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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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mercredi 30 avril 2014

Le sceptre d'Ottokar - Hergé

Mois Belge oblige, comment passer à côté du plus célèbre dessinateur du pays.

Il faut dire que je suis novice en matière de Tintin, hé oui.. j'avais essayé d'en lire quand j'étais gamine, et je n'avais pas accroché. Donc, j'ai pris, au pif, le premier tome trouvé chez un bouquiniste, et c'est parti pour les aventures de Tintin, qui se retrouve ici embarqué malgré lui dans une tentative de putsch en Syldavie, obscur petit pays des balkans: des révolutionnaires on prévu de dérober le sceptre royal, et sans l'insigne de son pouvoir, Muskar XII , actuel roi du pays, devra abdiquer. simple comme bonjour! Par un concours de circonstance, Tintin accompagne un savant, le professeur Halambique, parti étudier la sigillographie en Syldavie. Mais le professeur est louche, et Tintin ne tarde pas a découvrir le pot-aux-roses: c'est un coup monté pour destituer le chef d'état. Il va falloir avertir le roi, ce qui n'est pas gagné, dans ce pays où la corruption règne à tous les niveaux. Hélas le sceptre est volé avant que le souverain soit averti, il va donc falloir le retrouver.

Bon, ben, finalement, je n'accroche pas plus que quand j'étais plus jeune, mais au moins je peux dire ce qui me gène: Hergé est un bon dessinateur, mais comme scénariste, j'ai du mal. La même BD avec un autre scénariste en fait, je pense que ça serait mieux passé. Ici, j'ai un petit souci avec la narration, parfois trop bavarde : sans mentir, je n'ai jamais vu autant de texte dans une même bulle, certaines prennent plus des deux tiers de la case, là où une notation comme " après avoir tout raconté à la police".

voilà ce que je veux dire en parlant de bulles immenses. en fait, le même texte scindé en 2 bulles plus petites aurait été plus "digeste"
 Et parfois c'est l'inverse, il y a des trous narratifs : le vol de l'avion par exemple: hein? mais.. chais pas, une case, où on voit Tintin s'approcher pour voler un avion non, ça n'aurait pas été de trop. Non, on le voit dans la campagne se demander " tiens un avion où va-t-il atterrir", puis deux gardes qui discutent.. et Tintin aux commandes de l'avion déjà dans le ciel.

Après, mais ça c'est une constante, sauf que ça me fait toujours marrer: quand un BD se passe à l'étranger, ici, un pays dont l'écriture et la langue est cyrillique ( voir " gendarmaskaia" écrit en alphabet cyrillique), c'est bête à souligner mais: le héros n'est pas censé comprendre, d'où l'incompréhension avec les deux paysans qu'il rencontre en arrivant dans le pays. Sauf que par la suite, ben, tout le monde parle couramment français, la police, le quidam, même les conspirateurs entre eux. Même les panneaux, les tracts, les lettres sont en français, pas la moindre petite convention graphique pour essayer de continuer sur la lancée , chais pas moi, un R ou un N à l'envers par ci-par là, juste pour la forme?  dommage, il avait commencé , mais n'a pas poursuivi sur sa lancée. Mais c'est marrant, la devise syldave '" Eih bennek, eih blavek"  sonne très belge en fait !
voilà quelque chose comme ça, ça aide l'immersion dans le contexte " étranger"

Je sais, je pinaille, la BD date de 1938, le langage graphique  n'était pas encore vraiment en place. Mais bon, du coup, pour une BD de 1938, c'est pas mal, sauf que, d'un point de vue narratif, et c'est ce qui compte le plus pour moi, ça a assez mal vieilli.

Par contre il est très intéressant de voir qu'une BD de 1938 par le tentative de coup d'état, de menaces d'invasion entre 2 pays voisins ( la Syldavie et la Bordurie) avec un traitre nommé Musstler. Toute ressemblance avec DEUX dictateurs de l'époque... LA première édition était d'ailleurs en noir et blanc, la version colorisé date de 1947, donc , après les tristes événements qui menaçaient. C'est la réédition que j'ai, donc je le mentionne après avoir fouillé le net: album colorisé avec la colaboration d'une autre célébrité de la BD belge: Edgar P. Jacobs

En fait voilà: graphiquement, j'aime bien, narrativement,  beaucoup moins, mais le contexte et la transposition des événements de l'époque sont très intéressants. Du coup je l'ai lu avec intérêt, mais sans être passionnée par l'histoire, si vous voyez ce que je veux dire.
Bon j'ai encore le Crabe aux pinces d'Or et On a marché sur la lune, quelque part, donc je re-tenterai le coup
Bd+ classique
pays imaginaires: la Syldavie et la Bordurie
un roi
une première lecture ( sur 3) pour le challenge tintin de Myrtille!
idée 142: quelque chose avec des poils: un chien

mardi 29 avril 2014

Titus d'Enfer - Mervyn Peake

Voilà un livre qui m'aura bien donné du fil à retorde, involontairement. On me l'ai pre^té il y a bien 2 ans maintenant, et à chaque fois que j'ai commencé à le lire, il m'est arrivé un contretemps: soit j'étais malade et je n'arrivais pas à me concentrer ( et la salle d'attente du docteur est parfois très bruyante), soit c'était une invasion de touristes au travail ( m'obligeant à lire paragraphe par paragraphe , et donc me forçant à revenir sans cesse en arrière), un décès dans la famille, etc.. ( y'a Paris, Ma bonne ville de Robert Merle aussi, qui subit le même genre de malédiction)

De plus après l'avoir lu, j'ai aimé, mais j'ai du mal à le qualifier. impossible de lui trouver une étiquette. Je peux dire ce qu'il n'est pas, mais pas ce qu'il est . Ce n'est pas du roman standard, ce n'est pas de la science-fiction, ce n'est pas à proprement parler du fantastique ni de la fantasy. Le plus approchant, ça serait onirique? grotesque?
pourtant le sujet de base est simple:
la vie, au quotidien de la noble famille de Gormenghast et de leurs domestiques dans son immense château, sur un peu plus d'une année.
Il y a Lord tombal, le comte de Gormenghast, un homme depressif et solitaire, qui passe le plus clair de son temps dans sa bbibliothèque.
Il y a la comtesse Gertrude, sa femme, une géante qui se désintéresse de tout, à l'exception des animaux. Et encore, pas tous: elle élève exclusivement une armée de chats blancs et des oiseaux de toutes sortes.
Il y a Fuschia, leur fille. Ses parents ne se préoccupent absolument pas d'elle, d'où une nature plutôt asociale, ses seuls contacts humains sont Nannie Glu, sa vieille nounou et le docteur Salprune ( qu'elle nomme docteur Prune), qui joue presque le rôle de père de substitution pour elle.
Voilà pour la famille.
Autour d'eux gravite un monde de domestiques, tous plus étranges les uns que les autres: Nannie Glu, qui s'est occupée de Fuschia depuis sa naissance, une vieille dame minuscule qui passe son temps à geindre; Craclosse, le valet du compte, grand et maigre, déginguandé, dont les articulations craquent au moindre pas; et Lenflure, le cuisinier, énorme, bruyant, vulgaire, l'anthithèse du distingué Craclosse ( les deux se vouent d'ailleurs une antipathie féroce)
Il y a encore plus épisodiquement, les jumelles Cora et Clarisse, soeurs absolument identiques de Lord Tombal, deux ambitieuses idiotes qui rêvent de pouvoir et se morfondent sans cesses sur leur "grandeur passée" que leur à volé Gertrude ( pourtant, un des rares personnages qui se fiche totalement de l'idée de pouvoir);  Irma Salprune, la soeur du docteur, une vieille fille maigrichonne qui se croit un parangon d'élégance raffinée; et Grisamer ( puis dson fils Brigadin qui prend la relève), les vieux gardiens des traditions.

Car toute cette famille vit au rythme de traditions ancestrales, réglées comme du papier à musique, qui doivent prévoir tous les cas de figure possible, on fait ceci tel jour à telle heure, et il ne faut pas avoir une seconde de retard, sinon.. c'est une catastrophe ( pour qui?).

Tout ce petit monde vit plus ou moins reclus dans un château au proportions gigantesques, entouré d'une région indéterminée où vivent les gens de l'extérieur: les Brillants sculpteur, un peuple qui s'est spécialisé dans la sculpture sur bois, et une fois l'an, le monde intérieur rencontre le monde extérieur lors d'une expositions ouù le comte choisit les sculptures qui lui plaisent le plus, pour les exposer dans son musée personnel où personne ne va jamais. Le monde des sculpteurs est d'ailleurs lui aussi soumis à des règles très strictes auxquelles il ne faut pas déroger..

On en est là, au début du livre quand se produisent au même moment deux événements qui vont mettre à mal cette organisation taillée sur mesure: la naissance tant attendue de Titus le nouveau fils de la famille. Tout le monde ou presque s'en fout. Fuschia continue à se penser fille unique ( mais commence à développer des envies de révolte contre le système), le comte et la comtesse ont fait leur devoir, et seule Nannie s'intéresse au nouveau venu ( qui pur couronner le tout est moche, avec un crâne proéminent et des yeux violets vif). Mais les festivités de son baptême vont mettre au jour les inimitiés entre Lenflure et Craclosse, entre Gertrude et les Jumelles, entre Fuschia et le monde entier.

Et, plus important encore, c'est le moment que choisit Finelame, un commis de cuisine de Lenflure, pour se faire la malle et s'insinuer de plus en plus dans la famille: car Finelame rassemble deux qualités redoutables, il est à la fois ambitieux et intelligent, et voit de suite quel parti il peut tirer des rivalités et des situations. son projet étant d'arriver au somment de la hiérachie, quitte à passer par des voies détournées, malhonnêtes ou illégales: arriver chez Fuschia par les toits, se faire présenter au docteur, via le docteur, s'insinuer chez les jumelles et mettre de l'huile sur le feu - c'est le cas de le dire, en les poussant à incendier la bibliothèque de leur frère. Se présenter tout à fait par hasard et sauver la famille, devenir l'homme providentiel, être partout, etc...

J'ai bien aimé ce récit énorme, à la narration éclatée ( souvent des chapitres qui se suivent dans le récit se précèdent dans l'histoire, c'est aussi tordu que l'architecture du château), aux personnages farfelus ( J'aime beaucoup Fuschia et le docteur, dandy presque trop élégant pour ce lieu décrépi, j'ai plus de mal avec Nanny, qui synthétise 3 traits que je déteste dans la réalité: la vieille dame qui parle et n'écoute jamais + la vielle dame qui se plaint sans cesse" ha mon pauvre coeur, mes pauvres os..."+ a vieille dame qui donne des surnoms idiots à tout le monde ( moi roi, mon coeur, ma furie, ma folie, ma fourbue...)
Par contre j'ai moins aimé les incursions dans le monde du dehors, finalement rop peu différent dans sa hiérarchie que celui de l'intérieur.

Mais didiius, que c'est épuisant à lire, il faut une attention de tous les instants. J'ai essayé de penser à une adaptation ciné. Ca serait quasiment impossible, il y a des moments que je verrai bien en dessin animé, d'autres en jeu de marionnettes. Mais vu que le décor et son immensité jouent un rôle central dans l'histoire, ça serait quand même une tâche ardue.
La préface parlent de l'erreur qu'il y aurait à le comparer à du Kafka, et en effet, je n'ai pas eu cette sensation à la lecture, pour moi ça serait plutôt l'équivalent écrit des prisons de Piranese ( architectures démentes et personnages minuscules qui s'y perdent), parfois de Brughel ( la cuisine)
Je vous assure, pour moi c'est l'équivalent de ça, en littérature.
apparemment il peut rentrer dans le lot pour son influence sur le fantastique, 'auteur a plus ou moins été comparé à Tolkien, donc bon...
lieu isolé, avant 1950: le château ( et la montagne ) de Gormenghast
ben , auteur anglais, une fois  de plus!
un comte et une comtesse
idée 71: quelque chose dont ont peut être phobique: l'orage, les éclairs, ( pas mon cas!)

lundi 28 avril 2014

Le Faucheur - Terry Pratchett

Bon anniversaire à Terry Pratchett , né un 28 avril. Et à cette occasion, c'est lecture commune chez les geeks.
pour s'en sortir dans cette forêt de tomes

Après avoir lu quasiment tous les tomes liés à Rincevent (il me manque le dernier Héros, que je n'ai pas trouvé, et Allez les mages) le mage qui ne connait aucun sort, j'ai obliqué vers la Mort, au motif que je l'ai croisé plusieurs fois dans les tomes mentionnés,  et que j'adore ce personnage.
réedition: je trouve cette couverture de Marc Simonetti plus réussie que l'originale en fait

après Mortimer l'an dernier, j'ai logiquement enchaîné sur "le Faucheur". Dans Mortimer, la mort partait en vacances avec le résultat qu'on sait ( son apprenti avait mis une jolie pagaille dans le continuum spatio-temporel en décidant de sauver une de ses "clientes"). Cette fois, la Mort se retrouve mis à la retraite anticipé par son chef: car oui, la Mort  a un supérieur, il n'est la Mort que pour le disque-monde, c'est Azrael qui supervise tout ça, renseigné par son équipe de "contrôleurs du temps". La Mort a tendance a développer une personnalité, et au goût des contrôleurs, c'est inacceptable. Avoir une individualité, c'est vivre, la Mort ne peut vivre, c'est incompatible avec son travail, CQFD. La Mort est donc mis à pied. Les contrôleurs ont juste oublié un détail qui a son importance. Tout ce qui vit doit mourir. C'est vrai partout dans l'univers et aussi sur le disque. Or on a oublié de prévoir un successeur, et tant qu'il n'y en a pas, tout ce qui doit mourir à ce moment là se retrouve coincé entre 2 états. Tout! Humains, animaux, plantes...
Et tous ces esprits n'ayant nulle part où aller vont déclencher une épidémie de "mort-vivantitude" Sur le disque. Même les objets inanimés vont être contaminés par l'excès de force vitale non recyclée.

Pendant que la Mort, devenu vivant, donc mortel (oui, suivez un peu!) décide d'aller utiliser le temps qu'il a enfin en se servant de ses talents en tant que faucheur professionnel chez une paysanne nommé Melle Trottemenu, à l'université de l'Invisible, Vindelle Pounze, 130 ans ( équivalent humains? ou 130 années discales?) attend impatiemment de mourir. Comme il est mage, c'est pratique: il connait déjà l'heure de son départ à la minute près, ce qui permet déjà de l'inscrire sur son agenda , et de se voir offrir un véritable "pot de départ" par ses collègues. Mais la Mort n'est pas au rendez vous, il ne reste donc au fantôme de Vindelle qu'à réintégrer son corps devant ainsi le premier mage-zombie d'Ankh-Morpork.

Inutile de développer plus, c'est quasiment impossible à résumer. sachez seulement que ce livre contient
sans le titre c'est encore mieux . Un illustrateur que je vais suivre de près

- La Mort en salopette et sabots ( j'aime beaucoup la couverture qui parodie l'angélus de Millet)
- Un mage zombie
- le "club du nouveau départ", un véritable syndicat de monstres qui réclame l'égalité des droits avec les vivants. On y trouve un zombie qui tague ses revendications sur les murs, deux vampires parvenus, un esprit hurleur affublé d'un défaut d'élocutions qui doit donc se contenter d'écrire ses hurlements sur un papier et de les glisser sous les portes. Un "homme -garou", un loup tout à fait classique qui une fois par mois est victime d'un sort: il cesse de hurler à la lune, perd ses poils, parle et marche. Et le seul cas connu de croque-mitaine agoraphobe, qui ne se montre jamais.
- l'apparition de la Mort aux rats ( et de la Mort aux puces, car chaque espèce a droit à la sienne)
- une cendrillon septuagénaire.
- un duel à la faux entre la nouvelle Mort et l'ancienne Mort, façon Western
- une référence aux "aventuriers de l'arche perdue"
- une génération spontanée de boules à neiges et de caddies de supermarché
- un pleine bouteille de sauce " wow-wow"
- des jurons qui se matérialisent ex-nihilo ( à cause de la force vitale en surplus), et suivent leur "papa" sous forme de petits monstres. Et il faut préciser que l'Archichancelier Mustrum Ridculle a le langage d'un marin fin saoûl...

Après, je n'ai pas aimé ce tome à 100%, moins que Mortimer par exemple. Tout ce qui a trait à la Mort et à ses aventures champêtre est excellent, à la limite du métaphyqique. Et le personnage évolue de manière de plus en plus humaine, après avoir fait l'expérience de l'angoisse de la mortalité. Et son amitié avec les villageois, avec une fillette, et avec sa patronne est vraiment adorable. Il est "chou" (enfin, si on peu dire qu'un squelette de 2 m 10 armé d'une faux est chou)
Tout ce qui a trait à Vindelle et au club du "nouveau départ" est très drôle aussi.
J'ai moins accroché à l'histoire de l'invasion de boules à neiges et de caddies et au supermarché comme allégorie de la zombification des masses. En fait, c'est une image trop facile je trouve. Et pas génialement exploitée ( Ca donne l'impression que l'auteur est parti sur une idée et ne savait plus trop quoi en faire, donc est brutalement passé à autre chose. De trop terrestre. Qui ne cadre pas avec la "réalité" habituelle du disque. Donc même s'il y a des moments drôles ( et si, enfin! la bande de bras cassés de l'université de magie arrive à faire des sorts dignes de ce nom), je ne sais pas, ça fait un peu cheveux sur la soupe, ça cadre mal avec le ton finalement assez pessimiste mais poétique des aventures de la Mort, ou pessimiste-rigolos des aventures des morts vivants.
le club du nouveau départ ( illu de Paul Kidby)
Avec en prime, une petite référence interne au Fabuleux Maurice et ses rongeurs savants (qui est LE roman du disque monde que j'ai préféré jusqu'à présent). Et en fait, le Faucheur est antérieur à Maurice, Je me demandais pourquoi la référence avait un truc qui clochait:
Dans Maurice, la supercherie n'est découverte que tard dans le roman, et la Mort aux rats existe depuis déjà un certain temps
Dans le Faucheur, on dit incidemment que Maurice et sa bande ont été chassés d'une ville pour avoir tenté d'arnaquer les habitants. Et la Mort aux rats n'apparait ( n'est créé) que bien plus tard.


Mais c'est dit, à ce jour mes chouchous restent la Mort et Cohen le barbare, suivis de près par Rincevent (enfin, précédés, en hurlant et en courant le plus vite possible, par Rincevent)
Bon ben , si je ne trouve pas le Dernier Héros, j'enchaînerai sur " accros du roc"
Quand je pense qu'il y a une adaptation ou la Mort est doublé par Christopher Lee, c'est l'évidence même, il doit bien être le seul acteur au monde à pouvoir parler en majuscules!
spécial Pratchett
Ben, comme qui dirait.. auteur anglais, hein...
monde imaginaire récent: le disque-monde
idée n°16: un outil: la faux!

jeudi 24 avril 2014

L'oiseau bleu - Maurice Maeterlinck

Il était temps que je me décide à commencer le défi " prix Nobel de littérature" proposé sur le forum de Babélio. et si possible en le combinant avec un autre challenge. c'est chose faite grâce à M Maeterlinck, prix Nobel en 1911 (et unique écrivain belge à ce jour à avoir reçu cette distinction)

"La grande famille" tableau de Magritte. comme je n'ai pas de couverture, j'illustre un auteur belge par un peintre belge
L'oiseau bleu nous raconte l'aventure de Tyltyl et Mytyl, frères et soeurs, les deux survivants d'une grande fratrie, la veille de Noël. La famille Tyl est pauvre, et les enfants regardent avec envie leurs voisins se préparer à festoyer pour un somptueux réveillon , et n'ont pas d'autre refuge que l'imagination: s'imaginer prendre part à la fête, s'imaginer manger de gros gâteaux, s'imaginer heureux. Lorsqu'ils vont se coucher, une fée leur rend visite: la fée Bérylune a un service à leur demander: sa fille est malade et pour lui remonter le moral, il faut aller chercher un oiseau bleu. Elle ne peu pas y aller elle même, car sa soupe risquerait de déborder si elle s'absente. Tyltyl et Mytyl vont donc devoir s'en charger, munis d'un chapeau magique: lorsqu'on tourne la pierre qui l'orne, on peut voir la vérité des choses, le vrai esprit des animaux, objets, concepts, qui doit leur permettre d'identifier l'oiseau. Suite a une petite erreur de manipulation, Les enfants se retrouvent flanqués dans leur quête des esprits du pain, du sucre, de l'eau, du feu, du chien, de la chatte et de la lumière, certain espérant leur réussite, d'autres espérant leur échec ( car la fée a signifié à tout le monde que la mort les attend lorsque la quête sera achevée). Voilà donc Tyltyl et Mytyl, partis pour une aventure qui les amène au pays du souvenir (où ils vont retrouver les esprits des morts: les grands parents, les frères et soeurs, qui disent sortir de leur léthargie lorsque les vivants pensent à eux), dans le palais de la nuit, là où sont cachés les maladies, les peurs, etc..
Dans les deux cas, c'est un échec: les grands parents ont un oiseau bleu, mais dont la couleur change quand il quitte le monde du souvenir, et chez la nuit, il y en a trop, et ils ne trouvent pas le bon. Pareil dans la forêt: les esprits des arbres sont peu disposés à aider les humains qui passent leur temps à leur faire du tort et à les couper. L'oiseau n'est pas non plus dans le monde des morts, ni dans le jardin des bonheurs. Pas plus finalement au royaume de l'avenir, où les esprits des générations à venir préparent leur future vie sur terre. Mais dans le fond, est-il vraiment important?
Parce que c'est un conte initiatique ( en fait, une pièce de théâtre en 6 actes), et que ce n'est pas le but qui compte, mais le cheminement de Tyltyl et Mytyl. Toute cette quête a pour objectif de leur faire apprécier les plaisirs simples et quotidiens, des petits lutins aux noms comme "bonheur de regarder les étoiles" ou "bonheur de marcher pieds nus dans l'herbe" ( au lieu de rêver aux plaisirs évidents mais faciles et illusoires, symbolisés par un banquet de Gros Bonheurs ridicules- comme "Bonheur de manger quand on a plus faim" ou" bonheur de ne rien comprendre")

A la lecture je me suis dit quand même à plusieurs reprises que ça ne doit pas être évident à mettre en scène: il y a énormément de didascalies très précises sur les décors et les costumes, un nombre impressionnant d'acteurs à rassembler, des notations sur les effets spéciaux (la pièce date de 1909)

Et puis, même si tout ne m'a pas plu ( l'opposition un peu trop classique à mon goût" lumière = bon, nuit = mauvais", enfin, le bonheur de regarder les étoiles nuance un peu cette division. quelques personnages agaçants: le chien, que je trouve trop servile, et la lumière qui guide les enfants dans leur quête, mais qui est assez souvent casse-pieds moralisatrice.), j'ai bien aimé le passage très mignon avec les grands parents, et la mise en garde écologique dans la forêt: il vaut mieux vivre en accord avec la nature que s'y opposer, sinon, on risque de le payer cher. Le passage dans le jardin des bonheur fait un peu trop religieux pour moi, mais le royaume de l'avenir est un délice d'inventivité ( tout un enchevêtrement de machines, de rues, de pignons, d'engrenages de différentes nuances de bleu)

J'aurais l'occasion de revenir sur la symbolique du bleu dans l'art d'ici peu via " bleu: histoire d'une couleur", de M. Pastoureau, mais là, on est pleinement dans le bleu qui représente le rêve, la nostalgie, l'idéal, l'inaccessible..

Une lecture en version numérique disponible ici .
une fée et un chapeau magique

mardi 22 avril 2014

Voyager aux confins du système solaire (5) - monde brûlant, monde glacé

ouf! Après l'énorme dossier de la dernière fois, en voilà un double pour conclure sur les planètes telluriques, avec les moins connues de la troupe.

Et j'ai choisi de parler, cette fois, de la plus proche du soleil, et aussi de la plus lointaine, car non, décidément, malgré son déclassement en 2006, je n'avais pas envie d'abandonner Pluton à son triste sort, mais il faut reconnaître que jusqu'à présent, ce bout du bout du monde n'a pas vraiment passionné les scientifiques, et il y a si peu de sources à son sujet que je ne pouvais pas vraiment lui consacrer un article entier.

Et paradoxalement les deux sont parmi les moins connues. Mercure, car elle est peu visible depuis la Terre ( trop proche du soleil, même Hubble peut difficilement l'observer sans que ses instruments ne soient éblouis). Et Pluton, car évidemment, trop éloignée, et donc invisible elle aussi.
Mariner 10 en cours de préparation

Il est étonnant que Mercure, relativement  proche de la terre, n'ai pas fait l'objet de plus d'études, mais c'est un fait, la curiosité s'est plutôt portée vers Vénus, pourtant largement aussi inhabitable, et Mars. Mais voilà, Mariner 10, une sonde destinée au départ à étudier Vénus ( voir articles sur Vénus et sur Mars pour le programme Mariner), lancée en novembre 1973, est la première sonde à avoir approché Mercure avec quelques ajustements de trajectoire, qu'elle a survolée pour la première fois en mars 1974.Puis à deux reprises par la suite, ce qui a permis de photographier la surface de la planète, de la cartographier à un peu moins de 50% ( sur un seul hémisphère), de découvrir une atmosphère très ténue et un champ magnétique probablement du à un noyau ferreux dense. Donc le peu de connaissances acquises sur Mercure est le fait... du hasard, puisque ce n'était même pas à l'origine le but de la mission.
voila donc Mercure, une sorte de grosse Lune pleine de cratères

Il a fallu attendre 2004 et le programme Messenger pour revoir une sonde étudier Mercure. Messenger a pu se positionner en orbite autour de Mercure en mars 2011, et à l'heure où j'écris le programme est toujours en cours. Pourquoi lui a-t-il fallu 8 ans pour atteindre Mercure quand Mariner 10 n'a mis que quelques mois à l'atteindre?
Réponse: Mariner 10, initialement prévu pour visiter Vénus a utilisé l"assistance gravitationnelle" de la planète pour se diriger vers Mercure ( en gros il a "rebondi" vers la seconde planète en utilisant le champ gravitationnel de la première pour être renvoyé, comme une pierre avec une fronde, en gros. C'est du reste la même technique qui a été utilisé pour diriger à distance les sondes Voyager par exemple. Le but étant d'utiliser le minimum de carburant pour se déplacer). Or dans le cas de Messenger, cette utilisation d'assistance gravitationnelle a été poussé à un très haut niveau, la sonde a survolé la terre pour prendre de la vitesse, puis Venus, à plusieurs reprises , dans la même optique. En prenant des photos, bien sûr, ç'aurait été dommage de ne pas en profiter.

Messenger, donc, n'a pas fini d'envoyer des données qui promettent d'être sacrément intéressantes, en ce qui concerne non seulement la planète elle-même ( une endroit bien étrange: sa rotation est très lente: environ 88 jours terrestres pour un jour mercurien, son orbite très elliptique, et malgré sa proximité avec le soleil, on y trouve les températures les plus extrêmes du système solaire: de + 430°C pour l'hémisphère éclairé à - 180°C pour le côté nuit,  j'ai vérifié un peu partout sur les sites d'astronomie, pour son hémisphère nocturne. et les dernières données radars ont détecté de la glace, oui, de la glace, au fond des cratères polaires de la planète, qui sont perpétuellement dans l'ombre.
une image en fausses couleurs par Messenger, pour mettre en avant les reliefs et les coulées de lave: bleu clair et blanc pour les cratères récents, jaune pour les laves fluides, bleu foncé pour les minéraux opaques... du coup le bassin caloris ressort bien comme une grosse tache jaune


et partons pour notre deuxième étape, Pluton ,  le mal-aimé de l'exploration spatiale, qui a même perdu son titre de planète, suite à la découverte d'astéroïdes presque aussi gros que lui ( hé oui quand j'étais à la primaire, il y avait donc 9 planètes dans le système solaire, et il n'y en a plus que 8). Enfin, disons que dans un grand mouvement de mansuétude, et devant la menace d'une bataille rangée d'astrophysiciens, la communauté scientifique a opté pour la création d'une catégorie "planète naine" plutôt que de le déclasser comme simple astéroïde. Catégorie qui, à l'heure où j'écris, intègre 4 autres corps célestes, mais j'en parlerai peut-être dans un prochain billet.

On peut également trouver l'appellation "plutoïde" pour les planètes naines transneptuniennes ( = au delà de l'orbite de Neptune), découvertes ou, n 'en doutons pas, encore à découvrir. Et il se pourrait bien que le nombre de planètes du système solaire, au lieu de diminuer, augmente énormément dans le futur.

 Une autre dénomination: les "plutinos" ( qui me plaît énormément!) est un peu différente: il s'agit des objets transneptuniens dont l'orbite est en résonnance 2:3 avec celle de Neptune ( = il font 2 révolutions autour du soleil, pendant que Neptune en fait 3), qu'il s'agisse de planètes ou d'astéroïdes n'a pas d'importance.
compliqué?
exemple: Céres, un gros corps qui orbite entre Mars et Jupiter est comptabilisé comme planète naine, mais n'est pas un plutoïde ( puisque trop proche). Mmm oui, décidément, ça méritera un développement prochain.

Toujours est-il que la distance n'aidant vraiment pas, à l'heure actuelle, les données sur pluton et Charon sont maigres:
Voilà à quoi ressemble la surface de Pluton, telle que cartographiée par Hubble. Et c'est l'image la plus précise qu'on en ait.  Frustrant, n'est-ce pas?

Découverte après des années de recherche intensives par Clyde Tombaugh en 1930, ce n'est qu'en 1978 que Charon sa "lune" a été découverte. Enfin, plutôt que d'une lune, il semble qu'en l'absence de données plus précises, il s'agisse surtout d'un système double qui gravite ensemble autour d'une même centre de gravité. Et là aussi,c'est vraiment la foire d'empoigne, entre d'un côté les tenants d'un système double ( considérant Charon comme planète naine au même tire que Pluton) et ceux qui veulent que Charon reste un satellite ( or une planète ne peut pas être, dans sa définition, satellite d'une autre). C'est bête, mais d'imaginer tous ces dignes savants à couteaux tirés sur un point de définition, ça m'éclate!

En tout cas ces dernières années, Pluton a " gagné" un certain nombre de satellites, et en compte 5 officiels actuellement. L'an dernier une campagne " Pluto rocks" *avait été lancée afin de soumettre au vote les noms des 2 les plus récemment trouvées, et j'avais participé à ce vote mondial ( de mémoire, j'avais opté pour " Styx " et "Lethé", les 2 fleuves des enfers grecs, pour coller thématiquement à Charon et Pluton). et c'est au final c'est donc Kerberos ( il y a déjà un astéroïde Cerbère) et Styx qui ont gagné. On reste dans la logique et ça me va!

MAIS MAIS MAIS! Tout va bientôt changer! Enfin, je croise les doigts,avec l'amélioration de la technologie, grâce à  New Horizons, une sonde lancée en 2006, peut-être certains se souviennent d'avoir vaguement entendu ce nom là dans les médias, à l'époque?
new horizons

Et ça c'est une mission que je surveille de très très près, peut être l'une des plus passionnantes de ces dernières années, avec celles de Mars. Presque à égalité, pour moi, j'ai envie de dire, avec les missions Voyager, et ça, ce n'est pas rien.
En fait, un projet nommé "Planetary grand tour" avait été lancé dans les années 70, et prévoyait d'envoyer 4 sondes vers les planètes lointaines, mais n'a pu être concrétisé faute de moyens financiers. Voyager 1 et 2 en sont les 2 sondes rescapées de coupes budgétaires .Et au vu de la magistrale réussite des missions voyager, on peut espérer que New horizons soit le même genre de révolution scientifique.. et philosophique - déjà rien qu'avec un nom pareil. Voyager 2 a rendu obsolète du jour au lendemain mon petit livre d'astronomie en 1989 avec les photos de Neptune, j'aime autant dire que j'attends de New Horizons qu'elle m'en mette à son tour plein la vue. D' autant que le survol de Pluton est prévu le 14 juillet 2015, avant de partir étudier la ceinture de Kuiper, j'espère un vrai feu d'artifice, pour le coup.

Je n'ai pas encore décidé à l'heure actuelle quelles seront les destinations de mai et juin, car il y a encore beaucoup à dire sur le système solaire!

* en recherchant les données sur cette campagne, je suis tombée, tout à fait par hasard sur "Pluto rock Band", un groupe anglais des années 70 que je ne connaissais pas..ben, ça se laisse carrément bien écouter! Rien à voir avec l'espace, mais c'était une bonne surprise.

lundi 21 avril 2014

La 4° note - Luc Leruth


Juin 1914, à Rome. Le chanteur, professeur de musique, et responsable des choeurs de la chapelle Sixtine Alessandro Moreschi met la dernière main à l'ouvrage de sa vie, un livre consacré à l'histoire du castratisme dans la musique. Il faut dire qu'il est concerné au premier chef: lui et son collègue Sebastiano sont, au début du XX° siècle, les deux derniers castrats encore en vie. Mais le livre et la majeure partie des notes préparatoires lui sont volés. Oeuvre d'un jaloux, ou d'un religieux fanatique qui espère éviter que l'église soit publiquement ridiculisée en rappelant ce qu'elle a fait subir pendant près de quatre siècle à des milliers d'enfants: la mutilation afin de leur conserver toute leur vie durant une voix d'enfant.

Moreschi, déséspéré n'a pas le courage de recommencer un travail de plusieurs années, et , sur le conseil de Sebastiano, va utiliser un instrument tout nouveau: le graphophone, pour y enregistrer cylindre par cylindre non plus l'histoire en général des castrats, mais celle du petit Alessandro, enfant de famille pauvre doué pour le chant, dans la région de Rome, que sur les conseils du curé du village, ses parents vont sacrifier  l'église. En espérant que le gamin en grandissant, devienne célèbre, gagne de l'argent, et comme l'a dit le curé, leur fasse profiter de la manne gagnée grâce à leur décision. Mauvais calcul... non seulement Alessandro devenu grand n' a aucune intention de "payer" en retour la famille qui a commis cette infamie, mais en musique comme partout les modes passent. Après 4 siècles d'existence, les castrats sont en voie de disparition - on a envie d'ajouter : heureusement- ce qui fait qu'après quelques succès mondains, le pauvre Alessandro passe vite du statut de chanteur célèbre à celui de curiosité locale, au même titre que le colisée. Et va aller d'échecs en échecs, entre révolte et résignation.
Formaté pour les besoins de l'église, c'est petit a petit l'église même qui se débarrasse de lui, le cantone à des fonctions de plus en plus subalternes et autorisant peu à peu les femmes à revenir dans les choeurs ( après avoir inventé, 4 siècles plutôt le castratisme pour évincer les femmes des choeurs). Sebastiano et Alessandro sont deux survivants, mais au dessus d'eaux plane le souvenir de Domenico Mustafa le dernier castrat  a avoir eu un vrai succès musical, personnage très très important dans l'histoire, même s'il est mort depuis longtemps lorsqu'Alessandro en parle. En effet, l'acte de mort des castrats a été entériné lorsque Mustafa a accepté d'enseigner à la chanteuse Emma Calvé "la 4° note", une technique de chant autrefois réservée aux castrats, passant symboliquement le relai aux femmes, comme une dernière humiliation pour les deux compères jugés trop médiocres chanteurs.

Un livre que j'avais déjà lu, il y a très longtemps, mais que j'ai pris plaisir à relire: les nombreux chanteurs, musiciens, ou compositeurs sont intégrés à l'histoire de manière suffisamment fluide pour ne pas donner trop une impression de catalogue, et la triste histoire de Moreschi , qui, au même titre que Domenico Mustafa a réellement existé est plutôt intéressante. On est vraiment à une période charnière, pas seulement au niveau des chanteurs, mais des musiciens ( on commence à vouloir modifier les anciennes compositions pour les moderniser), et de l'histoire tout court. En Juin 1914, bientôt plus personne en Europe ne se souciera plus de musique religieuse, ni de musique tout court.
L'auteur est peu connu, le livre m'avait été offert il y a une bonne dizaine d'année, je crois que depuis, il en a écrit un second, de style tout à fait différent. En tout cas, je conseille celui-ci aux amateurs de musique.

Ce roman mentionne une quantité incroyable d'auteurs et de morceaux, de la renaissance jusqu'à la fin du XIX° siècle, il est donc difficile de choisir: Dufay, Roland de Lassus, Allegri, Haydn, Massenet, Gounod, Wagner...

Mais le compositeur qui revient le plus souvent est Palestrina, directement ou via les adaptations que lui fait subir don Lorenzo Perosi ( qui a tout à fait existé, un contemporain de Puccini et Leoncavallo, qui, comme nous le dit Leruth par la voix de son héros, connu pour son instabilité psychologique)
Parmis les morceaux cités : sicut cervus desiderat, motet à 4 voix
La messe du pape Marcel, supposée élever tellement l'esprit vers des considérations religieuses que les évêques en perdaient toutes pensées sacrilèges ! (ici le Kyrie eleison à 6 voix)..
Surtout de la musique religieuse, mais il est aussi fréquemment fait référence à la musique profane via le Lamento della ninfa de Monteverdi ( que les chanteurs répètent en toile de fond pendant qu'Alessandro enregistre son récit).. fin renaissance début du baroque. Des retards, des silences judicieusement placés, des intervalles audacieux, une vraie réussite. Bien sûr de nos jours, c'est une femme qui chante la partie de la nymphe.

Mais comme alssandro a aussi fait une petitecarrière dans la musique profane, il parle régulièrement de Crociato in Egitto, de Meyerbeer, un de ses morceaux favoris ( là c'est toujours un homme qui chante, un contre ténor, mais c'est apparemment un des derniers opéras - 1824- avec un rôle écrit pour un castrat, si tardivement, c'est surprenant, d'autant qu'il s'agit d'un croisé avec femme et enfants, dans le livret)




et je ne résiste pas à lier aussi 2 extraits enregistrés précisément à l'époque dont il est question: La séguedille par Emma Calvé, la  supposée dernière dépositaire du secret de la 4° note
Ca grince, ça craque, mais c'était le summum de l'époque. bien sur niveau technique, on ne peut plus du tout chanter comme ça, en roulant bien tous les R, mais c'est super d'avoir ce genre de témoignage pour évaluer les changements de goûts en musique, en quelques décennies.

Dernière dépositaire supposée de la technique de la 4° note, ici, "ma lisette", un morceau où elle emploie ces techniques de passage soudain en voix de tête. Ce qui permet d'avoir une note à la fois aigue et soutenue en écho. Personnellement je trouve ça très désagréable à entendre en fait, ça tranche de manière pénible avec sa voix naturelle. Quand je vous disais que les goûts changent!

Idem pour l'extrait d'Aida chanté par Caruso (ici une version "nettoyée" des craquements, c'est déjà plus écoutable)


et pour ce qui est de Moreschi lui même? Hé bien oui, j'en ai trouvé, et c'est hélas, assez souvent douloureux à entendre, parce que d'une part, il  n'est pas toujours très juste, hélas, mais aussi, justement à cause de ce que je disais sur les changements de goûts, la technique employée - les retours soudains en voix de poitrine par exemple - sont vraiment passés de mode. Sans compter que l'enregistrement sur graphophone perd beaucoup d'harmoniques de la voix, les graves justement.

auteur belge wallon
surtout de la musique religieuse, de toutes périodes
car Moreschi est à la fois chanteur et professeur de musique

Ahriman's prophecy ( RPG indé gratuit)

Tiens, et si je vous parlais d'un de mes premiers jeux indé, celui qui m'a fait découvrir tout ça? Et mon tout premier RPG d'ailleurs, parce que j'ai découvert la série des Final Fantasy plus tardivement, via les portages sur la DS light ( et toute ma période lycée, c'était plutôt les parties de Tetris ou de Street Fighter en salle d'arcade, et comme je n'étais pas très douée, la pauvre Chun -Li s'est retrouvée au tapis plus d'une fois entre mes mais - car oui, bien évidemment, puisqu'il y avait un personnage féminin, c'est toujours Chun-Li que je choisissais!)

Donc, ma découverte du RPG a été plus tardive, et depuis je garde quand même une affection particulière pour ce type. Pas les MMORPG, avec X joueurs, des graphismes méga réalistes et tout le tremblement, non, les jeux bien rétro, en 2D. Celui -là n'est à proprement parler pas vraiment du rétro gaming ( il date de 2004, tiens, ça lui fait tout juste 10 ans cette année), mais le style est agréablement rétro.
Niveau intrigue c'est du classique: monde médiéval fantastique, avec héros à recruter pour sauver le monde, bestioles à massacrer, quêtes à réaliser... mais c'est fait avec une bonne humeur sympathique .
avec une musique pastichant celle de la Renaissance, c'est plutôt sympa

On y pilote Talia, une petite fille qui vit sur une île un peu isolée du continent principal. La tradition dans son village veut qu'une fois l'an, les jeunes aillent voir la chamane du coin, qui va les nommer ( en fait leur dire leur avenir et leur désigner quel métier il feront plus tard). L'heure est venue pour Talia, sauf que rien ne se passe comme prévu: la chamane refuse de la nommer et l'envoie étudier la magie sur le continent, car bien évidemment, Talia ne sera pas la simple herboriste de campagne qu'elle rêve d'être, mais est vouée à devenir une grande magicienne.Ce qu'elle ignore pour l'instant.

Loin de là, au royaume de Candar, un bouleversement politique se prépare: deux frères se disputent le trône: Edward ( le gentil) et Zorom ( avec un nom pareil, ce ne peut être que le méchant!). Zorom a été banni pour tentative de putsch et prépare un nouveau coup d'état en usant de magie noire. Son plan est d'invoquer un démon nommé Ahriman ( tiré de la mythologie perse) pour arriver à ses fins. On le devine, ce sont Talia et tous les compagnons qu'elle va pouvoir recruter qui vont devoir y mettre bon ordre.
panneau de gestion des inventaires et personnages,accessible par la touche échap: là je viens de recruter mon premier camarade. Comme c'est le tout début, on a des stats de bleusaille, et on part à l'aventure comme des touristes en casquette et Tee-shirt..

Pourquoi ce jeu est-il sympa?

Déjà, il est gratuit. Mais vraiment gratuit. Et il se joue hors ligne, tout seul, pas besoin d'attendre des copains pour y jouer.

Ensuite, il est long, pour un jeu indépendant: plusieurs heures ( 50 en moyenne), beaucoup de quêtes annexes (qui permettent de débloquer des items utiles, armes, armures, items de régénérations, amulettes...). Puis il y a des clins d'oeils discrets à Cendrillon, à la belle au bois dormant, à Blanche neige..On y pilote des personnages de profil en version SD, plutôt rigolos, sur des fonds en contre plongée, ça donne un résultat assez comique parfois. Mais bon, c'est une constante des jeux vidéos à l'ancienne, ça ne me choque pas!
pièce en vue d'avion, décor en contre plongée et personnages presque de profil, c'est vrai que c'est étrange quelque part

Les fonds musicaux et effets sonores y sont agréables et donnent une ambiance vivante, les NPC ont presque tous un nom et une petite ligne de texte ( certaines annonçant une quête - par exemple dans la troisième ville, on trouve un orphelinat  aux règles strictes gardé par une dame qui offre de l'argent pour tout enfant perdu qu'on lui amène.. c'est louche. Un peu plus tard on croise un enfant perdu qui dit avoir été enlevé très jeune à ses parents par les gens de l'orphelinat.. houuu , ça sent la quête annexe ça, je vous parie qu'un peu plus tard, ailleurs, on va croiser une dame qui cherche son fils, autant mémoriser l'endroit où il se trouve. Ce genre de quête faisant gagner des points de mérites, qui débloquent un objet très intéressant, bien après...). Même si ça n'est pas toujours important, il faut vraiment parler avec tout le monde, ne serait-ce que parce que les dialogues sont souvent originaux et variés. On peut même essayer de parler aux chiens qui répondent " ouah", c'est idiot, mais pour moi ça donne une impression de vie au jeu, que le jeu est habité.

Parfois les gens te racontent leur vie..très personnelle et vu qu'Herbert de son côté déplore la mort de sa femme, ça sent la quête annexe.. y'aurait pas un fantôme dans les environs?
Le système de navigation est assez simple, au clavier pour pouvoir être joué facilement sur tout ordi, au pavé numérique ou aux flèches ( je regrette un peu qu'il n'y ait pas eu de MAJ pour jouer à la souris, c'est vrai, sur mon ordi sans pavé numérique, les flèches sont proches l'une de l'autre et il m'arrive de me planter assez souvent de côté, et de re-rentrer X fois d'affilée à l'endroit d'où je sortais juste). La première fois que j'y avais joué il y a.. ben longtemps, c'était sur Vista. Quand je l'ai remis il y a peu sur le windows 7, les lignes de textes étaient difficilement lisible. Mais pour ça, il y a un patch a télécharger chez l'éditeur, donc, pas de souci.
voilà ce que ça sonne sur Windows 7 sans le patch.. à comparer avec l'image juste au dessus, avec le patch dialogues vaut mieux le rajouter.

En fait ce jeu était la vitrine de l'éditeur indé, est est une introduction à une série d'autres jeux  nommés "aveyond" 1 , 2 et 3 ( un 4° en cours de développement). Pour les suites peu de chose ont changé dans l'interface, sauf, et là, c'est important, le système de combats: Dans les Aveyond, ce sont des combats au tour par tour, qui laissent le temps de choisir quel perso attaque quel monstre, avec quelle attaque, etc..). Là non: le monstre arrive sur vous, ou vous foncez sur lui et il faut soit taper en massacrant la barre d'espace, soit ouvrir le menu des actions spéciales pour les attaques magiques. Mais rien n'empêche un autre ennemi d'arriver en douce pendant ce temps. C'est parfois pénible mais aussi plus réaliste ( dans le sens ou l'ennemi suivant n'attend pas sagement son tour de se faire massacrer).
Le seul truc vraiment relou dans ce système de combat c'est qu'on ne peut attaquer un monstre qu'en lui faisant face. S'il se tourne d'un quart de tour, c'est fini, on ne le touche plus. Par contre lui peut vous toucher, allez savoir pourquoi. Sur un ennemi lent, ça va encore, mais sur une harpie qui volette de partout, c'est plus coton, d'autant que, dès le 2° tableau les bestioles deviennent coriaces, ce qui oblige à sauvegarder souvent, à aller dormir tout le temps, à rentrer et a ressortir des villes comme un touriste paumé, pour faire réapparaitre en boucle la nom de dieu de marmotte jusqu'à gagner un niveau, avant de s'attaquer aux chèvres sauvages ( oui, car dans ce patelin, tout conspire contre vous pour vous envoyer ad patres: les marmottes , les mulots, les chèvres sauvages, les grenouilles...bon il y a aussi des ennemis plus sérieux: harpies, griffons, mages, sorcières, trolls etc..)

hum, des traces de pas suspectes..
Mais bon, en passant suffisamment de temps dans les premiers tableaux pour récupérer l'argent et les objets que lâchent les monstres, et en pensant à sauvegarder régulièrement, c'est faisable, même s'il y a parfois des boss un peu coriaces.
En tout cas c'est grâce à ce jeu que j'ai découvert les grandes constantes du RPG d'aventures, que je ne connaissais pas, mais qui me font toujours beaucoup rire:

- tu es le larbin du village: dès que tu sors de chez toi, tout le monde a besoin de ton aide: ici les premières quêtes ( qui servent à se faire la main) sont du genre: trouver un plume dans le village pour l'écrivain public qui a cassé la sienne - en échange de quoi il vous donne l'argent pour acheter un couteau.
- la campagne autour de chez toi est une jungle: les guêpes veulent ta mort, les serpents veulent ta mort, les grenouilles veulent ta mort, et tu dois donc impitoyablement bousiller tout l'écosystème local pour obtenir des denrées et de l'argent ( car oui, les guêpes se baladent avec des tartines sur elles, et les serpents doivent avoir des porte-monnaie en peau d'humain, car ils ont des sous sur eux!)
aaaah, meurs! meurs sale bête et file moi du pognon!
- tu es un voleur invétéré, doublé d'un sans-gêne: tu passes ton temps a rentrer chez les gens, connus ou inconnus, à lire leur courrier, à fouiller leurs bibliothèques,à fouiller leurs coffres et leurs pots pour en racler leur contenu. Sous leur nez. Sans qu'ils ne disent rien. D'ailleurs plus tard, tu deviendra copain comme cochon avec un voleur
Ca m'éclate de transposer dans la vie réelle: je fouille ton courrier devant toi!

Je vais dans sa chambre, discrètement, et je fouille, et j'emporte ce que je trouve,  ni vu ni connu!
- Tu sembles avoir une passion inavouable pour ce sain loisir qu'est la profanation de cimetières.
- Malgré tout, tu es incompréhensiblement destiné à sauver le monde
- Tu n'es jamais mort très longtemps pour peu qu'un de tes potes aille acheter des potions de vie au drugstore du coin. Pareil, même si un dragon s'est servi de toi comme paillasson, que tu ne tiens plus debout et que tu n'as plus un os intact, tu iras tout à fait bien après une sieste de 10 minutes ou une cuisse de poulet. Tant que ça râle c'est que c'est vivant!
- vite! tes amis sont en danger/ la ville est à feu est à sang/c'est la guerre/ il faut stopper le méchant sorcier/ il faut secourir la princesse qui a été enlevée (rayer mentions inutiles), il n'y a pas une seconde à perdre!
ok! Mais j'ai pas le niveau, je vais d'abord aller à la chasse aux monstres, revenir dormir chez moi et passer au magasin vendre les babioles que j'aurais trouvées en cours de route .. bon d'accord, j'y vais dans 2 semaines!)

Enfin, ce jeu est sympa,et j'apprécie d'y rejouer parce que ( souvenez-vous ce que je disais là-haut sur Chun-Li) c'est le premier ou j'ai joué ou UNE NANA sauve le monde. Et qui plus est une nana HABILLEE, pas en bikini. Et elle est du genre tenace et futée.
Pas le moindre Bikini blindé, j'vous jure!
De même l'inévitable princesse à secourir n'est pas une godiche, elle a juste été enlevée par surprise à un moment où elle n'était pas armée.Car c'est une épéiste douée, qui saute sur l'occasion de rejoindre l'équipe pour échapper au destin "mariage royal + enfants" dont rêve sa famille, car aller meuler des monstres ( en restant habillée), c'est beaucoup plus son truc. Je pense que le fait que le développeur soit une développeuse a  joué de ce côté là.

Après comme souvent il n'existe pas en français, pas même l'ombre d'un  pack de langues. Et pourtant j'ai eu une surprise en allant chercher des captures d'écran ( inexplicablement, j'ai réussi à mettre le mode fenêtre juste un petit moment dans les premiers tableaux, puis après ça n'a plus fonctionné: soit plein écran, soit en barre des tâches, mais pffffiu, plus de mode fenêtre, donc plus de possibilité de capture) donc il m'a fallu chercher en ligne et..
queu-oi? en chinois? peut être un fan dévoué qui l'a traduit?
èèèèèh? re queu-oi, une version polonaise?
attendez, je trouve des captures d'écran en chinois et polonais, et personne ne s'est offert à en faire une traduction française? Bon, ça ne me gêne pas de jouer en anglais, mais j'en connais que ça peut freiner, et c'est dommage.
Enfin, donc, j'ai bien aimé ce jeu, étonnamment long et complet pour un jeu gratuit, pas si évident que ça dans les phases de baston ( et à la limite je préfère, même si c'est un peu pénible de devoir arpenter en tous sens la carte pour monter en niveau). Et un peu plus tard, tiens, peut-être vous parler des jeux suivants de la même série..
Où trouver le jeu: ici! Amaranth games -ahriman's prophecy
où trouver le patch d'affichage: ici! Font patch
Où trouver un guide de jeu: ici! en ligne ou téléchargeable

car Talia peut  choisir comme orientation: magicienne, sorcière, prêtresse,  enchanteresse...