terre, égaliser la surface et couvrir
- laisser reposer au réfrigérateur une nuit.

A manger dans les trois jours, tartiné sur un peu de pain de seigle. Végétarien, original, vite fait et idéal en hors d'oeuvre pour un réveillon digeste, pour changer des sempiternels tarama et beurre de saumon industriels!

Un bouquet de fantômes - Collectif

Sous ce titre plutôt original se cache une autre anthologie proposée par Barbara Sadoul chez Librio ( voir fées sorcières et diablesses, posté il y a quelques jours), centrée cette fois, comme vous vous en doutez, sur la hantise en littérature. Toujours sur le même principe de compilation ce nouvelles, le résultat est cette fois plus convaincant que celui sur les sorcières, des textes plus homogènes, globalement plus intéressants.

On commence bizarrement par Angeline de Zola, oui, une histoire de maison hantée par le maître du roman naturaliste, ça surprend. En fait, il s'agit plutôt une sorte d'enquête sur la mort mystérieuse d'une petite fille, d'ailleurs, qu'une vraie histoire de maison hantée. Pas mal, mais du coup, c'est un peu frustrant.
Chez Maupassant, l' Apparition est cette fois une vraie histoire de vrai fantôme dans une vraie maison hantée qui va terroriser durablement un fier militaire. Pas non plus renversant, par rapport au Horla, mais plaisant à lire.
Ellis de Tourgueniev est une créature dont on ignore la nature.. peut être un fantôme, peut être aussi un démon, ou une sorcière qui emmène le narrateur en voyage à travers l'espace pour assister à "la grande nuit", et invoquer les spectres de cosaques ou de légionnaires romains sur d'antiques champs de bataille. Bonne ambiance mystérieuse ( mais le problème, c'est que j'ai du mal à prendre les légions fantômes au sérieux.. syndrome " les douzes travaux d'Astérix").
Je ne connaissais pas Rosmary Timperley, qui est apparemment une spécialiste anglaise des histoires de fantômes, mais sa nouvelle Harry change de ce qu'on a habituellement dans ce genre de nouvelles: Harry le fantôme y apparaît en plein jour, visible uniquement de sa petite soeur, au grand dam de la mère adoptive de la fillette. Cas de folie? revenant? on ne le saura pas avant la fin. Bien mené, une bonne surprise pour la seule femme de tout le recueil.
On trouve aussi plus, curieusement, des objets hantés: un fantôme se manifeste dans une tasse de thé, au cours d'un récit tiré du folklore japonais, par Lafcadio Hearn.  
Mezzo Tinto de Montague Rhodes James nous propose une gravure hantée dont les personnages se mettent à bouger sous les yeux médusés de dignes gentlemen anglais, respectables et respectés universitaires. plein d'humour anglais, de vacheries à l'égard des universitaires et des golfeurs, c'est un vrai plaisir.
Clifford D Simak ( oui, celui de Demain les chiens) nous offre quand à lui Le fantôme d'une ford modèle T, récit savoureux : un vieux marginal voit apparaitre devant lui une ford T venue de nulle part, qui conduit seule, et l'emmène en pèlerinage sur les lieux de sa jeunesse.Un peu d'humour, un peu de décalage, un peu d'absurdité, une vieux copain,une bonne dose d'alcool frelaté et un saxo: jamais l'autre monde n'aura paru si cool!
On reste dans l'humour avec le belge Thomas Owen qui aurait eu cent ans cette année: son petit fantôme est un garnement qui rechigne à aller hanter une maison pleine de vieux et dignes écossais, et fait ami-ami avec un autre garnement humain. Frais, mignon et marrant comme tout, un fantôme aussi sympathique de Casper, ça fait plaisir de temps en temps.
Robert Bloch était déjà présent dans le recueil des sorcières, on retrouve ici l'auteur de Psychose en grande forme: son cher fantôme est une vraie perle d'humour noir, réjouissant, avec une chute comme que les aime. Gros gros coup de coeur!
La Hantise de Theodore Sturgeon ( nota: penser à lire un jour ses textes de SF, quand même!), est à nouveau plus classique: Bill, éconduit par Miraim, une femme réputée avoir des nerfs " aussi solides que des cordes de piano en iridium" veut se venger et lui donner la peur de sa vie, en montant un bobard avec Son copain Tommy, monteur son à la radio, en créant de toutes pièces une fausse maison hantée. Evidemment, ça ne va pas ce passer comme prévu. Classique donc, mais efficace comme un bon épisode de la Quatrième dimension.
Et enfin La route au clair de lune d'Ambrose Bierce aborde le récit d'un meurtre de trois points de vue différent: un narrateur extérieur, l'assassin, et le fantôme de la victime, qui ne saura pas au final qui l'a tuée, ni pourquoi. Intéressant, de donner la parole au fantôme pour raconter son meurtre.

Une bonne manière de conclure cette série "spécial halloween", en faisant double emploi avec le challenge 2€, après les sorcières qui m'avait laissée sur ma faim, ce recueil là est un cran au dessus. Il me reste encore sous la main "les cents ans de Dracula" pour les vampires et " Gare aux garous" pour une prochaine lecture.. si j'arrive à attendre et à tenir jusqu'à l'an prochain. Rien n'est moins sûr!

dimanche 31 octobre 2010

Mélusine Tomes 1 à 6 - Gilson & Clarke

Retour en Belgique pour une petite incursion de circonstance halloweenesque dans la BD jeunesse, en compagnie de Mélusine. Mélusine est rousse, comme il sied à une sorcière digne de ce nom, elle est jeune encore ( 119 ans..) et pour payer ses études de sorcellerie, elle travaille comme femme de ménage chez la Comtesse Aimée Döperson, une châtelaine fantôme au caractère épouvantable, et son mari Gonzague, vampire pantouflard qui passe ses nuits en robe de chambre à siffler des pintes de sang. Quelques personnages récurrents complètent le tableau: Wilson le majordome, aux allures de créature de Frankenstein version Boris Karloff, la momie obsédée ( elle passe son temps à essayer d'épier Mélusine par le trou de la serrure), le loup garou, qui ne peut se montrer dignement que les jours de pleine lune, sa véritable apparence humaine de maigrichon à lunettes ne l'aidant pas à séduire les femmes. Et aussi, côté sorcières, la tante Adrazelle, 549 ans au compteur, LA sorcière telle qu'on l'imagine, nez crochu, genoux cagneux, marmite au contenu douteux, et une propension a réaliser le café le plus infâme du monde. Ainsi que Cancrelune, la meilleure amie de Mélusine, et pire sorcière de l'univers, incapable d'atterrir correctement en balai ou de fabriquer une potion qui n'explose pas. Quand à la honte de la famille, il s'agit de Mélisande, pimpante fée rose bonbon, bête comme ses pieds, qui veut sans cesse peupler les marais maudits de Bisounours et autres épouvantables créatures pastel et sucrées.

Autant le dire de suite, on est dans de la BD très classique, les premiers volumes sont uniquement constitués de gags d'une page, 2 maximum, à partir du volume 4 seulement, on aura une histoire plus longue d'une dizaine de pages,  par tome. Ca ne révolutionnera pas la BD en général, ni la BD jeunesse, mais ça reste sympathique à lire, sans prétention, et d'une bonne humeur assez communicative, basé sur le gag récurrent ( Cancrelune qui atterrit une fois sur deux à travers une fenêtre, le café imbuvable de la tante Adrazelle, le vampire qui se trouve transformé en cendres, les gaffes de Mélisande..) L'intérêt, pour un adulte en tout cas est d'y chercher les fréquentes références à tel ou tel film ( genre " le bal des vampires", les "Dracula" de la Hammer), de trouver, comme dans Pierre Tombal les clins d'oeil aux autres scénaristes ou dessinateurs sur stèles funéraires, de voir apparaitre un monstre de Midam ( Kid Paddle) dans un coin de page. Ou de constater que volume en volume, les vêtements de la jolie sorcière Krapella ( copine de classe de Mélusine) ont une nette tendance à raccourcir, tandis que notre héroïne se retrouve de plus en plus régulièrement en tenue légère, voire en culotte, en fonction de sorts plus ou moins réussis.. BD jeunesse, mais les malins scénaristes et dessinateurs se font un petit plaisir au passage. Mais rassurez vous, ce n'est pas de la BD érotique, ça reste soft!
Le dessin assez sommaire au début, va en s'améliorant bien au fil des volumes, comme souvent en Francobelge. Et parallèlement, les gags deviennent un peu plus noir et un peu plus féroces, ce qui ne fait pas de mal.
A noter qu'il y a à ce jour 18 volumes (6 lus pour l'instant pour ma part), et qu'une partie, outre leur édition habituelle chez Dupuis, en couverture cartonnée, sont également disponible en collection "pirate", chez le même Dupuis, en couverture souple, ce qui donne une BD moins épaisse, et de bonne qualité malgré tout pour 3€. Et ça c'est une très bonne initiative.
12/30
MAJ: depuis la première édition de cet article, il y a 23 tomes parus. Je n'ai toujours que les 18 premiers.