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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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jeudi 30 septembre 2010

Harlequinade de dernière minute


Oui, j'avais dit " je f'rais pas ça tous les jours", oui, mais voilà que dans la salle de pause, au boulot, je suis tombée sur une pile de nouvelles de style harlequinesque. J'ai senti que ça allait être du lourd, du très lourd. Il faut dire que certaines de mes collègues on des lectures de m... euh, comment dire... Je ne sais pas comment elles font, mais elles lisent "nous deux", même pas en cachette, au vu et au su de tous les visiteurs du musée. J'oserai jamais. Bref, j'ai donc trouvé une pile de petits ouvrages offerts avec ce monument de la presse française, et, ni une, ni deux, j'ai pensé à mes camarades qui ont besoin de rire.

L'heureux élu, le premier de la pile par ordre de pagaille, s'intitule "Le chardon et la rose", d'une obscure Emily Relingher. Ca semble annoncer un beau match Ecosse - Angleterre aux VI nations.. perdu.

En dépit du patronyme de l'auteur, l'Oeuvre a dû être francisée, puisqu'elle nous narre les aventures de la fleuriste Annabelle, qui travaille chez Nathalie et son mari Michel, il y  a aussi Georgette Ramponneau la secrétaire psychorigide, et Ginette Moreau la mémère à son chien-chien dont le mari s’appelle parfois René, parfois Albert,( voilà ce que ça donne d'écrire un roman sentimental en lisant l'intégrale d'Astérix), la radio diffuse du Léo Ferré... ça sent bon la Gaule tout ça! Et jusque dans les comparaisons : « tenter de lui faire entendre raison eût été au moins aussi insensé que de traverser l’autoroute du soleil en pleine saison de congés estivaux ». Made in France – ou au moins imitation de Made in France ! Enfin, in France giscardienne si pas pompidolienne.

Beau comme une couverture de Burda " spécial Noël 1991"

Or donc Annabelle, apprentie fleuriste, voit un jour arriver dans sa boutique George.. George ? Non ? Si !! ZE George qui vend des cafetières... ils n’ont pas osé tout de même ?
Là- dessus, « George » commande une composition florale. Il est irascible, prétentieux, casse-bonbons, bref, un saaaale type.
Mais ouf !! « L’homme avait beau avoir le physique de George, il n’avait pas son affabilité. Ou alors elle s’était trompée de film. […] elle dévisagea l’homme avec attention et se livra au jeu des sept erreurs. […] à bien y regarder, ce type n’avait rien à voir avec le véritable George Clooney » ( ouf ! nous voilà rassurés, on le voyait pas du tout venir).
Donc, le pseudo George  râle, Annabelle se venge en lui composant un bouquet et nous donne au passage un cours de langage floral: «  une ou deux amaryllis pour  la fierté et la vanité, quelques chardons pour l’agressivité, un lys jaune pour l’orgueil, quelques feuilles de nénuphar  pour la froideur, agrémentées d’orties et de ronces pour la cruauté. […]Le résultat était étrange » (noooooooooon ? évidemment que ça ne ressemble à rien. Je propose d’ailleurs de tenter quelque chose: aller chez le fleuriste le plus proche lui demander de faire un bouquet d’orties et de ronces, on verra s’il a ça en magasin !). Elle lui facture la chose 75€ (ha, non en fait, c'est la France contemporaine, pas celle des années 60-70!) et le trouve méchant car il l’envoie bouler ( encore heureux!). Après quoi elle se remet de ses émotions, et avec du brutal : « Nathalie la prît par les épaules et l’entraîna boire une tisane aux fleurs pour lui remonter le moral ». La pente fatale.


Donc, notre caractériel est en fait un directeur d’hôtel richissime (ben voyons), qui fréquente la famille royale de Suède (re-ben voyons), et a l’habitude de péter dans la soie dans des rallyes mondains. Ajoutons qu’il s’appelle Nicolas Gisquières ( Who else !), époux de la non moins richissime et caractérielle Elise Von Linttell Gisquières ( à tes souhaits) laquelle souhaite divorcer sur les conseils semble-t-il de son psy, qu'elle se tape. Fin du chapitre 1! Vous tenez le coup ?

Chapitre 2 : Nico, bien décidé à casser la gueule au psy, se rend chez ce dernier et sonne à la mauvaise porte. Et là ?!!! Noooooooon ?! Si !
Il sonne chez Annabelle, qu’il ne reconnaît pas car elle s’est coupé les cheveux la veille au soir. Et décidant que, puisque la psy est une femme, il ne peut pas lui casser la gueule, trop pas de bol. Surtout que bon : «  gracile et gracieuse, un visage ovale et doux des cheveux blonds foncés coupés à la garçonne, deux grands yeux de chat soulignés par un maquillage léger ».. ça aide à changer d'avis et lui remet les idées en place. Au fond du slip donc.

Enfin, pas tout à fait, puisqu’il continue à la prendre pour un psy (tiens, à quel moment il ne se dit pas " attend ma femme couche avec son psy. Et si son psy est une femme...Mais alors, elle serait bisexuelle?" non, même pas d'étonnement, de doute, rien...)

Et Annabelle décide donc de se venger en jouant le jeu, et l’embobine pour qu’il vienne deux fois par semaine en « consultation » pour 100€ la séance. Oui car Annabelle n’est fleuriste que depuis deux mois, avant elle était assistante juridique, boulot qu’elle a quitté à cause de son ex Robin (ou Romain, ça change de temps en temps), pour se reconvertir. Mais même si son nouveau taf lui plaît, elle l’a grave mauvaise de passer d’un confortable salaire à une paye de fleuriste apprentie, et décide donc d’emplâtrer Nico de 800€/ mois pour arrondir son pécule. Bizarrement, elle a dû tout à fait oublier son ancien métier , car elle ne pense pas un instant à ce qu’elle risque pour fraude, détournement d’argent, escroquerie et exercice illégal d’un métier pour lequel elle n’est pas diplômée.


Chapitre 3 : Nico râle, mais se sent mieux à l’idée de suivre un thérapie avec une jolie fille. Même qu’il dit bonjour à la femme de ménage de son bureau le matin ! Même qu’il sifflotte ! Même qu’il plaisante, ce qui choque son austère secrétaire. Mais le comble : il trempe des pépitos (ou équivalent) dans une tasse de café et là, c’est too-much, parce que « à l’hôtel Valmonti, à moins d’être un de ces infâmes touristes nouveaux riches, personne digne de ce nom ne trempait quoi que ce soit où que ce soit.[…]Mais là, tremper un gâteau au chocolat dans une tasse d’expresso italien en public, Georgette en était baba. »
Oui Georgette, je te comprends, voir son patron tremper son biscuit au vu et au su de tout le monde, c'est choquant!

Oui, car une autre raison qui fait que Nico revient voir Annabelle, c’est qu’elle mange des petits biscuits au chocolat, exactement les mêmes que sa môman lui donnait trempés dans le café quand il était petit. Et toute ressemblance avec une madeleine célèbre est bien évidemment fortuite. Totalement. Bref : chapitre 3 et 4, il ne se rend pas encore compte qu’il se fait pigeonner, et continue à venir voir sa « psy » aux méthodes étranges (car ça se met à danser le rock dans le bureau, hein !)

Chapître 5 : hooooooo enfin, il se rend compte qu’il est mené en bateau, rencontre le vrai psy et amant de sa femme, mais n’a plus du tout envie de lui casser la gueule car il est devenu GENTIL ! Et, à cause d’un retard inopiné, Annabelle se rend compte que ce petit jeu va devoir cesser, car c’est pas vraiment honnête, et surtout, ça devient difficile à gérer, d'autant plus que l’ex-râleur lui plaît maintenant, tout guimauve qu’il devient en sa compagnie ( voir un crétin orgueilleux se transformer en petit garçon nouille, apparemment, ça a son charme, faut croire). 
Mais ciel que va-t-il se passer (c’est vraiment un suspense de oufs !). Et bien, au lieu de se mettre en pétard d’avoir été roulé, il se rend compte que l’argent et le pouvoir ne sont pas tout... et à propos de « rouler » et « pétard », la phrase qui suit laisse à penser que l’auteur a abusé de certaines substances :
« jamais il n’avait imaginé qu’on puisse autant apprécier de s’ennuyer avec quelqu’un et ce paradoxe le laissait rêveur. Etait-ce cela tomber amoureux ? ». Quand tu es amoureux/se et que tu te fais iéch' avec la fille/ le gars, c'est que l'histoire touche à sa fin, en général.

Donc, il est content, il est léger, c’est le printemps, youhou, il va même faire un tour en vélib’ c’est dire! Pour aller dire à Madame, que dans le fond, il ne l’aime pas et se contrefiche qu’elle couche avec son psy. Et il arrive en bras de chemise vers sa femme, qui s’inquiète de le voir de bonne humeur. Faut dire que la femme en question a le QI d’une moule . A la question «  ça fait combien de temps qu’on est mariés ? », sa réponse est grandiose : « Ca fera dix ans en Juillet, je venais d’avoir vingt deux ans. Papa m’avait offert une golf alors que je lui avait demandé une mini. Je le déteste » (On apprend alors que le Pater, mort quelques mois plus tôt, était vraiment troooop inflexible avec la pauvre Elise, sa fifille soumise bien comme il faut. Elle donne plutôt l’impression d’une riche héritière pourrie gâtée, mais bon). Donc, comme ils ne sont plus en phase, divorce par consentement mutuel, et tant pis pour les convenances et la presse à potins! ( parce que visiblement le divorce du directeur de l'hôtel Machichose ferait les gros titres dans l'Europe entière). Avec le risque de se retrouver au chômedu, puisque c'est Elise la proprio de l'hôtel , dont il n'est que directeur. Mais elle est bonne joueuse et le laisse malgré tout gérer tout ça.

Et là, idée de génie de Nico : et si j’engageais ma fleuriste – fausse psy que j’adore, pour refaire toute la déco florale de l’hôtel que ma chère future ex-femme me laisse en gérance ? (vous suivez toujours ?)
Et là encore un phrase qui fera date : « Tout partait à vau-l’eau, Il y avait quelque chose de pourri dans l’empire Von Lintell »(là je dis bravo, un roman de gare qui pille  détourne Proust, Edmond Rostand ET Shakespeare en moins de 6 chapitres, chapeau !)
Chapitre 6 à 10 : Annabelle commence à se dire que ça sent le roussi., car son « patient » ne donne plus signe de vie. Diantre, va-t-il porter plainte?  « D’ailleurs il se pouvait bien que ce genre de mauvaise blague tombe sous le coup de la loi, comme l’abus de confiance, l’escroquerie, ou n’importe quel autre méfait du même acabit » (rappelons qu’elle fut un temps assistante juridique, et franchement, elle ne devait pas casser des briques, si elle se rend compte que demander 800€/ mois à quelqu'un pour une fausse consultation est « peut-être » illégal). 
Donc, on a droit d’un côté à ses « séances » où elle se désole sans rien comprendre, lorsque l’autre abruti lui dit qu’il a rencontré une femme, et à son louvoiement pour refaire la déco de l’hôtel sans le croiser dans les couloirs (car elle a appris qu’il est dirlo, mais ne voit toujours pas le rapport avec son nouveau contrat), ni lui, ni la Ramponneau, qui ne peut supporter une fille du peuple dans SON hôtel, et lui fait la vie dure.
Mais bon rassurez vous, tout va rentrer dans l’ordre : la vieille bique décidera que les choses vont trop vite pour elle, et prendra une retraite confortable grâce à un legs providentiel de feu l’ancien proprio assorti d’une lettre « ma Georgette chérie, je t’ai toujours aimée, gnagna », adressée au dragon, qui devient du coup toute gentille et conseille même au Nico de ne pas s’enferrer plus longtemps dans les convenances, on croit rêver.
Et du coup, tout est bien qui finit bien, Nico va chercher un bouquet directement chez la fleuriste, invite Annabelle à dîner, lui offre le bouquet,  lui roule un patin, et au final, tout le monde, oui, tout le monde, finit par se retrouver à dîner tous ensemble, Nico, Annabelle, Nathalie, Michel, l’ex femme de Nico, le vrai psy, la vieille bique… tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
L'argent c'est bien, mais rien ne vaut l'amour et l'amitié... m' enfin c'est quand même mieux d'habiter un hôtel particulier et se rouler les pouces que bosser dur pour payer une chambre sous les combles. Révolutionnaire comme morale!


Des phrases que j’aime particulièrement sans savoir ou les classer :

  • « la thérapeute s’était-il absentée en urgence ? » (sans contrefaçon je suis un garçon !)
  • « alors que son voisin lui remettait l’ouvrage, l’ascenseur atterrissait » (mammamia, c’est un ascenseur pour la lune , un oiseau, un avion, ou superman ? and she’s buying a Lift –way to heaven)
  • « vous réfléchissez trop. Un homme, c’est simple. Blanc ou noir. Oui ou non. Le reste c’est du baratin de bonne femme » (subtil, et pas du tout manichéen ni sexiste)
  • « Annabelle contemplait pensivement l’obélisque, pendant que Michel fumait sa pipe en silence » (du subliminal ? Petite gourgandine, va...)
  • « elle sentit son élan de courage se dégonfler comme une vieille baudruche crevée » (PO-E-SIE, Poésie !)

En conclusion : Le précédent était bien mou, je ne pensais pas pouvoir trouver pire, hé bien si ! TOUT est mou ici : les personnages, les situations, les comparaisons,  et ne parlons pas de la vraisemblance psychologique. L’auteur se fout d’ailleurs royalement de son histoire, puisque des noms de personnages changent (au moins 2 fois) Jamais 120 pages ne m’ont paru aussi longues, j’ai bien du perdre quelques neurones dans la bataille d’ailleurs. Les seuls trucs rigolos y sont vraiment les bourdes. Ah, oui, et ne cherchez pas de scène Olé-olé, c'est destiné aux lectrices de "Nous deux", pas à celles du Marquis de Sade.

Cette fois, c’est vraiment fini au moins jusqu’à l’an prochain, promis !

jeudi 23 septembre 2010

rentrée littéraire 1220

Bon après le précédent billet, il était grand temps de trouver quelque chose qui remonte sérieusement le niveau... et j'approuve totalement l'idée de Fashion, et de ses petites camarades Isil, Yueyin, et Cryssilda, d'organiser une contre offensive face a une rentrée littéraire rachitique avec laquelle on nous les râpe chaque année. 
Or donc il a été décidé que, las de revoir tous les ans les même bobines dans tous les médias, il était grand temps  de faire connaître de jeunes auteurs prometteurs, et de célébrer avec un poil de retard, certes, la 

( Oui, j'avoue, j'avoue tout.. l'idée de coller un logo "Monty Python" dans mes billets y est pour beaucoup, sans celà j'aurais peut être attendu l'an prochain pour faire descendre la littérature médiévale des étagères où elle se repose tranquillement)

Mais bon , le Moyen-Âge et moi, c'est une grande histoire, on ne peut pas vivre face à ça, y avoir travaillé, et continuer à bosser juste à côté, sans s'intéresser un minimum à ce qui s'y est passé. 

mercredi 22 septembre 2010

Nuit de Pleine Lune - Rebecca Flanders


(c'est parti pour la honte)
Un opuscule lu dans le cadre du groupe d'études "Harlequinades", éminent rassemblement de blogueuses z-et peut être aussi blogueurs qui s'est donné pour mission de heu...enfin.. chroniquer oui c'est ça, tout ce pan de la grande littérature qu'est le roman Harlequin.

Donc l'heureux élu, issu de la collection "sixième sens" s'intitule " Nuit de pleine lune" signé Rebecca Flanders

I - La Forme: Preuve que la couverture ne correspond pas toujours au contenu.

La collection "sixième sens", aujourd'hui morte et enterrée, nous promet donc si j'en crois la page de garde, je cite
" Sixième sens, une collection dont le nom évoque à lui seul le monde de l'indicible, du mystère de la magie, du secret, la face cachée de l'amour et de la vie". Mazette! Depuis le temps que tout le monde cherchait les réponses aux mystères de la vie et de l'indicible, et il était tout bêtement caché là chez Harlequin. Bon, ben, les bouquins de philosophie vont aller caler un meuble...
Continuons:
"Chaque mois, laissez vous envoûter par des romans qui font rimer frissons et passion, étrangeté et intensité, sensationnel et Irrationnel. Phénomènes  paranormaux, voyages dans le temps, télépathie, médiumnité, maisons hantées.. Vous vibrerez sur tous les registres des sensations extrêmes"
Hormis le fait que le laïus se confonde assez bizarrement avec un slogan pour une crème glacée en cornet qui promet aussi des sensations extrêmes, nous voila prévenus, va falloir laisser la rationalité au placard pendant quelques 200 pages pour savourer ça. Pas gagné si on veut faire une chronique totalement ( pas) objective.


L'illustration et la quatrième de couverture: la preuve que le résumé et l'illustration sont faits par des gens qui n'ont pas ouvert le livre.


"Par une nuit de pleine lune tandis qu'elle roule en rase campagne, Angie, chroniqueuse renommée, croit soudain heurter une animal. Mais une fois descendue de son véhicule, elle s'aperçoit que c'est un homme qui gît, étendu sur le bas-côté. Un homme aux cheveux longs entièrement nu. Un homme dont les prunelles jaunes brillent d'un éclat inhabituel. L'ayant conduit à l'hôpital, elle a la désagréable surprise d'apprendre que le choc l'a rendu amnésique. Aussi se sentant coupable, lui propose-t-elle de l'héberger le temps qu'il retrouve un emploi et un logement. Au cours de ce séjour, songe-telle, elle percera peut-être le mystère qui entoure cet inconnu et le secret de son fascinant regard. Un regard que, de plus en plus intriguée, elle décrit à un scientifique. Sans se douter que les explications de ce dernier vont transformer sa vie en cauchemar..."

Ouf! Mystère, cauchemar, angoisse, et bonhomme tout nu... on nous en promet. Mais un petit détail laisse déjà à penser que question mystères et rapport de séduction sur fond de paranormal, il vaudrait mieux retourner regarder " l'aventure de Mme Muir" ( petite page de pub pour cet excellent film de J Mankievicz, et en plus le fantôme est volontairement drôle!).
Relisez bien le texte, et re-regardez l'illustration: une rousse transportée comme un colis par un homme habillé ( fail n°1) et aux cheveux courts ( fail n°2). Ce dernier détail revêt d'ailleurs une importance capitale, car le récit nous apprendra justement que la coiffure du héros est l'élément qui met la puce à l'oreille de la cruche l'héroïne: le monsieur a des cheveux longs, c'est comme ça, et pas autrement, impossible de les lui couper car ils repoussent instantanément ou presque et notre moderne Dalilah n' a plus qu'à ranger ses ciseaux en se posant des questions métaphysiques ( bien fait pour elle, elle n'avait pas à jouer les castratrices!).

Ce qui prouve donc que l'illustrateur/trice n'a pas lu le livre ni même le résumé. CQFD.

 Traduttore, Traditore: De la difficulté de rendre en Français la précision du titre original

Le Titre original de Nuit de pleine lune est Secret of the wolf. On voit de suite à quel point traduire par "le secret du loup" aurait été vague et imprécis. D'autant qu'il s'agit de l'histoire d'un loup-garou, qui justement cache sa réelle identité. Vraiment, la traduction est un art difficile qui demande parfois de s'éloigner du littéral pour mieux cerner le concept!
Un autre mystère en Vf, l'héroïne s'appelle Angie McDonald. En VO, c'est Aggie McDonald. Le traducteur a du se dire " Aggie, naaan, pas beau, surtout avec le nom écossais, ça fait trop " Haggis". Angie, au moins ça sonne comme une superbe ballade des Stones"... mystère et boule de gomme

II Les Personnages

Ils sont au nombre de 3 importants en tout et pour tout, les autres n'interviennent que ponctuellement.
Donc Michael le héros, Angie, la cloche de service, et David son frère médecin, et la caution scientifique de l'ouvrage.
Afin de respecter leur anonymat, ils seront donc représentés par de petites images tirées ici ou là.. Les photos sont donc susceptibles d'être non-contractuelles, vous voilà avertis!

Ze Hero: Michael, le Loup Garou

Oui bon, il y a là une tentative flagrante de le décrédibiliser, mais il n'empêche..donc Michael, la malheureuse victime d'Angie la chauffarde, qui se retrouve à l'hôpital, sonné, amnésique, mais pas trop amoché quand même, c'est le héros, que diantre. Bien évidemment, bardé de qualités, tellement que ce n'est pas humain. Et c'est exactement le problème: il n'est pas humain. Ce qui ne l'empêche nullement d'avoir " un sens de l'humour merveilleux", "d'excellentes manières", " des yeux couleur de saphir " (ou des eaux profondes du lac, sortez les violons!) et un sourire charmeur. Bref, comme on dit dans notre sudeuh, un embrouilleur de gonzesses de première catégorie. Ajoutons à ça qu'au final, on en saura pas trop exactement à quoi il ressemble: au début il est quand même précisé qu'il a les côtes saillantes ( oui, car il est déjà à poil(s) -ouarf! - lors de sa première apparition, on ne ne perd ps de temps), et qu'il a besoin de prendre quelques kilos. Ce qui ne l'empêche pas dès qu'il entre dans une pièce de "donner l'impression d'occuper tout l'espace de sa présence virile" ( cette dernière assertion répétée 3 fois avec peu de variation)
Donc, un maigrichon baraqué aux yeux bleus. Ajoutons à cela qu'il a quelques petites particularités dues à son état de loup-garou: des pupilles à géométrie variable, des cheveux qui poussent dès qu'on les coupe - d'où le problème posé par l'illustration en couverture. Il mange de la viande saignante de façon sensuelle tout en ayant un appétit féroce (alors là j'aimerai qu'on m'explique comment c'est possible de baffrer sensuellement), et une fâcheuse tendance à se transformer en monstre dès qu'il est tant soit peu excité, ce qui pose évidemment un sérieux problème dans sa vie sentimentale.
On apprend vite donc, qu'il est amnésique car il veut, le pauvre, oublier sa condition de loulou riche à millions, qui doit prendre la tête de l'entreprise familiale. Mais ça, pas question de vivre dans le luxe de la niche de papa - un château immense au fin fond de l'Alaska avec vue sur les montagnes et tout le tableau ( ndlr: c'est vraiment un lamentable crétin!). Parce qu'en fait ce qu'il veut, Michou, c'est le vrai amour, celui avec un grand-t-A, dans une petite maison de campagne au bord du lac qui ho! comme c'est étrange! est exactement ce que l'héroïne a à lui proposer.
Donc, pour ce faire, il fuit sa richissime et puissante famille, notamment ses deux boulets de cousins chargés de le retrouver. Et c'est à ce moment là que PAF! le loup!

 Angie, Ze Cloche

Pas besoin de longs discours, la photo de Mme Flanders herself suffit à se faire une idée très précise de l'apparence de l'héroïne  ( pour toutes récriminations quand à l'usage de sa photo, elle peut s'adresser à la section " pains, tartes et marrons" du groupe d'étude qui lui offrira gracieusement un verre de poire* et lui expliquera gentiment qu'il suffisait de ne pas s'auto-décrire en créant son héroïne.
* Voir paragraphe " approche botanique"
Donc, Angie la rouquine aux yeux verts d'eau, ci-devant héroïne, est une vraie de vraie tarte. Bien sûr, elle ne pouvait être que rousse-aux-yeux-vert, vu que c'est Angie MacDonald.
Journaliste en charge de la chronique " célibataire à Seattle" dans le canard local, sa carrière piétine quand tout à coup, PAF! ( le loup.. oui mais aussi en même temps, l'inspiration qui lui faisait défaut!). Et du coup, idée lumineuse qui va relancer sa carrière: j'ai failli écraser un type, ho, je suis trop confuse, pour me faire pardonner, je vais écrire une série d'articles sur lui, ça me fera de la pub - pas dit exactement comme ça, mais c'est l'idée. Donc en plus d'être chauffarde, vouloir exploiter le type qu'elle a renversé, j'appelle ça une fieffée garce.
Ajoutons à ses multiples "qualités" d'être incroyablement naïve ( à 34 ans, elle rêve encore du prince charmant, la nouille), superstitieuse (la faute à Mamie Maudie -déjà rien que le nom- qui lui racontait des histoires de monstres quand elle avait 5 ans), et très très imprudente.

 Demandons à une sociopathe standard ce qu'elle en pense (pour respecter son anonymat à elle aussi, Mlle Purple V. sera représentée par Daria du dessin animé du même nom).

"Si je renverse quelqu'un sur la route déserte en pleine nuit? Déjà, je ne conduis pas, mais admettons. Bon, je me méfie, c'est peut-être un coup fourré pour me voler ma voiture. Bon admettons aussi que ce ne soit pas un coup fourré. Je ne descends pas de ma voiture sans avoir bien vérifié que je ne risque rien, et j'appelle les secours. Haaa zut, c'est vrai, pour appeler les secours, faut quand même savoir ce qui s'est passé. Bon. Ok, je descends, mais avec le cric à la main, on ne sait jamais. Et surtout, si je trouve un blessé je ne le touche pas, et je laisse les secouristes se débrouiller (et si c'est un sanglier mort, je me barre en vitesse pour ne pas devoir faire face au reste de la harde)
Bon, comme j'ai quand même mauvaise conscience, je prends des nouvelles de ma victime, je lui apporte une boîte de chocos à l'hôpital, et l'histoire s'arrête là, puisqu'il n'y a rien de grave. Le type a à peine quelques bleus, pas la peine de faire du protocole. Quelques excuses bien plates, après faut pas m'en demander plus quand même, aux assurances de prendre en charge les frais médicaux, après tout on les paye pour ça, grrrmbl.."

Ok, merci miss sociopathe.

Que ferait Angie maintenant (qui sera cette fois encore représentée par une autre Flanders, dans une version qui lui convient mieux)?


" hooo je suis terriblement confuse, j'ai failli tuer quelqu'un, c'est affreux c'est horrible, que va-t-il.. ouf, il va bien, mais ciel, il a perdu la mémoire à cause de moi - tiens, mais il est pas mal du tout, le type que j'ai à moitié écrabouillé. Ha je sais, je vais réparer ça, je vais lui offrir des fringues de mon frère, et aussi lui trouver un toit, un travail, je vais te me le réinsérer vite fait -là où je pense - car vraiment il est pas mal, et puis et puis.. il va peut être me faire gagner des sous... et Ciel! qu'il est beau!
Quoi? c'est pas prudent d'inviter un inconnu chez soi? C'est pas un criminel, c'est pas un type louche,c'est pas un parasite, je le sais parce que d'abord je le sens! et puis d'abord, ça peut pas être un méchant il est beau comme un dieu. Flippant, mais beau! Et puis je suis grande, je fais ce que je veux, na!!

Ok ok, Angie, va donc prendre un bain avec ton canard en plastique et cesse de nous saouler.

Car oui, il faut ajouter deux choses au portrait de Miss Sainte-Nitouche. Elle a une double personnalité.


.D'abord elle n'est pas la célibataire heureuse qu'elle dit être, à longueur d'aricles, dans le fond, tout ce qu'elle souhaite c'est trouver une pov' pomme qui viendra combler son manque d'affection, lui faire des gamins, et tondre sa pelouse, et pour qui elle fera de bons petits plats, car elle rêve d'être femme d'intérieur, la pauvrette. Du coup elle habite une maison de poupée à la campagne - car c'est plus mignon?- avec vue sur un lac -pour que l'heureux élu aille à la pêche le dimanche comme tout bon américain?

Je ne résiste pas à vous citer la description du lieu, c'est trop beau, on dirait du photoshop:

"Michael et elle dînaient devant un décor superbe de rouges, d'ors et d'argents nés de la rencontre entre le soleil couchant et la surface du lac"
 
Bref, une gourdasse, on ne peut plus traditionnelle. En plus, son répertoire d'expressions est très varié: elle s'émeut, se choque, se stupéfie et a la gorge nouée minimum toutes les deux pages.

Et secundo: Comme toute bonne sainte Nitouche qui se respecte, c'est quand même une frustrée de base. Tellement en manque qu'un regard la fait frémir, qu'une poignée de main la plonge dans l'extase, et qu'elle manque défaillir au premier patin qu'on lui roule, que regarder un beau gars manger -fût-ce comme un porcasse - est pour elle une expérience érotique, si! si!. Et à côté de ça, aucune retenue, elle ne connait pas notre héros depuis 78 heures, qu'elle lui raconte déjà son immense envie d'avoir des enfants ( message subliminal!), qu'elle serait une bonne mère, une bonne épouse ( tu comprends ce qu'on te dit?), mais qu'au pire elle est même prête à s'adresser à une banque du sperme ( houhou Mick'! Ca te dirait de rendre service à une pauvre femme en détresse?). Tu la sens la nana crampon?

Donc, voila, vous saisissez le tableau, une crétine quand même un peu garce, qui regarde à peine le brave flic qui la courtise depuis des mois, toute surexcitée qu'elle est d'avoir déniché un beau-riche-classe potentiel géniteur, tant pis s'il n'est pas humain, on s'en fout, il est beau, car ça se passe comme ça Chez McDonald! (Désolée, rien qu'à l'idée de ne pas la faire, j'en étais malade!)

 David, la caution scientifique qui va perdre son emploi

(Oui c'est du parti pris niveau image, mais c'est le personnage le moins chargé question débilité, donc il mérite un petit traitement de faveur,  pour toutes plaintes, voir procédure à suivre ci-dessus).
Donc la caution scientifique de l'histoire, qui va mettre Angie dans tous les états en lui disant que son bellâtre n'est pas vraiment un bellâtre ordinaire, et qui dans toute société normalement constituée serait mis à pied illico presto pour avoir trahi le secret médical. et pas qu'une fois, c'est semble-t-il ce qu'il sait le mieux faire.
Mais, contrairement aux autres, il possède quand même un certain sens de la logique, qui le pousse à pointer du doigt l'imprudence de sa soeur lorsqu'elle décide d'héberger chez elle un inconnu amnésique qu'elle a par ailleurs amoché.

Sebastian St-Clare alias " le patriache "

Bon, outre son nom à hurler de rire,  Seb' c'est le gros cliché du paterfamilias qui dirige d'une main de fer dans un gant de fer la petite entreprise familiale ( et évidemment, l'image s'est imposée d'elle même) .. ombrageux, caractériel, imposant, dont il est impensable de contester les ordres, sous peine de se le mettre à dos et de se voir offrir le petit déjeuner au lit, à condition d'aimer le cheval cru... D'ailleurs, lorsque son héritier prend la poudre d'escampette, il est tellement vexé  qu'on lui désobéisse, qu'il n'hésite pas à envoyer la meute à ses trousses.
Franchement , même le plus beau du monde, même avec le sens de l'humour.... rien qu'à l'idée de devoir se farcir Don Corleone comme beau-père, c'est de suite moins affriolant. Bon, j'exagère un peu, c'est vrai, dans le fond, ça l'embête un peu que son fiston se soit fait la malle, surtout parce qu'il va devoir choisir quelqu'un d'autre comme président du conseil d'administration de sa boîte, et ça, ça le met un peu de travers.

Noël et Gavin, les cousins débiles (enfin surtout Gavin)


Donc, Noël et Gavin, les Laurel et Hardy envoyés par Sebastian pour récupérer son fuyard. Noël, c'est la tête pensante, celui qui boit de l'eau, et se dit que finalement, s'il pouvait éliminer son cousin et prendre sa place, ça serait pas plus mal. Gavin, c'est le personnage comique, le pistard soi-disant infaillible qui carbure au pur malt, et qui se voit déjà occuper une place dans les hautes sphères du pouvoir, à se la couler douce en se tournant les pouces. Comme le cousin Mick' ils sont plus bêtes qu'humains. A tous les sens du termes. Autant dire une paire de branquignols à l'efficacité pas loin du zéro pointé. Non, soyons honnêtes, Noël n'est pas si nul, ni si méchant que ça, il est même carrément plus proche de l'idéal loup-garou ( mais un loup-garou raffiné, so british) que Mickaël qui dans le fond est un pauvre type qui ne sait pas s'accepter en tant que lui-même et casse les pieds au monde avec sa crise d'adolescent à retardement ( hé oui, il fugue et veut plus entendre parler de sa famille, c'est vraiment un comportement d'ado). On me souffle d'ailleurs dans l'oreillette que ce fabuleux roman aurait une suite dont Nono serait le héros.. fascinating isn't it?

III Différents angles d'approche

approche Zoologique: vie et moeurs du loup garou

Une deuxième caution scientifique apparaît, l'espace de 10 lignes, le professeur titulaire de la chaire de zoologie à l'université locale, qu'il faut un temps "infini" (15 minutes!) pour joindre à son boulot par téléphone sans prendre de rendez-vous, et dont l'intervention se bornera à dire que l'animal pas-trop-rare-mais-pas-trop-courant qui a des pupilles ovales, c'est le loup. N'ayant pu trouver de vérification précises à ce sujet, je le laisse porter le poids de cette affirmation ( mais il semblerait que dans la vraie vie de tous les jours, ce soit plutôt le chacal qui corresponde à la description.. Certes, le Chacal-Garou, ça inspire tout de suite beaucoup moins, et ça court encore moins les routes en pleine nuit vers Seattle). Contemplons donc, mes amis.. un loup.
Mouais, pas super flagrant, le coup des pupilles ovales.




En l'absence de toute source fiable, nous conclurons donc que le débat à ce sujet reste ouvert jusqu'à ce qu'il soit possible de le clore!

Par contre nous apprenons plein de choses super importantes grâce à Ma'ame Flanders sur les loups garous: en effet, comment reconnaître un loup-garou lorsqu'il est sous forme humaine? C'est simple, outre le coup des pupilles, essayez de lui couper les cheveux. S'ils ont repoussé dès le lendemain, c'est un loup-garou. S'il s'enfuit en gueulant "jamais, tu touches pas à mes poils!!!", c'est simplement un biker.
Ou alors faites lui passer une radio, s'il a les articulations hyper-laxes, c'est soit un contorsionniste, soit un monstre. (nécessite un complice à l'hôpital du coin)


rare image d'un loup-garou à poil ras en train de se transformer


Enfin, donnez-lui de la viande saignante, de l'agneau de préférence: s'il se met à baffrer d'un air avide et sensuel, c'est un loup-garou. Ou Sébastien ChaRal.


Egalement, il a un odorat hyper développé, s'il vous dit à plusieurs mètres de distance le parfum du shampooing que vous utilisez, il y a tout à parier que c'est un loup-garou. Méfiance tout de même, Hannibal le Cannibale arrivait à sentir la crème de jour à la camomille derrière une vitre blindée, et pourtant était a priori humain, ce n'est donc pas un critère absolu. Ce peut donc être un simple serial-killer anthropophage tout ce qu'il y a de plus (in)humain. On est rassurés.
.
Et la  dernière solution, faites- lui du rentre-dedans (après lui avoir fait du " rendre-dedans avec la voiture" et avant de lui proposer de rentrer-dans-autre-chose c'est imparable: dès qu'il s'émeut un peu, il se transforme sous vos yeux ébahis, voilà, vous le tenez, vous allez briller en société avec votre garou de compagnie, merci qui? Par contre pour les galipettes, c'est moyen-moyen, ça va poser problème

 (mais rassurez vous mesdames, il est précisé que la transformation en loup est un "spectacle beau et fascinant sans aucun rapport avec les avatars laborieux des monstres de films d'horreur. Une métamorphose superbe, la refonte complète d'une créature et sa transmutation en une autre espèce".. ) On est chez Harlequin, que diable, vous espériez quoi, des effets spéciaux dignes de la Hammer? - j'avoue, moi, oui!

Autre notation hyper importante, des fois que vous voudriez entamer une amourette avec un monstre: un loup garou est fidèle.  Dès qu'il trouve une femelle, pof! c'est le mariage. Un loup-garou ne se tape pas une nénette, et même s'il prend de l'avance avant de passer la bague au doigt, il parlera quand même d'épouser la fille. Vous voilà prévenues, avant d'entamer toute relation, rappelez vous qu'ils sont hyper possessifs, jaloux, et qu'ils vivent en meute dans un château style bunker au sein d'une organisation hyper puissante qui a des ramifications dans le monde entier ( Ca vous rappelle un truc? Savez la grosse organisation internationale Made in Sicilia..De toute façon, c'est comme ça, vous connaissez leur secret, va pas falloir imaginer leur échapper facilement)

Approche botanique:

Une notation qui revient souvent, et qui intrigue au premier abord, c'est l'insistance qui est faite sur le shampooing à la poire d'Angie. En fait, on finit par comprendre, ce n'est pas un simple shampooing, c'est un élément clef de la personnalité d'Angie, la Poire n'est pas un simple fruit: non, Angie EST la poire jusqu'à la moelle des pépins, c'est véritablement son arbre totem. Il n'y a qu'à voir la manière dont elle se fait manipuler par Mickael, qui sous ses dehors innocents, manie de main de maître les compliments, le sourire charmeur et tutti quanti, puisque dans le fond, ça lui assure le gîte, le couvert, les vacances à la campagne et plus si affinités.

Approche sociologique:

Il ne faut pas se tromper, nous sommes en présence d'un roman courageux, qui n'hésite pas à prendre à bras le corps les problèmes inhérents à la société américaine. Mme Flanders dénonce avec un talent digne de Zola les dérives de la société américaine en ce qui concerne la sécurité sociale, et le traitement inhumain réservé à ceux qui ne sont pas assurés, que l'on fiche dehors de l'hôpital sitôt guéris.
Bien sûr l'assistante sociale aussi est de la partie (quoique plus honnête elle reconnaît qu'elle prend le dossier d'un bel homme plus à coeur que les autres.. faut pas se leurrer, ç'aurait été une mémé ou un pépé, ils crevaient dans l'indifférence générale!). Moi j'dis un courage pareil, Michael Moore, à côté, c'est de la petite bière question dénonciation.

IV Franco-folies

Une autre constante du roman, c'est  son engagement pour promouvoir la culture française à l'étranger. L'OIF devrait le récompenser.
Car bien que l'action se passe à Seattle, il faut reconnaître que nous avons là une ambassade de choix pour la culture française. La grande Culture avec un grand C. Ca passe par de petits détails ( une bouteille de bourgogne pour Angie, un Perrier ou un dom pérignon ( sic- sans majuscule) pour Noël, un costume Cardin pour Michael...), mais aussi par une évocation qui laisse pantois, une scène d'une teneur que je n'aurais jamais imaginée lire un jour, du surréalisme XXL: Michael, amateur de bonne musique française, recouvre en partie la mémoire grâce à un CD: la comédie musicale " Les Misérables" et en français s'il vous plaît, qu'il affirme avoir vu sur scène, à Paris, le fin du fin. Et en présence de qui? je vous le donne en mille.. Ho et puis non, vous ne trouverez pas, impossible, je cite, car c'est trop beau pour rester dans l'ombre:

"-Après avoir assisté au spectacle, j'ai dîné avec...Il chassa un à un les magazines sur le sol jusqu'à ce qu'il tombe sur celui qu'il cherchait.
- Avec cet homme! déclara-t-il avec fougue en désignant la photo de couverture.
elle ouvrit de grand yeux.
-François Mitterand? Vous êtes allés au théâtre avec le président de la république Française?
-Non, rectifia-t-il, j'ai dîné avec lui. C'était une réception immense avec des centaines d'invités.
Il baissa les yeux sur la photographie, l'air fasciné" (pp 118/119)

 Hein? oui, n'est-ce pas? C'est un passage que je vais avoir du mal à oublier... Mitterand aussi, d'ailleurs, qui doit faire des loopings dans sa tombe de savoir qu'il a dîné avec un loup garou. Remarquez, le bouquin date de 1995, Tonton est mort en janvier 1996, c'est peut être cette révélation fracassante qui l'a achevé...

V "une étincelle de désir fou"

Oui, car il faut conclure n'est-ce pas... et nos protagonistes semblent assez peu doués dans ce domaine. après quelques pelotages discrets par-ci par-là.. le moment que vous attendez tous, page 119 ( juste après l'évocation de Mitterand, ça couperait l'élan de n'importe qui, mais pas de Miss Tringlette apparemment, qui est plus motivée que jamais).
On y va pour le premier palot? "[...] elle vit briller dans ses yeux une étincelle de désir fou [...]. Le souffle court, la gorge serré, elle sentit tout son corps se raidir, frissonner de désir anticipé, d'espoir et de crainte. Tremblante, elle le laissa déposer un tendre baiser sur son front.
- Nous sommes fous dit-il dans un soupir" (Mamma mia! un bisou sur le front, comme ils y vont, en effet, ça c'est de la folie mes aïeux!)
 
Et?.. et plus rien! FAIL!
Vous imaginez la pauvre fille? Chaude comme une baraque à frites, et ..hop, un petit bisou. elle va devoir attendre encore 2 pages et demies avant de l'avoir, son patin fourré. Sauf que.. Sauf que c'est pile à ce moment que monsieur décide de s'enfuir sentant, non pas que Popol se manifeste, mais que la bête en lui se réveille. Et hop.. coïtus interruptus avant même d'avoir eu le temps de se déshabiller. Trop pas de chance!
Bon on passe les détails, le restau et tout le tremblement, pour arriver à une re-tentative p 132, roulage de galoche, pétrissage de nichons, changement en monstre et re-fuite du monsieur la queue entre les jambes, et c'est pas qu'une image.
Bien sûr la belle ne comprend pas et arrive à la conclusion logique : "ciel, son coup sur la tête lui a fait perdre la mémoire, mais lui a aussi mis le drapeau en berne! " Quiproquos. Et là on arrive aux 4 derniers chapitres et l'auteur se rend compte qu'il va falloir accélérer les choses si on veut conclure l'histoire. Donc l'action s'emballe, soirée mondaine qui n'est qu'un prétexte à nous répéter que l'héroïne est "belle comme un rêve",  "presque trop parfaite pour être touchée" ou encore "elle était la beauté, l'innocence et la perfection". On n'est jamais si bien servie que par soi-même pas vrai, Mme Flanders?

Donc, rencontre avec les cousins dans un parking, on expédie ad patres le plus inutile des deux histoire qu'il y ait un peu de sang, réconfort, et ho enfin ils peuvent connaître la joie de l'extase, avec moult "virilité durcie" et autres " désir durci" ou raidis, parfois, cris de ravissement - on apprend alors que le cri du loup-garou en rut est le rugissement.
Car, enfin, ils ont trouvé ZE solution, c'était si simple, il suffisait que Michou s'accepte enfin tel qu'il est, croit en lui, oui, je ne suis pas qu'une bête avec du poil autour, mais un homme un vrai qui peut faire grimper une oie blanche aux rideaux en deux temps trois mouvements. Sur ce, ils s'envoient en l'air très classiquement - pas de fantaisies, hein, de la décence, même au plumard,on se tape une bête de sexe, mais proprement!

S'ensuit, un enlèvement de l'héroïne ramenée jusqu'en Alaska, la rencontre avec beau-papa le glacial, belle-maman la grand mère idéale, la révélation de la mort qui tue que notre rouquine n'aura jamais d'enfant car humains et loups ne sont pas compatibles ( et un autre FAIL! va falloir y aller, à la banque! Coeur brisé, pendant une ligne,  mais bon, finalement elle s'en fout, elle adoptera le premier mioche venu).
Et enfin,une lutte à mort de moins d'une bonne page et demie où personne ne mourra ( quel suspense!), à l'issue de laquelle Nono gagne le titre de président du conseil d'administration de la World Trade International Fric And Flouze Company de son tonton, et Mimi remporte le droit d'aller coller des timbres ou un truc approchant à un poste ultra subalterne de la plus insignifiante branche de ladite société.
Mais pas grave, parce que l'amûûûûûr. Et d'ailleurs, ça se clôt sur nos deux tourtereaux qui se découvrent des appétits insatiables, mais vont quand même se trousser hors champ, parce que, dixit Angie qui devient une vraie délurée :
" Ce n'est pas par pudeur pour moi [..] mais pour toi, tu ne voudras jamais que quiconque voit tout le plaisir que je vais te donner."
et l'autre abruti d'avoir ce mot de la fin, hyper balèze 
" Tu as raison[...] mieux vaut ne pas leur donner l'envie à tous d'épouser une humaine".

FIN! (et c'est pas dommage).

Conclusion!

Je dois le dire, je m'élève contre la dimension fondamentalement irréaliste de cette histoire. Ce n'est pas les loups garous, je veux bien croire à leur existence, que leurs cheveux poussent en une nuit ( ceux qui me connaissent savent à quel point cette assertion me ferait plaisir, vraiment!) et aussi qu'ils sont organisés comme des mafieux, c'est tout à fait plausible. Par contre il faudrait inscrire en gros sur la couverture "attention roman de science fiction". Car, si vous le savez, dîtes-le moi, je n'ai pas trouvé sur quelle planète un type inconnu de tous, amnésique, dont personne ne sait le nom exact, ni la nationalité, ni le numéro de sécu, ni les qualifications, mais qui visiblement a passé sa vie à gratter du papier dans un bureau, peut, du jour au lendemain, comme ça, sur sa bonne mine, décrocher un boulot sur un chantier, où en plus il sera très bien payé dès le premier soir!

Je dois avouer que, autant j'ai eu du mal à finir le bouquin, un des plus insipides que j'aie jamais lu, autant je me suis amusée comme un folle à le tourner dans tous les sens, je n'aurais jamais pensé en avoir autant à dire. Et surtout je remercie tous ceux qui m'ont involontairement apporté leur aide dans démontage en règle - et qui finalement en disent plus que tout sur mes vrais goûts:
Joseph Mankievicz, Michaël Jackson, Daria, Les Simpsons, Djodge Clooney, le Parrain, Rogger Rabbit, Le Silence des agneaux, Michael Moore, Gaston Lagaffe ( pour l'international fric and flouze company)
 et Marie-Pierre Casey pour la conclusion
"Ben j'f'rais pas ça tous les jours!"

mercredi 8 septembre 2010

Mon gras et moi - Gally


 Et de un pour le challenge Bd. J'avais repéré ce titre sur l'agenda dédicace de ma Fnac, l'affiche qui est aussi la couverture du bouquin  ( "mon gras et moi" en rose dégoulinant sur un bide rebondi) m'avait faite rire, puis je n'vais aps pu aller voir ce dont il s'agissait. et voila que ce petit livre refait surface,  il ne fait que 5€60 chez pocket, la 4° de couverture est marrante aussi ( un fessier rose tout aussi rebondi que le son comparse, sanglé dans une culotte étriquée, dont l'étiquette est en fait le code ISBN). Bref, pourquoi se priver.

Donc en fait, "mon gras et moi" narre les déboires et le quotidien d'une fille qui fait partie de qu'on appelle hypocritement "les personnes fortes". Comprendre, elle taille un bon 50. Et donc arrivent les difficultés du quotidien: comment trouver un pantalon à sa taille quand les boutiques spécialisées commencent au 54, mais que les magasins classiques  s'arrêtent au 46, comment résister à l'envie de baffer la copine maigre qui vous comprend " trop bien! j'ai pris 500 grammes et j'ai mis 3 jours à les perdre, l'angoisse", comment transiger avec sa balance et sa conscience pour reprendre une cinquième part de fromage, etc.;

Autant dire que, sur certains trucs , je me suis reconnue ( déjà quand on fait un 46/ 48, pas facile de trouver un pantalon correct, surtout avec la récente mode " cuisses étroites", et j'aboutis régulièrement au magasin hippie avec ses fringues "free size"). Sur d'autre par contre, j'avoue que je ne me sans pas concernée. ayant toujours été grassouille, j'ai pris sur moi, l'état d'esprit de notre héroïne me rappelle plutôt moi au collège ou au lycée. Je suis maintenant totalement opaque aux magazines féminins et leurs promesses mirobolantes, au regard des autres. Limite si le bouquin ne m'a pas fichu un mini complexe du style " C'est pas normal! en fait je devrais culpabiliser, mais je ne culpabilise pas! Y'a un truc qui cloche". Bon faut dire que mon vécu est un peu différent, et puis j'ai toujours été comme ça, pas de brusque changement qui fait déprimer et broyer du noir ( faudra peut être que je songe à écrire "ma flotte et moi" pour les victimes de rétention d'eau? ). en prime, je déteste les sucreries, et je n'ai pas de rapport de compensation envers la nourriture, donc, forcément, je reste un peu extérieure à tout ça, tout en me disant que oui, sur le coup des fringues, c'est bien vu le choix "entre les motifs de clown ou de grand mère slovaque".

Mais finalement le bouquin se clôt sur une note optimiste, avec un personnage qui décide de ne plus se cacher et de s'assumer enfin comme elle est. L'auteur nous a fait une petite catharsis rigolote et sans prétention, c'est assez sympa, rose sur la forme, mais quand même assez noir sur le fond, puisque ça parle aussi d'angoisse et de déprime.
Donc au final, une BD  qui devrait quand même parler plus aux lecteurs/ lectrices hyperphages qu'aux autres, mais qui fait quand même plaisir pour quelques petites choses: une femme qui ose s'affirmer comme "grosse" et qui pointe l'ostracisme envers ceux qui sortent de la norme esthétique . Supposé ou réel, je ne vous mentirai pas, on imagine beaucoup de regards méchants là ou il n'y en a pas, les gens étant en majorité eux-même trop préoccupés de leur gros nez, de leurs grands pieds ou d'autres défauts plus ou moins visibles, pour faire attention aux autres. Mais il faut le reconnaître aussi, il y a toujours un quidam particulièrement mauvais qui prendra plaisir à vous rabaisser, rien que par méchanceté ou frustration, pour le plaisir. De parfaits inconnus qui vous insultent dans la rue. Ca n'est pas la majorité, mais il y en a et il y en aura encore. D'ailleurs souvent, des gens plutôt eux même moches/  trop maigres/ complexés qui cassent les pieds au monde à cause de leur propre complexe d'infériorité. Ceux-là ne méritent que le mépris. Pas évident certes, j'ai mis des années à le comprendre, et a accepter de passer outre. c'est pour ça que je disais que la situation décrite dans la BD fait écho à quelque chose que j'ai vécu, et dépassé il y a maintenant des années. Ce n'est pas toujours facile au quotidien, mais la déprime à ce sujet et morte et enterrée depuis longtemps 

Et puis c'est encore plus positif dans mon cas, de pouvoir voir, en quelque sorte, le chemin parcouru. La dessinatrice serait surement étonnée de me lire mais oui, c'est ce que j'ai pensé: "dire que j'étais comme ça il y a une vingtaine d'années: yeap! le plus dur est fait, et comme je ne me gave pas, que je n'aime ni le nutella ni les frites, que je marche beaucoup, que j'ai identifié mon problème et éradiqué la source, il est plus que probable que cette situation ne reviendra jamais!"

Voila voila, j'ai débordé le cadre de la chronique BD pour parler de choses persos, mais il fallait en passer par là pour mieux comprendre mon avis sur ce livre. Après , il s'agit d'un recueil de planches d'une page, tirée, je viens de l'apprendre, d'un BD blog. Donc, pas d'histoire à proprement parler, ce sont des gags d'une page, deux maximum, en général basé sur un échec lamentable de notre héroïne à s'en tenir à son régime, ou ses stratégies pour tirer au flanc et éviter le sport. Donc toujours ciblé "problème de poids", on peut y être hermétique , je conçois tout à fait. Mais bon, j'y ai trouvé mon compte. Ca ne sera pas la BD de l'année, mais c'est plutôt drôle et bien trouvé.
challenge BD: 1/ 30

edition: 
participation rétroactive au challenge Roaarrr du bar à BD
Challenge roaarrr: prix public Angoulême 2009

samedi 4 septembre 2010

La Mort en été - Yukio Mishima

Difficile de résumer globalement un recueil de nouvelles, par essence disparates. Certes des thèmes communs surnagent, la mort, le renoncement, la superstition, l’opposition entre le Japon traditionnel – et les traditions féodales, et la modernité qui menace de submerger ces traditions, le tout lié par un pessimisme presque total.
La Mort en été, donc, narre la dépression d’une mère de famille suite à la mort de deux de ses enfants et de sa belle sœur, et son lent retour la vie. La fin étant plutôt ouverte, on peut assez facilement la voir en négatif, comme en positif, je pencherai plutôt pour cette seconde option, au vu du cheminement intérieur de l’héroïne : la tristesse est toujours là, mais il faut l’accepter, prendre sur soi, et surtout, comme l’exige la bienséance à la japonaise. Pas très joyeux, mais cependant, une lueur d’espoir.
3 millions de Yens, m’a rappelé de loin l’ambiance des Choses de Perec, dans sa peinture d’un couple pour qui l’argent et le bien être matériel sont une obsession. De loin seulement, car là où les héros des choses sont dépensiers, les protagonistes de 3 millions sont parcimonieux à l’extrême, chipotent sur le moindre yen, et acceptent l’humiliation des riches pour amasser de l’argent ( on ne saura pas au final, de quelle nature exactement est cette humiliation, au lecteur d’imaginer).
Les bouteilles thermos. Une nouvelle qui ne m’a pas marquée plus que ça, un japonais expatrié aux Usa retrouve par hasard une ancienne maîtresse et sa fille, se rappelle temps passé avec elle, avant de rentrer au pays retrouver son épouse, soumise comme il se doit. Pas très palpitant, la faute à une narration peu fluide. C’est celle, avec l’histoire du prêtre de Shiga et les sept ponts, qui accuse le plus le coup de la double traduction ( du Japonais à l’anglais, de l’anglais au français, à la demande expresse de Mishima. ). On sent qu’on passe à côté de quelque chose, et c’est dommage.
Le prêtre du temple de Shiga, la nouvelle suivante donc, pâtit aussi d’une narration alourdie par la traduction. La conception bouddhiste de l’autre monde est intéressante, le parallèle entre les 2 personnages, obsédés par la perte de la pureté et donc du droit à accéder au Pays Pur, n’est pas sans intérêt non plus, mais c’est un petit peu long.
Patriotisme : A coup sûr, LA nouvelle choc du recueil. Les dernières heures, ressenties de l’intérieur, d’un militaire et de sa femme qui ont décidé de se suicider pour raison politique. A l’érotisme de la scène précédente succède la description par le menu du rituel de Seppuku ( et son équivalent pour la femme, consistant à couper la carotide avec un poignard, le nom de Jigai n’est jamais mentionné, le seppuku proprement dit étant un suicide très ritualisé réservé aux hommes). Nouvelle d’autant plus perturbante si on sait qu’elle a été adaptée au cinéma avec Mishima lui-même dans le rôle du lieutenant suicidaire. Et d’autant plus impossible à lire de nos jours sans penser que l’auteur mettait déjà en scène son propre suicide par Seppuku quelques années plus tard.
Dojoji et Onnagata, les deux textes suivants, sont intéressants dans le sens où ils explorent les deux facettes du théâtre japonais traditionnel, qui tente de perdurer à l’époque contemporaine.
Dojoji, une saynète absurde qui met en scène la vente aux enchères d’une énorme armoire interrompue par l’irruption d’une femme assez dérangée, est intrigante. Elle ne m’avait pas emballée, jusqu’à ce que je fasse des recherches sur ce titre bizarre . En fait il s’agit de la ré-interprétation par Mishima d’un sujet classique de théâtre Nô : Une femme poursuit de ses assiduités un moine du temple Dojoji, qui se retrouve coincé sous une cloche de bronze. La femme s’avère être une sorcière, qui se changeant en dragon, cuit le pauvre moine à l’étouffée sous sa cloche. Sachant cela, j’ai pu a apprécier l’ironie du détournement, en tout cas, ça m’a donné envie d’en savoir plus sur le Nô.
L’onnagata donne a voir de l’intérieur, la préparation d’une pièce de Kabuki, l’autre forme du théâtre japonais. Le héros tombe amoureux sans s’en rendre compte d’un onnagata, à savoir l’acteur spécialisé dans les rôles féminins (là aussi quelques recherches rendent la chose plus intéressante : le Kabuki était à l’origine un théâtre de femmes, des femmes travesties jouant les rôles masculins, mais, suite à un décret, les femmes en ont été évincées, et comme dans le théâtre grec, certains acteurs hommes se sont donc spécialisés dans les rôles travestis). Au passage, la nouvelle permet de mieux cerner peut-être une des raisons du mal être de l’auteur, difficile à assumer dans le Japon des années 50/60.
Les langes, comme les sept ponts, n’a rien de particulier, trop court pour vraiment intéresser.
La Perle, chose surprenante , est une nouvelle plutôt drôle : une dame de la bonne société invite d’autres dames de la bonne société à son anniversaire. La perle de sa bague se détache te disparaît, ce qui va amener peu a peu toutes ces dames à se soupçonner mutuellement : l’une d’entre elle l’à-t-elle mangée par mégarde en la prenant pour une décoration du gâteau, ou pire : Y aurait-il une voleuse parmi elles ? La bonne société, ses codes et ses principes sont passées à la moulinette avec un humour inattendu au milieu de tous ces textes sombres, et ça fait du bien.
joecool
Donc, globalement un avis positif, j’en retiens surtout les 2 textes sur le théâtre, pour m’avoir donné envie d’en savoir plus, Patriotisme, pour son côté choc et sans fard, et la Perle, pour son humour.
Pour les curieux:
Un dossier clair sur le nô:
Pour en savoir plus sur le kabuki
le Seppuku  (sans images gores, rassurez-vous!)

Et une lecture commune pour le challenge ABC et le challenge In the mood for Japan 


Ubu Roi - Alfred Jarry


Pour cette lettre J, j'ai décidé, soyons fous, d'inaugurer un nouveau support: l'E-book. Je n'avais pas encore essayé, mais bon, pourquoi pas. Ubu est donc disponible, libre de droit (car plus ancien que les 100 ans fatidiques) ici, au format PDF.

Sur le format d'abord. Bien sûr il y a l'énorme avantage de ne pas prendre de place, et donc de ne pas venir s'empiler sur une pauvre étagère déjà surchargée. Et Bien sûr, il y a aussi l'énorme inconvénient de devoir avoir son ordi sous la main pour le lire - ne parlons pas des visionneurs d'E-Books, au prix par trop prohibitif encore pour l'instant. Le format PDF n'est pas trop pénible à lire si on ne passe pas des heures et des heures d'affilée dessus, la lecture reste aisée, moins fatigante que ce que je craignais. Donc, ça sera un oui pour moi, mais seulement pour les ouvrages que je ne tiens pas absolument à rajouter dans ma collection, que je n'ai aps le temps d'aller chercher à la médiathèque, qui sont tout le temps sortis ou indisponibles, et assez courts surtout.

Donc Ubu. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en fait. Le personnage est connu, on y fait souvent référence, on en vante l'absurde et la dérision mais je ne savais pas trop de quoi ça parlait au juste. Et finalement c'est une bonne surprise, notamment parce qu'il s'agit d'un détournement parodique de Macbeth, que j'ai également cette année au programme de l'ABC. Et, en ayant lu d'abord Macbeth, par chance, j'ai pu apprécier la parodie qu'en donne Jarry.
Evidemment, c'est un peu étonnent, les deux premiers actes laissent un peu perplexe, le Troisième démarre très fort, lorsqu'Ubu, despote idiot, pingre, sûr de lui, et prétentieux commence son " train de réformes" à son propre profit, secondé par sa mégère de femme. A ce moment là, la critique de la démagogie ( donner de l'argent par-ci par-là pour gagner la confiance du peuple), de la haute finance ( récupérer un maximum de sous par ailleurs en spoliant un maximum de gens) et de la législation ( promulguer finalement des lois pour se mettre à l'abri) est bien vu. Ca reste assez proche de ce qui se passe encore ici où là sur ce globe. Ubu devenu roi décide que puisqu'il a le trône, il n'est plus question de séparation des pouvoir: le juridique, le judiciaire, l'exécutif.. l'Etat, c'est lui. Ajoutons à tout ça qu'il a quand même une chance hors du commun qui lui permet systématiquement d'échapper aux situations périlleuses où le met régulièrement sa bêtise et son incroyable couardise. Ce qui ne l'empêche pas d'ailleurs de fanfaronner même lorsqu'il s'est rendu ridicule( Ubu dans une grotte avec ses sbires, attaqués par un ours, se mettra hors de danger laissant les autres se dépêtrer avec la bête, et prétendra quand même avoir tour fait, car c'est grâce à lui bien sûr que l'animal à été tué. Hé oui, car il a prié Dieu avec ferveur, et ça a d'autant mieux réussi, qu'il est monté tout en haut d'un rocher pour que ses prières aillent plus vite!)
Poltron, goinfre, malhonnête, pingre, prétentieux, abruti, ne retenant rien de ses échecs.. le portrait du politicard sans cervelle de base. Autant dire que son coup d'état miteux ne durera que quelques jours, car il réussi par ses réformes fiscales à se rentre impopulaire en moins de 48h.


Une bonne surprise donc que cette courte pièce, une vision de la politique totalement désabusée et cynique, mais qui fait mouche. Après le style, très oral, est particulier, les créations lexicales foisonnent. "De par ma chandelle verte" et " cornegidouille" sont les jurons fétiches d'Ubu à ce propos. On accroche ou pas.

En tout cas, ça annonce déjà dès la fin du XIX° le théâtre de Ionesco. Replacée dans son époque, on devine que la pièce n'a pas été très bien accueillie. De nos jours, c'est bien évidemment moins étonnant, les surréalistes et le théâtre de l'absurde sont passés par là, mais la critique politique reste savoureuse. Par contre il faut préciser que la première représentation s'est faite en théâtre de marionnettes. Et d'ailleurs, ça semble convenir tout à fait, on a du mal à se l'imaginer jouée par ces acteurs en chair et en os. Le côté " pantin" cadre en fait tellement bien avec l'idée même du fantoche politique que je le vois difficilement autrement ( ou alors si: dessin animé, papier découpé, théâtre d'ombres, etc..) mais pas en représentation "réelle"

Une lecture dans le cadre du challenge ABC!