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jeudi 14 décembre 2023

Revenants - Paul Auster

Allons-y pour la découverte d'auteur de ce mois de décembre. encore un petit ouvrage trouvé en boîte à livres, sans avoir fait gaffe qu'il s'agit du tome 2 d'une trilogie...

Mais, ça n' a pas vraiment d'importance, apparemment les trois tomes peuvent se lire indépendamment.

Paul Auster, je ne le connaissais que de réputation et pour les scénario des excellents films "Smoke" et "Brooklin boogie", qui commencent à dater ( 1995.. ha, oui.. quand même!). Ce sera donc lui mon auteur - découverte de décembre

Et le moins qu'on puisse dire c'est que ce livre me laisse un rien perplexe. Je n'arrive pas vraiment à savoir où l'auteur veut en venir.

Sans compter que le nom des personnages, qui part d'un procédé marrant - ils ont tous des noms de couleurs, et même la rue où se passe l'action, ou plutôt la non-action, se nomme Orange Street - mais qui à la longue fait perdre le fil (surtout que mon cerveau se perd à restituer leurs noms en anglais , en fait)



Qu'on en juge: 1947, Mr Bleu est détective privé à New-York. Il a autrefois travaillé avec un nommé Brun sur "l'affaire Lerouge", et sur l'affaire Gris (ou un dénommé "Gris", disparu et amnésique, se fait appeler " Vert" et se remarie avec son ex-femme, qui devient donc Madame Vert après avoir été madame Gris)
Pour l'heure, Bleu qui n'a pas beaucoup de travail est engagé par un certain Blanc qui lui propose une somme colossale pour épier un certain Noir et faire des rapports. Et donc Bleu , posté dans l'appartement d'en face surveille Noir (en mode " fenêtre sur cour") pensant qu'il s'agit d'une histoire d'adultère. Mais Noir ne fait rien. Absolument rien, à part rester assis chez lui à lire, écrire, manger, et sortir faire quelques courses.
Bleu n'a donc pas grand chose à faire, et commence à se poser des questions sur l'intérêt de ce travail brabant à mourir ( oui moi aussi), qui l'oblige à rester enfermé dans un appartement, alors qu'il pourrait enquêter sur des choses intéressante, comme l'affaire Doré qu'il vient de lire dans son journal: 25 ans auparavant un enfant anonyme a été trouvé mort, le meurtrier court encore et Doré, le légiste qui s'en est occupé, cherche toujours à la fois l'identité de la victime et des informations qui puissent résoudre cette affaire. Ca, ce serait intéressant au lieu de rester à surveiller un type qui semble avoir la vie la plus plate du monde.

Et pourtant les journées passent, mornes, sans rien qui sortent de l'ordinaire.. ha si, Noir à un rendez-vous... ha non en fait, c'est une fausse alerte.
Et au fil de cette observation qui ne débouche sur rien, Bleu va insensiblement changer, calquer ses activités sur celles de Noir au point de savoir quand il va pouvoir s'esbigner sans rien manquer d'intéressant, grappiller quelques moments au café du coin, au match de base-ball, faire attention à son environnement, réfléchir au sens des statues dans les parcs, à l'évolution de la société..
Et surtout faire de l'introspection, ce qu'il n'avait jamais fait. Il se découvre une sensibilité qu'il avait tout fait pour refouler à cause des conventions sociales ( quand il hésite à appeler sa fiancée qui lui manque, parce qu'il ne veut pas se montrer faible. Il a besoin d'elle mais essaye de ne pas se l'avouer parce que la société lui a inculqué que c'est une faiblesse, que ce sont les femmes qui doivent être dépendantes des hommes!). La lecture attentive des journaux, puisqu'il n'a que ça à faire, le pousse à réexaminer son passé, et en particulier la mort de son père policier, dans l'exercice de ses fonctions.
L'inaction et la surveillance d'un type anonyme qui devient peu à peu son double et son miroir le forcent à s'observer lui -même et ce n'est jamais confortable.

Bon, dès les premières pages je me suis surtout demandée si ce livre avait vaguement influencé Quentin Tarentino pour les noms des personnages de Reservoir Dogs ( pas pour l'action par contre!).

Mais le rapprochement avec le cinéma n'est pas absurde et même opéré directement dans le livre avec un résumé du film La griffe du passé ( que je n'ai pas vu mais dont je sais déjà le scénario jusqu'à la dernière seconde, c'est malin!) et La vie est belle ( celui de Capra, bien sûr).
Mais aussi à la littérature, via Walden ou la vie dans les bois de Henry Thoreau et le poète Walt Whitman.
Et là il y a quelque chose d'intéressant qui se recoupe avec un autre passage. Lors d'une promenade Bleu regarde une statue de Henry Ward Beecher, pasteur abolitionniste mort en 1887, et  met en parallèle le fait absolument novateur en 1947, d'avoir Jackie Robinson, premier joueur noir de base-ball autorisé officiellement à jouer en championnat national. Et Bleu prend ouvertement le parti de ce joueur.
Or Thoreau et Whitman étaient aussi deux auteurs ouvertement abolitionnistes. Il est également question de Lincoln et Dickens, également connus pour leurs prises de position en faveur de la justice sociale et de l'égalité.
Il est aussi question de Nathaniel Hawthorne ( dont je ne trouve pas l'affiliation politique) qui fait partie  avec Thoreau et quelques autres aussi évoqués, du courant littéraire transcendantaliste.
Ce sont eux, aux dires mêmes du livre les " revenants", qui ont tous en commun ce petit coin d'Orange Street.

Il m'a fallu  rechercher ces éléments, car je ne suis pas versée en littérature américaine, mais je trouve que c'est intéressant, les personnages cités sont tous liés à la liberté, dans une histoire où le personnage central, englué dans cette tâche ingrate, coincé, privé de liberté, et voit sa vie personnelle lui échapper.

Bon ce n'est pas un énorme cou de coeur, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans au départ, mais une fois assimilé le style ( très sec, avec des phrases au présent, assez déroutant), ça va, et j'ai plutôt apprécié cette lecture courte. C'est un auteur que je tenterai à nouveau à l'occasion, si elle se présente.

Mais ce petit livre me donne aussi l'idée d'explorer un peu les auteurs qu'il évoque, à commencer par Hawthorne dont j'ai dans ma pile à lire La lettre écarlate depuis des années. Je dois avoir Walden aussi quelque part, en version numérique il me semble.
Comme je fais le jeu de l'oie en musique, je vais partir de celui là et explorer ses références.
idée n° 38: un bureau


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