Et hop, une trouvaille en rangeant les BDs: hoo une BD qui parle de Jimi Hendrix, mais ça tombe à pic!
Et c'est comme ça qu'une lecture non prévue s'est invitée dans mon programme.
Oui, le format carré est très original, et le graphisme particulier, mais rien de très étrange pour moi, il y a 10 ans j'avais déjà parlé de Love In Vain des mêmes auteurs, et du style très influencé par Crumb. Soit on aime, soit on n'aime pas. Pour moi c'est ok, à un détail près: le graphisme a tendance a être saturé de détail, qu'il faut prendre le temps de regarder.. mais le scénario va a toute vitesse, un peu trop, et on a à peine le temps de comprendre où on en est que déjà.. la case suivante passe à autre chose. Alors certes pour quelqu'un qui est mort à 27 ans les choses vont vite..
Mais c'est assez contradictoire avec la préface qui dit que Hendrix a accumulé des années de galère à jouer dans des clubs de seconde zone qui ont forgé à la fois son caractère et son jeu de guitare.
Or là, non, on a plutôt l'impression que même s'il va d'échec en échec, il rencontre très vite tout le gratin musical.
Et là, le graphisme n'aide pas la lisibilité.
Donc bon, ce premier tome , car il y en aura un second, non encore paru, couvre la période qui va de la naissance de Johnny , rebaptisé quelques temps après James, dans une famille pauvre et particulièrement dysfonctionnelle. Sa mère est alcoolique, son père est incapable de garder un emploi bien longtemps, les parents se disputent se battent se quittent, se réconcilient... Johnny et ses frères et soeurs sont placés, puis récupérés au fil des déboires économiques de la famille ( un peu comme le petit poucet que ses parents abandonnent quand ils n'ont pas d'argent, puis récupère, puis ré-abandonnent).
On évoque un peu trop brièvement sa grand mère, métisse cherokee qui lui donne la fierté de ses origines natives, alors que le gamin est moqué par ses camarades, à la fois pour son apparence métisse, le fait d'être gaucher, et son imagination débordante.
La découverte du blues, du rock et de la guitare va changer son destin, puisque partout on lui conseille de s'orienter vers la guitare, pour laquelle il a du goût, plutôt que pour des études ou une carrière à l'armée qui ne le passionnent pas. Une jambe cassée le rendant inapte au service orientera son choix.
Mais James a un problème, qui le met régulièrement hors-jeu dès qu'il trouve un engagement: il est incapable d'être à l'heure. Soit il arrive en retard, soit il loupe carrément le bus de tournée pour avoir trop traîné dans les quartiers louches en compagnie d'entraîneuses de bar. Et bien souvent sa guitare finit au clou pour payer des tournées, ou volée parce qu'il ne l'a pas surveillée. Son indiscipline ne le sert pas plus qu'à l'armée, puisqu'il ne respecte pas le dress code, à une époque ou pour tourner avec les Isley Brothers ou Little Richard, il faut se fondre dans un groupe. quand à se fondre dans la masse quand on a un tempérament de soliste, et qu'on aime faire beaucoup de bruit et imiter le son de l'hélicoptère à la guitare, c'est loin d'être gagné.
Et malheureusement pour lui, les gens qu'ils rencontre sont loin d'être tous honnêtes ou de bon conseil: producteurs mafieux qui lui font signer des contrats très peu avantageux, ou Linda, starlette anglaise, nana de Keith Richard et junkie notoire qui le pousse de plus en plus vers l'addiction au LSD ( en même temps, quand on connaît les penchants de Keith Richards...ce n'est pas une plaisanterie de s'étonner qu'il soit encore en vie)
Et donc ce tome 1 s'achève au moment où James, devenu Jimi pour la scène se voir offrir la possibilité d'aller jouer à Londres, avec pour objectif de rencontrer un guitariste dont les enregistrements lui ont fait forte impression: Eric Clapton. Et sans savoir qu'il ne lui reste que 4 ans à vivre. Et donc ces 4 ans, seront l'objet du futur tome 2. Et il va y avoir à dire puisque c'est là qu'il va devenir la star internationale encore régulièrement cité en premier place des tops de meilleurs guitaristes.
De mon point de vue ça vaut ce que ça vaut, puisque la musique n'est pas un concours et qu'on ne peut pas l'évaluer objectivement: le psychédélisme de Jimi peut dérouter certains, et je trouve inadmissible de ne pas avoir Rory Gallagher dans les meilleurs, alors qu'il est cité comme influence majeur par Brian May, souvent.. placé dans les 10 premiers.
Et souvent je me demande si cette constante première place de Hendrix est réellement due à ses enregistrements, peu nombreux, ou a une forme d'autocensure: le mec est une star, il est considéré comme premier, on perdrait de la crédibilité en ne le nommant pas. Dans le fond, est-ce qu'il est n°1 juste parce qu'il est connu et que sa trajectoire ultra rapide a marqué les mémoire, plus donc parce qu'il est devenu une légende que pour sa musique.
Personnellement j'aime bien parce que c'est souvent presque expérimental, mais on sait aussi que les gens qui font ces classements n'aiment en général pas ce qui est expérimental. Gros mystère là dedans, mais j'ai l'impression que bien peu de ceux qui font ces classements l'écoutent réellement.
Un peu comme les "10 livres qu'ils faut avoir lu", toujours la même liste reproduite tous les ans dans les journaux, et .. que très peu de gens ont lus en fait. Une liste vernis, bien taillée au cordeau, et qui ne fait pas de vagues ( essayez pour voir de mettre Zappa ou Steve Vai, ou Joe Satriani n°1.. tollé général).
Et bizarrement, j'ai l'impression que cette "monumentalisation" n'est pas vraiment ce que cet électron libre recherchait dans la musique.
Donc une BD, pas mal, au graphisme ardu, à la narration parfois difficile à suivre ( surtout pour ceux qui connaissent peu les références, les néophytes auront peut être du mal a apprécier les références que sont Solomon Burke, Bobby Womack, Albert King... et leur réelle importance musicale). J'ai du mal a définir qui est le public visé: des gens déjà au fait de la musique, qui sauront de qui et quoi on parle, mais qui ne seront peut-être pas franchement tentés par une biographie d' Hendrix en BD? Ou des curieux qui connaissent de nom Hendrix, veulent en savoir plus et seront perdus ( si moi je l'ai trouvé confus, alors que je ne suis ni spécialiste, ni néophyte, c'est pas une très bonne nouvelle)
Mais je lirai quand même le second tome, parce que j'aime bien le style roman graphique et le parti pris visuel assez exigeant, et qui n'essaye pas d'enjoliver (la junkie n'est pas rendue jolie... elle a une tête de junkie, et s'il faut représenter quelqu'un en train de vomir sa gueule de bois, le dessinateur le fait). Et j'aime bien l'évocation de l'année au travers des couvertures de disques et des titres de journaux dispersés ici et là.
J'aime beaucoup la musique de Hendrix mais pas sure d'être très tentée par la BD. Merci pour ta participation!
RépondreSupprimer