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mercredi 7 juin 2023

Polychromie musicale 4 - ... et Prince

Et donc sans tarder, après la reine et le roi, je reviens sur Prince, ça fait longtemps que je me dis que je devrais en parler. Et puisque aujourd'hui tout pile, il aurait eu 65 ans, c'est l'occasion. Après avoir souhaité le 3 mai l'anniversaire du Godfather of soul, fêtons celui d'un de ses plus directs et talentueux successeurs musicaux.

Donc en cherchant pour faire ma vanne de la semaine dernière, je me suis dit " mais c'est vrai au fait, j'aimais bien Prince, mais je connais finalement très peu de morceaux, et à part la poignée de titres les plus diffusés, il a fait quoi?". Sachant que le gars jouit encore d'une popularité et estime musicale immenses, la question est donc de savoir dans quelle mesure le concert de louanges, en particulier sur son talent et sa créativité musicale, est justifié. Chez moi ça signifie: faut que je cherche, que je fouille, que je creuse.
Et donc, je cherche, fouille et creuse depuis quelques mois... et je me rends compte que, en effet, je suis passée à coté d'un sacré phénomène, et qui cachait quelqu'un de plus nuancé que ce qu'on en disait à l'époque.

Courts-circuit: le concert de louanges est justifié. rendez-vous au prochain sujet.
Long circuit: voilà pourquoi je pense qu'il est justifié. Prenez un café, ça va être long. Faut que je développe.

- Iconoclaste, imprévisible, provocateur, aux textes ouvertement sexuels, aux tenues excentriques, oui... mais pas que.
- Musicien, multi instrumentiste hyper talentueux, arrangeur, chanteur à la voix incroyablement agile danseur aussi... oui, mais pas que.
- Star mégalomane... hé bien,"pas exactement". Confiant en ses capacités, ambitieux, exigeant voire casse-burettes patenté professionnellement (un type infatiguable qui avait du mal à comprendre que les autres n'arrivent pas à suivre la cadence, et tellement perfectionniste qu'il déléguait le moins possible pour avoir un maximum de contrôle sur sa production). Ca peut être pris pour de l'arrogance, mais c'est assez différent.
Ce qui ressort des témoignages des gens qui ont assisté aux concerts, hors scène l'artiste était en fait à l'inverse:  très timide, poli, accessible mais très proche de son public. Et ce qui saute aux yeux en interview, également doté un bon sens de l'humour et une intelligence aiguisée, ce qu'il faut, mine de rien, pour planquer des messages politiques ou religieux sous la provocation. Oui, oui.

Donc un artiste au final très attachant dans la sincérité qui transparaît par petites touches au delà du provocateur rigolo. Et si on rajoute une propension à se foutre royalement de l'avis de ses détracteurs, c'est exactement le genre d'attitude que j'admire. Sachant ça, c'est dommage que je n'aie pas eu le déclic avant, tant pour la musique que pour la personnalité haute en couleurs du gars.

A l'époque, les médias parlaient moins de l'artiste profondément original que du "rival excentrique de Michael Jackson, aux textes salés". Réducteur, mais surtout, d'un point de vue musical, sans objet. Les deux sont différents pour moi. Jackson est plutôt quelqu'un que j'écoute en faisant autre chose, ses tubes sont dansants et j'aime bien, mais à part le début de sa carrière, je trouve le reste assez rapidement oubliable. On tourne un peu en rond. Il manque de " facteur Wow", ce moment où on s'arrête parce qu'on est bluffé par ce qu'on entend. De plus il était certes très bon chanteur et danseur, mais pas musicien.
Il n'y a pas ce genre de risque avec Prince. On ne peut même pas dire qu'il rivalisait avec lui-même sur ses précédents disques, vu qu'il semblait mettre un point d'honneur à ne pas faire deux fois d'affilée la même chose, et à aller exactement là où personne ne l'attendait. En tout cas, il y a tant de moments "Wow" que je me pose, avec un casque, et je me délecte des accords et constructions parfois bien tordus des morceaux les moins connus. Mais tout bien pesé, à 15 ans j'aurais probablement manqué de bouteille musicale pour pleinement apprécier cet aspect-là.

Le pire, c'est que des occasions ratées de m'y intéresser, il y en a eu plusieurs.

La première fois que j'ai réellement vu l'interprète, c'était comme beaucoup de gens avec le film Purple Rain, mais dans une circonstance défavorable. En Allemagne, en 1990, donc déjà plusieurs années après la sortie du film. Ma correspondante l'avait loué au vidéo club pour le voir avec des copains, et, comme c'était une VOST allemand, autant dire que je n'ai pas tout compris. Le sujet pour moi était " les déboires d'un musicien qui galère à s'imposer dans un domaine ultra concurrentiel et a des problèmes familiaux à régler pour pouvoir avancer". Mais guère plus, je ne l'ai pas revu depuis, donc... je n'en sais toujours pas plus. A revoir.

J'en avais retenu 3 choses:
- La musique était excellente.
- Le film met en avant la couleur violette, c'est ma couleur favorite, donc c'est cool.
- "😮", qu'on peut à peu près traduire en:  "La vache, ce type est d'une beauté stupéfiante!".

Moi qui apprécie les gens originaux et les apparences atypiques, autant dire que là, rien à objecter. Et pourtant, je ne suis pas allée chercher plus loin, même si la moi de 15 ans et la moi de 46 ans sont toujours d'accord à ce sujet. Je l'ai dit, je le dis et je le dirai, j'ai rarement vu quelqu'un avec des traits aussi fins et réguliers. Avec son petit format et son visage de poupée, il EST d'une beauté stupéfiante, quelles que soient ses tenues et ses coiffures (eut-il été plus grand d'ailleurs, il aurait peut être été moins étonnant)

Rétrospectivement, tout le contexte social du film m'est passé au dessus. Pour moi, le personnage central avait des problèmes familiaux qui plombaient son quotidien, comme beaucoup de gens. Mais, à aucun, je dis bien aucun moment, je n'ai remarqué une chose qui saute pourtant aux yeux: sa couleur de peau. Je vous jure que je n'ai rien vu de spécial, effet "😮" mis à part.
J'en suis restée à " 'est une film sur un musicien, donc on a engagé un vrai musicien pour tenir le rôle et fournir la BO, c'est logique" (sans savoir qu'il avait été en fait à l'origine du projet). Je l'ai dit précédemment, j'ignorais totalement le coup des programmations sur les radios différentes aux USA en fonction de votre tête, ce qui limite l'audience et augmente la difficulté à se faire connaître.

Donc, première rencontre avec l'ami Prince, mais, loupé....

Seconde rencontre, vers 1992, via ma prof de danse. Je faisais de la danse jazz, la prof avait le CD et on s'échauffait régulièrement sur Cream ou Get Off.
Là aussi, ça me fait beaucoup rire quand j'y repense, parce qu'imaginer des gamines de 13 à 18 ans s'éclater sur ces titres aux paroles à double sens ou estampillées "parental advisory". On voit bien qu'on était en France et pas aux USA, et que personne ou presque ne comprenait, ou n'y prêtait attention. Pas une plainte de parents.
J'avais bien aimé aussi ces quelques chansons, mélange de jazz-funk et hip-hop, pas du tout ce que mes camarades écoutaient. Mais, pour X raisons, je ne suis pas allée chercher plus loin cette fois non plus. Deuxième rendez-vous raté. Et puis, il est plus ou moins passé sous les radars, a pris une orientation plus jazz, visuellement plus sage, les médias s'en sont désintéressés et n'en ont quasiment plus parlé, les sorties de disques passaient inaperçues au point que je n'ai carrément plus pensé à aller fouiller à la médiathèque.

Et finalement...

Ce n'est paradoxalement que depuis la mort de l'artiste que des archives et vidéos sont disponibles en ligne, et que j'ai réellement découvert ce dont il était capable. Sur une scène immense, dans un stade devant des milliers de spectateurs, dans des clips tellement barrés qu'ils ont un côté cartoonesque, mais aussi et surtout, lors de prestations confidentielles, en acoustique, où on se dit que franchement oui, quelqu'un qui sait mettre l'ambiance dans cette circonstance où on est à poil, c'est le signe qu'on est bon (enfin, à poil musicalement parlant, pas comme sur la couverture du bien nommé Lovesexy; je préfère préciser parce que, bon, avec celui-là, tout était possible y compris se désaper sur scène. Là par exemple. L'image est très mauvaise, mais c'est trop drôle!).

Et je trouve des pépites qui sont rarement les morceaux les plus connus. Franchement, on sortirait un titre comme ça  même maintenant, il y aurait du potentiel à tube. Et le petit détail qui fait tout le sel, il n'y a qu'une seule personne: vous entendez du son partout, plusieurs voix et instruments, mais il est seul dans son studio. Oui, oui, toutes les voix, les instruments (à l'exception des vents),  les arrangements dans la plupart des cas, le mixage sont faits par UN type seul aux manettes, et c'est CA, sa marque de fabrique, ce qui fait toute la différence. Je comprends maintenant l'appellation de "génie musical".

Allez, sélection sur scène. Je vous jure, là, je regrette vraiment de l'avoir méconnu de son vivant, les concerts semblaient tellement festifs que je me serais débrouillée pour y aller au moins une fois.

- Funk/ soul à la James Brown. Avec solo de basse en prime. Kiss, un de ses plus gros cartons internationaux, n'est pas forcément un morceau que j'adore, mais cet enthousiasme et cette énergie communicatifs, ouiiii, j'ai juste envie de danser jusqu'au matin devant la scène (et cette tenue improbable m'éclate totalement. Fallait oser porter ça et ressortir le look disco en 1999. Prenons au passage quelques instants pour admirer le fait qu'il a ici 41 ans et une silhouette parfaitement juvénile)

- Endorphinemachine, à Nulle part ailleurs. Ce titre bien rock et la guitare me donnent la patate à tous les coups. Fringues de curé et.. texte qui parle de plan à trois avec des cordes.  Quand je vous disait que ce type était attachant, il pouvait y avoir un double sens. Pour ça se référer au clip de Automatic, je vous laisse aller chercher une fois de plus.

Je vais revenir sur ce que dit de Caunes, au sujet du changement de nom: à l'époque, je me souviens que ça avait été présenté comme un coup de pub ou un caprice de diva pour relancer une carrière qui menaçait de s'essouffler. Point du tout. Il venait de casser un contrat colossal avec sa maison de disque et a dû renoncer à ce qui n'était pas son nom de scène ou un pseudonyme, mais son vrai prénom, pour régler ça et pouvoir prendre son indépendance artistique. La raison était bêtement juridique. Il a récupéré le droit de se produire sous son nom quelques années plus tard et est donc redevenu Prince.
Petit détail savoureux, le symbole se prononce entre autres " l'artiste qu'on connaissait auparavant en tant que Prince". C'est un doigt d'honneur assez génial face à cette privation pendant quelques années du droit d'utiliser son nom. On le voyait parfois à cette époque avec le mot "slave" inscrit sur la joue. Pour un noir américain, vous imaginez en effet ce que ça peut évoquer d'être privé du droit de porter son nom.

Et avec ce look, dont je trouve qu'il lui va particulièrement bien, je reviens aussi sur le côté androgyne. (Si si, j'en connais qui avant d'entendre la voix auraient dit " ouah, la chanteuse est jolie!". Oups, non, ce n'est pas une jolie fille, mais un homme et, qui plus est, le genre à avoir autant de succès féminins que Don Juan)
Je l'ai dit ailleurs, mais j'ai toujours été particulièrement attirée par les gens et surtout les hommes qui  cassent les codes de genre, en s'éloignant du modèle attendu. Le logo féminin-masculin avait aussi fait parler de lui. Symbole de la bisexualité? Hé non, c'était plutôt l'idée de rassembler tout le monde par la musique, hommes, femmes, noirs, blancs, hétéros, homos, nous sommes tous le genre humain, on s'en bat des différences. En clair, " je fais ce que je veux, je ne serai pas ce que vous attendez de moi" (et ça il le dit depuis l'excellent Controversy). Purée, j'aurais vraiment dû m'y intéresser avant!

En soi, j'ai l'impression qu'avec ses textes souvent ambigus au niveau du genre et des rôles sociaux ( I wanna be you lover, par exemple), ses orchestres mixtes*, ses tenues farfelues, sa révolte contre les majors, il a fait avancer pas mal de causes presque sans chercher à le faire, précisément parce que la musique est un "soft power".
* Car oui c'est aussi une chose à noter, dès le début des années 80, il a recruté des musicienNES. Non pas par souci d'inclusivité, le concept n'existait même pas, ou pour mettre une jolie fille sur scène et attirer un public masculin. Mais simplement parce qu'il n'y avait aucune raison de ne pas engager par exemple une excellente batteuse si c'était elle qui convenait le mieux. Et on voit ça et là sur scène des femmes, pianiste, batteuse, guitariste, saxophoniste, bassiste... mises en avant pour leurs compétences. Peu de gens l'avaient fait auparavant et ça a validé la place des femmes sur une scène pop/rock, à niveau égal avec les hommes. MERCI!

- Je parlais du Super Bowl la dernière fois, je ne résiste pas à vous rajouter sa prestation, probablement une des plus épiques qui ait été filmée, parce que pile au moment du concert, avec tout le matos électrique, le groupe s'est pris une pluie battante. Réaction du gars qui chantait Purple Rain (je n'allais pas vous l'éviter quand même): "Annuler? Non, mais, vous ne pourriez pas faire pleuvoir un peu plus fort, c'est un accompagnement parfait." Oui, ils auraient pu se prendre la foudre, c'était super dangereux, ils ont fini trempés le public est resté, il y a probablement eu quelques angines des deux côtés de la scène, mais le concert à eu lieu, sans la moindre électrocution. Quand tu as réussis à te mettre même la Nature dans la poche!
Au passage " Can I play this guitar? " est une question rhétorique à laquelle personne n'a jamais dû répondre " non, c'est sympa de proposer, mais pas trop envie, je préfèrerais un solo de xylophone".


-  Damn' U...non, toujours pas de xylophone, mais un peu de jazz vocal à la Nat King Cole, et je trouve que c'est un parfait exemple pour illustrer ses capacités vocales vraiment hors du commun. Cette descente dans les graves à 2'52, sans le moindre accro est magnifique. De la dentelle vocale. On vient de voir la rock star avec un solo de guitare bien pêchue, mais c'était un jazzman dans l'âme. Allez, si vous ne devez écouter qu'un titre de ma sélection, c'est celui-là. Posez-vous confortablement, mettez le son et profitez.


- Musicology.  Encore du jazz, mais plus dynamique.


- Cream, en reprise blues à la Robert Johnson de ce qui était un tube déjà sympa, mais la version acoustique et le jeu avec le public sont excellents. Dommage qu'il n'y ait pas plus d'enregistrements acoustiques, parce que wow, je préfère carrément cette version ultra cool et la proximité avec le public humanise la vedette.

Le concert était en 2004. Il est né en 1958. Oui, on peut refaire les calculs, cet homme a ici 46 ans et paraît beaucoup plus jeune. Mère nature devait être contente de son taf, puisqu'à 56 ans, il n'avait pas changé, hormis la coiffure. Je vous l'ai dit, il a réussi à se la mettre dans la poche.
Et moi, je n'ai pas changé d'avis entre tout à l'heure et maintenant, je maintiens haut et fort que peu importe l'âge, les fringues, la coiffure ou le maquillage de scène, ce gars est d'une beauté incroyable. Mieux, ce qui m'avait échappé à l'époque parce que j'étais trop jeune pour faire la différence entre apparence et attitude, il est aussi d'un charme incroyable, ce qui n'est pas DU TOUT la même chose.
Donc voilà, à toutes celles qui se désolent que le Prince Charmant ne vienne pas leur chanter la sérénade parce qu'il n'existe pas, ben si, la preuve. Vous n'avez juste pas bien cherché, je l'ai trouvé en 3 clics, et "charmant " est un seul des adjectifs possibles (oui, je sais, cette blague était évidente, et bien trop tentante pour ne pas la faire)


Du blues-rock, juste histoire de prouver qu'en fait, ce gars savait tout faire. En fait, sans rentrer dans des détails d'analyse musicale que je ne maîtrise pas non plus tout à fait, il prend la quintessence du style blues (répétitions de phrases, alternance de réponses voix/guitare...), mais il le distord pour en faire du blues à sa sauce. Et au final on se dit, c'est du blues, mais pas tout à fait. C'est un musicien qui a une très bonne culture musicale, une connaissance intuitive des genres qu'il a entendu et intégrés probablement depuis le jour de sa naissance et donc, peut facilement en faire ce qu'il veut.
Avec en plus de l'humour et des grimaces. Là, sur ce concert il remplace des gros mots par des effets de guitare, et des sous-entendus salaces par des phrases anodines (le mec qui dit qu'il va ramener une nana à son hôtel et passer la soirée... à lire et regarder la télé. Beaucoup de gens font des chansons qui ont l'air anodines et cachent des doubles ou triples sens, et là, c'est l'inverse) . Je ne peux pas l'intégrer directement parce qu'elle n'est pas sur youtube, mais en plus musicalement, ça décoiffe, c'est tout ce que j'aime! En tout cas, je m'agite une fois de plus sur ma chaise. Clic clic.


Pour en savoir un peu plus sur l'impressionnante carrière et la non moins impressionnante discographie du monsieur, il y a ce podcast, (yep LE fameux podcast dont je parle depuis des semaines) qui lui est presque entièrement consacré. Certains morceaux auxquels j'avais accroché ont reçu une explication, et mon avis a évolué sur d'autres, en en connaissant le sens ou la structure. C'est passionnant et très intéressant d'aborder la carrière d'un artiste contemporain avec autant de sérieux que pour le jazz ou la musique classique.

Mais comme j'aime bien les trucs bien bizarres, bien barrés, en gros, plus ça sonne original et inhabituel, plus ça a des chances de me plaire.

Encore un morceau qui me parle particulièrement: If I was your girlfriend. Je trouve le texte très intéressant. Pour mieux y coller d'un point de vue sonore, il a trafiqué sa voix en modifiant les vitesses d'enregistrement, pour arriver à un résultat volontairement irréaliste et flou, se fabriquant un alter égo vocal nommé " Camille", à l'identité et au nom ambigus. "Camille" se demande pourquoi sa petite amie ne lui fait pas pleinement confiance, et essaye de se mettre à sa place en lui disant en gros " si c'était l'inverse, si j'étais ta petite amie, est-ce que ce serait différent?". Ben oui, ça me parle forcément, une chanson dont l'enjeu est de se mettre à la place de quelqu'un d'autre, d'envoyer bouler les stéréotypes, et qui brode sur le fait que la confiance est moins dans les grandes phrases que dans les petits gestes quotidiens. J'aime beaucoup la conclusion "regarder ensemble le silence et imaginer à quoi il ressemble". Très jolie idée poétique.

Il apparait que comme beaucoup de gens je m'étais fait une fausse idée à cause des médias qui faisaient dans la facilité, évoquaient tous sauf les aspects qu'il aurait fallu mettre en avant pour me convaincre (l'originalité, la créativité, l'excellence musicale, la dinguerie des concerts et les textes certes provocateurs, mais souvent à plusieurs niveaux de lecture). D'une part je regrette de m'être laissée berner par les apparences, MAIS, d'une autre comme tout arrive au bon moment, je me dis que sans tout le bagage musical qui a précédé, je n'aurais peut être pas tant accroché et en particulier aux bizarreries.

Ho et puis tiens, voilà, je me suis fait, et je vous ai fait une playlist toujours en cours d'augmentation, des morceaux que je préfère depuis le premier disque, en essayant de limiter à 3 par album ( et c'est très difficile, surtout pour "Controversy" et " Around the world in a day" que j'ai kiffés de bout en bout), et donc beaucoup d e morceaux moins connus que ceux qui passaient le plus souvent à la radio.

De disque en disque, il a su m'embarquer dans sa vision kaléidoscopique du monde. Un peu comme si je retrouvais un pote farfelu, le genre qui sait toujours vous faire marrer et vous mettre de bonne humeur, mais aussi vous plonger soudain dans une réflexion philosophique sans que vous ne l'ayez vue arriver. Un musicien excellent et éclectique, qui s'éclate sur scène avec une énergie communicative, un type talentueux et drôle, qui utilise la provocation pour faire passer des messages plus profonds qu'il n'y parait, qui promeut l'égalité et l'absence de préjugés... Je ne pouvais pas ne pas tomber sous le charme de cette personnalité originale, probablement épuisante au quotidien pour ses proches, mais irrésistible pour le public.

Et ce n'est pas fini, on estime à plusieurs centaines le nombre de morceaux enregistrés qui attendent dans les archives en cours de tri. Nous n'avons pas fini d'entendre parler de lui, s'il y a encore l'équivalent de dizaines de disques en attente.

Encore un coup de foudre artistique, après Charles Baudelaire, Caravage, et le grand Niko!

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