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lundi 8 avril 2019

ça déménage - collectif

Hooo un recueil de nouvelles,donc une oeuvre collective, donc presque anonyme...Voilà qui validera mon " X" comme anonyme du défi ABC belge.

En fait il s'agit de l'édition 2010 du concours de nouvelles  Wallonie- Bruxelles, dont j'avais déjà chroniqué deux éditions : la thématique Crescendo ( 2011-2012),  Entre chien et loup (2012-2013) Bruxelles-midi ( 2012-2013 aussi mais hors concours) si je ne me suis pas trompée dans les dates.

Apparemment la thématique de 2019 sera "la serrure", mais donc, j'ai quelques éditions de retard.

Et en 2010, c'était " ça déménage", toujours  10 nouvelles, 1 grand prix, "mentions", et 6 nouvelles " distinguées"

Grand prix: Happy Inside ( Hélène Schneider- Depouhon)
Madeleine, 42 ans, SDF... Elle fait partie des quelques heureux élus qui ont gagné le droit de passer une semaine au chaud, dans le magasin Ikea, à dormir dans les lits de démonstrations.. suivis comme leur ombre par des photographes qui vont leur tirer le portrait pour les besoins de la prochaine campagne publicitaire.
J'ai bien aimé cette relecture de la petite fille aux allumettes. La nuit, elle dort chez Ikea, le jour elle essaye de vendre les crayons qu'elle y récupère aux terrasses des cafés, pour pouvoir elle aussi s'en payer un.
Mais aussi, en quelques pages une intéressante réflexion sur la misère: pour les SDF, quelques nuits au chaud. Pour le photographe qui gagnera le concours, 10 000€ de prix.. pour le grand magasin,une campagne mémorable, sans avoir a payer les modèles des photos, autrement qu'en cafés et croissants...

Primées: La place d'Octavie  (François Salmon)
La brève rencontre d'Octavie, la tapineuse, expropriée de SA rue par des travaux, qui attend dans l'ombre sa future proie. Ce n'est pas tant leur rencontre qui importe, mais la manière goguenarde dont elle est racontée. Par un narrateur qui adore sortir de son cadre et commenter son travail de narrateur, voire d'auteur. Marrant.

L'abécédaire ( Bernard Delhausse)
Curieuse histoire, mignonne et drôle que celle de "Evgueni" et" Tatiana". Ils ne sont pas slaves du tout, ils sont mariés depuis des années, ils se sont rencontrés en manif en mai 68, et se nomment tout bêtement Eugène et Anne (mais Anne que Eugène fait trop, disons trop.. terroir, ça ne la fait pas rêver,d'où ces identités exotiques fantasmées) ils se sont créé un petit rituel curieux pour pimenter leur vie de couple: des séances de kamasutra lettres par lettre, avec des positions aux noms joyeusement foutraques: "la guirlande lumineuse", "la gondole dalmate à marée haute", "le grain de sel", "le guidon sans les mains", "la gare de triage", car c'est le jour du G, ce qui veut dire un décorum à base de grelots guatémaltèques, de galets et de parfum de giroflier et de gentiane...
Car Anne pense à tout dans les moindres détails.. un peu trop d'ailleurs pour Eugène qui trouve que ce rituel millimétré manque de spontanéité, et il aimerais bien bousculer un peu cet alphabet coquin.. trop sage.

La nonchalante (Anne-Sophie Vanderbeck)
Catastrophe pour l'héroïne de cette nouvelle et son fils adolescent. Il faut déménager, ce n'est pas un choix, c'est une obligation, car leur maison est sur le point de s'écrouler. Or sa maison, c'est son antre, son refuge son îlot... et voilà que la casanière narratrice doit trouver autre chose.
Ce sera une vieille péniche nommée " la nonchalante", ce qui va comme un gant à notre héroïne qui se laisse porter par les événements. Et pourtant ce changement involontaire pourrait bien être le début d'un renouveau pour quelqu'un qui commençait à s'enraciner dans ses habitudes.

Distinguées:
Décloisonnée ( Aliénor Debrocq)
Dans un service financier quelconque, une employée subit les tracas du quotidien en open space. elle s'isole de plus en plus, semble paranoïaque, imaginant que ses pauses repas en solo dans sa voiture, loin du bruit et des néons en font une sociale et le centre des quolibets de ses collègues.
A moins qu'elle n'ait réellement quelque chose de plus grave sur la conscience...

Lola et Lady Hillingdon emménagent ( Sarah Brahy)
Lola vient de déménager.. alors qu'elle navigue encore à vue entre les cartons, elle doit se rendre à un autre déménagement.. Son grand-père quitte la maison de retraite en grande pompe pour une nouvelle destination... définitive. Enfin, c'est à peu près avec ce genre de désinvolture que la chose est racontée, mais on le sait, il vous passe mille chose incongrues en tête lors d'un enterrement, fut-ce celui d'un proche.et il se passe souvent un moment gênant qui peut dégénérer en fou-rire.
Mais ce n'est pas pour autant que l'on est insensible...

Léa ( Gisèle Eyckmans)
Mamie Léa déménage complètement. C'est ce que pense l'infirmière qui l'entend rire seule dans sa chambre à la maison de retraite. Si elle savait. Car pendant que les autres pensionnaires regardent Derrick, Léa  vient de se payer du bon temps en se souvenant d'un ancien amant.
Héhé, une mamie qi n'a pas abandonné les pensées érotiques, et continue à penser que son corps lui appartient, et que peu importe son âge, elle a bien le droit d'en disposer comme elle veut, ça fait plaisir!

L'autoroute ( Laurence Soetens)
Encore une fois le déménagement est à prendre au sens imagé: Le petit Martin, orphelin de père vit avec sa mère dans un monde disons.. bizarre. Même carrément malsain : il promène son chien Splatch, un cadavre trouvé au bord de l'autoroute qu'il a naturalisé lui-même, lors de leur promenade dominicale, pour aller faire un pique-nique sur la tombe du père, mort écrasé des années avant par un camion. La mère lui a forgé une image de héros résistant, agriculteur dépressif qui se serait suicidé pour éviter l'expropriation par une grande société... ce qu'il n'a jamais été.
Mouais, bon, critique des médias, qui font un spectacle de la détresse, mais ça ne sauve pas un récit sans grand intérêt pour moi.

Confusion ( Thomas Périlleux et Catherine Barreau)
Quelqu'un au téléphone se plaint auprès d'un ami d'avoir été plaqué. On se rend vite compte que l'homme éduqué à la dure dans une famille grandement dysfonctionnelle, se sent victime du manque de respect de la personne qui vient de le quitter. Sa femme? Sa petite amie?... Non. Mais au final, peu importe, car il n'a lui-même aucun respect pour la personne qu'il n'appelle pas autrement que " ça".
Moui, bon là aussi, pas celle que j'ai préféré, à part insister sur le fait que les gens injustes ont d'abord aussi été victimes d'injustice et que la folie cache bien son jeu... passons.

Au bon repos ( Tanja Spöri): Bacchanale à la maison de retraite! Madame de Thuin, richissime pensionnaire grâce à qui les lieux sont agréables ( elle a donné l'argent pour que les mauvaises chaises soient remplacée par des fauteuils et que la décoration soit un peu plus classe entre autres), Madame de Thuin, fête ses 85 ans et a décidé d'organiser avec ses amis octogénaires une fête mémorable.  Exit les cocktails sans alcool proposés par la maison, grâce à des bouteilles de champagnes entrées en douce, les retraités vont se prouver qu'ils peuvent encore faire la fête. Lorsqu'à 19 h00 on vient leur intimer l'ordre d'aller se coucher "pour être en forme le lendemain", la réponse de la mamie de choc est " demain, on ne veut pas être en forme, demain on veut avoir la tête dans le cul!".
Et puisqu'on les empêche de continuer leur fiesta ici, ils font aller la terminer, ailleurs, précisément,  au bar du club de sport d'en face. Il faut être membre? Qu'à celà ne tienne! Madame de Thuin offre la carte de membre à ses 12 compagnonnes et un compagnon, et vont aller mettre le souk au bar et à la piscine du club, tous nichons fripés à l'air sous le regard stupéfait des employés qui voient arriver cette horde de bois-sans-soif chenus. Et, après tout, YOLO, et ils prévoient déjà de faire pire l'année suivante.
Je me dis que c'est dans cette maison de retraite qu'aurait du aller Mamie Léa de la  nouvelle du même titre!


La nouvelle est apparemment un support qui inspire plus les femmes, 8 sur dix textes primés ( dont un avec il est vrai un co-auteur) mais là on est à du 80% d'autrices

Et comme d'habitude, c'est sympa de voir comment un thème imposé peut inspirer des textes très variés, selon qu'on le considère au propre ou au figuré... Bon,  une fois de plus, ce ne sont pas forcément les nouvelles préférées du jury qui me plaisent le plus ( Octavie est plutôt sympa dans sa narration, mais pas forcément la plus marquante). Mais ce déménagement est un bon cru, hormis l'Autoroute et Confusion qui ne m'ont pas vraiment plu, j'ai globalement plutôt apprécié ou même bien aimé les autres. Je garde un souvenir plus mitigé de Crescendo et Bruxelles-Midi, ou de mémoire, il y a avait plus de textes qui m'avaient laissée perplexe ou froide.
Mais j'aime bien ces lectures un peu à part, ces auteurs amateurs que je ne retrouve pas beaucoup ailleurs sur le net littéraire.

8/4: recueil de nouvelles


2 commentaires:

  1. Il n'y a pas que des amateurs, certains sont déjà publiés par ailleurs !

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    1. Apparemment, ils l'étaient à l'époque puisque l'un des critères pour pouvoir participer au concours est de ne pas encore avoir été édité, ou de ne pas avoir remporté de prix dans une édition précédente du concours.

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