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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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lundi 30 mars 2015

La passion secrète de Fjordur et autres racontars - Jørn Riel

3° escapade polaire en compagnie des chasseurs hauts en couleurs de Jørn Riel . Après La Vierge Froide, et un safari arctique. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils sont égaux à eux-mêmes: râleurs, bagarreurs, mais avec la plupart du temps un sens de l'amitié et de la solidarité tenace.
La vie dans ce petit coin de l'arctique est toujours aussi monotone, enfin, tant qu'aucune Lady aventurière ne se met en tête de venir y chasser, et pour tuer le temps on continue a raconter des histoires, peut-être vraies.. ou peut-être pas.
Il vaut mieux avoir lu les deux précédents tomes pour suivre, car certaines nouvelles font  références à des événements précédemment narrés, mais ça n'est pas absolument nécessaire, la plupart du temps, il s'agit d'un simple rappel comme la fois où Emma, la femme imaginaire a fait le tour de la côte, ou lorsque Vieux-Niels a été pris pour un cochon par son compagnon de chasse.

Dans ce microcosme composé d'une poignée de suédois, de danois et de norvégiens, qui vivent en bonne entente la plupart du temps, le moindre micro événement prend des proportions.. légendaires. Les chasseurs taiseux deviennent curieux comme des pies.

Dans L'épreuve de virilité, on retrouve les trois de Bjørkenborg, à savoir Bjørken, Museau et Lasselille le naif. Ce dernier n'a toujours pas réussi à avoir le moindre ours après plusieurs saisons passées au Groenland est est donc bien décidé à repartir sur le continent s'il n'arrive pas à en chasser au moins un avant la fin de l'été. Ses copains n'ont pas vraiment envie de le voir partir et décident donc de lui organiser une partie de chasse préparée au détail près... mais comment arriver à faire venir un ours au plus près de leur cabane, ça, c'est moins simple.
Le trio n'est d'ailleurs pas au bout de ses peines. Dans un cas d'autodéfense, ils se trouvent aux prises avec la créature la plus dangereuse qu'on ait jamais vue sur la banquise: un fonctionnaire zélé autant que borné, qui s'incruste, muni de sa toute puissante circulaire, réquisitionne leur minuscule cabane, réclame du thé et des tartines de miel au petit déjeuner et menace de les faire tous renvoyer au Danemark si ses exigences ne sont pas satisfaites. Lorsqu'enfin, un beau matin le fonctionnaire disparait corps et bien, les trois vont évidemment se soupçonner les uns et les autres de l'avoir "aidé" a disparaître, puisqu'ils avaient si souvent parlé de cette possibilité d'un accident.
On y verra aussi comment la civilisation arrive jusque dans ce coin perdu du monde ( la maison de concert) sous la forme de l'installation d'un relai télégraphique tenu par un duo...disons qu'il y a un télégraphiste et un champion cycliste qui fait marcher le télégraphe en pédalant. Ce qui signifie aussi par la même occasion, l'apparition du premier vélo sur la côte groenlandaise (il se révélera utile, enfin, lorsque Doc, le cycliste qui , ayant passé sont brevet de secouriste, fait aussi office de service aura appris à pédaler dans la neige). doc est aussi mélomane averti, et grand amateur de scie musicale, ce qui.. scie les nerfs de son malheureux binôme obligé de supporter quotidiennement ces couinements que tout le monde trouve si expressifs.
Il y a un départ, celui de Lause, qui dans le premier tome s'était fait construire les seules toilettes en dur à des kilomètres à la ronde ( Un étrange duel), suite a une dispute pour un prétexte fallacieux avec le lieutenant, qui dégénère en duel - car oui, dans ce coin là aussi, la solitude à tendance à porter sur les nerfs, et si la plupart du temps les frictions se règlent autour d'un verre d'eau de vie maison, parfois, elles dégénèrent ridiculement.
Il y aura une arrivée aussi (L'héritage du Comte): on apprend que le comte est vraiment Comte. si, et qu'il vient d'hériter d'un domaine au Danemark. Mais comme il n'a guère envie de se bouger, c'est le notaire chargé de l'affaire qui se déplace jusqu'au Groenland, bien décidé à régler ça en un tournemain. c'est sans compter avec l'horreur pure que peut être la traversée sur un baleinier pour un homme de loi qui n'a pas le pied marin, ni avec la beauté pure du Groenland au printemps qui peut avoir l'effet d'une révélation quasi mystique sur le même homme de loi.

Et puis il y a la mystérieuse passion secrète de Fjordur, un truc tellement inavouable que lorsqu'elle a été découverte, il a du quitter ses précédents postes dans d'autres régions, étant l'objet de moqueries. Aussi lorsqu'il s'enferme, l'intégralité des habitants du coin se perdent en conjectures: accès soudain de religiosité? picole en cachette? addiction aux bonbons de chocolat? activités "manuelles" privées? mais tout ça s'est déjà vu, et si ça n'est pas très reluisant, ça n'est pas illégal. Donc, il va falloir établir un plan de bataille pour l'obliger à sortir de chez lui.. ou au moins trouver ce qui l'occupe tant. Et certes, c'est inattendu pour un chasseur, mais la population locale est toujours prête à accueillir l'inattendu avec curiosité et même à s'y plonger avec joie.

On conclue ce tome avec l'histoire de Laban, le chien de Lodvig, qui a dû rester au Groenland alors que son maître part pour quelques mois à Copenhague se faire opérer. Mais Laban a fermement décidé de retrouver son maître et dans une épopée digne du retour d'Ulysse à Ithaque ( avec en prime une petite référence marrante à Cronos dévorant ses enfants), va tenter de retrouver son maître .. non sans avoir mis une sacrée pagaille en France, en Belgique, en Allemagne et en Hollande. Carrément!
Cette dernière histoire est vraiment à l'image de l'ensemble des racontars: Hénaurme! Ils ne sont pas sans rappller ces histoires de pêcheurs marseillais qui font d'une sardine un véritable monstre marin, à force de bagout.

Donc toujours un plaisir de retrouver cette communauté qui arrive à rendre la visite d'un fonctionnaire un peu casse pied digne d'une malédiction divine, et l'installation du télégraphe digne d'un miracle. Il y a toujours beaucoup d'humour.. et volontiers noir, car malgré tout, la vie est âpre ( qu'on se rappelle de la tournée des cabanes d'un cadavre congelé ou de l'histoire du roi Oscar dans le Tome 1)
trouvé sur un site de voyage: le Groenland en été!
Nul doute que je vais continuer ces lectures.. rafraîchissantes, on se marre bien avec ces vieux râleurs nordiques et la description du Groenland au printemps et en été donne vraiment envie de tout plaquer pour aller en vacances là bas.
Idée 12: ce qui se mange au dîner: de la soupe, un poulet rôti..

samedi 14 mars 2015

Une averse - Kim Yu-Jong

Encore un livre pris un peu au hasard juste basé sur le critère " moins de 250 pages" pour le challenge " petits plaisirs" ( tiens je crois que je n'en ai pas encore parlé ici) de Babelio.
 Après plusieurs volumes d'auteurs japonais, à voir sur mon autre blog, j'ai décidé de continuer un peu mon périple en Asie, avec un détour cette fois, en Corée. Je ne connaissais absolument pas cet auteur mort à 29 ans de la tuberculose, et Une averse est semble-t-il le seul ouvrage traduit en français.


Un  recueil de 9 nouvelles , dont le dénominateur commun est la vie très difficile des paysans, dans la campagne coréenne, dans les années 1920-1930 ( l'auteur est mort en 1937). Et hormis la mention a un moment très bref d'une voiture, les récits pourraient vraiment se passer à n'importe quelle époque, tant la campagne reculée est déshéritée.
Les hommes y vivent dans une misère noire, qu'ils tentent d'oublier en se saoulant et en battant leurs femmes. Les femmes ont la vie encore plus dure, vivant dans la même misère que leurs maris qui les houspillent, mais travaillant double, car évidemment, les époux voyant leur force de travail en profitent pour se faire entretenir sans se bouger, dilapider les maigres sous du ménage et se plaindre sans cesse. La débrouille y est érigée en art de vivre même s'il faut pour celà faire une entorse à la loi, ou a des principes qu'on a de toute façon pas assez d'argent pour avoir.

Dans la première nouvelle, "une averse", la femme de Chunho se voit contrainte, en pleine canicule, d'aller emprunter de l'argent à sa riche voisine, afin que son mari paye ses dettes. La solution du mari étant évidemment d'aller miser l'argent emprunté. Sa riche voisine, qui d'après la femme, roule sur l'or, c'est à dire qu'elle s'est vantée un jour d'avoir 4 paires de chaussettes et 3 jupes. Oui, c'est toute l'ironie de la chose: on est dans un monde tellement pauvre que la richesse, c'est d'avoir des chaussettes.
Dans " la marmite", un pitoyable antihéros s'est mis en tête de quitter sa femme pour une marchande d'alcool ( apparemment le métier qui fait le plus fantasmer les pauvres hères du coin: elle travaillera et le nourrira et il n'aura plus rien à faire), à qui, pour la séduire, il offre tout ce que possède le ménage, y compris la marmite chèrement acquise lors de son mariage, et des sous-vêtements de sa femme.
"Canicule " est vraiment la plus sombre: une femme malade est amenée à l'hôpital par son mari, dans l'espoir que la maladie soit suffisamment rare pour être non seulement prise en charge gratuitement par la médecine, mais surtout, qu'on la paye pour l'étudier. Tout le long du trajet, il échafaude des plans avec l'argent qu'on va lui donner pour soigner sa femme, il en est sûr. Or non seulement elle n'a aucune maladie rare, mais besoin d'une opération immédiate et vitale. Qui coûte de l'argent.
"c'est l'printemps" est plus légère: un ouvrier agricole attend désespérément que son employeur, et futur beau-père règle les choses au sujet de son mariage, mais à chaque fois que le problème revient sur le tapis, même réponse " ma fille est trop petite", excuse pipeau, car la fille semble avoir fini sa croissance depuis longtemps et issue d'une mère minuscule, n'a pas beaucoup de chance de grandir plus. Mais le futur beau-père sert à chaque fois la même raison. Et ce que découvre au final le prétendant, c'est qu'il est en fait le 3° futur fiancé: le beau père fait marner son " beau-fils" gratuitement, jusqu'à ce qu'il finisse par partir en désespoir de cause,  et en reprend un autre, toujours étranger au village, sous le même prétexte. Et comme il plusieurs filles, la même combine dure depuis des années, jusqu'à ce que la fille ait atteint l'âge "limite" de fraîcheur où elle est négociable avec une futur époux.

On y trouve régulièrement ce genre de notation d'un humour acerbe, voire noir, mais tellement désespéré. L'auteur porte un regard lucide sur ces paysans, pas foncièrement méchants à la base, mais rendus sauvages par la difficulté de leurs conditions de vie, qui ne leur laisse pas la possibilité d'envisager des relations harmonieuses, en famille ou avec les voisins: on se querelle pour un rien, on se jalouse pour une poule ou une paire de chaussette, on devient mesquin et aigri lorsqu'on a perpétuellement le ventre et le porte-monnaie vides.
Toutes les nouvelles ne sont pas passionnantes, l'ambiance y est sinistre malgré les quelques touches d'humour, donc ce n'est certainement pas le titre que je conseillerai à quelqu'un qui trouve disons,  Zola, trop pessimiste par contre. Mais j'ai bien aimé dans l'ensemble, même si les notations d'humour grinçant, au lieu d'alléger l'ensemble, le rendent encore plus sombre.

Tiens, je me souviens, il y a quelques années, j'avais participé à un challenge " je lis des auteurs morts" dont l'un des critère était " un auteur mort avant 35 ans". Je pense que son état de santé a bien dû jouer sur son pessimisme, quand même.
Apparemment je ne suis pas la seule à ne lire (presque) que des auteurs morts
misère, alcoolisme, violence..

vendredi 13 mars 2015

Tous les matins du monde - Pascal Quignard

Voilà bien un livre qui me laisse perplexe: j'ai du mal à définir si je l'ai aimé ou pas en fait.

D'une part il y a d'abord eu le film de Corneau, que j'ai vu il y a tellement longtemps que j'ai du aller vérifier si ma mémoire ne me faisait pas défaut, et si c'était bien Jean-Pierre Marielle qui tenait le rôle principal. Parce qu'à la lecture, je n'ai cessé de me dire que ça ne pouvait être que lui, et personne d'autre. Bingo!

Ce court roman est centré sur la rencontre entre Monsieur de Sainte-Colombe, Gambiste renommé qui vit retiré du monde avec ses deux filles depuis la mort de sa femme, et Marin Marais, un jeune homme formé au chant d'église mais renvoyé du choeur à l'adolescence pour cause de mue. Marias est également violiste et va faire tout son possible pour devenir l'élève du taciturne et colérique Sainte-Colombe. Entre les deux, les relations sont loin de se passer sans accrocs, l'un vivant en ascète dans le souvenir e sa femme, l'autre rêvant de briller à la cour. et puis il y a Madeleine et Toinette , les deux filles Sainte-colombe, toutes deux amoureuses de Marais qui se comporte avec elles, il faut bien le dire , comme un vrai goujat.

alors est-ce que j'ai aimé...
J'ai beaucoup aimé l'idée de deux musiciens qui tout oppose, leur conception de la vie et de la musique, le côté involontairement farfelu de Sainte Colombe qui s'est fait construire une cabane dans une arbre pour jouer en toute tranquillité, et son petit rituel de dresser près de lui une table portant un assiette de gaufrettes et un verre de vin. Pas pour lui, mais pour le fantôme de sa femme, qui, il en est persuadé, vient lui rendre visite.
J'ai bien aimé justement, ce croisement entre la musique de l'époque et la peinture de l'époque, avec ce motif de pichet et d'assiette emprunté à la nature morte qui revient régulièrement ( comme revient un motif musical, tiens donc)
J'ai bien aimé la narration qui fait parfois des sauts dans le futur, parfois dans le passé..
Le dessert de gaufrettes , tableau de Lubin Baugin auquel il est régulièrement fait référence.

alors quoi? Le style. Je n'ai pas du tout aimé le style, fait de phrases courtes trèèèès descriptives et qui veut pasticher l'écriture XVII° siècle, mais sonne.. faux. Faussement naïf, ce qui est encore plus casse-pieds que si c'était simplement maladroit. Une écriture qui se perd dans les détails insignifiants :  je pense au passage où on nous explique que Toinette qui, à force d'insistance, a reçu en cadeau une viole 1/2 dans son enfance, est passée sur une viole entière  " a partir du moment où elle a mis du linge entre ses jambes tous les mois". Et ça n'a aucune importance par la suite. Alors oui.. on s'en fout des ragnagnas de Toinette, elle est simplement passée sur un instrument de taille normale en grandissant, on s'en doute bien que ce genre de chose arrive aussi à toute fille qui devient adulte, alors pourquoi faire ce genre de circonvolution alambiquée si ça n'a aucune espèce d'importance dans les phrases qui suivent?
C'est ce qui m'a le plus marquée, tellement ça tombait comme un cheveu sur la soupe mais il y en a d'autres, des détails comme ça, soulignés, qui ne servent à rien dans le récit: était-ce bien la peine de nous dire 3 fois que la bonne des Sainte-Colombe se coiffe de telle manière? Heureusement que le roman est très court, parce que certains passages m'ont paru bien longs malgré tout.

C'est idiot, mis ce genre de chose me casse le plaisir d'un sujet plutôt intéressant au départ. Donc un oui pour le sujet et la narration et un non pour le style.

Sinon je profite de l'occasion pour parler un peu musique. donc une viole de gambe c'est ça
Jouée ici par Jordi Savall, l'un des gambistes contemporains les plus connus, et qui fait partie des gens qui ont ramené la musique baroque sur le devant de la scène? Ca ressemble beaucoup à un violoncelle, mais ça n'en est pas un: pour les différencier à coup sur, la viole a  le plus souvent 6 cordes et possède des frettes, le violoncelle n'a que 4 cordes et pas de frettes.

Visiblement on pouvait en jouer presque comme d'une guitare si j'en crois ce portrait de l'authentique Marin Marais


Car oui, les deux musiciens dont il est question ont bel et bien existé de même que la pièce " la rêveuse" dont il est question dans le texte.

Et, du même compositeur " le tombeau de M. De Sainte Colombe".

Ainsi que Le tombeau des Regrets du mystérieux Sieur de Sainte Colombe.
L'appellation "tombeau" désignant au XVII° siècle une pièce lente et grave écrite en mémoire de quelqu'un, que ce soit une pièce de commande pour un illustre défunt (Le tombeau du prince de Condé de Jacques Gallot), d'un collègue musicien ( comme celui ci-dessus dédié à son maître par Marin Marais) ou d'un membre de la famille ( tombeau "la plainte" de Robert de Visée à la mémoire de ses filles).

Au final, il semble d'après ce que je lis ici et là, que l'auteur ait une style très changeant selon les ouvrages, je lui redonnerai probablement sa chance de me convaincre à l'avenir, je n'aime pas rester sur un demi échec - ou demi succès.

jeudi 12 mars 2015

So long, Terry..

Aujourd'hui est un triste jour, je viens d'apprendre la mort d'un de mes auteurs favoris, le génialement délirant Sir Terry Pratchett que j'ai chroniqué plus d'une fois sur ce blog..
Autant dire que j'ai le moral comme une demie-brique au fond d'une chaussette.

Et comme le dit son personnage phare, LA MORT: There's no justice.. there's just me
Ciao Terry, ton univers farfelu m'aura fait passer d'excellents moments, ponctué de vrais fous rires et de moments teinté de philosophie mélancolique grâce à Maurice et ses rongeurs savants ou Cohen le barbare octogénaire et sa horde d'argent..


Attendez- vous donc en en voir pas mal ici dans les mois qui viennent car le meilleur , le seul hommage à rendre à un auteur c'est de le lire, de le relire, et de le faire connaître à tout le monde.

Mais l'humour anglais, l'humour absurde ne meurt pas..et je ne résiste pas à remettre l'animation finale du second jeu inspiré du disque-monde, par le non moins génial Eric Idle