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mardi 6 février 2024

La représentation des afros - américains dans les médias (sélection de sources)

Parce que là encore j'ai trouvé des choses très intéressantes, donc je regroupe, et évidemment, il y aurait tant à dire que ça ne peut être qu'un sujet extrêmement partiel.

Et d'emblée, une image extraite du documentaire Black Far West qui parle des effacés de l'histoire américaine et particulièrement de la conquête de l'ouest.
Pour une fois, le noir n'est pas le bandit, mais le policier, et ce n'est pas une invention scénaristique.


Tout d'abord, d'une manière générale:

Y'a-t-il un problème de représentation des noirs dans les médias (40 minutes, 2018): Et pas seulement aux USA, mais d'une manière générale. En lien avec les 50 ans de l'assassinat de Martin Luther King, on examine comment ça se passe pour la représentation de la diversité ethnique dans le PAF. Spoiler qui n'en est pas un: il y a 6 ans, c'était pas ouf', puisque d'un manque de visibilité on est passé à une visibilité stéréotypée (le dealer ou la femme de ménage, l'acteur ou l'actrice noirs qui seront recrutés non pas le personnage central du film, mais le personnage secondaire, et toujours dans un contexte où son apparence sera un ressort scénaristique). Sans surprise, le problème est moindre à la radio où l'apparence compte moins, on cherche moins l'individu qui ressemblera à l'auditeur type tel qu'on l'imagine.

Au cinéma:

Black-Out, L'invisibilisation raciale dans le cinéma américain (48minutes): Black-out est une bande dessine/ roman graphique paru en 2020, dont le sujet est précisément, la représentation ou plutôt l'effacement des minorités à l'écran, au mieux représentées de manière stéréotypées, au pire, absente. La scénariste Loo Hui Phang, d'ascendance vietnamienne, et le dessinateur Hugues Micol postulent un acteur, fictif, nommé Maximus Wyld. Maximus avait tout pour être une vedette et pourtant, il a disparu des mémoires, car tous ses rôles ont été coupés au montage, son nom n'a jamais été inscrit sur une affiche, car Maximus est trop inclassable: métis, d'origines multiples, il est tout à la fois blanc, noir, amérindien, mexicain, asiatique, ses origines en font le visage de l'Amérique, impossible à ranger dans une case. Avec une ironie savoureuse, la scénariste a opté pour des films très connus et qui tous font référence à une disparition, un effacement, un oubli: Vertigo, le faucon maltais, etc. Et l'objectif de Maximus est précisément de conquérir une visibilité pour les minorité, en s'imposant à l'image dans une domaine alors complètement aux mains de la population blanche, au motif que " dans cette société, ce qui existe, c'est ce qu'on voit, ce qui se se voit pas n'existe pas". Cette BD a l'air passionnante, je me la note pour l'avenir. Je trouve intéressant que cette réflexion soit faite par des français, ça peut aussi ouvrir une réflexion sur la représentation des minorités en Europe.

Pendant la conquête de l'Ouest et la guerre de sécession.
- La guerre de Sécession, les états désunis (52 minutes) (3° épisode d'une série sur les mythes fondateurs des USA): je l'ai déplacé là car il y est surtout question de deux visions européennes des Etats-Unis. Celle de Clémenceau qui arrive à la fin de la Guerre de Sécession comme reporter et pour qui cette expérience va être cruciale dans son orientation politique et sa gestion de la Ière Guerre Mondiale ( et Clémenceau de constater que lorsqu'il y a des affrontements, on présente toujours les noirs comme les agresseurs, or la réalité est plus souvent l'inverse). Un autre reportage  très court (4 minutes) exprimant le point de vue de Clémenceau sur la campagne électorale américaine. Et effectivement, le fait qu'il soit européen lui permet d'observer les deux camps, sans être partie prenante.

Et le deuxième, c'est un récent album de Lucky Luke " un cowboy dans le coton", où pour la première fois la Guerre de Sécession et la communauté noire sont représentées. Auparavant, et Goscinny en témoigne, ce n'est pas par opinion politique qu'elles avaient été escamotées, mais parce que les lois sur les publications pour la jeunesse interdisaient de parler de politique.
Et donc, il était plus que temps que Lucky Luke, dont les aventures se passent pendant cette période, aille visiter les états du sud et mette son nez dans ces sujets.
Je trouve intéressant le fait d'avoir mis en parallèle le point de vue de Goscinny, ancien scénariste aux mains liées par la censure ( et particulirement sur la violence, en sent que quelque part, ça le chiffonnait de devoir représenter le far-west et ses fusillades sans morts ni blessés)  et l'actuel scénariste Jul ( celui de Silex and the City, oui), diplômé d'histoire, qui dit la nécessité d'aborder ce genre de problèmes de manière subtile, plus subtile qu'avant, en gardant le côté caricatural d'une BD humoristique, mais respectueuse. Notamment en évitant le clichés sur les habituelles représentations des noirs, surtout ne pas les rendre " tous pareils". Il explique avoir pris pour modèle des photos d'époque, et s'en être servi comme d'études de caractères, sélectionnant l'individu qui correspondait le plus au personnage, insérant des clin d'oeil pour le lecteur, qui même jeune, ne vit plus dans un monde apolitique ( via une petite fille nommée Oprah, qui espère devenir journaliste et un petit garçon, Barack qui espère devenir président)
A l'écoute de ce sujet un idée m'est pourtant venue: Il y a une BD, qui évoque la Guerre de sécession, et de manière moins naïve, et pas des moindres puisqu'il s'agit des Tuniques bleues. On y voit des conflits, des blessés, des minorités. Cauvin était plus libre ( la BD avait commencé en 1968, mais à la mort du premier scénariste en 1972, Cauvin a forcé le virage déjà pris par Salvérius de traiter d'un sujet grave de manière à la fois humoristique mais pas naïve.) et la Bd ne manque ni d'évocation de personnages réels, d'événements réels, de représentations des minorités, et de sujets politiques ( j'ai toujours en mémoire " Captain Nepel"  -retournez le nom et la référence est claire- qui brocarde un célèbre politicien français aux opinions ouvertement racistes, et met en rapport la situation des Etats-Unis mais XIX° siècle et celle de l'Europe dans les années 1980.
Alors oui, la représentation des minorités était stéréotypée, mais elle avait déjà le mérite d'exister dans la BD jeunesse et de montrer un western moins "blanc" qu' l'accoutumée ( et personnellement j'ai toujours préféré les Tuniques à Lucky Luke, justement parce qu'il y a ce jeu avec le lecteur supposé moins naïf qu'avant, et capable de décoder ou de se renseigner)

Et pour le grand public, du moins en Europe, la représentation la plus connue et la plus stéréotypée des USA et de son histoire, c'est le western. Or l'image qu'on a depuis toujours est... falsifiée. Et j'ai bien peur que ce soit volontairement, pour donner une image plus homogène et véhiculer des messages politiques ( et quand on voit encore de nous jour les suprémacistes et autre traditionalistes se réclamer de ce genre de références, halalala, à l'époque les hommes étaient de vrais hommes - et de citer comme seules références Cary Grant, John Wayne, etc.. donc des acteurs tenant un rôle prédéfini par un script auquel il faut se tenir. Yep, les gens vous vous réclamez d'un scénario de film écrit par quelqu'un d'autre)

En effet, il est mentionné dans le podcast que Lucky Luke s'inspire des films westerns, qui prennent déjà de gros arrangements avec la réalité. Donc on transpose une transposition qui reprend elle même la structure de mythes et d'archétypes ( pensez à L'Illiade et l'Odyssée).
Et que le cowboy blanc incarné par John Wayne est plus une exception qu'une règle, que le travail était difficile et mal payé est que par conséquent , 25 % d'entre eux étaient  noirs, affranchis, et la grande majorité, des vaqueros mexicains. A la limite, Charles Bronson serait plutôt le standard dans ce cas, avec son type... métis.
C'est l'occasion aussi d'évoquer deux personnages, dont on commence à parler dans les médias, après les avoir occultés pendant des décennies:
Bass Reeves, ancien esclave, devenu Marshall et c'est ici la chaîne d'histoire Nota Bene de Benjamin Brillaud, qui nous en parle. Où il est souligné le lien et l'entraide entre esclaves en fuite et amérindiens. Jusqu'à, dans son cas apprendre plusieurs langues indiennes et se marier avec une amérindienne.
Une fois libéré ses talents multiples que ce soit au tir, en tant que pisteur, ses compétences en langues, sa capacité à se cacher et se déguiser en ont fait une recrue de choix pour la police ( et c'est aussi une occasion d'en apprendre un peu plus sur l'organisation judiciaire du Far West, sheriff, marshall, adjoints etc..)
La vidéo évoque aussi Grant Johnson autre marshall non blanc, puisque métis amérindien et noir et quelques autres officiers de grades moins élevés.
Et la vie de Reeves est ... dingue. Quelques films ont été tournés à son sujet depuis quelques années, et tiens, il figure dans ce fameux opus de Lucky Luke.


Mais plus étonnant, puisque si Reeves était illettré, il y a en revanche un autre individu qui sort du lot, parce qu'un des rares cow-boys sachant lire, écrire et qu'il a rédigé ses mémoires. Il s'agit de Nat ( ou Nate, selon les sources) Love. Son autobiographie - forcément exagérée, puisque le principe de l'autobiographie c'est de se donner le beau rôle - a été traduite l'an dernier en français,  et je dois dire que ça m'intéresse carrément, même s'il brode. Prenons les comme un roman qui a l'avantage de mettre un autre type de personnage, que l'auteur incarne, en avant. Je les note peut être pour l'an prochain
Et cette fois, c'est Stéphane Bern qui en parle et interroge le traducteur de cette autobiographie. Bon j'ai parfois du mal avec le ton grandiloquent de Bern, qui a tendance à me saouler. Sérieusement, je préfère la manière plus simple, plus directe de Benjamin Brillaud d'aborder les choses. 
Ca devient plus intéressant à partir de l'interview qui sonne beaucoup plus naturelle.

Je note une chose: dans une période ultra dangereuse et où l'espérance de vie était courte, que ce soit à cause de la violence ou des maladies, Reeves ( mort en 1910) comme Love (mort en 1921) ont survécu jusqu'à un âge avancé.

Je mentionne aussi, donc Black Far West , un documentaire que je n'ai pas pu voir puisqu'il n'est plus disponible sur la plateforme d'ARTE, mais qui colore aussi un peu cette histoire écrite jusque là transcrite plus en blanc qu'en noir. En tout cas cette  courte interview de la scénariste évoque la falsification, consciente ou pas, du l'image du far-west, pour raison politique ou économique (gommer les origines métisses d'un personnage historique pour le faire jouer par John Wayne est plus rentable en termes d'entrées que de respecter l'histoire)

Je dirai une autre fois tout le mal que je pense d'Autant en emporte le vent et de sa vision de l'histoire par le petit bout de la lorgnette, même pas sauvée par les personnages. Les acteurs sont bons mais je déteste ce film.
Je ne me suis pas infligé la lecture du roman ( 3 gros tomes, ma mère l'a), à faire peut être en le prenant comme un témoignage ultra partisan d'un seul camp, et tout ce qu'il ne faut plus faire lorsqu'on parle d'histoire. Rappelons qu'il a été écrit en 1936, au plus fort de la ségrégation et que même si l'action de passe plus de 60 ans plus tôt, l'héroïne se marie à un moment avec un mec du KKK. Et que, du moins dans le film, les actions du KKK sont a peine évoquées et avec beaucoup de complaisance, justifiées par la vengeance envers les méchants esclaves qui font du tort aux gentils planteurs, les privant de leur bien et de leur domicile, sans jamais mentionner que lesdits planteurs sont devenus richissimes en exploitant les autres j'exagère un peu mais c'est ce que j'ai ressenti. Ce côté ouin-ouin des personnages ( la guerre c'est nul, je ne peux plus faire la fête comme la grande dame que je suis, et soigner les blesser c'est nase) et des vainqueurs (on perd nos privilèges et maintenant on droit même payer des impôts fonciers, c'est trop pinjuste) m'avait déjà insupportée quand je l'ai vu il y a de nombreuses années.
Plastiquement très beau, les grands espaces, l'incendie, mais.. politiquement très douteux.

1 commentaire:

  1. Encore un sujet passionnant ! Merci ! J'ai hâte de découvrir tout ça !

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