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mercredi 21 juin 2023

Hello, E.L.O (Electric Light Orchestra)

Instant découverte so british pour la Fête de la musique!
Vous avez compris que pour préparer mes sujets musicaux en amont, j'ai joué au jeu de l'oie tout le printemps. Mais qu'est-ce que c'est cool de faire ça! De plus, écouter des choses, et des choses variées fait aussi partie de l'apprentissage musical, la bonne excuse ;)
Donc en gros Jazz->Blues-> James Brown-> Queen-> Michael Jackson->Prince->?

Et là, dans mes pérégrinations à la découverte du gars de Minneapolis, je suis tombée sur cette vidéo d'intronisation posthume de George Harrison en 2004 au Rock N Roll Hall Of Fame*. Où tout le monde débat du solo final: est-ce vraiment un bon guitariste, est-ce qu'il en fait trop, le solo est-il approprié? ( voir un peu plus bas le lien)

Pour compléter vite fait le sujet du 7 juin, la réponse de mon point de vue est:
- Oui, c'est un bon guitariste et même excellemment bon. Certains, y compris au Rock N Roll Hall of fame, ont découvert ce fait à cette occasion: " heu, il savait jouer de la guitare, lui?" (Ben, depuis ses 12 ans environ, mais comme il n'était pas QUE guitariste, cette compétence est passée un peu à la trappe dans un monde où il faut avoir une spécialité plutôt qu'être multi-facettes. Ceci dit, il jouait du piano depuis l'âge de 6 ans, et ça, c'est encore plus passé à la trappe).
-Re-oui, il en fait des caisses parce que c'est son style, rien d'étonnant. Dans ce cas, si tu veux de la sobriété, ben... tu convies quelqu'un d'autre. Et comme il venait aussi d'être nommé au Hall of Fame le même jour, Petty l'a invité à peu près dans le style "tiens, puisque tu es là, on fait un concert pour George Harrison demain, tu te joins à nous?", ça s'est fait un peu pied levé, il n'était initialement pas prévu au départ... et réussit un tour de force sans avoir répété avec les autres.
- Et re-re-oui le solo est approprié parce qu'on ne fait pas venir d'excellents musiciens sur scène, en espérant qu'ils jouent pareil que tout le monde, ou du moins pareil que sur un disque enregistré par quelqu'un d'autre des décennies plus tôt.
Donc pour moi c'est réjouissant, l'ensemble tient la route, ils ont tous l'air de s'éclater et c'est ce qui compte, le morceau reçoit une relecture que je trouve très sympa. Se contenter de suivre une partoche et de jouer exactement comme les Beatles aurait été scolaire et ennuyeux pour les musiciens comme pour le public, sauf pour les puristes. Alors, certes, cette guitare ne pleure pas délicatement mais se lamente à grands sanglots. Et ce n'est pas un problème.


Mais j'attire votre attention sur autre chose, qui pour moi saute aux yeux. C'est un concert plus ou moins improvisé, où 6 guitaristes jouent ensemble "While My Guitar Gently weeps", chacun apporte sa contribution, tous avec leur style bien personnel. Tout en gardant le contact visuel les uns avec les autres pour ne pas jouer trop fort ou pas assez, ou risquer de couvrir les voix et les autres instruments: ce sont, tout simplement, des musiciens pros du meilleur niveau possible.

Donc qui voit-on à part Prince et son très joli chapeau rouge?

- Dhani Harrison (le plus jeune), qui ressemble énormément à son père George.
- Tom Petty (le blond, pour ceux qui ne connaissent pas, il faut réparer ce manque rapidement!) est un chanteur américain dont j'aime beaucoup la voix.
- Mark Mann (le gars à casquette qui joue le premier solo) est un musicien que je ne connais pas, Wikipédia me dit qu'il a joué avec un groupe nommé E.L.O.
- Steve Winwood (guitariste et clavieriste anglais) a bossé avec Clapton, Traffic (groupe intronisé au HOF le même jour aussi), Blind Faith. Ce n'est pas rien.
- Et le deuxième chanteur: Jeff Lynne (anglais, l'homme au bob) chanteur et guitariste de E.L.O.

Tiens, 2 viennent du même groupe que je ne connais pas? En plus j'aime bien la voix de Lynne. Quelqu'un en commentaire dit qu' "il a une voix aussi relaxante qu'une tasse de thé chaud", je n'aurais pas employé cette métaphore en tant que française, mais j'aime bien cette comparaison. Et en plus le duo vocal avec Petty est vraiment bon, leurs timbres s'associent bien, c'est vraiment un plaisir à écouter.

Et en fouillant le net, je découvre qu'il a produit, justement, Tom Petty (pour Free Fallin', son titre le plus connu), George Harrison, Paul McCartney, Ringo Starr, (tous 3 pour leurs albums solo) Joe Cocker ( Night Calls, rien que ça). Donc une pointure dans le domaine de la musique et c'est vraiment étonnant que je ne sois pas tombée sur lui plus tôt.

-> étape suivante: E.L.O.

Ceci, Messieurs dames, est un groupe de rock. Anglais. Des années 1970. Avec trio de cordes. Et guitare à 12 cordes.💓!

Donc, c'est sur Bob Jeff, qu'il faut se concentrer.
ALERTE: Jeff vient à son tour d'être couronné au Songwriters Hall of Fame le 15 juin dernier pour ses activités d'auteur/ compositeur/ parolier.

Electric Light Orchestra, E.L.O, donc, est un groupe anglais dont j'avais vu le nom, sans avoir encore eu l'occasion de les écouter, dans la mouvance rock progressif, rock symphonique, pop rock.
Et vous savez que j'aime le prog', même si j'ai une nette tendance à revenir régulièrement à Yes, King Crimson, Deep Purple, Jethro Tull, Emerson Lake and Palmer**
J'en avais parlé ici il y a  tout pile 10 ans (1, 2,3, 4), c'est donc l'occasion ou jamais d'y revenir.
Cependant, ELO reste peu connu de notre côté du Channel, et ici, l'auteur cherche des explications, en pointant par exemple qu'on aime assez peu le prog' en France. Or justement, ELO n'est pas du pur progressif. Inclassable (ça non plus, on n'aime pas en France, faut que tout rentre bien dans une case précise). En soi, tout comme Pink Floyd, il y a de forts éléments de rock prog au début, mais pas que.

Et j'ai beaucoup apprécié cette découverte. Le tout premier morceau  a un petit coté Beatles, qui m'a tout de suite accrochée. Lynne est un fan des Beatles et ne cache pas cette filiation. Et le second est déjà assez zarb avec une influence médiévale de style cromorne, j'adore.
En regardant la liste des membres du premier album, mon oeil a été évidemment attiré par un truc: les morceaux les plus barrés ont été signés de Roy Wood : chant, guitares, basse, violoncelle, hautbois, basson, clarinette, percussions. Non seulement le type a un look farfelu, ce qui est déjà un bon point pour moi, mais il est multi instrumentiste et joue du basson, 'ttendez, ça mérite un gras souligné: du  BASSON. J'ironise souvent en disant que ce que j'aime dans le rock, c'est le son de la flûte (coucou Ian Anderson), mais du rock au basson (piste 4, je l'entends bien!), wow, j'ai trouvé mon héros, là!

Allez, si vous voulez tenter le coup, les playlists, avec mon avis vite fait, sans vraiment détailler chaque morceau, pour que chacun se fasse son opinion par soi-même:

- ELO proprement dit:

Electric Light Orchestra (1° album) - 1971 (surtout pour les titres dus à Roy Wood)

ELO II - 1973 les deux premiers albums sont assez avant-gardistes, et j'aime ça.

On the third Day - 1973 Kif! sauf le dernier titre, une reprise de Peer Gynt pas nulle, mais pas ouf' non plus

Eldorado  - 1974 j'ai moins accroché. Je relève Laredo Tornado, Nobody's Child et Illusions in GMajor qui m'ont bien plu. Et Eldorado pour la voix bien mise en valeur avec une orchestration presque opéra. Et en tout cas, c'est un disque de pop - rock, avec un orchestre classique de 30 personnes. donc forcément, je valide le procédé!

Face the music - 1975. Pépite! J'ai adoré en particulier le premier titre, carrément prog, qui pour une fois cache vraiment un message inversé " The music is reversible, but time is not, turn back, turn back, turn back" au début. Evil Woman a un petit côté disco assez sympa.

A new world Record - 1976 Pépite bis! Ca part dans tous les sens, rock, symphonique, opéra, musique klezmer, sonorités orientales. Plusieurs fois en écoutant j'ai dit "wah, c'est trop bizarre, j'adore!" Plus encore que le précédent. Et pourtant, l'ensemble laisse une impression cohérente, à écouter d'affilée sans interruption. Clairement mon coup de coeur!

Out of the blue - 1977 (la meilleure année de l'Histoire!). Pépite ter! 3 bons albums d'affilée (et celui ci est un double),  Un peu de disco par ci par là. C'est très dansant, ça s'écoute extrêmement bien. Ha, et vous connaissez probablement Mr Blue Sky, issu de cet album, c'est le plus grand tube du groupe, et il a été récemment utilisé pour une publicité*** Le logo présent sur l'album précédent devient une soucoupe volante, qui restera l'emblème officiel du groupe par la suite. L'album entier a d'ailleurs des sonorités "spatiales" (enfin, de musique de film de SF des années 70). Attention, les 4 titres qui étaient sur la face 3 du vinyle sont à écouter sans pause, car il font partie d'un tout cohérent nommé " concerto for a rainy day". Un disque parfait pour une journée off passée à glandouiller en musique.

Discovery
- 1979. Sympa. Pas un gros coup de coeur, encore qu'il se défende bien après les 3 pépites, mais bien cool. On est en 79, et le titre est un jeu de mot Discovery => Very Disco. Un album très disco/funk, donc j'aime bien, fatalement. Allez, juste parce que je suis en train de danser là-dessus devant mon ordi.

Xanadu - 1980 La BO d'un film de SF au scénario pour le moins zarb' (La muse Terpsichore se matérialise aux USA en pleine période disco. Razzie Award du pire réalisateur en 1980), qui a l'air d'être un sacré nanar même à l'aune des années 80. Nanarland en parle, et j'ai presque envie de le voir pour vérifier à quel point c'est mauvais. Queen avait assuré la BO de Flash Gordon, à la même époque, apparemment dans les deux cas, la musique sauvait le film, mais n'est vraiment pas ouf' au regard de la discographie des groupes. Une oeuvre de commande, chantée surtout par Olivia Newton-John. Mouaif. Quelques titres écoutables ou marrants, mais le tout reste cucul la praline quand même.

Time -1981: un album concept plutôt pessimiste qui parle d'une type de 1981 voyage dans le temps à la fin du XXI siècle. Original et visionnaire, il y est question de réseaux sociaux et d'In(in)telligence Artificielle. Et le héros ne souhaite qu'une chose: retourner en 1981 (je peux comprendre.. moi aussi je ne serais pas contre!) Ca a le mérite d'être original, mais musicalement, c'est un peu foutraque à mon goût. Pas mal, mais comme pour Eldorado, pas un énorme kif pour moi à la première écoute.

Secret messages - 1983 beaucoup moins disco. Un album qui se moque du débat sur " y'a-t-il des messages cachés inversés dans les albums de rock", donc ils ont effectivement caché des trucs anodins à l'envers (comme sur Face the Music) ou en morse. Par contre, sur la musique joyeuse, les textes à l'endroit sont plutôt sombres. Pas le meilleur, pour moi, il manque un peu de liant et de conviction, on sent la lassitude qui va amener à la séparation.

Balance of power - 1986. Trois ans plus tard, alors que le groupe sortait jusque là un album par an ou au pire tous les 2 ans. Bizarrement je me souviens avoir vu cette pochette très graphique quand les bacs à l'époque, sans savoir ce que c'était. 35 minutes, c'est un album court, avec des morceaux courts qui signe la mise en hiatus du groupe. Sympa, mais... là aussi, ça manque de personnalité, c'est plus "facile" au niveau musique., " dans l'air du temps", mais le pic de créativité est passé et le groupe n'est plus qu'un trio. "Gettin to the pojnt "me fait l'effet de " ce n'est qu'un au revoir", d'ailleurs.
Je l'aurais probablement plus apprécié si je l'avais écouté avant les excellents albums de 1973 à 1977.

Après ça, Jeff est parti vers d'autres projets (The Travelling Wilburys, un quintette avec Bob Dylan, Tom Petty , George Harrison et Roy Orbison - wow! ; des projets solo; la production d'autres artistes, et il me faudra explorer tout ça à un autre moment), les autres membres du groupe ont continué de leur côté sous le nom ELO part II pour 2 albums supplémentaires.

- ELO part II
 
Part Two
(1991) J'aime bien l'idée de commencer l'album par " Hello, it's great to see you once again", mais sinon, rien de franchement décoiffant ( j'ai même zappé une partie de certaines pistes ennuyeuses " Just for the love" par exemple), c'est dans le style d'avant, mais ça ronronne. Et il manque la voix de Jeff, le chanteur de substitution fait ce qu'il peut, mais il manque l'élément essentiel.

Moment of Truth (1994). Ca va beaucoup mieux, l'album s'ouvre sur un instrumental qui cite "ainsi parlait Zarathoustra", on revient au mélange assumé classique/ rock, il y a 18 titres dont le 9° fait  4 secondes,  des interludes  numérotés 3, 2, 1 dans l'ordre inverse... Ca, c'est prog comme esprit! Ce "moment de vérité" qui n'a pas été suivi d'un 3° album est malgré tout bien plus intéressant que l'opus de 1991.

Depuis, cette seconde partie a aussi changé de nom pour " The Orchestra", qui tourne encore sous ce nom. Par curiosité, je tenterai de les écouter. Mais punaise, faut suivre avec tous ces changements

- Reformation du groupe pour un album avec George Harrison et Ringo Starr sur quelques pistes . 50 % ELO, 50% Beatles, pas moyen de se planter.

Zoom - 2001. Plus rock, et très agréable. State of Mind, Easy Money et All she wanted m'ont bien fait danser sur ma chaise (des titres un peu bluesy, sans surprise, et qui vont très bien à la voix de Lynne), donc à écouter. Du moins plus que ceux sans lui.

 - Et re-séparation puis reformation sous le nom Jeff Lynne's ELO

Alone in the universe - 2015. Ho que ça fait du bien de retrouver la voix de Jeff, qui n'est quasiment pas affectée par le temps. Là, pour le coup, il est presque tout seul aux manettes. Rock Blues, on est loin de ce qui avait fait la patte du groupe dans les années 70, plus rien de prog' mais ça se laisse bien écouter.

From out of nowhere - 2019. Même avis que précédemment. J'ai du mal à croire qu'il avait 73 ans quand il a enregistré. Impossible de le soupçonner à l'écouter!

Et après ça je valide l'enthousiasme de la personne qui commentait vis à vis de la voix de Jeff Lynne, vraiment très agréable. Les compositions sont le plus souvent intéressantes, l'ambiance est en effet progressive pour les premiers albums, et peut être une porte d'entrée vers ce genre pour ceux qui ne connaissent pas et ne savent pas trop à quoi s'attendre. Disons une porte d'entrée moins radicale que ELP ou Yes.
Et c'est sympa de prendre les albums dans l'ordre pour voir l'évolution, de quelque chose d'expérimental, fortement teinté de l'influence des Beatles, et d'entendre peu à peu la musique intégrer d'autres influences au fil des années. Sans aller jusqu'à dire que c'est un gros coup de coeur, comme l'ont été en leur temps (et restent indétrônables) Queen, ELP, Deep Purple, et quelques autres c'est quand même un groupe qui, je sens, va gagner mon estime au fil des écoutes et bien se placer dans mon top personnel.

Où va me mener ensuite le jeu de l'oie? Probablement l'ami Roy, ce mec a l'air perché avec son maquillage étoilé, ses cheveux bleus, ses fringues hippies, il promet! J'écouterais probablement les productions annexes de Jeff pour profiter encore de sa voix et de sa créativité.
Ou une découverte inattendue au fil de mes pérégrinations en ligne, qui sait?
Stay tuned!

* une sorte de "musée" du rock au USA, j'ai tendance à penser qu'à partir du moment où on décide de muséifier le spectacle vivant et surtout quelque chose comme la musique, c'est mal parti. Mais donc des pontes - critiqués, car non musiciens- font pour la musique rock et blues l'équivalent de l'académie Française, avec cérémonie d'intronisation des heureux élus... qui souvent n'en profitent pas vraiment. Tout comme l'académie française, le comité de sélection vit à contretemps et ont donc décidé de couronner par exemple Ritchie Valens (mort en 1959), Michael Jackson et Queen en 2001 (Freddie est mort en 1991, il a failli attendre). En fait, 9 fois sur 10 la personne concernée est morte et enterrée depuis longtemps. Et tout comme l'acad', ils se distinguent par leur sexisme, le nombre de femmes publiquement reconnues est dérisoire, même si ça s'améliore un peu ces dernières années.

** Je suis en train de me rendre compte que j'ai fait un blocage mental sur l'année 2016, parce que musicalement, ça a été le genre qu'on préfère oublier.  En fait elle a commencé fin 2015 et s'est prolongée jusqu'en 2017. Donc je prends mon courage à 2 mains et je vérifie les nécrologies. Misère...
Lemmy Kilmister (+décembre 2015), David Bowie (+janvier 2016) Glenn Frey (+janvier 2016), Maurice White (+février 2016), Keith Emerson (+mars 2016), Prince (+avril 2016), Pete Burns (+octobre 2016), Leonard Cohen (+novembre 2016), Greg Lake et George Michael (+décembre 2016), Tom Petty (+octobre 2017)

S'il y a bien une année moisie c'est celle-là. C'est bien simple je n'ai pas eu le temps de me remettre de la mort de quelqu'un que déjà on enterrait quelqu'un d'autre. J'ai mentalement bloqué après mars, occultation totale, trop c'est trop. Je me souvenais que Emerson et Lake étaient morts la même année que Bowie, mais je n'aurais plus su dire dans quel ordre. Et Prince et Tom Petty, eux, j'avais carrément oublié qu'ils étaient morts, c'est dire. Et même maintenant j'ai tendance à l'oublier, oui c'est du déni le plus absolu. Après tout, tous ces gens, ils ne sont pas vraiment morts tant qu'on les écoute, non?
Même 7 ans plus tard j'ai encore du mal à encaisser cette série funèbre 😭

***  Vérification, c'était France Télécom , le temps passe, et mon "récemment" signifiait "il y a 18 ans".

mercredi 14 juin 2023

Les ravages de l' autotune ( A british guitarist analyses...)

 Et un podcast musical et anglais à découvrir, un!
Je l'ai trouvé là aussi un peu par hasard et, déjà, l'allure du gars m'a parue tout à fait sympathique, puisqu'il m'a un peu fait penser à Alan Rickman jeune, ce qui est un bonus agréable en marge de ce qu'il raconte.

Mais surtout j'ai beaucoup apprécié ses analyses musicales, qui joignent pour moi l'utile (écouter de l'anglais, avec un bon accent britannique) et l'agréable (des sujets musicaux).
et donc il analyse la composition des morceaux, les prestations scéniques de divers artistes, mais pas uniquement au point de vue de la guitare. Et propose aussi des interviews passionnantes.
Allez, j'avoue tout, je l'ai trouvé en cherchant des choses liées à Queen, on ne se refait pas.

Mais surtout, j'ai trouvé très intéressante sa série de sujets sur cette plaie de la musique récente qu'est l'autotune.
Et pour montrer le dégât que ça peut faire, il s'est livré à une chose qui est du sacrilège total: prendre un chanteur particulièrement connus pour sa justesse, y compris sur scène en concert, passer cette voix déjà presque parfaite à divers niveaux d'autotune et faire entendre le résultat.

OUI! Il a isolé la voix de Freddie Mercury, regardé les endroits où il y avait de petites imperfections et les a "corrigées". Non pour se moquer, mais, c'est exactement l'inverse, pour montrer que tout l'intérêt, toute la personnalité de la voix est dans ce " presque parfaite"
Les petites imperfections, inaudibles ou presque dans l'enregistrement d'origine, les pauses, les respirations, les retards, les quelques commas de décalage.. sont très exactement LA signature vocale, qui fait que la voix de Freddie est reconnaissable entre mille.
Comme le pense la philosophie orientale, c'est précisément l'imperfection qui fait la perfection.

Je ne suis pas contre l'emploi de la technique en musique, lorsqu'il s'agit d'enlever un bruit parasite  ( quelque chose qui est tombé pendant l'enregistrement par exemple, ou le vent qui a perturbé l'enregistrement en extérieur...) mais enlever ne serait-ce que les respirations est une très mauvaise idée,  en tant qu'auditeur, quand j'entends quelqu'un chanter sans respirer, je me mets aussi en apnée.

En tout cas, la mini correction qu'il a faite, presque pas détectable passe encore. C'est ce qu'il ferait, si en tant qu'ingé son si on lui demandait d'appliquer l'autotune mais sans détruire l'expressivité vocale.
L'objectif de cette expérience est de montrer ce qui se passe hélas actuellement: la majorité des morceaux sont systématiquement passés au correcteur, par défaut même lorsqu'il n'y en a pas besoin, la plupart du temps de manière aussi subtile qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, ce qui donne cette inondation de morceaux aux voix atrocement robotiques.
Deuxième étape: l'autotune " standard", déjà assez gênant dans la mesure où quiconque connait la chanson d'origine se rend compte qu'il y a un souci, ce n'est pas ce dont on a l'habitude
La version de Freddie "tuné comme une bagnole de Jacky" est tellement atroce que j'ai envie de me laver les oreilles à la javel. Mais c'est aussi la mode du moment ( la Faute involontaire à Cher, qui pour un titre, l'avait adopté afin d'avoir un son particulier. Ce qui aurait du rester un effet de style pour UN morceau s'est hélas propagé comme une mauvaise grippe) auxquels les générations plus jeunes sont si habituées que j'ai entendu des gamins dire, en entendant un morceau normal " heu? Mais elle est trop cheloue la voix". Non, elle est naturelle.

Autotuner la voix de Freddie Mercury?


Or, et là, je partage son indignation, récemment la maison de disques de Queen a commencé à sortir des inédits de concert.. tunés. et ça c'est du sacrilège. Exactement parce que, précisément, c'est en concert qu'on voit ce que vaut un chanteur ou une chanteuse. Les prises peuvent être refaites plusieurs fois d'affilée en studio jusqu'à obtenir la piste que 'on veut. En concert, ce n'est pas le cas. C'est le test ultime. Les aléas du concert font partie de l'expérience, les gommer, c'est gommer la différence entre concert et studio. Corriger tout ça pour le rendre plus " propre", plus "léché " surtout au niveau de la justesse de la voix est un scandale. Même s'il avait chanté une fausse note en plein milieu, la retoucher sans son avis (ce qui est impossible à obtenir, évidemment ) est inacceptable. Surtout que le groupe indiquait clairement sur ses albums des années 70 " no synthezisers" afin de mettre en avant l'emploi d'instruments réels, je suis à peu près sûre qu'ils indiqueraient maintenant "no autotune"

Le label a corrigé Freddie Mercury? Pour de vrai? (Fairy Feller's master stroke)

Hélas, pour de vrai. Et ils ont réitéré... ( Face it alone)


Je suis 100% d'accord avec lui. Nous avons eu un débat similaire dans le domaine de la traduction, de nombreux éditeurs et surtout les plus gros, qui ont beaucoup de pognon et pignon sur rue, choisissent de n'engager les traducteurs que pour faire de la post édition ( soit de la correction de textes qui ont été passés au traducteur automatique, en pensant gagner du temps. Spoiler: pas du tout, comparer deux textes , corriger les erreurs en trouvant une autre solution... ça perd beaucoup de temps, bien plus que traduire directement) Et éthiquement, il faudrait indiquer sur la couverture du livre " ce livre a été traduit automatiquement par un programme informatique", afin que le lecteur ne soit pas dupé.
Il propose la même chose pour les albums, indiquer clairement " cet album a été traité à l'autotune" ou au correcteur d'intonation.
La différence entre autotune et correcteur d'intonation.

Et ce n'est pas le seul scandale, d'autres artistes ont été retouchés: Simon and Garfunkel ( Bridge over trouble Water), Herbie Hancock and  Raul Midon

Si vous n'arrivez pas à être en phase avec la musique actuelle, c'est probablement pour ça...

Et là encore, je suis d'accord, il n'y a aucune émotion. ce qui passait pour le côté extra terrestre de  One More Time (et marchait bien dans ce contexte) aurait du rester cantonné à l'électro...et surtout ne pas être appliqué aux anciens enregistrements.

Ceci dit, j'ai présenté sa chaîne via les réactions contre l'autotune, mais il y a beaucoup d'autres choses qui méritent d'être écoutées, dans ses analyses ( et il parle de Rory Gallagher, et Johnny Winter, ce qui est un signe d'un excellent goût musical!) Donc si les analyses musicales, en anglais, vous intéressent, je le recommande et plutôt deux fois qu'une!

mercredi 7 juin 2023

Polychromie musicale 4 - ... et Prince

Et donc sans tarder, après la reine et le roi, je reviens sur Prince, ça fait longtemps que je me dis que je devrais en parler. Et puisque aujourd'hui tout pile, il aurait eu 65 ans, c'est l'occasion. Après avoir souhaité le 3 mai l'anniversaire du Godfather of soul, fêtons celui d'un de ses plus directs et talentueux successeurs musicaux.

Donc en cherchant pour faire ma vanne de la semaine dernière, je me suis dit " mais c'est vrai au fait, j'aimais bien Prince, mais je connais finalement très peu de morceaux, et à part la poignée de titres les plus diffusés, il a fait quoi?". Sachant que le gars jouit encore d'une popularité et estime musicale immenses, la question est donc de savoir dans quelle mesure le concert de louanges, en particulier sur son talent et sa créativité musicale, est justifié. Chez moi ça signifie: faut que je cherche, que je fouille, que je creuse.
Et donc, je cherche, fouille et creuse depuis quelques mois... et je me rends compte que, en effet, je suis passée à coté d'un sacré phénomène, et qui cachait quelqu'un de plus nuancé que ce qu'on en disait à l'époque.

Courts-circuit: le concert de louanges est justifié. rendez-vous au prochain sujet.
Long circuit: voilà pourquoi je pense qu'il est justifié. Prenez un café, ça va être long. Faut que je développe.

- Iconoclaste, imprévisible, provocateur, aux textes ouvertement sexuels, aux tenues excentriques, oui... mais pas que.
- Musicien, multi instrumentiste hyper talentueux, arrangeur, chanteur à la voix incroyablement agile danseur aussi... oui, mais pas que.
- Star mégalomane... hé bien,"pas exactement". Confiant en ses capacités, ambitieux, exigeant voire casse-burettes patenté professionnellement (un type infatiguable qui avait du mal à comprendre que les autres n'arrivent pas à suivre la cadence, et tellement perfectionniste qu'il déléguait le moins possible pour avoir un maximum de contrôle sur sa production). Ca peut être pris pour de l'arrogance, mais c'est assez différent.
Ce qui ressort des témoignages des gens qui ont assisté aux concerts, hors scène l'artiste était en fait à l'inverse:  très timide, poli, accessible mais très proche de son public. Et ce qui saute aux yeux en interview, également doté un bon sens de l'humour et une intelligence aiguisée, ce qu'il faut, mine de rien, pour planquer des messages politiques ou religieux sous la provocation. Oui, oui.

Donc un artiste au final très attachant dans la sincérité qui transparaît par petites touches au delà du provocateur rigolo. Et si on rajoute une propension à se foutre royalement de l'avis de ses détracteurs, c'est exactement le genre d'attitude que j'admire. Sachant ça, c'est dommage que je n'aie pas eu le déclic avant, tant pour la musique que pour la personnalité haute en couleurs du gars.

A l'époque, les médias parlaient moins de l'artiste profondément original que du "rival excentrique de Michael Jackson, aux textes salés". Réducteur, mais surtout, d'un point de vue musical, sans objet. Les deux sont différents pour moi. Jackson est plutôt quelqu'un que j'écoute en faisant autre chose, ses tubes sont dansants et j'aime bien, mais à part le début de sa carrière, je trouve le reste assez rapidement oubliable. On tourne un peu en rond. Il manque de " facteur Wow", ce moment où on s'arrête parce qu'on est bluffé par ce qu'on entend. De plus il était certes très bon chanteur et danseur, mais pas musicien.
Il n'y a pas ce genre de risque avec Prince. On ne peut même pas dire qu'il rivalisait avec lui-même sur ses précédents disques, vu qu'il semblait mettre un point d'honneur à ne pas faire deux fois d'affilée la même chose, et à aller exactement là où personne ne l'attendait. En tout cas, il y a tant de moments "Wow" que je me pose, avec un casque, et je me délecte des accords et constructions parfois bien tordus des morceaux les moins connus. Mais tout bien pesé, à 15 ans j'aurais probablement manqué de bouteille musicale pour pleinement apprécier cet aspect-là.

Le pire, c'est que des occasions ratées de m'y intéresser, il y en a eu plusieurs.

La première fois que j'ai réellement vu l'interprète, c'était comme beaucoup de gens avec le film Purple Rain, mais dans une circonstance défavorable. En Allemagne, en 1990, donc déjà plusieurs années après la sortie du film. Ma correspondante l'avait loué au vidéo club pour le voir avec des copains, et, comme c'était une VOST allemand, autant dire que je n'ai pas tout compris. Le sujet pour moi était " les déboires d'un musicien qui galère à s'imposer dans un domaine ultra concurrentiel et a des problèmes familiaux à régler pour pouvoir avancer". Mais guère plus, je ne l'ai pas revu depuis, donc... je n'en sais toujours pas plus. A revoir.

J'en avais retenu 3 choses:
- La musique était excellente.
- Le film met en avant la couleur violette, c'est ma couleur favorite, donc c'est cool.
- "😮", qu'on peut à peu près traduire en:  "La vache, ce type est d'une beauté stupéfiante!".

Moi qui apprécie les gens originaux et les apparences atypiques, autant dire que là, rien à objecter. Et pourtant, je ne suis pas allée chercher plus loin, même si la moi de 15 ans et la moi de 46 ans sont toujours d'accord à ce sujet. Je l'ai dit, je le dis et je le dirai, j'ai rarement vu quelqu'un avec des traits aussi fins et réguliers. Avec son petit format et son visage de poupée, il EST d'une beauté stupéfiante, quelles que soient ses tenues et ses coiffures (eut-il été plus grand d'ailleurs, il aurait peut être été moins étonnant)

Rétrospectivement, tout le contexte social du film m'est passé au dessus. Pour moi, le personnage central avait des problèmes familiaux qui plombaient son quotidien, comme beaucoup de gens. Mais, à aucun, je dis bien aucun moment, je n'ai remarqué une chose qui saute pourtant aux yeux: sa couleur de peau. Je vous jure que je n'ai rien vu de spécial, effet "😮" mis à part.
J'en suis restée à " 'est une film sur un musicien, donc on a engagé un vrai musicien pour tenir le rôle et fournir la BO, c'est logique" (sans savoir qu'il avait été en fait à l'origine du projet). Je l'ai dit précédemment, j'ignorais totalement le coup des programmations sur les radios différentes aux USA en fonction de votre tête, ce qui limite l'audience et augmente la difficulté à se faire connaître.

Donc, première rencontre avec l'ami Prince, mais, loupé....

Seconde rencontre, vers 1992, via ma prof de danse. Je faisais de la danse jazz, la prof avait le CD et on s'échauffait régulièrement sur Cream ou Get Off.
Là aussi, ça me fait beaucoup rire quand j'y repense, parce qu'imaginer des gamines de 13 à 18 ans s'éclater sur ces titres aux paroles à double sens ou estampillées "parental advisory". On voit bien qu'on était en France et pas aux USA, et que personne ou presque ne comprenait, ou n'y prêtait attention. Pas une plainte de parents.
J'avais bien aimé aussi ces quelques chansons, mélange de jazz-funk et hip-hop, pas du tout ce que mes camarades écoutaient. Mais, pour X raisons, je ne suis pas allée chercher plus loin cette fois non plus. Deuxième rendez-vous raté. Et puis, il est plus ou moins passé sous les radars, a pris une orientation plus jazz, visuellement plus sage, les médias s'en sont désintéressés et n'en ont quasiment plus parlé, les sorties de disques passaient inaperçues au point que je n'ai carrément plus pensé à aller fouiller à la médiathèque.

Et finalement...

Ce n'est paradoxalement que depuis la mort de l'artiste que des archives et vidéos sont disponibles en ligne, et que j'ai réellement découvert ce dont il était capable. Sur une scène immense, dans un stade devant des milliers de spectateurs, dans des clips tellement barrés qu'ils ont un côté cartoonesque, mais aussi et surtout, lors de prestations confidentielles, en acoustique, où on se dit que franchement oui, quelqu'un qui sait mettre l'ambiance dans cette circonstance où on est à poil, c'est le signe qu'on est bon (enfin, à poil musicalement parlant, pas comme sur la couverture du bien nommé Lovesexy; je préfère préciser parce que, bon, avec celui-là, tout était possible y compris se désaper sur scène. Là par exemple. L'image est très mauvaise, mais c'est trop drôle!).

Et je trouve des pépites qui sont rarement les morceaux les plus connus. Franchement, on sortirait un titre comme ça  même maintenant, il y aurait du potentiel à tube. Et le petit détail qui fait tout le sel, il n'y a qu'une seule personne: vous entendez du son partout, plusieurs voix et instruments, mais il est seul dans son studio. Oui, oui, toutes les voix, les instruments (à l'exception des vents),  les arrangements dans la plupart des cas, le mixage sont faits par UN type seul aux manettes, et c'est CA, sa marque de fabrique, ce qui fait toute la différence. Je comprends maintenant l'appellation de "génie musical".

Allez, sélection sur scène. Je vous jure, là, je regrette vraiment de l'avoir méconnu de son vivant, les concerts semblaient tellement festifs que je me serais débrouillée pour y aller au moins une fois.

- Funk/ soul à la James Brown. Avec solo de basse en prime. Kiss, un de ses plus gros cartons internationaux, n'est pas forcément un morceau que j'adore, mais cet enthousiasme et cette énergie communicatifs, ouiiii, j'ai juste envie de danser jusqu'au matin devant la scène (et cette tenue improbable m'éclate totalement. Fallait oser porter ça et ressortir le look disco en 1999. Prenons au passage quelques instants pour admirer le fait qu'il a ici 41 ans et une silhouette parfaitement juvénile)

- Endorphinemachine, à Nulle part ailleurs. Ce titre bien rock et la guitare me donnent la patate à tous les coups. Fringues de curé et.. texte qui parle de plan à trois avec des cordes.  Quand je vous disait que ce type était attachant, il pouvait y avoir un double sens. Pour ça se référer au clip de Automatic, je vous laisse aller chercher une fois de plus.

Je vais revenir sur ce que dit de Caunes, au sujet du changement de nom: à l'époque, je me souviens que ça avait été présenté comme un coup de pub ou un caprice de diva pour relancer une carrière qui menaçait de s'essouffler. Point du tout. Il venait de casser un contrat colossal avec sa maison de disque et a dû renoncer à ce qui n'était pas son nom de scène ou un pseudonyme, mais son vrai prénom, pour régler ça et pouvoir prendre son indépendance artistique. La raison était bêtement juridique. Il a récupéré le droit de se produire sous son nom quelques années plus tard et est donc redevenu Prince.
Petit détail savoureux, le symbole se prononce entre autres " l'artiste qu'on connaissait auparavant en tant que Prince". C'est un doigt d'honneur assez génial face à cette privation pendant quelques années du droit d'utiliser son nom. On le voyait parfois à cette époque avec le mot "slave" inscrit sur la joue. Pour un noir américain, vous imaginez en effet ce que ça peut évoquer d'être privé du droit de porter son nom.

Et avec ce look, dont je trouve qu'il lui va particulièrement bien, je reviens aussi sur le côté androgyne. (Si si, j'en connais qui avant d'entendre la voix auraient dit " ouah, la chanteuse est jolie!". Oups, non, ce n'est pas une jolie fille, mais un homme et, qui plus est, le genre à avoir autant de succès féminins que Don Juan)
Je l'ai dit ailleurs, mais j'ai toujours été particulièrement attirée par les gens et surtout les hommes qui  cassent les codes de genre, en s'éloignant du modèle attendu. Le logo féminin-masculin avait aussi fait parler de lui. Symbole de la bisexualité? Hé non, c'était plutôt l'idée de rassembler tout le monde par la musique, hommes, femmes, noirs, blancs, hétéros, homos, nous sommes tous le genre humain, on s'en bat des différences. En clair, " je fais ce que je veux, je ne serai pas ce que vous attendez de moi" (et ça il le dit depuis l'excellent Controversy). Purée, j'aurais vraiment dû m'y intéresser avant!

En soi, j'ai l'impression qu'avec ses textes souvent ambigus au niveau du genre et des rôles sociaux ( I wanna be you lover, par exemple), ses orchestres mixtes*, ses tenues farfelues, sa révolte contre les majors, il a fait avancer pas mal de causes presque sans chercher à le faire, précisément parce que la musique est un "soft power".
* Car oui c'est aussi une chose à noter, dès le début des années 80, il a recruté des musicienNES. Non pas par souci d'inclusivité, le concept n'existait même pas, ou pour mettre une jolie fille sur scène et attirer un public masculin. Mais simplement parce qu'il n'y avait aucune raison de ne pas engager par exemple une excellente batteuse si c'était elle qui convenait le mieux. Et on voit ça et là sur scène des femmes, pianiste, batteuse, guitariste, saxophoniste, bassiste... mises en avant pour leurs compétences. Peu de gens l'avaient fait auparavant et ça a validé la place des femmes sur une scène pop/rock, à niveau égal avec les hommes. MERCI!

- Je parlais du Super Bowl la dernière fois, je ne résiste pas à vous rajouter sa prestation, probablement une des plus épiques qui ait été filmée, parce que pile au moment du concert, avec tout le matos électrique, le groupe s'est pris une pluie battante. Réaction du gars qui chantait Purple Rain (je n'allais pas vous l'éviter quand même): "Annuler? Non, mais, vous ne pourriez pas faire pleuvoir un peu plus fort, c'est un accompagnement parfait." Oui, ils auraient pu se prendre la foudre, c'était super dangereux, ils ont fini trempés le public est resté, il y a probablement eu quelques angines des deux côtés de la scène, mais le concert à eu lieu, sans la moindre électrocution. Quand tu as réussis à te mettre même la Nature dans la poche!
Au passage " Can I play this guitar? " est une question rhétorique à laquelle personne n'a jamais dû répondre " non, c'est sympa de proposer, mais pas trop envie, je préfèrerais un solo de xylophone".


-  Damn' U...non, toujours pas de xylophone, mais un peu de jazz vocal à la Nat King Cole, et je trouve que c'est un parfait exemple pour illustrer ses capacités vocales vraiment hors du commun. Cette descente dans les graves à 2'52, sans le moindre accro est magnifique. De la dentelle vocale. On vient de voir la rock star avec un solo de guitare bien pêchue, mais c'était un jazzman dans l'âme. Allez, si vous ne devez écouter qu'un titre de ma sélection, c'est celui-là. Posez-vous confortablement, mettez le son et profitez.


- Musicology.  Encore du jazz, mais plus dynamique.


- Cream, en reprise blues à la Robert Johnson de ce qui était un tube déjà sympa, mais la version acoustique et le jeu avec le public sont excellents. Dommage qu'il n'y ait pas plus d'enregistrements acoustiques, parce que wow, je préfère carrément cette version ultra cool et la proximité avec le public humanise la vedette.

Le concert était en 2004. Il est né en 1958. Oui, on peut refaire les calculs, cet homme a ici 46 ans et paraît beaucoup plus jeune. Mère nature devait être contente de son taf, puisqu'à 56 ans, il n'avait pas changé, hormis la coiffure. Je vous l'ai dit, il a réussi à se la mettre dans la poche.
Et moi, je n'ai pas changé d'avis entre tout à l'heure et maintenant, je maintiens haut et fort que peu importe l'âge, les fringues, la coiffure ou le maquillage de scène, ce gars est d'une beauté incroyable. Mieux, ce qui m'avait échappé à l'époque parce que j'étais trop jeune pour faire la différence entre apparence et attitude, il est aussi d'un charme incroyable, ce qui n'est pas DU TOUT la même chose.
Donc voilà, à toutes celles qui se désolent que le Prince Charmant ne vienne pas leur chanter la sérénade parce qu'il n'existe pas, ben si, la preuve. Vous n'avez juste pas bien cherché, je l'ai trouvé en 3 clics, et "charmant " est un seul des adjectifs possibles (oui, je sais, cette blague était évidente, et bien trop tentante pour ne pas la faire)


Du blues-rock, juste histoire de prouver qu'en fait, ce gars savait tout faire. En fait, sans rentrer dans des détails d'analyse musicale que je ne maîtrise pas non plus tout à fait, il prend la quintessence du style blues (répétitions de phrases, alternance de réponses voix/guitare...), mais il le distord pour en faire du blues à sa sauce. Et au final on se dit, c'est du blues, mais pas tout à fait. C'est un musicien qui a une très bonne culture musicale, une connaissance intuitive des genres qu'il a entendu et intégrés probablement depuis le jour de sa naissance et donc, peut facilement en faire ce qu'il veut.
Avec en plus de l'humour et des grimaces. Là, sur ce concert il remplace des gros mots par des effets de guitare, et des sous-entendus salaces par des phrases anodines (le mec qui dit qu'il va ramener une nana à son hôtel et passer la soirée... à lire et regarder la télé. Beaucoup de gens font des chansons qui ont l'air anodines et cachent des doubles ou triples sens, et là, c'est l'inverse) . Je ne peux pas l'intégrer directement parce qu'elle n'est pas sur youtube, mais en plus musicalement, ça décoiffe, c'est tout ce que j'aime! En tout cas, je m'agite une fois de plus sur ma chaise. Clic clic.


Pour en savoir un peu plus sur l'impressionnante carrière et la non moins impressionnante discographie du monsieur, il y a ce podcast, (yep LE fameux podcast dont je parle depuis des semaines) qui lui est presque entièrement consacré. Certains morceaux auxquels j'avais accroché ont reçu une explication, et mon avis a évolué sur d'autres, en en connaissant le sens ou la structure. C'est passionnant et très intéressant d'aborder la carrière d'un artiste contemporain avec autant de sérieux que pour le jazz ou la musique classique.

Mais comme j'aime bien les trucs bien bizarres, bien barrés, en gros, plus ça sonne original et inhabituel, plus ça a des chances de me plaire.

Encore un morceau qui me parle particulièrement: If I was your girlfriend. Je trouve le texte très intéressant. Pour mieux y coller d'un point de vue sonore, il a trafiqué sa voix en modifiant les vitesses d'enregistrement, pour arriver à un résultat volontairement irréaliste et flou, se fabriquant un alter égo vocal nommé " Camille", à l'identité et au nom ambigus. "Camille" se demande pourquoi sa petite amie ne lui fait pas pleinement confiance, et essaye de se mettre à sa place en lui disant en gros " si c'était l'inverse, si j'étais ta petite amie, est-ce que ce serait différent?". Ben oui, ça me parle forcément, une chanson dont l'enjeu est de se mettre à la place de quelqu'un d'autre, d'envoyer bouler les stéréotypes, et qui brode sur le fait que la confiance est moins dans les grandes phrases que dans les petits gestes quotidiens. J'aime beaucoup la conclusion "regarder ensemble le silence et imaginer à quoi il ressemble". Très jolie idée poétique.

Il apparait que comme beaucoup de gens je m'étais fait une fausse idée à cause des médias qui faisaient dans la facilité, évoquaient tous sauf les aspects qu'il aurait fallu mettre en avant pour me convaincre (l'originalité, la créativité, l'excellence musicale, la dinguerie des concerts et les textes certes provocateurs, mais souvent à plusieurs niveaux de lecture). D'une part je regrette de m'être laissée berner par les apparences, MAIS, d'une autre comme tout arrive au bon moment, je me dis que sans tout le bagage musical qui a précédé, je n'aurais peut être pas tant accroché et en particulier aux bizarreries.

Ho et puis tiens, voilà, je me suis fait, et je vous ai fait une playlist toujours en cours d'augmentation, des morceaux que je préfère depuis le premier disque, en essayant de limiter à 3 par album ( et c'est très difficile, surtout pour "Controversy" et " Around the world in a day" que j'ai kiffés de bout en bout), et donc beaucoup d e morceaux moins connus que ceux qui passaient le plus souvent à la radio.

De disque en disque, il a su m'embarquer dans sa vision kaléidoscopique du monde. Un peu comme si je retrouvais un pote farfelu, le genre qui sait toujours vous faire marrer et vous mettre de bonne humeur, mais aussi vous plonger soudain dans une réflexion philosophique sans que vous ne l'ayez vue arriver. Un musicien excellent et éclectique, qui s'éclate sur scène avec une énergie communicative, un type talentueux et drôle, qui utilise la provocation pour faire passer des messages plus profonds qu'il n'y parait, qui promeut l'égalité et l'absence de préjugés... Je ne pouvais pas ne pas tomber sous le charme de cette personnalité originale, probablement épuisante au quotidien pour ses proches, mais irrésistible pour le public.

Et ce n'est pas fini, on estime à plusieurs centaines le nombre de morceaux enregistrés qui attendent dans les archives en cours de tri. Nous n'avons pas fini d'entendre parler de lui, s'il y a encore l'équivalent de dizaines de disques en attente.

Encore un coup de foudre artistique, après Charles Baudelaire, Caravage, et le grand Niko!

lundi 5 juin 2023

Lundi soleil 6 - rose et vert

 Là, c’est moins compliqué.  Il y a des tas et des tas de fleurs roses dotées  de feuilles vertes, ça  passe mieux ...
Mais, ce serait trop facile.
Il s'avère que l'étrange monument funéraire en queue de cochon du mois dernier pouvait déjà, sur son fond de verdure, correspondre au sujet. Et que le manque de rose, autre que des plantes, parmi mes photo ne me rend pas spécialement la tâche plus aisée.

Donc j'ai fouillé mes archives, voilà deux peintures murales, prises à Montréal en 2017



Il y en a des dizaines et des dizaines à Montréal, et je ne sais plus du tout dans quels quartiers elles se situent. Donc si vous avez le courage de chercher ( et une bonne connexion, ça prend du temps à charger), voilà la carte de répartition des peintures murales.

dimanche 4 juin 2023

locutions imagées en anglais

 Juste une petite image  trouvée sur facebook, illustrant des locutions imagées, en anglais


solution ( à surligner)

1. In a nutshell
2. Piece of cake
3. Cherry on the cake
4. Bald as a coot
5. A screw loose
6. Stiff upper lip
7. Born with a silver spoon in your mouth
8. Earworm
9. Keep your cards close to your chest
10. Joker in the pack
11. An ace up your sleeve
12. Heart on your sleeve
13. On a silver platter
14. Spill the beans
15. Big cheese
16. Red herring
17. Tie the knot
18. Put all your eggs in one basket
19. Walking on eggshells
20. Shadow of your former self
21. No room to swing a cat
22. The cat’s got your tongue
23. Kick the bucket
24. Pull your socks up
25. Cold feet
26. From rags to riches
27. Time flies.

Evidemment en français, les locutions sont rarement les mêmes, l'objectif est donc d'en trouver une équivalent lorsqu'on veut traduire. Pas toujours facile, c'est en tout cas ce que j'essaye de mémoriser cette année, dans toutes les langues que j'apprends.

1. " dans une coquille de noix" => En Bref
2. "une part de gâteau" =>c'est du gâteau
3. la cerise sur le gâteau
4. "Chauve comme un foulque"=> chauve comme un oeuf
5. "Avoir un écrou dévissé" => perdre ses boulons, être fêlé
6." garder la lèvre supérieure raide"  => rester stoïque
7. Né avec une cuillère en argent dans la bouche
8. " avoir un ver d'oreille" => avoir une scie dans la tête
9. " garder ses cartes près de son coeur" => bien cacher son jeu
10." le joker dans le paquet" => l'individu ou la chose qui peut tout faire basculer. Pas trouvé d'équivalent
11. "Avoir un as dans sa manche" => avoir un atout dans sa manche
12. " avoir le coeur sur la manche" => avoir le coeur sur la main
13. Servir sur un plateau d'argent
14. " renverser les haricots" => cracher le morceau
15. "un gros fromage" = > une huile, une grosse légume
16."un hareng rouge" => une fausse piste
17. " faire un noeud" => se mettre la corde au cou ( se marier)
18. mettre tous ses oeufs dans le même panier
19.  marcher sur des oeufs
20. " l'ombre de son identité précédente" => l'ombre de soi-même
21. "pas la place de balancer un chat" => endroit étroit, on est serrés comme des anchois
22. "le chat a ta langue" => donner sa langue au chat
23. " renverser le seau" => casser sa pipe
24. " remonter ses chaussettes" => faire des efforts pour améliorer, s'améliorer. " se secouer/ se casser un os dans le foie"
25. " avoir les pieds froids" => avoir la trouille, se dégonfler
26. " des haillons à la richesse" => passer de la pauvreté à la prospérité, prendre l'ascenseur social, faire fortune...
27. "le temps vole" => le temps passe.

En tout cas j'aime bien ces locutions, j'avais lu il y a des années un petit ouvrage là dessus, qui s'intitulait quelque chose comme " It's gone pear shaped" soit "c'est parti à vau-l'eau, ça a foiré". Il était à la médiathèque, et j'ai du le scanner, ça doit être dans mes dossiers sur disque dur, il va falloir que je le retrouve pour en lister quelques autres.
En tout cas je me demande si c'est le sens caché du titre " Trois morceaux en forme de poire" d'Erik Satie , sachant que sa mère était écossaise, il est possible que ce soit en référence à la locution anglaise. Ca part en effet en forme de poire puisque les 3 morceaux sont en fait 7, dont un intitulé " prolongation du même" qui n'a rien à voir avec ce qui précède. J'aime autant l'humour absurde du gars que sa musique.

Allez, en voilà une autre, super connue:
Chez nous, "il pleut comme vache qui pisse", ou plus poliment " il pleut des cordes"

Je vais donc essayer d'en trouver d'autres et de les proposer avant la fin du mois.

jeudi 1 juin 2023

Polychromie musicale 3 - Reine et roi...

Puisque c'est le début du mois anglais, et que l'an dernier, un changement majeur s'est produit en Angleterre, voyant un roi succéder à une reine, j'ai moi aussi envie de proposer une reine et un roi , mais... version musicale. Cette fois c'est beaucoup plus court, un seul morceau, il n'y en a pas 50.
(mais le prochain sujet musical sera très, mais alors très copieux)

Et comme c'est ma petite tradition personnelle de parler de Queen pendant le mois anglais, je ne vais pas changer. Tout simplement parce que, oui je dois débouler de Mars, mais au cours de l'année passée je suis tombée sur un duo que je n'aurais pas imaginé voir un jour même dans mes rêves.

Que se passe-t-il si on rassemble the Queen of Rock et the King of Pop? Tout sauf un échec! ( lol, reine, roi, échecs...)

Yep, ce mois anglais commence plutôt bien :)

Après je dois avouer que sauf mon respect à Michael Jackson, parmi les artistes de cette période j'ai toujours une très nette préférence pour Prince, ne serait-ce pour sa compétence multi-instrumentale et ses compositions qui explorent a peu près tous ce qui existe en musique actuelle gospel, jazz, soul, disco funk, rock, pop, et même hip-hop, on y trouve toujours au moins un morceau qui fait tilt. Chez Jackson, c'est moins varié en fait. Et oui, à l'époque c'était presque une obligation de choisir entre les deux, à la limite de l'affiliation politique.
Et bien, moi, j'appréciais les deux, mais pas dans les mêmes circonstances. Et d'ailleurs, tiens, j'y reviendrais, très prochainement. Pas plus tard que la semaine prochaine, en fait.

Mais même en cherchant bien, il n'y a pas a priori de duo entre Queen et Prince et pourtant ça aurait été à tous les niveaux un duo royal! ( et oui, j'ai fouillé le net en long et en large pour pouvoir faire cette vanne) Là, si ça existe dans les cartons d'archives qu'ils n'ont toujours pas fini de trier à Paisley Park, et qu'ils y trouvent un duo, même sous forme de démo, je fais un triple salto arrière, de joie.

Pour ceux qui ont lu mon sujet d'avril sur le jazz et particulièrement le passage où j'évoquais la ségrégation musicale sur les ondes et à la TV aux USA, jusque dans les années 1980 en parlant de 2 vedettes mondiales qui ont fait changer les lignes vers 1984/85, voilà:
Michael Jackson et Prince ont été les deux premiers artistes non-blancs à être diffusé sur MTV, alors réseau de diffusion qui s'adressait à un public blanc. Mais bon, on l'a dit, quand il y a des sous à se faire, certains ont un flair de cochon-truffier, et les barrières de programmation qui paraissaient si étanches tombent comme par magie.

Mais de ce que j'ai vu comme commentaires ici et là, s'ils étaient tous deux bien connus de la communauté noire américaine depuis les années 1970, grâce aux diffusions sur ces fameuses radios noires, le grand public sans distinction de couleur les a découverts à partir de 1982/1983/1984, avec Thriller et Off the wall pour l'un, Controversy, 1999 et surtout Purple Rain pour l'autre.
J'imagine les gens tomber des nues: " ha punaise mais, il y avait deux types talentueux depuis des années, dans notre pays et on n'en avait jamais entendu parler". Ben, par principe, vous n'écoutiez pas la radio qui les diffusait, hein...

Par contre pour ce qui concerne le concert du Super Bowl, donc événement sportif qui ne s'adresse pas spécialement à une catégorie de la population, il faut reconnaitre que la première prestation d'une artiste noire date de 1971, en la personne de la géniale Ella Fitzgerald. Michel Jackson y était en 1992, Diana Ross en 1995, James Brown en 1996 et Prince en 2006.. donc oui les choses avaient commencé à bouger un peu avant les années 80 quand même. J'aime beaucoup les plaisanteries de certains qui disent " En fait, le super bowl c'est un concert de (insérer qui vous voulez) et en bonus, y'a un match de foot", J'aime cette approche.