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jeudi 30 juin 2016

Le grand livre des gnomes tome 2 - Terry Pratchett

Attention, tome 2, donc je risque de spoiler un peu le 1 ici!

Après avoir brièvement expérimenté par la force des choses la carrière de camionneurs, revoilà nos amis hauts de 10 cms prêts à devenir involontairement terrassiers et à découvrir les engins de chantiers.

Ayant réussi à fuir le Grand Magasin promis à une destruction rapide, quoi qu'en dise le clergé gnome, etles anciennes familles puissantes du temps du Magasin ( qui regrettent déjà le bon vieux temps où ils pouvaient diriger tout le monde sans que personne ne conteste)  Masklinn le chasseur et ses camarades ont trouvé refuge dans une ancienne carrière désaffectée. Malgré les ronchonnements des anciens ( mais ronchonner est un constituant essentiel du caractère gnomique, un gnome qui ne ronchonne pas est probablement déjà mort), qui regrettent la vraie nourriture, celle qu'on trouvait au Magasin, emballée , en boite - car quel rapport entre les vraies patates bien propre et calibrés et ces trucs grisatres qu'on trouve dans le sol, et la viande qui vient d'animaux morts n'est pas de la vraie viande. Toute cette nature, c'est décidément pas naturel! - la communauté d'environ 2000 gnomes survit plutôt bien et prospère, surtout les jeunes qui se sont vite faits à l'air libre et au ciel à perte de vue.
6 mois de tranquillité soit l'équivalent de 5 ans humains en vie de gnome, et c'est la catastrophe: la carrière réouvre, quoi que ça veuille dire (elle est déjà bien trop ouverte, il n'y a pas de murs, et trop de ciel, trop de campagne...). et ce que ça veut dire: les humains sont de retour.

Et ce justement pendant que Masklinn est parti avec Gurder et Angalo ( les principaux protagonistes du tome 1) tenter de retrouver Richard Quadragénaire, héritier de la multinationale Arnold, vu dans un journal qui annonçait son départ pour la Floride (en fait un quadragénaire barbu parti s'occuper du nouveau pole communications de la société). Chacun a ses raisons de se lancer dans ce périple: Masklinn s'intéresse de près au satellite de communication, en rapport aux informations délivrées par le Truc, Gurder espère convaincre richard de laisser les gnomes vivre en paix, pourquoi pas au sous sol d'un autre grand magasin, et Angalo par curiosité insatiable de la nouveauté).
Pas le choix pour les casaniers, il va falloir s'organiser et soit s'enfuir, soit se cacher.
Soit lancer l'offensive: les gnomes sont petits rapides et ils l'ont vu dans les illustrations des voyages de Gulliver - ou de Pull-Over, ils ne sont pas encore au point en lecture - un groupe de gnomes organisés peut neutraliser un humain plus grand qu'eux.
Cette fois ce sont donc Grimma, la forte tête qui ne se laisse pas marcher sur les arpions sous le prétexte fallacieux qu'elle est une fille , et Dorcas le mécanicien qui vont se charger de la résistance face à l'ennemi.

On reprend plus ou moins la trame du précédent tome: des gnomes minuscules perdus dans un monde trop grand pour eux, bien trop grand cette fois puisqu'il s'agit de l'extérieur, et la difficulté qu'il y a à cohabiter avec des créatures au mois aussi opiniâtres que vous. Occasion de voir que certains gnomes sont loin d'être les lutins pacifistes des contes de fées, ils ne seraient pas dangereux pris isolément, mais ont de fortes tendances à réagir comme des sauvages en groupe, envisageant volontiers la torture et le meurtre ( toute ressemblance, blablabla..)

Cette fois les personnages secondaires du tome 1 sont mis en avant, tandis que les premiers protagonistes passent au second plan.
Et là, encore on trouve, mine de rien, des références futées- aux films de guerre par exemple, ou à l'inquisition et au fanatisme religieux), et de ci de là au milieu de l'humour, une phrase à l'emporte pièce et une réflexion bien plus profonde que ce qu'on attendait. Sur les choses qui changent et la volonté qu'on a de les voir changer tout en regrettant qu'elles ne restent pas pareilles, l'émancipation féminine, ou la relativité du temps. Grimma, à son tour, voyant pour la première fois un humain de très près, se rend compte que gnomes et humains se ressemblent beaucoup à différentes échelles, et que donc les humains sont probablement beaucoup plus intelligents que ce que les gnomes ne croyaient, que c'est juste un problème de communication du à leur vitesse différente: les gnomes sont trop rapides et les humains ne les voient pas, ne font que constater les effets de leur présence et les attribuent aux rats. Et que s'il existait une autre espèce de gnomes minuscules de la taille d'une fourmi, elle considèrerait elle aussi les gnomes comme grands, lents et balourds par effet d'échelle.

Donc littérature jeunesse, mais qui demande déjà d'avoir un certain âge pour comprendre les références littéraires ( Alice au pays des merveilles, Gulliver  sont cités directement, mais je pense qu'il y a aussi un peu de Micromégas là dedans),  historiques (l'ascension des classes moyennes et ouvrières et l'abolition des privilèges)  ou philosophiques.


Je n'attends plus que de recevoir le tome 3 que j'ai commandé pour compléter cette lecture, hors mois anglais, mais pas grave.

mercredi 29 juin 2016

Le grand livre des gnomes tome 1 - Terry Pratchett

J'hésitais pour la lecture pratchettienne de ce mois ci,(un autre de mes rendez-vous habituels) j'avais Procrastination sous la main, et, très logiquement, j'ai remis Procrastination à plus tard pour opter pour les Gnomes une série en 3 tomes.. dont je n'ai que les deux premiers ( trouvés par hasard lorsque la médiathèque a revendu es déclassés une fois de plus).Mais ouf, je viens de commander le 3° tome, avec difficulté d'ailleurs, vu qu'il n'est quasiment plus trouvable en séparé ( l'ouvrage a été réédité en tome unique)

Les gnomes ne fait pas partie de la séries du disque Monde, ça n'est même pas un hors série qui s'y rattacherait un peu comme Le fabuleux Maurice.
Par contre, tout comme Maurice, il s'agit d'un ouvrage jeunesse (l'édition Castor Poche le classe " senior" c'est à dire tranche d'âge de 12 à 15 ans. Il le classe aussi "SF", ce qu'il n'est pas, enfin, pas vraiment, pas entièrement disons, même s'il y a quelques touches par ci par là, on est plus dans un registre de conte)



Petits mais costauds. C'est exactement l'image que donnent Torritt, Masklinn, Mémé Morkie et Grimma. 10 cms de haut,  et, vêtus de peux de souris qu'ils chassent à l'épieu, ils sont avec quelques compagnons les derniers survivants d'un clan de chasseurs gnomes de la campagne.
Ils vivent à côté des humains, mais sans vraiment se soucier de ces grandes créatures lentes et probablement un peu idiotes. Enfin, c'est l'avis de tous, sauf de Masklinn, qui se dit que les humains ne sont probablement pas si bêtes, qu'ils sont peut être au moins aussi intelligents que des rats, parce qu'ils ont inventé des choses, étranges et dangereuses comme les gros machins à roues qui font beaucoup de bruit.
Les gnomes vivent vite, quand on a une espérance de vie d'environ 10 ans, on vit plus vite; et tout vous paraît lent. Enfin, dans la tribu en question, on vit souvent moins que 10 ans, l'existence se finissant assez souvent dans l'estomac d'un renard ou d'un chat.
Mais voilà, en plus des conditions difficiles qui font que la majeure partie de leur temps se passe à chercher des noisettes et à chasser le rat pour le prochain dîner, leur territoire de chasse se réduit de plus en plus, segmenté par une voie rapide sur laquelle plus d'un brave chasseur a fini sa carrière en quelques secondes.
alors mourir de faim, mourir mangé ou mourir écrasé, pourquoi ne pas tenter quelque chose de fou: Masklinn réussit a embarquer tout son petit monde à l'arrière d'un camion, on verra bien où ça les mène. Le vieux Toritt tient quand même a emmener " le Truc" , un cube noir mystérieux, qu'on se passe de chef e chef depuis des générations, qui sait, un jour ça servira peut être.

Et ça les mène.. dans un pays de cocagne: le camion rejoint le garage du Grand Magasin Arnold Frères( oui, avec toutes ses majuscules) , où non seulement l'abondance règne, mais ils ne sont pas seuls. Environ 2000 autres gnomes sont déjà là, depuis des temps immémoriaux ( 1905, ça fait au moins 10 générations gnomiques)

Et c'est le choc des cultures: pour les gnomes du Magasin, qui n'ont jamais mis les pieds dehors, qui mettent même en doute l'existence d'un dehors, ces nouveaux venus sont des affabulateurs. Ou des dingues qui prennent les légendes sur l'extérieur, l'air frais, la pluie, le ciel, la nature trop littéralement.

Pour ceux du dehors, ce microcosme organisé en micro-états, qui vit dans l'opulence avec comme seul loisir les chamailleries entre représentants des rayons ( nommés en fonction du rayon sous lequel ils vivent en fait: il y a le duc de Merceri, le comte de Quiquailleri, le clergé de Papeteri , la baronne d'Egustation, la tribu de voleurs Corsetteri, les Modeux.. montagnards du rayon mode enfantine qui vivent sour le plancher du 3° étage, etc...) est incompréhensible.Imaginez une tribu préhistorique déboulant soudain en plein Moyen-âge, et vous aurez une idée assez précise de la chose.

Et pour les gnomes du Magasin, l'idée du dehors est vraiment, mais alors vraiment difficile à croire: les prêtres du clan Papeteri leur répètent depuis 1905 que l'extérieur n'existe pas, qu'ils sont sous la protection du dieu Arnold Frère (fond.1905) et de ses associés, la déesse Bonnes Affaires et le démon Prix Sacrifiés, qui rode la nuit avec sa terrible lampe pour punir les mauvais gnomes qui mettent en doute la parole des Papeteri - facile quand on s'est arrogé la mainmise sur la lecture de la langue des humains.
Mais bon nombre de gnomes qui ont vu arriver et repartir les camions commencent à mettre en doute que comme le clame la doctrine " Tout Sous Un Seul Toit", slogan du Grand Magasin, rien n'existe en dehors du Grand Magasin, puisque tout est déjà là.
Certains émettent même l'idée quasi hérétique qu'il y a peut être d'autres Grands Magasins, et même, qui sait, de la vie dans ces Grands Magasins! Car après tout, d'où viennent ces humains qui arrivent et repartent, et si vraiment Le fondateur Arnold Frères avait créé le Magasin pour les gnomes, pourquoi l'aurait-il fait à l'échelle des humains.

C'est donc au milieu de ces querelle de clochers, pardon, de rayons, qu'arrivent Toritt, Masklinn et les autres. Pour découvrir que le Grand Magasin est sur le point d'être détruit. Ils ont 21 jours pour arriver à convaincre des gnomes sectaristes que
1 - Le Dehors Existe;
2-  Il va falloir entrer de plain pied dans l'ère moderne et se tirer tous de ce paradis pour aller vivre dans ce Dehors dangereux et effrayant (pour beaucoup, le dehors c'est l'Autre Monde, oui, celui où on va quand on passe de vie à trépas)
3- que ça ne pourra se faire qu'avec la collaboration de tous, et qu'il va donc falloir renoncer à ses privilèges et tous travailler ensemble pour s'en tirer. Et que tous, ça veut dire TOUS. Et donc qu'il est temps par la même occasion de découvrir l'égalité des sexes.

Un livre pour enfants. Qui réussit donc la prouesse en 300 et quelques pages de parler de destruction de l'habitat naturel, d'exil, d'égalité sociale et de lutte des classes, et d'esprit critique à l'égard des gouvernements et des religions, rien que ça.
Le tout en étant très drôle. La mort suivant les gnomes: Arnold Frère vous rappelle à lui, et là, on a droit à sa petite statue au rayon Jardinerie, qui sera emmenée vers un mode meilleurs.. a quoi les Gnomes sauvages prétende qu'ils en ont vu, dans les jardins des humains, et qu'ils ont toujours pensé qu'il s'agissait de gnomes pétrifiés à force d'attendre là). Il faut dire qu'ils prennent tout soit au pied de la lettre, soit de manière totalement erronée. Pour eux la phrase " Tout doit disparaitre" qui réapparait périodiquement dans le Magasin est un rappel métaphysique de la finitude de l'existence!
Chaque chapitre est introduit par quelques versets de la "Gnomenclature" parodie hilarante de la Génèse et quelques autres livres saints.

Comme il s'agit d'un roman jeunesse, le récit est beaucoup plus linéaire que dans le cas de ceux du disque -Monde, parfois assez cotons à suivre car ils mêlent plusieurs intrigues. Ici, une seule intrigue, ce qui n'exclue pas une richesse de thèmes intéressante ( et même plus intéressante, car on comprend les allusions aux textes sacrés et aux sectes millénaristes) à l'âge adule.
Encore un Pratchett savoureux, plein d'humour et d'esprit, joyeusement anticlérical. Un vrai régal, c'est même dommage qu'il ait été publié en édition "jeunesse" le privant ainsi d'un lectorat potentiel. On est plus proche des contes philosophiques que de la pure fantasy ou SF.

Un mot de l'illustrateur de la couverture française: Ciro Tota. Je n'en avais jamais entendu parler. Je venais à peine de commencer le livre qu'il en a été question dans le JT du jour même. J'aime bien sa vision.

Et en fouillant le net, je viens de voir qu'il existe une adaptation animée avec des marionnettes. Hum.. le problème c'est qu'il date de 1992, et que le stop motion n'y est pas vraiment meilleur que pour Dark Crystal ( qui date de 82). Bon ce n'est pas non plus le niveau Thunderbirds, mais j'aurais attendu quelque chose d'un peu plus cartoonesque en fait. Peut être que l'habitude des productions Aardman fait que j'ai une certaine attente sur l'animation en stop motion en fait, et a priori, du peu que j'ai pu voir, on n'est pas hélas au niveau Aardman ( une grande excursion date de 91, un mauvais pantalon de 93, donc pile la même époque)

allez, c'est parti pour le tome 2!

mardi 28 juin 2016

Le secret de Chimneys - Agatha Christie

Et voilà l'autre rendez vous annuel du mois anglais.

Et comme j'ai dégotté une pile entière de livres de l'auteur, j'ai choisi le plus ancien, vu qu'en général j'accroche mieux à ses premiers écrits.

Et comment dire. j'ai bien accroché, mais pas pour l'enquête policière, c'est surtout assez drôle, dans le sens où tout y est complètement outré (mais c'est volontaire) avec des rebondissements improbable, des bons mots...

Tout commence au fin fond de l'Afrique par la rencontre de deux anglais qui se connaissent bien. Déjà, voilà pour l'improbable)

Anthony Cade est un aventurier qui occupe depuis un mois, laps de temps très long pour lui, un emploi de guide auprès d'une compagnie de cars de tourisme. Il faut dire que les touristes qu'il promène à Bulawayo, Zimbabwe, sont du genre gratinés, et useraient rapidement les nerfs du guide le plus motivé.
Jimmy McGrath, vieille connaissance d'Anthony, est toujours à l'affut d'une mine d'or, sa marotte constamment déçue, mais Jimmy y croit dur comme fer, cette fois c'est la bonne.
Jimmy a aussi un talent inné pour sauver la vie de gens plutôt étrange. Dix ans plus tôt, c'était celle d'un aristocrate herzoslovaque.  L'Herzoslovaquie me fait beaucoup penser à la Syldavie de Tintin, un petit pays d'Europe de l'est ou le régicide est un sport national, les citoyens lassés des fransque de leur ancien roi l'ont d'ailleurs fait passer de vie à trépas quelques années plus tôt pour instaurer une démocratie, ce qui n'a pas  entravé leur goût pour le putsch, et le pays hésite présentement entre remettre sur le trône un vague cousin de feu le roi, ou opter pour un régime rouge vif .
Pour remercier Jimmy de son aide, l'aristocrate l'a couché sur son testament, et Jimmy se retrouve donc en possession des mémoires du Comte, qui contiennent pas mal de révélations croustillantes sur les membres les plus éminents du gouvernement, une vraie petite bombe, qu'il faut remettre à un éditeur de Londres contre 1000 livres. Si Anthony lui rend ce service,ils partageront le magot, plutôt coquet pour l'époque.
Et pendant qu'il y sera, Jimmy a une seconde mission à proposer à son copain: rendre à une dame du nom de Virginia Revel un paquet de lettre d'amour compromettantes, qui lui sont arrivées par hasard en main lorsqu'il a sauvé la vie d'un autre type louche, vraisemblablement un maître chanteur. Mais Jimmy n'a pas le goût de faire chanter une dame qu'il ne connaît pas, et qui doit probablement s'inquiéter de savoir en quelles mains malintentionnées se trouvent ses missives d'amour. Donc si Anthony peut, au passage, trouver la dame, sur le maigre indice d'une des lettres envoyées de "Chimneys", il serait bien urbain...

Ni une ni deux, voila Anthony parti pour Londres, muni d'un volume que la moitié du monde connu veut récupérer: l'Herzoslovaquie est un pays riche de pétrole, et la publication des mémoires pourrait faire capoter des tractations lucratives autour de ces concessions, l'Angleterre soutien un prétendant, les USA un autre, et les révolutionnaires auraient bien besoin des informations confidentielles qui s'y trouvent pour leur prochain coup d'état.

Comme si ça n'était pas suffisamment compliqué, il y a les lettres, de Virginia Revel: 5 minutes suffisent à comprendre que la vraie Virginia Revel, femme intelligente, décidée, et peu impressionnable, n'en est pas l'auteur, et qu'être la cible d'un maître chanteur qui se trompe de victime l'amuse beaucoup, d'autant qu'elle n'a rien à se reprocher. Quelqu'un a simplement usurpé son nom, ça l'agace plus que ça ne l'inquiète.

Mais ce n'est pas tout: une troisième intrigue s'y greffe, autour du Roi Victor. Pas une tête couronnée, non: le chef d'un gang de voleur de bijoux qui vient de sortir de prison et aimerait bien récupérer un diamant précieux qu'il a caché du côté de Chimneys, demeure qui a vu passer tout le gratin de l'Europe et cette affaire de gros sous pourrait bien avoir un lien avec les deux autres intrigues.

C'est échevelé, ça part dans tous les sens, mais du coup, c'est drôle. En fait plusieurs fois au cours de ma lecture, je me suis demandé sil ne s'agissait pas d'un scénario de pièce de théâtre, tant il semble fait pour être joué sur scène: mi pièce policière, mi vaudeville, avec cadavres bien encombrants, vols et re-vols de lettres, de manuscrits, de diamant... Usurpations multiples d'identité.
Et cerise sur le gâteau, une héroïne pas tarte et pas du tout " damoiselle en détresse" ( si j'avais du imaginer une actrice pour jouer Virginia, c'est quelqu'un comme Katharine Hepburn que je verrais: un visage qui sort de l'ordinaire mais une classe et un talent comique qui correspondent bien à l'idée que je me fais de cette Virginia excentrique et peu conventionnelle.)

Et même si j'ai facilement deviné l'identité sous laquelle se cache le roi Victor, et si la révélation finale sur Anthony m'a parue tirée par les cheveux, j'ai bien apprécié cette histoire sans Hercule Poirot ni Miss Marple, à ne pas prendre au sérieux du tout.
Il y a les ingrédients qu'on va retrouver par la suite: un quasi huis clos dans une demeure pleine de passages dérobés, un goût du principal enquêteur et du principal suspect pour la révélation théâtrales des fameux secrets, et des petits traits d'humour bien sentis ( lorsque l'inspecteur Battle fait remarquer que les romans policiers sont une des meilleures choses pour la vraie police: en faisant passer les policiers pour un ramassis d'incapables dans l'idée du quidam lambda,ils peuvent enquêter beaucoup plus facilement. Oui un peu Columbo avant l'heure, avec l'air inoffensif du flic un paumé)

Donc pas un grand roman, avec une machination diabolique , il y a trop de coups de théâtre pour ça, mais ça reste un bon tome divertissant à souhait.

mardi 21 juin 2016

....post punk neither!

Par commodité, j'ai séparé le punk proprement dit de ce qu'il a influencé.

Post punk, c'est vaste, et on y trouve beaucoup de choses: punk rock, new wave, cold wave, dark wave, gothique et tout ce qui s'ensuit.

On prend du punk, on enlève un peu de revendication, on garde la rythmique marquée à la batterie et à la basse, et on ajoute du synthé, beaucoup de synthé, et paf! Ca donne de la new Wave, plus ou moins festive ou plus ou moins revendicative.

C'est dans cette catégorie qu'on va trouver The Cure
Billy Idol

Bronski beat ( à noter qu'on est passé de la revendication sociale à la revendication personnelle d'une différence. Ce qui reste punk dans l'esprit)

Et si on louche plus vers des thématiques sombres, on arrive sur les terres du goth-punk.
Joy Division

New Order ( groupe issu de Joy division, après la mort de leur chanteur)

The Sisters of Mercy ( notamment ce clip, ou l'imagerie ouvrière est encore bien présente)

 Mais c'est très masculin comme univers, non?  Hé non! Les nanas on bien dépoté dans ce domaine aussi.

Siouxie and the banshees

et il n'y en a pas qu'une..
Yazoo ( avec l'excellente Alison Moyet et sa voix puissante). New wave encore.

Et évidemment ma préférée. D'accord elle est écossaise mais Dave Stewart est anglais et le duo était basé à Londres. Mais je ne pouvais pas ne pas inclure Annie Lennox, encore et toujours.


Et encore à part: the Cult ( tout le monde ne partage pas mon avis.; mais avant de devenir un groupe de rock, ils ont d'abord tripoté dans le punk et la new wave sous le nom the southern Death cult ou Death cult)
Et ça se sent surtout sur le début de leur discographie


Faudra que je fasse prochainement un sujet plus spécifique sur le rock gothique, histoire de développer sur Siouxsie , Joy Division et The Sisters of Mercy.

Punk is not dead!

Fête de la musique!
Voilà un billet musical que j'avais envie de faire cette année. Et comme approximativement, le mouvement punk fête ses 40 bougies cette année, c'est l'occasion idéale.

Sortez vos épingles à nourrices et vos Perfecto, faites votre plus belle crête, nous partons écumer Camden Town.

Ha, Camden, un des endroits que j'ai le plus appréciés lors de ma visite éclair en 2007 à Londres, il faisait un temps pluvieux ce jour là, c'était en décembre. Mais c'est vraiment un endroit que j'aimerais voir , aller chiner à l'Electric Ballroom ( brocante la journée/salle de concert le soir, j'aime le concept)

Et donc après avoir parlé de Rock Progressif il y a deux ans et de musique Renaissance l'an dernier, j'avais envie d'aborder le punk cette année, d'un point de vue musical en tout cas.
Parce que je n'en ai pas l'air, mais bien cachée, il y a une punkette en moi. Et une gotheuse aussi. N'ayez pas peur, je ne mords pas, je ne suis pas dangereuse et je ne sacrifie pas des chiens à Satan.

Et que j'ai toujours la banane, si j'ose dire, quand je vois passer un punk à l'ancienne, badges et crêtes.
Et que le mouvement punk  nous vient une fois de plus de chez nos voisins d'outre-manche, avant d'avoir essaimé un peu partout.
Et que quoi qu'on dise, les meilleurs groupes punks sont british ( désolée pour l'américain Iggy Pop qui ne pourra pas entrer dans cette sélection.

Je ne vais pas rentrer trop dans les détails, mais voilà un petit cours de rattrapage avant d'entrer musicalement dans le vif du sujet:  qu'est-ce que la culture punk? 
Vous comprenez maintenant pourquoi c'est nawak de vendre hors de prix des jeans déjà déchirés. C'est tout sauf punk dans l'esprit.

Mais voilà je voulais rendre un hommage (ou payer une tournée? ou déposer une gerbe.. dans l'ordre...  ) au dernier mouvement musical qui compte dans ma culture musicale.

Allons y c'est parti pour la sélection.

Les incontournables, ceux qui ont même eu l'honneur des ondes radio, il est impossible de ne pas les avoir entendus au moins une fois.
The Clash


 The Sex Pistols



Moins connus:
the Buzzcocks, moins politiques et plus "malicieux"


Cock sparrer, carrément politique

Cockney rejects


Les deux sont parfois catalogué " Oi!", variante donc, politique du punk, tendance lutte des classes

The exploited . aussi dans la même veine politique, mais un peu plus metal ( ok, je botte en touche, ils sont écossais). Mais je voulais intégrer au moins un morceau plus récent ( 2003 ici)

Et de fait, la scène punk est toujours vivante, mais plus confidentielle que dans les années 80. Et en punk "récent", j'avoue connaître surtout des groupes français - c'est même un des rares domaines où je connais un peu la scène française, et c'est logique, puisque dans la chanson contestataire, c'est bien le sens du texte qui prime - que je n'intégrerai pas ici ( Parabellum, Guérilla poubelle, les sales majestés, Les garçons bouchers.. et bien d'autres)

Mes petits chouchous ( AKA, chez les punks aussi on aime la déconnade): Les Toy dolls. J'aurais même pu faire un billet rien que sur eux tellement ils m'éclatent:
Capables de punkifier une comptine

de chanter les problèmes des asthmatiques ( ça parle à la grande allergique que je suis)
Ou de délirer sur la coiffure de Yul Brynner

dimanche 12 juin 2016

retour sur le mooc d'anglais, et ressources en ligne

Je l'avais promis, un petit billet de retour sur le mooc d'anglais proposé par l'université libre de Bruxelles à l'automne et l'hiver dernier.

J'avais loupé la première session l'année d'avant, faute de temps, heureusement il a été reconduit. Et pour ceux qui seraient tentés, je pense qu'on devrait le voir réapparaitre bientôt, l'automne prochain surement.

Et donc ce cours était très intéressant. D'abord parce que c'est une occasion en or de revoir ses acquis (et il y a des choses qui s'oublient vite surtout quand rien de comparable n'existe dans votre langue d'origine. Ouaip.. les formes progressives.)
Le but du cours était " apprendre à apprendre", ce qui est toujours intéressant et, Icing on the cake transposable dans d'autres domaines  ou d'autres langues.
L'intérêt étant de déterminer son profil d'apprentissage, ce qui n'est jamais possible dans un cours collectif, standardisé pour le plus grand nombre, et de travailler à sa manière.
J'ai donc appris ( bien que ça ne soit pas une surprise vu que toutes mes activités tournent autour du son) que j'ai un profil auditif, et que donc je retiens mieux ce que j'écoute que ce que je lis.
C'est l'avantage d'un cours de ce type pour moi, puisque si je le veux,je peux réécouter les séquences autant de fois que j'en ai envie. L'autre avantage, c'est évidemment de pouvoir s'y consacre au moment où je voulais/ pouvais. Et comme je ne suis pas du matin, je me souviens de la galère pour rester réveillée quand j'étais au collège/ lycée, le meilleur moyen de ne rien mémoriser en fait. Donc là, posibilité de le faire le soir, voire juste avant d'aller se coucher, c'est impeccable pour moi.

Par contre le désavantage c'est qu'on reste non pas passif, puisqu'il est demandé une écoute active et de l'attention, mais qu'il n'y a pas vraiment d'exercice de production ( enfin, si un exercice de production écrite, facultative était proposé, pas de chance, j'étais malade et pas du tout en état de le faire dans le temps imparti. Heureusement, il n'était que facultatif, ce qui ne m'a pas empêchée de finaliser le mooc - et de réussir un inattendu 93% de réussite. Je tablais plutôt autour de 75%, Ouaip, je suis fière de moi!)

Le niveau était un peu en dessous du mien, c'est dommage. J'y ai surtout revu des choses ( j'en ai appris d'autres, hein, en particulier sur la prononciation des voyelles, ou des règles de grammaire. J'avais appris l'anglais avec la méthode du Wall Street Institute, et donc tout était basé sur l'apprentissage naturel, sans trop théoriser la langue. Pareil pour les règles de capitalisation des titres)
Le cours s'adresse à un niveau "moyen" en fait. qui correspond à B1 dans le cadre européen ( encore un truc qui n'existait pas quand j'ai appris les langues, donc je n'aurais jamais su me situer à ce niveau là. Je suis donc plutôt entre B2 et C1. Là encore en théorie. Parce qu'on peut avoir un niveau assez bon voire très bon en écoute et être une bille à l'écrit, ou incapable de parler pour une raison XYZ

(le problème des tests de niveau étant qu'il vous demandent par exemple, sur un point de grammaire ultra précis, de choisir TOUTES les phrases qui ont le même sens. Mettons qu'il y ait 7 propositions, dont 6 justes. Il suffit d'une seconde d'inattention , vous n'en cochez que 5 et hop, la réponse est considérée comme entièrement fausse. Ou que vous n'en connaissiez que 5. Il n'empêche qu'en pratique vous connaissez au moins 5 manières différentes de dire la même chose, mais que le test vous dira " WRONG ANSWER!" La frustration à son maximum, je trouve qu'il n'y a pas pire pour démotiver, quand en pratique n'importe quel natif vous comprendra, et c'est un peu le but quand on apprend une langue)

 Nota: j'ai fait hier un test en français, avec une faute en résultat. Une. Qui d'entre vous se souvient de la règle d'accord du COD placé avant le verbe dans le cas particulier des verbes de mouvement et de sensation? QUI? Probablement même pas mes amis qui ont choisi la carrière de prof. La question était particulièrement vicieuse.
Est-ce que ça veut dire que j'ai une mauvaise compétence en français? Bien évidemment que non.
Ne pas connaître ou avoir oublié une règle ultra tordue ne vous rend pas nul en langue ( je me rappelle avoir aidé un japonais à décortiquer une phrase du style " même si elle avait révisé, elle n'aurait pas pu ne pas échouer" Ouaip. Tu m'étonne qu'il nage! Les francophones de naissance aussi d'ailleurs..)

Ce que je veux dire, c'est que ce genre de tests " à sanction" pose toujours des questions vicieuses qui en pratique n'auront pas vraiment d'utilité lorsqu'on apprend une langue pour...ben, pour la parler ou l'écrire et se faire comprendre.

D'où l'importance d'avoir une idée assez claire de son propre style d'apprentissage, pour déjà, travailler ses propres faiblesses, et puis aussi se rassurer avec ses facilités en se disant que non , on n'est pas si mauvais que ça.


Donc je vous ai compilé une liste des sources proposées par le mooc, à revoir de temps en temps

Travail général
BBC: http://www.bbc.co.uk/learningenglish/
British council:  https://www.britishcouncil.org/english

Travailler l'écoute:
http://learnenglish.britishcouncil.org/en/
http://www.breakingnewsenglish.com/

travailler la lecture
http://www.bbc.co.uk/skillswise/0/

travailler le vocabulaire (oui, la j'ai copié collé) 
 www.quizlet.com : Quizlet is a free website providing learning tools for students, including flashcards, study and game modes. You can create for your own study sets of vocabulary with definitions.  www.vocabulary.comVocabulary.com is a free website providing questions designed to help you learn the words that you need in an academic or business environment. The learning process only  focuses on words that you have problems  with and you can easily follow your progress.  
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travailler la prononciation

online pronunciation dictionnary:
http://www.howjsay.com/
Ca c'est génial! Tellement que je le mets en gras.
parce qu'il arrive de lire un mot et de se demander comment il peut bien se prononcer. Il suffit de le taper dans la boite de dialogue et de l'écouter. Prononciation anglaise plutôt qu'américaine, même si dans certains cas les deux sont proposées.

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ET Maintenant?
Je n'ai plus qu'à enchainer avec celui-ci ( de cette semaine au 18 juillet)
Explorer la langue anglaise et sa culture. 

 

samedi 11 juin 2016

Jordskott ( Série TV)

Entre 2 billets anglais, faisons un petit voyage un peu plus au nord.


Tiens il y a quelques temps que je ne me suis pas intéressée au challenge nordique. Et ARTE vient de me donner l'occasion d'un rattrapage avec Jordskott, série TV suédoise de 10 épisodes, mi policière mi fantastique et dont la diffusion s'est achevée la semaine dernière.

Déjà les années précédents, il y a avait eu la très originale série Äkte Manniskor, stoppée au bout de deux saisons faute d'investisseurs motivés pour la continuer ( si l'auteur veut se lance dans le crowdfunding pour financer la fin, merci de me le signaler, je veux absolument participer!)

Je ne sais pas encore si Jordskott aura une deuxième saison, mais en tout cas, ces 10 épisodes concluaient leur histoire de manière mystérieuse mais satisfaisante, tout en laissant la possibilité d'une suite. Donc dans tous les cas, pas de frustration si ça s'arrête là.

Ca commence classiquement, comme une série policière, un peu dans la veine Broadchurch ( ouaip autre référence balèze) avec une histoire d'enlèvement d'enfant dans un petit village, où tout le monde va commencer à se suspecter.

Donc, dans la petite ville de Silverhöjd, un endroit assez isolé en pleine forêt, le jeune Anton Leander est porté disparu, la police locale piétine sans savoir s'il s'agit d'une fugue, si le gamin s'est perdu dans l'immensité de la forêt du coin, ou s'il s'agit d'un enlèvement. Car qui voudrait enlever le fils d'un cadre de la scierie locale, et pour quelle raison? il n'y a pas de revendication, et l'enquête est au point mort.
Sur ce arrive Eva Thörnblad, policière à Stockholm qui revient dans son patelin natal pour régler les formalités des obsèques de son père, justement le directeur de la scierie. Celui-ci, malade depuis longtemps avait laissé la société au conseil d'administration, et tout le monde, sous-directeur, secrétaire,employés.. s'accorde à dire qu'il était devenu taciturne et vivait en reclus depuis des mois? Eva étant en froid avec son père, elle ne lui parlait plus non plus depuis fort longtemps, et part donc du principe qu'il est mort d'un cancer et basta.

Mais la raison pour laquelle elle n'est pas revenue dans sa ville d'origine depuis 7 ans est tout autre: Lors d'un pique-nique, sa fille Josefine, 6 ans, a disparu en pleine forêt. Envolée. en un clin d'oeil et sans laisser de trace. La police avait conclu à un accident, une noyade dans l'étant tout proche, conclusion qu'Eva n'a jamais accepté, et pas seulement en tant que mère, mais aussi en tant que policière: le dragage de l'étang n'a rien donné, elle n'a pas entendu Josefine tomber à l'eau. Donc s'il n'y a ni corps, ni traces, la seule option est que Josefine ait été enlevée.

Voilà donc Eva qui va rester à Silverhöjd pour mener son enquête privée, avant d'être temporairement mutée au commissariat local à la demande du très étrange - et suspect- commissaire Wass, venu en renfort pour aider les collègues qu'il semble quand même considérer comme des bouseux, juste bons à dresser des PV, mais peu compétents dans une affaire d'enlèvement.
Car Eva en est sûre, Anton est 7 ans plus tard, une nouvelle victime du même ravisseur qui a enlevé Josefine, et il faut s'en charger avant que d'autres enfants ne disparaissent.

Et ce d'autant que les faits troublants commencent à se multiplier à Silverhöjd: l'inattendu se produit, et Josefine réapparait, ou en tout cas, une fille qui pourrait être Josefine, Eva veut le croire même si les tests ADN disent le contraire. Choquée, mutique, atteinte d'une mystérieuse maladie parasitaire, incapable de désigner un potentiel ravisseur, mais vivante contre toute attente.

Mais aussi une vague d'assassinats violents se déclenche, les victimes sont toutes des personnes assez âgées et marginales, apparemment sans histoires, retrouvées égorgées sans pitié, visiblement par la même main. Les maigres indices semblent indiquer qu'une seule et même personne ( ou un seul et même réseau) se trouve derrière les assassinats et les enlèvements.

Et de fait, il s'agit bien d'enlèvements, on l'apprend assez vite (épisode 2 ou 3, par là, je ne spoile pas vraiment) le comité de direction de la scierie a reçu des revendications très claires: Arrêtez la destruction du secteur nord de la forêt, ancien lieu sacré, sinon d'autres enfants des dirigeants seront enlevés. si les travaux cessent, Anton retrouvera ses parents.
Mais ils préfèrent régler les choses à leur manière: essayer d'embobiner les ravisseurs, et leur envoyer un "négociateur", enfin, plutôt du genre tueur à gages.
C'est que sous le secteur nord de la forêt se trouve probablement une mine d'argent, autant dire un gros paquet de pognon qui dort là et sur lequel personne ne veut faire une croix.

Donc tout le premier épisode est très axé policier.. et les choses vont progressivement tourner au fantastique, insensiblement, par petites touches, à partir du deuxième.. pour devenir totalement fantastique à la fin.
Moi j'ai bien aimé. Je ne dis pas à 100%, mais j'ai bien aimé. Des commentaires que j'ai vus, c'est soit ça passe (un côté un peu X-files, mais dans les premières saisons, quand ce n'était pas encore trop portenawak), soit ça ne passe pas du tout.

Mais soyez prévenus, il va y avoir des créatures mythiques, les huldra: sortes de femmes-trolls, ou de sorcières, elles ressemblent à vous et moi, sauf que ce sont des femmes à poils. Au sens propre: elles ont un épais pelage dans le dos (oui, c'est mieux que ça se passe en Scandinavie et pas en PACA, du coup. Fait chaud!).
Et des Vittra ( qu'on en voit pas, puisque leur particularité est d'être invisibles). Et une petite référence au Nökken  (par contre, c'est assez marrant, parce que pour le coup, on a quelque chose d'approchant en PACA: le drac, une des rares créatures légendaires d'ici)
Donc oui, malgré quelques scènes assez WTF ( une tentative de réanimation avec des fils de lampe qui se termine en "  merde, ça n'a pas marché" qui m'a vraiment beaucoup faite rire. Ca n'a pas marché. Tu m'étonnes), l'ensemble est agréable et se laisse regarder. Le problème est que l'ensemble est d'une grande sobriété, alors pour le coup, le peu d'effets spéciaux ( pas forcément bâclés, hein.. ) qu'il y a se voient comme le nez au milieu de la figure. Et ça j'avoue que ça passe un peu plus moyennement, comme si c'était... hors sujet en fait, alors que tout le reste fait dans le réaliste, et que la majeure partie du temps, la série prouve qu'on peut faire du fantastique quasiment sans effets.
Et je les remercie sur un point: on évite les jumpscare à deux ronds, même lorsque des pasants se retrouvent soudain ace à un cadavre décapité, il n'y a pas 10 litres d'hémoglobine et la chose est amenée de manière futée: comme si la scène était vue par le cadavre. On sait donc qu'il va y avoir une révélation, mais pas de manière facile. Parce que tout est beaucoup plus fixé sur l'ambiance et l'angoisse, la brume, tout ça, que sur le grand-guignol. On n'est pas dans l'horreur pop-corn.

Et puis j'ai l'impression que le vrai sous texte de l'histoire, ce sont les difficultés de communications en famille.. et les problèmes mentaux: Eva est en froid avec son père et cherche sa fille. Tom, le policier est divorcé et se bat juridiquement contre son ex-femme qui veut l'empêcher de voir leur fille autiste. Gerda, la secrétaire de la scierie surprotège son fils adulte et malade mental ( en l'infantilisant sans en avoir conscience). Gustaf, le sous-directeur, a un fils caché qu'il ne veut pas reconnaître. Esmeralda est une orpheline, de réputée violente, qui a du mal a se faire des amis et est promenée de foyer en foyer. Les frères Olsson sont brutalisés par leur père alcoolique.. Il y a peu de gens qui aient une relation saine avec leur famille dans cette histoire.




Mais allez, j'ai bien aimé Ylva, la vieille excentrique avec son corbeau et son herboristerie,
oui, mamie cultive un jardin au plafond
 et Nicklas, le malade mental ( l'acteur n'a pas un rôle facile!). d'une manière générale, les personnages ne sont pas sympathiques, à commencer par l'héroïne, capable de se montrer franchement détestable, et ça n'est pas plus mal.. tout le monde est plus nuancé qu'il n'y paraît à première vue - même le tueur à gages, sale type s'il en est, mais viscéralement attaché à son chien - et ça, c'est une chose que j'apprécie. Et puis il y est question de cohabitation avec la nature et de respect de l'environnement.

Et dernière chose: cette série propose régulièrement des plans larges et vus d'avion de la forêt suédoise et... oui, de quoi me donner envie de réserver un départ le jour même pour la Suède.

Ce qui fait que malgré quelques petites imperfections, je la conseille aux amateurs d'ambiances étranges et de séries qui prennent leur temps. Evidemment, si votre truc c'est l'action, c'est plus mal parti ( je ne dédaigne pas non plus une fois de temps en temps)
cette image me rappelle le début de Shining, je me demande si c'était voulu.. pas impossible


Auprès de moi toujours - Kazuo Ishiguro

Aujourd'hui, c'est le jour de l'auteur anglais d'origine étrangère, et ça tombe bien j'ai retrouvé en déménageant ce livre qu'on m'avait donné il y a quelques temps, donc pourquoi pas.
Comme vous l'aurez deviné Kazuo Ishiguro est d'origine bulgare ( non je galèje.. il est bien sûr d'origine japonaise) et j'avais déjà lu de lui les Vestiges du jour  au lycée .

Ca remonte, et je n'arrive pas vraiment à me souvenir si je l'avais aimé ou pas, contrairement à son adaptation cinéma avec les excellents Anthony Hopkins et Emma Thompson, domestiques british jusqu'au bout des gants blancs, dont j'ai plutôt un bon souvenir. Oui, je me souviens en tout cas avoir préféré le film.

Celui-ci sorti en 2005, avait eu aussi il me semble un énorme succès.. que j'ai un peu de mal à comprendre en fait.

Je prends la couverture standard, la version que j'ai est ultra moche: l'affiche du film qui en a été adapté. Je n'en avais pas encore parlé je crois mais je hais ce procédé qui consiste à ressortir un livre avec l'affiche de l'adaptation ciné, et parfois un bandeau rouge " en ce moment au cinéma". Pire encore quand le bandeau est imprimé sur le livre!
Mais voilà, je n'ai pas accroché.  Comme il se déclare "ouvrage de science fiction" j'aurais tendance à dire que je l'ai trouvé vraiment médiocre sur ce point là, et pourtant je l'ai lu facilement, vite et sans déplaisir. Mais sans être passionnée en fait.
C'est ça! Une lecture " pour s'occuper".

L'histoire avait du potentiel mais j'ai hélas très vite deviné la raison d'être de ce pensionnat et la finalité de l'existence de ces enfants "privilégiés". Donc ça m'a vraiment gâché le suspense.

Qualité d'écriture, sans doute, efficacité narrative.. ben non. D'autant que je me suis souvent demandé pourquoi l'auteur prenait autant de détours pour raconter son histoire, se concentrant sur des micro-événements de la jeunesse et des études de ses héros.
Ce qui fait que pendant bien la moitié du récit, la science fiction promise se transforme en récit scolaire pas forcément passionnant: ha ouais, il y a du monde donc la narratrice nous explique qu'elle regarde par toutes les fenêtres du pensionnat pour essayer de voir dans l'encadrement les 2 secondes où il n'y aura personne et avoir l'illusion d'être seule  avec sa poignée de copines.
Oui il y avait là une idée à creuser, la sensation d'enfermement, ce pensionnat isolé dans un cadre à la fois idyllique et inquiétant, ces élèves sans le moindre contact direct avec l'extérieur. L'ambiance carcérale qui affleure sous l'image trop lisse de ces lieux. LE fait qu'ils adorent le film " la grande évasion" ou qu'ils aient été marqué par un récit de prisonniers pendant la guerre.  Hé bien non, l'auteur n'exploite pas et se contente d'une succession de tranches de vie, hop, on passe à autre chose, surtout ne pas laisser le temps aux personnages de développer un questionnement sur leur situation.

Du coup, les personnages sont ternes, mais ternes! Impossible pour moi de m'y intéresser, le regard de la narratrice devenue adulte s'attache plus à ses chamailleries d'école qu'à l"horreur qu'elle devrait ressentir en ayant constaté qu'on leur a menti sur toute la ligne. Non, pas de révolte , rien..

vous êtes prévenus...
Et comme je l'avais déjà fait, si vous connaissez le livre, vous pouvez surligner, si vous ne le connaissez pas, c'est à vos risques et périls, parce que pour bien faire comprendre ce que je n'ai pas aimé, je suis obligée de balancer le noeud de l'intrigue. Je laisse visible ce qui est sans danger...

Kathy, la narratrice,  est une "accompagnante", une sorte d'aide psychologique pour donneurs d'organes, et voit mourir plusieurs de ses amis d'enfance, élevés dans un cocon comme elle, élèves "privilégiés", on ne cessait de le leur répéter, d'un pensionnant à l'ancienne, mais haut de gamme, le top du top. Enfants sans avenir créés par clonage dans l'unique but de servir de banque d'organes ambulantes, destinés à être découpés, peu à peu au gré des "dons" qui sont la finalité de leur existence. il n'en font pas le choix, c'est ce qui a été décidé pour eux, bien avant leur création en laboratoire. Tout ça, on l'apprend peu à peu, c'est sensé distiller une horreur montante chez le lecteur, .. sauf si on l'a deviné dès le début.

Et tout le monde semble trouve ça normal,  non mais, raconte nous plutôt la fois où tu t'es fritée avec ta copine Ruth pour une énième broutille. Et hop digression "ça s'est passé en 4° année de junior, c'était avant tel événement mais après tel autre, moi je m'en souviens même si Ruth n'est pas d'accord sur l'époque..."

Ben là, non, OSEF.

Les personnages sont plutôt lisses, Kathy est extérieure aux événements qu'elle raconte même lorsqu'elle est y est partie prenante, certains sont franchement antipathiques ( Ruth est exaspérante: capricieuse, autoritaire, colérique, manipulatrice et gratuitement cruelle avec ses amis.. qui lui pardonnent tout parce que parfois , elle est vraiment sympa - ou plus prosaïquement parce qu'il y en a besoin comme ressort narratif, si tout le monde l'envoyait bouler dès qu'elle le mérite, la crédibilité l'emporterait sur le deus ex machina ).

Au début pourtant j'ai plutôt aimé l'histoire du petit Tommy, victime de harcèlement sous le nez de tout le monde sans que les profs ( pardon, les gardiens, c'est le mot utilisé) ne semblent s'en soucier.
Du coup, Tommy et Miss Lucy, la seule qui prenne maladroitement sa défense sont à peu près les seuls qui ne m'aient pas laissée totalement indifférente.
Tous les autres sont tellement ébauchés qu'il est difficile de s'y attacher.

Alors qu'un des enjeux cruciaux, via l'art qui est essentiel dans la formation des élèves,  est justement de faire comprendre au monde que les clones dont il s'agit ne sont pas des pantins vides d'esprit, mais des personnes dotées d'une sensibilité. Qui donc se laissent mener à l'abattoir comme des moutons, voilà pour la sensibilité. Dites, si le but est de nous prouver qu'ils sont sensibles, ça serait pas mal de les doter aussi d'un instinct de survie. Narrativement surtout, ça apporterait beaucoup.
Du coup, dans la foulée, un peu de caractérisation sociale ne serait pas de trop non plus, ça aussi ça manque. Quand je lis de la SF, j'aime bien en savoir un minimum sur l'ensemble de la société dans laquelle ça se passer ( là encore je vais citer 1984, mais au moins Orwell ne faisait pas l'économie de quelques détails , inséré dans le récit, pour nous expliquer comment marche son monde. Oui tant qu'à faire dans la comparaison, je prend le summum de la dystopie anglaise... J'aurais pu aussi parler d'Huxley)

Franchement, parce qu'il se lisait bien, et pour quelques moments intéressants, dont celui où les clones cherchent le "modèle" de l'un d'eux, la personne réelle qui est à l'origine de son existence comme un enfant adopté cherche ses parents biologiques,  j'étais prête à passer sur ces imperfections, mais ça, c'était avant le coup de théâtre final, d'une niaiserie sans nom.

Et puis qu'on est en alerte spoiler, spoilons donc:

Dans les derniers chapitres, les survivants de cette histoire retrouvent l'une des personnes qui peut enfin leur donner les clefs sur le programme dont ils ont fait partie.
Là j'attendais une explication moi aussi: qui en a eu cette idée stupide de créer des clones pour don d'organes, qui a eu l'idée encore plus stupide de les maintenir dans l'ignorance de leur état, pourquoi a -t-on fait ça, comment se fait-il que la population soit parfaitement au courant sans être scandalisée, pourquoi les profs qui étaient au courant ont accepté de participer à un tel programme, qui sont les bénéficiaires qu'onnne voit jamais, est-ce que le bénéficiaire des dons est la personne modèle à l'origine, est-ce qu'il y a un moyen d'éviter de crever lamentablement ? des choses comme ça...

Hahahaa.  Non.

Au lieu de ça, l'ancienne gardienne qu'ils retrouvent clouée dans un fauteuil roulant leur explique que non, ils nont aucun moyen de s'en sortir leur unique raison d'être est d'être découpés en tranches au profits d'inconnus qui les considèrent comme des sous-êtres humains,mais que c'était encore pire avant, et probablement après, qu'ils doivent s'estimer chanceux d'avoir eu une éducation top niveau parce qu'ils sont arrivés au moment où on espérait faire considérer les clones comme des humains à part entière, que l'expérience a fait long feu car la société n'était pas prête, c'est donc un fail monumental, maintenant j'ai autre chose à faire, les enfants, il est temps de retourner remplir la mission qui vous a été assignée et retourner sagement donner vos précieux organes à des gens qui se foutent totalement de savoir qui vous êtes, et que moralement, ça arrange de vous considérer comme du bétail. ah, vous pensiez que venir plaider votre cause en parlant d'amûûûur vous sauverait? Ben non , ça aussi on vous l'a plus ou moins laissé croire, parce que ça vous donnait de l'espoir et que grâce à ça vous avez évité la dépression.

En gros, soyez content d'avoir été choyés comme des boeufs de Kobe au lieu d'avoir été élevés en laboratoire, vous devriez même en être reconnaissants, même si au final, ça ne change rien, vous restez du bétail. du bétail qui a conscience de son statut et de sa destinée, car grâce à nous, qui vous avons bernés en vous laissant croire que vous auriez le choix, votre enfance a été heureuse. Et la preuve que c'est une réussite, que j'avais raison, que vous êtes aussi intelligents que des humains normaux c'est que vous êtes arrivés jusque dans mon bureau pour philosopher sur le sens de vos misérables existences, et l'injustice de votre destin, pauvres vous! Allez, tchaô, je suis en plein déménagement, et j'ai pas trop le temps.

Oui, c'est en substance ce que leur dit leur ancienne directrice.

Là, j'ai presque espéré un gros pétage de plomb, un meurtre sur la vieille peau clouée incapable de marcher et de se défendre, une révolte, une fuite pour vivre dans les bois en mangeant des racines et, quitte à vivre comme des fuyards, au moins mourir libres.
Un truc comme ça.
Même dans les films THX 1138 et L'âge de Cristal, le héros le faisait.

Et non: au revoir Madame, nos amitiés à Miss Emily. Une grosse colère au milieu d'un champ plus tard, nos 2 moutons acceptent leur destins et au lieu de tenter le tout pour le tout, la fuite et peut-être la mort s'ils sont rattrapés, n'envisagent pas un instant d'aller à l'encontre de ce pour quoi on les a programmés et qui est leur seule utilité.
Choisir une mort certaine au lieu d'une mort probable.. finalement miss Emily avait tort, ils sont de bons moutons, bien crétins. Dommage, Tommy, dans le fond je t'aimais bien, il y avait de l'espoir pour toi tu aurais pu t'en sortir quitte à vivre en marginal, sans tes boulets de copines.
 
FIN de l'ALERTE SPOILER.

De bonnes idées, mais noyées sous un flot d'événements anodins, de personnages secondaires parfois à peine mentionnés, de personnages principaux qui manquent de caractère, et d'une intrigue qui manque de percutant pour moi. Et un final navrant de bêtise pour couronner le tout. Je voulais faire preuve de mansuétude, mais cette conclusion est vraiment trop portenawak pour moi.
Je passe sur le fait qu'il soit à côté de la plaque sur l'évolution de la médecine, car si on y réfléchit deux minutes, la solution qu'il propose contre les maladies est socialement scandaleuse, et économiquement coûteuse. Alors que la solution " cellules souches" bien plus simple coûte déjà un bras. Un état aurait du être plein aux as ou suicidaire pour la proposer. Et totalitaire aussi. Mais ça, ça n'est jamais évoqué, des trucs énormes sont postulé sans qu'on évoque l'évolution progressive qui y a amené ( 1984) ou la révolte qui couve ( Le meilleur des mondes; Fahrenheit 451)

La SF promise est secondaire par rapport aux passages sentimentaux, un peu comme ce que j'avais ressenti avec La ballade de Lila K: un roman sentimental déguisé en roman de Sf.
En beaucoup moins kitsch et tarte au niveau de l'expression que Lila K quand même, qui m'avait fait plusieurs fois lever les yeux au plafond,  je le répète, ça se laisse lire, mais ça ne me laissera pas un souvenir impérissable. On est loin du " appelé à devenir le classique de nos vies fragiles" tel que le clame pompeusement le quatrième de couverture. Ouaip, c'est ce qui est imprimé derrière, en toute modestie.

Et en fait, comme Lila K, j'ai  l'impression que c'est de la SF pour les non-amateurs de SF. Quand on en a lu beaucoup, évidemment, les attentes sont déçues. Mais considéré comme un roman "d'éducation" sur une jeunesse aux perspectives d'avenir bouchées, il n'est pas si mauvais. Simplement, pourquoi en passer par ce cadre SF mal mené, quand n'importe quelle autre institution pour enfants en difficulté et sans avenir aurait fait l'affaire. Ca aurait pu être un orphelinat, un hôpital pour enfants malades, un hôpital psychiatrique, un camp de réfugiés, que ça marchait tout pareil sur 85% de ce qui est raconté.
Et si le but c'était d'écrire une allégorie sociale sur le plafond de verre des classes défavorisées ( c'est peut être ça en fait?) , ben ç'aurait été un peu plus parlant de le faire directement. Une allégorie doit être clairement compréhensible pour fonctionner. Vous voyez, j'essaye même de lui trouver une finalité pour le trouver moins raté.

Ha oui, un mot du titre qui, lui, est affreusement sentimentalo kitsch. Le titre original n'est pas " always by my side" comme on pourrait s'y attendre, mais Never Let me go, et le fait de le traduire est d'autant moins compréhensible qu'il s'agit du titre d'une chanson ( fictive) d'une chanteuse de Jazz (fictive) nommée Judy Bridgewater ( clin d'oeil à Dee-Dee?).. qui est cité tel-quel dans le texte.

Dans la catégorie " scénario prometteur qui part en sucette", je crois que j'ai trouvé ma sucette d'argent! (non, parce que la sucette d'or est indétrônable.. et c'était aussi un auteur anglais très en vue d'ailleurs). Je suis allée au bout très vite, mais surtout pour le finir le plus vite possible et passer à autre chose, tout en vérifiant s'il n'y aurait pas une amélioration, une révélation énorme sur la fin. Mais non.

Qu'on soit bien d'accord, je ne fais pas la rageuse gratuitement pour le plaisir d'aller à contre courant, j'ai attendu des années après sa parution pour le lire et pas quand tout le monde disait " lis ça, c'est génial", et la déception est à la hauteur du potentiel du scénario. c'est ça que j'appelle un scénario sucette. Quelque chose qui pouvait être bien mais a été mal exploité, mal amené, ou comporte trop d'invraisemblances ou de passages redondants, et donne un résultat frustrant.  Car lorsqu'on s'attend à quelque chose de nul et qu'on tombe effectivement sur quelque chose de nul, bah, ce n'est pas un scénario sucette. Juste un mauvais livre. C'est pour ça qu'ils sont finalement peu dans cette catégorie, 2 seulement depuis 2010. Ca reste très modeste. il y a d'autres livres que je n'ai pas aimés, je l'ai dit, mais souvent je n'en attendait rien de spécial.

La personne qui me l'avait donné n'a pas du trop l'aimer non plus, je le relâcherai donc sans regret au stand "livres en libre service" du cinéma où je vais, tant mieux s'il trouve un public.. je ne le suis clairement pas.

dimanche 5 juin 2016

Le capuchon du moine - Ellis Peters

Première lecture de ce mois anglais ( oui, bon, le livre a en fait été lu en mai , histoire de prendre de l'avance, avec le programme de goinfre que j'ai prévu)
Et c'est aussi mon petit rituel personnel, un tome de Ellis Peters en plus d'un Agatha Christie.
Cette fois c'est donc le 3° tome ( dans l'ordre d'écriture) de la série Cadfael, toujours.
J'avais déjà dit précédemment que les premiers tomes sont meilleurs que les derniers ( c'était déjà la même chose pour Agatha Christie d'ailleurs, le phénomène d'essoufflement est le même pour les deux auteurs sur la longueur, enfin, ce n'est que mon avis)

Mais surtout ici, les premiers tomes portent un intérêt tout particulier à brosser rapidement quelques portraits assez savoureux, et c'est surtout ce côté un peu humoristique qui disparait par la suite. Ce qui est dommage, car c'est tout l'intérêt de cette série, dont les intrigues policières sont somme toute assez classiques.

Et donc tome 3, on prend directement la suite des événement du tome 2: La petite ville de Shrewsbury a été assiégée l'été précédent par le Roi etienne, toujours en guerre avec sa cousine l'impératrice Mathilde pour le trône d'Angleterre.
Et dans cette guerre, Shrewsbury, ville frontalière entre  l'Angleterre et le Pays de Galles, plus ou moins neutre, avait un peu trop hésité à prendre le parti du Roi Etienne qui s'en souvient. en particulier, c'est l'abbé de Shrewsbury qui a perdu beaucoup de crédit, et se trouve maintenant en danger de perdre sa place. Le roi n'est pas méchant, mais assez rancunier, et voilà donc l'abbé parti pour un concile qui doit statuer sur son sort: le maintenir dans ses fonctions ou le rétrograder comme simple moine et nommer quelqu'un de plus dévoué à la case royale à sa place. L'abbé vieillissant ne serait d'ailleurs pas franchement opposé à se voir retirer une charge un peu trop lourde pour lui, et part donc toutes affaires cessantes, laissant l'abbaye dans le mains de l'orgueilleux prieur Robbert qui se voit déjà promu abbé. Les affaires courantes attendront bien son retour car l'abbé ne veut pas empiéter sur ce qui sera le ressort de son probable successeur.
En attendant, il faut cependant quand même trouver une solution pour le riche bourgeois qui vient d'emménager dans une maison propriété de l'abbaye, échangeant son manoir contre le logement, a nourriture et une vie d'oisiveté.
Car les moines ne sont pas uniquement préoccupés de spirituels, certains d'entre eux ont même les deux pieds dans le temporel, et lorsqu'il s'agit d'agrandir les propriétés de l'abbaye, ils sont prompts à flairer la bonne affaire: un manoir entier avec es terres et dépendances, contre le logement et la nourriture d'un sexagénaire, de sa femme et de deux domestiques. Avec l'espérance de vie de l'époque, c'est plus qu'une bonne affaire.
Et d'ailleurs c'est exactement ce qui se passe: Messire Bonel ,le bourgeois, meurt brutalement. Mais manque de chance, avant que la cession officielle du manoir n'ait été signée. L'abbaye peut faire une croix sur la demeure, au grand dam du prieur qui, à peine installé dans les appartements privés de l'abbé, se serait bien passé de cette épineuse situation. Et d'autant que l'herboriste Cadfael appelé en urgence auprès du mourant pour tenter de le sauver constate que non seulement sa mort n'est pas naturelle ( Messire Bonel a été empoisonné ), mais que l'abbaye y est involontairement: le poison est un onguent à base de capuchon du moine, autrement dit d'aconit, qui a été préparé par Cadfael et utilisé à des fins criminelles.
Trouver l'assassin est donc autant une nécessité judiciaire qu'une question d'éthique personnelle puisque c'est un de ses produits qui a été détourné de son usage.

Un bon tome donc, bien que le fait d'avoir vu cette histoire adaptée assez fidèlement dans la version série TV m'ait un peu gâché le suspense ( bah oui, en connaissant déjà le coupable dès le début, c'est moyen pour une intrigue policière)
Mais comme je disais plus haut, l'intérêt réside dans les portraits haut en couleurs, non seulement du héros qui, ayant roulé sa bosse jusqu'en orient avant d'opter pour la religion, a une vision à la fois humaine et désabusée sur ses contemporains: le prieur donc est orgueilleux et adepte du décorum, le cuisinier est une grande gueule qui fait exprès de préparer des sauce ultra riches en espérant rendre le prieur - qu'il déteste justement pour sa prétention - malade comme un chien. Le frère Jérôme est un furet, toujours en quête d'un ragot à colporter, le frère Mark, encore jeune, saute sur toutes les occasions de se délurer un peu, d'ailleurs, la traduction tente de rendre les jeux de mots que Mark fait sur son propre nom: puisqu'il veut laisser sa marque dans l'histoire en devenant au minimum Pape. Ou saint il n'est pas encore décidé.

Bref, c'est cette galerie de portraits qui fait le sel de l'ensemble. En fait, au cours de ma lecture, j'ai énormément pensé aux personnages caricaturaux et foisonnants d'un tableau de Brueghel. Et ça c'est une bonne chose!

Une chose de plus, une mini critique sur la traduction: l'ensemble des tomes ont été traduits par le même traducteur. Qui a parfois du mal avec les noms propres. En particulier pour le roi ( Stephen en VO ) qui est parfois appelé Etienne - dans sa traduction française. rien de choquant à ça, on est peu après Guillaume le conquérant, le français est en vogue en Angleterre, en tout cas dans la haute société, donc rien d'étonnant à parler du Roi Etienne. Mais, et c'est là le problème, son nom change, pas seulement d'un tome à l'autre, mais là, en 2 pages ( Stephen page 15 et Etienne page 17). Un peu de constance aurait été appréciable. De même l'abbé qui selon les tomes est nommé Radulphe ou Radulphus, selon l'inspiration du moment. Oui, je le disais, c'est minime, mais c'est une constatation.

samedi 4 juin 2016

War Poets, Poètes anglais de la Première Guerre Mondiale

Dans la foulée de mes quelques jours de vacances vers Arras, j'ai donc visité la carrière Wellington, liée à l'histoire britannique  et plus largement, à celle du Commonwealth, puisqu'elle a été aménagée par des tunneliers néo-zélandais  en grande majorité, pour préparer une offensive surprise, connue depuis comme "la bataille d'Arras" pour déboucher juste en face des lignes de front en Artois et prendre de court l'armée allemande.

L'idée était de faire diversion sur cette ligne de front pendant que l'armée Française attaquerait plus au sud au niveau du chemin des dames. Dire que le résultat n'a pas été à la hauteur des espérance des commandements français et britanniques est un doux euphémisme, les deux offensives ayant pour but avoué de terminer la guerre en 48 heures ( on est en avril 1917...  150 000 morts côté commonwealth, 100 000 côté allemand pour la seule bataille d'Arras, un quart de million de victimes pour.. rien ou presque!)
Machine gun corps à la bataille d'Arras.

Donc oui, je prends un an d''avance sur le calendrier des commémorations pour en parler ( on a parlé récemment des 100 ans de la bataille de Verdun et entre juillet et novembre prochain ce sera la commémoration de la bataille de la Somme, mais voilà, le mois anglais c'est en ce moment et l'an prochain, ça serait moins frais dans ma tête). Et je tenais absolument à intégrer ce sujet dans le mois anglais.

Donc, la carrière Wellington se visite, c'est passionnant; tragique, mais passionnant. La visite est illustrée entre autres de lettres et poèmes de soldats du commonwealth,des enregistrement de lectures à voix hautes et traduits en Français.
A la sortie, j'ai demandé au guide s'il existait un recueil de ces textes, même ( et surtout) en VO, un peu comme les Paroles de Poilus qui ont été publiées en France. Le monsieur ne le savait pas, en tout cas, évidemment, la plupart n'ont pas été édités de ce côté de la Manche.
J'ai donc relevé quelques noms d'auteurs anglais - et brittaniques en général -  mentionnés au cours de la visite, et merci le net, j'ai donc pu trouver pas mal de textes très intéressants.

Evidemment, les noms sont moins connus des francophones que ceux de Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Roland Dorgelès, Henri Barbusse, Maurice Genevoix ou Pierre Loti ( mentionnons aussi Stefan Zweig; Erich Maria Remarque ou Ernst Jünger pour le côté germanophone. Il faudra que je fasse un sujet pour la guerre vue " de l'autre côté" tiens. Juste histoire de constater que, en effet, à l'est, à l'ouest ou ailleurs, rien de nouveau)

Mais étonnamment, si les français se sont surtout exprimés en prose, c'est plutôt en poésie que les britanniques ont évoqués le quotidien des tranchées. Au point d'être rassemblés sous le nom générique de " war poets".
On trouve dans leurs écrits d'abord des textes patriotiques , lyriques, exaltant la nation.. qui ont vite évolué vers des choses plus sombres et quotidiennes face à la réalité de la guerre de tranchées et des obus.

Rupert Brooke ( + Skyros 1915). L'auteur idéaliste, déjà célèbre avant guerre pour plusieurs raisons: études brillantes, poésie lyrique dans le goût de son époque et aussi physique avantageux.

En effet, il aurait été vraiment pas mal avec un sourire en plus...
The soldier

If I should die, think only this of me:
That there’s some corner of a foreign field
That is for ever England.  There shall be
In that rich earth a richer dust concealed;
A dust whom England bore, shaped, made aware,
Gave, once, her flowers to love, her ways to roam,
A body of England’s, breathing English air,
Washed by the rivers, blest by suns of home.

And think, this heart, all evil shed away,
A pulse in the eternal mind, no less
Gives somewhere back the thoughts by England given;
Her sights and sounds; dreams happy as her day;
And laughter, learnt of friends; and gentleness,
 In hearts at peace, under an English heaven.

Mais le patriotisme lyrique va vite laisser la place à un réalisme bien plus direct, chez d'autres auteurs.

Robert Graves, plus chanceux n'a pas succombé directement à la guerre ou à ses séquelles ( +1985), et a pu se consacrer à sa passion pour la mythologie, mais évoquait en 1916 les rêves des soldats dans leurs tranchées: retourner au pays et cultiver un petit jardin, partir pour le Canada ou aller visiter les îles exotiques

Over the Brazier

What life to lead and where to go
After the War, after the War?
We’d often talked this way before.
But I still see the brazier glow
That April night, still feel the smoke
And stifling pungency of burning coke.


I’d thought: ‘A cottage in the hills,
North Wales, a cottage full of books,
Pictures and brass and cosy nooks
And comfortable broad window-sills,
Flowers in the garden, walls all white.
I’d live there peacefully and dream and write.’


But Willie said: ‘No, Home’s no good:
Old England’s quite a hopeless place,
I’ve lost all feeling for my race:
But France has given my heart and blood
Enough to last me all my life,
I’m off to Canada with my wee wife.


‘Come with us, Mac, old thing,’ but Mac
Drawled: ‘No, a Coral Isle for me,
A warm green jewel in the South Sea.
There’s merit in a lumber shack,
And labour is a grand thing…but—
Give me my hot beach and my cocoanut.’


So then we built and stocked for Willie
His log-hut, and for Mac a calm
Rock-a-bye cradle on a palm—
Idyllic dwellings—but this silly
Mad War has now wrecked both, and what
Better hopes has my little cottage got?


Mais ça n'est pas encore percutant, peut-on faire plus direct, moins fleuri, et plus désabusé, en restant dans la poésie?

Oui.

L'écossais Charles H. Sorley (+Loos 1915) ne se faisait aucune illusion. Il n'y a ni vainqueur, ni vaincu, ni ami ni ennemi, juste des morts.

Such, such is Death: no triumph: no defeat:
Only an empty pail, a slate rubbed clean,
A merciful putting away of what has been.

And this we know: Death is not Life, effete,
Life crushed, the broken pail. We who have seen
So marvellous things know well the end not yet.

Victor and vanquished are a-one in death:
Coward and brave: friend, foe. Ghosts do not say,
"Come, what was your record when you drew breath?"
But a big blot has hid each yesterday
So poor, so manifestly incomplete.
And your bright Promise, withered long and sped,
Is touched, stirs, rises, opens and grows sweet
And blossoms and is you, when you are dead.


Et pour les survivants, les cauchemars peuplés de fantômes défigurés.

When you see millions of the mouthless dead
Across your dreams in pale battalions go,
Say not soft things as other men have said,
That you'll remember. For you need not so.
Give them not praise. For, deaf, how should they know
It is not curses heaped on each gashed head?
Nor tears. Their blind eyes see not your tears flow.
Nor honour. It is easy to be dead.
Say only this, "They are dead." Then add thereto,
"Yet many a better one has died before."
Then, scanning all the o'ercrowded mass, should you
Perceive one face that you loved heretofore,
It is a spook. None wears the face you knew.
Great death has made all his for evermore
.

D'autres textes de Sorley ici

Siegfried Sassoon (+1967, lui aussi a eu la chance de survivre contrairement à son frère et plusieurs de ses amis écrivains commes lui). Lui a exorcisé l'horreur via le réalisme et l'humour noir

How To die?

Dark clouds are smouldering into red
While down the craters morning burns.
The dying soldier shifts his head
To watch the glory that returns;
He lifts his fingers toward the skies
Where holy brightness breaks in flame;
Radiance reflected in his eyes,
And on his lips a whispered name.


You’d think, to hear some people talk,
That lads go West with sobs and curses,
And sullen faces white as chalk,
Hankering for wreaths and tombs and hearses.
But they’ve been taught the way to do it
Like Christian soldiers; not with haste
And shuddering groans; but passing through it
With due regard for decent taste.


Counter-attack n'épargne pas les détails macabres et l'absurdité de la guerre:

We’d gained our first objective hours before
While dawn broke like a face with blinking eyes,
Pallid, unshaven and thirsty, blind with smoke.
Things seemed all right at first. We held their line,
With bombers posted, Lewis guns well placed,
And clink of shovels deepening the shallow trench.
 The place was rotten with dead; green clumsy legs
High-booted, sprawled and grovelled along the saps
And trunks, face downward, in the sucking mud,
Wallowed like trodden sand-bags loosely filled;
And naked sodden buttocks, mats of hair,
Bulged, clotted heads slept in the plastering slime.
And then the rain began,—the jolly old rain!
A yawning soldier knelt against the bank,
Staring across the morning blear with fog;
He wondered when the Allemands would get busy;
And then, of course, they started with five-nines
 Traversing, sure as fate, and never a dud.
 Mute in the clamour of shells he watched them burst
Spouting dark earth and wire with gusts from hell,
While posturing giants dissolved in drifts of smoke.
He crouched and flinched, dizzy with galloping fear,
Sick for escape,—loathing the strangled horror
And butchered, frantic gestures of the dead.
An officer came blundering down the trench:
“Stand-to and man the fire step!” On he went ...
Gasping and bawling, “Fire-step ... counter-attack!”
Then the haze lifted. Bombing on the right
Down the old sap: machine-guns on the left;
And stumbling figures looming out in front.
 “O Christ, they’re coming at us!” Bullets spat,
And he remembered his rifle ... rapid fire ...
And started blazing wildly ... then a bang
Crumpled and spun him sideways, knocked him out
To grunt and wriggle: none heeded him; he choked
And fought the flapping veils of smothering gloom,
Lost in a blurred confusion of yells and groans ...
Down, and down, and down, he sank and drowned,
Bleeding to death. The counter-attack had failed.

Wilfred Owen (+Ors 1918) est le plus renommé de tous et dans la même veine d'inspiration que Sassoon. Mort à une semaine de l'armistice, l'ironie est cruelle.
Ce n'est pas le portrait le plus connu, mais OMG! Un soldat qui sourit - ou tente de sourire vu la situation -oui je préfère garder cette image là.

Anthem for doomed Youth

What passing bells for those who die as cattle?
 Only the monstrous anger of the guns,  
Only the stuttering rifles' rapid rattle  
Can patter out their hasty orisons,
No mockeries for them from prayers and bells,  
Nor any voice of mourning save the choirs,–  
The shrill, demented choirs of wailing shells;  
And bugles calling for them from sad shires.

What candles may be held to speed them all?  
Not in the hands of boys, but in their eyes  
Shall shine the holy glimmers of good-byes,  
The pallor of girls' brows shall be their pall;  
Their flowers the tenderness of silent minds,
And each slow dusk a drawing-down of blinds.

Dulce Et Decorum Est  

Bent double, like old beggars under sacks,
Knock-kneed, coughing like hags, 
we cursed through sludge,  
Till on the haunting flares we turned our backs  
And towards our distant rest began to trudge.
Men marched asleep. Many had lost their boots  
But limped on, blood-shod. All went lame; all blind;  
Drunk with fatigue; deaf even to the hoots  
Of tired, outstripped Five-Nines that dropped behind.

Gas! Gas! Quick, boys!–An ecstasy of fumbling,  
Fitting the clumsy helmets just in time;  
But someone still was yelling out and stumbling  
And flound'ring like a man in fire or lime...  
Dim, through the misty panes and thick green light,
As under a green sea, I saw him drowning.

In all my dreams, before my helpless sight,  
He plunges at me, guttering, choking, drowning.

If in some smothering dreams you too could pace  
Behind the wagon that we flung him in,  
And watch the white eyes writhing in his face,
His hanging face, like a devil's sick of sin;  
If you could hear, at every jolt, the blood
Come gargling from the froth-corrupted lungs,  
Obscene as cancer, bitter as the cud  
Of vile, incurable sores on innocent tongues, —  
My friend, you would not tell with such high zest  
To children ardent for some desperate glory,  
The old Lie: Dulce et decorum est Pro patria mori.

(Dulce et decorum est pro patria mori est un vers d'une Ode d'Horace: il est doux et honorable de mourir pour la patrie)

En marge des îles Britanniques, je me dois quand même de mentionner le canadien John McCrae (+ Wimereux 1918) auteur du célébrissime " in Flanders field" (étrangement traduit sous le titre " au champ d'honneur", rédigé  le 3 mai 1915 à la seconde bataille d'Ypres) qui évoque les coquelicots fleurissant entre les tombes, dans les champs des Flandres,et d'où a été tiré le coquelicot comme symbole des victimes de la guerre et des anciens combattants pour le Commonwealth, le symbole français étant le bleuet



In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row,
That mark our place: and in the sky
The larks still bravely singing fly
Scarce heard amid the guns below.

We are the dead: Short days ago,
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved and were loved: and now we lie
In Flanders fields!

Take up our quarrel with the foe
To you, from failing hands, we throw
The torch: be yours to hold it high
If ye break faith with us who die,
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields



D'autres textes ici et d'autres auteurs par là  ( ce sont les principales sources que j'ai consultées).

J'aprécie la poésie quand elle a quelque chose à dire. Les poèmes d'amour, les blasons, le lyrisme me laissent froide.
Mais ceux-ci me parlent, surtout ceux de Sorley, Sassoon et Owen. Justement parce qu'ils vont au coeur du problème sans éluder la triste réalité: non il n'est pas doux et hornorable de mourir pour une cause absurde, la guerre ce n'est pas la gloire et les honneurs posthumes, c'est le sang, la peur et la mort.
L'expressivité de ces textes me parle ( comme l'expressionnisme allemand, d'ailleurs et les tableaux d'Otto Dix, par exemple, qui lui aussi retranscrivait la guerre sans l'enjoliver en peinture)

Déjà en CM2, le seul texte qui m'ait plu de toute l'année c'était "La Rose et le Réséda" d'Aragon . Face à l'expressiivté de celui-ci , tout le reste paraissait sans intérêt ( et mille merci à l'instit' de nous avoir proposé un texte aussi exigeant au lieu de continuer dans les choses gentillettes) . Comme quoi ce goût pour la poésie " à message politique" ne date pas d'hier.
J'ai étudié le fraçais à la fac, en option linguistique renforcée, je n'avais pas de mémoire à rendre, mais quand même un dossier à constituer pour un séminaire, et j'ai choisi un corpus de textes de Robert Desnos, tiens donc ( les textes n'étaient pas tous politiques, mais l'auteur est aussi mort à la guerre, la suivante).
Je pense sincèrement que si j'avais fait une maîtrise d'anglais en fac, c'est sur les War Poets que j'aurais arrêté mon choix pour un mémoire.

Peut-être aussi que ça me parle parce que ces textes donnent une réalité justement à quelque chose qui m'est totalement étranger: j'en parlais là déjà il y a deux ans: étant d'une région totalement épargnée par la Première Guerre mondiale, pour moi pendant des années, ça n'a pas eu d'autre réalité qu'une succession de dates de batailles, un nombre faramineux de victimes qui dans le fond ne sont que des noms sur une liste...
c'est tout à fait autre chose de se retrouver au milieu d'un cimetière militaire avec ses centaines de steèles toutes semblables, ou de visiter les lieux de combats. Là, on commence à avoir une idée plus précise. Et encore faute de temps je n'ai pas pu aller voir les lieux vraiment imposants ( Mémorial Canadien de Vimy ou Anneau de la mémoire de notre Dame de Lorette)

C'est aussi pourquoi j'ai tenu à intégrer les portrait de tous ces gens, justement pour pointer le fait qu'au delà des noms, hé bien, justement, c'était des gens. Avant tout. Et souvent tragiquement jeunes.