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dimanche 16 février 2025

Black Far west / Black cowboys ( documentaires ARTE)

 On continue avec l'histoire. J'ai évoqué précédemment et rapidement les buffalo soldiers du fort Huachuca , on poursuit avec la même époque.

Bien dans la thématique de ce mois, ARTE repropose pour quelques jours deux documentaires qui remettent un peu de couleurs dans la mythologie un peu trop monochrome du western. Passé à la moulinette du cinéma, la représentation classique " héroïque cowboy blanc vs méchant indien" étant très très loin de la réalité.
Déjà parce que le travail de était un travail agricole bien peu glorieux, souvent dangereux et sous payé, dont on l'a dit dans le précédent podcast, le coeur du métier était de rassembler des troupeaux de bovins semi sauvages pour les diriger vers la filière bouchère. Des travailleurs agricoles, donc.
Ensuite que " la représentation des autochtones, vivants en tipis pourtant des plumes sur la tête nie la réalité tout aussi multiculturelle des différentes tribus. Que ce soit au niveau de la langue, de la nourriture, des vêtements, des conditions de vie, il n'y a pas grand chose de commun entre les Aléoutes d'Alaska et les Apaches du Texas, les Séminoles de Floride ou les Algonqins du Canada.
Et lorsqu'il s'agit de la représentation des afro-américains et des mexicains, là, les westerns semblent aux abonnés absents.
Ils sont dans l'angle mort. Il a déjà fallu attendre longtemps pour avoir un film centré sur les bataillons noirs ou mixtes de la Guerre de Sécession. Or s'il y avait des noirs dans l'armée en 1860, et des centaines de milliers d'ouvriers agricoles noirs dans tout le sud, le pays était déjà beaucoup plus mixte qu'on veut bien le dire.
Une fois la guerre finie, et l'esclavage aboli, tous ces gens nés esclaves ayant finalement peu d'autres choix que rester sur place et travailler exactement comme avant, pour un maître devenu employeur mais qui payait mal, ou partir vers l'ouest là où leur compétence pour les travaux agricoles leur permettait de proposer leurs services contre salaire en faisant jouer la concurrence, le choix a été vite fait: travail dur et mal payé sous les ordres de la même personne qu'avant ou travail dur et mal payé mais avec une relative indépendance?
D'autres ont mis a profit la possibilité de faire des études, d'opter pour des carrières administratives, d'intégrer l'armée.

On évoque donc dans ce premier documentaire quelques parcours: Henry Bibb, journaliste; James Beckwourth , trappeur:; Bass Reeves, marshall; Nat Love, cow-boy, Mary Fields, postière et conductrice de diligence;  et quelques autres trop nombreux pour être nommés, ou simplement rapidement mentionnés les nombreux Buffalo Soldiers de la guerre de sécession
Black far west ( environ 1H30)
https://www.arte.tv/fr/videos/102989-000-A/black-far-west-une-contre-histoire-de-l-ouest/

Ce qui est particulièrement intéressant est la mention, rarement faite, de la position entre-deux des natifs: certaines tribus ont collaboré avec les esclaves ou anciens esclaves en fuite, mais d'autres avaient déjà intégré un mode de vie blanc, " civilisé" dans lequel la possession d'esclaves était presque un passage obligé, un indicateur de civilisation. Henry Bibb a été esclave chez des blancs puis chez des planteurs natifs et a donc vu les deux côtés.. et précise que la seconde condition était incomparablement meilleure ( visiblement c'était la possession d'esclaves qui comptait pour gagner sa place en société, pas le fait de les faire travailler comme des bêtes de somme et de les maltraiter).
Inversement, les anciens esclaves n'étaient pas tous du côté des autres opprimés, puisque pour se "blanchir" aux yeux de la société, il fallait adopter les même coutumes que les blanc, parmi lesquelles la détestation des natifs. Certains étaient même probablement sincèrement persuadés que les natifs étaient des rivaux dans la posessions des terres, une situation que bien sûr les autorités blanches se sont empressées d'entretenir, de même que les dissensions entre différentes tribus
Imaginez seulement si une grande quantité d'anciens esclaves, très mobiles s'était alliée à une grande quantité de natifs très mobiles, tous fins connaisseurs de la région, expert dans le dressage des chevaux, et pouvant bloquer toutes les productions agricoles.  Ca aurait mené à une révolution , et probablement que le paysage politique actuel serait extrêmement différent.

Black cow-boys ( 25'): Et si on allait au far EAST?

pour situer, le Queens est en vert, le New-York touristique est en Rose


Et voilà qui complète parfaitement, puisque ce court reportage parle moins des légendes de l'ouest que des gens, tout à fait contemporains, qui tentent à la fois de faire connaître l'histoire méconnue des afro-américains qui ont fait l'ouest à une population contemporaine et urbaine qui n'a aucune idée de leur existence, et de conserver des reliques de ce passé. Alors qu'ils sont à New-York, donc dans une  région qui n'a absolument aucun lien avec le far west. Il s'agissait à l'origine d'un club équestre situé dans une district éloigné et assez rural de New-York, dans le Queens ( et oui, ça existe et c'est un plaisir de voir cette face bien plus vivable de la ville, pas un gratte ciel à l'horizon, des immeubles et maisons basses, des parcs), qui, devant la pression immobilière a dû quitter une zone devenue bien trop chère à louer. Le club existe encore, mais dans un espace bien plus petit et plus urbanisé, où ils ne peuvent plus avoir que quelques stalles et quelques chevaux, qu'ils font sortir dans les parcs.
Cette poignée de passionnés tous afro américains,  travailleurs sociaux, assureurs, employés de bureaux la semaine, deviennent cow-boys le week-end et pendant leurs loisirs, faisant découvrir l'équitation, les soins des chevaux, tout autant que l'histoire aux gens de leur quartier, mais pas que, ils peuvent parfois aller à cheval à Manhattan ou partir dans d'autres états. Une action culturelle et sociale, puisque le club est aussi un endroit de socialisation, où des gamins urbains, souvent de familles pauvres, peuvent se faire des amis de tous âges ( et il y a pas mal de retraités) se faire un  réseau de relations grâce à qui ils peuvent trouver un stage ou un petit job, parler de leur problèmes ( pas de jugement, l'idée est qu'en leur faisant connaitre autre chose dès leur plus jeune âge, ils voient une autre face de la vie que le quartier, la délinquance, la drogue...
Et ces cow-boys urbains sont très drôles, très sympathiques, et toujours partants pour parler de leur loisir, passion, mission avec les quelques touristes qui viennent leur parler dans ce coin peu touristique.

Je me disais que ce serait cool de les mettre en contact avec les gens de ma région (Camargue), où se trouvent peut être encore des descendants de Sioux, qui, de passage au début du XX° siècle avec la tournée de Buffalo Bill ont décidé de rester ici, dans une région alors sauvage qui leur rappelait probablement leur terre natale perdue. J'aimerais voir la rencontre des cow-boys de New York et des sioux de PACA.

1 commentaire:

  1. J'ai regardé Black Far west sur Arte et j'ai beaucoup aimé (j'en toucherai 2 mots ce mois-ci). Merci!

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