1 recueil sur 5 |
Et ça compte pour l'année de la Russie d'une part, et le challenge de la nouvelle de l'autre.
L'édition Garnier contient 11 nouvelles, soit quasiment la totalité de la production de Pouchkine pour ce genre.
La tempête de neige raconte comment une jeune femme partie épouser son fiancé sans l'accord de ses parents voit son mariage tourner court à cause d'une tempête de neige. Ambiance teintée de fantastique, chute originale, histoire racontée d'après deux points de vue différents, humour sarcastique, tout y est, j'aime beaucoup.
Le coup de pistolet: Le narrateur rencontre un curieux personnage surnommé Sylvio, tireur émérite pour qui la vengeance est un plat qui se mange froid. Là aussi, quelques touches de fantastiques bienvenus, pour un sujet (les duels) qui rappelle Eugène Oneguine.
Le maître de Poste: Pouchkine réhabilité le métier méprisé de maître de poste, à travers l'histoire touchante d'un vieux maître de poste et de sa trop jolie fille. Sympathique, mais plus classique, sans l'étrangeté qui fait le sel des deux premières.
Le marchand de cercueils est une vraie-fausse histoire de fantômes, où un marchand de cercueils, un soir de beuverie, invite les morts à sa pendaison de crémaillère. Mais c'est surtout l'occasion pour Pouchkine de lancer quelques petites piques sur les clichés de la littérature de son époque.
La demoiselle paysanne est un marivaudage mignon mais assez vain: une jeune femme de la noblesse campagnarde mais désargentée se déguise en paysanne pour faire la conquête du riche fils de bourgeois qui vit non loin de là. Sans intérêt autre qu'une nouvelle attaque en règle contre la littérature romantique " facile" dont s'abreuvent les filles de l'époque.
La dame de pique: ha voilà la fameuse nouvelle qui donne son titre au recueil, celle qui a inspiré un opéra de bon cru à Tchaïkovski. Ambiance mystérieuse, dès le début on ne sait pas trop à quelle époque on se situe.. visiblement le début du XIX° siècle, mais il est fait mention d'une vieille dame qui a connu Richelieu 60 ans plus tôt..Probablement un autre Richelieu, mais forcément on pense au plus connu...Pouchkine brouille les cartes au niveau historique.
Dans un cercle de joueurs, un homme raconte que 60 ans plus tôt, sa grand-mère a reçu du comte de Saint-Germain -au XVIII° siècle donc!- le secret d'une combinaison de cartes infaillible pour gagner au Pharaon. Information qui ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, l'un des participants décidant alors d'aller extorquer le secret à la vieille dame.. qui meurt de peur... mm une histoire de fantômes, de folie, sans longueurs, tout ce que j'aime!
Fragment est une très courte nouvelle autour d'une visite de Madame de Stael en Russie, assez drôle dans la mesure où c'est surtout un prétexte pour l'auteur de brocarder les prétentions de la société bourgeoise russe, qui se pique de culture et passe le plus souvent pour une bande de moujiks mal dégrossis.
Doubrovski, la plus longue nouvelle du recueil (19 chapitres!) raconte la tournure dramatique que prend une banale querelle de voisinage, et bifurque vite vers une histoire plutôt échevelée de bandits qui reste inachevée - comme ceux qui vont suivre. Ça part dans tous les sens, ça laisse promettre un véritable roman, avec plusieurs pistes différente, un hors-là-loi vengeur qui promet bien mais... ( vous voyez comme c'est agaçant, hein, de ne pas finir ses phrases.. ben c'est pareil pour un roman, voilà).
le nègre de Pierre le Grand raconte les aventures d'Ibrahim, africain prisonnier de guerre devenu protégé du Tsar, et arrière grand-père de Pouchkine ( qui partage cette caractéristique avec notre Alexandre national, d'avoir un ancêtre africain. l'autre caractéristique commune à mon point de vue étant d'avoir un sens de la narration très efficace). Ça commence bien, mais malheureusement le roman est inachevé. D'autant plus frustrant que le roman termine pile sur l'arrivée d'un personnage dont on devine l'identité, ce qui ferait un suspens très prometteur... si on pouvait seulement espérer connaître la suite. Va falloir faire tourner les tables pour demander au fantôme de Pouchkine de nous raconter la fin!
Les nuits d'Egypte a le même problème que le précédent: le narrateur aide un poète improvisateur italien venu de nulle part à faire ses débuts dans la bonne société russe.. mais la nouvelle s'arrête abruptement dès le premier poème. Frustration!! D'autant que le mystérieux et talentueux poète laisse présager un personnage un peu diabolique dans un récit à la lisière du fantastique.
Kirdjali est assez ennuyeux. l'histoire d'un bandit bulgare plus ou moins rangé suite au conflit russo-turc, que la police finit par rattraper. La fin est assez humoristique, mais tout le début est assez ardu à suivre , plutôt par manque d'information (conflit russo-turc, je ne savais même pas que ça avait existé.. on a droit à une pléthore de nom de généraux grecs totalement inconnus sous nos latitudes.. et on décroche vite.. ce qui est le comble pour une nouvelle de 6 pages)
Au final, je suis très contente de ma découverte de celui qui reste l'écrivain russe par essence aux yeux de ses concitoyens, malgré les frustrations successives des récits inachevés - c'était une de ses grandes spécialités apparemment, commence 3 titres en même temps et n'en finir aucun... un peu comme Rossini en musique, tiens.
Mais les nouvelles sont agréables avec quelques touches de fantastique bienvenues de ci, de là. Et le peu que j'ai lu de la vie de l'auteur me donne bien envie de lire sa biographie, pour une fois qu'un écrivain russe échappe aux conventions: destin maudit - alcoolisme notoire - insuccès chroniques -âme torturée... et tout le tableau, ça fait un bien fou!
Deuxième auteur mort dans des circonstances particulières: PouchkineEugène Oneguine.
tué par un certain George D'Anthès...encore un nom qui fait penser irrésistiblement à Dumas ça.
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