Voilà un des podcasts que j'avais repérés l'an dernier, mais.. pas écoutés à ce moment-là, faute de temps ( il faut dire que j'ai fait fort l'an dernier pour ce qui était des écoutes, et beaucoup moins fort pour ce qui était de la lecture)
4 parties toutes aussi passionnantes les unes que les autres
1: exploiter les masses, exploiter la race, une histoire du capitalisme.
Axé autour du livre "Capital et Race" de l'historienne Sylvie Laurent, voilà un sujet général socio-économique passionnant. Elle est l'invitée de l'émission et détaille de manière précise les liens inextricables entre le capitalisme, et toutes sortes de -ismes dont il dépend, intrinsèquement: le racisme, l'antisémitisme, le sexisme.. et plus généralement l'exploitation des classes défavorisées ( qui, si on y réfléchit bien, ne le sont que parce qu'une classe autoproclamée dominante les défavorise!)
J'ai trouvé extrêmement intéressant de souligner la contemporanéité de l'expulsion des juifs d'Espagne (après avoir chassé les musulmans pendant la "reconquista" ( si vous cherchez l'origine du nom d'un certain parti d'un certain politicien, n'allez pas plus loin) justement achevée en 1492 et la conquête de l'Amérique: D'une part l'Espagne expulse de chez elle des gens identifiés comme indésirable, impossibles à assimiler, et en même temps, elle s'approprie un territoire immense dont elle expulse les légitimes habitants également considérés comme indésirable, un frein à l'appropriation de terres considérées comme vides.
Vides? alors qu'il y avait des millions d'habitants? L'analyse pertinente est que ce ne sont pas à proprement parler des habitants, mais des " naturels", et la nature est, dans la pensée capitaliste, une ressource à exploiter. Les indiens étant rétifs à travailler gratuitement pour les nouveaux" propriétaires", ben.. on les zigouille et pour cultiver ces territoires immenses, il n'y a plus qu'à prendre ailleurs une main d'oeuvre gratuite, considérée comme un matériau à exploiter au maximum. Le parallèle est parlant: les juifs, à qui l'on renie le droit à leur culture, les indiens à qui on renie le droit à leur bien historique, les africains, à qui l'on renie le droit à leur individualité. ( et évidemment plus tard, les femmes aussi, considérées comme des travailleurs gratuits, et cantonnées dans les limites qu'on leur assigne: production d'enfants et travail domestique. Ou de domestiques, c'est du pareil au même. A elles, c'est le droit de choisir leur propre vie qui est renié)
Je regarderai évidemment si ce livre est disponible à la bibliothèque, je le mets d'ores et déjà en PAL.
2 - il était une fois dans l'ouest, les Cow boys noirs: l'épisode est en lien avec la biographie ( pas mal romancée) de Nat Love que je suis en train de lire. Mais oui, c'est fort intéressant de voir comment des années de propagande à travers les shows de Buffalo Bill, les romans et les Westerns ont effacé jusqu'à la conscience que l'histoire du Far west est beaucoup plus multiethnique qu'on ne le pense. Malgré les recensements écrits, nombreux , des gens qui travaillaient en tant que Cow-Boys ( littéralement , des garçons vachers, ou des bouviers, de suite ça sonne moins mythologie moderne).
Et là aussi la réalité du métier n'a pas grand chose avec le héros de Western.
On parle d'un travail difficile, mal payé, souvent dangereux, qui consistait principalement à rassembler des troupeaux de bovins élevés en semi liberté ( voire en liberté totale, vu les surfaces de plaines), afin de les faire monter dans des wagons à bestiaux, direction Chicago où se trouvaient les principaux abattoirs qui fournissaient les états du nord. Oui on voit le rassemblement des vaches et les wagons à bestiaux dans les westerns, mais il n'est jamais clairement dit que cette étape s'intègre simplement dans une chaine de production bouchère, où la vache de l'ouest va finir dans une assiette bourgeoise à New York ou Chicago. Chaîne agro-alimentaire dont les cow-boys sont un maillon ultra subalterne, et ultra mal payé, bien que le travail des connaissances agricoles très poussées et une excellent condition physique. C'était tellement logique et tellement évident qu'on aurait du y penser: qui avait l'expérience nécessaire, connaissait l'art et la manière de s'occuper des troupeaux, et acceptait un travail difficile même payé une misère, faute de mieux, sinon les anciens esclaves devenus quasiment par la force des choses employés agricoles? Qui avait une connaissance fie de l'élevage et du dressage des chevaux, sinon les peuples natifs et les mexicains? Donc oui, près de 20 à 25% des cow-boys étaient justement d'anciens esclaves affranchis ou leurs enfants, des métis, des natifs, ou des migrants mexicains, qui avaient déjà les qualifications nécessaires et contrairement aux prolétaires blancs qui pouvaient peut être se faire employer dans une usine, ou devenir petits commerçants, il n'y avait pas trop pour eux d'autre débouchés. D'ailleurs Nat Love a lui même troqué sa tenue de vacher contre un uniforme d'employé ferroviaire lorsque la compagnie Pullman a décidé d'employer exclusivement des afros américains (considérés comme ayant un profil naturellement soumis ET une endurance forgée par l'expérience agricole). Le cheval de fer plutôt que le cheval, un travail moins dangereux, plus stable, et malgré tout mieux payé.
3 - 1941, une armée noire dans le désert: Il est question ici du fort Huachuca, à la frontière mexicaine. Auparavant poste réservé aux Buffalo soldiers pendant les "guerres indiennes", il a été réutilisé pendant les guerres mondiales comme lieu d'entrainement de garnison des soldats noir de l'armée américaine. C'est étonnamment en travaillant sur la ségrégation en milieu hospitalier que l'historienne Pauline Peretz en a entendu parler et a décidé de s'y intéresser. Car l'endroit était assez curieux et plus mixte que bien d'autres, alors qu'il est situé en plein dans le sud des USA.
Mais on y trouvait une médecine de pointe, le nec plus ultra de la médecine moderne lors de la seconde guerre mondiale, exactement à cause de la ségrégation. Ca parait étrange, mais...ce qu'elle explique c'est que les armées noires avaient des officiers noirs et des médecins noirs. Ceux ci ne pouvaient pas intégrer un corps blanc, car il était interdit à des noirs de donner des ordres aux blancs. Mais elles pouvaient être dirigées par des officiers et médecins blancs. Sauf que dans leurs cas, être affectés à un régiment noir était une punition pour les mauvais éléments. Tandis que les officiers et médecins noirs qui y étaient affectés étaient l'élite: ceux qui venaient de famille riches, ou avaient pu se distinguer par leurs résultats, et notamment pour les médecins avaient été formés en Europe, où des spécialités comme la psychiatrie étaient ouvertes aux étudiants américains qui avaient de bons résultats.
Le paradoxe a été donc d'avoir côte à côte en plein désert, un hôpital vétuste avec des médecins blancs compétents, et juste à côté, une médecine de pointe, du matériel dernier cri, des médecins ultra compétents mais noirs.Les hôpitaux militaires en région isolaient soignaient aussi la population locale, et les autorités tablaient sur le fait que la population blanche préfèrerait être soignée par des blancs.
Erreur. Entre être opéré par un mauvais ou un bon médecin, le choix est vite fait à part d'être un raciste convaincu, et la population , les familles d'officiers blancs, et jusque aux officiers blancs.. ont choisi l'option la plus raisonnable !
Et l'historienne met en avant ce que cette armée, malgré des règles strictes a pu apporter, en formation de spécialistes ( outre les officiers et médecin, il y a tout le volet technique, qu'on laissait volontiers aux noirs.. les USA n'était pas très motivée à armer une population qui pensait-on pourrait se retourner contre la hiérarchie.. et donc qui sont devenus les mécaniciens d'élite? Et aussi les mécaniciennes, car l'armée s'ouvrant progressivement aux femmes, ça a aussi été l'occasion d'émancipation féminine par le travail, des femmes y voyant l'occasion de trouver un travail stable, d'acquérir des compétences qui leur étaient refusées dans la vie civile: devenir mécaniciennes ou conductrices de camions, de pouvoir être indépendantes économiquement sans devoir rendre des comptes à un mari ou à leur famille, et avec en plus l'aura de participer à l'effort de guerre. C'est super intéressant.
4 - Artistes et militantes, les anthropologues: Portraits de 3 femmes anthropologues, qui avaient également d'autres chapeaux:
Zora Neale Hurston, écrivaine, Eslanda Robeson, journaliste, Katherine Dunham, danseuse et chorégraphes avaient toutes trois une formation d'anthropologues et ont mis a profit leur statut de femmes noires méricaine et leur formation pour pouvoir aller.. voir si l'herbe était plus verte ailleurs. Et Revenir au pays avec une militantisme chevillé au corps. Dans l'idée générale, une anthropologue est forcément un homme blanc.. or non. Par contre il y a de fortes chances qu'il ne s'intéresse pas du tout à la condition féminine ou des minorités, soit qu'elle ne l'intéresse pas soit qu'il ne la voie pas par une forme de myopie culturelle.
Je suis très curieuse de voir les chorégraphie de Katherine Dunham, inspirées des danses antillaises et le film ou Eslanda Robeson et son mari Paul ( célèbre chanteur et acteur, dôté d'une voix de basse somptueuse) ont joué..à Marseille. Une adaptation du roman Banjo de Claude McKay que j'ai aussi mis sur ma liste " à lire" et qui se passe à Marseille.
4 fois 50 minutes absolument passionnantes, a écouter sans plus tarder!
Bienvenue amis curieux!
Pourquoi le Cabinet de curiosités?
Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...
Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture
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dimanche 16 février 2025
Histoire africaine-américaine, un passé marginalisé ( podcast)
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Ca semble vraiment intéressant! Merci!
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