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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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samedi 29 septembre 2018

pierre et le Loup - Sergueï Prokofiev

Ho, le challenge Contes propose une journée thématique " loup y -es-tu?" L'occasion est trop belle pour en pas rééditer un ancien billet, originellement publié le 2212/2010 pour l'année russe, je fais donc d'une pierre deux coups: une des histoires de loup les plus connues, et je continue sur la thématique slave lancée depuis avant-hier, la vie est belle!
A l'époque mon blog n'avait quasiment pas d'audience, donc lui redonner un peu de visibilité et vérifier les liens, n'est pas un mal non plus.



Pour le défi Russie, je voulais parler un peu musique ici.. et Pierre et le loup s'est imposé. Pour plusieurs raison: beaucoup de gens l'ont déjà entendu, donc ça me simplifie un peu les choses, l'autre idée étant de vous parler enfin, il était temps de mon instrument favori, dont j'essaye bien difficilement de jouer depuis une dizaine d'années: le basson. ( en fait maintenant depuis presque 20 ans)

Donc Pierre et le Loup, il en existe des dizaines et des dizaines de versions, celle qui fait référence pour moi, et qui me suit depuis ma plus tendre enfance, c'est celle là:
Une des premières éditées en France, par le chant du monde, narrée par Gérard Philipe - excusez du peu- jouée par l'orchestre symphonique d'URSS (on est en 1956).
Et je ne remercierai jamais assez mes parents de me l'avoir fait écouter en boucle, c'est vraiment une oeuvre  fondamentale pour bien entendre les différences de timbres des instruments de l'orchestre symphonique.


Composé en 1936, ce court morceau symphonique propose de faire découvrir à l'auditeur les timbres de différents instruments de l'orchestre, au travers d'un conte simple où chaque personnage est représenté par un instrument: 
Le petit Pierre (violon soliste) qui vit à la campagne dans la ferme de son grand père, se promène, observe les animaux  un chat (clarinette), un oiseau (flûte), un canard (hautbois). Mais les promenades près de l'étang sont dangereuses, un loup a été vu, l'endroit est dangereux, et le grand père ronchon ( basson), le ramène de fait à la maison.
Justement, le loup sort des bois ( trio de cors) et mange le canard. Pierre ignorant la prudence, réussit, en montant dans un arbre à capturer le loup à l'aide d'une corde. Arrivent les chasseurs ( percussions), mais le loup aura la vie sauve et ira au zoo.
Le texte est dit par un récitant (la version par Jacques Brel n'est pas mal non plus), les liaisons sont faites par un petit orchestre à cordes,bref, on entend vraiment bien les différents timbres des instruments, un incontournable je vous dis ( à compléter bien sur avec l'autre oeuvre didactique "piccolo saxo et compagnie", qui propose une plus vaste gamme d'instruments, mais est un peu moins convaincant musicalement. Chez Prokofiev, vrai auteur symphonique, la qualité musicale est au rendez vous, le thème de Pierre est mignon comme tout sans être gnangnan. L'auteur de Piccolo Saxo est plus pédagogue et musicologue, et moins " compositeur" de mon point de vue.


hop:l'oeuvre!




C'est ça, un basson ( devant ma pagaille presque rangée)
J'ai déménagé deux fois depuis la photo et l'instrument me suit bien sûr partout
Le passage de basson du grand-père est probablement le morceau le plus connu au monde pour cet instrument (avec l'apprenti sorcier de Paul Dukas qui en compte 3 + 1 contrebasson - pas de panique, on en reparlera peut être une autre fois- ou le thème du Roi de la montagne dans Peer Gynt de Grieg.). En tout cas, il laisse rarement indifférent, moi j'ai adoré le timbre grave de cet instrument des le départ, mais la plupart des gens disent qu'ils l'ont trouvé effrayant
En écoute sur Musicme, l'oeuvre en entier , le fameux passage de basson est vers la 10° minute de la première piste.

Pour faire court, mais faites moi confiance pour y revenir, le basson est un instrument à vent, de la famille du hautbois, c'est en fait la basse du hautbois, comme le violoncelle et la contrebasse sont des basses de la famille du violon. Le son en est plutôt grave, mais la tessiture - l' étendue des notes entre la plus grave et la plus aigue- est assez importante pour un instrument à vent: 3 octave et une tierce pour le mien qui est d'étude, un peu plus pour les instruments professionnels, mais j'y reviendrais je vous menace promets), d'où beaucoup de possibilités bien employées par certains compositeurs russes, surtout Stravinski plus de Prokofiev.

En tout cas, c'est probablement l'oeuvre la plus abordable du très prolifique Prokofiev, si vous êtes tentés par des choses plus hardies, vous pouvez toujours risquer une oreille vers les dissonances de la suite " l'amour des trois oranges",
Ou vous dire que vous avez déjà entendu quelque part , oui, mais où? - la Romance du film "lieutenant Kijé ( allez, je vends la mèche: c'est le thème repris par Sting pour la chanson "Russians"),
ou simplement, admirer l'intensité de la danse des chevaliers du ballet Roméo et Juliette.



vendredi 28 septembre 2018

La montagne de gemmes ( série d'animation)

Et voilà, après l’histoire de Snegourotchka, j’avais envie de revenir sur une série d’animation récente, trouvable assez facilement en ligne : « гора самоцветов», c'est-à-dire « la montagne de gemmes ».
J’en avais parlé comme sourceaudiovisuelle dans l’apprentissage de la langue russe, je vais revenir ici sur le fait que c’est aussi une source culturelle pour qui aime les légendes et contes. 

Alors je suis désolée d’avance, mais ce programme, bien que facilement trouvable en ligne, n’existe pas ( encore) en sous-titré français. Tous les épisodes sont disponibles sur youtube, mais la plupart en vo, avec possibilité d’incruster des sous titres générés automatiquement en anglais ( qui sont pour une fois, assez bons dans l’ensemble). Certains épisodes ont été redoublés en anglais, d’autres sont sous-titré en chinois si vous préférez :D
C’est pour ça que je dis il n’y a pas ENCORE de français, mais ça pourrait venir – quand j’aurais avancé dans mes études de traduction ;) ?

Toujours est –il que ce programme ( qui a duré en gros de 2005à 2010) pour enfants est ambitieux et particulièrement soigné. Et a le mérite de présenter des contes non seulement russes, et pas forcément les plus connus ( même s’il y a obligatoirement le « kolobok », une histoire connue en France sous le titre «  Roule, galette », dédicace à ceux qui ont grandi avec les histoires du Père Castor, ou 3 aventures d’Ivan Dourak, dont je parlais au printemps).

Kolobok


Mais aussi des contes venus des endroits très reculés de ce pays immense , avec ce que ça suppose de traditions locales entre les peuples nenets ou iakoutes de Sibérie, les contes bouriates ou tatars à la frontière de la Mongolie, les traditions cosaques du côté de la mer noire, celles venues du Caucase ou d’Arménie qui ont un côté très «  mille et une nuits » ( on est proches de la route de la soie, donc les récits ont voyagé avec les marchands)…

Le rossignol, conte tatar.




Donc dans le même programme, on va pouvoir passer d’Ivan le sot à une histoire d’ours qui sonne presque inuit, à celle d’un rossignol dans un palais digne d’un conte arabe, à la malédiction de la fille « aux pattes d’oiseau » de la frontière chinoise, pour revenir à une légende de Novgorod ou du golfe de Finlande.
 Autant dire que j’adore !

"Patte d'oiseau", conte bashkir



Chaque épisode ( une quinzaine de minutes) avec en prime des techniques d’animation variées ( dessin animé classique, collages, frottages, aquarelle, marionnettes, maquettes…) commence par 2 minutes en pâte à modeler pour présenter la région d’origine du conte, les particularités de la ville principale, ce qu’on y mange, ce qu’on y fabrique ( les émaux de Novgorod, la métallurgie à tel endroit, les boîtes en papier vernis à une autre…) , la langue locale, les gens connus du coin, les dates importantes.
Ces petits programmes ont d'ailleurs été détachés de l'ensemble et sont aussi proposés séparément sur la page youtube de la série,mais cette fois, sans sous-titre, bon courage :)

Bref, une vraie « montagne de pierres précieuses » comme le nom l’indique !
allez, un autre que j'ai bien aimé: La petite fille maline

Je vous l’ai dit que je ne vous ficherai pas la paix avec tout ça.

jeudi 27 septembre 2018

Snegourotchka ( film d'animation 1952)

Septembre mois, des contes et légendes. Sauf que quand il avait été proposé septembre, à l’époque, je n’étais pas encore sure de changer de vie, ce qui s’est passé ce mois-ci, et j’ai été prise de court.

Donc, je participe, tardivement, avec un dessin animé soviétique. Et à suivre, un autre sujet – que j’ai déjà présenté sur mon blog «  langues » - sur une série télévisée d’animation, bien plus récente, mais tout aussi russophone, qui présente des conte venus de toutes les ex-républiques soviétiques, et autant dire que ça fait un paquet de traditions originales à explorer.

Mon goût pour le monde slave et sa culture n’étant plus à démontrer, après avoir parlé du dieu du soleil Yarilo au printemps dernier, et présenté le film d’animation «  les douze mois », je reste dans la même veine d’inspiration avec ce moyen métrage (1h05) qui raconte la légende ( enfin, une des légendes) de Snegourotchka.

J’avais déjà évoqué ce personnage du folklore russe, jeune femme, dont le nom signifie «  Petit Flocon », qui accompagne Ded Moroz. Dans la version actuelle Ded Moroz ( Grand-père gel ) est l’équivalent slave de Saint Nicolas ou du père Noël, qui apporte des cadeaux au enfants cages en hiver.
Ahem, tandis que les messieurs adultes attendraient plutôt le passage de la jolie Snegourochka ?En tout cas, elle est parfois présentée comme la fille ou petite fille de Ded Moroz ou comme son assistante.

Mais évidemment, de tels personnages ont une origine folklorique bien plus ancienne, et le dessin animé va plutôt se baser sur ce fond traditionnel, animiste et païen.
Ici Snegourotchka est la fille de Ded Moroz, qui n’est autre que l’esprit de l’hiver et de Vesna, incarnation du printemps. Elle a 16 ans et s’ennuie ferme, recluse dans une forteresse.



Ce n’est pas que ses parents soient cruels, mais elle ne doit pas sortir se mêler aux humains, car son âme est gelée, et si elle venait à ressentir des émotions positives comme l’amitié, la reconnaissance, l’amour, l’affection, le charme qui la protège serait brisé, et le premier lever de soleil du matin suivant cette découverte lui serait fatal. Elle fondrait, littéralement, comme neige au soleil.
Son seul plaisir est de regarder passer au loin, Lel, le joyeux berger, qui joue de la flûte et charme par ses chants toutes les filles du village voisin.
détail marrant et geek, Ded Moroz a le symbole de la triforce sur ses gants :D


Evidemment, elle supplie ses parents de la laisser se mêler aux humains, au moins pour rompre sa solitude. Ce qu’ils acceptent, elle sera donc remise aux bons soins d’un couple de paysans sans enfants qui s’occupera de l’acclimater au monde humain. Non sans que lui sois rappelée la nécessité de ne pas prendre pour argent comptant les paroles des chansons car il s’y cache « de dangereux soleils et de la traîtrise »


Snegourotchka est jolie ( après tout c’est une créature fantastique) et ne laisse pas indifférents les hommes du coin, pour qui elle est incapable de ressentir quoi que ce soit. Il n’empêche : par sa faute involontaire, les fiancés rompent avec leurs petites amies, espérant gagner ses faveurs.
Situation qui déplait fortement à Yarilo, dieu du soleil, qui fait se succéder des automnes pluvieux, à des étés pâlots et des printemps frisquets, car c’est une hérésie que de ne rien ressentir !
Le bon tsar du coin, averti de la situation, propose donc une solution : quiconque réussira à dégeler l’âme de Snegourotchka, le jour de la fête de Yarilo avant le lever du soleil, remportera sa main sur le champ, et tout rentrera dans l’ordre.
le tsar aime les arts et peint lui-même son palais

Sauf que, vous vous souvenez de la malédiction qui pèse sur elle ?

Le film est court, très musical, en fait, une mise en image d'un opéra de Nikolaï Rimski-Korsakov, dont il reprend la musique et les choeurs, d'où un côté très "culture classique"

Et, on n’est pas chez Disney ! Déjà, le contexte est très polythéiste : dieu du soleil, déesse du printemps, dieu de l’hiver… et ça, j’adore.
Pas non plus de bons sentiments : Mizgir rompt sans remords et sans ménagement avec sa fiancée lui disant cash «  oui, tu me plaisais, mais maintenant, c’est Snegourotchka que je préfère ». Lel lui extorque un cadeau à grand renforts de serments, pour la laisser en plan, dès que d’autres personnes lui font signe. Il y a deux morts : non seulement la malédiction se réalise, mais il y a un suicide. Le tout suivi de « réjouissons nous car Yarilo est content, la fille gelée a disparu, l’été va revenir ».Euh, c’est raide quand même, on parle de celui qui vient de se suicider dans la foulée ou on attaque de suite la réserve d’eau-de-vie en chantant «  gloire au dieu du soleil » ?
Réponse : on fait la fête, amenez les bouteilles !

En fait, c’est un peu le problème : la légende est super connue, l’œuvre de Rimski-Korsakov en est déjà une adaptation, et le dessin animé ne dure qu’une heure, ce qui malheureusement donne ce genre de raccourcis très brutaux, là où l’action devrait prendre un peu plus son temps. Mais on part du principe que le spectateur averti comblera de lui-même les lacunes et c’est dommage.
5il me semble que dans une des variantes du conte, c’est Yarilo lui-même qui vient chercher Snegourtchka pour l’emmener avec lui, ce qui explique plus facilement les réjouissances : être la promise de l’équivalent d’Apollon, c’est plutôt positif, elle ne « meurt » pas, mais retourne dans son domaine d’origine, le monde divin)
Ceci dit, c’est visuellement un plaisir, comme toujours avec les dessins animés de soyouz-multfilm (à qui on doit la splendide Reine des Neiges de Lev Atamanov) décors somptueux, soin apporté aux tenues colorées des paysans ou du palais entièrement peint de motifs traditionnels et légendaires, du tsar, effets splendides sur tout ce qui est eau, reflets et brouillard…j’avais dit peu près la même chose pour les 12 mois : c’est trop court, et ça parait d’autant plus court que, le temps d’admirer les décors, l’action a avancé au pas de course.

voilà pour le genre de décors.Pensez que tout est fait à la main, image par image c'est du dessin animé traditionnel


Allez, prochain dessin animé «  les cygnes sauvages » d’après Andersen ( que je garde pour l’hiver nordique)
J’ai trouvé, trop récemment pour m’y pencher cette saison, le tome 2 des contes populaires russes compilés par Afanassiev, quia fait le même travail pour les contes russes que les frères Grimm pour les contes germaniques. Donc, il ne me reste qu’à trouver le tome1, et j’aurais de quoi faire pour le prochain mois des contes et légendes.

Vous n’avez pas fini de lire des sujets russes chez moi, peut-être même que je vais déclencher des vocations chez mes lecteurs qui voudront à leur tour apprendre la langue ? ;)