Collection l'aube des peuples- Editions Gallimard |
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Snorri Sturluson, donc, né en 1179 en Islande, seigneur, politicien et poète, est le principal auteur, en tout cas un des rares auteurs identifiés en matière de poésie et littérature norroise médiévale. Bien qu'à l'époque de Snorri, l'Islande ait été christianisée depuis près de deux siècles, les légendes et récits païens étaient encore vivaces, et l'auteur s'en est fait le principal compilateur, avant qu'ils ne soient totalement oubliés ( rappellons au passage que l'Islande n'est indépendante que depuis1944, elle dépendait auparavant du Danemark, et les liens sont donc très forts entre la culture, la langue, les traditions islandaises et norroises continentale - danoises, norvégiennes, etc...). C'est donc principalement grâce à ses oeuvres que l'ont connait encore la cosmogonie nordique, bien qu'il se soit appuyé sur d'autres écrits qu'il cite abondamment ( principalement La Voluspa -poème mythologique anonyme, et le Vafthrudnismal, également anonyme).
Donc, l'Edda, proprement dit, est composé de 4 parties, un prologues, le Gylfaginning , le skaldskaparmal et le Hattatal. L'édition de la collection " l'aube des peuples" de Gallimard propose l'intégralité du Gylfaginning, et des extraits du Skaldskaparmal.
Dans le Gylfaginning ( mystification de Gylfi), le roi Gylfi, qui s'est vu dérober une partie de ses terres par la déesse Ase Gefion, va demander des explications à son sujet directement chez les Ases, à Asgard ( royaume des Ases), il y rencontre trois sages qui vont lui raconter,la création du monde ( très originale: tout commence par l'apparition spontanée du géant Ymir et de sa vache Audhumla au sein d'un monde glacé. Le géant se nourrit du lait de la vache, et la vache lèche les pierres givrées, d'où elle dégage peu à peu des géants, ancêtres d'Odin). Puis l'histoire de Gylfi passe totalement au second plan, le récit partant au fil de ses questions dans d'autres directions, le tout étayé régulièrement des strophes correspondantes de la Voluspa: on apprend donc successivement l'origine des astres, des saisons, l'identité et la généalogie des principaux dieux Ases - prévoir un bloc notes, tant Odin a de noms différents!- des précisions sur divers objets mythiques: le marteau Mjiollnir du dieu Thor, le bateau Skidbladnir du dieu Freyr. Et, après un détour par l'aventure de Thor mystifié par le géant Utgarda-loki (une mise en abyme assez virtuose au sein de l'histoire de la mystification de Gilfy), arrive enfin la conclusion: la description épique - et saignante- du Crépuscule des dieux.
Le Skaldskaparmal (art poétique), est une sorte de manuel à l'usage des poètes scaldes: prenant aussi le prétexte d'une visite de l'humain Aegir au Royaume des Ases, il déchiffre les métonymies et autres figures que tout scalde se doit de connaître, en donnant leur origine mythologique. Gallimard a choisi de sélectionner les explications sur la poésie et son origine, celles qui ont l'or pour thème ( surnommé par exemple " chevelure de Sif", "tribut de la loutre", "métal des discordes", "farine de Frodi" ou encore " semences de Kraki", entre autres...)
Tout celà est très très intéressant, bien que pas mal embrouillé, mais l'édition est enrichie d'un lexique, et d'explications très précises, y compris sur la prononciation des noms.
Et le panthéon Odinique est particulièrement réjouissant, même et j'aurais tendance à dire surtout Loki.
Loki, le dieu polymorphe malfaisant, mais pas maléfique, qui se plaît à mettre les autres dieux dans l'embarras, et à les en sortir souvent par une manière détournée, même s'il y laisse assez souvent des plumes. J'apprécie ce fait, que tout n'y est pas manichéens, que les dieux y soient mortels ( Baldr, dieu assez proche d'Apollon dans ses caractéristique, qui meurt suite à une mauvaise plaisanterie de Loki), peuvent vieillir s'ils ne mangent pas les pommes de jeunesse de la Déesse Idunn ... et puis l'Arc-en-ciel Bifrost, pont qui relie le monde des humains et le monde des dieux, j'aime cette idée! ( et d'autant plus que ça me fait irrésistiblement penser à Stairway To Heaven, Page & Plant se sont il inspirés du Bifrost? Ca ne m'étonnerait pas trop...)
Nul doute que je vais aller creuser un peu par là, pour changer un peu de la mythologie grecque que je connaissais un peu mieux. Et parallèlement, j'ai déjà repéré plusieurs titres qui m'inspirent bien dans la même collection ( mythes yakoutes, Aïnous, birmans...)
Et en plus:
auteur mort dans des circonstances particulières: assassinat politique |
Ca a l'air très très bien. Cette mythologie me tente aussi beaucoup, bien que je ne sache pas par quel bout la prendre.
RépondreSupprimerL'Edda pourrait être une idée !