Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

Qui passe par ici?

Flag Counter

mardi 31 octobre 2023

Beetlejuice ( film 1988)

 Hooo un cinéma de ma ville a proposé une rediffusion, séance unique de ce film pour le 31 octobre.
Trop cool, je ne l'avais jamais vu sur grand écran, et je ne l'avais jamais chroniqué ici.

Et franchement force est de constater que 35 ans plus tard, ce film est quand même sacrément culotté. Du temps où Burton avait tout à prouver et se faisait le plaisir de mettre en place son univers complètement barré.

J'aime, j'adore Tim Burton quand il pousse le bouchon l'humour absurde, et le macabre.
Et force est de constater que je ne suis même plus allée voir ses films au cinéma après Frankenweenie ( que j'avais apprécié sans être non plus décoiffant) et Dark Shadow ( vu lors d'un long voyage en avion, pas la meilleure situation, certes, mais il ne m'a pas transcendée au niveau du scénario même si Eva Green était une sacrée bonne surprise). Sweeney Todd avait déjà été une petite (pas énorme non plus) déception, Alice et Dumbo ne m'intéressaient pas donc je les ai zappés, Big Fish m'avait ennuyée à mourir, et tout ce qui a suivi Dark Shadow ne m'attire pas spécialement.
Et depuis une vingtaine d'années malheureusement, il semble être rentré dans le rang et ne pousse plus vraiment les bouchons " humour grotesque" et " macabre". Le dernier que j'ai vraiment kiffé, c'était les Noces funèbres et ça date de 2004, p'tain, presque 20 ans. et il suivait déjà deux films " pas ouf".

Si je suis sévère, c'est précisément parce qu'il a un talent insolent et une patte bien à lui et que ça m'énerve de le voir s'enliser dans la facilité et l'auto-parodie. J'ai envie de dire  que je le critique comme on critiquerait un copain quand il fait portenawak. J'ai envie de gentiment lui botter les fesses quand il est gentillet. Alors certes la situation actuelle fait qu'on peut difficilement faire ce qu'on veut à Hollywood si on veut être payé et éviter les hordes de censeurs prêts à s'offenser de tout et n'importe quoi.

il valide la catégorie " un personnage a le même nom que moi", ou prénom en l'occurence: Lydia

Donc autant dire que j'ai sauté sur l'occasion de revoir dans de bonnes conditions son deuxième film, là où il est vraiment en roue libre.
Et clairement, c'est du délire. Déjà, faire mourir les deux personnages principaux dans les 20 premières minutes pour qu'ils soient des fantômes durant tout le film, c'est génial.
Lydia "I, myself, am strange and unusual", c'est génial, en tant que Lydia, ça m'éclate qu'un des rares personnages associé à mon prénom soit une gothique coiffée en pétard.
Parce que Beetlejuice est un personnage détestable, démon obsédé sexuel, escroc, mais dépendant des autres: il ne peut se manifester que si on l'appelle, le reste du temps, il est minuscule, et ne peut que râler, tel une fée clochette cradingue. Il ne peut même pas prononcer son propre nom. Et donc faire du personnage titre un casse-bonbons irrévérencieux, ben c'est cinématographiquement BIEN.

Mais oui, il y a des sujets que certains seraient prompts à dénoncer, on y parle ouvertement de suicide: Lydia est dépressive, songe à se suicider, un personnage secondaire est dans le même cas. D'ailleurs il y a une phrase qui me fait beaucoup rire, c'est limite le meilleur argument contre le suicide " ceux qui se suicident finiront fonctionnaires pour l'éternité dans l'autre monde". La vache, c'est horrible.
L'humour noir (sérieusement, le passage où Adam, mort, cherche à placer sa pierre dans la maquette qu'il a fait de sa petite ville, représentant donc leur enterrement à lui et sa femme).

La bureaucratie est moquée et avec quel brio, l'autre monde est un repaire de fonctionnaires, avec tickets, salle d'attente pour les réclamations, les nouvelles inscriptions, le manuel des nouveaux décédés ( style " journée des nouveaux arrivants " dans ma ville) qui explique aux fantômes comment bien hanter, bien faire peur, chasser les vivants importuns qui viennent s'installer chez vous. Mais il y a des règles à respecter. Et pour moi qui ait eu une fois de plus à faire des démarches administratives reloues cet après midi, je dois dire que tous ces passages sur la bureaucratie de l'autre monde me fait pleurer de rire.
C'est là que je vois à quel point son influence est majeure et le coup de l'employé de bureau écrasé, tout plat qui passe au travers d'une fente du mur m'a tellement rappelé ce qu'on a pu voir par la suite dans Pushing Daisies ( j'ai repensé d'un coup à la gardienne de phare en ciré, transformée en oeuf au plat, dans Pushing Daisies). Ca, c'est le petit clin d'oeil pour Pedro Pan Rabbit!

Il y a déjà déjà dans ce deuxième film des éléments récurrents qui vont revenir souvent par la suite: l'accident est causé par un petit chien mignon et les chiens y sont presque tout le temps visibles
Jeu: retrouve le chien et le film



Les rayures et les carreaux aussi, les références à l'expressionnisme allemand ( le cabinet du DR Caligari et ses angles biscornus, son contraste noir/blanc...

L'idée que l'horreur est moins du côté du fantastique que du côté de la standardisation. Le monde des morts est joyeux / délirant coloré: le monde des citadins est terne et sans joie. La première chose qu'ils font en arrivant dans une maison de campagne est de la repeindre en blanc, gris et noir. Ils n'ont pas d'imagination, et se définissent uniquement par ce que les autres pensent d'eux, et le pognon qu'ils vont pouvoir gagner.
Et pourtant même ces citadins ne sont pas 100% haïssables. Pénibles, relous, mais pas détestables. Charles Deetz, bien que promoteur immobilier en plein burn out, veut vraiment une vie plus simple à la campagne et a une passion pour l'ornithologie. Delia, la très snob sculptrice sans grand talent, a au moins une passion pour l'art ("ma sculpture, c'est ma vie") qui la fait quand même sortir du lot.

Et puis la musique.. La musique, nom de bleu. Outre la séquence de possession à pleurer de rire et qui a relancé la carrière d'Harry Belafonte ( petit RIP au passage, puisqu'il est mort cette année le 25 avril à 96 ans), c'est probablement une des meilleures partitions de l'excellent (et récurrent) Danny Elfman, avec Mr Jack. Sans lui les films de Burton n'auraient pas le même effet.
Il y a des duos comme ça qui sont inséparables : Fellini et Nino Rota; Sergio Leone et Ennio Morricone; et Tim Burton et Danny Elfman.

Allez, pour le plaisir


Ca y est vous allez l'avoir en tête pendant deux jours.

La BO de Elfman. Moi qui adore les sons graves, je suis toujours stupéfaite par son brillant emploi des cuivres graves et de la rythmique très balkanique/ klezmer.

Et pour le plaisir je vous rajoute le lien proposé par Kiona d'une spéciale " les musiques de Tim Burton" sur Radio France. Très peu d'explications, surtout des extraits de bande son, qui laissent la part belle aux autres collaborateurs ponctuels ( Tom Waits, Tom Jones, Prince, Lana Del Rey, les Carpenter pour n'en citer que quelques uns).

Donc voilà, on annonce une suite pour l'an prochain, toujours réalisée par Burton, avec les mêmes acteurs ( mais Michael Keaton aura-til la même énergie?) j'espère vraiment sans trop y croire qu'il reviendra à l'humour acide et aux inventions visuelles délirantes, aux effets spéciaux bricolés en stop-motion et non en froides images de synthèse...
Parfois je me prends à rêver d'une rencontre entre l'univers de Burton et celui de Mervyn Peake. Il n'y a pas un autre réalisateur que je verrai capable d'adapter Titus d'Enfer. Même pas Guillermo Del Toro , que je trouve souvent un trop kitsch.

donc hop film bonus du 31 octobre!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire