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dimanche 30 avril 2023

Me and the Devil Blues (4 tomes) - Akira Hiramoto

 J'avais déjà parlé du tome 1 de ce manga il y a .. 9 ans, et bien que j'avais les 3 suivants à la maison, je ne les avais pas encore chroniqués parce que... figurez vous que j'étais persuade que la série était encore en cours au Japon, et que comme beaucoup, l'édition française avait été stoppée avant la fin.
En en fait... non 4 tomes sont sortis au Japon entre 2005 et 2007, et je vois en ligne un 5° publié au Japon en 2015. En tout cas, ces 4 tomes qui lancent des pistes n'en concluent aucune, donc j'en déduis que l'édition a été arrêtée au Japon, un bon moment et c'est très frustrant. Le 5° tome y est paru en 2015, on est en 2023 et la série est toujours indiquée " en cours", donc, il semble qu'elle n'ai

Toujours est-il que mois japonais + thématique musicale afro-américaine, c'est l'occasion où jamais de rattraper le retard. Après le jazz, le blues, mais en version manga.

Relisant mon précédent sujet sur le tome 1, je n'ai rien à y changer.
Si ce n'est vous dire à quel point je kiffe le blues du Delta , et donc un manga qui met en avant Robert Johnson, ou plutôt un Robert Johnson imaginé, ici appelé RJ, qui croise Son House, Clyde Barrow..
Ce qui compte est moins ici la fidélité que l'évocation de l'Amérique des années 1930, celle de la crise et des laissés pour comptes, travailleurs noirs des plantations de tabacs, hoboes, bluesmen, bandits, KKK, prohibition...
Une évocation au même titre que O'brother. Ce n'est pas ce qui est arrivé qui compte, mais ce qui est plausible, ce qui aurait pu arriver. Le parcours du RJ du manga est finalement un condensé de ces parcours de vie chaotiques.

Il faut dire que Robert Johnson le musicien, si l'on met en rapport son importance absolument colossale dans l'histoire de la musique et ce que l'on sait de lui, est extrêmement mystérieux: né dans le Mississippii en 1911, mort en 1938, il est de fait le premier membre du très peu enviable club des 27. Mort vraisemblablement de pneumonie, mais rien n'est sûr. Même l'emplacement de sa tombe est incertain. Seuls 29 titres et quelques variantes on été enregistrés, on ne connaît à l'heure actuelle que 3 photos de lui ( deux seulement étaient connues jusqu'en 2020, une troisième a été trouvée chez sa soeur et c'est presque comme trouver une énorme pépite d'or à ce niveau: on y découvre un sympathique monsieur, souriant, faisant un photomaton avec sa guitare, à mille lieux de toute image diabolique, et il faut absolument que je lise un jour cette biographie)

Le peu qu'on connaît de sa vie est effectivement évoqué tel quel dans le manga: une soeur nommée Bessie, véritable mégère quand le manga, une femme Virginia morte très jeune en couche, la rencontre avec Son House qui se moque de son peu de dextérité à la guitare.. et ses progrès fulgurants à l'instrument en peu de temps.

Ce voile de mystère, notamment " comment un guitariste médiocre a pu en peu de temps s'améliorer au point de devenir excellent?" a provoqué dans la Louisiane rurale maintes suppositions et surtout évidemment un recours aux forces occultes, voire un pacte avec le diable, bruit qu'il entretenait lui même, avec un sens consommé de la publicité.
De fait, le même bruit courait au sujet de Tommy Johnson, lui aussi bluesman du Mississippi et contemporain.
La réalité est probablement plus simple: il avait rencontré un excellent guitariste, Ike Zimmerman, qui lui a enseigné à en jouer correctement, et l'entrainement, l'assiduité et la volonté on fait le reste.
Mais c'est plus vendeur" d'imaginer un pacte avec le diable le soir à un carrefour désert, que de reconnaître que le travail y est pour beaucoup.
Toujours est-il que ce peu d'information, cette histoire de carrefour maudit, cette mort mystérieuse à une jeune âge ont forgé sa légende et l'ont rendu... immortel.

Donc, dans le tome 1, on présente le héros: RJ, jeune noir du Mississippi, dans les années 1920 travailleur agricole peu motivé à l'idée de trimer aux champs. Il est marié avec Virginia, qui est enceinte, et se fait malmener par sa soeur aînée , mégère autoritaire. Une existence pas formidable, rythmée par les sorties le samedi soir avec ses copains, au juke-joint du coin, pour boire en écoutant du blues. RJ se rêve bluesman, mais est un guitariste amateur plutôt médiocre, Son House très bon guitariste qui excelle au bottleneck se moque ouvertement de lui. Ses copains le charrient et finissent par lui parler d'un mystérieux carrefour, pas loin de là. Il suffit d'y aller la nuit, jouer de la musique, et le diable apparaît, accorde ta guitare, et miracle ( ou malédiction plutôt), tu te mets à jouer magnifiquement.
RJ n'y crois guère mais se perd en rentrant chez lui et est victime d'une hallucination auditive qu'il met sur le compte de la soirée, l'alcool.. et rien ne se passe de plus.
Lorsqu'il retourne quelques jours après au juke joint, sa soeur et son beau-frère lui mettent une avoine pour avoir disparu pendant 6 mois. Entretemps, sa femme est morte en couche, son enfant n'a pas survécu, et RJ a perdu toute notion du temps. il pense s'être absenté 2 ou 3 jours tout au plus, mais entretemps est devenu un crack de la guitare, du même niveau que Son House.
Se pourrait-il que sans le savoir, il ait réellement passé un pacte avec le diable, en échange non de son âme mais de celle de ses proches?
Il quitte la ville en compagnie de Ike, autre guitariste, que lui seul peu voir. Ike... serait le diable?
Toujours est-il que dès la fin du tome il rencontre un autre personnage, presque pire encore: Clyde Barrow.

Et donc la suite, sur les 3 tomes suivants on découvre d'autres diables, face auxquels même Clyde Barrows parait sympathique. Clyde a embarqué RJ bien malgré lui dans sa cavale. Il a involontairement et sans le savoir tué un type en lui volant sa voiture, et c'est RJ qui est accusé du meurtre. Comble de malchance, le mort est le beau-frère du notable de la ville où ils arrivent, un dénommé Stanley Mcdonald, vieil aveugle diabétique, mais extrêmement autoritaire et dangereux, qui fait la loi, sa loi dans la petite ville: nomination de shérifs comme bon lui semble, interdiction de toute consommation d'alcool sous peine d'exécution sommaire ( tout en ayant à son service un moonshiner qui lui fournit l'alcool qui circule en contrebande dans la petite ville) , lynchages de noirs le dimanche après la messe. Il semble aussi avoir un goût prononcé pour le sucre et les meurtres d'enfants, dont les ongles et les cheveux lui servent à fabriquer des poupées ultra réalistes dans sa cave ( enfin c'est ce qui est suggéré, mais c'est effectivement une des choses qui reste en suspens)
Le reste de la population n'est pas mieux, les autorités sont pourries à tous les niveaux, le sherif n'hésite pas à forcer ses adjoints à boire pour mieux les tabasser ensuite et les accuser de contrebande, un autre dévoré d'ambition coffre ses collègues puis serine à son fils à quel point il est lâche d'attaquer à plusieurs une personne sans défense tout en préparant le lynchage et l'execution de ses collègues du dimanche suivant. Les paysans du coin font partie du KKK, même le gentil gamin du coin trouve tout ça normal et espère récupérer le foie d'un des condamnés pour nourrir son chien. Bref, les vrais démons sont ceux sui opèrent sous couvert de la loi, tout en se faisant passer pour exemplaires. Donc oui, je ne l'avais pas dit, mais c'est un seinen, et, autant par sa thématique que par son traitement, il est violent. Et d'autant plus violant que même s'il s'agit d'une oeuvre de fiction avec une touche fantastique, son cadre est réaliste, et fait intervenir des personnages historiquement attestés, ce n'est pas une univers de fantasy non plus.

Le quatrième tome se finit sur une chasse à l'homme, laissant les deux héros RJ et Clyde en posture délicate...et.. mais je veux la suite moi!
Mais même si elle st effectivement publiée au Japon, il y a peu de chance que ce soit le cas un jour d'une traduction, trop de temps a passé. En touts cas l'édition française reprend la présentation de celle d'origine: les pages colorisées de début de tome son monochrome, et la couverture autant que la tranche le sont aussi, chaque tome avec une couleur dominante très marquée




et donc le dernier tome en date, que je n'ai presque aucun espoir de voir un jour traduit.

Je me fais donc une raison, cette histoire n'aura probablement pas jamais de fin officielle et c'est bien dommage.
idée n°32: quelque chose de métallique: arme et cordes de guitare du tome 3
idée n115: quelque chose de moche: menacer quelqu'un avec une arme tome 2



Polychromie Musicale 1 - Journée internationale du jazz

Figurez vous que j'ai découvert un peu par hasard et avec du retard, le challenge afro-américain d'Enna.
Organisé en février, mais vu mon emploi du temps d'études, c'est assez compliqué pour moi de rajouter des défis. Dédié à la littérature, mais pas que, films, musique, spectacles, art... et j'avais déjà en projet de parler de musique cette année, parce que j'ai décidé de faire 2 sujets spéciaux dédiés à deux musiciens dont j'ai envie de parler cette année, l'un principal représentant de la soul, l'autre du funk (parce que hein, pourquoi pas, en tout cas les deux styles me donnent une patate d'enfer en période de fatigue ) et que tiens.. si je parlais aussi de jazz?

Ce qui devait être fait le 21 juin, mais, la découverte de la journée internationale du jazz le 30 avril fait que je bouleverse l'ordre de mes sujets. Et c'est pas plus mal, puisque la soul, le funk, le disco, tout ça .. ça dérive du blues et du jazz.

Donc préparez vous ce printemps et cet été, il y aura une salve de sujets musicaux afro-américains, sous la thématique " polychromie musicale"

Et pour moi le symbole du jazz, c'est Lui, c'est Louis!
Et si on me demande de citer un musicien américain, c'est aussi à lui que je penserais en tout premier.



Donc je rembobine, et je vais d'abord définir ce que j'appelle ma "polychromie musicale". Pour ceux qui ont suivi, je fais régulièrement des sujets musicaux mondiaux, donc ce ne sera pas très étonnant.
Ma culture musicale étant ainsi faite, que j'ai grandi en écoutant du blues et du jazz, de l'opéra, de la musique classique, baroque, du rock à la radio,  et qu'au fil des années ça s'est étendu en tous sens sans logique, devenant un joyeux bordel d'éclectisme musical, qui tient plus de la jungle que du jardin à la française.

Or cette année, en écoutant un podcast dont je reparlerai le 7 juin, j'ai découvert - oui je suis peut être naïve- une situation que je considère comme absurde et qui m'a fait réfléchir, autant que ça m'a consternée: Ll'existence aux USA de radios spécialisées non pas selon les genres, mais selon l'auditoire visé. Ce qui signifie: des radios pour les auditeurs noirs qui ne programment que des artistes noirs et de radio pour les auditeurs blancs, qui ne programment que des artistes blancs. Je ne sais pas si c'est encore le cas, mais en tout cas, d'après le podcast, ça l'était jusqu'à au moins le milieu des années 80.
Et que ce n'est que vers 1984 que MTV a timidement commencé à diffuser , au compte goutte, des artistes noirs. 2 pas plus. Faudrait pas non plus abuser. Mais bon, moins par souci de rendre les choses plus logiques ou moins sectaires, que parce qu'il y avait 2 mégas vedettes qui commençaient à bien faire parler d'elles à l'international et que... y'a moyen de se faire du pognon non?

Mes réactions:
- C'est absurde. J'ai beau tourner le truc en tout sens, c'est absurde. Programmation par genre, radio de jazz, de rock, de disco, de ceci ou cela, je comprends, mais en fonction de la tête des interprètes? Quand j'entends un morceau à la radio, j'apprécie ou pas, mais sérieusement la tête des musiciens ou chanteurs, j'en ai cordialement rien à secouer à la base. Ca ne se voit même pas!

- Et les métis, on en fait quoi? Garde alternée? Une semaine sur une radio, une semaine sur l'autre? Face A du disque sur l'une, face B sur l'autre? A situation ubuesque, réaction ubuesque.

Oui j'ironise mais cet apartheid musical... non je n'arrive toujours pas à intégrer la chose dans ma caboche. On m'aurait dit " en Afrique du Sud", j'aurais compris à défaut de valider (parce que c'est toujours aussi con, on est d'accord) mais là, je suis restée ... 😲 En 1984, j'avais 7 ans et ça me choque de voir qu'alors que le monde était en pleine guerre froide, certains n'avaient encore rien de mieux à foutre que de classer les gens en fonction de leur couleur de peau, dans un des deux pays qui justement organisaient le souk mondial.

Et c'est là, très récemment, puisque je l'ai écouté en début d'année ce podcast, que j'ai pris conscience que ce qui allait de soi pour moi n'était pas évident pour tout le monde.
Oui, j'ai écouté du jazz toute mon enfance, oui il y avait des noirs et des blancs sur les pochettes des disques de ma mère et ... ben, ça ne m'a jamais interpellée, c'était absolument normal. Parce que des gens il y en a de toutes sortes dans le monde ( faut de tout tu sais, faut de tout c'est vrai. Tiens.. pendant que MTV jaugeait si untel était visuellement acceptable, pendant ce temps là, la France diffusait Arnold et Willy dans les émissions jeunesse. Pour moi c'était juste une série sympa, mais en sachant le contexte, un riche américain blanc qui prend en charge l'éducation de deux orphelins noirs et pauvres, c'était provocateur)

Et que bon je savais que déjà dans les années 1930 / 1940/ 1950 beaucoup d'artistes de jazz étaient venus en Europe où ils trouvaient pour leur musique un public qu'ils ne trouvaient pas chez eux et une liberté qui manquait dans un pays où ta couleur de peau pouvait conditionner le côté de la rue ou tu devais marcher. Donc oui, Josephine Baker, Sidney Bechet, Miles Davis en France, tout ça... je connaissais. Mais que ça se soit poursuivi jusque dans les années 80, ça me troue... pardon, j'allais écrire un gros mot, synonyme de sidérer. Je comprends mieux les problèmes à être simplement écouté, si la diffusion ne se fait que par moitié de population.

Techniquement, il n'y avait pas d'interdiction, ou de risque si on se faisait prendre à écouter une autre radio que celle " normalement" dédiée à votre ethnie (à part peut être des commérages de voisins) et, oui, de chaque côté de la population il devait y avoir des " rebelles" qui écoutaient ce qu'ils voulaient parce que ça leur plaisait. Mais apparemment ce n'était quand même pas la majorité. Je me rappelle avoir lu un commentaire sur Youtube d'un monsieur qui disait que sa tante, au début des années 80, connaissait Michael Jackson mais n'avait jamais entendu parler de David Bowie parce qu'il n'était pas diffusé sur les radios qu'elle écoutait. Sans aller chercher ailleurs des choses dont elle pensait qu'elles n'étaient pas pour elle, parce qu' ON lui avait dit que de toute façon, ça ne l'intéresserait pas. Visiblement le neveu avait eu plus de curiosité.

Et donc absurdité de la situation, puisque moi, petite blanche du sud de la France née en 1977, j'ai plus entendu de jazz, de blues, de gospel, de disco, de soul et de funk dans ma vie que pas mal d'américains plus âgés que moi. Pour ça, au moins, j'ai envie de dire "merci maman", et merci aussi les radios françaises de ne pas avoir fait de sélections de ce genre en amont.

Et donc, après cette digression personnelle pour dégonfler le ballon et planter le décor, c'est parti pou le jazz qui est aujourd'hui à l'honneur.

J'ai essayé de trouver un " arbre généalogique du jazz" pour simplifier. Ha, ha, ha... simplifier... ça reste la forêt équatoriale en matière de styles.

Voilà pour le situer par rapport à d'autres styles. Je suis quand même bien vers le milieu. Je ne peux pas encadrer la country que bizarrement ils rattachent ici à la musique traditionnelle européenne. Ceci dit le fameux podcast musicologique faisait valoir que musicalement Chicago et Minneapolis ont une forte tradition de polka. Je suis morte de rire, ça se trouve dans la "polka belt", ou le style le plus populaire encore au début du XX° siècle, était la polka, à cause d'une bonne partie de la population d'origine polonaise.Voilà l'article qui étudie l'influence de la polka sur la musique des USA) quand on connait la spécialité musicale, jazz/blues pour Chicago et funk-rock pour Minneapolis, et les gens qui les ont diffusés, c'est cocasse. Mais imaginer les USA comme un haut lieu de survivance de la polka me fait marrer.

Et le jazz lui même? C'est encore plus compliqué, ce n'est plus un arbre généalogique, mais un cladogramme à ce niveau.

En tout cas, on ne peut pas nier que le jazz soit à l'origine de quasi toute la musique du XX° et du XXI° siècle, et méritait bien une journée dédiée. Avec concert mondial, diffusé sur le web, depuis l'ONU, le jazz ayant été choisi comme symbole de dialogue, de diplomatie, de paix, d'unité, d'égalité... des choses dont on a plus que jamais besoin.

Pour ce qui est du jazz que je connais le plus, il s'agit surtout de celui placé aux racines et sur le tronc de l'arbre. En effet ma mère avait surtout des disques de standards de jazz , le free, le cool jazz ce n'était pas son truc, j'ai donc découvert tout ça plus tard.

Allez, hop, je vous ai fait une playlist qui intègre un certain nombre des noms rassemblés sur ce schéma plus quelques autres qui manquaient. De Maple Leaf Rag en 1902 à Damn' U en 1992 classés à peu près par ordre chronologique. Il y a du saxo, de la trompette, du piano, de la contrebasse, de la clarinette, de la flûte, du chant, de l'instrumental. Et je rajoute un peu de jazz hors USA à la fin, cadeau de la maison. Et rien qu'avec ça il y a 35 morceaux, j'ai réussi à rester modeste ( mais ça doit bien faire 2h00 d'écoute)

Bref du jazz dans non pas toutes, mais dans un bon nombre de variations possibles...

Rhoo et puis tiens, exprès, je vous fais une sélection à part des chanteuses et musiciennes de jazz. Non pour séparer hommes et femmes, mais pour les mettre en avant, parce qu'on les oublie trop souvent et surtout les plus anciennes. Et énorme coup de coeur pour les big bands 100% féminins de Frances Carroll et sa super percussionniste Viola Smith, celui de Melba Liston ( tromboniste) et de Rhoda Scott (organiste)

Et je tiens à signaler que beaucoup des textes qu'elles chantent sont sacrément salés, ou du moins avec de très forts sous entendus. Comme quoi la gaudriole ne date pas de récemment: entre 1923 et 1934, Rosa Henderson se fiche que son ... euh, chien aille en voir une autre parce que c'est elle qui tient son collier...Maggie Jones propose à qui en veut de goûter son chou, Ada Brown encore plus claire dans son propos, est dingue de la sucette qui lui a fait passer une très bonne soirée, Lil Johnson veut se faire presser la sonnette et Barrelhouse Annie nous dit qu'il ne faut pas forcer sur ce qui ne rentre pas. Alberta Hunter elle insiste sur le fait qu'elle n'est pas une blonde au teint laiteux, mais que bon,  qu'on ne voit plus les différences la nuit. Certes elles sont plutôt classées dans le blues, mais, surtout à l'origine, les styles sont aussi brumeux que le bayou de Louisiane au petit matin.

Maintenant, j'ai trop envie de les apprendre et de faire un concert de grivoiseries vintage! 

mardi 11 avril 2023

Dersou Ouzala ( film 1975)

 Dernière ligne droite avant les examens, et il s'avère que j'ai une matière portant sur les rapports entre la Russie et l'Alaska, mais dont une petite partie évoque aussi la Sibérie et les relations commerciales avec la Chine.

Et dans la liste des choses à faire pour le préparer il y avait comme conseil de regarder Dersou Ouzala, film d'Akira Kurosawa, qui se passe justement à la frontière Russe-Chinoise au début du XX° siècle.

Est-ce que tu veux préparer ton examen en regardant un film d'un réalisateur que tu apprécies particulièrement? Film que tu n'as pas encore eu l'occasion de voir en plus?

J'ai connu plus pénibles comme révisions!

Et comme par un fait exprès, en avril c'est le mois japonais.
Donc c'est parti pour une curiosité, un film d'un réalisateur japonais, mais tourné en Russie et en Russe, dont le personnage principal est un autochtone sibérien de l'ethnie Hezhen, appelée Golde dans le film.


Et c'est 100% du Kurosawa, avec ses plans larges de nature, ici celle de la région située entre Khabarovsk et Vladivostok. Il n'y a pas d'action incroyable, on reste dans la contemplation, avec de longues minutes sans dialogues, agrémentées de musique ou de sons, tels le vent qui souffle la neige sur une rivière gelée, le feu de camp qui crépite ( j'ai vraiment adoré la bande son d'Izaak Schwartz, elle sert magnifiquement le film, surtout lorsqu'il s'agit d'associer des rayons de soleils  - le coucher de soleil qui menace la survie des héros, avec le froid, les animaux sauvages qui peuvent attaquer la nuit, etc..- et effets sonores). et pourtant on est tenu en haleine, et ce même en connaissant la fin dès la première séquence. Et la dernière est vraiment...prenante, opposant la sécheresse administrative à la situation dramatique, mais... sans précipitation. Magnifique.

Et donc, c'est simplement la vie quotidienne et les difficultés d'une petite troupe militaire russe, venue procéder à des relevés topographique dans la vallée de l'Oussouri. Les militaires viennent de Khabarosvk, mais ne sont pourtant pas bien préparés à la dureté du travail dans la forêt sibérienne. L'aide providentielle leur arrive de manière inattendue, lors qu'un chasseur isolé se présente à leur rencontre, un tout petit bonhomme sans âge, nommé Dersou Ouzala. Les russes ont besoin de l'aide de quelqu'un qui connait bien la forêt, et Dersou , seul depuis la mort de sa famille, a besoin de contact humain. Le capitaine le prend en sympathie et le recrute comme guide. Au fil des jours, il découvre la vie quotidienne d'un chasseur, et se prend d'admiration pour ce courageux chasseur, si bien adapté à son milieu naturel.
Au point que lorsqu'on lui propose d'aller vivre en ville, Dersou refuse: qu'y faire? on ne peut pas chasser là bas.
Lorsque la troupe russe revient quelques années plus tard, ils retrouvent Dersou et leurs explorations communes reprennent. Mais le chasseur se fait vieux, sa vue baisse, comment continuer à vivre dans un lieu où la survit dépend de l'aptitude à voir le gibier, ou les prédateurs de loin?

Et, c'est tout, le quotidien en milieu hostile, et l'improbable histoire d'amitié entre deux personnes très différentes: Arséniev, captaine de la troupe russe, et Dersou, le vieux chasseur sibérien qui parle un russe pour le moins aléatoire... Mais les deux se comprennent, et le film prend le temps de développer leur lien d'amitié, de montrer par petites touche la culture sibérienne chamanique. Dersou ne se sent pas trop seul dans la forêt, car il voit des " gens" partout: les esprits des arbres, du feu, des animaux...

Mais que ce film est beau: plastiquement par ses plans larges, par son propos sur l'amitié et la tolérance, sur le respect de la nature par le personnage titre, qui est râleur mais incroyablement sympathique.


L'acteur, Maksim Mounzouk est excellent dan le rôle titre, et Iouri Solomine, qui tient le rôle du capitaine est très bon aussi ( et toujours vivant au moment où j'écris). Leur duo est parfait et ultra crédible.

Et toute cette histoire s'est réellement passée, le vieux chasseur a existé et a été immortalisé dans les écrits de Vladimir Arséniev, dont le sort, comme celui de sa famille, à l'époque stalinienne a été tragique. Il faudra un jour que je lise ces récits.

En tout cas le film est visible ci-dessous et en VOST fr ( même si ce n'est pas du japonais que vous y entendrez!)

mais quand même, l'affiche japonaise

Partie 1

Partie 2

Une très chouette pause cinéma dans mon programme de révisions,  qui me permet en plus du mois japonais, de valider dans le défi cinéma " film sur l'amitié"

lundi 3 avril 2023

Lundi soleil 4 - vert

 Avril, printemps..

Le 7 avril est en plus un  jour très spécial , enfin, pour moi . Le jour le plus important  de l’année,  celui qui commence à  coûter  plus cher en bougies qu’en gâteau. 

Le vert est aussi  au passage , la couleur favorite de ma mère et d’une copine. Et j aime bien aussi.

J’aime le violet . Ma mère  aime le vert. Un de mes meilleurs  amis aime l’orange... ce ne sont pas des couleurs primaire, mais des couleurs a mi chemin entre deux couleurs primaires. J’ai une théorie : les gens qui disent préférer ce genre de couleurs, plus inhabituelles  dans le decors que les couleurs primaire, sont des gens qui sortent eux aussi de l’ordinaire. En tout cas, qui ne se contentent pas des solutions clef en main socialement valorisées, le bleu pour les garçons, le rose pour les filles ( clivage récent,  jusqu'à  un siècle  en arrière le rose était un rouge attenué, une couleur virile).

En tout cas après  les passionnants "bleu” et ”noir” des Histoires de couleurs de Michel Pastoureau, il faudra que je lise ceux qu’il a consacré  au rouge au vert, au jaune, aux rayures, entre autres...
Et pour le vert.. allez, on part  au Japon: Tokyo, automne 2012, les hiboux végétaux de la station de métro Ikebukuro ( l'étang aux hiboux)


et un arbre curieusement taillé: 2014, île de Shikoku


 Ce dernier doit être dans un temple de la région de Tokushima. En effet, entre 2012 et 2014, j'y suis allée à 3 reprises pour faire une partie de la randonnée des 88 temples. Une partie seulement, car la randonnée avait été coupée en 8 parties,  2 par ans, et je n'ai évidemment pas eu le budget, ni les vacances d'affilée ( c'était déjà la guerre pour que mon employeur accepte de me laisser partir 2 semaines d'affilée, la personne qui validait les jours de congés était très jalouse et lorsqu'elle savait qu'il s'agissait d'un voyage, elle mettait le plus possible de bâtons dans les roues du style " je te valide 10 jours, puis 4 jours, mais j'ai besoin que tu sois là absolument 2 jours entre les deux périodes", il fallait la menacer de démissioner pour obtenir nos congés sans coupure. " je ne vais clairement pas revenir pour 2 jours du Japon, tu trouves une autre poire, j'ai légalement droit à 15 jours d'affilée entre mai et octobre, je n'ai posé que quelques jours éparpillés en juillet et août, donc on peut en causer avec le syndicat si ça te pose problème) pour aller 2 fois par an au Japon.

samedi 1 avril 2023

Histoire de la Russie d'Amérique et de l'Alaska - Michel Poniatowski

 Ca faisait longtemps que je n'avais pas parlé de lectures et pour cause, voilà ce qui m'a occupée de fin février à maintenant.
Une fiche de lecture développée à faire sur cet ouvrage.

Je ne vais donc pas rentrer dans le détail, au cas où l'un de mes camarades futurs tomberait dessus, mais simplement évoquer vite fait cet ouvrage méconnu sur ce sujet méconnu aussi.

Pour préciser, ce cours là n'était pas prévu pour moi cette année, mais l'une des profs de l'université étant absente, il a fallu que l'université cherche une solution de secours pour que ma promotion puisse valider cette matière. Donc on colle en second semestre de M2 une matière de premier semestre de M1, que certains ont déjà passée l'an dernier d'ailleurs. Ce n'est pas mon cas, j'étais à Saint Pétersbourg, donc le problème ne se pose pas, ça ne fait pas doublon. Mais avoir  mois et demi pour se farcir le programme qui correspond en théorie à une trimestre complet, ce sont les études en "mode expert". 
C'est une organisation qui mérite un "laissez-passer A38 d'or"

Mais, il y a pire: ho joie de ceux qui l'ont déjà passée l'an dernier et doivent se la refaire sous un autre code, en remplacement.

Et il n'y a sur ce sujet que ce seul ouvrage accessible au grand public. Datant de 1958 et donc  commander en ligne parce que pas disponible en bibliothèques chez moi, évidemment.

C'est le seul absolument le seul ouvrage édité sur ce sujet en français.
Il y a des ouvrages scientifiques , de chercheurs en histoire en russe et en anglais, mais  le sujet n'a pas été abordé vraiment en français.
Et je n'avais pas la possibilité matérielle de lire un ouvrage de plus de 300 pages en anglais ou en russe sur la géopolitique en moins d'un mois pour préparer un examen imprévu au départ.


Car le saviez-vous? L'Alaska a été pendant tout le XVIII° siècle et une bonne partie du XIX° une colonie russe. Une terre d'outremer qui a connu un destin similaire à la Louisiane pour la France: trop loin, trop difficile d'accès, ça coûte beaucoup d'argent, et ça n'en rapporte pas beaucoup, malgré la présence d'or, argent, cuivre et charbon, peu accessibles.

Donc comme pour la Louisiane, le bout de terre a été revendu par les autorités au pays en train de se développer: les USA. Qui n'a pas trop su quoi faire de cette patate chaude. Ou plutôt très froide.
Certes, il y a de l'or, du bois, du pétrole, mais c'est loin de tout.

La Russie avait conquis ces territoires inhospitaliers pour une seule raison: la chasse pour le commerce de fourrure. Les animaux de Sibérie dont la fourrure était recherchée s'était raréfiés et les survivants étaient devenus très méfiants, il a donc fallu aller plus loin.
Ce livre n'est pas celui d'un chercheur, il date de 1958 et est rédigé par Michel Poniatowski,  homme politique, un peu avant d'entamer sa vraie carrière.
Donc écrit en période de guerre froide, où la Russie, devenue URSS se mordait les doigts d'avoir cédé ce qui devenait une tête de pont américaine à proximité de ses côtes les plus orientales. Tout ça pour espérer signer un traité d'amitié ou d'amitié " commerciale" avec les USA au milieu du XIX° siècle, plutôt que de le vendre à l'Angleterre,  qui avait déjà les territoires canadiens. O la Russie de l'époque était en guerre commerciale avec les anglais, donc pas question de leur céder le moindre terrain, autant le vendre justement, aux pires ennemis des anglais, ceux qui ont rué dans les brancards.

Si vous avez regardé un planisphère un jour en vous demandant " mais pourquoi ce bout, loin de tout, collé au Canada n'est pas une province canadienne mais un état des USA? C'est pas logique". Ben voilà. ce n'est pas logique. C'est la conséquence d'une mésentente entre la Russie et l'Angleterre au milieu du XIX° siècle.

Le sujet n'est peut être pas super tentant comme ça,mais le livre est bien écrit, de manière assez littéraire et raconte la conquête de la Sibérie et de l'Alaska comme un roman d'aventure ( un peu trop, il manque de rigueur pour une exploitation en tant que source pour un travail universitaire) Mais ça se laisse lire et j'ai découvert des choses que j'ignorais totalement, comme le fait que ces territoires loin de tout sont devenus une plaque tournante du commerce dans le Pacifique, au tout début des échanges commerciaux mondialisé. Et que la Russie, va ces postes avancés en Amérique, commerçait avec la Californie et Hawaï, au point que les rois rivaux de deux îles d'Hawaï, très malins et ayant compris l'intérêt stratégique de leur emplacement pour les ravitaillements, n'hésitaient pas à s'allier avec les puissances opposées.. pour se faire la guerre entre eux. Enfin, jusqu'au moment de s'allier et de mettre tout le monde dehors.
Bref c'est intéressant, raconté comme un roman, je m'attendais à quelque chose de très aride, et ça ne l'est pas , hormis le dernier chapitre contemporain, remplis de chiffres, qui évoque la position stratégique de l'Alaska en 1958 ( du coup, oui, c'est obsolète, puisque antérieur à la fin de la guerre froide.)

Mais en effet, je ne m'étais jamais vraiment intéressée à ce coin là du globe et je me suis prise à chercher des images, et wow.
Ca y est j'ai envie d'y aller.
apparemment ça n'a pas trop changé depuis le temps

Ou à essayer d'imaginer d'après les descriptions (et c'est hyper du pour moi) la Californie de 1830, un endroit sauvage où il n'y a que quelques pueblos tenus par des religieux espagnols, qui s'entendent plutôt bien avec les populations amérindiennes locales.

Des pueblos nommés Sacramento, San Diego, San Francisco...  qui se sont aussi développés en partie via le commerce portuaire avec entre autre la Russie.

Ca y est j'ai envie d'y aller. Apparemment ça a BEAUCOUP changé depuis le temps !

Enfin voilà, la lecture n'était pas trop pénible, même instructive sur un sujet que je ne connaissais pas et auquel je n'aurais jamais pensé m'intéresser un jour. donc c'est toujours bien d'apprendre des choses.
Même s'il n'entre pas dans la thématique tour du monde puisque Poniatowski, malgré son nom est français, bien que descendant du dernier roi de Pologne. Damn' je ne peux même pas le classer comme auteur polonais.

a la limite en challenge classique, puisqu'il date de 1958, ça me permettra de lui donner de l'audience.

Allez oui

un essai de 1958.


Idée n°96: une carte ou un plan